La voix de Junior dans Ma Famille d'Abord, de Ryder dans Pat Patrouille ou encore de Stevie dans Malcolm, c'est LUI ! Alexandre Nguyen revient sur TOUTE sa carrière d'acteur de doublage et nous raconte comment il se met dans la peau de chaque personnage qu'il incarne
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Court métrageTranscription
00:00 égaré dans les frictions de la vie.
00:01 Non, jamais je n'ai ouvert le dictionnaire de ma vie sur Terre.
00:06 Lupa Linda, combini !
00:07 Bonjour, je m'appelle Alexandre Nguyen, je suis comédien et je suis spécialisé dans le doublage.
00:11 Le tout premier doublage que j'ai fait, c'était "Monde meilleur"
00:16 avec Georges Clounet et Michel Pfeiffer.
00:19 Et je faisais le fils de Michel Pfeiffer.
00:20 Maman déteste son père !
00:22 Et j'ai enchaîné avec une petite série de dessins animés qui s'appelle "Et Arnold"
00:26 et je faisais le personnage de Sid.
00:28 La liste a été transmise d'enfant à enfant depuis des générations.
00:33 Et en fait, Stevie de "Malcolm" est arrivé très vite,
00:35 vraiment par hasard, parce qu'il cherchait des enfants
00:38 pour jouer compagnon de "Malcolm" justement.
00:40 J'ai commencé à le faire quand j'avais 11 ans.
00:42 Je vais aller dehors, dans la voiture.
00:46 Je me souviens que c'était très difficile parce qu'il y avait beaucoup de respiration
00:51 vu qu'il est asthmatique.
00:52 Souvent, je tombais un peu dans les pommes.
00:54 Du coup, j'avais toujours un petit carré de sucre ou un bonbon sur le plateau
00:56 pour ne pas...
00:58 Je pense que quand t'es enfant, tu ne te rends pas vraiment compte
01:00 de l'impact que ça a ou que ça va avoir, on va dire.
01:04 Même de manière générale, quand tu commences une série,
01:06 tu ne sais jamais vraiment si la série va marcher ou pas.
01:10 C'est bien plus tard.
01:11 Ce qui est assez étonnant, c'est que "Malcolm", ça fonctionne toujours autant.
01:14 J'ai l'impression que les gens sont toujours hyper contents de regarder la série.
01:18 Junior, quand je l'ai fait, j'avais 14 ans la première fois.
01:21 Égaré dans les frictions de la vie.
01:23 Non, jamais je n'ai ouvert le dictionnaire.
01:26 De ma vie sur Terre !
01:27 Silence ! La queue du chat ! Balance, balance, balance !
01:30 Silence ! Je pense...
01:33 En silence !
01:35 Il n'y a pas vraiment de session d'entraînement dans le doublage.
01:38 En vrai, tu y vas, t'apprends sur le tas.
01:41 Et avec un peu de chance, t'es avec des gens qui sont très pédagogues
01:44 et qui t'apprennent ton métier aussi sur le tas.
01:47 C'est un travail d'équipe.
01:48 Il y a des auteurs qui se creusent la tête.
01:51 Il y a des détecteurs pour pouvoir détecter justement les mouvements de bouche
01:54 pour nous pondre un texte vraiment adéquat
01:57 et qui colle au mieux à la VO et en même temps qui est adapté à la VF.
02:02 Donc du coup, nous, on avait certaines libertés vis-à-vis du texte,
02:05 mais en vrai, tout le travail était déjà fait.
02:08 Donc on a juste à jouer, à lire et à jouer.
02:10 Ma famille d'abord, ça représente quand même presque 4-5 ans de ton adolescence.
02:16 Donc tu formes forcément une petite famille et t'as du mal à dire au revoir à tout ça
02:20 parce qu'à l'époque, on travaillait vraiment tous ensemble.
02:23 Et c'était vraiment...
02:25 Parce que Michael Kyle, il a des tirades incroyables.
02:28 Il a un jeu qui est vraiment hilarant et on passait notre vie à rigoler.
02:34 Quand j'ai commencé Teen Wolf, j'avais 23 ans.
02:38 Je suis en alpha maintenant.
02:39 Je suis en alpha maintenant.
02:40 Je n'ai pas vraiment trouvé de voix.
02:42 Je pense qu'elle s'affine au fur et à mesure que Scott forcément grandit.
02:46 Forcément, la voix, elle s'alourdit un peu.
02:48 Elle devient un peu plus dans la gorge parce que ça devient le véritable alpha, le vrai alpha.
02:52 Forcément, ton jeu s'affine et il évolue et il devient un peu plus sérieux.
02:57 Est-ce que Derek t'a tout dit ?
02:59 Je ne parle pas seulement du fait que tu deviens incontrôlable à la pleine lune, mais de tout le reste.
03:03 Scott, c'est un personnage que j'affectionne énormément
03:05 parce qu'en fait, il y avait mon meilleur pote, Hervé Grulle, qui faisait Styles.
03:09 Scott, tu vas m'écouter, d'accord ?
03:11 T'es pas rien.
03:14 Il y avait tout un tas de copains.
03:16 Il y avait Jessica Monceau, qui fait ma copine dans la série.
03:18 J'arrive pas à prendre ta douleur.
03:22 C'est parce que je ressens pas de douleur.
03:24 Et cette série nous a énormément rapprochés.
03:26 Maintenant, ça fait partie d'une de mes meilleures potes.
03:28 Du coup, c'est une série que j'affectionne énormément,
03:30 mais parce que l'ambiance amicale qu'il y avait dessus, elle était incroyable.
03:34 Merci, Frank-Louis, de nous avoir tous mis là-dessus.
03:38 Et surtout, merci de nous avoir supportés.
03:40 On changeait le texte à chaque fois et lui, il n'en pouvait plus
03:45 parce qu'il fallait qu'il remarque les phrases qu'on avait changées pour que ce soit "azrèque".
03:48 Quand on dit "azrèque", c'est quand le script est identique à ce qui est dit sur la série,
03:53 pour les sous-titres et tout.
03:54 Et du coup, ça le rendait fou.
03:56 Quand tu mets une bande de copains ensemble, qui travaillent ensemble
04:00 et qui passent leur soirée ensemble, forcément, les journées sont interminables.
04:06 Et c'est le bordel.
04:07 Mais c'est une très bonne ambiance.
04:08 Aucune mission n'est trop dure, car mes amis, ils assurent.
04:11 J'aurai besoin de toute la pâte patrouille.
04:13 Quand on a fait "Pâte patrouille",
04:16 on s'est tout de suite dit que c'était un énième dessin animé pour les enfants,
04:20 que ça allait faire ce que ça doit faire et puis basta.
04:23 Du coup, on a vraiment fait ce qu'il y avait à faire comme en VO.
04:27 Et en fin de compte, c'est avec le temps où on a eu un tout petit peu plus de liberté en termes de texte,
04:32 mais tout en restant dans l'esprit de la série.
04:34 Quand il s'agit de l'enfance, c'est très cadré.
04:36 On ne peut pas dire n'importe quoi sur des séries de dessin animé,
04:40 surtout pour des enfants en bas âge comme ça.
04:42 Chase, allons vers la baie et ramenons-le au bord avant qu'il ne coule.
04:45 Il faut qu'il y ait un débit particulier, il faut qu'il y ait un vocabulaire particulier.
04:50 On ne peut pas utiliser du langage un peu verlan ou plutôt moderne.
04:55 On essaye de garder un vocabulaire compréhensible.
04:58 On essaye de ne pas ajouter de mots trop compliqués à comprendre pour les enfants.
05:04 Mon plus gros kiff, surtout quand je suis dehors en vacances
05:07 et que je vois des enfants un peu turbulents,
05:09 genre je fais "oui bonjour les enfants, ici Ryder de la pâte patrouille"
05:13 et hop, d'un coup les enfants se retournent tout de suite.
05:16 Puis arrivé sur Viking, je ne m'attendais pas à ce que Ivar prenne autant d'importance dans la série.
05:20 Aujourd'hui le pauvre Ivar a enfin l'occasion de prendre son envol et de prouver sa valeur.
05:25 Et ça a été pour moi un vrai cadeau,
05:27 parce qu'aujourd'hui c'est un des personnages que je préfère le plus dans toute ma carrière.
05:31 Il avait des scènes qui étaient très fortes où oui il s'énervait énormément,
05:34 mais il avait surtout énormément de scènes où il parlait très doucement,
05:37 où c'était très vicieux, où il essayait d'amener les gens vers son projet à lui,
05:44 sans être trop agressif en fait.
05:46 Il était assez sournois Ivar, c'est ça que j'aimais bien avec lui.
05:49 Jamais je ne pourrai te tuer.
05:50 Par contre quand je crie, il fallait vraiment donner de la patate,
05:53 mais vraiment à mort quoi.
05:55 *cri*
05:58 Donc c'est ça qui est cool.
05:59 Quand j'arrivais sur Ivar, je savais qu'il y avait toujours une scène un peu gueulée,
06:03 et généralement on les gardait pour la fin de la journée,
06:07 pour éviter de trop tirer sur la voix, pour que les autres scènes soient fluides.
06:11 Que je n'ai pas une voix de 15 ans qui a mué, genre "bonjour".
06:15 Mais c'est un personnage qui m'a énormément marqué par sa sensibilité,
06:20 et par ses enjeux, et par ses objectifs,
06:24 et me dire que la seule chose qu'il avait envie d'avoir, c'était de l'amour des autres.
06:29 Ça m'a énormément touché.
06:32 Dans Vinland Saga par exemple, il y avait énormément de scènes
06:35 où il était énormément grognon si je puis dire.
06:38 "Vous réalisez que ce que vous dites n'a aucun sens ?"
06:40 Les japonais, ils en font énormément, ils en font vraiment des caisses.
06:44 Mais parce que c'est dans leur culture, c'est leur manière de jouer les choses.
06:47 Nous en français, c'est vrai qu'on est peut-être un peu plus en retenue,
06:50 mais du coup, il faut essayer au maximum de suivre le japonais,
06:53 tout en restant naturel en français.
06:55 C'est assez bizarre dit comme ça, mais c'est un peu le principe de notre travail.
06:58 "Je n'ai pas d'ennemi."
07:00 "Me concernant, je n'ai pas le moindre ennemi."
07:03 Il faut toujours en donner un peu plus, il faut être entre le live et le dessin animé,
07:07 tout en essayant d'être le plus sincère possible.
07:09 Je suis arrivé sur Jujutsu Kaisen grâce à mon meilleur pote Hervé Grulle,
07:13 qui fait Yuji Itadori.
07:15 "Je sais, c'est pas cool ce que j'ai fait."
07:17 "J'aurais pas dû vous faire croire que j'étais mort pendant tout ce temps."
07:20 Du coup, j'ai commencé par le film Jujutsu Kaisen 0,
07:23 parce que c'est là que tu vois pour la première fois le personnage de Yuta.
07:26 "C'est décidé."
07:28 "Je veux devenir exorciste."
07:31 "Pour libérer Rika de sa malédiction."
07:33 Alors pour trouver une voix sur un personnage,
07:35 c'est un peu de travail au départ forcément avec l'équipe sur le plateau,
07:40 avec la directrice de plateau qui a vraiment une idée déjà au préalable
07:45 de ce qu'elle voudrait en VF.
07:47 Puis toi, en fait, t'amènes ton truc par rapport à ce qui se fait en VO.
07:51 Yuta, c'est un personnage qui est très frêle au début, hyper timide.
07:56 Donc plutôt que de le prendre comme Thorfinn, super sûr de lui,
08:00 en fait j'avais plutôt tendance à le prendre dans ma voix légère,
08:03 à dire "non mais s'il vous plaît, ne faites pas ça."
08:06 "Écoute, j'espère que je serai pas trop emboulé."
08:10 Et puis après quand il devient un peu plus badass,
08:12 c'est là où ça va commencer à jouer avec la vraie voix.
08:17 "Cette fille m'a sauvé la vie."
08:19 "Traite-la comme le plus précieux des trésors."
08:21 "C'est un ordre compris."
08:22 Ce qui est cool, c'est que j'en apprends encore énormément aujourd'hui.
08:25 Je pense que ça fait partie de ces métiers où t'en apprendras toujours,
08:28 même quand t'auras 60 ou 70 ans.
08:30 Y a pas une finalité en soi.
08:32 Y a toujours des nouveaux personnages, des nouveaux types de jeux,
08:35 des nouveaux caractères, des nouvelles émotions en fait
08:37 que t'as jamais joué dans ta vie et que tout d'un coup tu te retrouves à faire.
08:40 Parce que ça correspond à ta vie de manière générale.
08:43 Par exemple, j'ai encore jamais fait de papa.
08:45 Je sais pas exactement comment retranscrire ça.
08:48 Dans le doublage, je sais le faire parce que je suis moi-même papa.
08:51 Mais en vrai, j'ai jamais eu à le faire en doublage.
08:54 J'ai toujours fait des adolescents ou des mecs un peu jeunes de la vingtaine,
08:58 mais qui ont jamais eu une vie vraiment d'adulte.
09:00 Aucune interview n'est trop dure, car Konbini, ils assurent.
09:04 Konbini !
09:06 Konbini !
09:07 Konbini !
09:08 Konbini !
09:09 Konbini !
09:10 Konbini !
09:11 Konbini !
09:12 Konbini !
09:13 Konbini !
09:14 Konbini !
09:15 [Musique]