EDF prévoit d'injecter cet été de l'électricité dans le réacteur pressurisé européen (EPR) de Flamanville. Prévu à l'origine pour 2012 avec un budget de 3,3 milliards d'euros, l'EPR est aujourd'hui estimée à 13,2 milliards d'euros.
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00:00 Guillaume qui est venu avec de bonnes nouvelles concernant l'EPR de Flamanville. Je ne veux pas le croire.
00:04 Apparemment, il devrait bientôt démarrer. Ça fait 12 ans qu'on a dit ça Guillaume.
00:09 Il ne va pas démarrer demain matin. Mais c'est vrai que EDF nous a donné des bonnes nouvelles ce matin.
00:13 En fait, EDF nous a dit "ben voilà, déjà cet été, on va raccorder ce réacteur nucléaire au réseau national d'électricité".
00:21 C'est-à-dire que c'est à partir de cet été qu'on va commencer à injecter l'électricité dans le réseau.
00:26 Mais on va le faire tout doucement, progressivement, parce que vous savez, il faut voir comment ça réagit.
00:30 C'est le premier qui va démarrer en France, donc il faut faire des tests.
00:32 Donc on va y aller vraiment tout doucement. Et a priori, il sera opérationnel, vraiment prêt à démarrer d'ici la fin de l'année.
00:39 Il n'y a pas de date, mais on sent que l'horizon est en train de se dégager.
00:41 En tout cas, il y aura eu beaucoup de dérapages de retard.
00:44 C'était une sacrée histoire, oui. Parce que je vous rappelle qu'à l'origine, effectivement, cet EPR ne devait coûter que 3,3 milliards d'euros.
00:52 Finalement, on est à 13,2 milliards d'euros, donc on a fait x4.
00:56 Et encore, ça, c'est l'estimation d'EDF à la fin 2022.
00:59 Vous avez la Cour des comptes qui dit que ce n'est pas 13, ce n'est pas 14, c'est 19 milliards.
01:02 On ne sait pas vraiment quel est le vrai chiffre.
01:04 Et puis effectivement, le calendrier aussi a dérapé, parce que quand on a lancé le projet en 2004,
01:08 on se disait qu'en 2012, dans 8 ans, ça sera terminé.
01:11 Vous voyez, là, 2004, 2024, finalement, il aura fallu 20 ans.
01:15 Alors qu'est-ce qui s'est passé ? Qu'est-ce qui a fait que ça a vraiment dérapé cette histoire ?
01:18 Ce qui s'est passé, en fait, c'est que quand on a lancé ce projet EPR il y a une vingtaine d'années,
01:24 c'était les premiers du jour, un petit peu comme ce qui s'est passé en Finlande,
01:27 où il y a eu beaucoup de surcoûts, beaucoup de retard également.
01:29 C'était une nouvelle technologie, on partait un petit peu dans l'inconnu,
01:32 donc on ne savait pas vraiment ce qui allait se passer.
01:35 Et là, d'ailleurs, quand on donnait des objectifs, on disait, vous savez,
01:37 là, on a donné des objectifs sur le papier.
01:39 Enfin, vous connaissez l'expression, on ne fait pas de maître sans casser des œufs,
01:42 ça va forcément un petit peu déraper.
01:43 Ah bah, dites donc, ça a sacrément dérapé.
01:45 Alors, problème de soudure, problème sur l'acier du couvercle,
01:49 problème sur la cuve, problème technique divers et varié,
01:53 tout ça, ça a fait beaucoup de retard.
01:55 Et puis surtout, ça c'était déjà un problème il y a 10-15 ans,
01:59 mais ça l'est encore plus aujourd'hui, c'est qu'on s'est rendu compte qu'on n'avait plus les compétences,
02:03 on n'avait plus la main d'œuvre, en fait, pour construire des réacteurs.
02:07 C'est ça aussi qui a occasionné pas mal de retard.
02:09 Donc, c'est ça, on a perdu les compétences pour construire des centrales nucléaires en France.
02:13 Bah oui, parce que vous savez, la plupart des réacteurs qui tournent aujourd'hui encore en France, dans le pays,
02:17 en majorité, elles ont été construites dans les années 70 et 80.
02:21 Même, pour vous dire, la plus vieille qui existe encore, qui est encore opérationnelle,
02:24 c'est Chinon, en Indre-et-Loire, elle a été lancée en 1963.
02:28 Pour vous dire à quel point ça ne date pas d'hier.
02:29 Donc, si vous voulez, une fois qu'on a construit toutes les centrales à la fin des années 80,
02:34 on a laissé partir un petit peu la filière à l'abandon,
02:37 et donc on a perdu les compétences petit à petit pour construire de nouveaux réacteurs.
02:41 Et surtout, on a perdu la compétence de construire, vous savez, en série, un peu comme dans une usine auto,
02:45 vous construisez plus vite et à moindre coût.
02:48 Et le problème, c'est que ça se posait déjà comme ça il y a 20 ans.
02:51 Aujourd'hui, ça ne s'arrange pas.
02:52 Maintenant, Emmanuel Macron nous dit qu'on veut construire 6 réacteurs d'ici 2050.
02:55 Sauf qu'en France, les professionnels vous disent "bah oui, c'est très ambitieux, très bien, mais on n'a pas les mains,
02:59 on n'a pas les compétences".
03:00 Le GIFEN, qui est le syndicat de la profession, disait récemment "bah voilà, pour y arriver,
03:03 il va falloir trouver et former 100 000 personnes d'ici les 10 prochaines années".
03:09 Voilà pour vous dire un petit peu l'ampleur du défi.
03:11 Tout ça pour vous dire au passage qu'il y a du travail dans le secteur du nucléaire,
03:14 c'est là forcément qu'il y aura des besoins.