Difficultés de recrutement des entreprises : que disent les entrepreneurs et les demandeurs d'emploi ?
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00:00 Ici, c'est le 6/9 France-Bloc Occitanie.
00:05 Nous sommes le jeudi 25 avril 2024, 7h46, et c'est notre quart d'heure Toulousain.
00:09 Certains secteurs ont du mal à recruter.
00:11 Vous êtes entrepreneur ? Racontez-nous comment ça se passe.
00:14 Si vous êtes aussi en recherche d'emploi, vous appelez les 05 34 43 31 31 pour dire où ça coince.
00:20 C'est le début de ce quart d'heure Toulousain, Sophie.
00:22 Et on en parle avec le responsable des statistiques à France Travail Occitanie, ex-Pôle Emploi.
00:26 Bonjour Pierre Brossier.
00:27 Bonjour.
00:29 Trois secteurs ont particulièrement du mal à recruter selon l'étude que vous avez menée
00:33 dans la région auprès des recruteurs justement.
00:35 La restauration, les services à la personne et la santé.
00:38 Il n'y a pas grande surprise dans cette liste.
00:40 Non, on va retrouver des résultats qu'on a déjà depuis plusieurs années avec notamment
00:46 des difficultés sur des ouvriers mécaniciens de véhicules, des maçons qualifiés, ça
00:53 c'est pour des métiers un peu plus manuels.
00:55 Puis il y a les services à la personne aussi, où on a des difficultés à recruter, surtout
01:01 ce qui est aide à domicile et auxiliaire de vie.
01:03 Et puis également les personnels de ménage chez des particuliers.
01:07 Après sur des métiers un peu plus techniques, ça va concerner davantage des techniciens
01:14 d'études en informatique notamment.
01:16 Ce sont surtout des métiers peu qualifiés, donc parfois sous-payés, qui sont en tête
01:20 de la liste des métiers les plus recherchés.
01:22 Oui, mais pas toujours, notamment pour les techniciens informatiques.
01:27 Ce n'est pas forcément non plus sous-payé.
01:29 Après, il peut y avoir d'autres questions qui viennent expliquer les difficultés de
01:34 recrutement des entreprises, puisque là, sur cette enquête sur les besoins et le bien
01:39 d'œuvre des entreprises, ce sont vraiment 160 000 entreprises qui ont été interrogées
01:43 et qui nous délivrent leur propre vision.
01:48 Donc on peut avoir par exemple, dans les difficultés de recrutement, des métiers
01:53 avec de la pénibilité, des métiers avec des horaires décalés, des métiers où finalement
01:59 des entreprises ont du mal à recruter parce qu'elles sont situées dans une zone géographique
02:03 qui n'est pas forcément très attractive.
02:05 Mais il y a aussi des questions de diplômes qui reviennent assez régulièrement avec
02:11 les entreprises qui considèrent que les prétendants ne sont pas suffisamment qualifiés.
02:17 - Vous qui nous écoutez et qui nous regardez, 05 34 43 31 31, vous faites une partie de
02:21 ce programme, vous appelez pour le quart d'heure Toulousain, c'est ce qu'a fait Francine de
02:24 Toulouse.
02:25 Bonjour Francine.
02:26 - Bonjour Francine.
02:27 - Bonjour.
02:28 - Alors vous, vous êtes en recherche d'emploi ou vous essayez de recruter ?
02:32 - Alors moi je suis en recherche d'emploi.
02:34 - Et qu'est-ce que vous constatez ? Quelles sont les difficultés auxquelles vous êtes
02:37 confrontée ?
02:38 - Les mêmes que votre invité.
02:41 Pareil.
02:42 Parce que moi je suis à pied, donc je n'ai que le transport en commun.
02:46 En plus, j'ai de l'âge, je suis plus près de la pré-retraite que de la jeune âge pour
02:55 travailler.
02:56 En plus j'ai une RQTH, donc ça ne m'aide pas non plus dans mes recherches d'emploi.
03:01 - Et vous cherchez dans quel secteur Francine ?
03:04 - Dans l'entretien des locaux, parce que je fais ça depuis que je suis enfant, depuis
03:08 que j'ai 14 ans.
03:09 Et j'avais fait ça dans les écoles, dans les mairies, et franchement j'avais aimé.
03:13 Et je faisais ça avant de descendre ici dans la région.
03:17 - Et là quand vous dites à un employeur "je ne peux pas très bien me déplacer, je n'ai
03:21 que les transports en commun", vous sentez qu'il y a un obstacle là ?
03:23 - Oui, oui, parce que je travaille pendant deux heures, c'est ce que j'ai fait en 2018.
03:28 On m'envoyait à la cartoucherie alors que j'habite du côté de Bordeaux-Rouge, vous
03:32 voyez j'habite aux Isards.
03:33 Je faisais une heure de trajet, pour une heure ou deux de travail, arrivé à la fin de la
03:38 semaine j'en pouvais plus quoi.
03:39 Et ça ils ne le prenaient pas en compte.
03:41 - Merci beaucoup.
03:42 - Merci de ce témoignage Francine.
03:44 Autre témoignage sur la page Facebook, Lulu dit "dans le secteur du ménage, aide à domicile,
03:48 on recrute, faut juste avoir l'envie de bosser et parfois de se casser le dos".
03:51 Nous dit Lulu, voici vos témoignages 05 34 43 31 31.
03:56 - Pierre Brossier, on vient d'entendre le témoignage de Francine, est-ce que vous accompagnez
03:59 ces demandeurs d'emploi qui ont besoin de lever des freins, comme par exemple la mobilité ?
04:03 - Oui, on essaie de travailler là-dessus.
04:06 En fait il y a plusieurs freins qui peuvent jouer.
04:08 Déjà il y a les freins, on va dire numériques, parce que parfois on a besoin de savoir utiliser
04:15 un ordinateur.
04:16 - Là on parlait plutôt du transport.
04:19 - Oui, alors on peut avoir ces freins à la mobilité aussi.
04:22 Donc on accompagne les demandeurs d'emploi, notamment pour passer le permis, parfois,
04:29 donc selon les personnes.
04:31 On accompagne la mobilité aussi lorsque par exemple un demandeur d'emploi retrouve un
04:36 emploi dans un autre endroit.
04:37 Donc on accompagne au déménagement aussi pour qu'il puisse prendre l'emploi.
04:43 On va également accompagner les demandeurs d'emploi sur leurs recherches d'emploi,
04:48 puisqu'en fait ça coûte cher parfois de se déplacer pour aller faire un entretien.
04:51 Donc on les aide aussi sur ce type d'aide.
04:54 - Au sud de Toulouse, à Muray, Valérie au 05 34 43 31 31.
05:00 Bonjour Valérie.
05:01 - Bonjour tout le monde.
05:02 - Et bienvenue en direct dans le quart d'heure, Toulousain.
05:05 - Oui, bonjour.
05:07 - Vous aussi, vous cherchez un emploi actuellement, Valérie ?
05:11 - Alors non, je ne cherche pas un emploi, je travaille dans le médico-social.
05:16 Et il y a beaucoup de pénuries de soignants, parce que pour plusieurs raisons, la pénibilité
05:26 du travail, la valorisation salariale et surtout la reconnaissance de ce métier tous les jours.
05:34 - Est-ce que du coup, vous comprenez aussi les difficultés des personnes et vous vous
05:40 dites oui, c'est vrai que nos métiers ne sont pas attractifs ?
05:42 - Nos métiers ne sont pas attractifs et surtout pas valorisés.
05:47 C'est surtout ça, parce que c'est un investissement personnel, parce qu'on aide les personnes
05:54 vulnérables, qu'on donne de soi et il n'y a pas de reconnaissance.
06:00 Et il y a surtout une pénibilité qui n'est pas évaluée et reconnue.
06:07 Donc les gens n'ont pas envie de venir travailler dans nos métiers.
06:12 - Est-ce que le Covid a aussi eu des conséquences ? On entendait un témoignage à 7h30 d'un
06:17 monsieur qui travaille dans la restauration qui a dit que la jeune génération, depuis
06:20 le Covid, elle se pose des questions.
06:22 Conciliation, vie professionnelle, vie personnelle.
06:24 Vous entendez aussi ça dans votre secteur d'activité ?
06:27 - Oui, il y a un énorme écart entre l'ancienne génération où on s'investissait peut-être
06:34 trop et aujourd'hui où on s'investit moins.
06:38 Parce que voilà, il y a la vie sociale, il y a les loisirs, il y a prendre soin de soi
06:45 aussi, qui est aussi important et trouver un équilibre.
06:49 Et l'équilibre aujourd'hui, il n'y est plus.
06:50 Et le Covid a fait exploser cet équilibre.
06:53 - Merci Valérie pour ce témoignage et merci de prendre soin des autres.
06:56 Comme vous le faites au quotidien.
06:59 05 34 43 31 31, notre quart d'heure Toulousain et notre ligne est ouverte.
07:03 Christine, recueille vos appels.
07:04 - Nous sommes toujours avec le responsable des statistiques à France Travail Occitanie,
07:08 Pierre Brossier.
07:09 Vous venez d'entendre Valérie.
07:11 Bruno nous l'a dit aussi à 7h30, le Covid a changé les aspirations en profondeur.
07:16 Est-ce que vous le constatez chez les demandeurs d'emploi qui sont entre par exemple 18 et
07:21 24 ans ou peut-être même plus âgés ?
07:23 - Je dirais que peut-être que les entreprises le constatent.
07:29 Parce qu'en fait, elles nous indiquent systématiquement pour expliquer leur difficulté de recrutement,
07:35 une pénurie de candidats.
07:36 Alors qu'on a quand même 535 000 demandeurs d'emploi qui sont inscrits en catégorie
07:42 ABC dans la région Occitanie.
07:44 Donc ça peut paraître un peu un paradoxe finalement d'avoir autant de demandeurs d'emploi
07:52 ici et que les entreprises mentionnent en fait cette pénurie de candidats.
07:57 Grosso modo, les entreprises aussi nous disent qu'elles voient un manque de motivation en
08:04 fait.
08:05 Elles expliquent aussi ces difficultés par un manque de motivation des candidats.
08:10 Et elles se fondent sur les entretiens qu'elles ont passés dans les années précédentes
08:16 pour pouvoir expliquer cela.
08:19 En fait, ce qu'on peut voir néanmoins, c'est qu'après les deux années post-Covid de reprise
08:26 économique, la reprise économique a été tellement forte, tellement marquée, qu'on
08:31 a eu une intensité d'embauche très très importante et le nombre de demandeurs d'emploi
08:35 a diminué.
08:36 Ce qui a créé en fait de la tension dans les recrutements.
08:40 Et à ce moment-là, en fait, les entreprises ont commencé aussi à changer leur mode de
08:46 recrutement, leur façon de faire.
08:47 Ça veut dire qu'elles font des efforts pour être plus attractives au niveau des horaires
08:50 par exemple ?
08:51 Exactement.
08:52 Par exemple, dans l'hôtellerie, restauration.
08:55 Et donc, on voit qu'il y a, ou par la revalorisation salariale d'un certaine branche professionnelle,
09:03 donc on voit que là même qu'il y a beaucoup d'efforts qui ont été faits.
09:05 Et notamment aussi pour promouvoir les métiers, je pense notamment à la construction, sur
09:11 les questions de pénibilité, où il y a beaucoup d'efforts qui ont été réalisés.
09:16 Donc aujourd'hui, on voit bien que c'est une question que les entreprises ont pré-à-bras
09:22 le corps.
09:23 Notamment, elles sont beaucoup plus contraintes, notamment par les questions de turnover.
09:29 Et donc, elles essayent justement de faire des efforts là-dessus, de faire des efforts
09:34 là-dessus.
09:35 De faire des efforts là-dessus.
09:36 Parce qu'il y a effectivement la difficulté de recruter.
09:38 Mais je pense qu'aujourd'hui pour les entreprises aussi, il y a aussi la difficulté à conserver
09:42 leur entreprise.
09:43 Merci beaucoup en tout cas Pierre Brossier, vous êtes donc le responsable des statistiques
09:48 à France Travaille Occitanie.
09:50 Merci beaucoup d'avoir été en direct avec nous ce matin sur France Bloc Occitanie.