Le journaliste et écrivain Bernard Pivot, présentateur de l’émission “Apostrophes”, est décédé à Neuilly-sur-Seine à l’âge de 89 ans
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00:00 Quel souvenir vous gardez Jean-Michel de Bernard Pivot ?
00:04 D'un homme adorable, connaisseur d'abord du football, grand connaisseur du football
00:10 et attentif à tout ce qui se faisait autour du football.
00:14 Bernard Pivot m'avait suivi quand j'étais footballeur, quand j'étais en petite culotte courte et avec le maillot vert.
00:22 Il m'a suivi par la suite et il me disait
00:24 "Jean-Michel, il y a deux choses que je ne voudrais plus entendre dans les commentaires de football"
00:30 Donc il m'a même aidé à ce moment là, il m'a dit
00:32 "Surtout, ne parle jamais qu'un joueur a vendanger une occasion"
00:38 Parce qu'il me dit "Les vendanges c'est magnifique et vendanger une occasion au contraire ça devient péjoratif et je ne le supporte pas"
00:46 Alors à partir de là je n'ai plus jamais utilisé cette expression
00:51 et l'autre expression qu'il m'a interdit d'utiliser c'était
00:56 lorsqu'une équipe est acculée sur son but et qu'elle subit les assauts de l'adversaire
01:02 de dire que c'est un match de tranchée.
01:07 Il m'a dit "Non, non, ne me parle pas de ça"
01:10 Donc Bernard Pivot était attentif à tout, mais il le disait toujours avec beaucoup de bienveillance.
01:16 Et c'est un Lyonnais, je suis triste pour les Lyonnais, mais un Lyonnais qui a été un formidable ambassadeur du football
01:26 et notamment du football des Verts.
01:28 Est-ce qu'il t'a donné envie de lire aussi Bernard Pivot ?
01:31 Parce que dans le milieu du football, on n'est pas spécialement porté vers les livres, vers la littérature,
01:37 mais est-ce qu'il t'a ouvert l'esprit à ce niveau là aussi ?
01:40 Je ne suis pas un grand lecteur, le dernier livre que je viens de terminer, qui est de Franz Olivier Gisbert,
01:46 c'est "Une tragédie française" par exemple, mais à la limite, Bernard, il ne donnait pas forcément envie de lire,
01:55 il donnait envie de l'écouter.
01:58 Moi, c'était un animateur paisible, c'était un animateur tranquille, c'était un animateur intelligent.
02:07 Et ces émissions, elles ne valaient pas tellement par le fait qu'elles ne me donnaient pas envie de lire,
02:13 elles me donnaient envie de l'écouter.
02:15 Et écouter Bernard Pivot, c'était un privilège.
02:18 Et je l'ai beaucoup écouté, lorsqu'il débriefait les matchs de la S.A.T.
02:23 Il le disait avec tellement de talent qu'on avait l'impression qu'il aurait pu aussi être entraîneur de football
02:30 parce qu'il le disait toujours formidablement bien.
02:33 Il avait un verbe, il avait un ton, il avait un débit qui faisait qu'il captait l'attention.
02:40 Et un entraîneur qui capte l'attention, c'est forcément un bon entraîneur.