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Frank Delvau, président de l'UMIH Paris-Ile-de-France, répond aux questions d'Alexandre Le Mer. Ensemble, ils s'intéressent à la validité des tickets-restaurant pour les courses alimentaires qui doit s'arrêter à la fin de l'année 2024. Une grande majorité de la population souhaite son maintien tandis que les restaurateurs s'inquiètent d'un manque à gagner.

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Transcription
00:00 - Europe 1, il est 6h41.
00:02 - Vous avez peut-être des tickets restaurant dans votre portefeuille et vous êtes d'ailleurs bien content de les trouver pour régler votre déjeuner, le midi,
00:09 mais aussi pour aller faire vos courses puisque c'est une possibilité qui a été ajoutée en 2022 en pleine inflation.
00:15 Or c'est une mesure, on l'a peut-être oublié, censée être provisoire.
00:19 Elle doit normalement s'arrêter à la fin de l'année.
00:20 Alors, est-ce qu'il faut la pérenniser ?
00:22 Bercy doit proposer une réforme avant la fin du mois.
00:25 - Et vous en parlez avec votre invité sur Europe 1, Alexandre Lemaire.
00:28 Il s'agit de Franck Delvaux, président de l'Union des métiers et industries de l'hôtellerie Paris-Île-de-France.
00:34 - Bonjour Franck Delvaux.
00:35 - Bonjour.
00:35 - Le gouvernement réfléchit effectivement à maintenir la possibilité de payer ses courses alimentaires avec des chèques restaurant au-delà de 2024.
00:44 Vous la prenez comment cette nouvelle ?
00:45 C'est pas très bon, j'imagine, pour le secteur de la restauration ?
00:49 - Non, effectivement, on le prend mal parce qu'on se trompe complètement.
00:53 On comprend le problème des Français, le problème de l'inflation.
00:55 On est aussi, nous, touchés dans les restaurants, les cafés, les brasseries, par les augmentations du prix des matières premières.
01:01 Mais dans ce cas-là, il faut appeler ça un titre inflation.
01:04 Parce que le titre restaurant, quand on reprend l'histoire du titre restaurant, il a toujours servi,
01:08 c'est un décret qui date de 1967, pour aller déjeuner le midi pendant ce qu'on appelle la pause méridienne,
01:14 pour que les gens qui travaillent puissent se restaurer, passer un moment de détente avant de reprendre le travail.
01:19 - Donc on l'a dénaturé, on l'a détourné de son usage initial ?
01:22 - Oui, complètement.
01:23 D'ailleurs, c'est assez simple.
01:24 Tite restaurant, ce n'est pas marqué tite supermarché, tite boulangerie, tite boucherie.
01:28 Tite restaurant.
01:29 Donc c'est fait pour aller dans les restaurants, pour déjeuner.
01:32 Ce n'est pas fait pour aller acheter le rôti de bœuf chez le boucher pour la famille le dimanche,
01:36 ni le gâteau d'anniversaire chez le boulanger, ni, et c'est ça le pire, chez les industriels,
01:41 parce que qui gagne de l'argent là-dedans ?
01:42 C'est les industriels, qui vendent des sandwiches sous vide,
01:46 je n'en nommerai pas de marque, ou des sortes de pâtes sous vide,
01:49 puisque ils ont tous mis des rayons, même certains font de la communication,
01:53 en disant "maintenant on accepte les titres restaurant".
01:55 - Sauf que deux événements sont passés par là, Franck D'Elvaux.
01:57 La crise sanitaire, tous les restaurants fermés,
02:00 et puis l'inflation, naturellement,
02:02 c'est un levier important quand le budget est serré pour aller faire ses courses,
02:07 que d'avoir des tickets restos à dépenser.
02:09 - C'est pour ça que j'ai dit, on le comprend parfaitement,
02:11 mais il faut que le gouvernement crée un autre titre, un titre inflation,
02:14 pour aider les français dans leur vie quotidienne.
02:17 Mais on n'a pas à faire les poches des restaurateurs.
02:19 - Parce que ça se pose comme ça selon vous ?
02:21 On vous fait les poches ?
02:22 - Bien sûr, on fait les poches des restaurateurs,
02:24 puisque nous on constate qu'on a de moins en moins de titres restaurant qui arrivent,
02:28 ou de cartes maintenant, ils les dématérialisent,
02:31 au profit de qui ?
02:32 Au profit des supermarchés,
02:35 et ce genre de magasins, qui eux les prennent,
02:37 et qui font de la communication,
02:40 pour vendre quoi, quel type de produit ils vendent.
02:42 - Est-ce que vous mesurez depuis qu'il est également possible
02:44 de faire ces courses alimentaires avec les chèques restaurant,
02:47 le manque à gagner que ça représente pour vous restaurateurs ?
02:49 Est-ce que ça vous le mesurez ?
02:51 - Bien sûr, on voit bien, on a de moins en moins...
02:54 - Mais de quel ordre ?
02:56 - On a environ 10-20% de moins de titres restaurant aujourd'hui.
02:59 - Ça c'est quelque chose que vous mesurez en moyenne au restaurant ?
03:02 - Bien entendu, on le sait maintenant parfaitement,
03:05 qu'on va faire ces courses avec les titres restaurant.
03:08 On va acheter chez le boulanger,
03:10 on va acheter chez le boucher,
03:12 et puis on va dans les supermarchés,
03:14 les petits magasins, on va faire ces courses avec.
03:16 - Quand Olivia Grégoire, la ministre déléguée en charge du tourisme,
03:20 vous suggère à vous, restaurateur,
03:21 d'être plus imaginatif, plus créatif,
03:24 pour attirer les clients,
03:25 j'imagine que ça vous fait réagir ça, Franck Delvaux ?
03:27 - Imaginatif, déjà on est là,
03:31 on travaille, on est ouvert,
03:33 on est ouvert le midi, on fait des métiers qui ne sont pas forcément faciles,
03:37 on est ouvert quand les autres ont envie de s'amuser,
03:39 puisqu'on est ouvert le soir, on est ouvert les jours fériés,
03:42 donc on est là, on travaille,
03:43 qu'est-ce qu'on va imaginer ?
03:45 Je vous le dis, je prends simplement le mot,
03:47 titre restaurant, est-ce que c'est marqué titre supermarché,
03:50 titre boulanger, titre boucher ?
03:51 - Le moment est peut-être venu de mettre en valeur le fait maison,
03:53 ou de le promouvoir davantage ?
03:56 C'est un argument de vente pour les restaurateurs ?
03:59 - Bien sûr, mais...
04:00 - Tous les restaurateurs ne font pas du fait maison, Franck Delvaux ?
04:02 - Non, tout le monde ne fait pas du fait maison,
04:04 mais est-ce que si on ne fait pas du fait maison, c'est forcément mauvais ?
04:06 - Je n'ai pas dit ça.
04:07 Je pense que c'est une erreur fondamentale
04:10 de vouloir opposer le fait maison ou le non fait maison.
04:13 Contre qui on se bat ?
04:14 Oui, les supermarchés qui vendent des sandwichs sous plastique,
04:18 ou des bols de pâtes,
04:20 mais après, opposer toujours le fait maison ou le non fait maison,
04:23 surtout que la loi fait maison existe déjà.
04:26 - Regardons ce chiffre,
04:27 96% des Français sont favorables à la prolongation du dispositif,
04:31 autrement dit pérenniser la possibilité de faire ses courses alimentaires
04:34 avec des chèques restaurant.
04:35 - Ça c'est quand même difficile de ne pas en tenir compte,
04:37 c'est la quasi-unanimité des Français qui disent
04:39 "Oui, moi je veux continuer à aller faire mes courses au supermarché
04:42 avec mes chèques restaurant".
04:43 - Bien sûr, mais si moi-même j'avais des titres "restaurant",
04:46 sûrement je dirais "moi aussi je veux aller faire des courses,
04:48 moi aussi je veux aller acheter mon gâteau avec".
04:50 Mais une fois de plus,
04:52 si on se trompe, c'est un titre "inflation"
04:54 pour aider les Français dans leur vie quotidienne.
04:57 Qu'est-ce qui pourrait les aider à faire leurs courses ?
04:58 - Qu'est-ce que vous pensez de cette idée en discussion, d'un double plafond ?
05:01 C'est-à-dire qu'il serait plus important...
05:04 je pourrais dépenser davantage quotidiennement
05:07 avec mes chèques restaurant en allant au restaurant
05:08 qu'en allant au supermarché.
05:09 C'est une mesure qui vous paraît très équitable ?
05:12 - C'est de l'artifice.
05:13 Aujourd'hui, c'est 25 euros par jour pour aller dans les restaurants.
05:17 C'était plus pendant le Covid,
05:19 maintenant c'est 25 euros.
05:20 Par contre, il y a une autre question qu'on peut se poser aussi.
05:22 Que deviennent les titres "restaurant" non utilisés ?
05:24 Que deviennent ces titres "restaurant" ?
05:26 Parce que eux, les émetteurs, ont déjà touché l'argent.
05:28 Nous on paye des commissions importantes sur les titres "restaurant".
05:31 Là, il y a peut-être quelque chose à faire.
05:32 Diminuons les commissions que prennent les opérateurs
05:36 puisque de toute façon, il y a une grande partie,
05:38 ça représente environ 50 millions d'euros
05:39 de titres "restaurant" non utilisés.
05:41 - Franck Delvaux, les Jeux Olympiques approchent.
05:43 Vous êtes prêt ?
05:44 Vous avez les bras ?
05:45 Parce qu'on sait que le secteur de la restauration
05:47 est en manque chronique de main-d'oeuvre.
05:48 Ça va aller ?
05:49 - Alors sur Paris, Île-de-France,
05:50 ce n'est pas notre problème numéro un.
05:53 Oui, on sera prêt.
05:54 On est ravi évidemment d'accueillir les Jeux Olympiques.
05:56 Ça va mettre un phare sur la région, sur la ville de Paris.
05:59 Et donc, on est ravi de les accueillir.
06:01 - Vous représentez aussi l'hôtellerie qui ne fait pas le plein.
06:03 Est-ce que ça vous surprend ?
06:05 - Dès le mois de décembre 2023,
06:09 il y a eu beaucoup de sujets sur des exemples de chambres d'hôtel,
06:13 des prix multi-perdits par 15.
06:15 Dès décembre 2023, j'ai dit "attendez,
06:17 il y a plus de 200 000 chambres d'hôtel à Paris, Île-de-France,
06:20 toutes n'étaient pas mises sur le marché".
06:21 Et j'ai dit "les prix vont baisser".
06:22 C'est exactement ce qui se passe.
06:24 Aujourd'hui, je discutais, pas plus tard,
06:26 il y a deux jours avec un hôtelier
06:28 qui a vendu à même pas fois deux ses chambres.
06:30 Une fois et demie le prix.
06:31 Et dans toutes les villes où il y a eu les Jeux Olympiques,
06:33 les prix étaient multipliés entre deux et trois.
06:35 Et si vous me permettez une dernière phrase peut-être,
06:37 c'est de dire "mieux vous allez dans un hôtel
06:40 que dans une location meublée touristique de courte durée
06:43 parce que le prix moyen",
06:44 et ce n'est pas moi qui le dis,
06:45 "ce sont des études, est moins cher dans les hôtels".
06:47 - On a bien perçu votre message, Franck Delvaux.
06:50 Et donc, ça veut dire qu'il reste des places
06:52 pour aller à l'hôtel pendant les Jeux Olympiques.
06:54 Merci Franck Delvaux, président de l'Union des métiers
06:56 Industrie et Hôtellerie Paris-Île-de-France.

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