• il y a 8 mois
Quand j'étais petit, la websérie de Sophie Loridon, des enfants de 6 à 10 ans interrogent des Anciens de plus de 80 ans sur leur passé. De belles émotions ! L'objectif est double, familiariser les enfants avec la pratique de la vidéo et provoquer des rencontres enrichissantes des deux côtés.

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Transcription
00:00Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
00:30...
00:44J'habitais à Lignon.
00:46Ah ! Et vous étiez sage à l'école ?
00:49Si j'étais sage ?
00:51Bien sûr, comme une image.
00:53...
01:07J'avais deux sœurs plus jeunes que moi,
01:09l'une qui avait 5 ans de moins
01:11et l'autre qui avait 15 ans de moins que moi.
01:14Ce qui fait que cette sœur de 15 ans de moins que moi,
01:18j'ai fait mon apprentissage de mère de famille avec elle.
01:22Quand j'ai eu des enfants,
01:23on n'avait pas besoin de m'apprendre
01:25comment il fallait leur redonner un bain.
01:27...
01:49Mais comment vous avez vécu ça, la guerre ?
01:53...
01:55Comment je l'ai vécu ?
01:56Ben...
01:59Pendant mon adolescence, moi,
02:02on l'a vécu.
02:03On était bien obligés de le vivre.
02:05D'abord, mon père ne nous avait jamais beaucoup parlé
02:09de la Garde 14.
02:11Comme la plupart des militaires qui ont fait la Garde 14,
02:15ils en avaient tellement un mauvais souvenir
02:17qu'après, ils ne voulaient plus en parler.
02:19Alors, ils nous chantaient des chansons de la guerre,
02:23mais ils les arrangeaient pour nous.
02:26La chanson, c'était
02:27« C'est pas de la merde, mais ça viendra ».
02:30Mais lui, il nous disait
02:32« C'est pas de la soupe, c'est du ratat,
02:33c'est pas du miel, mais ça viendra ».
02:35Et moi, je répétais ça à toute tête.
02:38...
02:53Présente, prise 2, acte 1.
02:57...
03:05Est-ce que vous avez gardé des traumatismes de la guerre ?
03:08Des traumatismes ? Non, je ne suis pas le genre à être traumatisé.
03:14Je laisse couler, je laisse venir.
03:17Vous étiez quand même heureuse ou ça vous a gâché votre enfance ?
03:21Je ne peux pas dire que ça m'a gâché mon enfance.
03:24Je ne sais pas ce qu'elle aurait été s'il n'y avait pas eu la guerre.
03:27C'est vrai.
03:28Est-ce qu'il y a un événement de la guerre qui vous a plus marqué que les autres ?
03:32Où ça allait ?
03:34Un événement de la guerre 40.
03:37Oui, de la guerre 40.
03:38Un jour, je ne sais pas pourquoi d'ailleurs, à Lyon, je rentrais chez mes parents.
03:43J'avais, je ne sais pas quel âge j'avais, 16 ou 17 ans, quelque chose comme ça.
03:49Et je passais sur les quais du Rhône.
03:53Donc là, j'ai longé l'Hôtel Dieu.
03:55L'Hôtel Dieu, ça allait d'un pont à un autre pont.
03:59Et il se trouvait qu'il y avait des résistants, des Français,
04:04qui étaient dans les étages supérieurs de l'Hôtel Dieu.
04:10Et puis qu'il y avait en bas des Allemands qui se tiraient dessus.
04:16Moi, j'étais là, je ne craignais rien.
04:19Parce que moi, la petite souris qui passait là, elle s'en foutait éperdument.
04:25Mais moi, ça canardait au-dessus de ma tête.
04:28Alors ma foi, j'ai avancé tranquillement jusqu'au bout.
04:32Puis quand je suis arrivé au bout du bâtiment de l'Hôtel Dieu,
04:36j'ai tourné comme ça sur la gauche.
04:39Je n'entendais même plus canarder.
04:41J'ai continué mon chemin, je suis rentré tranquillement.
04:44Mon père m'avait toujours dit, la mort, elle ne te prend pas là où tu l'attends.
04:49Alors, forte de cette expérience.
04:53Vous alliez parfois à la montagne ?
04:55Ce n'était pas tellement la mode.
04:57Cependant, pendant la guerre de 1940, il s'est passé ceci.
05:01J'avais une sœur plus jeune que moi,
05:03qui avait tellement souffert du peu de nourriture qu'on avait à Lyon,
05:09qu'en une année, elle avait grandi 10 centimètres.
05:14Elle n'avait pas pris un gramme de poids.
05:17Et on a fait à ce moment-là un test pour savoir si on avait la tuberculose.
05:22Et son test était positif.
05:25Alors, le docteur de la famille a dit à mon père,
05:28il lui a dit, Paul, ta fille, il faut l'envoyer à la campagne pendant les vacances.
05:34Débrouille-toi comme tu voudras, mais envoie-la à la campagne.
05:38Alors, on s'est retrouvés, cette sœur et moi aussi, à Puny-Châteneau.
05:43C'est un petit village qui est au-dessus d'Aix-les-Bains,
05:46en montant vers le Revard, en colonie de vacances là-bas.
05:52Et on descendait à pied jusqu'au lac.
05:57On baignait, on remontait, on faisait de l'exercice.
06:01Et surtout, on bouffait.
06:04On mangeait bien.
06:11Sauf que pendant la guerre, on n'avait plus grand-chose.
06:15On était partis au début de la guerre avec des pieds qui chaussaient de 34 ou je ne sais pas quoi.
06:22Et puis, les années, 4 ans avaient passé, nos pieds avaient grandi.
06:27Mais les chaussures ne s'étaient pas allongées, elles s'étaient usées.
06:30Donc, on ne pouvait plus les mettre.
06:33On n'avait plus de chaussures à se mettre aux pieds.
06:35Il n'était pas question d'aller en chercher dans un magasin, il n'y en avait pas.
06:39C'était un problème, il fallait trouver des vieilles chaussures dans les greniers des grands-parents.
06:45Ce qui est vrai pour les chaussures, c'était vrai pour d'autres choses.
06:49Il n'y a pas que les pieds qui grandissaient.
06:52Tous les vêtements, les manteaux n'allaient plus, plus rien n'allait.
07:10La mode avant, c'était comment, la mode vestimentaire ?
07:14Avant, c'est-à-dire quand ?
07:16Quand vous étiez jeune, est-ce que c'était important ? Comment vous vous habillez ?
07:20La mode, elle était toute simple.
07:23La différence essentielle, c'est que vous n'auriez pas vu une fille habillée avec un pantalon, ça n'existait pas.
07:30Même les premières fois que j'ai fait des vêtements,
07:36même les premières fois que j'ai fait du ski, j'ai fait du ski en jupe.
07:41À votre époque, est-ce qu'on s'associait autant du tri et du recyclage ?
08:07Aucun souci de ce côté-là.
08:09À Lyon, le tri, c'était balancé dans le Rhône.
08:14Vous pouviez aller dans le Rhône, à certains endroits,
08:19vous voyiez les tronions de choux qui se baladaient dans le Rhône,
08:22vous voyiez les rats crevés, vous voyiez tout ce que vous voulez.
08:26Et puis si vous aviez quelque chose à jeter, allez off au Rhône.
08:31Après, ce qui en arrivait, ça, on ne s'en souciait pas.
08:40Mais il y avait quand même un service de ramassage, de ramassage.
08:46Et de même qu'il y avait des fosses, dans chaque immeuble,
08:52il y avait une fosse pour recevoir les déchets des cabinets.
08:56Et ça, il y avait une association, ça s'appelait l'UMDP,
09:02l'union mutuelle des propriétaires, qui venait de temps en temps vider ça,
09:07qu'est-ce qu'ils en faisaient, j'en sais rien.
09:10Et est-ce qu'il y avait autant de plastique dans le monde à votre époque ?
09:14Autant de plastique ? Mais ça n'existait pas le plastique !
09:18Le plastique n'existait pas plus que la télé, pas plus que beaucoup d'autres choses,
09:26pas plus que tout le machin sur lequel vous tapez là.
09:31Les téléphones ?
09:37Le téléphone, ça existait.
09:41Mais attention, il y a peu de gens qui avaient le téléphone.
09:46Vous avez un téléphone ?
09:47Nous, nous n'avions pas le téléphone.
09:49Ma mère, elle avait utilisé le téléphone quand elle était jeune fille
09:53et qu'elle a été employée au PTT.
09:57Mais ensuite, elle s'est rendue compte qu'elle n'avait pas le téléphone.
10:04Mais ensuite, nous avons eu, dans le premier téléphone que nous avons eu,
10:12on faisait comme ça, on tournait une manivelle,
10:16et puis il y a quelqu'un qui vous répondait et on disait
10:20« Ah bon, pouvez-vous me passer le 4668 à Franklin ? »
10:26Franklin, c'était une des chaînes de téléphones dans le Rhône.
10:33Alors, on vous disait oui, mais au bout de quelques temps,
10:38on nous passait Franklin, 65, 70,
10:42« Bonjour papa, bonjour maman »,
10:46et puis on reposait le téléphone.
10:49Mais on ne pouvait pas téléphoner comme ça,
10:52en tapant sur des touches, ça n'existait pas.
11:09Est-ce que ça vous a manqué ?
11:11Le téléphone, mais il ne te manque que ce que tu vois chez les autres
11:21et que tu n'as pas, mais quelque chose que tu n'as pas encore.
11:24Si demain, on va, je ne sais pas moi, sur Mars,
11:30ça te manque toi de ne pas aller sur Mars ?
11:32Non.
11:33Non ? Eh bien c'est pareil pour tout le reste.
11:52Quand vous étiez petite, est-ce que vous regardiez la télé ?
11:54Quand j'étais petite, la télé.
11:57Je n'ai pas le souvenir d'avoir regardé la télé,
12:00mais c'est une invention beaucoup plus récente,
12:03ça n'existait pas la télé.
12:05Oui ?
12:06Ça n'existait pas, il n'y avait pas de télé.
12:22Et mes parents ont eu assez tôt un poste de radio.
12:28Mais c'était un poste de radio,
12:30il fallait avoir des écouteurs dans les oreilles,
12:34et puis c'était un poste à galènes,
12:38c'est-à-dire qu'il y avait une petite aiguille
12:41qu'il fallait amener sur une pierre qui s'appelle une galène,
12:45et puis c'était branché sur le courant, je ne sais pas quoi.
12:48Alors mes parents, ils avaient ça,
12:51eux deux, ils écoutaient,
12:53mais à côté de nous, rien du tout.
12:56Donc quand on avait fini nos devoirs,
12:58bricolage, je ne sais pas quoi,
13:00une partie de domino entre nous peut-être,
13:02ou autre chose comme ça,
13:04eh bien qu'est-ce qu'on allait faire ?
13:06On allait se coucher.
13:08Mais les copains faisaient pareil,
13:10tous les enfants faisaient la même chose.
13:13Tous les enfants faisaient la même chose.
13:16Donc à 9h, 10h du soir,
13:19il n'y avait pas un môme dans la rue,
13:22pas un adolescent,
13:25pas beaucoup d'adultes.
13:28Les vitrines,
13:31pouf, c'était tout noir.
13:34Il n'y avait pas des vitrines éclairées la nuit,
13:37ça n'existait pas.
13:40La distraction la plus tardive le soir,
13:43c'était l'allumeur de réverbères.
13:46Les villes étaient éclairées par des poteaux
13:49au bout duquel arrivait du gaz.
13:52Mais ce gaz, il fallait l'allumer tous les soirs.
13:55Alors il y a un gars,
13:57l'allumeur de réverbères qui passait,
14:00et il avait une canne,
14:03et il allait de réverbère à l'autre,
14:06et quand il arrivait au réverbère,
14:09il ouvrait le robinet de gaz,
14:12il tendait son truc,
14:15il s'allumait là-haut,
14:18il réglait la flamme comme il faut,
14:21et il passait au suivant.
14:24Et il parcourait comme ça toute la rue
14:27qui devait éclairer.
14:30C'était les allumeurs de réverbères.
14:33C'était un métier qui n'existe plus.
14:36C'est tout automatique.
14:59A part Bordeaux,
15:02est-ce que vous voyagez quand vous étiez petite?
15:05Non, mais je pense que les jeunes de notre époque
15:08ne voyageaient pas beaucoup.
15:11Ils ne se mariaient pas perpétuellement,
15:14ils se mariaient généralement dans leur secteur.
15:17Alors ça ne faisait pas l'occasion de voyager.
15:20Ma mère avait épousé un gars de Bordeaux,
15:23là-bas de Pauillac,
15:26elle avait épousé un Savoyard,
15:29mais c'était rare.
15:35C'était quoi vos loisirs à cette époque?
15:38Alors nos loisirs,
15:41après ça a été aller se promener,
15:44aller chercher chez des gens que mon père connaissait
15:47dans la banlieue lyonnaise.
15:50C'est aller en vélo chercher du ravitaillement.
15:53Alors on s'en allait,
15:56il y avait bien 12 à 15 kilomètres.
15:59Ces gens, ils habitaient,
16:02je ne sais pas si tu connais Lyon,
16:05l'aéroport de Lyon
16:08a été construit
16:11sur le terrain
16:14où était leur ferme.
16:17Et nous, nous venions du plateau de la Croix-Rousse.
16:20Alors ça faisait quand même une sacrée distance en vélo.
16:23On y allait, on revenait,
16:26et bien c'était notre sortie.
16:29Puis c'était une famille où il y avait 13 enfants.
16:32On y allait le plus souvent.
16:35On voyait ce que c'était que les poules, les lapins,
16:38les vaches, les chevaux,
16:41l'âne et tout le reste.
17:00Est-ce que vous faisiez un sport quand vous étiez plus jeune ?
17:03Notre sport principal pour nous,
17:06c'était de marcher à pied.
17:09Parce que mon père aimait beaucoup la marche à pied.
17:12Et on se promenait, alors les quais du Rhône,
17:15on les a parcourus d'un bout de Lyon à l'autre,
17:18on peut dire. Oui, c'était sensationnel.
17:21Seulement, tous les 100 mètres,
17:24il y avait une pisseautière.
17:27Rien que pour les hommes, bien sûr.
17:30Et une pisseautière avec toutes les odeurs qui en sortaient.
17:33Donc tous les 100 mètres,
17:36on se bouchait le nez parce que ça sentait mauvais.
17:39C'était comme ça.
17:45Vous auriez trouvé ça abominable à l'heure actuelle.
17:48Nous, on trouvait ça agréable.
17:53Est-ce que vous faisiez du vélo ou de la moto, par exemple ?
17:56De la moto ?
17:59D'abord, les motos, il n'y en avait pas beaucoup pour les jeunes.
18:02Ils n'avaient pas d'argent pour acheter la moto.
18:05Ils n'avaient pas les moyens de faire la moto.
18:08J'ai commencé à faire de la moto quand j'en saignais.
18:11Peu avant 30 ans, mettons.
18:14Avant les motos, on avait les...
18:17Comment ça s'appelait ? Les scooters.
18:20Alors j'ai eu un scooter. J'ai acheté un scooter.
18:23Du coup, mon père a voulu acheter un scooter.
18:26On s'est équipés dans la famille en scooter.
18:29On a fait Lyon-Bordeaux en scooter
18:32pour aller voir les grands-parents.
18:53Est-ce que c'était un vrai changement
18:56après les congés payés,
18:59après les accords de Matignon ?
19:02Quand ils ont...
19:05Vos parents ?
19:08Créé les congés payés,
19:11oui et non, ça n'a pas été brutal.
19:14D'ailleurs, ces congés payés,
19:17c'est pas des congés payés.
19:20D'abord, ça ne durait pas bien longtemps,
19:23mais il y en a qui n'avaient jamais eu de congés payés.
19:26Alors mon père était employé dans une banque.
19:29Il s'en fichait un peu.
19:32Pour un peu, il n'aurait pas pris de congés.
19:50Vous ne partiez pas en vacances ?
19:53Mais si, on partait en vacances
19:56quand on allait chez mes grands-parents maternels.
19:59Mon père venait,
20:02il faisait coïncider ses vacances
20:05avec cette période-là.
20:08Il venait aux 15 jours,
20:11mais pas trop longtemps
20:14parce qu'il aimait bien ma grand-mère maternelle.
20:17Mais enfin,
20:20il n'était pas toujours d'un même avis,
20:23alors il était bien content d'entrer chez lui.
20:26En particulier,
20:29mon père aimait les familles nombreuses
20:32et ma grand-mère
20:35ne pouvait pas supporter l'idée
20:38d'avoir une famille nombreuse.
20:41Ce qui s'expliquait par des raisons
20:44très compréhensibles.
20:47En France, à un moment,
20:50il y avait le droit d'aînesse,
20:53c'est-à-dire que c'était l'aîné des enfants
20:56qui héritait de tout.
20:59Quand on a supprimé le droit d'aînesse,
21:02s'il y avait trois enfants,
21:05c'était partagé en trois,
21:08puis à la génération suivante,
21:11ce qui fait que les propriétés
21:14devenaient minuscules.
21:17Quel remède y avait-il à cela ?
21:20Le remède, c'était de ne faire qu'un enfant par famille.
21:23Donc ma grand-mère prêchait pour un enfant par famille,
21:26un point c'est tout.
21:29Et mon père,
21:32qui était d'une famille nombreuse
21:35où on avait une autre optique,
21:38les enfants s'en allaient habiter
21:41en Argentine, en Amérique du Sud,
21:44ils s'aimaient sur d'autres continents.
21:47T'as pigé ?
21:50Oui.
21:53Mais...
21:56...
21:59Est-ce que...
22:02...
22:05...
22:08...
22:11...
22:14...
22:17Vous habitiez où dans Murianet ?
22:20Dans Murianet, nous habitions dans la plaine.
22:23En quelle année êtes-vous arrivé à Murianet ?
22:26Je suis arrivé à Murianet,
22:29ma foi, en 58-59.
22:33En réalité, je n'y suis arrivé que quand je me suis marré.
22:36Mais quand vous êtes arrivé, c'était vraiment tout petit,
22:39il n'y avait que des champs,
22:42ou il y avait quand même une population importante ?
22:45Est-ce qu'entre aujourd'hui, il y a eu un grand changement ?
22:48La population ?
22:51Oui.
22:54Il y a beaucoup plus de maisons
22:57et peut-être pas beaucoup plus de monde.
23:00Il y en a quand même plus de monde.
23:03Mais autrefois, dans une maison,
23:06il y avait une famille nombreuse,
23:09quelquefois deux générations dans la même famille,
23:12dans la même maison.
23:15C'est-à-dire qu'il y avait dix personnes
23:18et maintenant, dans la même maison,
23:21on a éprouvé d'avoir chacun sa chambre,
23:24d'avoir des aisances,
23:27une pièce pour faire le travail, une pièce pour autre chose,
23:30ce qui fait qu'il y a beaucoup plus de place.
23:43Est-ce que vous voyez un grand changement de paysage
23:46entre aujourd'hui et à cette époque-là ?
23:49J'ai un petit-fils qui est dans la culture,
23:52mais il ne fait pas la culture
23:56comme son père et surtout son grand-père.
23:59Entre les deux, il y a une évolution.
24:02Ce n'est plus pareil.
24:05Mais entre votre petit-fils
24:08et avant,
24:11vous voyez une évolution ?
24:14Oui, parce que lui,
24:17il fait une culture
24:20qui veut respecter les sols,
24:23ne pas empoisonner les terrains avec des pesticides.
24:45Les gens n'ont plus le temps aujourd'hui.
24:48Ils vont aussi pas marcher.
24:51C'est ici que vous achetez des raisins
24:54qui viennent de Chili ou d'Amérique du Sud.
24:57Ça rime à quoi de trimballer,
25:00d'user,
25:03de dégager du carbone dans l'atmosphère
25:06pour amener des kilos de raisins
25:09de Chili en France.
25:12Il n'y en a pas assez en France de raisins.
25:15C'est ridicule.
25:21Votre métier, c'était professeur de maths, c'est ça ?
25:24Professeur de maths, oui.
25:27Par rapport aux élèves, ils étaient comment avant ?
25:30J'enseignais les maths.
25:33Les maths, dans les examens que passaient mes élèves,
25:36c'était une matière importante.
25:39C'était ma matière qui était respectée.
25:42Le pauvre professeur de maths,
25:45c'était une matière importante.
25:48Le pauvre professeur de musique,
25:51que les professionnels n'avaient nullement besoin
25:54de musique pour travailler,
25:57les pauvres s'en voyaient
26:00et il y en a qui pâtissaient.
26:03Ils n'étaient pas respectés, mais on comprend.
26:06C'est comme aujourd'hui.
26:18...
26:21...
26:24...
26:27...
26:30...
26:33...
26:36...
26:39Des jeunes d'aujourd'hui, vous en pensez quoi ?
26:42Les jeunes d'aujourd'hui ?
26:45Les jeunes que j'ai dans mon entourage,
26:48mes petits-enfants, je les trouve tous super,
26:51mais je trouve qu'ils n'ont pas la vie facile,
26:54parce qu'il faut qu'ils trouvent de quoi faire les études
26:57et en même temps de quoi payer ces deux ans d'études
27:00ou gagner quatre sous, j'en pense.
27:03Ceux que j'ai autour de moi, ils sont super.
27:06Ça va, alors ?
27:09...
27:13Qu'est-ce que je leur souhaite ?
27:16Ma foi !
27:19Qu'est-ce que vous voulez que je leur souhaite ?
27:22Je leur souhaite de se débrouiller selon leur goût,
27:25leur besoin,
27:28qu'ils ne soient pas plus ambitieux
27:31et je leur souhaite surtout
27:34d'être raisonnable.
27:37Être un peu gourmand, c'est bien,
27:40être un peu orgueilleux,
27:43ça peut peut-être être bien de temps en temps,
27:46mais il ne faut pas trop.
27:49Qu'est-ce qui vous agace dans le monde d'aujourd'hui ?
27:52Ce qui m'agace ?
27:55Il y a des tas de choses qui m'agacent.
27:58D'avoir à utiliser tous ces appareils.
28:01Et puis alors, l'ordinateur, ça m'agace,
28:04parce que moi, l'ordinateur, je tape.
28:07Déjà, j'ai de la peine à taper.
28:10Je n'ai pas si tôt tapé, je n'ai pas eu le temps de lire
28:13ce qu'il me dit, pof, c'est parti.
28:16En plus, je lui demande un truc,
28:19il me répond 10 autres machins.
28:22Ah, il m'agace !
28:25Alors l'ordinateur, c'est la plaie !
28:38Et je suis bien content de ne plus en avoir.
28:41Qu'est-ce qui vous rend heureuse dans le monde d'aujourd'hui ?
28:44Qu'est-ce qui me rend heureuse ?
28:47Eh bien, de voir des jeunes qui s'interrogent comme ça
28:50sur des tas de questions,
28:53qui découvrent tout d'un coup
28:56qu'il n'y a pas si longtemps que ça,
28:59il n'y avait pas d'ordinateur,
29:02pas de téléphone, pas de cellulaire,
29:05pas de signe, pas de l'art sur la vie d'aujourd'hui.
29:08Je trouve ça épouvantable.
29:11Vous êtes avec des gens,
29:14ils ne savent plus que taper comme ça.
29:17Vous leur parlez, ils tapent.
29:20Ils conduisent une automobile, ils tapent.
29:23Ils sont au restaurant en train de manger,
29:26toc, toc, toc, toc, ils tapent.
29:29Et vous, vous tapez aussi ?
29:32Moi, je ne tape pas, je ne vois pas ce que je tape.
29:35Mais ça m'énerve d'aller voir taper.
29:38Vous avez un portable, vous ?
29:41J'ai un portable, oui, mais il ne faut pas me demander
29:44de me servir de toutes les fonctions de mon portable.
29:47Les SMS, je sais les lire, ça va.
29:50Quelquefois, j'ai de la peine pour les effacer,
29:53alors je n'efface pas ce qu'il faut.
30:02Maintenant, vous êtes toujours à courir comme des dératés.
30:05Vous avez toujours des tas de choses à faire.
30:08Je vois mes filles, elles ont des emplois du temps.
30:11Elles font quelque chose chez elles.
30:14Elles s'occupent des enfants.
30:17Elles font des randonnées en montagne
30:20qui n'en finissent plus.
30:23On fait plus de choses aujourd'hui ?
30:26Elles font beaucoup plus de choses
30:29et des choses beaucoup plus variées que nous.
30:32Je ne sais pas si elles sont gagnantes au bout du compte.
30:35C'est comme ça, c'est comme ça.
31:00Quelle était la place de la femme au foyer avant ?
31:03La place de la...
31:06La femme, sa place était au foyer.
31:09Ma mère a travaillé quand elle était jeune fille.
31:14Mais quand elle a été mariée, il n'était plus question
31:17qu'elle travaille à l'extérieur.
31:20Elle s'est occupée de ses enfants.
31:23Elle s'est occupée de faire la cuisine, de faire son ménage.
31:26Ils avaient quatre poules.
31:29Ils avaient un jardin, donc un peu de jardiner.
31:32Mais non, mon père n'aurait pas aimé
31:35que ma mère aille travailler à l'extérieur.
31:38Oui, c'est sûr.
31:41Avant, c'était...
31:44Il n'était pas tout à fait contre.
31:47La place de la mère était le plus généralement au foyer.
31:50Les femmes qui avaient des prétentions de travailler
31:53n'étaient pas toujours bien vues.
31:56Il y en a encore des restes dans la société.
31:59D'accord.
32:02Est-ce que vous vous rappelez la première fois
32:05que vous avez voté aux élections présidentielles ?
32:08Non, je ne me rappelle pas.
32:11Mais quand j'avais 21 ans,
32:14je crois bien qu'on n'avait pas encore le droit de vote.
32:17C'est venu qu'après.
32:20Et c'était un grand événement pour les femmes, du coup ?
32:23Pour certaines qui s'étaient un peu intéressées à la question.
32:26Il y en a qui n'avaient jamais mis le nez
32:29dans un article un petit peu sérieux de politique.
32:32Alors, ça leur disait moins.
32:35C'est venu beaucoup plus progressivement
32:38que n'est venue la révolution
32:41que j'avais vécue et que j'ai vécue depuis.
32:44C'est devenu un événement.
32:47L'évolution que j'avais vécue
32:50et dont vous subissez l'évolution,
32:53c'est le progrès de l'informatique et tous ces trucs-là.
32:56Ça, c'est venu très vite
32:59et ça a très vite changé le paysage.
33:17Alors, est-ce que vous pensez
33:20que c'est important que les femmes soient libres
33:23par rapport à leur travail
33:26et au nombre d'enfants qu'elles vont avoir dans leur vie, par exemple ?
33:29Est-ce que vous pensez que c'est important ?
33:32Qu'elles soient libres ?
33:35Oui.
33:38Je pense que c'est important
33:41que les femmes soient libres
33:44mais je souhaite aussi qu'elles soient raisonnables,
33:47qu'elles acceptent d'avoir des enfants
33:50à l'âge où c'est normal d'avoir des enfants.
33:53Elles attendent quelquefois d'essayer d'en avoir
33:56quand elles ont pris la pilule pendant 20 ans
33:59et ça ne marche pas.
34:02Ça ne marche pas et il fallait s'y prendre avant.
34:05Il faut être raisonnable de tous les côtés.
34:08Oui.
34:11Non, non.
34:14C'est normal qu'elles veuillent travailler,
34:17avoir leur place dans la société,
34:20jouer un rôle dans la société sociale,
34:23dans la démocratie, dans la médecine.
34:26Au fait, les pompiers,
34:29on n'en a pas beaucoup parlé.
34:32Oui, c'est vrai.
34:35Quelle idée vous avez ?
34:39Quelle idée de vouloir être pompier ?
34:46Il faut que je réfléchisse.
34:52L'idée d'être pompier,
34:55pour être au même point que les hommes
34:58et pour aider les gens, c'est une vocation.
35:01C'est une vocation, oui.
35:04Il faut savoir ce que c'est qu'être pompier.
35:07Être pompier, ça veut dire
35:10intervenir dans des situations
35:13quelquefois risquées,
35:16dures physiquement.
35:19Ça nécessite de s'entretenir physiquement
35:22parce qu'il faut être sportif pour être pompier.
35:25Quand quelqu'un prend un malin,
35:28par hasard, il se trouve un pompier
35:31dans les parages,
35:34on est bien content d'avoir des pompiers.
35:37C'est rassurant, oui.
35:40Ça ne dérange pas de faire un métier
35:43qui est à la base un métier d'homme ?
35:46Oui, c'est peut-être un peu
35:49pour leur donner le pion.
35:52Elle a bien raison, je l'approuve.
35:56Si j'ai répondu, tant mieux !
36:00Merci beaucoup, Jalil, bravo !
36:25...
36:42Tu as pigé ?
36:45Oui.
36:48...
36:55Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
37:25Avec le soutien de Denix
37:55Avec le soutien de Denix

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