• il y a 7 mois
Président du comité départemental du Gard de la Ligue contre le cancer

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00:00 - Belle matinée en Lausanne et dans le Gard avec France Bleu à 7h47.
00:05 On va maintenant parler avec notre invité d'un sujet grave qui touche de nombreuses
00:08 familles en France.
00:09 - Oui bonjour André Mathieu.
00:10 - Oui bonjour.
00:11 - Président du comité départemental du Gard de la Ligue contre le cancer.
00:15 Vous organisez donc aujourd'hui une table ronde au musée de la Romanité, 25 ans après
00:20 les états généraux de la lutte contre le cancer.
00:22 Et vous souhaitez donc pour cette occasion remettre le patient au cœur de ce combat.
00:28 Ça veut dire quoi ?
00:29 - Absolument, parce que les réunions scientifiques existent, sont très nombreuses et donnent
00:35 des formations aux professionnels.
00:37 C'est un fait et là nous n'avons rien à apporter.
00:39 Mais il ne faut pas oublier que la Ligue contre le cancer est avant tout une association de
00:44 patients.
00:45 Elle a été créée pour l'intérêt des patients et pour son bien-être.
00:51 C'est dans cette optique que nous avons souhaité remettre un peu dans l'actualité la parole
01:00 effectivement aux patients.
01:02 Parce qu'il ne s'agit pas, comme je vous le disais, de donner la parole aux professionnels,
01:05 mais simplement de demander aux professionnels de répondre aux interrogations des patients.
01:10 C'est important, ça a été une originalité créée il y a 25 ans au niveau national.
01:15 Et nous avons souhaité dans le comité du Gard de recréer cet événement.
01:20 Et je crois que ce comité-là, c'est celui qui accompagne le plus de patients en France.
01:24 Le plus, non, ne soyons pas prétentieux, parce que le Gard n'est quand même pas le département
01:30 le plus peuplé de France.
01:32 Mais nous sommes très satisfaits de la pénétration et de l'impact que cela peut avoir au niveau
01:37 des patients qui participent activement au fonctionnement et bénéficient de tous les
01:43 intérêts que peut apporter le comité.
01:45 Vous accompagnez combien de malades ?
01:47 Nous accompagnons à peu près 600, entre 600 et 700 patients par an au niveau de ce
01:54 que nous appelons les soins de support.
01:56 Mais à cela il faut ajouter…
01:57 Les soins de support, c'est les soins d'accompagnement ?
01:59 Oui, oui, oui et non.
02:02 Oui, les soins de support, c'est tout ce qui a montré l'aspect pratique positif au-delà
02:08 du traitement, puisqu'il ne s'agit pas de faire des traitements, mais de développer
02:12 tout ce qui accompagne les traitements.
02:14 Et en plus des soins de support, il y a ce qu'on appelle les soins de bien-être qui
02:17 donnent, comme son nom l'indique, de bonnes conditions pour tolérer à la fois le traitement
02:22 et la récupération après le traitement.
02:25 Alors justement André Mathieu, les états généraux, on l'a dit, c'était il y a
02:28 25 ans, donc en 2004, un quart de siècle donc.
02:32 Qu'est-ce qui a changé depuis, en termes notamment de progrès de la médecine ?
02:36 Les progrès de la médecine ont été énormes, bien évidemment et heureusement, parce qu'il
02:41 ne faut pas oublier que par ailleurs la Ligue Nationale est le premier financeur privé
02:45 de la recherche dans la lutte contre le cancer.
02:48 Et la recherche avance, les traitements avancent, les résultats sont positifs, la diminution
02:54 de la mortalité et l'efficacité du traitement est incontestable.
02:58 Mais ce qui n'a pas changé, c'est que le patient reste toujours isolé, au cœur
03:04 du problème, et une fois le traitement terminé, se retrouve souvent un peu abandonné à lui-même.
03:08 Et c'est là où nous intervenons au niveau de la Ligue contre le cancer pour aider les
03:13 personnes dans leur récupération et dans leur parcours après le traitement.
03:17 Alors justement, le parcours du soin, je voudrais justement qu'on en parle avec Emmanuelle
03:21 qui est en ligne avec nous.
03:23 Bonjour Emmanuelle.
03:24 Bonjour.
03:25 Alors vous Emmanuelle, vous êtes médecin et vous avez eu, il y a 4 ans, un cancer du
03:31 colon.
03:32 C'est bien ça ?
03:33 Oui c'est bien ça, en plein Covid, au tout début du Covid.
03:36 En plein Covid.
03:37 Alors comment ça s'est passé justement votre parcours de soin ?
03:40 Mon parcours de soin, au début, l'annonce de la maladie c'est vraiment un coup de tonnerre
03:48 dans un ciel serein, on ne s'y attend vraiment pas.
03:50 Et là, mon exemple m'entend, puisque oui, les médecins peuvent être malades aussi,
03:56 et gravement malades.
03:57 Et après, tout s'enchaîne très vite en fait.
04:02 Donc là, vous vous êtes hospitalisée en urgence, vous êtes opérée, et puis après
04:08 il y a eu la chimiothérapie en comprimé pour moi, et là j'ai eu un très bon accompagnement
04:14 médical de la part de mon chirurgien, l'oncologue, et mon psychiatre aussi.
04:21 Après, comme on en parlait, il y a effectivement les soins de support, et on en a parlé un
04:29 petit peu tard, et j'ai regretté parce que c'est vraiment très très important, et je
04:34 les ai beaucoup utilisés, notamment au sein de l'hôpital il y a l'ERI qui accompagne.
04:40 C'est quoi l'ERI ?
04:41 L'ERI ce sont des soins de support, un service qui vous accueille pour vous proposer plein
04:49 d'activités, notamment de rencontrer la psychologue, des groupes de parole, des ateliers, avec
04:56 des soins pour le corps, et c'est très important, de la soufrologie, moi c'est essentiellement
05:01 ça que j'ai fait, de la soufrologie, les soins pour le corps, parce que c'est vrai
05:05 que le corps est vraiment mis à mal avec tous ces traitements.
05:07 Parce que vous avez eu un traitement j'imagine agressif ?
05:11 Oui c'est la chimiothérapie qui est très agressive, moi j'ai pas autant perdu mes
05:17 cheveux que pour la chimiothérapie du cancer du sein, mais quand même, et après, sèche
05:25 reste de la peau, il y a des gros effets secondaires, dans le cancer du côlon c'est le syndrome
05:30 palmo-plantaire, on perd toute la peau de la plante et la pomme des mains, et c'est
05:37 vraiment très douloureux, on peut même pas marcher, et on a vraiment la peau toute sèche,
05:45 et les ongles, les cheveux, tout ça en prend un coup, et la ligue contre le cancer je l'y
05:52 suis aussi allée, et c'est vrai que les soins de massage pour le corps, et ils m'avaient
05:59 proposé aussi la réflexologie plantaire, c'est vraiment des moments de bien-être
06:02 qui vous font du bien, parce qu'il est vrai que tout le monde vous soutient, votre mari,
06:08 vos amis, la famille, mais ça fait du bien de se retrouver au sein d'une équipe qui
06:15 vous comprend, et même les groupes de parole c'est très important je pense, moi j'ai
06:19 pas eu de chance parce que c'était au moment du Covid donc j'ai pas pu en bénéficier
06:23 beaucoup, mais voilà c'est important d'en parler avec ceux qui traversent ça.
06:27 Justement j'en profite à l'occasion de ce témoignage, je rebondis sur votre témoignage
06:30 Emmanuel, si vous avez vous aussi combattu un cancer, rappelez-nous pour nous dire ce
06:33 que vous avez ressenti, l'accompagnement que vous avez pu avoir avec vos proches ou
06:36 avec les médecins.
06:37 Oui justement on entendait Emmanuel qui parlait de son entourage, qu'il l'a bien accompagné,
06:42 je pense que c'est pas le cas André Mathieu de tous les patients qui sont touchés par
06:46 la maladie et que vous suivez vous, comment ça se passe pour eux ? Est-ce que leur prise
06:50 en charge, disons le soutien moral a évolué ces 25 dernières années ?
06:54 Il a évolué oui, il a évolué dans le sens où effectivement il y a un certain nombre
06:59 d'associations qui peuvent proposer des soutiens dans l'après-traitement et dans la maladie,
07:10 puisqu'il faut savoir que cette maladie laisse effectivement des traces à la fois sur le
07:14 plan physique mais aussi sur le plan psychologique et certaines personnes ont la chance de pouvoir
07:21 être bien entourées mais pas toutes, un certain nombre se retrouve isolé, non seulement
07:26 physiquement mais moralement et là il est très important justement de pouvoir bénéficier
07:31 de personnes qui s'investissent, professionnelles et bénévoles, puisqu'il ne faut pas oublier
07:37 que la Ligue contre le cancer fonctionne essentiellement avec du bénévolat et que les bénévoles
07:42 ont un rôle important dans le fait de pouvoir se reconstruire après la maladie.
07:47 Il faut que les patients puissent se reconstruire mais il y a aussi les familles qui doivent
07:51 se reconstruire autour d'eux.
07:53 Emmanuelle, comment ça s'est passé dans votre cas ? Parce que vous êtes maman, une
07:57 maman courage de deux petits-enfants je crois.
07:59 Oui c'est très difficile parce que mes enfants avaient 4 ans et 8 ans, 7 ans, 8 ans pour
08:08 ma fille et j'avais déjà été hospitalisée en 2017 avant, un petit peu longtemps donc
08:14 là le fait de re-être hospitalisée brutalement ça a été très compliqué pour les enfants
08:20 et puis après c'est vrai qu'ils vous voient une fois que vous rentrez tout affaibli à
08:23 la maison, c'est très compliqué.
08:26 Ça a été difficile pour vos enfants de vous voir malade ?
08:33 Oui ça a été difficile, ça laisse des traces mais après ils m'ont vu me relever
08:40 puis moi je suis quelqu'un de très battante donc voilà je me suis relevé et je pense
08:45 qu'ils ont cette image de moi, quelqu'un qui s'est relevé, d'ailleurs avec ma fille
08:49 on partage la même passion.
08:51 Vous faites du cheval tous les deux ?
08:54 Oui ! Et moi justement la maladie m'a remise à cheval, je suis retombée dans ma passion
09:00 d'enfance et j'ai acheté un cheval et c'est pour mon plus grand bonheur, c'est un épanouissement
09:06 personnel et c'est une vraie thérapie et je pense que si j'étais pas tombée malade
09:11 je ne me serais pas lancée dans la grande aventure d'être propriétaire de cheval
09:15 parce que c'est un cap à passer et avec la vie que je mène, le travail, les enfants,
09:20 on se dit toujours qu'on n'a pas le temps mais après on revoit ses priorités, on ne
09:25 voit plus la vie de la même façon, on relativise la vie, on a envie de profiter.
09:30 Donc voilà, je me suis acheté un cheval et pour mon plus grand bonheur, ça m'équilibre
09:34 beaucoup.
09:35 C'est important d'avoir des activités à côté.
09:37 André Mathieu, je me retourne vers vous, président de la Ligue contre le cancer dans
09:43 le Gard, le comité gardois.
09:45 Vous voulez proposer notamment à la Ligue contre le cancer de nouvelles aides pour les
09:49 patients, notamment en termes de garde d'enfants, on l'a évoqué, mais aussi plus inattendu
09:54 je regardais, pour le maintien de la vie sexuelle.
09:56 Oui, c'est un élément nouveau dans les soins de support, disons dans l'accompagnement
10:04 de l'après-cancer puisque, je voulais juste rebondir sur ce que l'on vient de dire,
10:09 c'est que nous développons également beaucoup depuis peu de quelque temps l'aide pour
10:13 les aidants, l'entourage, ce qui est très important parce qu'il ne faut pas penser
10:17 simplement aux patients mais aussi à leur entourage.
10:19 Et au niveau de la vie sexuelle, c'est un élément qui a son importance, dont on n'ose
10:24 pas beaucoup parler, mais qu'il faut essayer d'accompagner puisqu'on sait que ça peut
10:30 avoir un retentissement à la fois sur le plan personnel et là aussi sur le plan de
10:34 la vie de couple, donc encore une fois sur la reconstruction après la maladie.
10:37 Il ne faut pas que la vie s'arrête pour les patients, on l'a entendu avec Emmanuel.
10:42 Absolument, c'est très important, il y a une transition à faire et moi je le dis en
10:46 tant que soignant, puisque j'ai été pendant de très nombreuses années praticien spécialiste
10:53 en cancérologie et je le dis souvent, c'est que les patients se retrouvent un peu abandonnés
10:58 une fois où on dit que le traitement est terminé, même si tout va bien et encore
11:02 plus si tout va bien, on leur dit "ben voilà maintenant on vous laisse tranquille" alors
11:05 que là il faut les accompagner.
11:07 Une question que j'ai pour tous les deux, est-ce qu'on peut guérir du cancer ?
11:10 Absolument, oui, il faut le répéter, il faut essayer de dédramatiser le terme de
11:16 cancer, ça reste une maladie grave certes, ça reste une maladie qui a un pronostic
11:22 dans certains cas gravissime, mais encore une fois et comme toutes les maladies, si
11:28 le problème est pris à son début, il y a un taux de guérison qui frôle les 100%
11:33 et encore parce que la science n'aime pas dire 100%, mais c'est très important, cette
11:38 maladie est guérissable s'il faut, si on la prend en temps et si on fait ce qu'il
11:42 faut.
11:43 Et donc aujourd'hui, conférence table ronde disons au musée de la Romanité, notamment
11:47 en présence de patients, de proches aussi.
11:49 Emmanuel, peut-être que vous irez faire un tour au musée de la Romanité ?
11:52 Oui, oui, peut-être, aujourd'hui c'est la journée des enfants, alors il faut que
11:58 je le voie, mais je voulais rebondir sur l'aide des aidants, c'est vrai, j'ai parlé de
12:02 mes enfants, mais je remercie beaucoup mon mari, et pour lui ça a été très dur parce
12:07 que, en plus il est médecin aussi, donc il a été très inquiet, il m'a beaucoup
12:11 accompagnée, après ce qui a été difficile c'est que je suis tombée en dépression
12:14 parce que j'ai aussi perdu mon travail, ça a été la double peine, et donc du coup
12:19 c'est vrai que la maladie met à mal le couple, et vraiment ça on le voit, je le vois auprès
12:23 de mes patients, et ça a été le cas pour moi, mais mon couple en est ressorti plus
12:29 fort, voilà, on a traversé l'épreuve, et voilà, je voulais le remercier.
12:33 Et donc je le redis aux auditeurs, il y a une journée table ronde organisée par le
12:39 comité départemental du Gard de la Ligue contre le cancer, aujourd'hui ce matin-là,
12:43 à partir de 8h30, c'est toute la journée, vous pouvez y aller, je vous remercie tous
12:47 les deux d'avoir été avec nous sur France Bleu Guerre l'Auxerre ce matin, c'est gratuit.
12:50 Avec plaisir.
12:51 Merci aussi à vous André Mathieu, président du comité départemental du Gard de la Ligue
12:55 contre le cancer dans le Gard, merci à vous.
13:00 [SILENCE]

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