• il y a 7 mois
Après ses échecs aux Jeux olympiques de Rio (2016) et Tokyo (2021), Nicolas Mahut s'est fixé, à 42 ans, un dernier grand objectif dans sa carrière de joueur de tennis professionnel : se qualifier pour les JO de Paris et ramener une médaille, qui manque à son immense palmarès en double.

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Transcription
00:00Le plus dommageable c'est l'image qu'on a laissé de notre sport dans ces jeux là.
00:24On a la médaille de Diep à Sydney qui est extraordinaire, on a la médaille d'argent
00:32d'Amélie à Athènes, on a ce parcours fantastique à Londres avec deux médailles.
00:36Donc on était en train de montrer qu'on était vraiment un sport olympique, en tout cas en
00:42France ça devenait quelque chose de majeur et là en 2016 en deux jours on fout tout en l'air
00:47pratiquement. L'échec sportif il peut arriver à partir du moment où tu donnes le maximum,
00:53à partir du moment où tu peux te regarder dans une glace, moi ça me pose pas de problème. Là je
00:58pense qu'on a failli dans la préparation de manière collective et évidemment que individuellement on
01:05n'a pas répondu aux attentes. On est arrivé aussi à un moment où je pense qu'on était très fatigué
01:10avec Pierrug, on avait gagné Indian West, Miami, Monte Carlo, demi-finale à Madrid, on avait gagné
01:16le Queens, on avait gagné Wimbledon. Le lendemain de Wimbledon on était partis pour jouer notre
01:21rencontre de coupe de vis qu'on avait gagné contre les Tchèques, on avait gagné en 5-7 et derrière je
01:25pense qu'on n'avait pas récupéré parce qu'on est reparti pratiquement tout de suite après au JO.
01:30Donc je pense qu'on a eu un petit contre-coup émotionnel et physique aussi mais dans la
01:35préparation on n'avait pas été au niveau. Les Jeux olympiques au tennis c'est très particulier parce
01:40qu'on se retrouve dans un environnement, un encadrement qui est complètement différent de
01:45ce qu'on vit à l'année. On n'a pas nos staffs respectifs, on n'a pas les mêmes habitudes, on se
01:50retrouve dans une chambre, dans un appartement avec trois chambres de deux alors que tout le
01:55reste de l'année on est à notre chambre individuelle donc les moments où on est tout seul pour se
01:59reposer sont importants aussi et là on doit vivre tous ensemble avec des rythmes différents. Tu
02:03te doutes bien qu'un gars comme mon fils n'a pas les mêmes habitudes, les mêmes rythmes de vie que
02:08moi. Donc dans la préparation c'est compliqué et oui il y a eu l'histoire des tenues avec les
02:14filles la veille de notre match, il y a eu Benoit qui s'est fait exclure par la fédération donc
02:20vraiment c'est un souvenir très négatif. Ce qui est évidemment le pire parce qu'on va au-delà du
02:28sport, on a eu le décès de notre kiné Patrick Bordier au village olympique. En fait c'est un
02:33moment humain très difficile à vivre, là on dépasse le cadre des Jeux olympiques c'est à
02:38dire qu'on a un membre du staff qui décède à côté nous donc là ces Jeux là c'était horrible.
02:46Franchement on est arrivé dans les meilleures dispositions, on venait de gagner Roland,
02:54on venait de gagner le Queens, on sentait qu'on faisait peur et là Pierre-Hugues se blesse au
02:59deuxième tour de Wimbledon et à partir de là c'est la course contre la menthe. Il essaie de se
03:04remettre, je crois qu'il a eu dix jours d'arrêt. L'inquiétude elle est montée au fil des jours,
03:10finalement il a réussi à se soigner pour être apte à jouer mais le momentum on l'a perdu à ce
03:17moment-là. On joue contre une bonne équipe, très honnêtement on joue Maurice à Lisbery,
03:21c'est difficile, c'est un peu compliqué et puis on ne fait pas un très bon match parce que le
03:27propre du sportif c'est à chaque fois de remettre des objectifs assez élevés pour rebondir, pour
03:33avancer, pour se remettre en question. T'es obligé de te fixer des objectifs mais quand là c'est ton
03:39objectif, c'est ton graal, que tu vois que ça te glisse entre les doigts, finalement tu te dis
03:45qu'est-ce que tu vas faire, comment tu vas te reconstruire et je pense qu'on sous-estime ces
03:53mini zones de dépression que les sportifs peuvent traverser à chaque fois qu'il y a un échec. Il y a
03:58plein de choses de positif qui est réduite de ça mais ce moment-là il est très très dur, le moment
04:02où tu dois accepter cette défaite et la bascule qui se fait quand tu te replonges sur un autre
04:08objectif, ces moments-là ils sont très difficiles et c'est là où il faut être bien entouré. En fait
04:13j'essaye de me rattacher à un truc en me disant putain ça peut pas se terminer comme ça tu vois,
04:17mais en me disant, en étant conscient que c'est très très loin, j'ai l'impression de tomber dans
04:22le vide à ce moment-là donc j'essaye de me raccrocher à quelque chose et puis inconsciemment
04:25si c'est pas Paris, si c'est Los Angeles 2024 peut-être que je me raccroche pas aussi et puis
04:31peut-être que si c'est pas 2021 mais c'est 2020 je me raccroche pas. Là le fait de se dire au
04:36bout d'un moment c'est que trois ans peut-être que ça te fait tenir.

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