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00:00Alexandre Godet, bonjour. Vous êtes policier municipal, brigadier chef principal en Essonne, parce que les termes sont très importants.
00:08Merci beaucoup d'être avec nous ce matin, parce que je sais que la nuit fut courte, vous avez terminé votre service à 1h ce matin.
00:15Si j'habite en Essonne, est-ce que j'ai la chance de vous voir dans la rue, ou alors vous êtes dans un bureau, ou alors derrière un mur de caméra ?
00:23Non, dans mon service, nous sommes plutôt sur la voie publique, donc de 8h jusqu'à 1h du matin, pour notre service, donc non, nous favorisons la présence sur le terrain.
00:37Et qu'est-ce que vous faites alors sur le terrain ? C'est quoi vos missions ? Parce que c'est vrai qu'en regardant de plus près, j'ai été assez surprise de l'ampleur du job.
00:46Vous êtes là pour lutter contre les incivilités, ça veut dire stationnement gênant, dépôts sauvages, les crachats, les mégots par terre, il y a quoi d'autre ?
00:54Après, il peut y avoir des infractions à la législation sur les stupéfiants, le code de la route, l'urbanisme, par exemple, l'urbanisme ça peut être sur le respect des surfaces des terrasses,
01:08parce que les commerçants payent une taxe aux communes, et dans certaines communes, il y a un service pour ça. Après l'urbanisme, constatez des constructions qui n'ont pas lieu d'être.
01:22Qu'est-ce qui vous prend le plus de temps dans votre mission ?
01:28On n'a pas vraiment des missions, comme vous dites, on a beaucoup de missions.
01:33C'est trop ?
01:34C'est trop, non, c'est pas trop, parce que ça évite justement de rester assis dans le véhicule et à, comme on peut dire, brûler du gasoil.
01:41Donc non, non, on a vraiment une part à jouer dans la sécurité, et notre objectif principal, oui, c'est d'être très présent sur la voie publique.
01:53Alexandre Godet, vous allez aussi devoir assurer la sécurisation des JO qui arrivent, ça va être une mission de plus pour vous, les policiers municipaux ?
02:03Effectivement, c'est une mission de plus, mais actuellement, on a quelques revendications sur notre volet social,
02:12parce qu'on sait très bien qu'au niveau des JO, beaucoup d'effectifs de police nationale vont monter sur Paris.
02:19Par exemple, sur ma circonscription, on sait que tous les jours, il y aura entre une dizaine et une quinzaine, plutôt une quinzaine, voire une vingtaine d'agents de police nationale,
02:30qui vont monter sur Paris pour sécuriser les JO.
02:34Donc automatiquement, quand les personnes vont faire le 17, qu'il ne va y avoir qu'une seule patrouille ou deux sur la circonscription,
02:41ils vont se retourner sur les policiers municipaux, et donc là, ça va être à nous de répondre à tous les appels, malgré que les personnes fassent le 17.
02:50Et vous allez pouvoir répondre à tous ces appels ?
02:52Oui, bien sûr.
02:53Vous êtes en capacité de le faire, ou ça vous inquiète ?
02:56Tout va dépendre des communes. Je sais que sur ma commune, on tourne à six agents par jour,
03:03donc ça fait deux patrouilles de trois agents sur une ville entre 20 000 et 25 000 habitants, donc on pourra parfaitement répondre.
03:12Maintenant, c'est sûr qu'on va être très sollicités, et ce qu'on souhaite, c'est cette reconnaissance.
03:17C'est un bonus, c'est une indemnité. Vous menacez de faire grève, du coup, pendant les JO ?
03:22Alors, dans certaines communes, oui, de ce que je peux voir un peu sur les réseaux sociaux.
03:27Certaines communes ont déjà déposé des préavis de grève.
03:33Des préavis de grève, par exemple aux grèves des PV ?
03:35Alors, la grève des PV, qui est toujours à l'heure actuelle, mais normalement, sur Marseille, il y a...
03:44Et en Essonne, chez vous ?
03:46En Essonne, non, on n'est pas impacté plus que ça par les JO.
03:50Donc, vous ne ferez pas grève en Essonne ?
03:54Pour le moment, non. Après, on ne sait jamais.
03:56Si un mouvement de dernière minute se met en place, on peut parfaitement faire grève dans l'Essonne ou dans la France entière.
04:03Alors, on va revenir sur vos missions, Alexandre Godet, et on interroge aussi les auditeurs ce matin pour savoir quel regard ils ont sur vous,
04:10s'ils vous connaissent bien, vous, les policiers municipaux, cette police de proximité.
04:15Vous avez la parole au 01-42-30-10-10.
04:17Oui, bien sûr, avec les problèmes du quotidien, ça peut concerner la circulation aux feux rouges, les carrefours, les rues bloquées, le stationnement,
04:23les crottes de chiens, les mégots jetés, ou alors les crachats, tout ça fait partie de votre quotidien.
04:27Janine, bonjour.
04:29Bonjour.
04:30Vous êtes au Plessis-Robinson, vous vous dites, on a une bonne police municipale.
04:35Absolument.
04:37Dans votre quotidien.
04:38Absolument, nous avons une bonne police municipale.
04:40Moi, je ne les connais pas spécialement, parce que je n'ai pas eu à faire beaucoup à eux, une fois seulement.
04:46Mais bon, ils sont dans la rue, même la nuit, ils passent la nuit aussi.
04:52Et puis, ça c'est une sécurité, pour la nuit.
04:57Nous sommes quand même une commune au Plessis-Robinson, assez calme.
05:01On n'a pas trop de, comment dirais-je, trop de...
05:06De perturbations, la nuit ?
05:08Oui, quand même.
05:10C'est vrai, il y a des jeunes qui, des fois, vont dans les halls la nuit, jusqu'à 3 ou 4 heures.
05:16Moi, j'en ai un peu plus loin, dans ma rue, qui sont souvent dans les halls.
05:20Et ça, ça pose un problème, bien sûr.
05:22Ils appellent la police municipale, et en fait, ils viennent aussitôt.
05:28Mais c'est vrai que de ce côté-là, il n'y a pas de soucis.
05:33Ils sont très aimables, très gentils.
05:35Ils nous disent toujours bonjour quand on les rencontre.
05:37Il n'y a pas de problème de ce côté-là.
05:39Enfin, pour moi, je n'ai pas à me plaindre.
05:41Merci, Jeannine.
05:43J'entends autour de moi des personnes qui ont eu le besoin de faire beaucoup plus que moi,
05:50qui étaient contentes de la police municipale.
05:55Merci pour votre appel, Jeannine.
05:5601 42 30 10 10.
05:58On évoquait le 17, quand on appelle la police nationale.
06:01Il y a un numéro dans chaque commune pour appeler la police municipale ?
06:04Effectivement, chaque commune dispose de son propre numéro d'appel.
06:08Pour certains services, on voit des fois le numéro qui est affiché carrément sur le véhicule.
06:14Le numéro a 10 chiffres.
06:16Mais oui, chaque commune dispose de son propre numéro.
06:20Et vous êtes en lien avec la police nationale ?
06:22On est en lien, oui.
06:24Par exemple, généralement, le commissariat de secteur ou la gendarmerie de secteur
06:29a à disposition une radio pour justement établir la communication
06:33entre le commissariat ou la gendarmerie d'où l'on dépend et notre service.
06:38Alexandre Godet, ça a dû vous faire plaisir le témoignage de Jeannine.
06:42Ça prouve que vous êtes apprécié, qu'il y a un vrai contact, une vraie proximité avec la population.
06:48C'est comment le climat dans la rue ?
06:50Vous avez un bon rapport justement avec les habitants, ça se passe bien ?
06:54Ou alors, ça se dégrade ?
06:57Non, le climat, ça se passe très bien avec les habitants.
07:01On s'arrête, on prend le temps de discuter avec les personnes.
07:06On a des personnes qui nous remercient.
07:08Les personnes qu'on va verbaliser ou autres, automatiquement, ça se passe moins bien.
07:14Mais non, dans l'ensemble, on a quand même beaucoup de remerciements vis-à-vis de la population.
07:24Et juste pour lever un tabou, est-ce que vous avez des quotas à respecter quand vous verbalisez les stationnements ?
07:31Non, les stationnements ou autres, on n'a pas de quotas ou de primes à la verbalisation.
07:36En tout cas, pour mon service concerné, non, pas du tout.
07:39Alexandre Godet, j'aimerais qu'on revienne sur votre métier qui s'équipe de plus en plus technologiquement.
07:45On l'a vu, à Garges-les-Gonesse, il y a un centre de supervision qui a été inauguré,
07:49donc ces murs de caméras de vidéosurveillance.
07:53Est-ce que pour vous, cette révolution technologique, c'est un plus, un soulagement, ou vous avez peur qu'elle vous remplace ?
08:00Non, les caméras ne pourront jamais nous remplacer sur la voie publique.
08:04Les caméras sont importantes à partir du moment où derrière, il y a une personne,
08:08parce que ça va nous faire des yeux en plus sur la commune.
08:13Quand on voit le nombre de certaines caméras sur certaines communes, ça aide beaucoup.
08:19Vous en avez ?
08:20Oui, on en a environ 70 et ça va passer à 100.
08:26Donc ça aide beaucoup.
08:28Si on est situé à l'opposé de la ville, ça nous permet d'avoir un visuel sur la zone à intervenir,
08:35savoir si on peut intervenir en sécurité et savoir ce qui se passe à l'instant T.
08:41Donc ça vous épaule ?
08:43Oui, ça nous épaule beaucoup, c'est une véritable aide pour nous.
08:46En amont de l'intervention, vous avez déjà des images et vous êtes en mesure de pouvoir amorcer tout ça.
08:510 à 42 30 10 10, Annie est à Thieu. Annie, bonjour.
08:55Oui, bonjour.
08:56Vous aussi, vous avez une belle image, une bonne image de la police municipale.
09:01Oui, c'est la police municipale de Ville-Parisie où j'ai eu un problème avec une personne de ma famille
09:07qui était décédée depuis trois jours chez elle, enfermée chez elle.
09:11La première réflexe a été d'appeler la police nationale.
09:15Ils m'ont répondu qu'ils n'en avaient rien à faire parce qu'il n'y avait pas eu effraction.
09:20Les pompiers n'ont pas le droit d'ouvrir une porte.
09:24Donc on a appelé la police municipale qui, eux, sont venus, ont réussi à ouvrir la porte,
09:30m'ont aidé pour faire déplacer un médecin pour un constat de décès.
09:37J'en ai appelé 15, ils ne sont jamais venus.
09:40Donc c'est la police municipale qui m'a aidée vraiment jusqu'à la fin,
09:44jusqu'à temps que le corps puisse partir par les pompes funèbres.
09:49Vraiment, ils ont été inserviables.
09:52Ils sont restés, je ne sais pas, plus de cinq heures avec moi pour m'aider vraiment jusqu'à la fin.
09:58Et vraiment, je les remercie.
10:00Là, on est vraiment dans le quotidien parce que ça peut nous arriver vraiment à tout le monde.
10:04Vraiment, votre histoire, elle fait écho à tout le monde ce matin.
10:07Nathalie, merci de l'avoir partagé sur France Bleu Paris.
10:09On parle de la police municipale.
10:11Les croisez-vous ? Comment les trouvez-vous au quotidien ?
10:1301, 42, 30, 10, 10, c'est le numéro de France Bleu Paris.
10:16Finalement, Alexandre Goné, vous n'avez pas besoin de faire la pub de la police municipale,
10:19parce que c'est aussi votre rôle, je précise,
10:23puisque vous vous occupez de faire rayonner, de promouvoir la police municipale
10:28au sein de la Fédération Nationale des Policiers Municipaux.
10:30Mais avec tous ces témoignages ce matin, finalement, vous pouvez compter sur les habitants.
10:35C'est quoi le plus dur pour vous en tant que policier municipal ?
10:38Votre mission peut-être la plus difficile ?
10:41Après, les missions les plus difficiles, ça va être les missions qui touchent les personnes, les individus.
10:47Comme là, par exemple, une personne qui va nous appeler.
10:50Oui, la personne ne répond plus aux appels.
10:53Donc après, on sait, la plupart du temps, ça se passe bien,
10:56parce que c'est une personne qui ne répond pas, qui n'envoie pas de message ou autre.
10:59Mais derrière, oui, on peut très bien tomber sur une personne qui est décédée
11:04depuis plusieurs jours, plusieurs semaines.
11:07Mais le métier, est-ce qu'il a changé ?
11:09Est-ce que les infractions, les incivilités ont changé ?
11:13Pour ma part, je suis policier municipal depuis 2016.
11:19Je pense qu'en discutant avec mes collègues qui, eux, sont depuis des années en police municipale,
11:26pour eux, le métier a beaucoup évolué en termes de délinquance et d'intervention sur la voie publique.
11:33Et ça, c'est un problème ?
11:35Alors, c'est un problème, on va dire actuellement, oui,
11:38parce qu'on en reviendra toujours au même sujet.
11:40Concernant notre retraite, on nous sollicite de plus en plus.
11:45Actuellement, avec le plan Vigipirate, le ministre de l'Intérieur, via les préfets,
11:53vous devez faire aussi de la surveillance des lieux de culte.
12:00On est en risque d'attentat.
12:02Ça rentre dans vos missions, ça ?
12:04Alors, ça peut rentrer dans nos missions, effectivement,
12:06mais qui dit risque d'attentat, dit qu'on fasse des personnes qui peuvent être potentiellement armées,
12:13d'armes, ce qu'on peut dire type Kalachnikov.
12:16Vous n'êtes pas armé pour ça ?
12:19On n'est pas armé pour répondre à une attaque de ce type-là.
12:23Pas armé du tout ?
12:24Alors, pas armé du tout, non.
12:26On a l'arme létale, qui est le 9mm,
12:28mais il faut savoir que certains maires demandent aux policiers municipaux
12:34de sécuriser des lieux de culte alors qu'ils ne sont pas armés.
12:39Donc après, question, qu'est-ce qui se passe le jour qu'il va y avoir une attaque ?
12:44Bien sûr, c'est des attaques qui sont très minimes,
12:47mais ça peut toujours se produire, et ça s'est déjà produit.
12:49En tout cas, vous, vous militez pour le port d'armes, pour armer la police municipale.
12:5460% de la police municipale est armée en Île-de-France.
12:57En France, pardon, combien en Île-de-France ?
12:59Je ne peux pas vous dire, mais beaucoup de services sont armés,
13:04et même maintenant, on peut dire, en dehors de l'Île-de-France,
13:10l'armement augmente beaucoup.
13:13C'était un rêve de gosse d'être policier, vous ?
13:15Non, pas du tout. A la base, je voulais être sapeur-pompier.
13:19Et du coup, je suis parti 4 ans sur Marseille,
13:22et ensuite, j'ai fait une réorientation,
13:26et je m'étais renseigné un peu sur la police municipale, police nationale, douane.
13:30Et du coup, en discutant, je me suis orienté vers la police municipale.
13:34Mais il y avait toujours cette fibre pour venir en aide à l'autre.
13:37C'est ça, c'est ça.
13:39Et vous êtes toujours motivé, plus que jamais ?
13:43Toujours motivé, oui, bien sûr, toujours motivé.
13:45Maintenant, on entend beaucoup parler,
13:47là, actuellement, il va y avoir le Beauvau des polices municipales,
13:50où on va nous rajouter des prérogatives,
13:52on va nous demander de faire plus,
13:54mais beaucoup de collègues souhaitent faire plus,
13:56et veulent faire plus,
13:58mais d'un côté, on arrive encore au même sujet,
14:00qui est notre retraite.
14:01Pas payer plus ?
14:02Non, pas payer plus, c'est avoir une retraite descente qui va avec.
14:06Merci beaucoup, Alexandre Godet, d'avoir été avec nous ce matin,
14:09sur France Bleu Paris.
14:11Merci à vous.
14:13Après votre longue journée de service.
14:15Oui, puisque vous avez quitté le service à 1h du matin.
14:17C'est ça.
14:18Sieste rapide, douche, et vous étiez avec nous ce matin.
14:20C'est ça, et à 13h, j'y retourne.
14:22Eh bien, bon courage à vous, et on salue peut-être les patrouilles
14:25qui nous écoutent, qui écoutent France Bleu Paris.