Pouvoir d’achat : qu’est-ce qu’un salaire "décent" ?
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00:03 Les Informer de l'Eco, comme tous les samedis à 7h sur rendez-vous de décryptage de l'actualité économique et sociale avec vous bien sûr Emmanuel Cuny.
00:10 Bonjour.
00:11 Bonjour à tous.
00:12 Nos informer de l'Eco ce matin, Nathalie Chussot, économiste, professeure à l'université de Lille et Christian Deboisieux, vice-président du cercle des économistes.
00:20 Bonjour à tous les deux. Merci d'être avec nous ce matin pour parler de cette idée d'un salaire décent.
00:26 Il est question de pouvoir d'achat, de rémunération des salariés français. Avec cette question, qu'est-ce que c'est d'abord Emmanuel Cuny ?
00:32 On rappelle que c'est le groupe Michelin qui l'a annoncé.
00:34 Oui, en pleine polémique cette semaine, pleine polémique sur la rémunération, gigantesque rémunération du patron de Stellantis, Carlos Tavares, 36,5 millions d'euros précisément.
00:44 Alors on est loin d'Elon Musk aux Etats-Unis puisque les revenus annuels d'Elon Musk montent jusqu'à 56 milliards.
00:51 D'ailleurs, ça a été refusé par la justice aux Etats-Unis et on en reparlera parce que c'est soumis à l'Assemblée générale du groupe dans quelques jours.
00:57 En tout cas, Michelin a annoncé effectivement cette semaine cette fameuse mise en place du salaire décent et puis d'un socle social,
01:05 socle de protection universelle pour ces quelques 132 000 salariés dans le monde.
01:12 Le message sous-jacent, en gros, c'est que le SMIC n'est pas un salaire décent.
01:16 Alors effet d'annonce assuré, bien sûr, mais qu'en est-il sur le fond et la forme ?
01:21 La notion de salaire décent est définie dans le pacte social des Nations Unies.
01:26 Il doit permettre à chaque salarié de subvenir aux besoins essentiels d'une famille de quatre personnes,
01:32 alimentation, transport, éducation, frais de santé, mais également de constituer une épargne de précaution.
01:39 Alors tout cela est bien dit, mais divise déjà un petit peu le patronat.
01:44 On l'a entendu cette semaine, notamment vendredi sur France Info.
01:47 Je vous propose justement cette petite réaction.
01:51 On va d'abord écouter le patron de Michelin, Florent Ménégault, qui explique sa position, et Michel-Edouard Leclerc, qui lui répond dans la foulée.
01:58 Nous proposons un projet d'entreprise à toutes les personnes qui nous rejoignent, qui vont consacrer du temps, s'engager fortement pour l'entreprise.
02:08 Il est normal que les niveaux de rémunération les plus faibles soient à un niveau qui permette aux personnes de s'engager totalement.
02:15 Je pense pas qu'on puisse généraliser parce qu'il parle que de salaire.
02:18 Il parle pas de dividendes. Il parle pas du reste.
02:21 Donc je pense qu'il y a beaucoup d'effets de présentation.
02:24 Vous avez la dent dure dans la réponse.
02:26 Faut pas être faux cul, quoi, parce qu'il y a pas mal de gens qui mettent pas les mêmes choses dans les mots et qui ont des effets d'affichage qui ne correspondent pas à la vraie justice sociale.
02:37 Voilà donc la réaction du patron des centres Leclerc, Michel-Edouard Leclerc.
02:42 Réaction au patron de Michelin, Florent Medégault, sur ce salaire décent.
02:48 Alors ce salaire, que se cache-t-il derrière ce principe ?
02:51 Et puis, s'il est si bien, pourquoi ne l'a-t-on appliqué avant ?
02:55 Parce que les Nations Unies se sont penchées sur la question depuis quelques années déjà.
02:59 Alors salaire décent que touchait déjà presque 95% des salariés du groupe Michelin, il y a cet effet d'annonce.
03:04 Mais tout de même, ça replace dans l'actualité cette idée d'un salaire décent, Nathalie Chussot.
03:08 Je vous repose exactement la question que nous posait Emmanuel.
03:11 Pourquoi est-ce qu'on n'en a pas entendu parler davantage avant ?
03:14 Alors d'abord, ça n'est pas nouveau.
03:15 Emmanuel l'a dit, mais c'est une notion qui a été avancée dès le début du XXe siècle avec la création de l'Organisation internationale du travail.
03:24 Par ailleurs, ça existe ailleurs.
03:26 Le Royaume-Uni a mis en place ce salaire décent en 2016 et il y a une fondation qui regroupe des entreprises qui s'affichent comme appliquant ce salaire décent.
03:35 Ça représente 15 000 entreprises britanniques.
03:38 Et en France, L'Oréal, Dow, Schneider appliquent ceci sans forcément d'ailleurs en faire un effet d'annonce.
03:45 Et puis, dernière chose, c'est un élément qui est assez, qui est dans la tradition, je dirais aussi sociale de ce groupe Michelin, qui est vraiment...
03:53 Alors, ça ne recoupe pas réellement une notion économique en tant que telle, mais l'idée qu'il y a derrière, c'est de fidéliser son personnel, sa main d'oeuvre,
04:03 surtout dans un contexte où c'est compliqué de recruter, etc.
04:06 Et puis, ça permet d'attirer les talents et de les fidéliser.
04:09 Alors, ça n'est pas nouveau.
04:10 On peut faire un salaire décent, mais souvent, les entreprises, elles font d'ailleurs ce que le PDG de Michelin a annoncé,
04:16 c'est-à-dire une meilleure complémentaire santé, des congés paternités plus longs, maternité, etc.
04:23 Ça, les entreprises le font assez habituellement.
04:26 Ce qui est un peu pas nouveau, mais qu'on peut saluer, parce qu'évidemment, le groupe Michelin n'est pas du tout obligé de faire ça,
04:32 comme les autres entreprises qui le font, c'est qu'effectivement, on dit on va calculer ce salaire décent.
04:38 Alors, ce n'est pas seulement que pour les personnes, les couples avec deux enfants.
04:42 Il est aussi calculé pour un célibataire sans enfant.
04:45 C'est à peu près plus de 1600 euros net.
04:47 Il y a différents types de calcul.
04:49 Il est différent à Paris et ailleurs, de même qu'en Grande-Bretagne, il est différent à Londres et ailleurs.
04:55 Et donc, effectivement, l'idée, c'est qu'on va fidéliser et on va attirer les talents.
05:00 Et effectivement, on va les rémunérer de manière conséquente en pensant qu'ils vont avoir aussi une productivité meilleure
05:04 parce qu'ils vont mieux se sentir dans l'entreprise.
05:06 Ils auront moins de problèmes à régler, à penser, parce qu'ils auront les moyens suffisants de vivre correctement.
05:11 Et ça, d'ailleurs, c'était tout à fait assumé par le patron de Michelin, invité de France Info cette semaine.
05:17 Pareil, Christian de Boissieu, on a l'impression qu'on découvre à l'aune de cette actualité,
05:21 pas quand on est économiste comme vous, mais le grand public qui a ce salaire décent.
05:25 Et tout le monde se dit, bah tiens, voilà, j'ai envie d'y être, évidemment, je suis au SMIC aujourd'hui, je veux un salaire décent.
05:29 C'est le père Noël en avril, d'une certaine façon.
05:32 Et je dirais heureux les salariés de Michelin, qui ne sont pas tout à fait représentatifs de ce qui se passe dans l'ensemble de la population française.
05:38 Parce qu'en France, ils sont presque déjà tous à ce salaire décent.
05:40 3% de SMICards chez Michelin. En France, il y en a 10%.
05:46 Donc, vous voyez, je dirais, tant mieux pour les salariés de Michelin, mais je pense que ça n'est pas généralisable.
05:53 Parce que ça dépend évidemment de la situation de l'entreprise, du secteur, des bénéfices qu'elle fait.
05:59 Il y a derrière tout ça un problème important, et qu'on aborde depuis des années de manière un peu maladroite,
06:03 qui est le problème du partage de la valeur ajoutée entre les profits et les salaires.
06:08 – C'est pour ça que ce n'est pas forcément le père Noël d'ailleurs, ce ne sont pas des cadeaux, bien sûr, j'ai compris votre décision.
06:12 – Vous avez compris mon image.
06:12 – Ça replace tout à fait justement cet enjeu de la rémunération décente, évidemment mérité dans le partage de la valeur.
06:18 – Voilà, c'est le partage de la valeur, c'est aussi quand même, ça rouvre un débat sur le SMIC.
06:22 Parce que si on applique cette formule du président de Michelin, dans la région parisienne, avec les chiffres qu'il donne,
06:28 ça veut dire que personne ne serait en dessous de 2 fois le SMIC, à peu près.
06:33 Or, le SMIC, heureusement, il a suivi l'inflation, il a été indexé, il n'y a pas eu de perte de pouvoir d'achat sur le SMIC,
06:41 on n'a pas donné de pouce pouce pour la raison suivante, au-delà de l'inflation,
06:47 c'est que si vous augmentez trop le SMIC, vous risquez de détruire des emplois.
06:51 Et donc il peut y avoir un arbitrage entre le niveau du SMIC et l'emploi.
06:56 Et puis j'ajoute que le débat ce n'est pas uniquement sur le SMIC, c'est aussi les gens qui sont très proches du SMIC.
07:02 Ce débat a été ouvert par le Premier ministre dans sa déclaration de politique générale,
07:07 en parlant, je n'aime pas beaucoup le terme de "smicardisation"...
07:10 – Il veut dés-smicardiser la population.
07:12 – C'est-à-dire qu'avec l'indexation nécessaire du SMIC sur l'inflation,
07:17 les rémunérations qui sont juste au-dessus n'ont pas tellement augmenté, et donc vous avez ce débat-là.
07:24 Et je termine en disant que, voilà, j'aimerais bien aussi que, Emmanuel l'a dit tout à l'heure en entrée,
07:32 qu'on pose le problème de la décence ou l'indécence des très hautes rémunérations.
07:37 – On va y revenir, Christian de Boissieu.
07:40 Emmanuel Cuny, est-ce qu'un tel salaire décent est applicable partout, par toutes les entreprises ?
07:45 – À la base, quand on voit les chiffres, on va entrer dans le détail qu'évoquait Christian de Boissieu,
07:50 on voit mal comment une ETI, une entreprise de taille intermédiaire, a fortiori encore moins un artisan,
07:55 ou une PME peut appliquer cela.
07:57 À la base, petit rappel, le salaire décent tel que l'envisage Michelin,
08:01 représente concrètement 39 600 euros par an.
08:05 Pour un salaire brut à Paris, 25 300 euros bruts à Clermont-Ferrand,
08:10 où se situe donc en région le siège du groupe.
08:12 Et à titre de comparaison, le SMIC, le salaire minimum, s'élève aujourd'hui à 21 203 euros bruts par an.
08:19 Donc les syndicats disent, oui ça part d'un bon principe ce que fait Michelin,
08:24 mais tout ça reste à relativiser, parce qu'il y a autant de cas dans une entreprise,
08:27 des individus, des travailleurs au forfait, etc.
08:29 Donc attention, n'allons pas trop vite en besogne,
08:31 parmi les artisans et les PME, qui peut se permettre ça, c'est la grande question.
08:36 – Les plus rentables, on imagine, en tout cas, on va avoir l'occasion d'y revenir
08:40 et de poursuivre toutes ces réflexions autour de l'idée d'un salaire décent,
08:44 après le Fil-info, à 10h moins 10, Claire Chescaglini.
08:46 [Musique]
08:48 – 4 personnes, physiques ou morales, renvoyées devant la justice
08:51 pour l'effondrement d'immeubles de la rue d'Aubagne à Marseille.
08:55 L'adjoint Homer en charge de la gestion des risques figure parmi elles.
08:58 France Inter a pu consulter l'ordonnance de renvoi.
09:01 Il y a 5 ans et demi, 8 locataires avaient été retrouvés morts dans les gravats.
09:05 Mayotte, c'est l'échec de la Macronie selon Mathieu Vallée.
09:09 Le candidat à Rassemblement national aux Européennes
09:11 était ce matin l'invité de France Info.
09:14 Aujourd'hui, la patronne des députés d'extrême droite
09:16 est en déplacement dans ce territoire d'outre-mer
09:19 où le droit du sol ne devrait plus s'appliquer prochainement.
09:22 Aux États-Unis, l'homme qui s'était immolé par le feu
09:25 devant le tribunal de Manhattan hier est décédé.
09:28 Il avait accompli son geste devant la juridiction
09:31 en charge de juger Donald Trump au pénal dans l'affaire Stormy Daniels.
09:35 La force des vagues a grignoté au fil des marées cette forteresse.
09:39 Pour qu'elle continue de se dresser au large de l'île d'Aix en Charente-Maritime,
09:43 le département va y engloutir 36 millions d'euros.
09:47 Travaux colossaux pour Fort Boyard à partir de l'an prochain.
09:50 Nos informés de l'écho aujourd'hui.
10:03 Nathalie Fusso, économiste, professeure à l'université de Lille
10:06 et Christian Deboisieux, vice-président du Cercle des économistes.
10:08 Toujours à vos côtés, Emmanuel Kuni.
10:10 On parle donc du salaire d'essence.
10:12 Cette annonce, Michelin veut le généraliser à tous ses salariés.
10:16 C'est un salaire souvent plus élevé que le SMIC,
10:18 avec l'idée aussi d'avoir par exemple une épargne complémentaire.
10:20 Bref, d'assurer une forme de confort économique
10:24 avec différenciation en fonction de là où on habite.
10:27 Est-ce que ça veut dire par exemple, Nathalie Fusso,
10:29 quand on veut l'appliquer, que si on déménage,
10:31 on est à Paris, on va à Clermont-Ferrand, par exemple,
10:33 on a un salaire qui baisse, par exemple ?
10:34 Oui, c'est l'idée. C'est absolument ça.
10:36 Ça marche dans les deux sens.
10:38 Ça marche dans les deux sens.
10:39 C'est une des raisons majeures.
10:39 C'est que vous savez bien que le coût de la vie à Paris
10:41 est bien plus élevé, notamment le coût du logement, etc.
10:44 Donc forcément, c'est comme ça qu'il est calculé.
10:46 En fait, il dépend du niveau de vie, effectivement, au niveau de la région.
10:50 Donc si vous déménagez de Paris à Clermont,
10:53 vous verrez, votre salaire d'essence diminuer.
10:56 Et pourquoi une réflexion qui est valable pour les entreprises privées
10:58 ne pourrait pas l'être pour le public, pour les décisions politiques,
11:02 par exemple, une régionalisation du SMIC ?
11:04 Est-ce que c'est un débat qui peut avoir lieu d'être ou pas du tout ?
11:07 Que le niveau du SMIC soit valable même en fonction des régions.
11:09 Au départ, il y avait une sectorialisation du salaire minimum
11:14 quand on l'a créé en 1950,
11:16 - En fonction des manches.
11:17 - le SMIC, G pour garantie.
11:20 C'était différent selon les secteurs.
11:24 Alors simplement, si vous croisez secteur et région,
11:27 vous allez vers un système très compliqué.
11:29 J'ajoute que je ne crois pas tellement d'ailleurs
11:31 à la possibilité d'accepter une baisse considérable de son salaire.
11:34 Il y a des effets cliquets.
11:35 C'est-à-dire que si vous passez de Paris à Clermont,
11:38 je ne crois pas du point de vue social.
11:40 - Non mais c'est le principe.
11:42 - Ils peuvent négocier.
11:43 C'est possible, ils peuvent négocier.
11:45 - C'est vrai que ça pose plein de questions,
11:46 des questions très concrètes.
11:47 Et puis surtout, ça fait réfléchir sur la situation actuelle
11:49 du salariat, du rôle de l'entreprise.
11:51 Avec cette question qui peut se poser aussi peut-être Emmanuel Cuny,
11:54 est-ce un chef d'entreprise de se soucier du confort de ses salariés ?
11:58 On voit que le patron de Michelin l'a beaucoup dit.
12:00 - C'est le concept de l'entreprise paternaliste en tant que tel,
12:03 pas forcément entreprise providence.
12:05 Parce que quand on dit providence,
12:06 il y a quand même le rôle de l'État, on va y revenir.
12:08 Mais l'entreprise paternaliste, c'est quoi ?
12:10 C'est donner une assurance sociale à ses salariés,
12:13 également attirer avec de bonnes conditions.
12:16 Nathalie, je suis sûr de l'évoquer tout à l'heure.
12:18 Respecter, faire respecter la hiérarchie aussi.
12:20 Quand on a un chef qui est respectueux des sous-chefs et des salariés,
12:26 on a plus confiance en lui, ça inspire beaucoup de choses.
12:30 Et puis, ça permet d'attirer aussi dans le contexte actuel
12:32 de tensions sur le marché du travail.
12:34 Si vous êtes ingénieur, compétence égale.
12:36 Vous avez une entreprise qui vous offre plus.
12:38 Moi, je vais plus travailler aujourd'hui chez Michelin
12:40 que chez d'autres entreprises que je ne citerai pas
12:42 parce que je ne connais pas les titres.
12:43 Mais c'est vraiment un facteur attractif très important.
12:46 Alors aujourd'hui, l'entreprise paternaliste,
12:47 évidemment, c'est vieux jeu.
12:49 Vous êtes ok boomer, si vous l'évoquez.
12:51 Mais il y a quand même beaucoup de mérite
12:52 à l'entreprise paternaliste aujourd'hui.
12:53 Alors plus largement, par exemple, Marie-Lyse Léon,
12:55 la secrétaire générale de la CFDT, a expliqué hier
12:58 que c'était aux entreprises de se mobiliser,
12:59 notamment en vue des JO, pour offrir toutes les bonnes conditions
13:02 de travail et des compensations financières aux employés concernés.
13:05 Ça pose le rôle de l'entreprise.
13:07 Est-ce que cette affaire de salaire décent,
13:08 c'est un peu un coup de pied aux entreprises ?
13:10 Faites-en plus pour vos salariés, si vous le pouvez.
13:12 – Je ne sais pas à qui c'est un coup de pied
13:14 ou pour qui c'est un coup de pied.
13:16 Ça ouvre des tas de débats.
13:18 Bon, on l'a dit à propos du niveau du SMIC,
13:22 de la trappe à bas salaire.
13:24 Ça pose quand même le problème de la réduction des inégalités.
13:29 Bon, parce que les inégalités ont été accrues un peu partout,
13:32 dans tous les pays, par le phénomène de mondialisation.
13:34 Je ne suis pas en train de rejeter, loin de là, la mondialisation.
13:37 Je dis simplement qu'il y a des conséquences.
13:39 Ça pose le problème de la politique fiscale,
13:41 qui est derrière, et de la redistribution,
13:43 qui n'était pas le sujet abordé ici.
13:47 Je dis simplement que c'est très important le salaire,
13:49 mais que les débats récents ont montré
13:51 qu'il y a deux autres sujets qui sont complémentaires.
13:53 La question de l'accès à des formations qui permettent la mobilité.
13:58 Et puis d'autre part, alors là,
13:59 je n'ai pas entendu le patron de Michelin parler,
14:02 la généralisation des formules de participation et d'intéressement.
14:05 Sujet dont on parle depuis quelques années,
14:08 à propos du débat sur les salaires, en disant,
14:09 il y a des boîtes qui aussi peuvent verser des compléments.
14:13 Alors il y a la prime Macron,
14:14 il y a l'intéressement, la participation.
14:16 Moi, j'aimerais bien qu'on se centre un peu sur la question,
14:20 accélérer l'extension des formules de participation et d'intéressement,
14:24 y compris vers les PME.
14:25 - Il y a aussi une réflexion sur le temps de travail,
14:26 des négociations sur le point d'aboutir,
14:28 sur le compte épargné au temps universel,
14:30 que les jours qu'on épargne dans une entreprise nous suivent
14:32 dans une autre entreprise.
14:33 Nathalie Chussot, ça montre que le salaire n'est pas forcément
14:37 à préender uniquement comme une notion de coût,
14:40 coût du travail, que ça dépasse tout cela.
14:42 - Oui, bien sûr.
14:43 Ça, ça rejoint un peu ce qu'on appelle en économie
14:45 la théorie du salaire d'efficience.
14:46 Mais je reviens sur ce que disait Christian.
14:49 Effectivement, ça montre deux choses.
14:50 D'abord, qu'une grande entreprise est capable de payer
14:53 très correctement ses salariés, bien au-delà du SMIC
14:56 et pour toutes les raisons qu'on a évoquées.
14:58 Donc, d'autres grandes entreprises peuvent le faire.
15:01 Voilà.
15:01 Ensuite, ça a plein d'avantages et l'idée derrière,
15:04 c'est que la productivité des salariés augmentera.
15:07 Deuxième remarque, la question, évidemment,
15:09 de l'intéressement, de la participation,
15:11 ça fait partie du sujet.
15:12 Le PDG de Michelin l'a dit.
15:14 En fait, il y a aussi une partie variable en plus de ce salaire
15:17 descendant en fonction d'un certain nombre d'objectifs.
15:19 Donc, ça, ça devrait être généralisé.
15:20 Enfin, c'est une volonté du gouvernement.
15:23 On n'a pas vu beaucoup d'évolution là-dessus.
15:25 Et puis, la dernière chose qui est importante,
15:27 c'est que c'est tous les salariés du groupe,
15:30 c'est-à-dire les salariés qui sont situés à l'étranger.
15:32 Et normalement, ce sont tous les fournisseurs,
15:34 c'est-à-dire vos sous-traitants.
15:36 Et là, ça devient compliqué parce que vous pouvez avoir
15:37 des sous-traitants qui ont des sous-traitants,
15:39 qui ont des sous-traitants.
15:40 Et donc, ça veut dire...
15:40 - Qui ne peuvent pas suivre vu leur taille.
15:42 - Et alors, donc, normalement, ces engagements,
15:44 ils sont aussi pris pour l'ensemble des fournisseurs
15:47 et de la chaîne de valeur.
15:48 Et ça, c'est très intéressant.
15:49 Ça rejoint aussi ce que disait Christian
15:51 sur les problèmes de mondialisation, d'inégalité, etc.
15:54 - Emmanuel Cuny, est-ce qu'il faut comprendre
15:56 que l'entreprise peut jouer un rôle complémentaire
15:58 avec un État-providence, une entreprise-providence ?
16:01 - C'est le grand débat du moment,
16:02 notamment à l'heure des déficits publics importants.
16:04 On est en train de voir.
16:05 Est-ce que les pouvoirs publics ne vont pas pousser
16:07 les entreprises à justement aller plus dans ce paternalisme
16:10 pour prendre en charge plus la protection sociale ?
16:13 Regardez Michelin, il le dit clairement.
16:15 Nous, on fait beaucoup sur le plan de la santé à l'interne.
16:18 On accompagne beaucoup sur les mutuelles, etc.
16:20 - On a entendu l'État encourager les entreprises.
16:22 La prime Macron a versé des primes.
16:23 - Oui, donc est-ce que les entreprises privées,
16:26 peut-être publiques, vont prendre le relais de l'État
16:28 dans les missions régaliennes,
16:29 enfin plutôt les missions citoyennes en tant que telles
16:32 et de providence ?
16:33 L'État-providence en tant que telle
16:35 est-il en train de signer sa mort ?
16:36 Certainement pas, mais là, on est en train de s'enfoncer
16:38 dans une petite brèche.
16:39 - Dans un mot très court.
16:41 - Très court, je voudrais qu'il y ait un peu plus de raison
16:44 sur la question des très hautes rémunérations,
16:47 parce que le débat n'est pas indépendant
16:50 de ce dont on vient de parler.
16:52 - Le président du Général Michelin a plafonné son salaire.
16:54 - Très bien, bonne précision.
16:56 Nathalie Chussot, ça fait l'objet d'un débat parlementaire,
16:58 entre autres une proposition de loi de la France Insoumise
17:00 en ce moment.
17:00 Merci beaucoup à nos informés,
17:02 Christian Deboisseux, Nathalie Chussot,
17:04 et merci à vous, Emmanuel Cuny,
17:05 les informés de l'Éco, tous les samedis sur France Info.
17:07 [Musique]