La compagnie d'aucuns disent présente Carole !
Aujourd’hui, c’est un grand bouleversement chez les Piraillet ! Carole s’apprête à quitter ses parents et sa montagne natale, pour partir vivre son rêve d’actrice à Paris. Alors que sa mère s'affaire à lui coudre des poches intérieures pour la protéger des voleurs qui sévissent dans la capitale, son père, lui, tente en vain de la dissuader, en dépeignant d’une façon bien à lui, l’insignifiance de la vie parisienne. Pour Carole, c’est la promesse d’une vie nouvelle, et une échéance très importante : elle doit passer un casting pour jouer dans un film aux côtés de Jean Dujardin ! Alors que sa mère a déjà des paillettes plein les yeux à l'idée de la voir en haut de l'affiche, son père, ancré dans sa ruralité, n'aime ni les parisiens, ni le cinéma... D'ailleurs c’est qui Jean Dujardin ? Et comme rien ne se passe jamais comme prévu, la situation va vite déraper, et ces parents « si ordinaires » vont se révéler sous un jour nouveau. Et si les plus grands talents du cinéma français vivaient sous notre propre toit ?
« Un hommage aux gens ordinaires, et pourtant si singuliers. Aux natifs de la province, de la montagne... Aux ruraux... A tous ceux que le naturel rend si drôles... Tous ceux que la simplicité rend exceptionnels... »
Fantaisie rurale, lauréat du fonds humour de la SACD Stéphanie Doche, écriture et mise en scène
Avec
Alexandra Carlioz
Pierre-Louis Lanier
Julie Reydellet
Thomas Lavorel, création lumière Chantal Derippe, costumes
Aujourd’hui, c’est un grand bouleversement chez les Piraillet ! Carole s’apprête à quitter ses parents et sa montagne natale, pour partir vivre son rêve d’actrice à Paris. Alors que sa mère s'affaire à lui coudre des poches intérieures pour la protéger des voleurs qui sévissent dans la capitale, son père, lui, tente en vain de la dissuader, en dépeignant d’une façon bien à lui, l’insignifiance de la vie parisienne. Pour Carole, c’est la promesse d’une vie nouvelle, et une échéance très importante : elle doit passer un casting pour jouer dans un film aux côtés de Jean Dujardin ! Alors que sa mère a déjà des paillettes plein les yeux à l'idée de la voir en haut de l'affiche, son père, ancré dans sa ruralité, n'aime ni les parisiens, ni le cinéma... D'ailleurs c’est qui Jean Dujardin ? Et comme rien ne se passe jamais comme prévu, la situation va vite déraper, et ces parents « si ordinaires » vont se révéler sous un jour nouveau. Et si les plus grands talents du cinéma français vivaient sous notre propre toit ?
« Un hommage aux gens ordinaires, et pourtant si singuliers. Aux natifs de la province, de la montagne... Aux ruraux... A tous ceux que le naturel rend si drôles... Tous ceux que la simplicité rend exceptionnels... »
Fantaisie rurale, lauréat du fonds humour de la SACD Stéphanie Doche, écriture et mise en scène
Avec
Alexandra Carlioz
Pierre-Louis Lanier
Julie Reydellet
Thomas Lavorel, création lumière Chantal Derippe, costumes
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TVTranscription
00:00:00 (Propos inaudibles)
00:00:03 (...)
00:00:06 (...)
00:00:09 (...)
00:00:12 (...)
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00:00:18 (...)
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00:00:31 (...)
00:00:34 (...)
00:00:37 (...)
00:00:40 (...)
00:00:43 (...)
00:00:46 (Raclement de gorge)
00:00:49 - Mais... Maman ?
00:00:51 Tu fais quoi, là, avec ma veste ?
00:00:53 - Je couds des poches intérieures. - Pourquoi tu fais ça ?
00:00:57 J'ai déjà deux poches sur cette veste.
00:00:59 - Des poches intérieures, c'est plus sûr. - Plus sûr ?
00:01:02 - Pour ranger ton argent, tes papiers, c'est plus sûr.
00:01:05 - J'ai un sac à main. - Un sac à main ?
00:01:08 A Paris ? T'as déjà entendu parler des vols à la tire ?
00:01:11 C'est sans arrêt, les vols à la tire à Paris.
00:01:14 Ils se promènent à Cacutère, coupent la lanière du sac et partent en courant.
00:01:18 - T'es bien renseignée pour quelqu'un qui a jamais mis les pieds ?
00:01:22 - Je l'ai vu à la télé. - Je vais faire attention.
00:01:25 - T'as beau faire attention, tu te rends compte de rien.
00:01:29 Tu vas te retrouver collée dans le métro et tu crois que les voleurs ne vont pas en profiter.
00:01:34 Tu vois que j'ai raison.
00:01:36 Et ça coûte rien de coudre deux poches intérieures.
00:01:39 Ça prend 10 minutes et ça évite les problèmes.
00:01:42 Regarde.
00:01:44 Dimini connu.
00:01:46 - Merci. - Je vais faire pareil sur ton manteau.
00:01:49 - Pas la peine. - Comment ça, pas la peine ?
00:01:52 - Je mettrai ma veste. - S'il fait froid.
00:01:55 Il fait jamais froid dans le métro, il fait même très chaud.
00:01:59 Tu vas pas passer l'hiver dans le métro.
00:02:01 Il y a des moments où tu vas être dehors.
00:02:04 - Ça va, maman. En plus, j'ai déjà une poche intérieure dans mon manteau.
00:02:08 - C'est pas la peine. - Elle ferme ?
00:02:10 - De quoi ? - La poche dans ton manteau.
00:02:13 - J'en sais rien. - Vérifie, sinon je te mets un zip.
00:02:16 - Une boutonnière, c'est vite fait. - Ça va, maman, c'est bon.
00:02:20 Non, mais...
00:02:25 Je t'ai adoré, mais arrête de t'inquiéter pour moi.
00:02:29 C'est plus facile à dire qu'à faire.
00:02:31 Ça fait 20 ans que je t'ai sous les yeux et là, tu pars à l'autre bout de la France.
00:02:35 C'est pas à l'autre bout de la France, c'est à 6h de train.
00:02:38 - Ça va faire tellement vite sans toi. - Je vais revenir régulièrement.
00:02:42 - Et t'es pas toute seule, y a papa. - Oui, bien sûr.
00:02:45 Ça va vous faire le plus grand bien d'être tous les deux.
00:02:48 - Si tu le dis. - Vous allez vous retrouver comme des jeunes mariées.
00:02:51 - Faut pas exagérer, quand même. - Bah quoi ?
00:02:54 Vous avez vécu pendant des années, tous les deux.
00:02:57 Vous étiez bien, non ?
00:02:59 - Vous étiez pas bien, tous les deux ? - Si, très bien.
00:03:02 Bon, allez. Faut peut-être la boucler, cette valise, si tu veux pas rater ton train.
00:03:07 - Elle peut se prendre à quelle heure, Sarah ? - Ça va, j'ai le temps.
00:03:11 Pourquoi tu nous as pas demandé à nous de t'emmener à la gare ?
00:03:14 On aurait pu t'emmener, quand même, en tant que parent.
00:03:17 Justement, je te connais, je préfère qu'on se dise au revoir à la maison.
00:03:21 Je comprends pas. Bref.
00:03:24 T'as pris la petite trousse de secours que je t'ai préparée ?
00:03:27 - J'en ai pas besoin. - Y a pas grand-chose. J'ai mis ce que j'avais.
00:03:31 De l'E-piles, passe-fonds, Arnica, Imodium, un antiseptique,
00:03:35 des petits cotons, quelques pansements.
00:03:37 J'ai de la vitamine C aussi qu'il faut que je te donne.
00:03:40 - Non mais y a des pharmacies à Paris. - T'as pas les dépenses et tes sous pour ça.
00:03:45 Hein ? Allez. Prends la trousse, ça peut dépanner.
00:03:49 - Non mais j'ai déjà plus de place. - Bah forcément.
00:03:53 T'as vu comment tu plies ton linge ?
00:03:56 - Laisse-moi faire. - Non, maman ! C'est très bien comme ça.
00:04:01 Laisse-moi faire, je te dis.
00:04:03 C'est le dernier jour où je peux jouer mon rôle de mère.
00:04:06 Alors, s'il te plaît, ne me prive pas de ça.
00:04:09 Ton rôle de mère ? Plier mes vêtements ?
00:04:12 Ça fait 20 ans que je le fais et j'ai pas l'impression que ça t'ai dérangée.
00:04:16 Bon, très bien. Range ma valise, si tu penses que c'est à toi de le faire.
00:04:21 - Oh ! - Oh !
00:04:23 Pourquoi tu prends cette robe ?
00:04:34 Parce que je l'aime bien et que c'est toi qui me l'as offerte.
00:04:38 Mais tu vas la mettre ?
00:04:40 Étant donné que je l'aime bien et que je la prends,
00:04:43 y a des chances pour que je la porte.
00:04:46 Mais c'est une robe de mariage.
00:04:48 Je te l'avais achetée pour le mariage de ton cousin,
00:04:51 pas pour la rue, pas pour le dehors.
00:04:54 Je la mettrais pour le dedo.
00:04:56 Tu as très bien compris. C'est pas une robe pour mettre à Paris.
00:05:00 Et alors, c'est quoi une robe pour mettre à Paris ?
00:05:03 Ben...
00:05:05 C'est une robe qui est un peu plus...
00:05:08 Enfin, un peu moins...
00:05:10 Un peu moins sexy, peut-être ?
00:05:13 - Un peu moins vulgaire. - Vulgaire ?
00:05:16 - Tu l'as choisie avec moi. - Oui.
00:05:18 C'était pour un mariage, une fête de famille.
00:05:21 Des cousins, des cousines, des oncles, des tantes.
00:05:24 Et tes parents dans la salle.
00:05:26 Donc j'ai le droit d'être vulgaire, mais que si mes parents sont près de moi ?
00:05:30 Oulah ! Tu peux bien faire ce que tu veux.
00:05:33 Tu peux bien te promener cul nu sur les Champs-Elysées,
00:05:36 si c'est juste pour me contrarier. Je m'en frotte les mains.
00:05:40 Et ça te fait rire. Ton père a raison, t'es une tête de mule.
00:05:44 - On dit que je m'en lave les mains. - Tu as bien compris.
00:05:47 - N'essaye pas de changer de sujet. - Maman !
00:05:50 J'ai pas l'intention de me promener toute nue sur les Champs-Elysées,
00:05:54 ni dans n'importe quelle autre rue.
00:05:57 Il me faut une tenue correcte pour passer mes castings.
00:06:01 C'est quoi, ces... castings, exactement ?
00:06:06 Un casting, c'est comme un entretien d'embauche,
00:06:11 mais pour le cinéma.
00:06:13 Et ton rendez-vous de travail de lundi, c'est un casting, c'est ça ?
00:06:17 Oui, maman.
00:06:19 Ah ben oui, faut prendre ta robe.
00:06:22 Par contre, il faudra lui donner un coup de fer en la sortant de la valise,
00:06:26 parce que ça va faire des plis.
00:06:28 Et tu ne peux pas te présenter devant un patron avec des plis sur la robe.
00:06:32 De toute façon, il y a forcément affaire à repasser dans ta chambre de bonne.
00:06:36 Qu'est-ce que j'en sais ?
00:06:38 Ben si. Si c'est une chambre de bonne.
00:06:41 Elles sont bien équipées, les bonnes.
00:06:44 Ah ben oui, sûrement, oui.
00:06:47 Ah oui ?
00:06:49 Eh ben voilà.
00:06:55 Maintenant, il y a de la place pour la petite trousse de secours.
00:06:58 Super !
00:06:59 Tu prends pas de chaussons ?
00:07:00 Pas besoin.
00:07:01 Quand on la fera bien, la fera partout.
00:07:03 Je mettrai des chaussettes.
00:07:05 Il y a même un petit coin pour les tuperoirs.
00:07:07 Ah non, maman !
00:07:09 Tu vas voir si ça s'ouvre et que ça se reverse dans mes fringues, non ?
00:07:12 Des tuperoirs s'ouvrir ?
00:07:14 Il n'y a pas de risque. Bouge pas, je vais les chercher.
00:07:17 Mais non, mais maman !
00:07:19 Mais je vais pas emmener tout ça.
00:07:32 Mais il y a des supermarchés.
00:07:34 Il y a peut-être des supermarchés, mais il n'y aura pas de ta mère.
00:07:37 Si tu veux manger des cochonneries industrielles, au moins tu t'embas...
00:07:39 ...sonneras pas la première semaine.
00:07:41 Mais ça va jamais rentrer.
00:07:43 Ben si, regarde !
00:07:45 Tu vois bien que ça ferme pas.
00:07:48 Ça va fermer, je te dis.
00:07:50 Au pire, on mettra de la ficelle.
00:07:53 De la ficelle ?
00:07:55 Non mais attends.
00:07:57 C'est déjà la honte, cette valise des années 50.
00:07:59 Alors si en plus, je la ferme avec de la ficelle...
00:08:04 Ah, tu tronques !
00:08:06 Quand même, c'était la valise de tes grands-parents, tu te rends compte ?
00:08:09 Pas bien, non.
00:08:11 Si au moins, tu m'avais laissé acheter une valise à roulettes...
00:08:13 ...avec une fermeture éclair, on aurait gagné du temps.
00:08:15 Achetez, achetez ! Vous les jeunes, vous avez que ce mot-là à la bouche.
00:08:18 Ben disons, une valise à roulettes, c'est pas complètement fou comme concept.
00:08:21 Et puis, c'est plus pratique pour se déplacer, vu que ça roule.
00:08:24 Et Linda de Souza, elle a fait comment ?
00:08:28 Qui ?
00:08:31 Linda de Souza !
00:08:33 Elle est partie du fin fond du Portugal, elle a débarqué à Paris...
00:08:36 ...avec sa valise en carton, elle avait pas de roulettes...
00:08:39 ...et ça l'a pas empêché de devenir une grande chanteuse.
00:08:42 Non mais allez, laisse-moi faire là maintenant.
00:08:44 - Je vais y arriver, je te dis. - Mais tu vas finir par la casser !
00:08:47 Mais bon sens, tu prenais moins de choses, on dirait que tu pars pour toujours.
00:08:50 Mais j'ai pris que le nécessaire, c'est juste que c'est une vieille valise, pas un garde-manger.
00:08:54 Mais dis-lui bon sens, et si elle s'accroche aussi, ça veut pas se bloquer.
00:08:57 Mais ne force pas, là ! Elle va finir par craquer.
00:09:00 Mais laisse !
00:09:02 Et après c'est moi la tête de mule !
00:09:04 Mais bon, les chiens font pas des canarides !
00:09:06 - Retire les tuperoires ! - Sûrement pas !
00:09:08 Mais ça prend toute la place !
00:09:10 Je vais me piper, je vais bien finir par y arriver !
00:09:13 Allez, ferme-toi, maudite valise !
00:09:15 Là !
00:09:17 T'es fière de toi, maintenant ?
00:09:28 Désolée.
00:09:31 Mais putain, maman !
00:09:34 Mais t'as pété la croche !
00:09:36 - T'es sûre ? Laisse-moi regarder. - Non !
00:09:39 - Je touche pas à rien, d'accord ? - Je peux quand même replier 2-3 trucs.
00:09:42 Non !
00:09:44 Vous faites quoi, là ? Vous préparez un vide-grenier ?
00:09:54 Bon, elle est où, ta ficelle ?
00:09:56 Dans le placard du couloir, sur l'étagère du bas.
00:09:58 - Non, du haut. - De quoi ?
00:10:00 Elle est sur l'étagère du haut, pas du bas.
00:10:02 Je te dis qu'elle est sur celle du bas. C'est moi qui l'ai rangée.
00:10:05 Moi, ce matin, je l'ai vue sur l'étagère du haut.
00:10:08 - Tu vois ça ? - Je la range toujours sur celle du bas.
00:10:11 - À moins de 1 500 fois, c'est pas... - Stop !
00:10:14 Je vais finir par la trouver, je pense.
00:10:19 Ça va être un festival, tous les 2, quand je serai partie.
00:10:22 - Pourquoi tu dis ça ? - Rien.
00:10:25 - Pourquoi ? - Rien.
00:10:26 Tu veux pas que je t'aide ?
00:10:32 Si tu veux vraiment m'aider, tu récupères le menu de la semaine,
00:10:35 et tu le ranges dans le frigo.
00:10:37 - Mais tu vas où ? - Dans ma chambre.
00:10:40 Dédon, ça va être pratique, comme ça, dans le train.
00:10:44 Très drôle.
00:10:46 Qu'est-ce qu'elle a ?
00:10:50 Elle a cassé la valise.
00:10:54 - Tu as cassé la valise ? - J'ai pas fait exprès.
00:10:56 - Tu veux que je la répare ? - Non, je vais me débrouiller.
00:11:00 C'est dommage, quand même, qu'elle prête pas les tupes éroires.
00:11:15 Attends, je dois penser.
00:11:21 Elle peut bien partir avec la glacière. On s'en sert jamais.
00:11:25 Puis comme ça, au moins, si ça se renverse...
00:11:33 Tu me diras, y a pas de risque. C'est fiable, les tupes éroires.
00:11:37 Oh... Attends.
00:11:42 - C'est quoi, ça ? - C'est du choc.
00:11:47 Oh... Attends.
00:11:50 Tu vois, j'y avais pensé.
00:11:58 Mais oui, sinon, ça sert à rien de partir avec une glacière.
00:12:02 La confiture ! On en a jamais assez.
00:12:16 Au moins, celle-là, on sait d'où elle vient.
00:12:19 Bah voilà. Y a tout qui rentre.
00:12:22 Y a pas de roulette, mais y a une grosse poignée.
00:12:27 C'est pratique.
00:12:30 Voici.
00:12:34 Jacques !
00:12:40 Y a un coup. Pratique.
00:12:43 Yann, tu vois ?
00:12:46 Ici, bras...
00:12:48 Dans le coin. Tu vois ? Yann.
00:12:53 - Comment t'arrives à lire ? - Moi aussi, figure-toi.
00:13:11 Comment tu fais pour lire dans un moment pareil ?
00:13:15 J'assemble les lettres les unes avec les autres et ça fait des mots.
00:13:19 C'est simple, une fois que t'as compris le truc.
00:13:22 Tu fais de l'humour.
00:13:25 Notre fille est sur le point de quitter la maison pour toujours.
00:13:29 Elle part vivre à 600 km de nous, dans une ville pleine de danger,
00:13:33 avec des gens qu'on ne connaît ni d'Eve, ni de...
00:13:36 Et toi, tu fais de l'humour ?
00:13:39 Tu sais quoi, Jacques ? Je crois que ça te va foutre si elle s'en va.
00:13:43 - Pardon ? - Parfaitement.
00:13:46 Elle a le courage que j'ai jamais eu.
00:13:49 Tu parles de quoi, là ? Tu fais du cinéma ?
00:13:53 Je parle de quitter ce trou.
00:14:00 Ce trou ? Tu as dit ce trou ?
00:14:03 Tu parles de la station, du village ?
00:14:06 Ce trou, ce pâtelin, si tu préfères.
00:14:09 Mais toi aussi t'es née ici, je te rappelle.
00:14:12 - T'as jamais demandé à partir ? - Si je l'avais fait, t'aurais accepté.
00:14:16 - La mauvaise foi ! - En tout cas, tu n'en as jamais parlé.
00:14:20 J'aurais dû !
00:14:22 Si on habitait une grande ville, Carole n'aurait pas envie de partir.
00:14:26 Sylvie...
00:14:30 Elle a 20 ans...
00:14:35 Elle a envie de partir parce que...
00:14:38 C'est dans l'ordre des choses.
00:14:41 Toi aussi t'es bien partie, t'as quitté tes parents.
00:14:44 J'ai fait 4 km, pas 600 !
00:14:47 Elle s'affranchit, c'est très bien.
00:14:52 À son âge, il y en a qui se droguent...
00:14:57 Il y en a qui entrent dans des sectes...
00:15:00 Il y en a qui partent faire de l'humanitaire en Afrique.
00:15:04 Son truc, c'est Paris. Ça finira bien par lui passer.
00:15:08 T'es bien compréhensif.
00:15:10 Depuis quand t'arrives à en parler sans te mettre en colère ?
00:15:14 - Je fais confiance aux Parisiens. - C'est nouveau, ça.
00:15:18 Quand elle aura passé 3 mois avec eux, elle reviendra en courant.
00:15:22 Mais elle va pas revenir ! Elle veut être actrice.
00:15:26 Tu te doutes que c'est pas par ici qu'elle va pouvoir faire carrière ?
00:15:30 C'est à Paris que ça se passe, ce genre de choses.
00:15:33 Elle va se pointer, "Bonjour, je m'appelle Carole Piraillet,
00:15:37 "je viens faire du cinéma, demain, elle passe à la télé."
00:15:41 Y a pas que le cinéma. Elle peut aussi faire du théâtre.
00:15:45 Mais évidemment, le théâtre !
00:15:49 Ça intéresse tout le monde, ça, le théâtre.
00:15:52 Les gens se ruent dans les théâtres.
00:15:55 C'est un bon métier pour gagner sa vie, ça, le théâtre.
00:15:59 C'est pas parce que tu n'y as jamais mis les pieds que ça n'intéresse personne.
00:16:04 Et ça représente quoi en pourcentage de population, les gens au théâtre ?
00:16:08 A peu près le même pourcentage que ceux qui partent en vacances au ski.
00:16:12 Et peut-être bien que ce sont les mêmes.
00:16:15 De toute façon, qui lui a mis ces idées dans la tête ?
00:16:19 La célébrité, Paris, le cinéma, le théâtre et toutes ces conneries-là ?
00:16:24 Ça vient quand même bien de toi.
00:16:28 Les gens qui sont dans les émissions de télé,
00:16:31 ils sont là à se pavaner toute la journée et à essayer de nous montrer
00:16:34 qu'ils sont plus drôles et plus heureux que nous.
00:16:37 C'est à cause de ça qu'elles veulent être célèbres.
00:16:39 Tu manques pas de culot, toi.
00:16:41 T'as passé combien d'années à tenter d'en faire une championne de ski ?
00:16:44 T'as choisi son prénom en hommage à Montillet, à Merle ?
00:16:48 T'as jamais espéré qu'elle soit célèbre, toi, peut-être ?
00:16:51 Ça n'a rien à voir. Le ski, c'est pas le showbiz.
00:16:55 C'est des méritants. Ils s'entraînent 8 heures par jour, 7 jours par semaine.
00:17:00 Et ça t'es jamais venu à l'idée qu'elle pouvait en avoir marre, du ski ?
00:17:03 Le ski, le ski, le ski !
00:17:05 Depuis qu'elle sait marcher, elle passe 8 mois de l'année sur les planches.
00:17:08 C'est toi qui l'a dégoûtée de la montagne.
00:17:11 Tu plaisantes ?
00:17:13 Y en a combien des gamins qui auraient rêvé d'être à sa place ?
00:17:17 Mais elle a jamais voulu être une championne.
00:17:19 C'est pour toi qu'elle a fait tout ça.
00:17:21 Pour que tu la regardes, que tu t'intéresses à elle.
00:17:24 C'était ton rêve à toi, Jacques Palsien.
00:17:27 N'importe quoi.
00:17:29 Si elle a arrêté, c'est parce qu'elle n'en avait pas les capacités.
00:17:33 Mais elle en a gagné combien, des courses ?
00:17:37 Et les articles de journaux qui parlent d'elle ?
00:17:40 Et ces photos avec son nom écrit en gros ?
00:17:43 Un nom de championne de ski, sûrement pas d'actrice.
00:17:47 Je suis bien d'accord avec toi, papa, mais t'inquiète pas, je vais prendre un pseudo.
00:17:51 T'es là, ma chérie, je t'avais pas vue.
00:17:54 T'as réussi à fermer ta valise ?
00:17:56 Oh, dis donc, regarde, j'ai réussi à mettre toute la nourriture bien refraite dans la glacière.
00:18:01 Pourquoi ? Le frigo est en panne ?
00:18:04 C'est pour toi, pour que t'emmènes à Paris.
00:18:06 Je t'ai dit non.
00:18:08 Regarde, y a une grosse poignée, c'est pratique, essaie.
00:18:11 Pas la peine d'insister, c'est non.
00:18:14 Pourquoi t'es méchante avec ta mère ?
00:18:16 Ça doit être mon manque de capacité.
00:18:19 Parce qu'en plus, tes couteaux portent.
00:18:22 J'ai jamais eu besoin des couteaux portent pour savoir ce que tu penses de moi.
00:18:26 C'est vrai que c'est encombrant, cette glacière t'embarrasse pas avec ça.
00:18:30 C'est quoi cette histoire de pseudo ? Tu veux changer de nom ?
00:18:34 Tu l'as dit toi-même, Carole Piraillet, c'est pas un nom d'actrice.
00:18:38 Ah oui ? Et tu vas t'appeler comment ?
00:18:42 Méfie-toi, parce que Catherine Deneuve, c'est déjà pris.
00:18:46 C'est vrai que Catherine Deneuve, ça sonne bien.
00:18:50 Tu savais qu'elle avait changé de nom, elle aussi ?
00:18:52 Avant, elle s'appelait Catherine d'Orléac, comme sa sœur.
00:18:56 Si, vous savez bien, Françoise d'Orléac.
00:18:59 Celle qui faisait "Les Noiselles de la Roche" avec elle.
00:19:03 Même qu'elle est morte juste après dans un accident de voiture.
00:19:05 Tu parles d'un drame, mourir à 25 ans à peine, au moment où tu commences à être connue.
00:19:10 Bref, tout ça pour dire que Catherine Deneuve a changé de nom pour prendre le nom de sa mère.
00:19:15 Deneuve, c'est le nom de jeune fille de sa mère.
00:19:17 C'est pas bête comme idée, tu trouves pas, ma chérie ?
00:19:20 Mais oui, mais oui, mais super idée.
00:19:24 Je vais prendre le nom de jeune fille de ma mère.
00:19:27 Alors, ça donne Carole Piraillet.
00:19:31 Et ben merde, alors c'est le même.
00:19:34 Et voilà, consanguinité, ça revient un peu les choix, du coup.
00:19:38 Je te l'ai déjà expliqué cent fois.
00:19:41 Ce n'est pas la même famille.
00:19:44 Ta mère, c'est les Piraillets du Moulin.
00:19:48 Alors que chez nous, c'est les Piraillets du Haut.
00:19:52 Ça n'a rien à voir avec la consanguinité, ce sont deux familles bien distinctes.
00:19:58 Mais alors dans ce cas, pourquoi est-ce qu'il vous a fallu autant de temps pour avoir un enfant ?
00:20:02 C'est qu'il devait y avoir une petite explication rationnelle, non ?
00:20:06 Ça suffit avec ça.
00:20:08 Tu penses que d'aller vivre à Paris, ça te donne le droit de nous mépriser ?
00:20:12 Ben, tu te trompes.
00:20:14 Parce que y a rien de plus que chez nous à Paris.
00:20:19 Parce que si c'était aussi bien que ça,
00:20:21 il viendrait pas tous ici nous emmerder l'hiver.
00:20:25 - Non mais tu vas où ? - Couper du bois.
00:20:29 Quoi ?
00:20:31 Non mais, il va vraiment couper du bois ?
00:20:34 Il l'a jamais fait de sa vie, il va pas commencer aujourd'hui.
00:20:37 Enfin j'espère, parce que c'est vraiment pas le jour pour finir aux urgences.
00:20:45 Non mais je suis désolée maman, mais c'est lui aussi, j'ai toujours l'impression qu'il m'en veut.
00:20:49 Mais enfin, mais de quoi il pourrait bientôt vouloir ?
00:20:53 Mais de tout.
00:20:55 De... d'avoir arrêté le ski, de... de quitter la maison,
00:21:01 d'avoir envie de vivre à Paris, de... vouloir faire du cinéma, je...
00:21:05 Ben dis donc, ça fait beaucoup de choses tout ça.
00:21:08 Bon, allez viens.
00:21:13 Oh ma chérie.
00:21:15 - Moi aussi je suis désolée. - Mais de quoi ?
00:21:19 Ben pour ta valise, elle est comme moi, tu sais, elle est plutôt jeune.
00:21:23 - Mais on t'a réussi à la fermer ? - Si on veut.
00:21:25 Allez montre-moi.
00:21:27 Ah ben c'est parfait comme ça !
00:21:42 Non mais ça fait carrément clodo tu veux dire.
00:21:45 Absolument pas, ça fait aventurière.
00:21:48 Non mais attends, je vais avoir l'air de quoi, moi on arrive en gare de Lyon.
00:21:52 Qu'est-ce que tu vas faire à Lyon ?
00:21:55 La gare de Lyon maman.
00:21:59 La gare de Lyon, c'est la gare de Paris.
00:22:02 À Paris, il y a plusieurs gares, et elles ont tout un nom différent.
00:22:08 La gare de Lyon, la gare du Nord, gare Saint-Lazare...
00:22:11 Attends, tu veux dire que toutes les gares du Monopoly, elles sont toutes à Paris ?
00:22:17 Et ben oui, et les rues aussi d'ailleurs.
00:22:22 Les rues aussi ? Ah non mais je rêve.
00:22:26 Elles sont gonflées ces Parisiens, c'est tout pour eux et rien pour les autres.
00:22:29 - Paris, Paris et Paris. - Non mais maman, tu vas pas t'y mettre aussi.
00:22:33 Non mais c'est quoi votre problème avec cette ville ?
00:22:35 Aucun, c'est juste que c'est un peu loin.
00:22:39 Ils auraient quand même pu la faire un peu plus près de chez nous.
00:22:43 - T'es sûre que t'as rien oublié ? - Non, rien d'essentiel en tout cas.
00:22:49 On se boit un petit truc avant que tu partes ?
00:22:52 - Tu veux que j'aille faire un petit café ? - Non, je pensais à quelque chose un peu plus ravigotant.
00:22:57 Ravigotant ? Tu veux une vôtre carré de boules ?
00:23:02 Je sais même pas ce que c'est, non.
00:23:05 Non, j'ai besoin d'un truc fort.
00:23:07 - Ouh, je vais boire une janciane. - Une janciane ?
00:23:10 - Non mais attends, il est même pas 14h. - Et alors, c'est pile poil la bonne heure, il paraît que ça fait digérer.
00:23:14 Digérer ? Mais quoi ? T'as rien avalé depuis hier soir.
00:23:18 Ça fait digérer les événements.
00:23:21 A situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle.
00:23:25 Janciane !
00:23:35 Ouh, attends, j'ai pas pris la janciane !
00:23:38 Ouh, ça me...
00:23:45 Alors, attention.
00:23:49 Je te sers avec parcimonie parce que c'est celle de ton père
00:23:53 et tu sais à quel point c'est précieux à ses yeux.
00:23:56 Avec parcimonie, ça me va très bien.
00:23:59 Dis, t'es sûre qu'il va pas péter un câble si il nous voit en train de vider sa bouteille ?
00:24:04 Mais on vide pas cinq bouteilles, on goûte.
00:24:07 Deux petits verres de rien du tout, ça va même pas se voir.
00:24:10 Non mais attends, le connaissant, je suis sûre qu'il a fait un trèche.
00:24:13 - Oh, écoute, il est pas tordu à ce point. - Et s'il arrive ?
00:24:17 - Il coupe du bois ! - Ah oui ?
00:24:20 Alors, ma chérie,
00:24:25 à cette nouvelle vie qui t'attend, à Paris,
00:24:28 au cinéma, et surtout à ta réussite.
00:24:33 (Rire)
00:24:36 - Oh, non mais ça pue ! - Mais t'es sûre que ça se boit ?
00:24:40 T'en filles pas à l'odeur, c'est le goût qui compte.
00:24:43 (Rire)
00:24:45 Ouh là !
00:24:47 Dis, c'est vrai que...
00:24:49 C'est fort, hein ? Mais c'est pas mauvais.
00:24:52 - Non, franchement, c'est dégueu. - Écoute, on dit pas "c'est dégueu".
00:24:56 - On dit "j'aime pas". - Non, mais attends, c'est hyper amer.
00:24:59 - C'est comme si tu étais en pression de boire du jus de terre. - Tu sais quoi ?
00:25:04 - Te force pas, je t'aiderai. - Non, non, non.
00:25:07 Je vais boire tranquillement.
00:25:10 Allez, santé, ma chérie.
00:25:12 (Rire)
00:25:14 Dis, c'est pas contradictoire de se dire "santé" avant d'avaler ce truc ?
00:25:19 (Rire)
00:25:21 On dit "ça réchauffe".
00:25:26 C'est marrant parce que c'est fort, mais pas tout de suite.
00:25:30 T'as raison, c'est quand ça descend que ça brûle.
00:25:33 (Rire)
00:25:35 Oh, écoute !
00:25:37 (Rire)
00:25:39 Dis...
00:25:47 Tu viendras me voir de temps en temps ?
00:25:50 - À Paris ? - Bah non, à Dunkerque.
00:25:53 Mais oui, à Paris.
00:25:56 Je sais pas...
00:25:58 C'est loin et puis ça fait des frais.
00:26:01 Arrête un peu, vous êtes pas dans le besoin.
00:26:04 Ton père, il est pas trop pour les dépenses.
00:26:07 - Ça veut pas dire qu'il est dans le besoin. - Fais attention, c'est tout.
00:26:11 - Il est juste radin. - C'est pas vrai, dis pas ça.
00:26:15 Arrête de prendre sa défense, c'est pas méchant.
00:26:18 Il est radin, c'est tout, c'est pas grave.
00:26:21 Il est pas radin, il est économe.
00:26:24 - C'est moi qui t'offrirai ton billet. - Ah oui, et avec quoi ?
00:26:28 Bah, tu sais, si je suis prise à ce casting,
00:26:32 je vais toucher à un gros cachet.
00:26:35 Un cachet, c'est un salaire, c'est pas un médicament.
00:26:39 Je sais ce que c'est qu'un cachet d'artiste, je suis pas stupide.
00:26:43 Ah bon ?
00:26:45 Bah, tant mieux.
00:26:47 Bon, c'est pour quoi ce casting exactement ?
00:26:51 C'est pour un long métrage, enfin, un film, si tu préfères.
00:26:56 Arrête de parler comme si j'étais demeurée.
00:26:59 Je connais un peu le monde du cinéma, quand même.
00:27:02 Pardon ?
00:27:04 Donc, c'est pour le premier film de Jan Lemiecki.
00:27:08 - C'est qui ? - C'est un jeune réalisateur polonais.
00:27:12 - Mais tu parles pas polonais. - Non, mais il est polonais.
00:27:16 Il veut faire un film français.
00:27:19 Si, pourquoi il ne le fait pas en Pologne, son film ?
00:27:22 Ah, mais maman, laisse-moi finir.
00:27:25 Bon, devine qui c'est la tête d'affiche.
00:27:28 - Omar Sy ! - Non.
00:27:30 - Danny Boon ! - Bah non.
00:27:32 Je sais pas, y a qui d'autre ?
00:27:35 Dujardin ?
00:27:39 Jean Dujardin ?
00:27:41 Le Jean Dujardin de "Un gars, une fille" ?
00:27:44 Oui, surtout le Jean Dujardin de "The Artist".
00:27:47 Tu vas jouer dans un film avec Jean Dujardin ?
00:27:51 Non, maman.
00:27:54 Je vais pas jouer dans un film avec Jean Dujardin.
00:27:57 Je vais passer un casting pour, si j'ai une chance énorme,
00:28:00 jouer dans un film avec Jean Dujardin.
00:28:02 C'est sûr qu'ils vont te prendre.
00:28:05 C'est sûr, t'as vu comme t'es belle, comme t'es intelligente.
00:28:08 Et puis, les Polonais adorent ça, la beauté, l'intelligence.
00:28:12 Et le chou. Il va falloir que t'apprennes à cuisiner le chou.
00:28:15 Maman, j'en suis pas encore là, alors la suite est plus qu'incertaine.
00:28:19 Ça va marcher, ma chérie. Je suis sûre que ça va marcher.
00:28:23 Santé !
00:28:25 Déjà ?
00:28:31 J'espère qu'hiver sera pas trop rude.
00:28:34 Qu'est-ce que vous faites avec ma gentille ?
00:28:40 On la boit.
00:28:42 Comment ça, vous la buvez ? On est mercredi.
00:28:45 Pourquoi ?
00:28:47 Parce qu'il y a des jours spécifiques pour boire ta gentille.
00:28:51 C'est très réglementé pour un truc aussi dégueu.
00:28:54 Dégueu ?
00:28:56 Ma gentille dégueu ?
00:28:58 Te force surtout pas. Elle est celle qui s'aime apprécier.
00:29:02 Et pourquoi ta gentille ? Pourquoi pas celle de maman ?
00:29:05 C'est moi qui l'a fait, figure-toi.
00:29:07 C'est un sacré boulot. Et ta mère, elle aime pas.
00:29:10 On dirait que tu la connais pas si bien.
00:29:13 Elle en a déjà bu deux verres.
00:29:15 Carole, chute !
00:29:17 J'y crois pas. Il manque au moins 2 cm.
00:29:20 T'as vu qui l'a fait, après ?
00:29:24 Non mais, papa...
00:29:26 Vous êtes mariés sous le régime de la communauté, non ?
00:29:31 Donc, à partir d'aujourd'hui, tu peux dire "notre" gentille
00:29:34 et considérer qu'elle vous appartient.
00:29:36 Je m'en fiche complètement de sa gentille.
00:29:39 Non mais, maman, réveille-toi.
00:29:42 Quand on l'écoute, on dirait que tout est à lui.
00:29:45 C'est sa maison, sa voiture, son compte en banque.
00:29:47 Tu sais quoi, c'est reproche.
00:29:49 T'as jamais manqué de rien, il me semble.
00:29:52 Attends seulement d'être dans ta chambre de bonne à 1 000 balles par mois.
00:29:56 9 m2 avec les chaussures paliées.
00:29:59 Là, tu vas comprendre ce que c'est que la valeur de l'argent.
00:30:02 Ah mais parce que toi, tu sais ce que c'est ?
00:30:05 T'as jamais travaillé.
00:30:07 T'as même jamais eu besoin de travailler.
00:30:10 Si tes parents n'avaient pas fait fortune grâce à la station de ski, t'aurais fait quoi ?
00:30:14 J'aurais fait comme tout le monde.
00:30:16 Moniteur, commerçant, pisteur.
00:30:20 C'est pas le boulot qui manque ici.
00:30:22 Mais toi, non.
00:30:24 Toi, tu trouves plus judicieux d'aller gagner ta vie à 600 km d'ici.
00:30:28 Mais pour faire quoi ?
00:30:30 Parce que tu vas pas me dire.
00:30:32 Mais il y en a combien des acteurs qui vivent de leur métier à Paris ?
00:30:36 Combien ? - On n'a aucune idée.
00:30:38 C'est à Carole que je pose la question.
00:30:41 J'en sais rien. Mais comme t'as l'air de maîtriser le sujet.
00:30:44 Vas-y, dis-le, combien ?
00:30:47 Pas beaucoup, en tout cas.
00:30:50 Ça, je ne la montre pas.
00:30:53 La Mireille du magasin de souvenirs, là-haut.
00:30:56 Sa fille, elle a une copine qui a voulu faire comme toi.
00:30:59 Aller faire d'actrice à Paris.
00:31:01 Tu sais ce qu'elle fait maintenant ? - Non.
00:31:03 Elle est vendeuse dans une pâtisserie.
00:31:06 Ah, alors excuse-moi.
00:31:09 Mais si tout ça, c'est pour vendre des bavards au Rhum au Paris-Gaux,
00:31:13 tu peux faire la même chose chez la Brigitte tout l'hiver.
00:31:16 Elle cherche quelqu'un, c'est à 200 m de la maison.
00:31:19 Jacques, arrête de la décourager.
00:31:22 Non, laisse, maman, c'est pas très grave.
00:31:25 Si, c'est grave, voyons.
00:31:27 Tu sais ce qu'elle va faire, ta fille, lundi ?
00:31:30 Elle va passer un casting.
00:31:33 Un casting ?
00:31:35 Figure-toi qu'elle a été choisie pour peut-être jouer dans le premier film...
00:31:40 Euh...
00:31:42 Comment il s'appelle déjà ? C'est pas Polanski, là.
00:31:45 Carole, comment il s'appelle ? Donne-moi son nom.
00:31:48 Jan Limiewski.
00:31:50 Voilà ! Jan Limiewski.
00:31:53 Un jeune réalisateur.
00:31:55 Polonais, très prometteur.
00:31:57 Maman, c'est bon, elle, ça va.
00:31:59 Polonais ?
00:32:01 Eh ben, ça va t'ouvrir des portes, ça, dis donc.
00:32:04 En Pologne, surtout.
00:32:07 Et tiens-toi bien.
00:32:09 Si elle est prise,
00:32:11 elle va jouer avec Jean Dujardin.
00:32:14 C'est qui ?
00:32:16 Non mais, Jacques, tu plaisantes.
00:32:18 Jean Dujardin.
00:32:20 Ben, non, comment, je vois pas.
00:32:22 C'est un Polar, lui, aussi ?
00:32:24 Je sais que tu le fais exprès.
00:32:26 Ah, non, t'as raison.
00:32:28 Avec un nom pareil, il doit être français.
00:32:30 Ou québécois, peut-être.
00:32:32 Non, mais est-ce que tu peux m'agacer quand t'es comme ça ?
00:32:35 Eh, dis-moi, Dujardin,
00:32:38 c'est son vrai nom ou il a pris un pseudo, lui, aussi ?
00:32:41 Non, parce que, excuse-moi,
00:32:43 si c'est un pseudo, il est quand même pas allé le chercher bien loin.
00:32:46 Alors, j'imagine bien le type.
00:32:49 Il est là,
00:32:51 il fume sa clope.
00:32:53 Donc, forcément, il est dehors,
00:32:55 parce que chez lui, on fume pas dedans.
00:32:57 Bon, alors, il fume sa clope
00:33:00 et il se dit, tiens, comment...
00:33:03 Comment je pourrais bien m'appeler pour faire du cinéma ?
00:33:06 Alors, il est posé, là, dans son jardin.
00:33:08 Donc, il essaye avec ce qu'il a sous la main.
00:33:11 Malboro, camel.
00:33:13 Bon, pas terrible, hein, mais en même temps,
00:33:15 on sait pas trop ce qu'il fait.
00:33:17 Et puis, tout à coup,
00:33:22 ben, il ouvre les yeux,
00:33:25 il fait un tour d'horizon.
00:33:27 Et là, ben, révélation.
00:33:30 Le jardin.
00:33:31 Du jardin.
00:33:35 Et dix ans après, bim !
00:33:37 Oscar, Hollywood.
00:33:39 Malin, le type.
00:33:41 -Ah, mais tu vois que tu sais qui c'est.
00:33:43 -Ça me dit vaguement quelque chose.
00:33:45 -Et c'est tout l'effet que ça te fait. Tu dis rien.
00:33:47 -Qu'est-ce que tu veux que je dise ?
00:33:49 -Ben, bravo. Ça peut être un bon début.
00:33:51 -Bravo, bravo.
00:33:53 Bravo, mais bravo de quoi ?
00:33:55 De lui faire espérer une vie qui sera jamais la sienne ?
00:33:59 -Et pourquoi pas ?
00:34:00 C'est normal d'avoir des rêves à 20 ans.
00:34:02 -Eh ben, ce serait bien que les rêves y soient un tout petit peu raisonnables.
00:34:05 -Non, mais fais pas autant d'efforts pour être méchant, papa, hein.
00:34:08 Je suis pas complètement naïve.
00:34:10 Je sais très bien que j'ai peu de chances d'y arriver,
00:34:12 mais tu vois, j'ai envie d'essayer.
00:34:14 Et même, si je suis condamnée
00:34:16 à vendre des babins au Rhum à Paris pour payer mon loyer,
00:34:19 eh ben, ce sera toujours moins triste que de vivre ici.
00:34:22 Avec toi.
00:34:27 ...
00:34:29 -Très bien.
00:34:31 -Carole, tu vas trop loin. Excuse-toi.
00:34:34 -Non. Non, maman. Pas cette fois.
00:34:37 J'en ai marre.
00:34:39 J'en ai marre d'avoir un père, là, toujours en colère.
00:34:42 Marre d'attendre sa considération qui, de toute façon, ne viendra jamais.
00:34:46 Tu sais ce que c'est, papa, la considération ?
00:34:50 Mais non. Mais moi, j'y suis pour rien.
00:34:55 Je me demande si vous avez choisi d'avoir une vie de merde dans ce trou pourri.
00:34:58 -Carole...
00:35:03 A ton âge, on...
00:35:07 on connaît pas grand-chose de la vie et des saloperies qu'elle nous réserve.
00:35:11 Alors...
00:35:13 on a peut-être une vie de merde, comme tu dis, ta mère et moi.
00:35:17 Mais on a toujours fait en sorte de te protéger.
00:35:23 Jacques, je t'en supplie.
00:35:24 -Me protéger ?
00:35:26 Ici ?
00:35:28 Mais de quoi ? Des avalanches ?
00:35:30 -On les stoppe, tous les deux ! Stop !
00:35:32 -Ecoute-moi. Ecoute-moi !
00:35:34 Si aujourd'hui, ta seule inquiétude, c'est de savoir si un jour,
00:35:39 tu auras la chance de monter des marches
00:35:42 sur un tapis rouge avec une bande de guignols en plein cagnard...
00:35:46 c'est uniquement parce que ta mère et moi,
00:35:51 on a eu la délicatesse de t'élever dans un petit cocon bien confortable.
00:35:55 -Jacques, c'est pas du tout le moment.
00:35:58 -Pas le moment de quoi ?
00:36:00 Mais oh, tu vas où, là ?
00:36:02 Dis ce que t'as à dire, au lieu de prendre la fuite comme à chaque fois !
00:36:06 Tu vas couper du bois, c'est ça ?
00:36:09 -Je vais aux toilettes.
00:36:12 Et stop avec ma gentillane !
00:36:16 -Non mais reconnais qu'il est en Dieu, quand même !
00:36:20 -Vous êtes tous les deux pareils !
00:36:22 -Mais il ne supporte pas...
00:36:24 -On n'a pas l'idée de se dire des choses aussi méchantes !
00:36:27 -Il ne supporte pas l'idée que je puisse réussir quoi que ce soit sans lui !
00:36:30 -Il te trompe ! Il s'inquiète beaucoup pour toi.
00:36:33 -Il est surtout bien content que je parte.
00:36:35 -C'est pas si simple. -Ah oui ?
00:36:37 C'est pas simple d'aimer son enfant, de vouloir qu'il soit heureux ?
00:36:40 C'est pas quelque chose de naturel, ça, pour un père.
00:36:43 -Mais enfin, mais... Rien.
00:36:45 -Il t'aime ! Qu'est-ce que tu vas t'imaginer ?
00:36:48 C'est juste que...
00:36:51 qu'il a peur de te perdre.
00:36:54 Et il souffre.
00:36:57 -Il est malade ? -Pas du tout.
00:37:03 Disons que...
00:37:06 Disons qu'il a un chagrin qu'il ne parvient pas à surmonter.
00:37:10 -Mais... à cause de moi ? -Mais non, voyons !
00:37:15 -Mais c'est quoi, le problème, alors, maman ?
00:37:18 -T'inquiète pas, il a pris l'équipe. On va pas le revoir tout de suite.
00:37:24 -Maman...
00:37:27 Mais il faut que tu me parles, là !
00:37:30 Qu'est-ce que vous me cachez, tous les deux ?
00:37:33 -On ne cache rien !
00:37:35 On se tait, on évite de parler, c'est tout.
00:37:38 -Mais de quoi vous évitez de me parler, bordel ?
00:37:42 -Je savais que ça allait sortir à un moment,
00:37:45 mais je crois pas que ce soit le bon moment.
00:37:48 Dans moins d'une heure, tu seras loin et toute seule.
00:37:51 -Mais si il reste un moment pour se parler, c'est maintenant !
00:37:54 -Je suis pas sûre d'y parvenir. -Allez, maman, dis-moi !
00:37:58 -Karol...
00:38:04 Si tu es arrivé si tard dans nos vies,
00:38:08 c'est pas une histoire de consanguinité, comme tu le racontes.
00:38:13 Ton père dit la vérité.
00:38:15 Même si nos parents portent le même nom,
00:38:18 ce ne sont pas du tout les mêmes familles.
00:38:21 Et heureusement, car tu sais que sa mère était folle...
00:38:24 -C'est bon, vas-y, change pas de sujet, s'il te plaît.
00:38:28 -Karol...
00:38:33 Ton père et moi,
00:38:36 on a eu un enfant avant toi.
00:38:39 Un petit garçon.
00:38:41 -Quoi ?
00:38:43 C'est quoi, cette histoire ?
00:38:47 -On était très jeunes, à l'époque.
00:38:50 J'avais 17 ans et ton père, à peine plus.
00:38:53 Mais on était très amoureux.
00:38:55 On avait bien réfléchi, c'est pas arrivé comme ça sur un coup de tête.
00:38:59 On savait qu'on était capables.
00:39:01 Et surtout, on se faisait confiance.
00:39:04 Alors très vite, on est devenus parents.
00:39:08 On était gaga devant ce petit bonhomme tout potelé.
00:39:12 Il avait les joues tellement rondes qu'on voyait à peine ses yeux.
00:39:16 Ton père adorait dire qu'il tenait ça de moi.
00:39:19 C'est vrai qu'à l'époque, j'avais un bon coup de fourchette.
00:39:23 La grossesse ne m'avait pas épargnée.
00:39:26 Et puis, un jour, il est tombé malade.
00:39:32 Il a été hospitalisé en urgence.
00:39:35 On n'a pas compris tout de suite ce qui se passait.
00:39:39 Ça a duré plusieurs jours, je sais plus très bien.
00:39:43 Avant qu'on nous apprenne qu'il était condamné.
00:39:47 A une maladie orpheline.
00:39:50 Irréversible.
00:39:52 Combien de temps, ça ?
00:39:56 Personne n'était en mesure de nous le dire.
00:39:59 Les médecins étaient très bien.
00:40:02 Mais ils ne savaient pas.
00:40:05 Ils ne peuvent pas tout savoir, les pauvres.
00:40:08 Le choc a été tellement violent que je ne me souviens même pas avoir réagi.
00:40:14 Alors, ils nous ont laissés rentrer à la maison, tous les trois.
00:40:19 Je crois qu'on était dans un déni total.
00:40:22 Il n'avait tellement pas l'air malade.
00:40:26 Pendant un an et demi, j'ai cru faire un peu de mal.
00:40:30 Pendant un an et demi, j'ai cru fermement qu'un miracle était possible.
00:40:35 Je me trompais.
00:40:38 Mais ça m'a permis de tenir.
00:40:41 On n'en parlait pas, jamais.
00:40:45 Comme pour conjurer le sort.
00:40:48 Quand t'es parent, tu ne peux pas imaginer ça.
00:40:53 Un enfant, ça ne peut pas être malade.
00:40:56 T'en rumes et t'y es d'accord, mais ça ne peut pas souffrir, un enfant.
00:41:01 Et surtout, ça ne peut pas mourir.
00:41:04 Alors, comment tu fais quand tu sais que l'horreur va venir frapper à ta porte ?
00:41:09 Eh bien, nous, on a fait comme on a pu, jusqu'au bout.
00:41:13 Mais...
00:41:17 Écoute, on n'a jamais cherché à te cacher quoi que ce soit.
00:41:21 C'est juste que ça s'est fait comme ça.
00:41:23 On n'avait pas les mots pour en parler.
00:41:25 Ils n'existent pas, les mots dont on aurait besoin pour parler de ça.
00:41:29 Alors, le chagrin s'installe et toi, t'apprends à vivre avec.
00:41:35 Moi, de mon côté, j'ai arrêté de travailler, de sortir, de voir du monde.
00:41:41 C'était trop dur de voir mon malheur dans le regard des autres.
00:41:46 Et ton père, lui, s'est investi corps et âme dans la vie du ski-club.
00:41:52 Il était tellement occupé qu'il n'avait plus une minute pour penser.
00:41:55 Tout le contraire de moi.
00:41:57 Alors, des années après, quand tu es né,
00:42:04 tu ne peux pas savoir.
00:42:07 C'est comme si j'avais le droit de respirer à nouveau.
00:42:10 Comme quelqu'un qui est sur le point de se noyer et qui retrouve de l'oxygène.
00:42:15 Alors, c'est vrai qu'on a gardé tout ça bien enfoui au fond de nous, mais...
00:42:22 Ce drame, c'est le nôtre, Carole.
00:42:24 On n'avait pas le droit de te l'imposer.
00:42:27 C'était une façon de te protéger.
00:42:29 Alors, certainement pas la meilleure, mais...
00:42:32 Comment vous avez pu vous taire aussi longtemps, moi ?
00:42:37 Écoute, il ne faut pas en vouloir à ton père.
00:42:39 Il a peur de te perdre, c'est juste ça.
00:42:42 Je comprends.
00:42:48 Je comprends pourquoi le temps s'est arrêté dans cette maison.
00:42:52 Ce drame, il est figé ici, là.
00:42:57 Partout.
00:42:59 Tout est terne, tout est triste.
00:43:03 Comme vous, maman.
00:43:05 Il regarde par un nouveau coup de peinture, là, sur les murs, par un nouveau meuble.
00:43:12 Et cette robe que tu portes depuis toujours...
00:43:16 Ça fait combien de temps que t'as pas acheté quelque chose de neuf ?
00:43:19 Et moi qui pensais que papa était radin, mais non, en fait, c'est juste une volonté de ne surtout rien changer,
00:43:25 de ne surtout pas se donner la chance d'être heureux !
00:43:27 T'as pas le droit de dire ça !
00:43:28 C'est la vérité, même si tu veux pas l'entendre !
00:43:31 Tu crois savoir mieux que moi ce que je ressens ?
00:43:33 Eh ben, tu te trompes !
00:43:34 J'aimerais bien !
00:43:35 Je te dis que je suis heureuse !
00:43:37 Je connais peut-être pas grand-chose, mais je sais dire si je suis heureuse ou pas, quand même !
00:43:40 Tu sais le dire. Tu sais bien le dire.
00:43:43 Tu pars, mais c'est pas l'heure !
00:43:45 Je vais appeler Sarah.
00:43:47 Si tu veux, papa peut t'emmener à la gare !
00:43:49 Non, merci !
00:43:50 Tu vas arriver en avance, c'est ridicule !
00:43:53 Je préfère !
00:43:54 Carole !
00:43:55 Fous-moi la paix, maman !
00:43:57 Elle est où ?
00:43:58 Dans sa chambre.
00:44:00 Ça va ?
00:44:04 Oui.
00:44:07 Je vais aller voir sa mère.
00:44:09 Je vais aller voir sa mère.
00:44:11 Je vais aller voir sa mère.
00:44:13 Je vais aller voir sa mère.
00:44:15 Je vais aller voir sa mère.
00:44:17 Je vais aller voir sa mère.
00:44:19 Je vais aller voir sa mère.
00:44:21 Je vais aller voir sa mère.
00:44:23 Je vais aller voir sa mère.
00:44:26 Jacques, tu es tout raconté.
00:44:29 C'est bien, non ?
00:44:32 Mais elle va partir, et peut-être qu'elle reviendra plus jamais !
00:44:35 Dis pas n'importe quoi !
00:44:38 Elle a juste besoin d'un peu de temps.
00:44:41 Et comment elle va faire toute seule, loin d'ici ?
00:44:45 Mais t'inquiète pas pour elle. Elle est solide.
00:44:47 Et si je l'accompagnais ?
00:44:55 À la gare ?
00:44:56 Non, à Paris !
00:44:58 Non, non, non, ça c'est une très mauvaise idée.
00:45:02 La mauvaise idée c'était tout lui raconter, moi, aujourd'hui.
00:45:05 Je serais mieux fait de me taire.
00:45:07 Le pire moment pour faire un truc pareil, c'est celui que je choisis.
00:45:11 Arrête d'être aussi dur avec toi.
00:45:13 Tu crois vraiment qu'il existe un bon moment pour avoir ce genre de conversation ?
00:45:17 Non.
00:45:19 Non, non, c'est très bien ce que tu as dit.
00:45:24 Je suis désolé.
00:45:25 T'as écouté ? T'étais pas aux toilettes ?
00:45:31 Euh, si. Oh, si, si, si.
00:45:34 Si, mais alors, pas que.
00:45:36 C'est-à-dire que, je m'apprêtais à entrer dans le salon,
00:45:44 quand j'ai entendu des brimes de discus sur toi.
00:45:47 Donc du coup...
00:45:49 Du coup quoi ?
00:45:52 Du coup, t'as fait marche arrière et tu m'as laissé faire.
00:45:55 C'est lâche comme comportement.
00:45:58 Ouais.
00:46:00 Folle, je suis désolé, mais j'ai pas ta force, moi.
00:46:03 Il en fallait vraiment du courage pour faire ce que t'as fait.
00:46:07 Tu le penses ?
00:46:10 Oui, vraiment.
00:46:13 Je vais quand même lui proposer, non ?
00:46:16 Lui proposer quoi ?
00:46:18 D'aller à Paris avec elle.
00:46:21 Et si elle dit oui, tu feras quoi ? Tu vas dormir à part-terre dans sa chambre de bonne ?
00:46:23 Oh, ben, je peux tout à fait prendre un hôtel.
00:46:25 Un hôtel ? À Paris ?
00:46:27 Non, mais on peut bien s'offrir une chambre d'hôtel de temps en temps. Elle a raison, Carole, t'es radin.
00:46:32 Ça n'a rien à voir avec ça. C'est pas une histoire d'argent.
00:46:34 Alors, c'est une histoire de quoi ?
00:46:36 Bon, 'fin, tu te vois débarquer à Paris, tu sais même pas dans quel quartier il faut aller.
00:46:39 Mais je serai avec Carole.
00:46:41 Oui, alors, je ne pense pas qu'elle t'ait inclue dans son plan de carrière.
00:46:45 Tu seras toute seule et il faudra te débrouiller.
00:46:49 Si un Parisien y arrive, je dois bien pouvoir m'en sortir, non ?
00:46:51 Et ben, justement, non.
00:46:53 Et tu sais pourquoi ?
00:46:55 Parce que cette ville, elle a été conçue uniquement pour eux.
00:46:59 Comme ça, à nous, les ploucs de la province, quand on y va, on a l'impression d'être cons.
00:47:05 Il y a sûrement 100 fois plus de panneaux que chez nous. Il suffit de suivre les indications.
00:47:11 Oui, oui, oui. Rappelle-moi juste combien de temps t'as mis pour trouver la route qui va intermarcher.
00:47:15 Oui, ben alors, excuse-moi, mais c'est très mal indiqué, là.
00:47:18 Oui, mais il y a bientôt des panneaux jusqu'à la sortie de l'autoroute.
00:47:21 J'arrive pas par l'autoroute, moi, quand je vais inter.
00:47:24 Ce que j'aime chez toi, ma chérie, c'est ta bonne foi.
00:47:27 Bon, ben, qu'est-ce qu'on peut faire ?
00:47:30 Ah, il faut trouver un truc pour l'empêcher de partir.
00:47:35 Oh, ben, très bonne idée.
00:47:38 Je propose qu'on l'attache sur son lit, à nous deux, on devrait pouvoir s'en sortir. Qu'est-ce que t'en penses ?
00:47:47 C'est pas un peu violent, comme méthode ?
00:47:49 Non, mais, Jacques, c'est une blague. Je fais de l'humour.
00:47:54 Ah, ah bon ? Mais, oh là là, je préfère, hein.
00:47:58 Ah oui, parce que...
00:48:00 T'as une idée ?
00:48:02 Oh non, non.
00:48:04 T'as pas d'idée ?
00:48:07 Ben, je pourrais peut-être essayer de lui parler.
00:48:12 Putain, mais non ! Oh non, mais non, mais non, mais non !
00:48:17 Oh, mais quel putain de vie de merde, non !
00:48:22 T'as raison, va lui parler.
00:48:25 Moi ? C'est pas un peu risqué, là ?
00:48:28 J'ai fait le plus dur, alors à toi, maintenant, va y.
00:48:31 Putain, j'ai essayé de te traindre, merde, non, mais...
00:48:38 Mais pourquoi ?
00:48:40 Ah, non !
00:48:41 Ça va ? C'est pas nous qu'elle vise.
00:48:44 T'es sûr ?
00:48:46 Oui, elle a dit "Putain de train de SNCF de merde, prends-nous, ça va".
00:48:50 Qu'est-ce que la SNCF vient faire là-dedans ?
00:48:53 On va peut-être pas avoir besoin d'attacher sur son lit.
00:48:56 Je vais voir ?
00:48:59 Oui, c'est ça, tu y vas, tu jouges, tu vois comment ça se passe.
00:49:02 Carole ?
00:49:04 Vas-y, vas-y, vas-y.
00:49:07 Carole, ma chérie, qu'est-ce qu'il se passe ?
00:49:10 Et voilà ce que c'est que des mythos au fin fond du trou du cul du monde.
00:49:14 Tu peux rien faire, tes cons c'est là et ta vie elle dépend de cette connerie de SNCF.
00:49:19 Enfin, mais Carole, qu'est-ce qu'il se passe ?
00:49:22 Ce qu'il se passe ? Il se passe que je reste là, il se passe que je peux plus partir.
00:49:26 Comment ça, tu peux plus partir ?
00:49:29 Mais y a plus de train. Regarde le message qu'ils viennent de m'envoyer, ces connards.
00:49:36 Mais qu'est-ce qu'il se passe ?
00:49:38 Oh, ben, pleure pas, ça va s'arranger.
00:49:41 Ah oui, comment ? T'as planqué un hélicoptère dans la grange ?
00:49:45 Bon, allez, calme-toi et viens, on va en discuter avec papa. On va trouver une idée.
00:49:50 Mais maman, y a tout là qui s'écroule, y a tout qui me tombe dessus en même temps.
00:49:55 C'est Dieu qui me punit à cause de tout ce que tu m'as raconté.
00:49:58 Non, mais ça va pas, où est-ce que tu vas chercher des trucs pareils ?
00:50:01 Maman, comment je vais faire ?
00:50:05 Ça va aller, ma chérie, je te le promets.
00:50:07 Allez, viens, je suis sûre que ton père va trouver une solution.
00:50:12 Mais oui !
00:50:15 Allez, viens.
00:50:20 Oh, ben, qu'est-ce qu'il se passe ?
00:50:31 Elle vient de recevoir un message de la SNCF. Son train est annulé.
00:50:35 Oh, non !
00:50:38 Me dis pas qu'ils sont encore en grève, ces cons-là !
00:50:41 Non, mais non !
00:50:44 Y a eu un accident sur la voie.
00:50:47 Visiblement, ils ont été obligés d'interrompre le trafic et on sait pas pour combien de temps.
00:50:51 Oh !
00:50:54 Oh !
00:50:57 Oui, oui.
00:51:01 Bon, alors...
00:51:03 Bon, ben, je...
00:51:06 Oui. Bon, ça tombe mal.
00:51:09 Hein, c'est sûr, ça tombe mal.
00:51:12 Mais il faut voir le positif là-dedans.
00:51:15 Hé, hé, oui !
00:51:18 Parce que si on pense qu'il y a eu un accident sur la voie,
00:51:22 la voie que ton train aurait dû emprunter dans quelques heures,
00:51:29 dans quelques heures,
00:51:30 eh ben, moi, j'ai qu'une chose à dire, c'est qu'on est soulagé de te savoir ici avec nous
00:51:34 plutôt que dans un train qui roule sur une voie accidentée.
00:51:37 Et ça, c'est quand même une bonne nouvelle.
00:51:39 Ah, oui, alors là, entièrement d'accord avec toi, Jacques.
00:51:42 Ben oui, c'est vrai qu'on accorde parfois beaucoup d'importance aux petits tracas du quotidien.
00:51:47 Et on oublie que pour certains, ça peut représenter un drame.
00:51:50 Un drame !
00:51:52 Cet accident sur la voie, c'est peut-être quelqu'un qui a mis fin à ses jours.
00:51:57 Oh, alors pour nous, c'est fâcheux !
00:51:58 C'est bon, c'est fâcheux.
00:52:00 Mais c'est peut-être, sans doute, en ce moment même, un drame, mais pour toute une famille !
00:52:06 Mais quelle horreur !
00:52:08 Oh, mouiche !
00:52:10 Mais pourquoi vous me parlez comme si j'étais débile ?
00:52:12 Non, en fait, ce qu'on veut t'expliquer, ma chérie...
00:52:15 Non, mais papa, c'est bon, j'ai très bien compris le point de vue.
00:52:18 Alors oui, effectivement, oui, je ne suis pas blessée, je ne suis pas morte,
00:52:21 mais je suis quand même sacrément dans la merde !
00:52:24 Disons, de façon un peu moins vulgaire, que tu te trouves dans une situation d'incertitude,
00:52:30 à la fois pesante et sans aucun doute très angoissante,
00:52:33 et qui peut, dans un contexte immédiat mais incontournable, et ça ne l'oublions pas,
00:52:37 te paraître un peu oppressante.
00:52:39 Alors certes, on ne peut pas nier que tu fais l'objet d'un manque de chance évident.
00:52:42 Cependant, ce n'est certainement pas un événement isolé qui va remettre en question tout ton avenir,
00:52:47 et ça m'a...
00:52:48 Ça va, maman ?
00:52:49 Non, mais parce que j'ai l'impression que t'as basculé sur Arte, là.
00:52:52 [Rires]
00:52:54 Bon, alors, il est quand ce casting ?
00:52:58 Lundi !
00:53:00 Lundi ?
00:53:01 Ben, c'est dans quatre jours.
00:53:03 Alors, on est bien d'accord pour dire que la SNCF, ils ne sont pas tous hyper actifs.
00:53:08 Mais enfin, quand même, en quatre jours, il devrait y arriver, non ?
00:53:12 Mais j'ai rendez-vous demain à 9h avec mon coach.
00:53:15 Ton coach ?
00:53:18 C'est quoi cette histoire ?
00:53:20 Apparemment, elle a pris un coach pour l'aider.
00:53:22 Et tu payes ?
00:53:25 Tu payes pour trouver du boulot ?
00:53:29 Écoute, papa, c'est comme ça que ça marche.
00:53:32 Tu vois, c'est pas moi qui ai inventé le système.
00:53:34 C'est comme pour le ski.
00:53:35 Si tu veux gagner, ben, tu prends un coach.
00:53:37 Ouais, enfin, moi, je t'ai jamais demandé un centime, il me semble, hein.
00:53:39 Heureusement, dit.
00:53:41 Oui, disons que j'attendais peut-être un tout petit retour sur investissement,
00:53:45 mais c'est pas le propos, hein, c'est pas le propos.
00:53:47 Non, mais je rêve.
00:53:49 Bon, alors, si je me résume,
00:53:52 tu as rendez-vous demain avec un préparateur.
00:53:55 Un coach ? Papa, ça s'appelle un coach.
00:53:57 Tu as rendez-vous demain avec un coach.
00:53:59 Oui, et vendredi aussi.
00:54:00 Deux jours !
00:54:01 Tu paies, le gars, deux jours pour ça.
00:54:04 Mais pas la peine de t'énerver, puisque de toute façon, c'est mort, là, je reste ici, tu vois.
00:54:08 J'ai 20 ans et j'ai plus d'avenir.
00:54:10 Non, mais non.
00:54:15 Là, là, tu dramatises quand même un peu, ma chérie, hein.
00:54:18 Mais non, t'avais raison, là, je vais finir chez Brigitte,
00:54:21 à vendre des babes à Rome jusqu'à la fin de ma vie.
00:54:24 Mais non, mais non.
00:54:25 Y a pas que Brigitte qui a un commerce dans le village.
00:54:29 Moi, j'ai peut-être une idée,
00:54:35 mais il faut que vous soyez d'accord tous les deux.
00:54:37 Jacques, tu es prêt à aider ta fille ?
00:54:39 Bien sûr.
00:54:40 Carole !
00:54:41 J'ai plus rien à perdre.
00:54:43 Très bien, voilà ce que je propose.
00:54:46 C'est papa qui va te coacher comme au bon vieux temps.
00:54:49 Pardon ?
00:54:51 Non, mais t'es sérieuse, là ?
00:54:53 On n'a pas vraiment le choix.
00:54:55 Si, si, on a toujours le choix.
00:54:56 Jacques, t'es un très bon coach, tout le monde le dit au village.
00:54:59 Ah oui ? Ah bon ? Ah bah, tu vois, comme quoi.
00:55:01 C'est rigolo, ça.
00:55:02 Non, non, attends, oh !
00:55:04 Lui, son truc, c'est le ski, c'est pas le cinéma.
00:55:07 Ben oui, en plus, je déteste le cinéma.
00:55:09 Mais le ski, le cinéma, c'est dans la tête.
00:55:12 C'est uniquement là que ça se prépare.
00:55:14 Et s'il y a quelqu'un qui peut t'aider, c'est bien ton père.
00:55:18 Mais t'es en plein délire, ma pauvre maman.
00:55:21 Je vais me retrouver face à des professionnels du cinéma.
00:55:24 Alors, l'idée, même si je suis pas retenue pour le rôle,
00:55:28 c'est quand même de ne pas me griller complètement pour la suite.
00:55:31 Carole, on a quatre jours, quatre jours pour y arriver.
00:55:35 Alors, effectivement, ton père, c'est pas Spielberg.
00:55:38 Mais des défis.
00:55:41 Vous en avez relevé tous les deux, il est bien plus compliqué, me semble-t-il.
00:55:45 Tu m'étonnes.
00:55:47 Ouais, tu m'étonnes.
00:55:50 Je le sens bien, ce truc-là.
00:55:53 Je le sens hyper bien.
00:55:55 Carole, papa est là pour toi.
00:55:58 Papa est de retour dans la course.
00:56:01 Non, papa, merci. Écoute, c'est vraiment...
00:56:05 Mais de toute façon, on n'a pas d'autre solution, parce que...
00:56:08 Même en cinq jours, on n'y arrivera jamais à parier avec le C15.
00:56:12 Quoi qu'il en soit, tu es bloqué ici.
00:56:15 Alors, plutôt que de te lamenter sur ton sort,
00:56:18 au boulot, ça donnera ce que ça donnera, mais au moins, on n'aura pas baissé les bras.
00:56:22 Écoute, Carole, nous, on veut juste t'aider.
00:56:26 Fais un petit effort, aussi.
00:56:28 Je vais chercher le texte.
00:56:30 Elle est d'accord ?
00:56:33 À nous de jouer, il faut rien laisser au hasard.
00:56:37 Tu vas où ? Tu vas où ?
00:56:38 Je vais chercher les accessoires pour préparer le plateau.
00:56:40 Le plateau ? Quel plateau ?
00:56:42 Le plateau de tournage.
00:56:44 Enfin, si on veut la mettre en condition,
00:56:47 il faut faire un peu de place, améliorer les éclairages.
00:56:50 Enfin, tu vois, il faut que ce soit crédible.
00:56:52 Et c'est vraiment nécessaire, tout ça ?
00:56:56 Jacques, quand elle a appris à skier, il y avait de la neige, non ?
00:57:00 Ouais.
00:57:02 Bon, et bien là, c'est pareil. Il faut créer un environnement propice.
00:57:05 Jacques, action !
00:57:07 Jacques !
00:57:14 Quoi ?
00:57:15 Ben oui.
00:57:16 Qu'est-ce que tu fais ?
00:57:18 Non, non, non.
00:57:19 Jacques, t'es un putain.
00:57:30 Bon, je vais aller me faire un peu de place.
00:57:32 Bon, je vais aller me faire un peu de place.
00:57:34 Bonne taff !
00:58:01 Bonne taff !
00:58:29 - Tu t'apprêtes ? - Ben oui !
00:58:31 Non mais, moi j'allais juste vous lire mon texte pour avoir votre avis, c'est tout.
00:58:36 Mais non, mais c'est pour que tu t'apprennes !
00:58:39 Non mais je vous le dis tout de suite, votre truc, c'est complètement mort !
00:58:43 Carole !
00:58:45 C'est comme pour le ski.
00:58:52 Herman Maier, quand il est dans le portillon de départ, au sommet de la mer des Ouches,
00:58:58 - Il est où avant ? - Ben, je...
00:59:00 - Il s'est imprégné ? - Ben voilà, il s'est imprégné !
00:59:02 - Et voilà ! - Oui !
00:59:04 Alors...
00:59:05 Bip de départ.
00:59:07 Bip !
00:59:08 Bip !
00:59:10 Bip !
00:59:12 Bip ! Bip ! Bip !
00:59:14 Bip !
00:59:15 Il pousse, il pousse, il pousse, il amortit.
00:59:21 Et il sait qu'il arrive au rocher blanc.
00:59:26 Ah !
00:59:27 Saut !
00:59:29 Groupez !
00:59:30 Il prend de la vitesse, il prend de la vitesse, il prend de la vitesse.
00:59:33 Ah, il sait aussi qu'il arrive à l'empose de la cassure, il le sait bien !
00:59:39 Alors, juste avant, il se redresse, bien sur le pied...
00:59:43 Fait !
00:59:44 Mais attention, parce que juste derrière, il y a le goulet.
00:59:46 Et ça, ça, il lâche rien.
00:59:49 Voilà, il garde bien la position, tu vois ?
00:59:51 Il garde bien la position.
00:59:53 Il amortit, il enchaîne les bosses, comme ça.
00:59:56 Comme ça.
00:59:57 Comme ça, jusqu'au saut de la route.
01:00:00 Fait aussi !
01:00:02 Oh, mon dieu, ça chauffe dans les cannes !
01:00:05 Mais il lâche rien, Herminator !
01:00:07 Il lâche rien, parce que ça y est, il voit l'arrivée !
01:00:11 Attention !
01:00:12 Chousse finale !
01:00:14 Et là...
01:00:16 (Bruit de chasse)
01:00:18 Il la connaît, sa course !
01:00:32 Il la connaît par cœur !
01:00:34 Et tu vois ça ?
01:00:35 Ça, ça fait toute la différence !
01:00:37 Je vais boire avec bien de petites gens, s'il y en a de moitié.
01:00:42 (Bruit de chasse)
01:00:44 Hé !
01:00:45 Non mais, t'as vu tout ce que j'ai vécu pour mon 15 ans ?
01:00:58 Oh, ma pauvre chérie, je suis désolée !
01:01:01 Si j'avais su, je t'aurais inscrite à la danse !
01:01:04 Oh !
01:01:06 Oh, chut !
01:01:07 Alors !
01:01:08 Il est où, ce texte ?
01:01:10 Ou plutôt, devrais-je dire, ce scénario ?
01:01:12 Eh ben, j'ai juste la petite scène, là, où j'interviens, et puis le synopsis.
01:01:17 T'as pas plutôt un résumé ?
01:01:20 Pour qu'on sache un peu de quoi ça parle.
01:01:22 Ben, le synopsis, c'est le résumé, en fait.
01:01:24 Ah ! Eh ben, dis-le, alors !
01:01:26 Maxime Brissol, la cinquantaine, est un homme brillant à qui tout réussit.
01:01:37 À la tête d'une grande entreprise, il vit confortablement avec son épouse dans un quartier chic du centre de Paris.
01:01:44 Ah oui, d'accord.
01:01:45 D'accord.
01:01:47 Donc, on peut même pas compter sur les Polonais pour valoriser un peu la campagne française, hein ?
01:01:53 Ton Maxime, là.
01:01:56 Il est riche, hein, il est jeune, donc forcément, il vit dans le centre de Paris.
01:02:03 Il pourrait pas y habiter, je sais pas, au Grand Bornand, hein ?
01:02:07 Ou à la Clusaz, à la rigueur, à la rigueur.
01:02:10 Non mais c'est trop difficile à imaginer, ça.
01:02:13 Jacques, arrête de dire n'importe quoi et écoute la suite.
01:02:17 Carol, continue.
01:02:18 Non mais si vous me coupez sans arrêt la parole.
01:02:20 Non, non, non, non, non, non, non. On écoute, on écoute.
01:02:23 On a hâte de savoir ce qui se trame dans la vie de ce pauvre Max.
01:02:32 Oh là là, pourvu que sa femme de ménage ait pas démissionné.
01:02:35 Mais papa, si tu commences comme ça, ça sert absolument à rien.
01:02:39 Non, non, mais je suis désolé. Je t'écoute, je t'écoute, je suis tout fou.
01:02:42 Bon, Jacques !
01:02:43 Non mais j'écoute. C'est juste que je suis pas hyper réceptif à la lecture.
01:02:48 C'est comme ça depuis que je suis gamin, voilà.
01:02:50 Moi, si tu veux me raconter quelque chose, faut me l'expliquer, faut pas me le dire.
01:02:53 Et quand tu lis l'équipe, ça se passe comment ?
01:02:56 Ça a rien à voir, c'est du sport, c'est vivant.
01:02:58 OK, donc j'arrête.
01:02:59 Non !
01:03:00 Non.
01:03:01 Non, on t'écoute, mais simplement, explique les choses.
01:03:07 D'accord ? Ne les lis pas.
01:03:09 Parce que là, on se croirait à l'école.
01:03:11 T'es compliqué, papa, quand même.
01:03:13 Carole, raconte la suite.
01:03:16 Allez, raconte.
01:03:18 OK.
01:03:20 Donc, ce mec-là, Maxime Brissol, il est maxi-blindé, tu vois, il a tout pour être heureux.
01:03:27 Sauf qu'il y a une vingtaine d'années, il a trompé sa femme.
01:03:30 C'est classique.
01:03:31 Pardon.
01:03:32 Et la nana avec qui il l'a trompée, elle est tombée enceinte.
01:03:35 Oh, y a eu mal.
01:03:36 Oh, chute !
01:03:37 Mais à cette époque, elle lui a rien dit.
01:03:41 Et c'est seulement aujourd'hui qu'il apprend qu'il a une fille de 20 ans.
01:03:44 C'est ce qui en va à son argent.
01:03:46 Mais pas du tout, elle sait même pas qu'elle a un père.
01:03:48 D'ailleurs, elle pense que son père, il est mort.
01:03:50 Tu vois ?
01:03:51 Donc, quand il découvre qu'il a une fille,
01:03:56 mais c'est un bouleversement total, imagine, il a jamais eu d'autre enfant.
01:04:00 Alors, il engage un détective privé,
01:04:04 qui lui apprend qu'elle charge du travail.
01:04:06 Alors lui, ça lui donne une occasion en or pour la rencontrer.
01:04:10 Alors il organise un faux entretien d'embauche dans son entreprise.
01:04:14 Et après, on se demande pourquoi je jameaux au cinéma.
01:04:17 Bon, papa, tu veux m'aider là ou pas ?
01:04:19 Bah oui, évidemment.
01:04:20 Bon, alors, attends.
01:04:22 La fille, c'est ton rôle, c'est ça ?
01:04:24 Oui.
01:04:25 Et ma chambre du sol, là, c'est du jardin.
01:04:27 Oui.
01:04:28 Et tu vois, la scène, elle commence quand elle arrive dans le bureau.
01:04:32 Hein.
01:04:33 Le bureau.
01:04:34 Eh ben, allez ! Allez, le bureau !
01:04:38 Tiens, va me ranger ça, s'il te plaît.
01:04:41 On va faire le bureau.
01:04:43 Là, ici.
01:04:46 Une chaise pour du jardin.
01:04:48 Ah bah non, attends.
01:04:50 Jacques, lève-toi.
01:04:51 Lève-toi, je te dis.
01:04:52 Bouge-toi, Caro.
01:04:53 Allez, aide-moi.
01:04:54 Allez !
01:04:55 Oh, c'est pas fait.
01:04:56 Allez !
01:04:57 Regarde, on va lui mettre un fauteuil.
01:04:59 Ça fait quand même plus chef d'entreprise.
01:05:01 Voilà, comme ça.
01:05:03 Là, ici, une chaise pour la fille.
01:05:06 Euh, Carole, tu donnes le texte à ton père.
01:05:08 Jacques, tu t'assoies et tu fais du jardin.
01:05:10 Euh, je peux pas jouer le détective, plutôt.
01:05:12 Je préfère.
01:05:13 Non mais, Jacques, on s'en fout du détective.
01:05:15 Tu joues le rôle du père.
01:05:17 C'est à ta portée, ça, non ?
01:05:18 Ben, je ne sais pas.
01:05:19 Je vais essayer.
01:05:20 Jacques, texte !
01:05:21 Eh oh, calme, j'ai même pas eu le temps de lire une carte.
01:05:23 Calme, j'ai même pas eu le temps de lire une fois.
01:05:25 Non mais, tu t'assoies à ta place, dans le fauteuil, et tu lis.
01:05:29 Hum.
01:05:51 Je, euh...
01:05:53 Je suis pas un peu bas, par rapport à la carte.
01:05:57 Jacques, on s'en fout.
01:06:00 Ben, on s'en fout, on s'en fout.
01:06:03 Ça fait pas vraiment chef d'entreprise, quoi.
01:06:06 C'est toi qui postule pour le rôle ?
01:06:08 Non.
01:06:09 Bon, alors tu te concentres et tu lis.
01:06:12 Carole, tu te mets en place.
01:06:13 Vous me faites juste une lecture à plat, comme ça, pour commencer,
01:06:16 sans les intentions de jeu, c'est juste pour comprendre les enjeux narratifs.
01:06:20 Qu'est-ce qu'elle dit ?
01:06:21 Ben bon, mais d'où tu connais tout ça ?
01:06:25 Oh, c'est rien, j'ai quelques notions techniques, c'est tout, c'est pas grand-chose.
01:06:29 Non mais attends, tu plaisantes. T'as appris ça où ?
01:06:32 Ah mais nulle part. C'est des petites choses que j'ai vues à la télé.
01:06:35 Allez, Jacques, texte !
01:06:37 Ouais.
01:06:38 "At.jour.bureau M.Brisol".
01:06:43 OK, allez. "Intérieur.jour.Bureau.Maxime.Brisol", c'est le descriptif du lieu, vas-y, continue.
01:06:49 "On frappe à la porte. Brisol se réajuste et reprend sa respiration.
01:06:54 Maxime Brisol, entrée, découvre sa fille mais ne doit rien laisser paraître de son émotion.
01:06:59 Bonjour, Mademoiselle Monod, c'est bien ça. Elisa Monod, c'est bien ça."
01:07:02 Non, non, là c'est à moi, papa. Quand c'est marqué Elisa Monod, c'est moi qui parle.
01:07:06 Oh, pardon. Ben vas-y alors.
01:07:08 Ben reprends et j'enchaîne.
01:07:10 Depuis le début ?
01:07:11 Non, non, non, juste la réplique d'avant.
01:07:13 Et ne lis pas les didascalies, ça ne sert à rien.
01:07:16 Les quoi ?
01:07:17 Les indications. Et ne lis que les répliques quand c'est écrit "Maxime Brisol".
01:07:23 Très bien, très bien.
01:07:25 Non mais maman, tu m'impressionnes, je te jure.
01:07:28 Ah oui. Donc en fait, c'est toi qui coache.
01:07:32 Non, alors non, pas du tout. Non, non. Moi je vous guide.
01:07:40 Toi tu joues, tu peux pas être partout.
01:07:42 Allez, reprends.
01:07:45 Alors ?
01:07:47 Maxime Brisol. Bonjour mademoiselle Monod, c'est bien ça ?
01:07:50 Non mais ne dis pas Maxime Brisol.
01:07:52 Mais c'est écrit.
01:07:53 Oui mais c'est un dialogue, c'est pour indiquer qui prend la parole. Fais un petit effort.
01:07:57 Non, moi je fais tout pour donner le meilleur de moi-même et à chaque fois que j'ouvre la bouche, tu me cries dessus. Non, je perds confiance.
01:08:01 Applique-toi. C'est tout ce que je te demande.
01:08:03 Très bien, madame la chef-pareille.
01:08:06 Allez papa, c'est pas grave. Vas-y, reprends.
01:08:09 Maxime Brisol.
01:08:15 Bonjour mademoiselle Monod, c'est bien ça ?
01:08:17 C'est bien ça. Bonjour monsieur.
01:08:19 Maxime Brisol.
01:08:21 Je vous en prie, asseyez-vous.
01:08:23 Ah mais non, mais là, là en fait, là en fait je peux pas dire "asseyez-vous" si t'es déjà assise.
01:08:32 Là c'est, il faut que tu sois debout pour que je puisse te dire "asseyez-vous".
01:08:36 Mais oui.
01:08:37 Mais oui.
01:08:38 Mais évidemment mon petit papa, qu'est-ce que je suis bête.
01:08:41 Oui, ben oui, t'as été...
01:08:44 Attention ma chérie, attention.
01:08:47 Parce que ça, ça c'est typique du manque de concentration.
01:08:52 Et ça veut dire quoi ?
01:08:54 Ça veut dire que t'es pas dedans.
01:08:56 T'es pas dedans.
01:08:58 Ouais, attention Carole.
01:09:00 Nous c'est pas le cressement qu'on vise, hein.
01:09:03 C'est la première place.
01:09:06 Compris ?
01:09:09 Ouais, bien compris.
01:09:12 Ouais, on reprend.
01:09:15 Elle s'y brise, celle-là.
01:09:18 Bonjour mademoiselle Monod, c'est bien ça ?
01:09:23 C'est bien ça, bonjour monsieur.
01:09:25 Ouais, c'est Moisel.
01:09:27 Je vous en prie, asseyez-vous.
01:09:29 Ça va, ça marche du coup ?
01:09:32 Ouais, je suis.
01:09:33 Euh, vous désirez boire quelque chose ?
01:09:37 Café ?
01:09:38 Thé ?
01:09:39 Rien du tout, merci.
01:09:41 MB très ému a beaucoup de mal à détacher son regard de la jeune fille.
01:09:48 Et alors ? Elle était pas là l'émotion, hein ?
01:10:02 Eh oui, mesdames, y'a pas les petites larmes qui couettent, là ?
01:10:05 Vous voyez où ? Eh, Maxime Brissot, très ému, Didas Calier, oui je sais, j'ai pas envie de l'interpréter.
01:10:10 Alors, est-ce que en plus d'interpréter, tu peux aussi dire le texte, histoire de permettre à Carole de donner sa réplique ?
01:10:16 Mais c'est prévu, c'est prévu.
01:10:18 Ouvrez bien grand les mirettes.
01:10:21 Alors.
01:10:22 Mademoiselle Monod,
01:10:32 Mademoiselle Monod,
01:10:34 je suis extrêmement heureux de vous rencontrer.
01:10:38 Votre candidature correspond en tout point au profil que nous recherchons.
01:10:44 Pourquoi tu fais ça ?
01:10:49 Je suis dans le pot de Jean Dujardin.
01:10:51 Au profil que nous recherchons.
01:11:00 Non mais, quelle belle imitation, papa.
01:11:03 Non mais, attends, c'est subtil, hein ?
01:11:06 Oh, quel talent.
01:11:08 Pipoum, badaboum, cascade.
01:11:13 Monaco par la Grande Corniche.
01:11:18 Ce soir, deux couverts à l'esquinade, ne refermez pas la fenêtre des toilettes, je risque de m'en servir pour sortir.
01:11:25 On est encore sur Dujardin, là ?
01:11:28 Non, non, j'ai ri, en fait, c'est pas Dujardin, ça c'est Belmondo, c'est notre Bébel, ça, enfin, écoute.
01:11:34 Ça n'a rien à voir, c'est pas...
01:11:37 Ma vélo !
01:11:40 Oh, mais où est mon vélo ?
01:11:45 Mais, pensez-moi, elle ne marchait beaucoup moins bien.
01:11:51 Ben oui, ça c'est le vieux, ça, c'est de funès.
01:11:55 Ah ben non, c'est pas de funès, ça n'a rien à voir, c'était pour vivre, de funès, c'est pas ça du tout, c'est pas ça du tout, aussi, de funès, c'est...
01:12:02 Wouiouh !
01:12:04 Wouh, wouh, ma biche, wouh, biche.
01:12:09 Paf !
01:12:11 C'est fini, oui ? Paf !
01:12:14 Ça, c'est de funès.
01:12:16 Ben, qu'est-ce qu'on fait, là ? On se remet au boulot ou on prépare ton père pour la France à un incroyable talent ?
01:12:24 Dis donc, tu serais pas un peu jalouse, toi ?
01:12:27 Franchement, on arrête tout.
01:12:31 Paf ! Non.
01:12:33 Non, mais vous voyez bien que ça sert absolument à rien.
01:12:36 Qu'est-ce qu'elle a, la gamine ?
01:12:39 Elle va prendre comment c'est à nous d'emmerder.
01:12:44 Bon, allez, Carole, on reprend, on y est presque, là, hein ? Allez.
01:12:50 T'as pas de peau parce que j'ai mon flingue.
01:12:53 [Rires]
01:12:57 Comment ça va, ma grande ?
01:12:59 [Rires]
01:13:01 T'étais en surpâte, toi, hein ?
01:13:04 T'as du mal à sortir du pucier, là, hein ?
01:13:07 [Rires]
01:13:09 Tu veux une américaine ?
01:13:12 C'est des bonnes six biches, ça.
01:13:15 [Rires]
01:13:18 Excusez-moi, mesdames, j'ai une affaire en cours.
01:13:22 Tuf !
01:13:23 Tuf, tuf, tuf !
01:13:27 [Rires]
01:13:29 Tuf !
01:13:31 Tuf !
01:13:34 Tuf !
01:13:37 Tuf ! Oh !
01:13:39 [Inaudible]
01:13:45 [Rires]
01:13:47 Il était bon, ce gabin, hein ?
01:13:50 Gabin, il y était pas dans les tontons-flingueurs.
01:13:52 Tuf !
01:13:54 [Rires]
01:13:56 Je vais jouer le père.
01:13:58 Bonne idée.
01:13:59 Oh, ben non, je vais faire quoi, moi, alors ?
01:14:01 [Rires]
01:14:02 Tiens.
01:14:04 Je peux quand même dire "action" ?
01:14:07 Tais-toi !
01:14:09 Carole, on prend la suite.
01:14:14 Action, moteur, tournage.
01:14:19 [Rires]
01:14:21 Oui.
01:14:23 J'ignore qui vous a transmis ma candidature, mais certainement pas moi.
01:14:30 Il semblerait tout de même que vous soyez en recherche d'emploi.
01:14:34 Il semblerait, oui, mais je suis de nature méfiante et j'aimerais savoir ce que je fais ici.
01:14:39 Vous êtes en quête d'un emploi, et moi...
01:14:42 Ah, j'ai compris, j'ai compris.
01:14:43 Il faut être naturel, c'est ça ?
01:14:45 Ben, c'est tout court, en fait.
01:14:48 Je vais reprendre ma place.
01:14:50 Je vais jouer le...
01:14:51 Non, non, non.
01:14:52 Concentré.
01:14:54 Hyper concentré.
01:14:55 Pas de blague.
01:14:56 Aucune blague.
01:14:57 Très bien.
01:14:58 Ah, ben dis donc, et oh, ça change quand même pas masse de choses, la posture.
01:15:07 Carole, Carole, c'est toi que je regarde, hein ? Allez.
01:15:11 Attends, attends, attends.
01:15:12 Je peux juste lui donner un petit conseil ?
01:15:14 Oh, ben, je t'en prie.
01:15:17 Carole, implique-toi.
01:15:18 Mais je m'applique.
01:15:20 Non, implique-toi.
01:15:22 Faut y aller, là.
01:15:24 Faut monter au créneau, tu vois ce que je veux dire ?
01:15:27 Ben, j'en sais rien.
01:15:29 Enfin, elle a quand même du caractère, cette Elisa Monod, non ?
01:15:33 Non.
01:15:36 C'est pertinent comme remarque.
01:15:38 Ah, ben quand même.
01:15:40 Très bien, on essaye.
01:15:42 Alors.
01:15:43 Allez.
01:15:44 Voilà.
01:15:46 Ahem.
01:15:47 Allez, Jacques, texte.
01:15:49 Oui, oui, oui.
01:15:50 Vous êtes enquête d'un emploi et moi d'une assistante.
01:15:56 Ne voyez-vous pas là une occasion inespérée de combler nos attentes respectives ?
01:16:02 Non, mais qu'est-ce que vous imaginez, au juste ?
01:16:06 Ouais.
01:16:07 Vous me prenez pour une conne ?
01:16:08 Vas-y.
01:16:09 Vous imaginez que pour attraper une fille qui a la moitié de votre âge, il suffit d'organiser un entretien d'embauche ?
01:16:14 [Rires]
01:16:16 Euh...
01:16:22 Ah non, mais pardon, papa, mais c'est pas moi, c'est que c'est marqué dans le texte.
01:16:26 Ah oui, mais là, tu as l'air peu fort, quand même, Carole, là.
01:16:30 Quoi ? Fâche !
01:16:32 Non, mais c'est toi aussi, tu lui dis de monter au créneau, alors elle, elle t'écoute, hein, elle écoute son coach.
01:16:40 Ils sont d'une violence, ces Polonais.
01:16:42 [Rires]
01:16:43 Non, mais j'aurais dû faire semblant.
01:16:45 Non, non, non, c'est rien, ma chérie, c'est rien, c'est rien, ma cuisse, ça va passer, mais c'est juste que ça gonfle, là, ça gonfle.
01:16:50 Oh, mais non, mais non.
01:16:52 Si, si, ça gonfle.
01:16:53 Allez, montre-moi.
01:16:54 Ah oui, si, c'est rouge.
01:16:57 Oh, là, je suis...
01:16:58 Oh, attends, j'ai une idée, attends.
01:17:00 Tiens, mets ça dessus.
01:17:03 Comment ?
01:17:04 Ben, comme ça.
01:17:05 Ah, mais c'est trop fort.
01:17:06 Oh, le sketch !
01:17:07 Bon, Carole, va me chercher l'arnica.
01:17:11 Allez, hein, on va prendre le petit grain de magie que ça va aller.
01:17:14 Tout de suite mieux, ouais, ouais, ouais.
01:17:16 Et apporte un verre d'eau aussi, au cas où il tombe dans les pommes.
01:17:19 T'as raison, j'ai la tête qui tourne.
01:17:21 Très bien.
01:17:24 Très, très bien.
01:17:26 Mets-toi en PLS.
01:17:30 En quoi ?
01:17:31 Allonge-toi.
01:17:33 Euh, non, mais c'est peut-être pas à ce point-là, quand même.
01:17:35 Allonge-toi.
01:17:36 Par terre.
01:17:39 Tu es peut-être en train de faire un AVC.
01:17:42 Non.
01:17:44 Aïe, tout gros.
01:17:54 Oh, t'as la bouche un peu tordue, ça peut être un signe, hein.
01:18:00 Et ça, c'est peut-être parce que je viens de me faire démonter la mâchoire.
01:18:02 Ouh là, calme-toi, calme-toi.
01:18:04 Surtout, ne t'agite pas.
01:18:05 Non.
01:18:06 Ah, voilà, essaye de sourire.
01:18:07 Oh, pas terrible, hein.
01:18:09 Alors, allez, lève les bras.
01:18:11 J'y arrive.
01:18:13 Ça veut dire que c'est pas un AVC.
01:18:15 Répète après moi.
01:18:16 Le ciel est bleu.
01:18:17 Le ciel est bleu.
01:18:18 Comment je m'appelle ?
01:18:19 Comment je m'appelle ?
01:18:20 Non, moi, comment je m'appelle moi, mon prénom ?
01:18:22 Ah, euh, Sylvie.
01:18:24 J'ai juste.
01:18:26 Non, mais là, je...
01:18:29 Je peux plus rien pour toi, je vais...
01:18:31 Je vais appeler le salut.
01:18:32 Non.
01:18:33 Non, Sylvie.
01:18:34 Je t'en supplie, me laisse pas tout seul.
01:18:35 Tu peux pas me laisser tout seul dans un état pareil.
01:18:37 Je suis en train de mourir et ça te fait rire.
01:18:44 Papa.
01:18:47 Papa, il va partir tout de suite.
01:18:49 Mais non, mais t'inquiète pas, il est pas en train de mourir.
01:18:51 Tu vois bien qu'il joue la comédie.
01:18:53 J'ai des douleurs dans la tête.
01:18:55 Non, mais mon train, il part dans 40 minutes.
01:18:58 Attends ça, Jacques.
01:18:59 Son train part dans 40 minutes.
01:19:01 Allez.
01:19:02 Non, mais pourquoi vous jouez les débiles, là ?
01:19:04 J'ai reçu un message, c'est marqué là.
01:19:06 Quoi ?
01:19:07 Ah bon ?
01:19:09 Fais voir, fais voir.
01:19:11 Ah, mais on y voit rien avec ton truc, c'est tout noir.
01:19:14 Non, mais putain, c'est pas vrai.
01:19:16 Là, t'arrives à lire ou t'as besoin que je t'explique ?
01:19:18 Alerte SNCF, le train à 35...
01:19:21 Allez, allez, on y va, là.
01:19:22 Sinon, on va le rater.
01:19:23 Ah non, mais c'est trop tard, hein.
01:19:24 40 minutes, tu seras jamais dans 40 minutes à la gare.
01:19:26 Mais si.
01:19:27 Quoi si ? C'est moi qui l'emmène.
01:19:28 Mais tu comptes faire ton ABC dans la voiture.
01:19:30 Non, mais je me sens mieux.
01:19:31 Bon, alors, c'est moi qui l'emmène.
01:19:33 Non, non, non, maman, c'est mieux si c'est papa.
01:19:35 Mais pourquoi ?
01:19:36 Tu veux vraiment relancer le sujet ?
01:19:37 Oh, je sais parfaitement où se trouve la gare.
01:19:39 Ah, oui, et laquelle ?
01:19:41 Tu vas rouler trop vite, vous allez vous tuer sur la route.
01:19:44 Mais enfin, c'est à 20 kilomètres, on a 40 minutes, on est large.
01:19:47 Alors, je l'ai avec vous.
01:19:48 Sylvie, tu vas pas monter dans la benne du C15, quand même ?
01:19:53 Mais pourquoi pas ?
01:19:54 Mais parce que c'est dangereux, parce que c'est tout ça...
01:19:59 Et alors, et si j'ai envie de me salir pour accompagner ma fille à la gare, ça me regarde, non ?
01:20:03 Maman, on perd du temps, là.
01:20:05 Non, mais c'est trop précipité. Tu peux pas partir comme ça d'un seul coup, c'est trop précipité.
01:20:08 Bon, je vais quand même aller voir s'il démarre.
01:20:10 Bah, le C15.
01:20:12 Parce qu'on est d'accord pour dire que c'est pas toujours une valeur sûre, mais c'est...
01:20:17 Non, mais papa, je te promets que si je suis condamnée à rester ici
01:20:20 parce que t'as jamais voulu changer de voiture,
01:20:22 je te jure que je vais t'en vouloir jusqu'à la fin de mes jours.
01:20:24 Il va démarrer !
01:20:27 T'as un moment pour dire au revoir à ta mère ?
01:20:30 Ah non, tu vas pas pleurer, tu m'avais promis !
01:20:39 Bon ben, ils te vendent un billet de train hors de prix,
01:20:45 et puis hop, ils annulent.
01:20:47 Alors bon, ben toi, tu sais pas si tu pars, si tu pars pas,
01:20:50 et puis zou, d'un seul coup, ils désannulent.
01:20:53 Paf !
01:20:55 Oui, oh ben tu sais, ils ont la belle vie, la SNCF.
01:20:58 Alors là, ne compte pas sur moi pour leur faire de la publicité.
01:21:01 Ouh !
01:21:03 Ouh !
01:21:05 Maman, je t'aime.
01:21:08 Oui, mais ça, ça veut dire que tu pars vraiment.
01:21:12 Oh !
01:21:15 Je suis tellement heureuse ! J'espère que tu seras bientôt fière de moi.
01:21:21 Je suis déjà fière de toi, mon bébé !
01:21:24 Maman, je peux te poser une petite question ?
01:21:28 Écoute, j'ai pas envie de reparler de tout ça, pas maintenant.
01:21:30 Non, non, non, non, mais c'est pas ça.
01:21:32 Le cinéma, t'as l'air de bien connaître, en fait.
01:21:36 Tout ce que t'as dit tout à l'heure, là, les termes techniques, les références.
01:21:41 T'es loin d'être aussi naïve que tu veux bien nous le faire croire, non ?
01:21:45 Oh, écoute...
01:21:49 J'ai eu tous mes week-ends, moi, pendant 15 ans.
01:21:52 Vous, vous aviez le ski. Il a bien fallu que je me trouve une occupation.
01:21:56 Et ?
01:21:58 Je faisais partie du ciné-club.
01:22:01 Le ciné-club ? Mais t'y allais comment, c'est super loin.
01:22:05 Avec Mireille !
01:22:07 Mireille ? La Mireille du magasin de souvenirs, là ?
01:22:11 Elle aime le cinéma ?
01:22:12 Oh, ben, au moins autant que moi !
01:22:14 Mais pourquoi tu nous en parlais pas ? C'est quand même pas honteux !
01:22:17 J'avais pas besoin de vos moqueries.
01:22:19 Et puis j'aime bien cette façon que tu as de tout m'expliquer tout le temps, comme si je comprenais rien.
01:22:24 Ça me donne de l'importance.
01:22:26 Mais pourquoi t'ouvres pas un ciné-club au village ?
01:22:29 Non mais attends, y a tellement rien, là !
01:22:32 Je suis sûre que ça ferait plaisir à tout le monde !
01:22:34 Et puis les touristes, ils trouveraient ça génial !
01:22:37 Mais les touristes...
01:22:38 Les touristes, ils nous adressent pas la parole pour qu'on leur donne notre avis sur la dernière palme d'or !
01:22:44 Ben non, eux, ce qui les intéresse, c'est d'avoir des infos sur la météo !
01:22:49 Les remontées mécaniques, le fromage...
01:22:52 Et c'est très bien comme ça, parce que si on bouleverse l'ordre des choses, on va les perdre, alors...
01:22:57 Mais à Paris, je vais pouvoir les observer dans leur milieu naturel.
01:23:01 Je te ferai passer mes notes.
01:23:03 Il a démarré !
01:23:05 Ah, quand je vous dis que c'est increvable, l'inséquence !
01:23:07 Bon, alors, on y va ?
01:23:08 Bon, alors, ma chérie, surtout tu prends bien soin de toi !
01:23:11 Et puis tu appelles quand tu arrives !
01:23:13 T'es sûre que tu veux pas prendre la glacière ?
01:23:15 Ah, j'hésite !
01:23:16 Ah ! Ah non, ça c'était pour déconner ! Allez !
01:23:18 Surtout s'il y a quoi que ce soit, garde-toi !
01:23:22 Oui, oui, bon ben, on y va, on y va, parce que...
01:23:24 Juste !
01:23:25 J'ai quand même peur qu'il colle !
01:23:26 Une dernière chose avant de partir, je voulais vous dire merci.
01:23:29 Oh ben, si c'est pour t'avoir logé et nourri pendant 20 ans, c'est pas la peine, ma chérie !
01:23:34 Tous les parents font ça !
01:23:36 Non, mais c'est pas ça ! Merci d'avoir essayé de m'aider !
01:23:39 Pour le casting !
01:23:40 Ah !
01:23:41 Je sais que pour vous, c'était pas simple de faire ça pour moi !
01:23:44 Oh ben, ça a été !
01:23:45 C'est juste que je me demande si j'ai pas mis la barre un peu haut, par rapport à...
01:23:49 Par rapport à du jardin ! Hein ?
01:23:51 Genre...
01:23:52 Jeannot !
01:23:53 Bon, allez, on y va !
01:23:54 On y va, on y va !
01:23:55 Avant que la SNCF ne change encore d'avis !
01:23:57 Allez, allez ! Bisous, bisous, Carole !
01:23:59 Bisous, ma chérie !
01:24:00 Et pense à ce que je t'ai dit !
01:24:02 Pour le ciné-club !
01:24:04 Bon, allez ! Soyez prudents, Jacques !
01:24:07 Ne roule pas trop vite !
01:24:09 Carole ! Je t'aime !
01:24:13 Je t'aime !
01:24:15 Oh !
01:24:17 Oh !
01:24:19 Oh !
01:24:21 Oh !
01:24:23 Oh !
01:24:24 Oh !
01:24:26 Oh !
01:24:27 Oh !
01:24:29 Oh !
01:24:31 Oh !
01:24:33 Oh !
01:24:35 Oh !
01:24:37 Oh !
01:24:39 Oh !
01:24:41 Oh !
01:24:43 Oh !
01:24:45 Oh !
01:24:47 Oh !
01:24:49 Oh !
01:24:51 Oh !
01:24:54 Oh !
01:24:55 Oh !
01:24:57 Oh !
01:24:59 Oh !
01:25:01 Oh !
01:25:03 Oh !
01:25:05 Oh !
01:25:07 Oh !
01:25:09 Oh !
01:25:11 Oh !
01:25:13 Oh !
01:25:15 Oh !
01:25:17 Oh !
01:25:19 Oh !
01:25:21 Oh !
01:25:23 Oh !
01:25:24 Oh !
01:25:26 Oh !
01:25:28 Oh !
01:25:30 Oh !
01:25:32 Oh !
01:25:34 Oh !
01:25:36 Oh !
01:25:38 Oh !
01:25:40 Oh !
01:25:42 Oh !
01:25:44 Oh !
01:25:46 Oh !
01:25:48 Oh !
01:25:50 Oh !
01:25:52 Oh !
01:25:53 Oh !
01:25:55 Oh !
01:25:57 Oh !
01:25:59 Oh !
01:26:01 Oh !
01:26:03 Oh !
01:26:05 Oh !
01:26:07 Oh !
01:26:09 Oh !
01:26:11 Oh !
01:26:13 Oh !
01:26:15 Oh !
01:26:17 Oh !
01:26:19 Oh !
01:26:21 Oh !
01:26:22 Oh !
01:26:24 Oh !
01:26:26 Oh !
01:26:28 Oh !
01:26:30 Oh !
01:26:32 Oh !
01:26:34 Oh !
01:26:36 Oh !
01:26:38 Oh !
01:26:40 Oh !
01:26:42 Oh !
01:26:44 Oh !
01:26:46 Oh !
01:26:48 Oh !
01:26:50 Oh !
01:26:51 Oh !
01:26:53 Oh !
01:26:55 Oh !
01:26:57 Oh !
01:26:59 Oh !
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01:27:03 Oh !
01:27:05 Oh !
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01:27:17 Oh !
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01:27:24 Oh !
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01:27:48 Oh !
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01:27:53 Oh !
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01:28:17 Oh !
01:28:18 Oh !
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01:28:28 Oh !
01:28:30 Oh !
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01:28:34 Oh !
01:28:36 Oh !
01:28:38 Oh !
01:28:40 Oh !
01:28:42 Oh !
01:28:44 Oh !
01:28:46 Oh !
01:28:47 Oh !
01:28:49 Oh !
01:28:51 Oh !
01:28:53 Oh !
01:28:55 Oh !
01:28:57 Oh !