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00:00 Depuis un certain moment, la dette ivarienne est sur toutes les lèvres.
00:03 Économistes et politiques font des balais d'explications pour faire comprendre à l'opinion ce que c'est que la dette,
00:11 mais aussi le niveau de la dette ivarienne, qui pour les politiques est inquiétant,
00:17 mais pour les économistes n'est pas inquiétant.
00:21 Qui comprend, sinon quoi comprendre ?
00:23 Nous avons invité sur notre plateau aujourd'hui, M. Frank Dedy, économiste et financier,
00:29 afin de nous expliquer ce que c'est que la dette ivarienne.
00:32 M. Frank Dedy, bonjour.
00:38 Bonjour, Philbert.
00:39 Qu'est-ce qu'il faut comprendre par la dette ?
00:41 Pour comprendre le sujet de la dette, il faut s'imaginer un ménage, donc M. et Mme,
00:48 qui ont besoin de couvrir leurs dépenses, mettre les enfants à l'école, manger, voyager,
00:54 tout type de dépense qu'un foyer en griffe normale pourrait avoir.
00:57 Pour faire face à ces dépenses, ce ménage là, peut-être M. et/ou Mme travaillent,
01:03 et ils ont le revenu de la famille qui doit normalement servir à couvrir ces dépenses.
01:08 Il peut arriver dans une situation où leur revenu dépasse les dépenses de la famille.
01:14 Dans ce cas-là, ils n'ont pas besoin de recourir à d'autres financements.
01:18 Mais il peut arriver le cas où le revenu total de la famille est en déçà des dépenses
01:24 que la famille doit effectuer.
01:26 Pour pouvoir couvrir ces dépenses, la famille peut avoir recours à un appui financier extérieur.
01:33 Elle peut aller voir une banque, une microfinance, un ami dans leur entourage pour leur prêter de l'argent.
01:39 C'est cet argent qui leur est prêté pour couvrir le gap de différence de leurs dépenses
01:45 qui peut être matérialisé par la dette.
01:48 Tout simplement, la dette, c'est la part de montant de ressources dont on a besoin pour couvrir des besoins
01:57 parce qu'on n'a pas de ressources suffisantes.
01:59 Pour faire simple.
02:00 À l'échelle d'un pays, comme la Côte d'Ivoire et comme bien d'autres pays,
02:04 les ressources de ce pays là, en général, sont constituées par les dons et les legs
02:09 que peuvent nous faire certains partenaires au développement.
02:12 Un autre type de ressources, ça peut être les dividendes que l'État perçoit en fonction de sa participation
02:19 dans des entreprises ou dans certains projets.
02:22 Et puis, l'autre élément, l'un des plus importants, sinon le plus important, ce sont les impôts et taxes.
02:28 C'est la somme de tout cela qui constitue les ressources de l'État.
02:33 Et en face, il y a des dépenses, des routes à construire, des écoles à construire.
02:38 Si les ressources sont équivalentes aux dépenses, en général, vous entendrez dans les grands termes,
02:45 on parle d'équilibre budgétaire.
02:47 Lorsque les ressources sont au-dessus des dépenses, on parle d'excédent budgétaire.
02:54 Mais lorsque les ressources budgétaires, là, que j'ai citées, sont en dessous des dépenses que l'État doit effectuer,
03:00 on parle de déficit budgétaire.
03:03 Puisque les ressources sont inférieures aux dépenses à effectuer,
03:08 l'État, en général, va recourir à des appuis financiers.
03:12 Et ces appuis financiers, là, ils peuvent venir auprès d'individus comme vous et moi
03:17 ou de sociétés implantées sur son territoire.
03:20 On parlera de dette intérieure.
03:22 Et il peut ou avoir recours à des appuis financiers externes.
03:27 On parlera de dette extérieure.
03:30 Et la dette extérieure, c'est des investisseurs internationaux qu'on appelle en général des buyers
03:34 ou bien les institutions de Bretton Woods comme la Banque mondiale ou le FMI, par exemple.
03:39 Parlons de dette extérieure d'abord.
03:41 Quel est le niveau d'endettement de la Côte d'Ivoire à l'extérieur?
03:45 Lorsqu'on prend la dette globale de la Côte d'Ivoire,
03:48 qui se situe à un peu plus de 26 000 milliards de francs CFA aujourd'hui,
03:53 on a un peu plus de 40% qui est constitué par la dette intérieure.
03:59 Et puis le reste est constitué par la dette extérieure.
04:04 Et dans la dette extérieure, vous avez de la dette libellée en euros.
04:08 C'est-à-dire que des gens nous ont prêté en euros et on doit leur rembourser aussi en euros.
04:12 Et puis on a une partie aussi qui est libellée en dollars.
04:15 C'est-à-dire que des gens nous ont prêté en dollars et donc on doit leur rembourser aussi en dollars.
04:19 J'écoute comprendre que lorsqu'on emprunte, c'est pour créer de la richesse.
04:24 On voit beaucoup d'infrastructures créées depuis un certain moment
04:28 qui fait que le gouvernement justifie la dette par rapport à ces infrastructures qu'on voit.
04:33 Vous, quel est votre jugement là-dessus?
04:35 Par rapport aux infrastructures, nous sommes à un peu plus de 6 000 à 7 000 milliards de francs CFA qui a été investi.
04:45 Donc c'est un total à peu près de 22 000 milliards.
04:47 Donc on a le droit de se demander les 15 000 milliards à quoi est-ce que ça a servi.
04:53 C'est à ce niveau qu'on attend nos décideurs, nos dirigeants.
04:57 Je pense que c'est un exercice plutôt simple que de nous dire voilà les 26 000 milliards.
05:03 En 2010-2011, lorsque notre magistère est arrivé aux affaires, nous avons trouvé une dette de 4 000 milliards environ après l'initiative PPTE.
05:12 Aujourd'hui, on a 26 000 milliards.
05:14 Donc quand on fait 26 000 moins 4 000, on a 22 000.
05:17 Donc 22 000, ce que moi je dis, l'ensemble des infrastructures, c'est à peu près 7 000 milliards.
05:23 Donc 22 000 moins 7 000, il reste à peu près 15 000 milliards.
05:28 À quoi ces 15 000 milliards-là ont servi?
05:31 Parce qu'à la vérité, lorsqu'on prend par exemple le dernier prêt que le FMI a fait à la Côte d'Ivoire, un peu plus de 3 milliards de dollars,
05:39 dans la note de communication du FMI, il s'agissait essentiellement de faire des dépenses de fonctionnement de l'État.
05:47 C'est en ce moment là qu'on se pose la question de savoir
05:49 est-ce qu'on va continuer à s'endetter pour financer un train de vie plutôt élevé de l'État
05:56 ou alors on va contracter cette dette-là pour pouvoir développer des pans entiers de l'économie
06:03 afin de pouvoir faire émerger des entreprises, afin de permettre aux unes et aux autres d'avoir des revenus substantiels
06:09 sur lesquels l'État par la suite va prélever des impôts et des taxes
06:12 et donc faire face beaucoup plus facilement au service de la dette.
06:16 Vous êtes en train de dire que la dette a été mal utilisée ou elle n'a pas été utilisée de façon jédicieuse ?
06:24 Je dirais que mal utilisée, peut-être ce serait un peu fort, mais je dirais qu'elle n'a pas été forcément utilisée à bon escient
06:32 parce qu'on continue à emprunter pour financer les dépenses de fonctionnement.
06:36 Et je vais donner une dernière statistique.
06:37 Et cette statistique a été donnée par le ministre Epiphan Zorobi Balo
06:41 qui est en charge de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption.
06:47 Il disait qu'en 2022, la corruption avait coûté à la Côte d'Ivoire 1 400 milliards de FF.
06:53 1 400 milliards, ça représente à peu près 4% du PIB.
06:57 Déjà, ça c'est important, mais 1 400 milliards, ça représente un peu plus de 55% du service de la dette.
07:05 Donc vous voyez qu'on a 1 400 milliards qui sont dans les filets de la corruption
07:11 qu'on aurait pu utiliser pour rembourser notre dette et faire moins péser le tribut sur les populations.
07:18 Lorsqu'on parle d'une croissance de 6 à 7% et un taux d'endettement aussi élevé,
07:23 parce que là on se situe à 55% je crois, si je ne m'abuse,
07:27 ça veut dire que cette croissance, c'est une croissance à crédit.
07:32 6% - 7% de croissance, c'est intéressant d'un point de vue facial.
07:37 Par quoi est-ce qu'elle dirait cette croissance-là?
07:39 D'accord.
07:40 Est-ce que ce sont les infrastructures?
07:42 Parce que le PIB, l'une des définitions les plus simples du PIB,
07:45 ce sont les valeurs ajoutées que les entreprises qui sont sur le territoire national créent,
07:49 c'est-à-dire la richesse que chaque entreprise crée, on additionne, c'est ça qui fait PIB.
07:53 Donc d'une année à une autre, c'est la variation qu'on appelle croissance du PIB.
07:58 Donc on dit 6% de croissance, ça veut dire que par rapport à l'année dernière,
08:02 la somme des valeurs ajoutées, la somme des richesses créées,
08:06 ça fait 6% en plus par rapport à l'année dernière. Voilà le taux de croissance.
08:09 Mais si cette croissance-là, c'est les entreprises de BTP qui la portent,
08:13 c'est TelService qui le porte, vous voyez que cette croissance-là est portée par très peu de personnes.
08:20 Donc de personnes. Est-ce que c'est une croissance à crédit?
08:23 On est tenté de dire clairement oui, parce qu'on a vu que la dette n'a fait que croître d'année en année.
08:29 Derrière, le service de la dette d'année en année a un taux de croissance beaucoup plus important
08:36 que le taux de croissance de la richesse du pays.
08:39 Donc ça veut dire qu'il y a un problème.
08:40 Mais est-ce-à-dire que quand on prend crédit pour payer crédit, on peut sortir du crédit?
08:45 Vous voyez, on dit on prend crédit pour payer crédit, donc ça veut dire qu'on n'a pas évolué.
08:50 En réalité, on a fait du sur place.
08:53 Je suis tombé sur un rapport du CNRA qui a été réalisé à la fin des années 90
08:59 et qui a été revu dans le courant des années 2007-2008,
09:03 qui dit que si tous les bas-fonds de la Marahoui sont développés de façon optimisée,
09:10 la Côte d'Ivoire, rien qu'à partir de ces bas-fonds de la Marahoui, peut être autosuffisante en riz.
09:17 Sans compter toutes les autres zones cultivables, ne serait-ce qu'en riz en Côte d'Ivoire.
09:22 Mais aujourd'hui, on continue à importer du riz pour des centaines de milliards
09:28 pour subvenir aux besoins de la population.
09:32 On continue à importer de la volaille.
09:34 On continue à importer beaucoup de produits de base.
09:37 Peut être que l'État peut prendre du recul et se dire
09:40 « est-ce qu'il ne faut pas développer des pans entiers de l'économie en les accompagnant ? »
09:44 De sorte à ce que quand cela émerge comme des champions nationaux,
09:49 naturellement on peut prélever des impôts et des taxes,
09:52 mais en même temps on aura fait quoi ?
09:54 On aura amélioré l'offre sur le marché,
09:57 permettre donc au prix de baisser,
09:59 puisque si l'offre est supérieure à la demande,
10:02 les prix vont baisser et tout le monde sera content.
10:05 Est-ce qu'après tout ça, il y a quelque chose qui peut arriver
10:10 parce qu'on est trop endetté ?
10:11 Bien sûr, quelque chose peut arriver.
10:14 Sur mes dernières communications, j'ai donné des exemples de pays.
10:18 L'Argentine, la Grèce, le Mozambique, le Ghana,
10:23 qui est juste à côté de nous.
10:25 À un moment donné, on fait des défauts sur leurs dettes.
10:29 L'Espagne, le Portugal ont frôlé le défaut sur leurs dettes.
10:33 Mais pour ces pays qui ont fait des défauts,
10:36 c'est-à-dire qu'ils n'arrivent plus à payer la dette,
10:38 parce qu'ils n'arrivent plus à collecter de ressources pour rembourser,
10:41 ou ils n'arrivent plus à trouver d'autres créanciers pour leur prêter,
10:44 pour faire crédit, pour payer crédit.
10:46 Quand on arrive à cette situation, c'est ce qu'on appelle le défaut.
10:48 On ne peut plus rembourser.
10:49 Le pays est à la rue.
10:51 Et qu'est-ce qu'on va faire ?
10:52 On va recourir au FMI, par exemple, ou à la Banque mondiale.
10:56 Et ils vont encourager nos États à baisser un certain nombre de subventions
10:59 sur des secteurs de base.
11:01 Donc l'électricité qui va augmenter,
11:03 l'eau qui va augmenter,
11:05 suivez mon regard,
11:06 le carburant qui va augmenter,
11:09 ainsi de suite.
11:10 Donc voilà le risque qu'on court.
11:12 Merci M. Didi.
11:13 Comprendre la crise ivoirienne,
11:15 c'était le thème de notre sujet ce jour.
11:18 Nous recevons M. Frank Didi.
11:20 Nous pensons que nous avons pu, à travers nos questions
11:23 et à travers aussi ses réponses,
11:25 donner des éléments pour mieux comprendre la dette ivoirienne.
11:30 Sur ce, continuez de suivre l'Infodrome,
11:32 liker, partager.
11:34 [Musique]