• il y a 7 mois
Transcription
00:00 C'est un devoir d'être parent,
00:01 et c'est un devoir qui ne s'arrête pas au moment du divorce ou de la séparation.
00:05 Et vous êtes sûr qu'il vaut mieux un père présent malgré lui qu'un père absent ?
00:09 Moi, je suis sûr qu'il faut un père.
00:11 Une mère...
00:12 Heureusement qu'il n'y avait pas un Manu quand j'étais plus jeune
00:14 pour faire passer ce genre de loi,
00:15 parce que je ne serais pas l'homme que je suis aujourd'hui
00:17 s'il y avait cette loi qui avait été promulguée quand j'avais moins de 18 ans.
00:19 Je vois deux problèmes dans cette intervention que Manu a faite dans "Elle".
00:22 Le premier, c'est qu'obliger un père à avoir un enfant qu'il ne veut pas voir,
00:25 c'est problématique parce qu'il va le faire obligatoirement à contre-cœur.
00:30 De deux, pour un enfant et sa mère, c'est terrible
00:31 parce qu'on ne sait pas pourquoi ses parents se sont séparés.
00:33 Est-ce que c'est parce que le mari était violent ?
00:35 Est-ce que c'est parce que le mari était démissionnaire ?
00:37 Je vais vous raconter mon histoire, elle est très simple.
00:38 Je pense que c'est l'histoire de beaucoup d'enfants de familles monoparentales.
00:41 Beaucoup de familles monoparentales en France, 1,7 million,
00:44 dont la plupart, pour 85%, sont des familles monoparentales avec la mère.
00:48 Je pense qu'on sait tous pourquoi.
00:50 Ma mère, il y a 34 ans, quand elle est tombée enceinte, mon père est parti.
00:53 Classique.
00:54 Il est parti acheter des clopes, il n'est jamais revenu.
00:56 En laissant des dettes à ma mère, en laissant des problèmes à ma mère
01:00 et gérer un enfant quand tu es toute seule et que tu travailles, c'est compliqué.
01:04 Je pense que je n'apprends la vie à personne.
01:07 J'ai eu une enfance hyper joyeuse, j'ai été hyper entouré de toutes les femmes de ma famille,
01:11 j'ai eu des figures paternelles, mon grand-père, mes oncles.
01:13 C'est ce qui a fait que je me suis construit aujourd'hui.
01:15 Vers l'adolescence, comme toute adolescence, je me posais des questions.
01:18 Donc j'ai voulu rencontrer mon géniteur.
01:20 Ma mère m'a toujours dit que si je voulais le rencontrer,
01:21 que ce soit seul ou avec elle, je faisais ce que je voulais.
01:24 J'ai donc décidé de le rencontrer une première fois.
01:25 Ça ne s'est pas très bien passé.
01:27 Et après, j'ai mis quelques années avant de le revoir.
01:29 Je l'ai aussi fait parce que j'ai découvert que j'avais quatre demi-frères et soeurs
01:31 et que j'avais aussi envie de les connaître eux.
01:34 Sauf que c'est sans surprise que ça ne s'est jamais très bien passé avec mon géniteur.
01:37 Parce qu'il n'en avait juste rien à foutre de ma gueule.
01:39 Parce que j'étais souvent en demande et l'inverse n'était pas vrai.
01:42 C'est moi qui envoyais des messages à Noël, aux anniversaires.
01:44 Et je ne recevais jamais un message de sa part à lui, juste comme ça une fois de temps en temps.
01:48 Et donc, je me suis construit moi-même par la recherche justement de contact avec lui
01:51 et par l'expérience que je me suis fait en étant à son contact.
01:54 Mais si on m'avait imposé ça, je ne me serais pas construit de la même manière.
01:57 Si on l'avait obligé à me voir une fois par mois, une fois tous les six mois, une fois par an,
02:02 qu'est-ce que je serais devenu ?
02:03 C'est-à-dire que là, moi, je devais aller à mon rythme.
02:05 J'avais besoin de temps d'avoir mes réponses, de répondre à mes questions
02:07 et de me heurter à la réalité, c'est-à-dire qu'il n'avait pas envie de me connaître.
02:10 Et maintenant, c'est OK, mais si on me l'avait imposé,
02:12 peut-être que j'aurais été construit différemment,
02:14 peut-être que je n'aurais pas eu la même relation avec ma mère,
02:16 peut-être que je n'aurais pas été aussi ouvert d'esprit sur le monde,
02:19 peut-être que je serais devenu quelqu'un d'hyper toxique aussi dans mes relations aux autres.
02:22 Donc non, il ne faut pas imposer un devoir de parentalité
02:25 parce que ça peut détruire et l'enfant et la mère.
02:28 Le deuxième problème que je vois dans son intervention, il est très très simple.
02:31 Encore une fois, on est dans l'homophobie ordinaire.
02:33 Dire qu'un foyer normal, c'est un papa, une maman, un enfant,
02:36 ça veut dire que les foyers, par exemple, avec deux mamans ou deux papas ou deux parents célibataires,
02:40 ça ne peut pas se construire normalement.
02:42 On met encore dans la tête des gens qu'il faut faire une distinction entre
02:44 une famille avec un papa et une maman
02:46 et une famille avec une maman, une maman, deux papas.
02:49 Je suis certain d'un truc,
02:50 c'est que les enfants sont beaucoup plus heureux quand ils sont entourés d'amour
02:52 et peu importe le sexe de leurs deux parents.
02:54 Peu importe l'orientation sexuelle de leurs deux parents.
02:57 Moi, je préfère avoir été élevé seul avec ma mère avec beaucoup d'amour
03:00 qu'avec peu d'amour, mais un papa et une maman.
03:02 Et je pense qu'il y a beaucoup d'enfants de famille homo qui ont été entourés de beaucoup d'amour
03:05 et qui sont très bien construits.
03:07 On vous voit les homophobes arriver dans les commentaires.
03:09 Non, ce n'est pas parce que tu as deux parents gays que tu finis homo.
03:11 Ce n'est pas héréditaire le fait d'avoir une attirance sexuelle pour quelqu'un.
03:15 Que ce soit clair.
03:15 Donc si c'est pour dire ce genre de conneries,
03:17 autant fermer sa gueule.

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