• il y a 7 mois
un montage des moments forts de la carrière d'Ayrton Senna, accompagné d'une musique inspirante.

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00:00:00Madame, Monsieur, bonjour. Ayrton Senna, pilote brésilien de Formule 1, trois fois champion du monde, mais beaucoup plus.
00:00:07Ayrton Senna se tue alors qu'il est en tête du Grand Prix de Saint-Marin à Imola le 1er mai 1994.
00:00:15Un personnage hors norme resté dans la mémoire collective, un héros irremplaçable né pour survivre au ravage du temps qui passe.
00:00:24Nous étions à Imola ce week-end-là en compagnie de notre réalisateur Benoît Vletting, du caméraman Michel Rouseret, René Hénin, le preneur de son et le pilote belge Éric Bachelard qui était notre consultant.
00:00:38C'était le retour de la F1 en Europe, l'atmosphère était assez guillourette. Ce fut le week-end le plus noir de l'histoire.
00:00:45Le dimanche soir, en quittant le circuit, on est allé manger un petit bout dans une petite pizzeria à Imola et personne n'a pipé le moindre mot se repassant le film de ce week-end irréel, meurtrier, sauvage.
00:00:58Le lundi, en rentrant en Belgique, notre rédacteur en chef Marc Jognot nous a demandé de réaliser dans l'urgence une émission sur ce week-end de folie.
00:01:08Aujourd'hui, en compagnie de Thierry Delreux, nous allons vous en reproposer de larges extraits en y rajoutant des précisions, des témoignages et en nous demandant aussi pourquoi, tellement d'années plus tard, Ayrton Senna reste tellement présent dans nos cœurs et nos mémoires.
00:01:24Le film s'appelait « Senna est mort », tout simplement.
00:01:38Le film s'appelait « Senna est mort », tout simplement.
00:02:08Madame, Monsieur, bonsoir. L'un était un quasi néophyte, inconnu du grand public. L'autre, une star mondiale, triple champion du monde.
00:02:26Radsenberger, Senna, la mort les a abroyés avec une même brutalité. Week-end d'horreur à Imola, des spectateurs, des mécaniciens blessés, un enchaînement de tragédies, des images atroces qui se bousculent dans nos mémoires.
00:02:39Un examen de conscience s'impose désormais pour le sport automobile. Pour autant, bien sûr, que le mot « conscience » présente la moindre valeur pour ceux qui détiennent les rênes de la Formule 1.
00:02:49Des images, des témoignages, des commentaires, des analyses, des souvenirs. Voilà ce que nous vous proposons ce soir.
00:02:55Et première étape de ce week-end maudit. Samedi après-midi, l'Autrichien Roland Radsenberger, nouveau venu dans la Formule 1, nous quittait avant qu'on ait pu vraiment l'apprécier.
00:03:06Le 4 juillet 62 en Autriche. Salut, Roland.
00:03:12C'était quelqu'un qui avait vraiment la volonté de réussir. Et à l'époque, je me souviens, il faisait des choses incroyables.
00:03:26C'est-à-dire, il dormait au-dessus de son atelier dans une toute petite caravane ou quelque chose comme ça. Et il réparait ses moteurs lui-même, il faisait tout lui-même.
00:03:35Il était toujours plein de cambouis. Et son but, c'était vraiment de réussir et d'arriver à piloter les Formule 1, donc faire la course automobile en général.
00:03:45Mais c'était vraiment quelqu'un qui avait dû travailler dur. Ça ne lui était pas venu sur un plateau.
00:04:05C'était quelqu'un qui avait dû travailler dans une toute petite caravane ou quelque chose comme ça.
00:04:10Et c'était vraiment quelqu'un qui avait dû travailler dans une toute petite caravane ou quelque chose comme ça.
00:04:15Et c'était vraiment quelqu'un qui avait dû travailler dans une toute petite caravane ou quelque chose comme ça.
00:04:20Et c'était vraiment quelqu'un qui avait dû travailler dans une toute petite caravane ou quelque chose comme ça.
00:04:25Et c'était vraiment quelqu'un qui avait dû travailler dans une toute petite caravane ou quelque chose comme ça.
00:04:30♪ Générique de fin ♪
00:04:50Roland Radsenberger s'est donc tué le samedi lors de la séance qualificative.
00:04:54Il avait mis 10 ans pour arriver en F1, réaliser son rêve, son budget à coup de débrouilles et de passion.
00:05:02Un personnage enthousiasme, sympa, charismatique, qui avait partagé un flat avec notre consultant Eric Bachelard au Japon.
00:05:10Le jeudi, en arrivant au circuit, l'Hospitality Cimtech était à l'entrée du paddock.
00:05:15On avait partagé un café ensemble, idem le jeudi soir, le vendredi matin, le vendredi soir.
00:05:22Et le samedi matin, en le quittant, après avoir bu notre café, on lui a dit « À ce soir ».
00:05:27Le soir, en repassant par là, il n'y avait plus personne. Les volets étaient fermés. Radsenberger était décédé.
00:05:33Ayrton Senna, on avait été terriblement marqué. On avait eu une interview exclusive prévue avec lui le samedi en fin d'après-midi.
00:05:40Son attaché de presse était venu nous trouver pour dire que tout était, bien sûr, annulé, postposé à un autre Grand Prix.
00:05:47Senna avait pris la peine d'emmener avec lui, pendant le Grand Prix, un drapeau autrichien qu'il avait soigneusement plié,
00:05:55prévoyant de le déployer s'il s'imposait à ce Grand Prix d'Imola. La réalité fut bien différente.
00:06:03Et comme si la Formule 1 avait décidé de ne pas se suffire d'une première tragédie, dimanche, la trajectoire d'Ayrton Senna se fracassait également contre le mur de Tamburello.
00:06:12Notre passion pour le sport automobile, une passion qui remonte à l'enfance, n'avait plus tout à fait le même sens.
00:06:19De jeudi à dimanche, nous vous proposons de revivre le week-end d'Ayrton Senna à Imola.
00:06:24Et curieusement, en montant la séquence, nous avons eu une drôle d'impression, comme le montage d'une chronique d'une mort annoncée, un pressentiment,
00:06:32la bonne humeur, les rires, jeudi, et puis progressivement la mort qui se met à rôder avant de frapper.
00:06:42Très bien. Tu nous manques.
00:06:44Où est le cercle?
00:06:46Non, il est dans la cuisine. Nous ne sortons jamais de la cuisine.
00:06:49Tu n'es pas un cercle non plus. Pourquoi pas?
00:06:51Je travaille. Je travaille fort.
00:07:13Envoyez-les.
00:07:16C'est bon, c'est bon.
00:07:19C'est bon, c'est bon.
00:07:21C'est bon, c'est bon.
00:07:23C'est bon, c'est bon.
00:07:25C'est bon, c'est bon.
00:07:27C'est bon.
00:07:54Il semble, aller?
00:07:55il parle il vit oui je l'ai vu il n'y a pas de problème il est toujours sous contrôle c'est
00:08:03un grand ami à vous oui évidemment un très grand ami
00:08:25il est devenu
00:08:38un
00:08:56bonheur
00:09:56oui
00:10:26on
00:10:56Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
00:11:26La conférence de presse sera très courte.
00:11:36Les conditions de l'accident sont excessivement graves.
00:11:39Il y a un traumatisme crânien très grave,
00:11:41une insuffisance que nous essayons de traiter au niveau respiratoire.
00:11:44Il y a aussi une hémorragie qui a entraîné un arrêt du cœur.
00:11:47Le cœur a recommencé à battre, la circulation a repris.
00:11:50Du point de vue crânien, cela reste très très grave.
00:11:52D'autres analyses sont en cours, nous ferons des radios et un scanner.
00:11:56Les conditions de l'accident sont extrêmement graves.
00:11:59Les conditions de l'accident sont extrêmement graves.
00:12:02Les conditions de l'accident sont extrêmement graves.
00:12:05Les conditions de l'accident sont extrêmement graves.
00:12:08Les conditions de l'accident sont extrêmement graves.
00:12:11Les conditions de l'accident sont extrêmement graves.
00:12:14Les conditions de l'accident sont extrêmement graves.
00:12:17Les conditions de l'accident sont extrêmement graves.
00:12:20Les conditions de l'accident sont extrêmement graves.
00:12:24Ertan Sena est mort. Un lourd rideau de silence est tombé sur Imola.
00:12:28Personne ne veut rien dire.
00:12:30Quelques réactions tout de même récoltées auprès des pilotes à Imola.
00:12:37Oui, évidemment, j'ai gagné la course, mais cela ne peut pas me satisfaire.
00:12:42Je ne suis pas heureux.
00:12:45Ce qui s'est passé ce week-end, je ne l'avais jamais vu.
00:12:49Ce qui s'est passé ce week-end, je ne l'avais jamais vu.
00:12:53Il y a tant de choses à dire.
00:12:56Ce que je peux dire à propos de tout ça, c'est qu'on doit en tirer des enseignements.
00:13:02Il faut comprendre ce qui s'est passé et en tirer des conclusions.
00:13:08C'est tout ce que je peux dire.
00:13:12Je crois, ce n'est pas seulement l'accident de Sénat qui importe.
00:13:16C'est tout ce qui s'est passé ce week-end.
00:13:19C'est horrible.
00:13:23Je ne sais pas dans quel état d'esprit se trouvait Ayrton.
00:13:27Mais en tout cas, ce n'est pas normal, ce qui s'est passé.
00:13:30Et comme je l'ai déjà dit, j'espère qu'on en tirera des leçons.
00:13:40Oui, effectivement, ce n'est pas un week-end facile pour la Formule 1.
00:13:42Mais bon, malheureusement, c'est les concours de circonstances qui se sont additionnés les uns et les autres,
00:13:49qui font qu'effectivement, c'est un week-end de trop.
00:13:52Et ma foi, je pense qu'il y aura beaucoup de choses à revoir et que les gens les reverront dans le bon sens.
00:13:58Il y a beaucoup de rumeurs, beaucoup de gens qui disent que les voitures sont trop dangereuses
00:14:02ou bien que la piste d'Himaula est trop dangereuse aussi.
00:14:04Qu'est-ce que vous en pensez, puisque vous étiez sur la piste, vous, et dans les voitures ?
00:14:07Vous savez, on peut toujours tout remettre en cause quand il y a des phénomènes comme celui-ci qui se passent.
00:14:11Mais je crois qu'aujourd'hui, c'est vrai que la Formule 1, l'année dernière,
00:14:15elle était très aidée par des tas de systèmes sophistiqués, d'aides au pilotage qui étaient nécessaires par rapport aux performances des voitures.
00:14:22Aujourd'hui, ces aides ont disparu et les voitures sont devenues encore plus performantes.
00:14:26Et je crois qu'aujourd'hui, il est très difficile de maîtriser les Formules 1 modernes.
00:14:29Et on a surtout peu de temps pour rattraper le moindre incident.
00:14:32Et c'est pour ça que ça se finit souvent un petit peu dramatiquement.
00:14:35Les causes de l'accident ne furent jamais véritablement élucidées.
00:14:40Après des dix ans d'enquête et de procédures pour aboutir à la conclusion,
00:14:44rupture de la colonne de direction de la Williams qui avait tapé le mur de Tamburello dans un angle très défavorable.
00:14:51Un triangle de suspension brisé lui a transpercé le visage comme une lame de couteau au niveau de l'arcade sourcière droite.
00:15:00La colonne de direction avait été modifiée à la demande de Sénat pour une meilleure installation dans le cockpit.
00:15:06Mais ça avait été fait avant le début de la saison.
00:15:09Le professeur Cyd Watkins, responsable de la commission médicale en F1 et proche de Sénat,
00:15:16malgré la grande différence d'âge, nous racontera plus tard qu'en enlevant le casque du pilote brésilien,
00:15:23il a découvert à Sénat les yeux fermés dans le coma.
00:15:27En soulevant les paupières pour ausculter les pupilles,
00:15:30il s'est rendu compte de la gravité extrême de la situation.
00:15:35Des blessures très sérieuses à la tête, au cerveau.
00:15:39Il a tenté un combat désespéré sur le tarmac même.
00:15:44Il dira plus tard « Je ne suis pas croyant, mais à cet instant, j'ai senti son âme le quitter ».
00:15:50Le casque jaune de Sénat sera incinéré des années plus tard en présence de quelques membres de sa famille.
00:15:57La mort de Sénat servira d'électrochoc et de nombreuses améliorations seront apportées au niveau de la sécurité,
00:16:05que ce soit sur les circuits, sur les voitures, sur les casques, sur les équipements des pilotes ou dans les procédures médicales.
00:16:13Un pilote, un seul, était sur les lieux du drame, le français Éric Comas.
00:16:19Vous allez le constater, l'histoire est troublante et se conjugue en deux parties.
00:16:25La première partie se passe en 1992 à Spa-Francorchamps.
00:16:29Lors des essais, la Ligier de Comas sort violemment de la piste à Blanchimont,
00:16:33tapant le rail avant de revenir s'immobiliser sur la trajectoire.
00:16:37Le pilote est inconscient avec le pied toujours à fond sur la pédale d'accélérateur.
00:16:42La McLaren de Sénat arrive, évite les débris jonchant le sol et s'arrête un peu plus loin.
00:16:48Sans réfléchir, le Brésilien bondit hors de sa voiture et se précipite vers la monoplace du français,
00:16:55alors que d'autres bolides arrivent encore.
00:16:57Sénat actionne le coupe-circuit, de l'essence coule dans l'habitacle.
00:17:01Il soutient la tête du malheureux Comas selon certains gestes qu'il a appris auprès de son ami le professeur Watkins.
00:17:09Éric Comas dira plus tard que Sénat lui a sans doute sauvé la vie.
00:17:16La seconde partie de l'histoire se déroule à Abu Dhabi en 2010,
00:17:20où lors d'un déjeuner avec certains confrères,
00:17:22Éric Comas accepte de nous parler de la deuxième partie de l'histoire.
00:17:26Il dit « J'ai mis 10 ans à pouvoir en parler ».
00:17:28On est le 1er mai 1994 à Imola, au briefing des pilotes le dimanche matin.
00:17:34L'atmosphère est pesante suite au décès de Ratzenberger.
00:17:37Sénat est troublé.
00:17:39Il demande à Éric Comas, qui est assis à ses côtés, de l'aider pour être son relais auprès de tous les pilotes,
00:17:46parce qu'il dit « Il y a urgence, il faut faire quelque chose au niveau de l'amélioration de la sécurité ».
00:17:52Et puis un peu plus tard, lors du départ, un nouvel accrochage entre les voitures de Lamy et Leto.
00:17:58Il y a des débris qui sont projetés un peu partout, des spectateurs blessés.
00:18:03La voiture d'Éric Comas est touchée.
00:18:05Il rentre au stand pour essayer de réparer, drapeau rouge, l'accident de Sénat.
00:18:12Mais la voiture de Comas est au bout de la pitlane et dans la confusion générale, on lui dit de reprendre la piste.
00:18:17Il arrive donc sur les lieux du drame.
00:18:20Il arrête sa voiture, il sort de sa monoplace, il voit Sénat étendu par terre, il voit son casque.
00:18:26Il réalise l'ampleur de la catastrophe, les yeux totalement embués, avec incroyablement beaucoup d'émotion.
00:18:33Il nous dira « J'ai vu mourir celui qui m'a sauvé la vie ».
00:18:38Il sera ramené en voiture officielle jusqu'à son stand.
00:18:41Il refusera de reprendre le départ, ce qui lui sera d'ailleurs reproché par son écurie.
00:18:46Il prend la direction de l'aéroport où il apprendra en fin d'après-midi ce qu'il savait déjà.
00:18:54Ayrton Sénat est décédé.
00:18:57Très touché par la disparition de son meilleur ami, il s'envole ce soir pour aller assister au funérail au Brésil.
00:19:05Nous l'avons rejoint à Zaventem il y a une heure à peine, Thierry Boutzen.
00:19:09Thierry, bien plus qu'un collègue, c'est vraiment un très bon ami que vous avez perdu ce week-end.
00:19:15C'est quelqu'un qui faisait le même métier que moi, c'est sûr, mais c'est surtout un ami que j'ai perdu parce que...
00:19:19On se connaissait extrêmement bien, en tant que pilote d'abord, en tant que...
00:19:25Il faisait un petit peu part de notre famille, nous autres on faisait un petit peu part de sa famille à lui, donc...
00:19:32On se connaissait vraiment très très bien à ce niveau-là et c'est ça qui est le plus dur.
00:19:36Quand vous l'avez vu pour la dernière fois ?
00:19:38Je l'ai vu, en fait, j'avais été le voir au casse-soleil quand il faisait les essais privés il y a un mois à peu près.
00:19:43J'avais été avec Kevin justement, on était partis passer une demi-journée au casse-soleil voir la Williams rouler et puis voir Ayrton à ce moment-là et puis c'est la dernière fois que j'ai vu.
00:19:54Il devait être un peu tracassé puisque c'est un gagneur, c'est un perfectionniste que sa Williams ne marchait pas.
00:19:59Est-ce que vous sentiez qu'il était un peu nerveux et vous avez dit qu'il ne sentait pas cette nouvelle voiture ?
00:20:03Il ne l'aimait pas trop au moment où il l'a essayé, il a dit que c'était les premiers tours de roue aussi, mais il ne la sentait pas très bien, il ne l'aimait pas trop à ce moment-là.
00:20:09Mais je crois que depuis lors, il avait amélioré la voiture et il était parvenu quand même à la mettre en pôle presque à tous les coups.
00:20:16Donc, je crois que ça ne devait pas trop lui plaire, malgré tout.
00:20:20C'est la fatalité, c'est sûr. Ceci dit, est-ce que vous avez l'impression que ça pouvait être évité ?
00:20:26Ça fait déjà beaucoup de temps, longtemps qu'on dit que ce circuit est extrêmement dangereux au niveau de la sécurité dans trois endroits bien différents.
00:20:34Notamment là où il y a eu les deux accidents, puis encore un autre de l'autre côté.
00:20:37Les voitures vont trop vite et la sécurité n'est pas du tout suffisante.
00:20:42Les murs sont trop loin de la piste et avec un angle beaucoup trop fermé par rapport à la piste.
00:20:47Donc, quand une voiture sort de la route, elle passe de 300 à l'heure, je dirais à 30 km heure en 30 centimètres.
00:20:54Le temps qu'elle absorbe un petit peu le choc, elle s'arrête.
00:20:56Donc, en 30 centimètres, le corps n'a pas la capacité d'absorber ça.
00:21:04C'était prévisible et c'est terrible. C'était encore pire de savoir que c'était prévisible et qu'on aurait pu éviter ça.
00:21:10Ça doit vous faire enrager un peu.
00:21:12Ça me révolte, c'est sûr. Ça fait tellement longtemps qu'on en parle.
00:21:15Ça fait tellement longtemps qu'on le dit. Ça fait tellement que les pilotes se plaignent du manque de sécurité sur certains circuits.
00:21:22Se plaignent aussi que les voitures vont trop vite.
00:21:23Chaque année, on demande pour faire des réductions, pour faire aller les voitures moins vite.
00:21:28Et bon, les essais qui sont faits dans ce sens là ne portent pas leurs fruits.
00:21:35Il faudrait en fait que les voitures soient entre 10 et 15 secondes au tour plus lente.
00:21:38Et chaque fois qu'on amène une modification au règlement, on perd une demi seconde qu'on gagne tout de suite au bout de deux séances d'essais.
00:21:45Donc, c'est pas suffisant pour moi.
00:21:48Pour moi, il faut reprendre tout de début à la fin et relancer, faire un nouveau départ au règlement technique.
00:21:55Alors, qu'est-ce qu'il faut faire pour que les pilotes soient enfin entendus ?
00:21:58Je crois que ça suffit maintenant. Je crois que les gens ont compris, j'espère.
00:22:03Ça ne vous dérange pas de voir que depuis quelques années déjà, les impératifs commerciaux, financiers prennent le dessus sur presque tout le reste ?
00:22:11C'est beaucoup de choses, mais c'est un beaucoup de métiers comme ça, dans beaucoup de sports aussi.
00:22:14Donc, c'est comme ça. En fait, le sport et la finance, ça va ensemble actuellement, d'autant plus que la Formule 1 est un sport qui coûte excessivement cher.
00:22:25Et que ce n'est que grâce aux gros sponsors, à la grosse finance, au côté commercial de la chose que la Formule 1 peut vivre.
00:22:30Donc, elle s'est développée automatiquement dans cette direction-là.
00:22:34Mais ce n'est pas une raison pour que les voitures deviennent aussi rapides qu'elles le sont,
00:22:37pour que la distance entre la sécurité voiture et la sécurité circuit soit de plus en plus grande et que ça devienne presque incompatible.
00:22:47Vous avez peur pour l'avenir de la Formule 1, pour encore assister peut-être à d'aussi sales week-ends ?
00:22:52Ça, je n'en sais rien. J'espère que non. Maintenant, je crois que la Formule 1 et sa dose, elle peut continuer sans ça.
00:22:58Chaque fois que quelqu'un perd un être cher, c'est terrible. Je dirais que les pilotes, il y a encore une dimension particulière, c'est que vous courez des risques.
00:23:05Vous savez que ça fait partie intégrante de votre vie. Comment est-ce que vous vivez ça ?
00:23:09C'est ce que je me dis toujours au niveau d'Ayrton. Je me dis... Il savait les risques qu'il prenait. Il savait très bien que la casse mécanique peut arriver.
00:23:17Bon, l'erreur est humaine. On dit toujours ça. Et c'est une erreur qui a été faite sur sa voiture, peut-être au niveau de la conception, peut-être au niveau du montage,
00:23:25peut-être au niveau de je ne sais pas quoi. Et c'est une erreur que le pilote accepte en montant dans sa voiture. De toute façon, il conduit sa voiture telle qu'elle est là.
00:23:34Et ce qu'il faudrait, c'est que ça puisse arriver sans avoir une suite telle qu'elle s'est passée deux fois ce week-end.
00:23:41Il avait peur de la mort, Ayrton ?
00:23:44Non, mais il était très, très conscient des risques qu'il prenait, ça, de toute manière. Mais bon, c'est tout ce que je peux dire là-dessus.
00:23:52Si je vous demande un souvenir, Ayrton Senna, un souvenir, le meilleur qu'il vous laisse ?
00:23:57Le meilleur, c'est le souvenir, je ne sais pas, je n'en sais rien. C'est chaque fois que j'étais avec lui, chaque fois qu'on a passé des bons moments ensemble,
00:24:04chaque fois qu'on a passé des vacances ensemble. Et puis, peut-être la dernière fois que j'ai vu, ça restera à tout jamais dans ma mémoire.
00:24:11Thierry Boutzen qui assistera donc au funérail d'Ayrton Senna au Brésil. Pas facile vraiment d'assurer le commentaire d'un week-end aussi cruel.
00:24:18Souvent, l'envie de déposer le micro est bien réelle. Et puis, finalement, on continue. Richard Heubert qui a couvert 250 Grands Prix pour la RTBF. Sa réaction ?
00:24:27Ça ne vous heurte pas qu'on était jusqu'au bout en tant que commentateur TV ?
00:24:31Si, je me demande ce que j'aurais fait à votre place dans le commentaire. Ça m'est arrivé une fois, la mort de Riccardo Paletti.
00:24:37C'était le Grand Prix du Canada en 1982. Nous étions en direct et en studio à Bruxelles. Et je me suis senti complice de cet accident, complice et donc aussi coupable.
00:24:48Et j'ai voulu déposer le micro. Heureusement, j'avais à côté de moi un pilote, Daniel Hergots, qui m'a donné la version du pilote, le réflexe du pilote.
00:24:57Lorsqu'un pilote meurt, il y en a toujours un autre pour le remplacer. Et c'est peut-être ça aussi le drame que les pilotes vivent pour le moment.
00:25:04Ils ne parviennent pas à faire une union entre eux pour effectivement endiguer les décisions prises par la Fédération internationale.
00:25:12Parce que vous avez 26 pilotes au départ d'un Grand Prix maintenant. Si on enlève ces 26-là, il y aura toujours 26 autres et ainsi de suite pour pratiquer ce sport.
00:25:20Et voilà la raison pour laquelle les autorités en profitent peut-être quelque part de cette situation.
00:25:26Si je vous demandais un souvenir qui vous a marqué prioritairement concernant Ayrton Senna ?
00:25:31C'est la simplicité tout en étant un artiste, en étant un virtuose, en étant le magique Senna.
00:25:37Senna abordable et Senna préoccupé, préoccupé par la mort de Ratzenberger.
00:25:43Et je pense que vous avez fait filmer son image proche au départ. On n'a pas reconnu là Ayrton Senna.
00:25:51Ayrton Senna a été bafoué sur la grille même de départ en recevant une lettre de la Fédération internationale.
00:25:57On lui disait, on lui écrivait plus exactement « Mêlez-vous de ce qui vous regarde. Vous n'aviez pas à aller voir le lieu de l'accident.
00:26:04Vous êtes pilote, vous êtes le champion du monde en titre, en tout cas trois fois champion du monde piloté et c'est tout ce que vous avez à faire. »
00:26:11Je crois que Senna était préoccupé par ça, préoccupé par quelqu'un qui est inconnu pour le grand public, Ratzenberger.
00:26:17On l'aurait oublié très très vite. Il est associé maintenant à la mort d'Ayrton Senna.
00:26:22Mais je crois qu'avant cela, Senna y a beaucoup pensé et c'est très significatif de son attitude.
00:26:27Il a gagné beaucoup d'argent, mais il avait des gestes nobles, des gestes généreux à l'égard de la population brésilienne.
00:26:34Notamment et de ses amis très proches.
00:26:36Transféré par hélicoptère à l'hôpital Maggiore de Bologne où son décès est officialisé à 18h40,
00:26:43Senna quittera l'hôpital en corbillard sous les yeux de fans abattus, incrédules, direction l'aéroport pour le ramener au Brésil.
00:27:22Le Brésil sous le choc qui a vécu la mort de son idole en direct, le Brésil anesthésié par la douleur.
00:27:53Le Brésil est un des pays les plus pauvres de l'Histoire.
00:27:57Il est un des pays les plus pauvres de l'Histoire.
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00:30:17Il est un des pays les plus pauvres de l'Histoire.
00:30:19Mesdames et Messieurs, le chauffeur brésilien à Senna.
00:30:49C'est une question énorme que l'on doit supporter.
00:30:51Pour essayer de réduire ce stress,
00:30:53il faut trouver sans cesse de nouvelles motivations.
00:30:55Pour cela, j'avais besoin d'un changement radical.
00:30:57Pour cela, j'avais besoin d'un changement radical.
00:30:59Il fallait couper avec le passé,
00:31:01Il fallait couper avec le passé,
00:31:03porter un regard neuf sur la Formule 1.
00:31:05porter un regard neuf sur la Formule 1.
00:31:07porter un regard neuf sur la Formule 1.
00:31:09Photos d'usage pour lancer la saison.
00:31:11Photos d'usage pour lancer la saison.
00:31:13Senna se frotte les mains à l'idée de pouvoir enfin piloter
00:31:15Senna se frotte les mains à l'idée de pouvoir enfin piloter
00:31:17son premier contact avec les ingénieurs.
00:31:37On nous a un peu parlé de ses expériences passées
00:31:39On nous a un peu parlé de ses expériences passées
00:31:41chez les concurrents, ce qui est tout à fait normal, je crois.
00:31:43ce qui est tout à fait normal, je crois.
00:31:45Il était très affûté sur le plan technique
00:31:47Il était très affûté sur le plan technique
00:31:49et avait pu décortiquer et analyser tout ce qu'il avait vécu
00:31:51et avait pu décortiquer et analyser tout ce qu'il avait vécu
00:31:53même des choses difficiles à appréhender.
00:31:55même des choses difficiles à appréhender.
00:31:59Senna en piste durant les essais hivernaux
00:32:01apprendre à connaître le bolide et les membres de l'équipe.
00:32:03Le sport automobile c'est du business, c'est sûr
00:32:05Le sport automobile c'est du business, c'est sûr
00:32:07mais tous les gens qui y sont impliqués
00:32:09qui préparent les voitures
00:32:11les sponsors, les pilotes
00:32:13tous sont des dingues d'auto
00:32:15tous sont des dingues d'auto
00:32:17des fanatiques enthousiastes
00:32:19Il y a donc un aspect très humain, sous-jacent
00:32:21Il y a donc un aspect très humain, sous-jacent
00:32:23que l'on ne souligne pas assez
00:32:25Il faut du temps pour nouer ces liens
00:32:27pour créer cette relation
00:32:29pour créer cette relation
00:32:31pour créer cet esprit
00:32:33et je l'avoue, ça m'angoisse un peu
00:32:35et je l'avoue, ça m'angoisse un peu
00:32:37J'ai hâte de pouvoir découvrir la Williams plus en profondeur
00:32:39J'ai hâte de pouvoir découvrir la Williams plus en profondeur
00:32:41J'ai beaucoup de choses encore à en apprendre
00:32:43J'en connais peu de choses actuellement
00:32:45J'en connais peu de choses actuellement
00:32:47J'ai besoin de rouler
00:32:49deux sessions d'essais avant de pouvoir m'y sentir à l'aise
00:32:51deux sessions d'essais avant de pouvoir m'y sentir à l'aise
00:32:53de pouvoir exploiter à fond aussi bien mon potentiel
00:32:55que celui de la Williams
00:32:58Premier Grand Prix, le Brésil
00:33:00piégé par une ruade de sa FW16
00:33:02Premier Grand Prix, le Brésil
00:33:04piégé par une ruade de sa FW16
00:33:06Premier échec
00:33:13Grand Prix à Haïda
00:33:15sorti par Akinen
00:33:17et puis cartonné par Larini
00:33:19Deuxième revers
00:33:21ça restait hélas un préambule
00:33:27Deuxième échec
00:33:31Sénat avait donc finalement rejoint
00:33:33l'écurie Williams-Renault en 1994
00:33:35succédant dans ce baquet
00:33:37à Alain Prost qui venait
00:33:39de tirer sa révérence
00:33:41en étant sacré champion du monde
00:33:43Sénat espérait hériter
00:33:45de la meilleure voiture du plateau
00:33:47ce n'était pas le cas, dès les premiers essais
00:33:49il s'était rendu compte qu'il y avait
00:33:51beaucoup de pain sur la planche
00:33:53comme nous l'explique Lionel Froissart
00:33:55qui a eu le privilège de bien
00:33:57connaître Sénat, qu'il avait rencontré
00:33:59lors de la première visite de Sénat
00:34:01en Europe, c'était en France
00:34:03au Mans en karting
00:34:05il avait repéré ce pilotage
00:34:07agressif, cette osmose incroyable
00:34:09entre le pilote et sa machine
00:34:11il s'était parlé
00:34:13avait sympathisé, avait gardé
00:34:15ses contacts privilégiés
00:34:17même lors des années
00:34:19Formule 1
00:34:21J'avais parlé avec lui bien sûr au Brésil
00:34:23à Sao Paulo pour la première course de la saison
00:34:25Aïda ensuite
00:34:27et Aïmola
00:34:29dans la chronologie
00:34:31j'avais pu le voir un petit peu à Sao Paulo
00:34:33malgré les nombreuses sollicitations
00:34:35en plus c'était sa première saison
00:34:37chez Williams
00:34:39et il m'avait vraiment glissé
00:34:41c'est un secret pour personne, il m'a dit
00:34:43la voiture n'est vraiment pas terrible
00:34:45elle est vraiment très difficile à conduire
00:34:47pour que Ayrton vous dise ça
00:34:49il m'a jamais dit
00:34:51elle est dangereuse
00:34:53elle est vraiment difficile à conduire
00:34:55il y a un vrai problème, il faut qu'on travaille
00:34:57on va y arriver mais c'est
00:34:59très très dur
00:35:01Williams, Renault, l'équipe
00:35:03d'Ayrton Senna, les membres
00:35:05de l'écurie atterré sont
00:35:07rentrés en Angleterre
00:35:09lundi matin les témoignages de
00:35:11sympathie ont afflué
00:35:21beaucoup de gens viennent ici
00:35:23ils ont conscience que le foyer de l'équipe
00:35:25se trouve ici
00:35:27des tas de gens viennent nous apporter leur soutien
00:35:29on n'arrive pas à le croire
00:35:31mais c'est comme ça
00:35:33on se sent impuissant
00:35:35on veut faire quelque chose
00:35:37mais on ne peut rien
00:35:47évidemment au cours des années
00:35:49les pilotes ont toujours signalé
00:35:51qu'il y avait certains problèmes
00:35:53et les points qu'Ayrton avait soulevés
00:35:55auprès de Franck
00:35:57durant les dernières semaines
00:35:59seront pris en considération
00:36:01lors de l'enquête qui aura lieu dans les prochains jours
00:36:07c'était le meilleur
00:36:11peut-être le plus grand pilote de sa génération
00:36:15Senna était doué
00:36:17on n'imaginait pas qu'il puisse arriver
00:36:19quelque chose à Ayrton Senna
00:36:21cruel manque de réalisme bien sûr
00:36:23dans un sport où l'on file
00:36:25entre les murs à près de 300 km heure
00:36:27et même à plus de 300 km heure
00:36:29les grands prix c'était l'univers
00:36:31d'Ayrton Senna, plusieurs fois
00:36:33ces dernières saisons nous l'avions rencontré
00:36:35nous l'avions côtoyé dans les coulisses
00:36:37des paddocks, je vous propose
00:36:39de parcourir ensemble quelques pages
00:36:41de cet album souvenirs, Senna dans les coulisses
00:36:43et la mémoire du temps qui s'embrouille
00:36:47dans l'esprit d'un grand pilote
00:36:49de l'équipe d'Ayrton Senna
00:36:51et de l'équipe d'Ayrton Senna
00:36:53et de l'équipe d'Ayrton Senna
00:36:55et de l'équipe d'Ayrton Senna
00:36:57et de l'équipe d'Ayrton Senna
00:36:59et de l'équipe d'Ayrton Senna
00:37:01et de l'équipe d'Ayrton Senna
00:37:03et de l'équipe d'Ayrton Senna
00:37:05et de l'équipe d'Ayrton Senna
00:37:07et de l'équipe d'Ayrton Senna
00:37:09et de l'équipe d'Ayrton Senna
00:37:11et de l'équipe d'Ayrton Senna
00:37:13et de l'équipe d'Ayrton Senna
00:37:15et de l'équipe d'Ayrton Senna
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00:37:27et de l'équipe d'Ayrton Senna
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00:37:57et de l'équipe d'Ayrton Senna
00:37:59et de l'équipe d'Ayrton Senna
00:38:01et de l'équipe d'Ayrton Senna
00:38:03et de l'équipe d'Ayrton Senna
00:38:05et de l'équipe d'Ayrton Senna
00:38:07et de l'équipe d'Ayrton Senna
00:38:09et de l'équipe d'Ayrton Senna
00:38:11Il y a moyen de polémiquer
00:38:13des heures sur tout ça
00:38:15Je crois que les formulaires actuelles
00:38:17ont des appuis aérodynamiques énormes
00:38:19Les contraintes sont énormes
00:38:21sur tout
00:38:23Les voitures sont vraiment plaquées au sol
00:38:25vu les suspensions passives
00:38:27pour éviter les problèmes
00:38:31de perte d'adhérence
00:38:33sur l'avant ou sur l'arrière
00:38:35La moindre bosse sur un circuit
00:38:37est critique pour une voiture
00:38:39et à haute vitesse
00:38:41quand on connait les charges aérodynamiques
00:38:43sur les voitures
00:38:45qui sont plus d'une tonne et demie
00:38:47Quand on est dans la voiture
00:38:49on pense qu'il ne peut rien se passer
00:38:51parce que c'est comme une ligne droite
00:38:53Là où les deux accidents sont passés
00:38:55ce sont des courbes
00:38:57mais c'est complètement à fond
00:38:59théoriquement ça ne doit pas poser de problème
00:39:01C'est uniquement la casse mécanique
00:39:03qui peut provoquer quelque chose de très grave
00:39:05Pourquoi ne pas mettre des pneus un peu partout ?
00:39:07Pourquoi se mettre des murs ?
00:39:09Les murs c'est ce qu'il y a de pire pour moi
00:39:11parce qu'il n'y a aucun
00:39:13pouvoir d'absorption de choc
00:39:15Même à 50 à l'heure
00:39:17on en parle tous les jours sur la route
00:39:19il y a moyen de se faire très mal
00:39:21Là sur les circuits où les vitesses sont très élevées
00:39:23les coques sont très rigides
00:39:25donc forcément c'est très difficile
00:39:27de résister à un impact de 300 kmh
00:39:29Plus de fermeté dans l'homologation des circuits
00:39:31et certainement le circuit d'Himola sur la sellette
00:39:33Oui mais je pense que le circuit d'Himola
00:39:35n'est certainement pas le seul
00:39:37C'est vrai qu'il faut les faire évoluer
00:39:39en fonction de l'évolution technique des voitures
00:39:41Notamment je pense aux revêtements
00:39:43parce que les bosses ont toujours été
00:39:45un réel problème pour les voitures de course
00:39:47dû justement aux appuis aérodynamiques
00:39:49Mais je crois qu'il faut surtout
00:39:51se concerter, parler avec les pilotes
00:39:53parce que je crois que les pilotes
00:39:55savent exactement où on sort de la route
00:39:57et comment on va faire
00:39:59et comment on va faire
00:40:01où il faut faire des dégagements
00:40:03et pas les changer une fois que c'est fait
00:40:05parce que ça coûte de l'argent
00:40:07et c'est souvent trop tard
00:40:09et il faut surtout discuter
00:40:11Le côté business, le côté argent
00:40:13de la Formule 1
00:40:15ça ne vous dérange pas ?
00:40:17Ça ne dérange pas les pilotes
00:40:19qui parfois ont l'impression d'être
00:40:21un peu des marionnettes dans le grand ciel ?
00:40:23Les pilotes vivent ça un peu différemment
00:40:25parce que c'est vraiment notre passion
00:40:27Nous on a la chance de connaître
00:40:29une Formule 1
00:40:31parce que c'est vrai qu'il y a un côté
00:40:33toujours requin dont on parle toujours
00:40:35il y a énormément d'argent en jeu
00:40:37mais nous on est vraiment braqué sur notre passion
00:40:39sur la conduite d'une Formule 1
00:40:41sur le développement technique
00:40:43qui parfois nous font un peu oublier
00:40:45tous les mauvais côtés
00:40:47mais ça nous remet un peu
00:40:49en question
00:40:51quand il se passe des événements comme ça
00:40:53et c'est vrai que ça fait réfléchir très fort
00:40:55Comment est-ce qu'un pilote fait pour remonter
00:40:57après avoir vu, après avoir vécu
00:40:59des instants aussi tragiques ?
00:41:01Je crois que tout le monde
00:41:03a certainement eu quelqu'un
00:41:05de proche
00:41:07qui a eu un problème sur la route
00:41:09en voiture et le lendemain on prend quand même sa voiture
00:41:11pour aller au bureau, on y pense
00:41:13mais on fait son travail
00:41:15et je crois que
00:41:17ici dans le cas de la course automobile
00:41:19il faut justement remonter le plus vite possible
00:41:21et essayer de se concentrer
00:41:23à fond sur notre travail
00:41:25On connaît les risques
00:41:27on sait qu'ils sont là
00:41:29et on en est beaucoup plus conscient
00:41:31le jour où ça arrive, ça c'est clair
00:41:33Senna de plus en plus conscient
00:41:35des problèmes de sécurité
00:41:37sans préoccuper indéniablement
00:41:39il était c'est vrai le dernier champion du monde
00:41:41encore en activité
00:41:43l'an dernier à Budapest, nous l'avions surpris
00:41:45lors d'une reconnaissance du circuit
00:41:47en compagnie de Roland Brunserhald
00:41:49Si tu viens là
00:41:51tu mords la poussière, c'est dangereux
00:41:53Mais en tout cas
00:41:55ici c'est vraiment
00:41:57un très mauvais endroit
00:41:59il faudra absolument faire quelque chose
00:42:01C'est important de vérifier
00:42:03le circuit avant la course ?
00:42:05Oui il vaut mieux
00:42:07vérifier avant la course car parfois
00:42:09il y a certains problèmes
00:42:11il faut y remédier pour des raisons de sécurité
00:42:17Les choses se sont dégradées
00:42:19depuis l'année passée
00:42:21C'était la même chose avant ?
00:42:23C'était la même chose avant
00:42:25Senna est mort mais la F1 continue
00:42:2715 jours après Imola, c'est le Grand Prix de Monaco
00:42:29chape de plomb sur la principauté
00:42:31Gerhard Berger, l'ami de Senna
00:42:33annonce qu'il poursuit finalement
00:42:35sa carrière mais les ondes négatives
00:42:37continuent à inonder la F1
00:42:39un autre très grave accident
00:42:41avec un autre Autrichien
00:42:43Karl Wenlinger
00:42:45et puis la Fédération Internationale
00:42:47prend les choses en main et annonce de nouvelles mesures
00:42:49de sécurité
00:42:51Monaco
00:42:53atmosphère affreusement lourde
00:42:55regard furtif vers le stand de Williams-Renault
00:42:57et ce drapeau brésilien
00:42:59en berne
00:43:01les hommages à Ayrton et Ratzenberger
00:43:03dans une moindre mesure sont innombrables
00:43:07C'est dur, on est tous très abattus
00:43:09la perte d'Ayrton
00:43:11on ne s'en remet pas comme ça
00:43:13du jour au lendemain, je crois qu'il faudra
00:43:15des mois et des mois
00:43:17de refaire surface
00:43:19Et tandis qu'on s'acharne
00:43:21aux derniers aménagements sur le circuit
00:43:23chicane de ralentissement
00:43:25matérialisé par des alignements de pneus
00:43:27et autres derniers préparatifs
00:43:29Gerhard Berger annonce
00:43:31qu'il poursuit sa carrière en F1
00:43:33malgré les heures noires
00:43:35qu'il vient de vivre
00:43:37c'est la passion qui l'emporte
00:43:41Jeudi, la tension reste très présente
00:43:43les laissés-passer habituels
00:43:45la confusion est réelle
00:43:47même Bernie Euclestone l'admet
00:43:55Et pourtant, il faut en revenir à la course
00:43:57même si le coeur n'y est pas
00:43:59n'est-ce pas Franck ?
00:44:01Après tout ce qui s'est passé à Imola
00:44:03dans la tête, comment vous faites pour aborder
00:44:05ceci blindé mentalement
00:44:07parce qu'il faut être concentré à 100%
00:44:09Il faut être concentré
00:44:11mais il est clair que c'est de toute façon
00:44:13en fait, petit à petit, ça passe en même temps
00:44:15Le patron d'écurie, Jean Tod
00:44:17lui, salue sa petite famille
00:44:19satisfait du comportement des Ferrari
00:44:21et de la décision de son pilote autrichien
00:44:23Gerhard Berger
00:44:25Vous savez, les pilotes peuvent souvent
00:44:27se poser des questions
00:44:29mais en tout cas, jamais
00:44:31Gerhard ne m'a exprimé
00:44:35le sentiment de vouloir s'arrêter
00:44:37Tiens, voilà, Roland Brunsera
00:44:39de peu épargné ces derniers jours
00:44:41Ce n'est pas facile d'entrevoir
00:44:43leur rendez-vous au Monegasque
00:44:45avec toute la sérénité voulue
00:44:47Oui, je dois dire une chose
00:44:49posez-moi la question dimanche soir
00:44:51je vais vous répondre, pas encore aujourd'hui
00:44:53Tout sera bien passé ?
00:44:55Exact
00:44:57Pour ralentir les bolides dans les stands
00:44:59c'est comme sur nos autoroutes, gare au radar
00:45:03Les Formule 1 sont en piste
00:45:05pour les premiers essais
00:45:07Schumacher, lui, est au repos forcé, moteur cassé
00:45:09Et puis, la série noire recommence
00:45:11et le paddock replonge
00:45:13dans la stupeur et l'incrédulité
00:45:15Accident de Karl Wendlinger
00:45:17son équipier Frenzen
00:45:19rentre à pied
00:45:21l'écurie Sauber
00:45:23est en état de choc
00:45:25A l'hôpital Saint-Roch à Nice
00:45:27on confirme l'état critique du pilote autrichien
00:45:29Peter Sauber fait les 100 pas dans le couloir
00:45:31Gerhard Berger
00:45:33grand copain de Wendlinger
00:45:35est le premier à être venu au nouvel
00:45:37Autre émotion
00:45:39mais sans conséquences corporelles
00:45:41la sortie d'Eric Comas
00:45:43le sport auto reste décidément un sport dangereux
00:45:45Je pense qu'il est légitime de vouloir
00:45:47sans discontinuer
00:45:49améliorer les choses
00:45:51à sécurité
00:45:53mais
00:45:55le sport automobile
00:45:57quoi qu'on fasse
00:45:59restera toujours
00:46:01un sport dangereux
00:46:03Vendredi, quelle journée
00:46:05deux points forts
00:46:07un, la recréation d'une association de pilotes
00:46:09après plus de 4 heures
00:46:11de réunion
00:46:13Lauda, Schumacher, Berger
00:46:15Filippaldi en sont les porte-parole
00:46:17Il y avait vraiment un désir
00:46:19de faire quelque chose
00:46:21une volonté unanime
00:46:23et je crois qu'on est sortis de là
00:46:25avec des résolutions importantes
00:46:27qui vont permettre
00:46:29des changements qui seront aussi importants
00:46:31Le grand prix aura donc bien lieu
00:46:33Bernie Ecclestone confirme
00:46:39L'après-midi
00:46:41deuxième temps fort
00:46:43Max Mosley annonce une flopée
00:46:45de modifications techniques
00:46:47qui seront effectives, les premières mesures en tout cas
00:46:49dès le grand prix d'Espagne
00:46:51Nous sommes une famille
00:46:53nous, les pilotes, les constructeurs
00:46:55les ingénieurs, les commissaires, les organisateurs
00:46:57il faut qu'on travaille ensemble
00:46:59mais à la fin, c'est la fédération
00:47:01qui, si je peux dire ça, est plus ou moins
00:47:03le père de famille, alors quand il y a vraiment
00:47:05une grande difficulté, comme maintenant
00:47:07c'est le père de famille qui doit décider
00:47:09on a fait ça, mais on fait ça en essayant
00:47:11d'être aussi bien que possible avec tout le monde
00:47:13Heureusement, je crois que les pilotes sont avec nous
00:47:15Ce grand prix de Monaco
00:47:17sera remporté par Michael Schumacher
00:47:19mais l'image la plus intense
00:47:21de ce week-end, c'est cette minute de silence
00:47:23poignante avant le départ
00:47:25tous les pilotes réunis en hommage
00:47:27à Ratzenberger et Senna
00:47:31RATZENBERGER
00:47:35Ayrton Senna vouait une grande admiration
00:47:37à Juan Manuel Fangio
00:47:39cinq fois champion du monde
00:47:41un grand respect entre les deux hommes
00:47:43Ce sont deux sud-américains
00:47:45et ce qui me sidère toujours
00:47:47c'est de penser que Fangio
00:47:49est parti après Senna
00:47:51c'est incroyable
00:47:53et c'est vrai qu'ils s'entretenaient au téléphone
00:47:55assez régulièrement
00:47:57je me souviens qu'ils se sont côtoyés
00:47:59un podium au Brésil
00:48:01il avait un immense respect pour ce qu'avait fait Fangio
00:48:03encore une fois
00:48:05parce qu'il connaissait bien la course
00:48:07et il savait
00:48:09ce que représentait Fangio
00:48:11d'ailleurs on disait tout à l'heure
00:48:13que Senna
00:48:15on voit toujours des traces, des images de lui
00:48:17aujourd'hui, je pense que l'autre personnage
00:48:19de la F1
00:48:21qui se rapproche de ça
00:48:23dans un domaine un petit peu différent, c'est Fangio
00:48:25on a longtemps fait référence à Fangio
00:48:27tu te prends pour Fangio
00:48:31sans l'avoir jamais vu courir
00:48:33et ça a longtemps été
00:48:35la référence du pilote de course
00:48:37Senna, fascinant
00:48:39insaisissable, intimidant, obstiné
00:48:41parfois certainement de mauvaise foi
00:48:43amoureux fou du Brésil
00:48:45perfectionniste maladif
00:48:47très croyant, il pensait d'ailleurs aussi
00:48:49que sa croyance en Dieu lui servait
00:48:51de bouclier contre la fatalité
00:48:53mais en dehors des circuits
00:48:55Comment était-il dans le privé ?
00:48:57Lionel Froissart a eu le privilège
00:48:59d'être reçu dans plusieurs
00:49:01de ses résidences
00:49:03c'était quelqu'un d'assez réservé
00:49:05mais c'était un type qui aimait bien se marrer
00:49:07il n'était pas lui
00:49:09doté d'un humour dévastateur
00:49:11mais il aimait bien se marrer
00:49:13je pense que c'est ce qui lui a plu par exemple
00:49:15dans sa relation avec Gerhard Berger plus tard
00:49:17chez McLaren, c'est qu'il avait trouvé
00:49:19en Berger un vrai déconneur
00:49:21qui le détendait un peu
00:49:23c'est-à-dire que la course
00:49:25c'est ce qu'il voulait
00:49:27la course le bouffait un petit peu
00:49:29il donnait tellement à la compétition
00:49:31qu'en dehors de la course
00:49:33et vraiment en dehors des saisons
00:49:35c'était quelqu'un qui aimait bien s'amuser
00:49:37et de manière assez surprenante
00:49:39qui était assez
00:49:41on va dire pour employer un langage
00:49:43un peu trivial
00:49:45assez flémard finalement
00:49:47ce qui mettait en run d'ailleurs Alain Prost
00:49:49quand ils ont commencé à collaborer ensemble chez McLaren
00:49:51Alain se faisait tous les essais
00:49:53les premiers essais d'inter-saison
00:49:55au Brésil
00:49:57par exemple chez McLaren
00:49:59et puis arrivaient les essais du Brésil
00:50:01Sénat montait dans la voiture
00:50:03tapait un temps avec la voiture
00:50:05qu'Alain avait mise au coin
00:50:07ça agaçait beaucoup
00:50:09Alain et je me souviens être allé
00:50:11à Angra chez Ayrton
00:50:13où il avait une propriété absolument
00:50:15formidable
00:50:17très bel endroit
00:50:19et d'ailleurs regarde ici c'est le paradis
00:50:21et c'est vrai que ça y ressemblait
00:50:23et il y avait sur la table
00:50:25des posters, des photos, des tas de choses
00:50:27de McLaren
00:50:29Marlboro aussi a signé
00:50:31et il remettait au lendemain
00:50:33vraiment il aimait
00:50:35profiter au maximum du Brésil
00:50:37et en dehors
00:50:39de la saison, pendant l'inter-saison
00:50:41franchement il faisait pas
00:50:43grand chose en rapport avec la course
00:50:45c'était toujours là, il phosphorait beaucoup
00:50:47mais en dehors de se préparer physiquement
00:50:49c'était pas un acharné
00:50:51du travail
00:50:53pourtant à cette époque il y avait pas mal d'essais
00:50:55Ayrton Sénat
00:50:57dit Magic, on passe en revue
00:50:59rapidement l'album de
00:51:01quelques-uns de ses moments
00:51:03qui ont fait sa légende
00:51:05Monaco 84 sous le
00:51:07déluge avec une Toleman
00:51:09parti 13ème, il gagne 4 places
00:51:11dans le premier tour, 3ème
00:51:13après 16 tours, il passe Loda
00:51:15revient sur Prost à raison
00:51:17de 2 secondes au tour,
00:51:19Jacques Higgs, directeur de course, déploie le drapeau rouge
00:51:21le privant de la victoire
00:51:23la révélation d'un funambule
00:51:25Portugal 85
00:51:27sa première pôle
00:51:29sous la pluie, le dimanche, il est sur une autre planète
00:51:31sur Nargent au carnage
00:51:33Alboreto 2ème
00:51:35fini à plus d'une minute, le 3ème
00:51:37est à un tour
00:51:39Monaco
00:51:4188, pôle
00:51:43le tour
00:51:45est entré dans une autre dimension
00:51:47le circuit
00:51:49devenu un tunnel
00:51:51dans lequel je m'engouffrais
00:51:53encore et encore
00:51:55j'allais au-delà
00:51:57de toute perception consciente
00:51:59j'étais au-delà de la limite
00:52:01mais toujours capable de la repousser
00:52:13Japon 88, en pôle, il loupe son départ, onzième à la fin du premier tour, irrésistible
00:52:43remonté, il finit par passer son équipier Prost, il est champion du monde pour la première
00:52:48fois. Japon 89, quarante-septième tour, il attaque
00:52:53Prost à la chicane, c'est l'incident, le clash, Prost abandonne, Sénat change d'aileron
00:52:58avant et gagne, il est disqualifié, Prost est champion, Sénat se plaindra d'avoir
00:53:04été traité comme un criminel. Japon 1990, c'est la revanche, Sénat voulait
00:53:11déplacer la pôle de droite à gauche mais Balestre, le président de la fédération
00:53:16internationale, refuse de changer le côté de la pôle, débordé par Prost au départ,
00:53:21il reste à fond, les deux finissent dans le décor, Sénat est champion pour la deuxième
00:53:25fois. Brésil 91, Sénat n'a jamais gagné à domicile,
00:53:31ce sera une première, on en reparle tout à l'heure.
00:53:36Grand prix d'Europe à Donington en 93, Sénat repousse les lois de la physique, sourd, une
00:53:41piste détrempée, pluie torrentielle, il part quatrième, derrière Prost, Île, Schumacher,
00:53:48passé par Wendlinger au départ, il se retrouve cinquième, en moins d'un tour, il prend
00:53:54la terre, la piste s'assèche, puis il repleut, Sénat reste en piste et gagne sa plus grande
00:54:01victoire sous la pluie.
00:54:06Sénat-Prost, deux champions indissociables, quand Sénat arrive en F1 en 84, il a 24 ans,
00:54:14Prost en a 29, ils cohabiteront chez McLaren en 88 et 89, une rivalité sans nom, sans
00:54:22merci, brutale, agressive, mais sans doute le plus beau chapitre de l'histoire de la
00:54:27F1. Le Mexicain Joe Ramirez a travaillé avec les deux pilotes chez McLaren comme responsable
00:54:33de l'intendance, il nous évoque cet implacable duel.
00:54:38C'était une chance unique de pouvoir vivre ces années chez McLaren, ils nous ont offert
00:54:44l'une des plus grandes rivalités de ce sport, nous avions tout, le meilleur moteur, les
00:54:50meilleurs pilotes, les meilleurs sponsors, mais malgré le fait que tout le monde savait
00:54:54que McLaren allait gagner, on ne pouvait pas escroquer le public en faussant les choses,
00:55:01nous avions deux voitures identiques pilotées par les deux meilleurs pilotes du monde qui
00:55:04se disputaient la victoire, c'était tellement serré, en 88 Alain a remporté 7 courses
00:55:12et Ayrton 8, c'était fantastique, et si nous n'avions pas rencontré le problème
00:55:16à Monza, nous aurions remporté les 16 courses de la saison, c'était une saison incroyable.
00:55:20Très souvent Lewis Hamilton dit qu'Ayrton Sénat est son modèle, est-ce que vous percevez
00:55:26quelque chose d'Ayrton en Lewis Hamilton ? C'est certain, on retrouve chez ces deux
00:55:33pilotes ce désir permanent de gagner, Sénat disait tout le temps, celui qui se classe
00:55:38deuxième est surtout le premier perdant, on constate exactement la même chose chez Hamilton,
00:55:44s'il ne gagne pas, il n'est pas satisfait, par contre on ne peut pas les comparer du
00:55:50point de vue de leur vie privée, c'est le jour et la nuit, mais côté compétition
00:55:56ils sont similaires, en course automobile vous devez avoir cette faim de triompher.
00:56:01Ayrton avait cela, Prost également, mais aussi des pilotes comme Schumacher, si vous
00:56:14n'avez pas cela vous ne remporterez jamais de course, comme disait Sénat, les pilotes
00:56:17les plus gentils ne gagnent pas de course.
00:56:20Quand Alain Prost a pris sa retraite fin 1993, Ayrton Sénat s'est senti orphelin, Lionel
00:56:27Froissart était dans la propriété de Sénat, Sintra au Portugal, juste après l'annonce
00:56:33de la retraite du pilote français au Grand Prix d'Estoril.
00:56:36Je me souviens très bien que la première chose qu'Ayrton m'a dit ce matin-là, ce
00:56:41midi-là, il m'a parlé d'Alain, il m'a pas dit l'autre, le français ou ton compatriote
00:56:47ou machin, il m'a dit mais Alain, il arrête, mais pourquoi il arrête, est-ce que c'est
00:56:53vrai, comment les gens réagissent en France, il a encore de belles années devant lui,
00:56:59enfin bref, j'étais un petit peu étonné, je savais qu'Alain était son obsession et
00:57:04sa référence depuis longtemps, mais je pensais que le fait qu'il laisse la place libre
00:57:10chez Williams, ce qui n'était pas encore officiel je crois pour Ayrton à l'époque,
00:57:16c'était parfait pour lui, au contraire, il savait déjà qu'il perdait sa référence,
00:57:24quand il est arrivé en Formule 1, il connaissait très bien la course, un peu comme Vettel
00:57:29aujourd'hui, il connaissait les adversaires, les palmarès de chacun et son objectif, c'était
00:57:34Alain Prost, il savait que c'était le meilleur du peloton et c'était le type à battre,
00:57:39il y avait Piquet, il y en avait d'autres, il les calculait même pas, ça ne veut pas
00:57:43dire qu'il avait de l'arrogance ou qu'il trouvait que ce serait facile de battre ceux-là,
00:57:47il savait que s'il battait Alain Prost, il ne serait pas loin d'être au sommet, donc
00:57:52voilà, et donc je lui répète, je lui dis en 1993 au lendemain de ce Grand Prix d'Estoril,
00:57:58j'ai dit mais enfin Ayrton, tu as vu comment tu as cassé les pieds depuis que tu es en
00:58:05train, il a besoin d'un petit peu de souffler, il ne veut sûrement pas continuer cette lutte,
00:58:14même s'il faut se souvenir qu'ils allaient se rabibocher un peu plus tard, mais bon c'est
00:58:19une autre histoire, et il me dit, et je lui dis, mais tout de même il y a d'autres adversaires,
00:58:25puis il y a Michael Schumacher qui arrive, là il me regarde, il est en temps d'arrêt
00:58:29et il me dit mais Alain et moi on est là, et Schumacher est là, encore une fois ce
00:58:34n'était pas de l'arrogance, c'était la juste vision du moment, Schumacher n'était
00:58:41pas encore celui qu'il allait devenir, certes c'était un adversaire coriace avec qui il
00:58:46avait déjà eu quelques frictions, mais en tous les cas ce n'était pas dans son esprit
00:58:53à voiture égale un danger pour la conquête d'un autre titre mondial, donc voilà, donc
00:59:00tout ça pour montrer à quel point Alain Prost représentait beaucoup pour Ayrton et
00:59:05que leur histoire finalement est vraiment indissociable.
00:59:08Alain Prost disputera son dernier Grand Prix face à Ayrton Senna en Australie à Adelaide
00:59:15fin 1993.
00:59:16Prost avec la Williams-Renault face à la McLaren de Senna, le Brésilien s'impose
00:59:21et surprend tout le monde en invitant Prost à ses côtés sur la plus haute marche du
00:59:25podium.
00:59:26C'est l'heure des adieux entre les deux hommes et un parfum de réconciliation vient
00:59:32illuminer ce moment.
00:59:33Un peu plus tard, les deux hommes se retrouveront à Bercy, à Paris, pour une compétition
00:59:39de karting.
00:59:40Formidable mano à mano sur la piste entre ces deux monstres sacrés, un régal même
00:59:47si Senna en tête devra renoncer sur la fin suite à un incident mécanique observant
00:59:52depuis la touche la victoire du français.
00:59:54Mais les deux hommes se parlent, quelque chose a changé.
00:59:58Ils se téléphoneront quelques fois pendant l'hiver avant de se parler une dernière
01:00:03fois ce fameux week-end du 1er mai à Imola.
01:00:06Alain Prost découvrant juste avant le départ le message d'Ayrton Senna qu'il avait
01:00:12enregistré la veille.
01:00:14Alain, tu me manques.
01:00:16Alain Prost ira au funérail de Senna au Brésil.
01:00:20On a évoqué avec lui lors d'un petit déjeuner dans le week-end sportif cette incroyable
01:00:26période où l'un était Magic et l'autre le professeur.
01:00:30C'est une sorte d'éducation.
01:00:33J'ai passé des heures à l'atelier pour comprendre comment fonctionnait la voiture,
01:00:37les réglages de la voiture, etc.
01:00:38Et ça, ça m'a donné une sorte de culture différente.
01:00:41Il faut que j'ai l'impression de conduire moi à 95% et que tout le reste doit être
01:00:48parfait pour que je puisse faire ça.
01:00:50Et ça m'a bien fonctionné.
01:00:51Donc j'en suis fier, même si les gens vont dire qu'il y avait moins de panache,
01:00:55il y avait moins de machin.
01:00:56Mais c'est comme ça que j'ai voulu le faire.
01:00:58Vous êtes toujours associé à Senna, qu'on le veuille ou non, j'imagine, on vous en
01:01:01parle souvent.
01:01:02Je me souviens, Senna avait dit un jour, Alain Prost, c'est ma motivation première.
01:01:08Puis il avait aussi ce côté un peu mystique et parfois vous aviez, sans le vouloir, le
01:01:12rôle de l'anti-héros.
01:01:13C'était tout à fait ça.
01:01:16Je ne suis pas du tout une star et c'est vrai que le côté mystique de Senna, la manière,
01:01:22l'approche était différente.
01:01:24J'en ai beaucoup souffert, c'est vrai, parce que c'est compliqué.
01:01:27Vous ne pouvez rien faire contre ça.
01:01:28Mais je pense que s'il y a une chose qu'il a montré, démontré, et dit d'ailleurs,
01:01:33et d'ailleurs beaucoup montré après que je me sois retiré, c'est-à-dire fin 93,
01:01:38jusqu'à malheureusement l'accident, c'est que sa motivation, c'était moi.
01:01:43Ça m'a beaucoup touché et ça m'a fait comprendre aussi certaines choses d'avant.
01:01:48Et ça restera ancré à vie, c'est sûr.
01:01:50Senna et Prost à Imola, c'est la fin de l'histoire.
01:01:53Pourtant, beaucoup restent persuadés que ce devait être le début d'une autre, bien
01:01:58plus longue histoire.
01:01:59Je pense qu'il y aurait vraiment eu quelque chose de fort entre eux puisqu'il n'était
01:02:05plus question de compétition.
01:02:07Donc tout allait bien.
01:02:10Il ne s'agissait plus d'écraser l'autre sur la piste, mais simplement de partager
01:02:17une vision des choses assez semblable, même si dans leur style de pilotage, dans l'approche
01:02:23de la course, ils étaient radicalement différents dans le sens où je vois Alain Ayrton comme
01:02:28un jusqu'au-boutiste.
01:02:29Et Alain, comme on le connaît, très réfléchi, très mesuré.
01:02:34Et quand il arrête Adelaide, sa dernière course, il s'est dit « c'est fini, je
01:02:44ne me suis pas fait mal ».
01:02:45Ce qui est dingue quand même pour quelqu'un qui fait de la compétition depuis le milieu
01:02:49des années 70.
01:02:50Ayrton Senna a laissé une empreinte indélébile marquant tant de générations de pilotes.
01:02:56Michael Schumacher a vu mourir Senna devant lui, le privant d'un adversaire qui aurait
01:03:01sans doute encore donné un autre éclat à sa carrière.
01:03:05Michael Schumacher en 2000 à Monza au Grand Prix d'Italie s'impose au volant d'une
01:03:10Ferrari.
01:03:11Il est ravi de gagner chez lui devant les typhosis.
01:03:14Et puis dans la conférence de presse qui suit, on lui fait remarquer qu'il égale
01:03:19le nombre de victoires d'Ayrton Senna, l'indestructible pilote allemand éclatant sanglots.
01:03:26« Je pense que « déliré » est la mauvaise parole.
01:03:28Je n'ai pas de vocabulaire pour quelque chose de plus haut que ça.
01:03:33Je suis désolé, mais je suis juste heureux, je suis juste fatigué. »
01:03:42« Je ne sais pas si vous êtes conscient, mais c'est votre 41ème victoire qui vous
01:03:46met en équilibré tout le temps avec Ayrton Senna.
01:03:48Ces records vous signifient beaucoup ? »
01:03:50« Oui, ils signifient beaucoup pour moi. »
01:03:55« Désolé. »
01:04:12Le journaliste passe alors à Akinen en lui parlant de la course.
01:04:16Le Finlandais qui consolait Schumacher demande un break.
01:04:25« Call to Ralph, Ralph can continue. »
01:04:37Le journaliste passe alors à Ralph qui lui aussi avait une main réconfortante sur l'épaule
01:04:42de son frère.
01:04:45Schumacher, toujours très discret quant à sa vraie personnalité, se rendait chaque
01:04:50année lors du Grand Prix du Brésil à Sao Paulo au cimetière de Morumbi où repose
01:04:55Senna.
01:04:56J'avais rencontré et sympathisé avec son chauffeur qui m'avait raconté qu'il s'y
01:05:01rendait souvent en compagnie de son épouse Corinna, mais à une seule condition, c'est
01:05:06de ne pas y être vu.
01:05:08Et donc il arrivait souvent que Schumacher attende, patiente très longtemps derrière
01:05:12les vitres teintées avant que la voie soit libre pour aller se recueillir sur la tombe
01:05:17du pilote brésilien.
01:05:20Un autre champion du monde qui fait souvent référence à Ayrton Senna, c'est Lewis
01:05:25Hamilton, un grand fan du pilote brésilien.
01:05:28Au Canada en 2017, il signe le meilleur chrono des qualifications, c'est sa 65e pôle.
01:05:34Il égale le nombre de pôles de Senna et la famille du Brésilien lui réserve une magnifique
01:05:39surprise en lui offrant le casque de son idole.
01:05:51Je tremble d'émotion, je suis sans mots.
01:05:55Ayrton, c'était comme pour la plupart d'entre vous, je suppose, mon pilote préféré.
01:06:00Il m'a inspiré pour être là où je suis aujourd'hui.
01:06:03Égaler le nombre de pôles et recevoir son casque est un énorme honneur.
01:06:06Je remercie énormément la famille Senna et vous tous réunis ici.
01:06:14Senna, malgré les années qui défilent, continue d'inspirer les nouvelles générations de
01:06:19pilotes.
01:06:20Un exemple, Charles Leclerc, la nouvelle star de chez Ferrari.
01:06:23Leclerc est né en 1997, trois ans après le décès de Senna.
01:06:27Pourtant, quand on lui demande s'il a une idole, voici sa réponse.
01:06:32Ayrton Senna, que malheureusement et bizarrement je n'ai jamais vu rouler en vrai, mais mon
01:06:36père était un énorme fan de Ayrton et j'ai toujours eu une admiration pour lui à travers
01:06:42les livres, les documentaires, les on-board que j'ai vus sur Internet.
01:06:47Ça a toujours été une personne qui m'a énormément inspiré.
01:06:49C'est sidérant, l'OTAN n'a pas de prix sur Ayrton Senna.
01:06:53Pas un grand prix dans le monde sans qu'il n'y ait un moment pendant le week-end, une
01:06:57référence à lui.
01:06:58Et au Brésil, tant d'années après, il reste vénéré par toute la population tentative
01:07:04d'explication.
01:07:06Je pense que c'est d'abord son aura, c'est quelque chose qu'on n'explique pas.
01:07:11Là où on ne l'a pas, certaines personnes ont ce charisme, ce rayonnement.
01:07:19J'ai souvent dit que même en le connaissant bien, moi je ne lui tapais pas sur l'épaule.
01:07:27Il imposait de manière naturelle une sorte de distance avec les communs des mortels que
01:07:37nous sommes.
01:07:38C'est assez bizarre à dire et c'est très dur à expliquer.
01:07:41Mais voilà, c'était comme ça, une forme de respect.
01:07:44On ne lui tapait pas sur le ventre en faisant une bonne blague.
01:07:47Peut-être que certains le faisaient, mais moi je ne le faisais pas, même si je le connaissais
01:07:51depuis son plus jeune âge.
01:07:53Donc je pense qu'il y avait ça, cet aura.
01:07:56Il y a tout le côté, c'était un beau garçon, c'était un champion.
01:08:01Il était très intelligent, il avait une manière de communiquer qui était très forte.
01:08:07Un peu pas vraiment comme Alain, parce qu'Alain lui aussi est très fort dans la communication,
01:08:13mais pas du tout sur le même registre.
01:08:16Voilà, tous ces paramètres, je pense, ont fait que c'était un type...
01:08:20Et puis on sentait que c'était quelqu'un de très très généreux.
01:08:24Moi, ce qui m'a toujours étonné chez lui, c'est cet engagement qu'il mettait au volant,
01:08:30sur la piste.
01:08:32Il allait vraiment très très loin et il se mettait parfois en danger, je pense.
01:08:38Je me souviens que c'était le seul type, quand je le voyais à cette époque courir,
01:08:43enfin c'était le seul, peut-être parce que je le connaissais aussi,
01:08:46dont je me disais, il pourrait se faire mal un jour.
01:08:50Alors qu'il était très, contrairement à ce qu'on pense, pas du tout tête brûlée,
01:08:55et très à cheval sur les questions de sécurité.
01:08:57Plein de pilotes l'ont dit et ont fait remarquer qu'il était, au contraire,
01:09:02très très attaché à la sécurité des voitures, à la sécurité sur les circuits.
01:09:07Mais une fois dans la voiture, il mettait tout dans la balance.
01:09:11Donc tout ça a fait que son style, son engagement,
01:09:14le côté très agressif, très spectaculaire, son palmarès,
01:09:18tout ça accumulé font qu'aujourd'hui, effectivement, on voit des rappels de son existence.
01:09:27Et c'est vrai sur tous les Grands Prix, moi ça me marque aussi.
01:09:30Je ne dis pas que ça me choque, mais ça me marque.
01:09:32Un drapeau par-ci, une référence, un pilote qui en parle à un moment ou à un autre.
01:09:36Et c'est vrai qu'il ne se passe pas un week-end de Grands Prix
01:09:38sans que son nom ou son image ne soit ou entendu ou vu.
01:09:43C'est assez troublant.
01:09:45Souvent, lors de nos visites à Sao Paulo pour le Grand Prix du Brésil,
01:09:48on fait le détour rapide par le cimetière de Morumbi où repose SENA.
01:09:52Nous avons aussi eu l'occasion de visiter la Fondation
01:09:56qui, d'une certaine manière, prolonge l'œuvre de SENA et sa volonté d'aider les jeunes Brésiliens.
01:10:02Alors on se trouve Gaëtan ici dans un endroit que peu de gens peuvent voir, peu de gens ont accès.
01:10:08On a l'opportunité de le faire, c'est la Fondation SENA,
01:10:10avec plein plein d'objets qui ont une histoire, on va le voir.
01:10:13Une fondation qu'Gaëtan avait initiée déjà avant son décès.
01:10:17Il faisait énormément de charité de son vivant.
01:10:20Et peu avant sa mort, il avait dit à sa sœur
01:10:23il faut absolument qu'on fasse quelque chose pour aider les enfants du Brésil.
01:10:29Il y a des grandes disparités au niveau de la société entre les riches et les moins favorisés.
01:10:34Il voulait faire quelque chose.
01:10:35Il y a d'ailleurs une phrase qu'on va voir ici dans la fondation
01:10:38où il disait si vous voulez changer quelque chose dans le monde,
01:10:42la première chose à faire c'est de donner une éducation aux enfants.
01:10:46Et donc il avait les petites figurines Sénignas qu'il vendait à l'époque
01:10:51et tous les bénéfices servaient à essayer d'aider les jeunes Brésiliens.
01:10:56Et puis quand il est décédé, sa sœur Viviane et toute la famille SENA,
01:11:00ils ont décidé de poursuivre l'œuvre et de faire une fondation
01:11:04qui a été officiellement créée en 1991.
01:11:08Alors le but c'est quoi ?
01:11:09C'est de donner une éducation aux jeunes Brésiliens.
01:11:12Ce qu'ils font en fait c'est de former des professeurs
01:11:15et ces professeurs donnent une éducation aux jeunes Brésiliens
01:11:20mais ils aident par an un million et demi de jeunes Brésiliens à travers tout le pays.
01:11:25Ce qui est quand même énorme.
01:11:26Et 23 ans après le décès d'Ayrton, ça existe toujours.
01:11:30C'est très scrupuleusement mené.
01:11:32C'est très sérieux.
01:11:33Il n'y a aucun scandale.
01:11:34C'est très clair.
01:11:35Ce ne sont que des fonds privés.
01:11:37Il y a énormément de donations d'entreprises brésiliennes ou étrangères.
01:11:42Donc c'est quelque chose qui marche toujours très bien.
01:11:44Et je crois qu'il y a 140 personnes qui travaillent ici à la fondation tous les jours
01:11:49pour continuer à aider les petits Brésiliens.
01:11:52Oui, cette fondation qui est mise sur l'éducation,
01:11:55il y a beaucoup d'objets,
01:11:56qui rappellent et qui ont vraiment tous une histoire.
01:11:59On voit ici la McLaren d'Ayrton Senna.
01:12:01Ils ont tous une petite histoire avant une grande histoire.
01:12:03C'est assez particulier aussi.
01:12:04Oui, cette voiture-là, c'est la McLaren Honda de 1990.
01:12:09L'histoire, c'est qu'Ayrton avait dit à Ron Dennis, le patron de l'époque,
01:12:13« Mon vieux, je vais gagner sur les terres de Ferrari avec notre McLaren Honda. »
01:12:18Dommage que ça n'existe pas aujourd'hui.
01:12:19Parce qu'il n'y a pas de McLaren.
01:12:21« Sur les terres de Ferrari avec notre McLaren Honda. »
01:12:24Dommage que ça n'existe pas aujourd'hui.
01:12:27Et alors, il avait dit à Ron Dennis, qui était très sceptique,
01:12:31« Si jamais je gagne, mon vieux, tu me donnes la McLaren. »
01:12:35Et donc, il a reçu de Ron Dennis la McLaren.
01:12:37Et c'est, je pense, la seule McLaren qui se trouve aujourd'hui au Brésil.
01:12:42Parce que toutes les autres McLaren sont en Angleterre ou ailleurs en Europe.
01:12:47Mais c'est la seule qui se trouve ici au Brésil.
01:12:50Il y a tous ces objets qu'on va voir un petit peu après aussi.
01:12:53Et puis, très impressionnant, on est chaque fois impressionné aussi quand on vient,
01:12:56il y a une énorme influence qui reste d'Ayrton Senna.
01:12:59Dans les rues, on voit des fresques.
01:13:00Il y a beaucoup, beaucoup de choses qui restent d'Ayrton Senna,
01:13:02malgré que ça fait quand même assez longtemps qu'il est décédé.
01:13:05Mais on l'a vu l'an dernier.
01:13:06On a été au cimetière à Morumbi.
01:13:08Chaque année, pendant le Grand Prix, il y a des gens qui viennent se recueillir sur les latons.
01:13:13On voit en ville encore des fresques, etc., concernant Senna.
01:13:18Et puis aussi, quand vous parlez aux Brésiliens, ça reste une icône, un mythe.
01:13:23Il faut savoir qu'à l'époque, le Brésil était vraiment dans une période économique très compliquée.
01:13:29Et Ayrton avait dit qu'il savait que c'était vraiment un messager.
01:13:33Et donc, c'était le seul Brésilien qui pouvait apporter de la fierté, du bonheur aux Brésiliens
01:13:39qui souffraient dans leur chair dans le pays.
01:13:42Il avait toujours son drapeau brésilien.
01:13:44Il avait une détermination incroyable.
01:13:46Et il disait, moi, à travers le monde, je suis celui qui va apporter cette fierté aux Brésiliens.
01:13:51Il y a plein d'anecdotes aujourd'hui.
01:13:53Les Corinthians, par exemple, le club de foot,
01:13:55ils ont toujours un énorme drapeau pour tous leurs matchs à l'effigie d'Ayrton.
01:14:00Ou lors de grandes manifestations sportives au Brésil,
01:14:03il y a des petits bracelets avec des messages de la détermination qu'avait Ayrton Senna.
01:14:10Je n'abandonne jamais, il faut toujours y croire.
01:14:13Donc, 23 ans après, son empreinte, son influence est toujours bien présente.
01:14:18Côté course, à Interlagos, il y a un grand moment.
01:14:211991, ça reste marqué pour tous les Brésiliens aussi.
01:14:25Ça, c'est vraiment une course incroyable.
01:14:27De 1984 à 1989, il avait essayé de gagner au Brésil, à Rio.
01:14:31Ça n'avait jamais fonctionné.
01:14:33En 1990, à Interlagos, ça n'avait pas marché non plus.
01:14:36Et en 1991, il était à nouveau en pôle avec sa McLaren devant deux Williams,
01:14:41celle de Mansell et celle de Patrese.
01:14:44Il était parti, il était en tête.
01:14:46Et puis, boum, patatra, problème avec la boîte de vitesse.
01:14:49Pour résumer, il se retrouve avec le sixième rapport.
01:14:52Plus que ça, il parvient à résister à Mansell qui abandonne,
01:14:55puis à Patrese, de plus en plus difficile.
01:14:58C'est incroyablement compliqué.
01:15:00Et puis, la pluie arrive.
01:15:01Ça le sauve.
01:15:02Il gagne.
01:15:03Magic, il gagne à domicile.
01:15:05Émotion terrible quand il est dans la voiture.
01:15:07Message avec le team et tout.
01:15:09Il est tellement allé au bout de ses forces qu'il renonce.
01:15:12Il s'arrête dans son tour après la victoire.
01:15:17Et il n'en peut plus.
01:15:18Il ne s'est plus bougé.
01:15:19Et Sid Watkins, le médecin à l'époque, va pour l'extraire de la voiture.
01:15:24On l'amène au podium.
01:15:25Et là, on se souvient de ces images incroyables
01:15:28où il a vraiment toutes les peines du monde à soulever le trophée.
01:15:32Et il dira, mes muscles étaient atrophiés.
01:15:34C'est la seule fois de ma vie où j'ai poussé tellement loin,
01:15:37au-delà de mes limites.
01:15:39Mais quelle fierté pour le Brésil.
01:15:41Ayrton avait enfin gagné son Grand Prix en 1991.
01:15:47Chaque année, lors du Grand Prix à Interlagos,
01:15:49un hommage est rendu à Ayrton Senna,
01:15:51la plus grande joie des spectateurs.
01:15:53L'an dernier, c'est son neveu Bruno, le fils de sa sœur Viviane,
01:15:57qui a eu l'honneur de pouvoir faire quelques tours
01:16:00au volant de la McLaren de son oncle.
01:16:03L'opportunité pour nous d'évoquer avec lui
01:16:05cet incroyable héritage.
01:16:08C'est incroyable.
01:16:10Et puis, cette voiture n'a jamais roulé ici à Sao Paulo auparavant,
01:16:13puisque le Grand Prix se déroulait à Rio en 1988.
01:16:16Et cela va donner à peut-être 99% des gens présents ici
01:16:19l'occasion de voir cette voiture en action pour la toute première fois.
01:16:22Elle est tellement belle, j'ai pu la conduire jeudi
01:16:24pour déjà avoir un premier feeling.
01:16:26Et je suis impatient de pouvoir la conduire avant le Grand Prix.
01:16:28Ça va être incroyable.
01:16:30Vous avez débuté votre carrière en karting
01:16:32avec un très bon professeur, votre oncle Ayrton.
01:16:34Il était comment, professeur ?
01:16:37Un très bon professeur.
01:16:39Le genre de professeur qui veut vous apporter toute son expérience.
01:16:42Et si j'essayais de le dépasser par l'extérieur,
01:16:44il me balançait en dehors de la piste.
01:16:46Je pense qu'il ne m'a rien appris,
01:16:48parce que j'essaye toujours aujourd'hui de dépasser par l'extérieur.
01:16:50Parfois ça marche, parfois pas, mais c'était un super gars.
01:16:53A la maison, il était très relax, très agréable.
01:16:56C'était fantastique d'avoir un oncle comme lui
01:16:58et je suis fier d'être de sa famille,
01:17:00comme je suis exceptionnellement fier de pouvoir lui rendre cet hommage ce week-end.
01:17:04Je suis venu au Brésil à de multiples reprises
01:17:06et 25 ans après sa mort, c'est incroyable de se dire
01:17:09qu'il est toujours présent partout, en ville, sur les murs,
01:17:12dans le programme, sur la piste, dans les esprits de tout le monde
01:17:15et pas seulement les Brésiliens.
01:17:17Comment expliquez-vous cela ?
01:17:23Je pense qu'Ayrton s'est transcendé
01:17:25et est allé au-delà du sportif d'exception qu'il était.
01:17:28C'était une personne spéciale et je parle de sa personnalité.
01:17:31Il a inspiré les gens sur la piste et en dehors.
01:17:34Ayrton, c'était vraiment ça.
01:17:36C'était une source d'inspiration pour les gens de tous horizons
01:17:39et issus des quatre coins du monde.
01:17:41Les gens ont continué à parler de lui,
01:17:43même s'il n'a jamais été aussi exposé
01:17:45que tous ceux qui sont sur les réseaux sociaux aujourd'hui.
01:17:48Au Brésil, il y a toujours sa fondation, bien sûr.
01:17:50On entretient sa mémoire en donnant des cours aux plus jeunes,
01:17:53en leur donnant l'opportunité de recevoir une éducation
01:17:56et si on peut continuer comme ça, son souvenir restera présent à jamais.
01:18:00Vous venez de parler de sa fondation
01:18:02et c'est important parce que c'était sa volonté,
01:18:05mais c'est aussi la volonté de sa famille de continuer dans cette voie
01:18:08et de s'occuper de ceux qui ont eu moins de chance dans la vie.
01:18:11C'est important ?
01:18:12Bien sûr.
01:18:13Ayrton faisait déjà des dons à diverses œuvres de charité
01:18:16quand il était toujours là.
01:18:18Il a eu besoin d'en faire plus parce qu'il ne savait pas où allait son argent.
01:18:21Il voulait en faire plus.
01:18:22Il savait que lui était devenu ce qu'il est devenu
01:18:24parce qu'il avait reçu la bonne opportunité au bon moment.
01:18:27Il serait très fier du boulot accompli par la fondation.
01:18:30Il y a eu plus de 26 millions d'enfants et d'adolescents
01:18:33qui ont profité de ce programme depuis que la fondation existe
01:18:36et on espère pouvoir continuer à le faire pendant longtemps.
01:18:39On verra si ce beau et grand pays parvient à devenir encore meilleur.
01:18:47Est-ce que c'est facile de porter le nom Senna au Brésil ?
01:18:50Parce que, je vous ai vu, quand nous sommes arrivés au circuit,
01:18:53c'est dingue, tout le monde veut une photo, un selfie, un autographe.
01:18:56C'est incroyable.
01:18:59Vous savez, nous sommes tous très fiers de faire partie de la famille d'Ayrton.
01:19:03Je pense qu'avec l'admiration que les gens lui portent,
01:19:06en conséquence, nous sommes reconnus dans la rue.
01:19:09Mais cela prouve la passion que les gens avaient et ont toujours pour lui.
01:19:12Mais c'est chouette, on ressent vraiment cette chaleur
01:19:15et on espère que les gens n'auront jamais ces sentiments envers lui.
01:19:19Une dernière anecdote encore à vous proposer
01:19:22pour peut-être un peu mieux cerner ce personnage fascinant,
01:19:25étonnant, détonnant, captivant, envoûtant,
01:19:28qui avait certainement ses défauts, bien sûr.
01:19:31Un personnage à multiples facettes, comme l'illustre ce dernier témoignage.
01:19:37Ça se passe à Silverstone en 1993.
01:19:42On se souvient que Senna a une voiture qui n'est pas géniale.
01:19:46Enfin, le châssis est top, mais le moteur n'est pas là.
01:19:49Et la voiture favorite, c'est évidemment la Williams.
01:19:53Et à Silverstone, au Grand Prix de Grande-Bretagne,
01:19:57les premiers tours sont d'une violence terrible entre lui et Alain Prost.
01:20:03Mais ce qui se passe juste avant la course m'a vraiment étonné.
01:20:08Je suis dans le stand, à l'époque, je suis dans les stands McLaren,
01:20:12juste avant la préparation de la mise en grille.
01:20:15Et la McLaren est arrêtée, le cockpit avec les ceintures de chaque côté du cockpit.
01:20:23Et dans le cockpit, il y a Bianca, qui est sa nièce,
01:20:28avec le casque de Senna sur la tête.
01:20:32Je vois ça, je me dis, parce que Senna ne laissait à personne le soin
01:20:36de nettoyer son casque, préparer sa visière avant les courses ou avant les essais.
01:20:43Et donc, je me suis dit, là, ça va peut-être râler un peu.
01:20:48Et en fait, il s'est dirigé vers Bianca, qui était vraiment une petite fille à l'époque.
01:20:54Il lui enlève tout doucement le casque, il lui fait une caresse,
01:20:58quelques mots doux, je me souviens, il y avait Viviane qui était là, sa sœur.
01:21:05Et il a des mots très gentils pour sa nièce, qui descend du cockpit.
01:21:12Lui continue à s'occuper de son casque, se prépare,
01:21:18et suivre ses deux ou trois premiers tours d'une violence inouïe en piste,
01:21:24et qui contraste vraiment avec ce que j'avais vu juste avant,
01:21:29cette attention, cette humanité.
01:21:34Je me suis dit, il y a deux types qui habitent ce garçon-là.
01:21:39Vraiment, c'est une image qui me revient souvent et qui m'a beaucoup, beaucoup marqué.
01:21:45Voilà, Ayrton Senna est mort, mais à la fois encore tellement vivant dans nos mémoires.
01:21:50Fin 1993, quelques mois avant son décès, la chanteuse Tina Turner l'avait invitée sur scène
01:21:57lors de l'un de ses concerts Senna.
01:22:00Senna avait-elle dit « Simply the best ».
01:22:03Ma foi, pas grand-chose à ajouter.
01:22:06Senna, « Simply the best ».
01:22:09« Simply the best ».
01:22:39« Simply the best ».
01:23:09« Simply the best ».
01:23:39« Simply the best ».
01:24:09Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org