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Entretien : Julien Balidas

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Sport
Transcription
00:00Bonjour Bernard. Bonjour. Bon, déjà on voulait vous accueillir à France Bleu et Isère pour parler de ce livre
00:06Bernard Thévenet, parcours de vie du monde paysan aux ors du Tour de France. Racontez-nous un petit peu déjà
00:11pourquoi vous avez voulu raconter ce qui s'est passé en Bourgogne depuis le plus jeune âge ?
00:16Parce qu'on m'a proposé de faire un livre mais j'ai déjà fait plusieurs livres où j'ai raconté ma carrière donc moi ce que je voulais
00:25depuis un moment déjà c'était
00:28raconter l'histoire
00:30d'un enfant
00:32d'un enfant en pleine race campagne au fin fond de la France
00:36qui a un rêve
00:39une envie et ce que je voudrais c'est
00:41encourager tous ceux qui ont un rêve comme ça de le réaliser parce que rien ne
00:48me prédisposait à devenir coureur cycliste ou même à devenir sportif
00:52je n'étais pas du tout sportif à l'époque au fin fond des campagnes comme ça
00:56mais
00:58quand on a une passion, quand on a un rêve il faut aller jusqu'au bout, il faut faire les sacrifices nécessaires pour y arriver
01:04mais tout le monde peut arriver à
01:07réaliser son rêve du moment qu'il a la passion et
01:12l'envie et puis l'envie de faire le travail qu'il faut pour y arriver.
01:16J'ai parcouru un peu ce livre justement on parle d'un petit hameau, d'un petit village au fin fond de la Bourgogne
01:22Effectivement l'enfance elle avait l'air joyeuse à la ferme auprès des grands-parents et de tout le monde.
01:27Oui c'était la vie dans les années 50, c'est vrai que ça a énormément changé.
01:34Après il y a beaucoup de gens quand ils regardent le livre, ils se disent mais on vivait comme ça, bah oui on vivait comme ça
01:39puis on vivait bien, il n'y avait pas la télévision, il n'y avait pas toutes les choses modernes qu'il y a maintenant
01:46mais
01:48tout le monde vivait comme ça donc on n'avait pas l'impression d'être
01:52désavantagé, on avait l'impression quand on allait en ville, oui on avait l'impression d'être désavantagé par rapport
01:57aux urbains parce qu'ils avaient beaucoup de choses qu'on n'avait pas à la campagne mais
02:03finalement on vivait comme tous les autres donc ça ne posait pas trop de problèmes.
02:06Ça forge un caractère, un physique aussi de travailler à la ferme, même enfant ou autre, ça vous a aidé dans une carrière
02:13sportive professionnelle derrière ? Oui oui, oui oui parce que à l'époque on commençait à travailler depuis tout jeune, depuis sept ou huit ans, on
02:20commençait à rendre des services à partir de dix ans. On travaillait le jeudi parce que c'était le jour où il n'y avait pas d'école
02:28et
02:29c'est vrai que ça forge un caractère parce que
02:32on apprend ce qu'est le travail, on apprend que s'il n'y a pas de travail, il n'y aura pas de résultat au bout.
02:36On apprend qu'à la campagne, si on ne s'aime pas, c'est sûr qu'on n'aura rien. On s'aime, on n'est pas sûr d'avoir mais
02:43si on ne s'aime pas, on sait qu'on n'aura rien. Donc on apprend ça et c'est vrai qu'après dans la
02:48pratique sportive, ça sert parce qu'on sait très bien que dans la pratique sportive, si on ne s'entraîne pas,
02:53si on ne fait pas tout ce qu'il faut pour y arriver, on ne pourra pas y arriver parce qu'il y en a d'autres qui eux
02:57vont faire le métier qu'on appelle ça, c'est-à-dire faire l'entraînement, la diététique,
03:03l'hygiène de vie et si on ne respecte pas ça, on sera dépassé par ces gens-là.
03:06Oui, bien sûr. Le vélo, il est arrivé très tôt aussi, vous avez très vite eu un vélo dans les mains pour aller à l'école ?
03:13C'était par obligation, oui, parce qu'on habitait à cinq kilomètres de l'école. Donc pour aller à pied, ça faisait un petit peu loin et puis là,
03:20j'avais deux sœurs qui étaient plus âgées, j'avais des voisins qui étaient un peu plus âgés, qui avaient un vélo, ils allaient en vélo.
03:25Donc mes parents m'ont acheté un vélo.
03:27J'ai appris à faire du vélo, ils m'ont acheté un vélo pour que je puisse aller à l'école en vélo.
03:31Comment ça vient l'envie d'être, peut-être d'en faire un métier justement ? Vous arrivez très tôt à
03:37déceler qu'il y a un potentiel, que vous allez pouvoir faire quelque chose avec ça ?
03:42C'est difficile à expliquer, parce que ça vient petit à petit.
03:48Je m'intéressais au
03:51sport parce que j'ai un copain qui était très sportif, qui me parlait souvent de sport.
03:56Et puis dans mon petit village, il n'y avait pas d'équipe de foot, il n'y avait rien.
04:00Il fallait, en quelque sorte, faire un sport individuel, puis je ne sais pas.
04:05Le Tour de France, c'était le seul sport dont on parlait une fois dans l'année,
04:09dans la campagne, dans le Hamou.
04:13Et j'ai l'impression que les coureurs cyclistes, c'était un peu des demi-dieux.
04:18C'était les gens dont on parlait.
04:21Puis le Tour de France s'est passé devant la ferme de mes parents quand j'avais 13 ans.
04:26Et quand j'ai vu arriver le peloton, et surtout quand j'ai vu tous ces gens qui venaient voir passer le Tour de France,
04:32c'est ce qui m'avait le plus marqué, je pense.
04:34J'avais des vieux paysans qui sont venus voir passer le Tour de France.
04:39Je n'aurais jamais cru que ces gens-là s'intéressaient au vélo.
04:42Donc, sur le coup, ça m'avait donné une idée de ce qu'étaient les coureurs du Tour de France.
04:47Mais quand j'ai vu passer le peloton, je me suis dit, un jour, je voudrais être dans ce peloton-là, je voudrais être à leur place.
04:53Vous parliez de demi-dieux.
04:54Alors, après coup, vous l'êtes devenu aussi, peut-être dans le village ou autre.
04:58Vous avez changé de statut, forcément.
05:00Qu'est-ce que ça a changé dans votre vie ?
05:02Ça a évidemment devenu un peu la star des années 70 sur le vélo.
05:07Heureusement, ça vient petit à petit.
05:09Au début, on a des supporters du village, parce qu'ils s'intéressent un petit peu à ce qu'on fait.
05:17Puis après, la masse des supporters s'étend petit à petit jusqu'à devenir nationale ou internationale.
05:24Mais ça ne se fait pas d'un coup.
05:26On a la chance, entre guillemets, quand on est sportif, c'est que la gloire, la renommée,
05:32ça vient petit à petit.
05:33Ce n'est pas comme un chanteur qui sort un single d'un seul coup et devient une vedette d'un seul coup.
05:40Quand on est sportif, c'est petit à petit, on apprend à monter les marches les unes après les autres
05:46et puis à accueillir les supporters de plus en plus nombreux.
05:50Mais comme ça aussi, petit à petit, ça ne vient pas d'un coup.
05:54Donc, après, même quand on est au niveau national ou international,
05:58on a déjà cette petite expérience depuis plusieurs années de gens qui nous entourent et qui nous encouragent,
06:07qui nous soutiennent.
06:07Vous avez toujours été très apprécié, très populaire au niveau du grand public, différentes générations d'ailleurs.
06:13Comment vous l'expliquez, comment vous avez réussi à vous rendre sympathique ?
06:17C'est le caractère qui fait que ?
06:19Je pense qu'il faut être près des gens.
06:22Il faut être près des gens, il faut se rendre compte que quand on a des supporters,
06:30ce sont des gens qui comptent sur nous, qui ont envie qu'on fasse des exploits pour leur faire plaisir
06:36et qui, en échange, nous apportent leur encouragement.
06:41Donc, il y a une sorte de transmission entre les supporters et le sportif ou le chanteur aussi.
06:50C'est valable pour toutes les professions.
06:53Mais avant tout, il faut avoir de la reconnaissance pour les gens qui nous soutiennent.
06:58S'il y a un souvenir à garder, c'est compliqué d'en détacher un.
07:01Il y a bien sûr des victoires sur le Tour de France,
07:03mais est-ce qu'il y a un moment qui vous a particulièrement marqué sur votre carrière de pro ?
07:08Oui, il y a deux moments qui m'ont marqué, mais le moment qui m'a le plus marqué,
07:13c'était la montée de l'Isoard en 1975, parce que c'était le premier jour où je portais le maillot jaune.
07:19Déjà, c'est quelque chose auquel on court après depuis un bon moment.
07:22Le jour où on l'a, on est quand même le numéro un de ce peloton.
07:30C'est quelque chose d'important, c'est un rêve qu'on réalise,
07:37mais quand on a le maillot jaune, il faut le défendre, il faut le garder, donc ce n'est pas facile.
07:42Et ce jour-là, dans la montée du col de l'Isoard, dans la casse déserte,
07:45c'est-à-dire dans les trois derniers kilomètres du col de l'Isoard,
07:48il y avait une foule énorme, incroyable, je n'ai jamais vu une foule comme ça,
07:52et les gens étaient en délire, j'étais encouragé, j'étais soutenu.
07:56J'avais l'impression que les gens comptaient sur moi,
08:01parce que ça leur faisait plaisir que j'ai pris le maillot jaune à Merckx,
08:05parce que Merckx, il gagnait tout le temps, donc il était un peu moins aimé.
08:10Donc j'avais l'impression d'apporter beaucoup de bonheur à ces gens,
08:13et ces gens-là voulaient me supporter à tout prix, m'encourager, essayer de me pousser.
08:18Il y a un deuxième souvenir, alors.
08:19Un deuxième souvenir, celui de la montée de l'Alpe d'Huez.
08:23Ça, c'était en 77, c'est là où j'ai le plus souffert de ma vie,
08:25parce que j'avais le maillot jaune, mais c'était une montée épique,
08:32parce que ce jour-là, le maillot jaune a changé 3 ou 4 fois d'épaule,
08:35virtuellement, dans la montée de l'Alpe d'Huez.
08:38Au départ, c'était Van Niempe qui l'avait, parce qu'il avait, je crois,
08:42un peu plus de 2 minutes d'avance sur moi.
08:45Après, je l'ai repris.
08:46Après, le Hollandais Kuper Atake m'a repris le maillot,
08:48et moi, je l'ai repris dans le dernier kilomètre.
08:50Et je voulais absolument le garder, parce qu'il y avait un contrôle à montre après.
08:54Et j'avais réussi à le garder pour 8 secondes.
08:57J'ai fait une montée vraiment extraordinaire ce jour-là, c'est un grand souvenir aussi.
09:01Il y a la Bourgogne, bien sûr, il en est beaucoup question dans le livre.
09:05L'Isère aussi, parce que vous êtes installé là.
09:07Vous pouvez nous raconter pourquoi et depuis quand vous êtes arrivé en Isère ?
09:12C'est simple, je suis arrivé en Isère en 1977,
09:16suite à une rencontre avec une charmante demoiselle qui est devenue mon épouse.
09:21Et après, je me suis installé en Isère.
09:23C'était aussi une question un peu pratique,
09:27parce qu'en Bourgogne, en Seine-et-Loire, il y a beaucoup de petites côtes,
09:31mais il n'y a pas de grands cols.
09:32Ici, ça me permettait d'aller grimper quelques grands cols.
09:35Donc, vous êtes évidemment un Isèrois d'adoption, très attaché à notre département ?
09:40Oui, bien sûr, c'est un très beau département.
09:44C'est un très beau département, c'est un département touristique
09:47et c'est un département qui est traversé par tout un tas d'épreuves.
09:52Il y a évidemment le Crétérium du Dauphiné qui passe,
09:56il y a le Tour de France pratiquement tous les ans,
09:58il y a le Tour de France féminin, il y a le Ronalp-Isère-Tour,
10:03il y a le Tour de l'Avenir aussi qui passe souvent,
10:06il y a des très grandes courses qui passent dans le département de l'Isère.
10:09C'est un super terrain de jeu quand on est vélo,
10:11quand on est cycliste amateur ou professionnel.
10:14Oui, il vaut mieux être grimpeur quand même.
10:16Oui, c'est vrai, c'est vrai.
10:17C'est sûr que quand on dépasse...
10:19Oui, c'est vrai que le terrain est beau,
10:22le panorama est très beau pour les cyclotouristes,
10:25les gens qui font du vélo comme ça pour faire du tourisme.
10:28Il y a vraiment de très beaux panoramas, de très beaux paysages.
10:33Sous-titrage Société Radio-Canada

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