• il y a 7 mois
Un prof qui checke votre temps d'écran ? C'est ce que fait Erwan, prof d'EPS, avec ses élèves : au-delà de 4h par jour sur leur téléphone, ils doivent passer plus de temps au lycée pour faire du sport ou étudier. Il nous explique sa méthode.
Transcription
00:00 Un élève, une fois, je lui dis "Qu'est-ce que tu vas faire ce week-end ?"
00:02 Et il me dit "Bah pas grand chose, t'as pas envie de voir tes potes ?"
00:06 Il me dit "Je les vois sur Snap donc c'est pas très grave."
00:09 Ah oui d'accord, donc on en est là.
00:11 En fait, on a remarqué vraiment une explosion du temps d'écran.
00:15 Des élèves qui avaient tendance à passer énormément de temps dessus.
00:18 En moyenne, ils étaient entre 7, 8, 9, 10 heures.
00:21 Et je me rappelle avoir pris une fois le temps d'écran d'un élève,
00:24 donc c'était pendant le Covid, et j'avais 19 heures de temps d'écran.
00:28 Là, je me suis dit "Waouh, il y a quelque chose qui va pas bien quoi."
00:31 Et du coup, on s'est dit "On va essayer de faire quelque chose un peu plus d'éducatif."
00:34 Donc, toutes les semaines, quand ils arrivent dans la salle,
00:37 on prend leur temps d'écran.
00:38 Nous, on a fixé une barrière à 4 heures.
00:40 C'est quand même un sixième de la journée, donc passer sur un écran.
00:44 Et du coup, l'idée c'est qu'entre 4 et 6, ils viennent une heure de plus
00:47 pour faire soit du soutien, soit du sport sur nos heures à nous.
00:50 6 et 8, ils viennent 2 heures, et au-delà de 8, ils viennent 3 heures.
00:53 Il y a de la musculation, du foot, du basket, du tennis de table,
00:57 tout ce qui est à disposition au lycée.
00:58 Et quand on est en cours d'EPS, ils viennent pratiquer l'activité qu'on fait.
01:02 Il y en a qui sont complètement dans le déni, qui disent "Bon, 6 heures, ça va.
01:05 Bon, 8, 7 heures, ça va."
01:07 D'autres qui effectivement disent "Ah oui, là, j'abuse, je ne me rendais pas compte."
01:12 L'idée, ce n'est pas de leur dire "Il faut supprimer le téléphone."
01:14 Je pense que c'est un formidable outil pour plein de choses.
01:17 Mais au-delà de 4 heures, je pense que du coup, il y a un cumul d'activités
01:21 qui me paraît néfaste pour le bon fonctionnement des ados.
01:24 Mais on est quand même aussi en contact avec les parents.
01:26 Et en fait, ils sont complètement d'accord avec nous.
01:29 On se rend compte que ça crée une dynamique de groupe
01:31 parce qu'on a même des élèves qui viennent avec leurs copains de classe
01:35 pratiquer une activité sans être obligés,
01:37 puisqu'ils ne sont normalement pas convoqués.
01:39 Nous, on fait beaucoup de prévention.
01:40 Donc, on commence l'année en expliquant pourquoi on fait ça.
01:43 D'un point de vue sanitaire, en France, sur la jeunesse,
01:46 donc de plus en plus de surpoids, de la sédentarité,
01:49 manque de sommeil, manque de lien social, etc.
01:52 Ensuite, on a eu des interventions sur le cyberharcèlement.
01:55 On a eu Marie-Claude Bossière qui est pédopsychiatre
01:58 et qui expliquait en gros qu'est-ce que les écrans engendrent sur le cerveau.
02:02 Et l'idée, du coup, derrière, ça serait d'aller encore plus loin
02:06 sur les éduqués, un peu sur les fake news.
02:10 Qu'est-ce qu'on peut trouver sur les réseaux qui est faux
02:13 et qui peut retourner le cerveau de gens ?
02:16 Parce qu'en gros, ils n'ont pas, je pense, encore cette sensibilisation
02:19 qui permet de dire "ça, c'est n'importe quoi" ou "ça, c'est vrai".
02:22 Mon métier, c'est quand même le corps.
02:24 Donc forcément, on a aussi cette volonté de faire en sorte
02:28 que les élèves soient un peu plus moteurs et actifs, en fait.
02:32 Pas forcément sportifs, mais juste déjà actifs.
02:34 Malheureusement, je pense que c'est compliqué
02:36 si on n'a pas un travail avec les parents derrière.
02:39 Et certains, en fait, les parents, souvent, quand on leur annonce
02:42 "bon, votre enfant, il a tant de nombre de temps d'écran
02:45 et en plus de ça, il est en difficulté scolaire",
02:47 ils suppriment.
02:48 Ce que c'est pas, pour moi, c'est pas éducatif.
02:50 C'est pas comme ça qu'il faudrait faire.
02:52 Il existe des applications pour contrôler à distance
02:55 et par exemple, à telle heure, je peux bloquer le téléphone.
02:57 Mais c'est comment on peut faire en sorte de ne pas être addict,
03:00 d'être capable aussi de faire autre chose de leur journée.
03:03 Actuellement, on a trois autres secondes
03:05 qui ont commencé un peu le projet, déjà de récupérer les temps d'écran.
03:08 Et nous, ce qu'on aimerait, c'est avoir ce suivi,
03:11 parce que c'est là où je pense qu'il y a un vrai intérêt éducatif,
03:15 c'est d'avoir le suivi sur trois ans, avec des assos qui viendraient avec nous.
03:18 Par exemple, ça pourrait être sur une heure, faire un engagement citoyen,
03:22 aller dans une maison de retraite ou faire des choses comme ça.
03:24 On avait des associations qui étaient partant avec nous,
03:27 mais ça demandait énormément de temps.
03:28 Et c'est un peu le manque de moyens qu'on a dans l'éducation nationale.
03:31 Donc, il faut une sensibilisation à plus grande ampleur.
03:34 Et je pense qu'il faut aussi réglementer légalement les réseaux.
03:38 Là, actuellement, n'importe quel enfant peut aller sur les réseaux,
03:42 il ne se passe rien.
03:43 Je pense qu'il faudrait une sensibilisation à toutes les générations.
03:45 Moi, j'ai des potes qui sont incapables, par exemple, d'aller au restaurant
03:49 en laissant le téléphone.
03:50 Ils l'ont sur la table, hop, j'ai un message, je regarde.
03:52 Je ne sais pas, ça casse un peu le lien social.
03:54 Et après, il y a des trucs tout bêtes à faire,
03:56 des petits gestes du quotidien qu'on peut faire sur les applis.
03:58 Supprimer les notifications, mine de rien.
04:00 Par exemple, sur les journées de cours, pour les élèves,
04:02 je sais ce que je dis, vous supprimez les notifications.
04:04 Et puis après, il faut vraiment faire attention au sommeil.
04:07 Donc, essayer d'être capable de supprimer les réseaux avant de se coucher
04:11 et éviter de se coucher à une heure, deux heures, comme certains le font.
04:14 [BIP]

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