Mercredi 1er mai, jour de la fête du travail, sortait en salle "Petites mains" de Nessim Chikhaoui, comédie sociale dans laquelle Corinne Masiero et Lucie Charles-Alfred incarnent des femmes de chambre d’un grand hôtel en lutte pour de meilleures conditions de travail.
Lutte des classes, manque de considération auquel font face les invisibles de notre « système capitaliste et patriarcal »… Rencontre avec deux actrices complices et engagées.
Lutte des classes, manque de considération auquel font face les invisibles de notre « système capitaliste et patriarcal »… Rencontre avec deux actrices complices et engagées.
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00:00Vous l'aurez compris, ça parle de sororité, de solidarité et de dure lutte, car la vie est une dure lutte.
00:08Voilà, et la lutte paye.
00:10Y'en a marre d'être invisibles, y'en a marre qu'on nous exploite.
00:15Tu crois que ça sert à quelque chose tout ça ? Tu crois vraiment qu'ils vont faire bouger les choses là ?
00:19Tous les travailleurs et travailleuses qu'on rend invisibles dans la société,
00:24comme on dit, les petits boulots, mais qui sont complètement essentiels à l'avancée de la société,
00:33de comment fonctionne le monde, et pour nous toutes, on l'a vu notamment avec le Covid,
00:38où ce qui restait ouvert, c'était le supermarché, les hôpitaux, c'est ça les petites mains.
00:45Les livreurs, les livreuses, oui, et on en passe.
00:50Quand on dit petites mains, on dit pas grandes mains, c'est petites mains comme si c'était des gens
00:55dont la vie n'était pas importante, dont le travail n'était pas important,
00:58des gens qu'on peut déplacer au gré des changements de patrons,
01:05ou de grosses boîtes qui rachètent des hôtels, en l'occurrence c'est ce qui se passe dans le film.
01:10Voilà, des petites gens, des petites mains qui en ont marre d'être considérées comme petites,
01:16et qui réclament à corps et à cri le droit d'exister et d'avoir des droits au travail, des droits pour les papiers.
01:34C'est des meilleurs salaires, des meilleures conditions de travail, des lèvres-lits par exemple.
01:40C'est une écoute, c'est de la considération.
01:43Oui, des respects du temps de travail, du temps de loisir, des temps de respect de la personne physique,
01:49c'est-à-dire d'arrêter de leur faire faire 150 000 trucs, 150 000 lits en une heure, sans repos, et de les rendre malades physiquement.
02:00Dans le film, on le voit très bien, on a un aspirateur sur 6 femmes de chambre qui doit faire 5 à 6 chambres en une heure.
02:09Comment c'est possible ?
02:10Il y a aussi les produits ménagers. Elles doivent rapporter, elles, leurs propres produits ménagers, donc encore de l'argent dépensé.
02:15J'ai été marquée par la phrase suivante, tu ne vaux même pas un demi-coca. Qu'est-ce qui vous inspire ?
02:21Elle me dit, tu ne vaux même pas un demi-coca, parce que les prix sont hallucinants dans un palace.
02:25Et c'est vrai que c'est comparé à l'argent que je prends à l'heure, et qui ne vaut même pas en plus ce coca.
02:35Et donc, oui, c'est hallucinant.
02:39Je préfère avoir un dos en vrac qu'un dos au chômage, tu vois ce que je veux dire ou pas ?
02:42Ce qui arrive la plupart du temps, notamment chez les gens qui font du ménage, tu te niques tout.
02:49Tu te niques les articulations, le dos, les genoux, le mental.
02:54Simone, c'est une femme qui se bat en continu pour survivre, pour vivre.
03:00Elle préfère avoir un dos en vrac qu'un dos au chômage, parce qu'en fait, ça fait super peur de se retrouver sans rien, dans l'inconnu du rien.
03:08Tout part à volo. Parfois, il y a des gens qui préfèrent être comme ça, c'est-à-dire être une loque physiquement,
03:17devenir une loque, quelque chose qui va crever, plutôt que d'être sans rien.
03:23La faute ne vient pas aux gens qui pensent ça. La faute, c'est au système dans lequel on vit,
03:28système capitaliste et patriarcal, qui fait qu'on a juste à dire « ah oui, c'est comme ça que ça se passe, on y va »,
03:34et puis on est dans cette espèce d'enchaînement.
03:37Franchement, je ne comprends pas ce que tu as contre elle. Tu sais ce qu'elle revendique ?
03:40C'est pour avoir de meilleurs salaires, des meilleures conditions de travail.
03:42Le personnage d'Eva, joué par ma camarade, est une personne qui, à mon sens, est le symbole de la nouvelle génération.
03:50C'est-à-dire des gonzesses, qu'elles soient cis ou trans, qui commencent à se dire « le monde va mal »
03:56au niveau économique, au niveau sociétal. Elle va amener toute sa beauté intérieure, son énergie,
04:04à transmettre à l'ancienne génération que je représente, moi.
04:08Pour moi, elle représente, son personnage représente l'espoir dans notre société.
04:12C'est beau. Avec l'aide que tu m'apportes aussi dans le film.