BATACLAN - Sa vie a basculé du jour au lendemain le 13 novembre 2015, alors qu’il assistait au concert des Eagles of Death Metal. Plus de huit ans après les attentats du Bataclan, des terrasses et de Saint-Denis qui ont fait 130 morts, Fred Dewilde a choisi d’en finir avec la vie. L’annonce de sa disparition a été faite par ses proches et par l’association Life for Paris, auprès de laquelle il était engagé depuis.
Dans une interview livrée au HuffPost en 2019, il racontait sa détresse psychologique après les attentats.
Dans une interview livrée au HuffPost en 2019, il racontait sa détresse psychologique après les attentats.
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00:00 [Musique]
00:14 Bonjour, je suis Fred De Wilde, auteur de BD "Mon Bataclan et la morsure",
00:21 rescapé du Bataclan. J'ai 53 ans et je tente de continuer à vivre depuis 4 ans.
00:29 Jusqu'à présent, tout ce qu'on a pu avoir comme moyen de reconstruction est terriblement insuffisant
00:35 et le nombre de questions qu'on peut se poser, survivants, entre la culpabilité,
00:40 entre le droit de vivre encore, entre la légitimité à se dire victime parce qu'on n'a pas été blessé,
00:46 parce qu'on est simplement sorti de là, parce qu'on y a passé deux heures et qu'on a vu tous les morts
00:51 et qu'on doit s'estimer heureux d'être en vie, toutes ces questions-là, tous les survivants se les posent.
00:58 Je pense qu'avec la pauvreté de l'aide psychologique qu'on a eue et de l'aide qu'on a eue d'une manière générale,
01:04 on s'attaque à un problème de santé publique dans les années à venir.
01:08 Depuis 4 ans, il y a des gens qui sont en détresse sociale parce qu'ils ont été extrêmement peu aidés.
01:13 Et on dit d'un côté qu'on est mort pour la France, mais de l'autre côté, la France ne fait pas grand-chose pour nous.
01:18 J'ai la chance, moi, d'avoir pu dessiner, d'avoir pu écrire ce qui m'était arrivé, ce qui me passait par la tête.
01:26 Toute la douleur que j'avais emmagasinée pendant ces deux heures dans la fosse, c'était extrêmement dur.
01:33 Ça a pris pas mal de temps, mais j'ai réussi à exprimer pas mal de choses.
01:39 Le très, très gros ressenti des survivants, c'est d'être mis à l'écart.
01:44 C'est de ne pas être compris. C'est d'entendre « mais au bout de 4 ans, tu devrais arrêter de penser à ça, tu devrais tourner la page ».
01:52 Sauf que tourner la page, c'est pas un choix. Tourner la page, c'est quelque chose que l'on fait, qu'on a réussi à arrêter de penser à tout ça.
02:00 Et pour le moment, on vit encore avec le sang, et pour beaucoup, les crânes dans la tête.
02:06 [Musique]
02:12 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]