• il y a 8 mois
Si vous vous demandez pourquoi votre facture électrique explose, la réponse est dans cet entretien avec l'économiste d'Alain Le Bihan, l'auteur de "Energie : un crime d'Etat - Pourquoi votre facture d'électricité explose". Vous y trouverez les causes telles que les ont empilées les gouvernements successifs depuis Lionel Jospin, pour se conformer aux souhaits européens et séduire les Verts. Vous saurez pourquoi il fut procédé au démantèlement d'EDF, pourquoi le nucléaire du futur fut abandonné et celui en fonctionnement malmené par ces mêmes gouvernements alors que leur premier devoir était de protéger et de faire fructifier les biens de la nation. Vous vous apercevrez que sans les obligations, les subventions et la corruption, les énergies, qui n'ont de renouvelables que le nom, n'auraient jamais vu le jour.

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Transcription
00:00— Bonjour à tous. Bienvenue dans notre Zoom, aujourd'hui en compagnie d'Alain Le Billan. Bonjour, monsieur.
00:12— Bonjour, Pierre. — Alain Le Billan, vous êtes toujours diplômé du supérieur en sciences économiques.
00:17— Rien n'a changé. — Vous avez travaillé dans les institutions publiques et dans le privé, principalement dans de petites entreprises.
00:25Alors après votre ouvrage qui a fait parler Macron, le grand liquidateur, que vous étiez venu nous présenter ici en deux fois sur le plateau de TV Liberté.
00:36Je rappelle à nos téléspectateurs que le premier entretien avait fait 203 000 vues. Le second, 257 000.
00:42C'était cette fois-ci dans le cadre de notre émission Politique et économie. Vous venez aujourd'hui, Alain Le Billan,
00:49nous présenter votre petit dernier, Énergie, un crime d'État. Pourquoi votre facture d'électricité explose,
00:58préfacée par Loïc Le Floch-Prigent, qu'on évoquera d'ailleurs en fin d'entretien ensemble. Alors justement, cette hausse inouïe des prix de l'électricité,
01:08qu'est-ce qui l'a déclenché, Alain Le Billan ? — Alors ce qui l'a déclenché, c'est tout un processus. Et ça a été l'objet de l'étude que j'ai effectuée pour ce livre.
01:18Bon, j'avais cette expérience-là. Depuis un certain temps, je suivais ces questions. Et lorsqu'en 2022, les factures électriques explosent
01:29pour un grand nombre de familles et puis surtout pour les petites entreprises, particulièrement dans le commerce, à ce moment-là, je me suis dit
01:39qu'il faut donner un éclairage sur cette question parce que ceux qui nous dirigent et les médias nous racontent une autre histoire que celle qui est là.
01:49En réalité, nous avions un outil à la fin du XXe siècle qui était exceptionnel et d'une puissance inouïe que les dirigeants successifs qu'on a eus depuis Jospin
02:06ont fait en sorte de foutre par terre. Et c'est ça que je voulais raconter pour que les gens comprennent bien dans quelle situation on se trouve
02:14et les raisons pour lesquelles on se trouve là. — Mais alors pour faire un petit peu d'actu, pour commencer, cette hausse des prix de l'électricité,
02:22aujourd'hui, à quoi l'attribuez-vous ? — Alors la hausse des prix de l'électricité vient du démantèlement d'EDF, de fait d'une mise en quasi-faillite
02:33de l'entreprise par tout un système qui a servi à piller la production électrique d'EDF. Ce système avait été mis en place à l'époque de Nicolas Sarkozy.
02:47— Et c'est la loi NOME. — Voilà, c'est la loi NOME. — La NOME avec son dispositif AREN. — Oui, dispositif avec un titre ronflant, comme d'habitude,
02:59qui avait pour but donc de faciliter la vente d'électricité d'EDF à des opérateurs qui se présentaient, à un prix défiant toute concurrence de 42 € le mégawatt,
03:16et à eux de vendre cette manne aux clients qu'ils auraient. Déjà, à l'époque, ça avait été signalé que les 42 € étaient basés sur la fourniture de courant
03:32et sur la maintenance. Or, une entreprise, quand elle vend un produit, elle prend en compte la fabrication du produit et sa maintenance,
03:40mais l'investissement futur qui lui permet de continuer son activité. Ça, ça a été supprimé.
03:46— Alors vous expliquez dans votre ouvrage – on va y venir – comment le système de production électrique français a été détruit. Avant cela, Alain Lebihan,
03:55est-ce que vous pouvez brièvement – parce que c'est assez long – nous raconter comment ce système avait été bâti pour devenir un leader mondial du secteur ?
04:06— Le système, il a été bâti à la fin de la guerre. Donc il y a eu la création du commissariat à l'énergie atomique, qui avait pour but des études militaires
04:17puisqu'il y avait eu la bombe sur le Japon, et en même temps des études civiles sur les bienfaits du nucléaire civil. Le deuxième outil que nous avions mis en place à l'époque,
04:30c'était EDF, c'est-à-dire une entreprise publique à caractère industriel et commercial, c'est-à-dire une entreprise publique qui fabrique et vend du courant à ses clients finaux.
04:41Ça, c'est ce qui a permis d'avoir une assise qui, par la suite, a organisé sa recherche commune et qui a donné naissance à la première pile atomique.
04:56C'était à Chinon, en 1963, on a la première pile atomique. C'était une filière française qui sera abandonnée par la suite lorsqu'on prendra la filière américaine,
05:07mais qui avait donné toute sa puissance. À partir de 1973, quand on a le fameux choc pétrolier, c'est-à-dire quand le prix du pétrole explose,
05:20il faut savoir que les centrales thermiques, les centrales qui fabriquaient du courant, c'était soit du charbon, soit du pétrole ou pas encore du gaz,
05:30mais majoritairement du pétrole. À partir du moment où le prix du pétrole est multiplié par 4, les conditions de fabrication d'électricité sont forcément exponentielles.
05:40À ce moment-là, le Premier ministre de l'époque, puisque c'est la période difficile, la fin de Georges Pompidou...
05:49– Pierre Messmer. – Pierre Messmer appelle l'EDF et dit « Qu'est-ce qu'il vous faudra ? Combien de centrales nucléaires êtes-vous capables de fabriquer par an ? »
05:58Le président de l'époque, qui s'appelait Marcel Boiteux, a dit « Donnez-moi 2 heures ». Et 2 heures après, il lui a dit « Voilà, je suis capable d'en fabriquer 5 par an ».
06:07Et à partir de là, tous les investissements qui ont été faits ont été faits dans le nucléaire. C'est ce qu'on a appelé le « tout nucléaire »,
06:15et qui a déchaîné le mouvement écologiste qui était né auparavant. C'est une production, quand même, l'écologie...
06:27Il ne faut pas oublier que c'est en 1969, le premier texte vraiment écologiste vient de la Commission européenne, via son vice-président, qui était Hollande Emansholt.
06:36C'est le document qui s'appelle « Halte à la croissance ».
06:39– Il y avait le Canadien aussi, Maurice Trong, dont on avait déjà parlé ensemble.
06:43– Oui, qui va servir, lui, chez Greenpeace, ou l'autre, ou le WWF. Enfin, c'est une des deux.
06:53De toute façon, dans l'écologie, il y en a trois qui comptent. Les Amis de la Terre, le WWF et Greenpeace.
07:02– Alors, avec le choc pétrolier de 1973, en effet, les Trente Glorieuses vont prendre fin pour laisser place au discours écologiste
07:10qui va se concrétiser dans un premier temps avec l'acte unique de la Commission de Bruxelles en 1996 et le sommet de Rio en 1992 sous l'égide de l'ONU.
07:20À partir de là, vous dites que nos dirigeants, droite et gauche confondus, vont détruire EDF.
07:27Et cela va commencer sous la cohabitation Chirac-Jospin entre 1997 et 2002, avec la fin de Superphénix en 1997.
07:38Alors, Superphénix, c'était quoi ? C'était un réacteur qui produisait de l'électricité à partir des déchets des centrales nucléaires classiques.
07:46Donc, c'était quand même une idée de génie. La fin, les écologistes attaquaient sur les déchets, vous voyez, c'est inadmissible.
07:52Et on a réussi à résoudre le problème. Donc, pourquoi Superphénix a été torpillé comme ça ?
07:57– Alors, pourquoi il a été torpillé, c'est qu'il fallait donner un gage de la part du Parti Socialiste et de Lionel Jospin aux écologistes
08:07pour être, à l'élection présidentielle de 2002, pour être en capacité de gagner.
08:13Ça, c'est le fonds de commerce, le fonds de commerce de la gauche.
08:17La deuxième chose, c'était quels étaient les intérêts qui étaient derrière les écologistes pour vouloir foutre par terre
08:23cette technologie qui était révolutionnaire et française.
08:27C'est-à-dire que les ingénieurs du CEA, les chercheurs du CEA, s'étaient posés comme question le cycle du combustible,
08:35enfin l'uranium, c'est-à-dire ce qui va permettre de donner de la chaleur et de produire de l'électricité.
08:43Le cycle du combustible, c'était de l'uranium qu'il fallait trouver dans des mines,
08:48de l'uranium, enfin du plutonium qui arrivait en déchets.
08:54Donc, il y avait cette contrainte.
08:56Est-ce qu'on ne pouvait pas trouver un système qui permettait de faire fusionner les deux, en quelque sorte ?
09:01Et c'est ce qui a été fait par cet outil qui s'appelle, enfin c'était Superphénix qui était prévu de produire de l'électricité sur le point commercial,
09:14mais qui avait déjà été effectué avec deux prototypes, Phénix qui était plus petit et Rhapsody qui était encore plus petit.
09:24L'un faisait 70 MW, l'autre 250 MW, et on avait donc le Superphénix qui faisait 1250 MW,
09:30qui était quand même une machine extrêmement puissante, qui arrivait, si vous voulez, au final de son activité avant d'être commercialisé.
09:38C'est-à-dire, c'est ce qu'ils appellent dans l'aviation le démonstrateur, c'est-à-dire l'avion qui est quasiment vendu.
09:45Là, c'était le démonstrateur qui était en place et avec des subtilités qui sont réservées à la haute administration,
09:54on a réussi à arrêter le système et puis à dire que ça ne marchait pas.
09:57– Et vous expliquez bien, Alain Lebihan, qu'en plus des écologistes, derrière, il y avait les États-Unis et les Allemands
10:04qui étaient tout à fait hostiles à l'émergence de ce Superphénix qui aurait été un concurrent épouvantable pour eux.
10:11– Bien sûr, parce que les Américains nous avaient vendu la filière Westinghouse,
10:16c'est-à-dire qui a permis de construire 58 réacteurs, 58 réacteurs que nous avons francisés,
10:23c'est-à-dire dont nous maîtrisions parfaitement la technologie et nous voulions,
10:28enfin la France voulait avoir cet autotype de réacteur qui allait équilibrer l'ensemble,
10:32c'est-à-dire qu'aujourd'hui, ce ne serait pas idiot de dire qu'avec un pouvoir normal,
10:39on aurait trois réacteurs sur générateur qui seraient en fonctionnement sur le territoire
10:44et une capacité de production électrique infinie.
10:50– Alors, l'éclatement d'EDF va se poursuivre dans les années 2000,
10:54comment l'opération va se dérouler ? Il y a des privatisations, expliquez-nous ça.
11:00– Alors, en fait, si vous voulez, lors de la présidence de Jacques Delors,
11:06le président français, il a été président de la Commission européenne entre 1985 et 1995,
11:12c'est-à-dire la période de grande turbulence.
11:14– Donc là, c'était Jacques Delors qui présidait la Commission européenne.
11:17– Jacques Delors présidait la Commission européenne.
11:18En 1991, quand l'Union soviétique disparaît, que le mur de Berlin est tombé deux ans auparavant,
11:25la géopolitique mondiale a complètement changé.
11:28D'ailleurs, la conférence qui a été faite à Rio en 93, ou 92,
11:33c'est l'ONU qui se pose aussi des questions sur son avenir,
11:39parce qu'à partir du moment où il n'y a plus cet élément qui était l'Union soviétique,
11:43qu'est-ce qu'ils vont devenir ? Donc il y a toute cette…
11:46– Oui, il ne se fait aussi que dans l'écologie, quoi.
11:48– Voilà, c'est tout cet engagement dans l'écologie qui va se développer plus tard
11:53avec l'histoire de l'effet de serre et le réchauffement climatique.
11:58Et dans la dernière période, le secrétaire général de l'ONU a eu cette fameuse formule,
12:04on est à la période du bouillonnement.
12:07Bon, ce sont des trucs qui ne tiennent pas la route.
12:13Tout ça, c'est l'argumentaire pour essayer de donner un aspect viable
12:20à la croissance zéro et à la situation dans laquelle on se trouve.
12:24Il ne faut pas se raconter l'histoire.
12:25– Alors, le démantèlement d'EDF, vous l'expliquez très bien,
12:28c'est la création en 2000 de RTE, Réseau de Transport d'Électricité,
12:32et en 2005, RTE et EDF deviennent des sociétés anonymes.
12:35– Oui, c'est-à-dire qu'on coupe…
12:39– On coupe EDF en deux, producteur et acheminement de l'énergie.
12:44– Voilà, tout ce qui est les fils électriques qu'on voit,
12:47et tous les transformateurs, tout ça, c'est du domaine du réseau de transport.
12:52Et bien tout ça, on va dire, ah ben non, ça ne appartient plus à EDF,
12:55on va créer une société, une nouvelle société
12:57qui va être en contact avec le client, avec les gros clients.
13:00Mais toujours avec quand même EDF qui continue à payer derrière, il ne faut pas oublier.
13:04– Alors, avant d'être battu au second tour, au premier tour de l'élection de 2002,
13:11Lionel Jospin promeut les énergies renouvelables.
13:15Donc ça, ça se fait en parallèle de l'éclatement.
13:17Donc comment ces énergies renouvelables vont être couplées
13:21à notre production d'énergie nucléaire ? Comment ça marche ?
13:26– Alors, en fait, Lionel Jospin, lorsqu'il passe devant la commission d'enquête du Parlement
13:32sur l'énergie, il dit, nous avons pris des dispositions volontaristes.
13:37Autrement dit, il n'y avait rien qui tenait debout,
13:39mais pour montrer notre volonté, on va faciliter.
13:43Donc c'est une question d'argent, c'est-à-dire on va donner à des opérateurs
13:47la possibilité de gagner beaucoup d'argent avec un truc qui,
13:52pour les performances, maintenant, on s'en aperçoit, ça ne vaut pas grand-chose.
13:56Donc à partir de cette date-là, on va commencer à créer en masse des éoliennes.
14:02Et puis des panneaux solaires, jusqu'au moment où, disons,
14:07ça va être pour François Hollande, où il va y avoir la fameuse rupture,
14:13si vous voulez, avec la transition énergétique,
14:18où on va dire maintenant, ce qui est vraiment merveilleux,
14:20ce qui est formidable, ce sont les éoliennes et le solaire,
14:23et le nucléaire, il faut l'envoyer à la casse.
14:26C'est ça qui a été fait, naturellement, à la façon de Hollande,
14:31c'est-à-dire, j'en parle, mais je ne le fais pas,
14:33je laisse toujours les autres le faire, sauf Jean-Macron qui fermera Fessenheim.
14:37– Vous allez un peu vite en besogne, cher Alain Le Billon,
14:40puisqu'il y a un acteur que l'on oublie, sur lequel vous faites l'impasse,
14:45dans votre discours, c'est celui de Nicolas Sarkozy.
14:49Vous dites que la démolition d'EDF va aller beaucoup plus loin sous sa présidence,
14:54vous parlez même d'un véritable pillage.
14:56– C'est effectivement un pillage.
14:58Le pillage, c'est ce qu'on a dit tout à l'heure avec le mécanisme de l'arène,
15:02c'est-à-dire obliger EDF à vendre du courant électrique à un prix extrêmement bas,
15:07qui ne lui permet pas d'assurer ses investissements futurs,
15:12donc de le mettre dans une situation difficile,
15:15et qui en 2022 va se trouver dans une situation beaucoup plus difficile,
15:20parce qu'on va arrêter les centrales au motif
15:24qu'elles ont des tuyaux qui ne sont pas très bien soudés.
15:27– Borrodés, oui.
15:28– Mais on ne va pas faire dans la tentelle, on va arrêter toutes les centrales,
15:31ce qui ne se fait jamais, d'habitude on en fait une et on voit comment ça se passe.
15:34Mais là, on a arrêté toutes les centrales,
15:36donc on s'est trouvé dans l'impossibilité de fourdir la clientèle,
15:41et donc il a fallu qu'EDF rachète à ses opérateurs le courant qu'elle leur vend.
15:49Seulement, le prix du courant à partir de Nicolas Sarkozy,
15:54à partir de la loi Nome,
15:56ce n'est plus fixé par la production électrique,
15:58c'est fixé par le prix du gaz, le gaz étant un produit spéculatif.
16:02Or, en 2022, on a les problèmes de l'Ukraine,
16:07et à partir de ce moment-là, il y a une évolution considérable du prix,
16:12du prix du gaz, et donc EDF, qui a vendu son gaz,
16:16son électricité à 42 euros le mégawatt,
16:20va racheter son électricité à plus de 300 euros.
16:23– Donc cette loi Nome, en 2010,
16:26elle est faite évidemment à la demande de Bruxelles,
16:28avec son dispositif à Rennes, et qu'il y a au-dessus de Bruxelles,
16:31on demande, on devine que c'est l'Allemagne
16:35qui veut qu'on indexe ça sur le prix du gaz,
16:37parce qu'il y a tout intérêt.
16:39– Voilà, derrière toute cette affaire, il y a l'Allemagne,
16:43l'Allemagne réunifiée a tout fait pour mettre EDF en difficulté.
16:49– Et alors, vous citez deux anciens patrons d'EDF,
16:52Pierre Gadonnet, Gadonnex, excusez-moi,
16:55qu'il a qualifié la Rennes de monstruosité,
16:58et Henri Proglio de mesures iniques,
17:01destinées à casser EDF sous la pression bruxello-allemande.
17:07Henri Proglio dira, la destruction d'EDF a été structurée,
17:10voulue et obtenue.
17:11Donc comme ça, si on avait des hésitations encore, c'est réglé.
17:17– Il avait été nommé président d'EDF par Nicolas Sarkozy,
17:21il avait fait toute sa carrière dans les services publics de l'eau.
17:24Bon, il connaissait bien ça, bien ce mode de fonctionnement.
17:29– Alors, vous évoquiez un petit peu tout à l'heure
17:31la présidence de François Hollande.
17:33Sous sa présidence, le capitaine d'industrie Louis Gallois
17:37est nommé commissaire général à l'investissement
17:40pour accroître la productivité de l'industrie française.
17:44Mais c'est finalement la transition énergétique qui va s'imposer.
17:48Quelles vont être alors les conséquences de cette décision stratégique
17:52comme l'a appelé François Hollande ?
17:54– Alors, ce que dit Louis Gallois, c'est un personnage
18:00qui a été à la fois directeur de l'impôt,
18:03qui a été directeur de l'industrie, qui a dirigé Airbus,
18:06qui a dirigé la SNCF.
18:08C'est quelqu'un qui est issu de la gauche
18:11mais qui connaît l'entreprise et l'économie.
18:14– Un peu comme Loïc le Floc-Prigent, qui est votre préfacier.
18:18– Il y en a quelques-uns qui sont dans cette situation.
18:21– Hommes de gauche.
18:22– Voilà.
18:23Et qu'est-ce qu'on lui demande, donc, de faire un rapport
18:27sur l'amélioration de la productivité de l'industrie française ?
18:31Bon, il explique dans ce rapport,
18:32alors moi j'ai pris la partie qui concernait l'énergie,
18:35il a dit voilà, on a un avantage comparatif par rapport aux autres,
18:38c'est l'électricité qui est abondante chez nous et pas chère,
18:42et ça permet, sous-entendu si vous voulez,
18:46ça permet de faciliter en partie,
18:49ou ça permet d'obérer en partie les difficultés
18:52que font peser l'administration française sur les petites boîtes,
18:55pour simplifier.
18:56Et il dit ce qu'il ne faut surtout pas faire,
19:00c'est diminuer la production électrique d'origine nucléaire.
19:06Et il ajoute, à ma main, il dit, concernant les éoliennes et le solaire,
19:13il dit en gros, si vous voulez, c'est bien, on peut l'utiliser,
19:16mais d'une façon à la marge, et pas forcément raccorder au réseau.
19:20Parce que le problème qui va se poser,
19:21c'est quand on va mettre ce qu'ils appellent les énergies douces et durables,
19:25quand on va mettre ça sur le réseau et qu'on va le déstabiliser le radioélectrique.
19:31– Oui, parce que les centrales ne supportent pas
19:33qu'on fasse du yo-yo avec leur générateur.
19:36– C'est-à-dire que quand il y a du vent et quand il y a du soleil,
19:39il y a une production de courant, on la fait rentrer,
19:42mais ça ne marche pas comme ça,
19:44il faut avoir fait l'ENA maintenant pour imaginer que ça marche comme ça.
19:49– Alors justement, François Hollande prévoyait en son temps
19:53la fermeture de 17 à 24 centrales.
19:56Au passage, la Cour des comptes avait estimé le coût,
19:59enfin les pertes de recettes, à entre 8 et 10 milliards d'euros.
20:04– Un réacteur, en gros, ça rapporte 400 millions par an.
20:08Donc…
20:11– En juin 2020, le président Macron est à l'Élysée,
20:14il décide de fermer les deux réacteurs de la centrale de Fessenheim.
20:19Il annonce aussi la fermeture de 12 autres réacteurs entre 2025 et 2035.
20:26Nous sommes ici en juin 2020, 20 mois plus tard à Belfort, le 10 février 2022.
20:33Donc nous sommes 10 jours avant l'entrée des troupes russes en Ukraine.
20:37Emmanuel Macron décide alors une relance massive du nucléaire.
20:42Comment vous expliquez cette volte-face ?
20:45– La volte-face vient du fait qu'il a fallu qu'on importe du courant électrique
20:50l'année d'avant, et cette année qui commence.
20:55Donc à partir de ce moment-là, si vous voulez,
20:57ça remet un peu les pendules à l'heure, c'est le choc du réel.
21:00Là, on s'aperçoit qu'il va se passer quelque chose de dramatique
21:05dans les années futures, donc il faut prendre des dispositions.
21:08Il faut bien voir que pendant plus de 20 ans, on n'a rien fait.
21:12On n'a construit aucune centrale.
21:14Il n'y en a qu'une qui est en construction,
21:15c'est la centrale de Flamanville, qu'on n'arrive pas à sortir.
21:20C'est le fameux EPR.
21:22L'EPR qui a été modifié, qui maintenant s'appelle EPR2
21:25parce que des difficultés techniques étaient là.
21:30– C'est M. Lévy, l'ancien PDG de EDF,
21:34qui à une réunion des grands patrons français avait dit,
21:39attendez, moi, on me dit que la filière nucléaire s'est terminée,
21:43donc je n'engage plus de nouveaux ingénieurs
21:47pour aller ressouder, aller colmater tous les problèmes.
21:50– Moi, je n'ai pas embauché les soudeurs, moi j'ai embauché…
21:52– Ah voilà. – Oui, bien sûr.
21:53Alors, c'est quelque chose que j'ai oublié de vous dire.
21:57Lors de la présidence Sarkozy, il a mis aussi sous la tutelle de l'écologie,
22:03c'est-à-dire du ministère de l'Environnement,
22:05il a mis la production électrique sous la contrainte.
22:12C'est-à-dire que ce sont les gens de l'ADEME,
22:15c'est un foyer de gens antinucléaires, comme ce n'est pas possible,
22:18qui vont tout faire pour foutre notre réseau électrique par terre.
22:23– Et avec peut-être aussi la complicité de M. Borloo,
22:27l'auteur du Grenelle de l'Environnement.
22:30– Borloo, ce serait le père de Macron, s'il voulait,
22:35il a toujours fait du en même temps, mais pas toujours à la même période.
22:39– Alors, pourquoi est-ce que vous dites que ce fameux discours de Belfort,
22:42du président Macron, le 10 février 2022,
22:46a été aussi décevant pour les pro-nucléaires que pour les anti ?
22:51– Oui, parce qu'en fait, ça n'aboutit à rien,
22:53c'est-à-dire que la première obligation, c'est toujours la même,
22:57c'est de mettre en avant les énergies renouvelables,
23:00de mettre en deux le nucléaire.
23:03Alors, ce qu'il n'y avait plus quand même au début,
23:05c'est lorsqu'il dit, nous allons reprendre la grande aventure du nucléaire.
23:09C'est-à-dire, il a fait partie de tous les pouvoirs
23:12qui se sont arrangés pour la foutre par terre,
23:14là, il va reprendre la grande aventure du nucléaire.
23:17Bon, naturellement, ce n'est pas crédible tout ça,
23:20parce qu'on ne règle pas les problèmes avec ceux qui les créent,
23:22on le sait par expérience.
23:25– Donc, c'est pour ça qu'il va remettre le travail
23:30lors d'une deuxième intervention, la même année.
23:32– Oui, alors, c'est six mois plus tard, on est alors à Saint-Nazaire,
23:35c'est son discours du 22 septembre 2022,
23:40et là, il revient encore sur ses propos six mois plus tôt.
23:43Alors, qu'est-ce qu'il raconte, c'est quoi la différence ?
23:45– C'est le même type, sauf que c'est le nucléaire qui devient le premier poste.
23:49– Ah oui, d'accord, c'était le renouvelable en premier,
23:52et on remet le nucléaire.
23:53– On a changé l'ordre des facteurs.
23:54On a flingué EDF entre les deux, et on revient à la situation initiale.
23:58– Et alors, Pannier-Runacher, qui était la ministre déléguée à l'énergie,
24:02elle, on va lui demander d'aller à Bruxelles,
24:06faire en sorte que le nucléaire soit considéré
24:11comme un outil qui ne participe pas du réchauffement climatique,
24:16et en conséquence de quoi, qu'il puisse bénéficier des aides de Bruxelles.
24:19– On l'a entendu à plusieurs reprises, Mme Pannier-Runacher dans les médias,
24:23elle a eu le temps de se décrédibiliser comme il fallait.
24:25– Oui, à l'inconnu fille riche.
24:28– Dernière question, Alain Lebihan, je l'ai dit en introduction,
24:31c'est donc le grand capitaine d'industrie, Loïc Lefloch-Prigent,
24:35qui est le préfacier de votre ouvrage.
24:38Il explique les clés pour un retour à la compétitivité de notre industrie nucléaire.
24:44Quels en sont les grands axes ?
24:46– Alors, c'est le combat que mène Lefloch-Prigent aujourd'hui,
24:52c'est-à-dire, en gros, nous disposons des outils pour refaire,
24:59si vous voulez, reprendre l'aventure telle qu'elle a été bâtie à partir de 1974,
25:06et même avant, comme je l'ai décrit.
25:08Nous avons donc les outils, il faut améliorer ceci,
25:13mais maintenant il faut mettre du fric.
25:16– Oui, il faut retenir les ingénieurs qu'on pourrait former
25:20qui se faisaient tenter de se barrer à l'étranger.
25:22– Parce qu'il ne faut pas oublier que cette espèce de dégradation matérielle d'EDF
25:26a eu aussi des prorogations dans les têtes,
25:29parce qu'un jeune ingénieur qui sort d'une grande école,
25:33il se dit, allez EDF, alors qu'ils vont fermer les réacteurs,
25:36ce n'est vraiment pas intéressant, ce n'est pas là qu'est ma carrière.
25:39Donc il faut recréer cette espèce de dispositif national et mental
25:44pour retourner et aller de l'avant.
25:47– Mais est-ce qu'on a aujourd'hui les moyens de faire en sorte,
25:51ce que disait Valéry Giscard d'Estaing en son temps,
25:54de faire de la France l'Arabie Saoudite du nucléaire ?
25:57– C'est-à-dire que le problème qu'on a, on a perdu une vingtaine d'années,
26:03le problème c'est toujours le problème du surgénérateur qui est en suspens.
26:07– C'était super phénique le surgénérateur.
26:10– Chirac avait refait un surgénérateur qui s'appelait Astrid,
26:16c'est-à-dire que c'était tout un programme pour développer la surgénération
26:19qu'Emmanuel Macron a fermé en 2019.
26:23Et sachant, si vous voulez, les influences d'Emmanuel Macron,
26:27je ne doute pas que depuis le début, c'est un problème,
26:32les Américains ne souhaitent pas que nous développions la surgénération.
26:35Or celle-ci, elle se développe en Chine, elle se développe en Russie,
26:39elle se développe aux États-Unis.
26:41Parce que de toute façon, le problème il est valable pour tout le monde,
26:45il y a des déchets qui sortent, qu'on va pouvoir utiliser,
26:47les déchets c'est une matière première,
26:49comment faire pour utiliser des trucs qui ont une durée de vie de 3000 ans ?
26:52Et qui sont quand même dangereux.
26:55C'est pour ça qu'il faut les enterrer dans des conditions spéciales.
26:59– Énergie, un crime d'État, pourquoi votre facture d'électricité explose ?
27:04C'est le dernier ouvrage d'Alain Lebihan, toujours publié au CIM.
27:08Merci à vous monsieur.
27:09– Je vous remercie.
27:10Sous-titrage ST' 501

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