7 MINUTES POUR COMPRENDRE - Les vignes ravagées par la grêle

  • il y a 4 mois
Les orages qui ont frappé le nord-est de la France ce mercredi 1er mai ont fait au moins un mort et causé d'importants dégâts, déroutant des vols à destination des aéroports parisiens ou endommageant des exploitations en Bourgogne. La violence des grêlons a ravagé des vignes à Chablis.

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Transcript
00:00 On retournerait donc au bilan après le passage de ces orages dits "supercellulaires", accompagnés de grêlons de taille très impressionnante.
00:08 On va voir ça dans quelques instants.
00:10 Il y a trois points en fait ce matin.
00:12 Région parisienne avec des dégâts, mais un peu moins que dans le secteur de Chablis, où les vignes ont été en grande partie dévastées.
00:21 Et on va voir ça dans quelques instants avec Cédric Frèche, le reporter de première édition.
00:25 Mais d'abord, cette victime recensée dans le département de Lenne.
00:29 Et ces images que vous voyez extrêmement impressionnantes, ça s'est passé près de Soissons.
00:34 En fait, cette femme de 57 ans était chez elle.
00:37 Il y a eu une coulée de boue, un phénomène de ruissellement qui venait des hauteurs.
00:41 Et c'était tellement puissant que la maison a littéralement été éventrée.
00:45 Cette femme a été emportée.
00:46 Son corps a été retrouvé à des centaines de mètres, nous disait tout à l'heure la préfecture.
00:50 Son mari était également à l'intérieur.
00:52 Il a été blessé.
00:53 Il est hospitalisé.
00:54 C'est quelques maisons seulement qui ont été touchées dans le quartier.
00:59 Avec ces images extrêmement impressionnantes, le mur qui a disparu.
01:03 - Voilà, il est important de dire que ce n'est pas une rivière, un cours d'eau qui a débordé,
01:06 mais bien de l'eau de ruissellement venu des hauteurs,
01:09 qui a donc emporté une partie de cette maison, la façade,
01:12 et qui a donc tué cette femme de 57 ans.
01:15 Cédric Frèche, le reporter de première édition,
01:17 arpent depuis très tôt ce matin le vignoble de Chablis.
01:21 - C'est un fleuron français, le Chablis, évidemment.
01:25 Et on est très touchés, très émus par tous les témoignages ce matin de ces vignerons,
01:31 qui en ont vu quand même depuis le début de l'hiver, des vertes et des pas mûrs,
01:34 parce qu'il y a eu les inondations.
01:35 - La crue du Sorin, le gel la semaine dernière.
01:38 Alors, ils avaient en grande partie réussi à s'en tirer grâce aux bougies,
01:42 aux chaufferettes, à l'aspersion d'eau.
01:44 Mais là, malheureusement, la grêle, c'est trop compliqué.
01:47 - Gros dégâts, Cédric.
01:50 - Oui, gros dégâts.
01:52 Là, on est sur des vignes de premier cru de Chablis.
01:54 Derrière nous, c'est Chablis.
01:56 Tout a été détruit là autour de nous ou il reste quoi, là ?
02:00 - Presque tout a été détruit par la grêle.
02:02 - Ça a duré longtemps, hier ?
02:04 - Environ une dizaine de minutes.
02:06 - C'est tout ? - Oui, c'est tout.
02:07 - Avec, on disait, des grêlons gros comme entre une balle de golf et une balle de tennis ?
02:11 - Tout à fait.
02:12 - On va voir les dégâts sur votre vigne, c'est ce qu'on fait depuis ce matin.
02:14 Les vôtres, elles m'ont l'air...
02:16 Je ne sais pas si ça vous rassure beaucoup, mais un peu moins touchées que celles que j'ai montrées à 6h et 7h.
02:21 Mais quand même, vous n'en tirerez pas de 20 de cette année de ces vignes-là ?
02:26 - Non, non, non.
02:28 Tout a personnellement été détruit, comme on peut le voir juste ici.
02:32 - Alors ça, c'est quoi ?
02:34 - Là, on voit les inflorescences.
02:36 - C'est-à-dire du futur raisin, on voit les petits grains.
02:38 - Exactement, tout à fait.
02:40 - Alors, vous me disiez, bon, ça fout les boules.
02:43 Oui, je comprends pourquoi.
02:45 - Ça veut dire qu'il n'y aura pas de chablis 2024 ?
02:48 - Très peu.
02:50 - Et vous allez avoir énormément de boulot.
02:52 C'est-à-dire, il vous reste quoi à faire sur cette vigne ?
02:54 Parce qu'elle est vulnérable, elle est blessée, vous me disiez.
02:56 - Oui, tout à fait.
02:58 On va avoir des gros problèmes au relevage.
03:01 Le relevage, c'est le fait de maintenir la vigne dans le palissage.
03:04 - Parce que ça va repousser ?
03:05 - Voilà, en forme de buisson.
03:07 - Et ça, c'est pas bon, le buisson ?
03:08 Ça va partir dans tous les sens, en gros.
03:09 - C'est pas bon, exactement.
03:11 On va peut-être aussi avoir des problèmes de maturité à l'avant-dange.
03:14 Moins de photosynthèse.
03:16 Et on va surtout avoir des gros problèmes de taille pour l'année d'après.
03:20 Qui va engendrer aussi une baisse de rendement pour le futur millésime.
03:25 - Parce que vous êtes en train de me dire que 2024, c'est mort, il n'y aura pas de chablis.
03:28 - Tout à fait.
03:29 - Et 2025, il sera peut-être moins bon à cause de cette année.
03:32 - Tout à fait.
03:34 - Et là, votre boulot, ça va être quoi ?
03:36 Il y a des maladies qui risquent de se mettre, c'est ça ?
03:38 - Oui, tout à fait.
03:39 Il va falloir surveiller les champignons, le mildiou, l'oïdium, car elle est très vulnérable.
03:46 - Voilà, et donc c'est ce que vous disiez tout à l'heure, Christophe.
03:49 Il y a eu de la grêle déjà, moins qu'aujourd'hui.
03:53 Et puis il y a eu aussi des épisodes de gel il y a 10 jours.
03:56 - Marie-Josée Vaillant, madame la maire de Chablis.
03:58 Je vous regardais écouter avec une certaine émotion le témoignage de ce viticulteur.
04:07 - Oui, je regarde avec émotion parce que nous, nous sommes dans le même état d'esprit.
04:11 Effectivement, habituellement, ce sont des orages de grêle qui touchent une vigne, deux vignes, enfin quelques vignes de quelques viticulteurs.
04:18 Sauf que là, la cellule de grêle était tellement importante que c'est tout le vignoble qui a été touché.
04:22 Et donc, comme le disait mon prédécesseur, la vigne est blessée pour un an ou deux.
04:29 Et il va falloir malgré tout faire tout le travail qu'elle nécessite et la penser.
04:34 - Vous avez traversé un hiver, madame, enfin je pense évidemment aux agriculteurs, aux viticulteurs, épouvantable.
04:40 - Oui, ça a été très très compliqué entre les crues, deux crues successives pour la ville de Chablis.
04:49 Là, on a été touché sur trois quartiers.
04:52 Et puis un épisode de gel, donc voilà encore une difficulté.
04:57 Et puis là, la grêle, moi de mon vivant, je n'ai jamais connu un épisode de grêle aussi important.
05:02 - Il y a des dégâts aussi en ville ?
05:05 - Alors en ville, les dégâts, s'il y en a, on ne les a pas encore découverts, on ne nous a pas appelés.
05:12 Mais on a surtout eu des rivières de glace qui se promenaient dans certaines rues.
05:18 Mais ce matin, a priori, tout allait bien.
05:21 - Alors c'est ça qui est impressionnant Stéphane Schmitt, c'est que non seulement il y a eu beaucoup de grêle,
05:25 mais cette grêle est restée ce matin relativement abondante dans les vignobles.
05:30 Dans les vignobles, ça s'explique comment ?
05:33 - En fait, ça s'explique par un type d'orage assez particulier.
05:39 Vous l'avez mentionné tout à l'heure, on est vraiment sur un orage supercellulaire.
05:43 Donc sa particularité, c'est sa durée.
05:46 L'épisode commence vers 17h, finit aux alentours de 2h du matin.
05:51 Il y a encore aujourd'hui, à un moment où je vous parle, une activité orageuse dans l'est de la France.
05:56 Donc c'est sa durée et puis c'est l'intensité, le vent tourbillonnant qu'on a à l'intérieur du nuage
06:06 qui va générer ces phénomènes intenses et sévères.
06:10 - Ce sont des choses qu'on ne voyait pas avant ça, si ?
06:13 - Alors si, on en avait, mais il est vrai que ces dernières années,
06:19 on assiste à une précaucité des situations orageuses.
06:24 Et pour vous situer un petit peu le type d'événements qu'on a vécu,
06:29 cette année, on a deux épisodes qui entrent dans le top 10 des plus fortes activités orageuses
06:39 pour la saison sur les 30 dernières années.
06:41 C'est-à-dire qu'on a eu le 8 avril et là, on a ces épisodes qui sont arrivés hier.
06:46 - On va retrouver Cédric Fech. Cédric, avec ce viticulteur,
06:50 il est assuré, il y a un espoir d'être indemnisé avec tout ce qui est perdu, là ?
06:56 - Non, lui, il n'est pas assuré. C'est ce que me disait tout à l'heure son père.
07:00 C'est-à-dire qu'ils ont la chance d'avoir beaucoup de vignes et d'avoir du stock.
07:04 Donc, si vous prenez 10 ans, sur 10 ans, vous avez, je ne sais pas,
07:09 si vous avez 6, 7 très bonnes années et puis 4 mauvaises années,
07:13 on va dire que ça fait une moyenne plutôt haute.
07:15 La viticultrice avec laquelle j'étais tout à l'heure à 7 heures, elle est assurée.
07:18 Donc, elle, elle s'en sort aussi plutôt bien.
07:21 Elle va rentabiliser, en fait, les lourdes charges d'assurance tous les ans.
07:24 Mais le père de Paul-Etienne me le disait tout à l'heure, le pire,
07:27 c'est pour ceux qui viennent de s'installer, qui n'ont pas les moyens de s'assurer
07:31 et qui n'ont pas le stock pour lisser une année comme 2024 où il n'y aura pas de revenus.
07:35 Et pour eux, c'est très, très, très compliqué.
07:37 - La maire va évidemment demander, sans doute, le classement de la commune en zone sinistrée.
07:42 On a une grosse pensée, évidemment, pour tous ces viticulteurs,
07:44 mais viticulteurs, mais aussi agriculteurs.
07:47 Je ne sais pas comment on peut les aider, mais peut-être en achetant un peu plus de chablis
07:50 et qu'on consommera avec modération, puisqu'il faut le dire.
07:53 Merci infiniment à tous et bon courage, parce que vraiment, c'était les sept plaies d'Egypte
07:58 pour le chablis ces dernières semaines ou ces derniers mois.

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