La VF de Jack Sparrow dans Pirates des Caraïbes et de Obi-Wan Kenobi dans Star Wars c'est lui : Bruno Choël

  • le mois dernier
La voix française derrière Obi-Wan Kenobi, Jack Sparrow, ou encore Nathan Drake c'est LUI !
Bruno Choël revient sur tous les personnages épiques qu'il a doublé tout au long de sa carrière de comédien de doublage.
Transcript
00:00Tu étais l'élu, c'était toi !
00:01Mes amis, que ce jour soit à jamais gravé dans vos mémoires.
00:04Merde, merde, merde, merde, merde, merde, merde !
00:06Merde ! Merde !
00:08Bonjour, je m'appelle Bruno Chorel, je suis comédien de doublage.
00:12Je double Johnny Depp et Juan McGregor, Matthew McConaughey et plein d'autres.
00:18Le premier film que j'ai doublé, c'était Pirates de Polanski, le tout premier.
00:24Je faisais un petit mousse sur le bateau,
00:26mais déjà j'étais sur le cul de voir comment ça se passait.
00:29L'image était énorme, comme au cinéma, et le fait d'avoir sa voix dans l'acteur,
00:33c'était génial, j'aimais un tout petit rôle, mais j'enviais les gros rôles.
00:37Et Juan McGregor, ouais.
00:38Lui, il est européen, il est écossais.
00:40Vocalement, on n'est pas très, très éloigné.
00:42C'est pour ça que dans Moulin Rouge, les raccords chantés que je n'ai pas chantés,
00:47les raccords chansons, c'est une comédie musicale.
00:49Vocalement, c'était assez bluffant, c'est assez raccord.
00:52Voilà, donc j'aime bien doubler Juan McGregor.
01:00Ouais, je me sens proche de lui.
01:01Il aime la moto, moi aussi.
01:04Il était marié à une Française, une Parisienne, à une époque.
01:07Petite histoire, j'étais dans le même club de badminton que sa femme.
01:10Je suis arrivé pour jouer au bad un soir,
01:13et on me dit, c'est dommage, il y avait Juan McGregor qui est passé hier chercher sa femme.
01:16J'ai fait, merde.
01:18Du coup, je ne l'ai jamais rencontré.
01:19Tu as laissé ce seigneur noir des sites, corrompre ton cœur.
01:23Je sentais qu'Juan McGregor allait rester dans la saga un personnage important.
01:27Je ne comprenais rien, je sentais que c'était presque biblique comme déroulement.
01:30Et puis, quand je suis arrivé, on m'a dit, Bruno, est-ce que c'est qu'un Jedi ?
01:33Il y avait plein de mots nouveaux, Jedi, non.
01:35C'est un chevalier, c'est déjà très installé parmi les fans.
01:38Et j'arrivais un peu comme dans une église,
01:40et je ne savais pas quand fallait s'agenouiller,
01:42et quand il fallait faire le signe de croix.
01:44Je ne savais pas.
01:45J'ai appris tout ça, et après, j'ai vu qu'il y a énormément de fans sur ces personnages-là.
01:52Ça, oui, grosses conditions de travail.
01:55Le grand Odi pour travailler de dubbing brother.
02:00Carrément, les gens chuchotaient sur le plateau.
02:02On voyait les premières images arriver.
02:05Est-ce que là, il se sert de la force, tu crois, ou pas ?
02:08Il y avait des grosses questions très profondes.
02:11Et oui, des super conditions de travail.
02:15On avait vraiment le temps de voir, de revoir les scènes, de s'en imprégner.
02:19C'était impressionnant, Star Wars.
02:21Fred Tailleb, qui est malheureusement disparu maintenant,
02:24qui était notre directeur artistique,
02:27et que lui, il allait dans le ranch de Lucas,
02:31mixer les voix françaises, et donc, c'était un peu le premier.
02:35Mixer les voix françaises, et donc, c'était impressionnant d'avoir ce lien.
02:40Ça fait rêver quand même, ce réalisateur qui se construit un ranch
02:44dans une contrée éloignée, qui crée son film là, son univers.
02:50Je ne sais pas, je trouvais ça magique.
02:52Enfin, je trouve ça magique.
02:53Pour moi, le texte était béton, il était déjà là.
02:56C'est de phrase culte, donc...
02:57Tu étais l'élu, c'était toi !
03:01La prophétie voulait que tu détruises les Sith, pas que tu deviennes comme eux !
03:04Je l'ai redoublé il n'y a pas très longtemps, on a fait un re-redoublage de cette scène,
03:08et j'ai eu la même émotion qu'il y a plus de 20 ans.
03:12C'est troublant, c'est troublant.
03:14Obi-Wan, il a quand même plein de bonnes intentions,
03:16il a envie de former ce jeune garçon qui lui échappe complètement,
03:21qui a choisi le côté obscur.
03:23C'est un constat d'échec, donc c'est beaucoup d'émotions.
03:26Beaucoup d'émotions, il a raté.
03:28Et même dans la série que j'ai faite il n'y a pas très longtemps,
03:31il y a ce côté remords, de ne pas avoir réussi à sortir ce personnage.
03:37Ouais, tu étais l'élu, c'était toi...
03:40Ça fait quelque chose quand j'y repense.
03:43C'est étonnant de remettre ce costume après toutes ces années,
03:48comme s'il avait toujours été là finalement.
03:50Ça ne bouge pas, j'aime bien, ça m'a fait plaisir de le retrouver,
03:54avec quelques rides supplémentaires.
03:56C'était le droit de tuer avec un point d'interrogation.
03:58L'histoire était assez lourde.
04:00Une jeune fille noire, violée, on trouve les coupables,
04:04ils passent au tribunal, c'était très très lourd.
04:06Et la plaidoirie de cet avocat, de Matthew McConaughey,
04:09était absolument énorme.
04:11Le corps brisé, violé, broyé, meurtri.
04:16C'était très très touchant.
04:18Après il en a fait un autre, Amistad, c'est une histoire d'esclavage.
04:21Et puis après, ça a été le Belmondo américain dans les films d'aventure,
04:27des trucs pas hyper intéressants.
04:29Matthew McConaughey, il est lion à sang dans Lion.
04:32Donc il est très lumineux, très soleil.
04:36Il paraît quand il arrive sur les plateaux,
04:38il a un grand manteau, il en impose énormément.
04:40Et là, il était vraiment comme ça, il manquait un peu de raffinement.
04:44Et puis après, il y a Maud, il y a eu toute son autre période.
04:47Mais rare pour un comédien de faire un revirement comme ça,
04:50sur des films hyper intéressants.
04:52Comme si c'était retrouvé.
04:53True Detective, j'ai adoré cette série.
04:55À doubler, c'était une espèce de monologue.
04:58J'étais comme si j'étais rentré dans sa tête, et lui aussi.
05:01Et on parlait, il développait ses pensées.
05:05C'est un doublage que j'ai fait, sans regarder deux fois les boucles.
05:10C'était un enchaînement.
05:13Je pense que la seule issue convenable,
05:15ce serait de refuser ce pour quoi on est programmé.
05:19Ne plus se reproduire.
05:21Marcher main dans la main vers notre extinction.
05:24J'ai passé des essais sur True Detective,
05:26et je me souviens très bien de la première image de l'essai.
05:29Il est au pied d'un arbre,
05:31et avec un truc bizarre, des constructions un peu indigènes,
05:35qu'il y avait sur le sol, des trucs un peu magiques, un peu bizarres.
05:38Il avait un petit carnet, et il se tenait,
05:40je me mets comme ça,
05:42il se tenait les mains comme ça,
05:44et le texte sortait tout droit,
05:46sans faire de fioritures, tout droit comme ça.
05:49Et je suis parti de ça, de cette position,
05:51et ça m'a permis de tenir le personnage,
05:54et d'aller jusqu'au bout.
05:56L'accent texan et redneck, ça traîne un peu.
05:58Ça fait un peu chum-gum.
06:00Ça rallonge un peu,
06:02ça rallonge un peu les voyelles.
06:04J'ai rallongé un peu dans sa pensée,
06:07quelque chose d'un peu lent, d'un peu lourd,
06:10un peu cow-boy,
06:12il fallait trouver cet esprit-là.
06:15Nolan, ce film-là,
06:17on sentait qu'il avait très peur
06:19d'être piraté.
06:21On a vu le film, une fois,
06:23en vraie grandeur, dans ses studios,
06:25à Londres, et après, plus rien.
06:27Et on a enregistré quasiment dans le noir,
06:30avec juste les bouches qui étaient détourées.
06:33Ce qui m'a guidé pour faire le doublage,
06:35parce que franchement, je ne me souvenais plus
06:37de toutes les scènes, il est dans l'espace,
06:39est-ce qu'il y a son masque,
06:41est-ce qu'il n'y a pas son masque ?
06:43Il y a un truc qui m'a guidé, c'est la musique d'Anne Zimmer.
06:45Je l'ai revue avant-hier, le film.
06:47Il y a eu beaucoup de scènes, d'émotions.
06:56Ça a été, pour moi, un super plaisir de le faire.
06:58Nolan, c'est aussi la famille.
07:01Il y a un rapport aux enfants,
07:03à la famille, qui est très fort,
07:05chez lui, et qui était fort aussi
07:07chez Matthew McConaughey.
07:09Sleepy Hollow, dans les années 90,
07:11la légende du cavalier sans tête.
07:13J'ai passé un essai, qui s'est trouvé concluant.
07:15C'est le côté costume d'époque,
07:17Burton, les nuits,
07:19les chevaux,
07:21les calèches,
07:23la peur, les forêts noires.
07:25Là aussi, le costume,
07:27physiquement, jouait beaucoup,
07:29il est très, très digne.
07:31Pas à l'aise du tout, en fait.
07:33Et puis, une façon de parler, un peu comme ça,
07:35un peu, tout était détaché,
07:37et tout était très clair.
07:39La légende du cavalier sans tête.
07:41Ils auront la tête
07:43coupée.
07:45Il avait un côté comme ça, il découpait les...
07:47Quand il était à cheval,
07:49on lui avait prêté un cheval qui avançait pas,
07:51il avait très peur, donc il était un peu digne,
07:53en ayant peur.
07:55En avant, en poudre à canon.
07:57Il avait un côté comme ça, très guindé.
07:59Alors là, il suffisait de rentrer là-dedans,
08:01et là, on avait le personnage.
08:03On réquisitionne ce bâtiment.
08:05Terminothèque.
08:07Je savais pas quoi faire, je disais, il est bourré,
08:09et là, il y avait Disney derrière, qui faisait,
08:11il est pas bourré, non, non, non,
08:13mais je dis, il est, on dirait qu'il est quand même,
08:15non, non, non, non, non,
08:17mais il a une façon de parler,
08:19un peu,
08:21un peu comme ça, un peu,
08:23et là, il articule pas non plus trop les mots,
08:25et je me souviens, la bouche
08:27était pas propre, il avait une dent,
08:29une dent en métal qui chuintait un peu,
08:31et un côté comme ça,
08:33toujours, alors du coup,
08:35il avait une gestuelle très nonchalante,
08:37très molle, et là aussi,
08:39ça a été une façon de prendre le personnage,
08:41mais là, on a vraiment travaillé sur la voix, ça a été long,
08:43en plus, pour la première fois,
08:45il descendait dans ses graves, avant, c'était un personnage
08:47un peu comme ça, un peu, une voix haute, qui m'allait bien,
08:49et là, c'était, le Black Pearl
08:51est un merveilleux bateau,
08:53il partait dans des trucs très sombres, et il a fallu
08:55raccorder, quoi, et on a vraiment travaillé
08:57avec Boilem,
08:59le type qui s'occupait de la sortie de ce film,
09:01on a vraiment bossé sur le rapport
09:03vocal, les ruptures,
09:05ça cassait comme ça.
09:07...
09:09...
09:11...
09:13...
09:15Tout à l'heure, je vous parlais de Matthew McConaughey, qui se tenait comme ça,
09:17quand je prends la posture physique
09:19des personnages que je double, quelque part,
09:21le rythme et la voix viennent
09:23après, après prendre les personnages
09:25par le physique. Étonnamment,
09:27le mime aide beaucoup
09:29pour le doublage.
09:31Johnny Depp, il est comme ça,
09:33et forcément, si je bouge
09:35comme ça, je parle aussi, comme ça.
09:37OK ?
09:39Tu vois, il arrête.
09:41Voilà, aussi, le mime, si,
09:43bah oui, étonnamment.
09:45Je m'attendais pas à ça, à cette découverte.
09:47Sur Johnny Depp, à chaque film, je me dis
09:49qu'est-ce qu'il va sortir. Avant moi,
09:51il y a eu 5 voix françaises, sur Johnny Depp,
09:53justement, parce qu'à chaque film, il proposait
09:55un truc différent. Donc, oui,
09:57toujours, qu'est-ce qu'il va... Après,
09:59Pirate, il s'est un peu... Il a un peu resté
10:01dans la veine de Pirate, il n'y a pas eu des choses extraordinaires.
10:03Non, il y a une anecdote qui m'avait un peu scotché,
10:05c'est sur From Hell,
10:07qui se passe dans les banlieues de Londres,
10:09toujours une histoire
10:11d'époque, sur un tueur en série
10:13qui tuait les prostituées
10:15à coups de couteau dans la banlieue
10:17de Londres. J'avais quelqu'un qui était sur le tournage
10:19qui est venu me dire, mais tu sais que Johnny,
10:21il avait les cheveux longs, comme ça,
10:23il a une oreillette, et pendant qu'il joue,
10:25il passe de la musique rock
10:27dans l'oreille.
10:29Je dis, c'est pas possible, on peut pas jouer en ayant
10:31des écouteurs.
10:33Il m'a dit, si, je te jure.
10:35Et c'est vrai. Et j'ai dit,
10:37ah...
10:39C'est pour ça qu'il est toujours un petit peu
10:41en décalage par rapport
10:43à la scène qui se passe. Il a toujours
10:45ce moment de retrait. En fait,
10:47il est un petit peu ailleurs. Et c'est pour ça que tous
10:49les regards convergent vers lui en disant, mais qu'est-ce
10:51qu'il va faire maintenant ? Ça, ça m'avait étonné.
10:53Vraiment. Alors Mark Wahlberg,
10:55moi j'adore le doublé,
10:57c'est le bon film du dimanche
10:59en famille, qui se passe bien,
11:01c'est drôle, il s'est joué plein de trucs.
11:03J'adore le doublé, son rythme
11:05de jeu, j'adore, j'adore, j'adore.
11:07Ah, j'ai adoré No Pain, No Gain.
11:09Ah, j'ai adoré ce film.
11:11C'était les ratés.
11:13Les ratés.
11:15Les bodybuilders des années
11:1780, mais ratés.
11:19Asbyn, vraiment trop bien.
11:21T'as pas fait bêtise ?
11:25Peut-être un peu.
11:27C'est drôle, terrible et drôle.
11:29C'est un super film, vraiment.
11:31C'est marrant, la critique, la vie des films,
11:33mais il y a des films qui restent.
11:35No Pain, No Gain, je vous le conseille si vous l'avez pas vu.
11:37C'est très drôle.
11:39Et Nathan Drake, il y avait vraiment...
11:41Encore une fois, si ça a marché, il y a des évidences.
11:43On m'avait dit, soit naturel,
11:45compose pas de personnages,
11:47compose pas de...
11:49Fais pas l'acteur, soit...
11:51Allez, saute !
11:53Ça monte dans cette putain de bagnole !
11:55Asbyn, arrête de discuter !
11:57Nathan Drake, il y avait une liberté de jeu
11:59qui était formidable.
12:01Et du coup, comme il y a une grande liberté,
12:03on y va, on se lâche,
12:05et puis il rebondit, il saute,
12:07il nage, il meurt.
12:09Enfin, il meurt à moitié, il ressuscite.
12:11Il y a des incongruités dans le métier.
12:13J'ai doublé le rôle de Sully dans le film.
12:15J'ai fait ce qui me semblait être du Sully.
12:17Mais le film, déjà,
12:19moi je l'ai trouvé super.
12:21J'ai bien aimé. C'est un film d'aventure.
12:23La bande-annonce est partie avec un autre acteur.
12:25Il m'avait remplacé.
12:27Je pouvais pas faire Nathan Drake,
12:29vu que c'était Tom Holland qui était plus jeune que moi.
12:31Donc au niveau du casting, ça le faisait pas vocalement.
12:33Et Mark Wahlberg, étonnamment,
12:35que je doute tout le temps,
12:37joue Sully, son acolyte.
12:39Je suis pris ni sur l'un, ni sur l'autre.
12:41Et je regarde la bande-annonce chez moi en faisant
12:43« Oh mince, j'ai pas pu...
12:45j'ai pas pu doubler ce film-là. »
12:47Et après la bande-annonce, je sais pas ce qu'il s'est passé
12:49sur les réseaux sociaux, mais apparemment
12:51on est venu me rechercher.
12:53Qu'est-ce que j'étais content. Merci. Merci à tout le monde.
12:55Les gamers, vous avez une force sur la toile,
12:57enfin sur le net,
12:59incroyable. Incroyable. On vous écoute énormément
13:01dans les hautes sphères.
13:03Je me souviens d'une délégation japonaise
13:05qui était venue. C'était hyper impressionnant
13:07parce qu'ils regardaient le doublage,
13:09ils comprenaient pas.
13:11« J'aimerais te faire un cadeau d'adieu. »
13:13Et je sentais que c'était un truc très très pointu
13:15et que, voilà,
13:17il y avait une attente de leur part
13:19très très précise. Jusque dans les onomatopées,
13:21les « Ha ! »
13:23La moindre onomatopée,
13:25ils avaient quelque chose à dire dessus.
13:27Et il fallait que ce soit comme le japonais.
13:31Mais Sephiroth,
13:33je le trouve beau,
13:35beaucoup de charisme et vocalement,
13:37c'était là aussi tout droit.
13:39Un personnage qui s'énerve.
13:41Génial. Top. Je suis content qu'il revienne.
13:43Altair, c'est Assassin's Creed.
13:45Oui, il était assez
13:47mutique. Je trouvais le personnage
13:49assez emblématique aussi.
13:51Mais tout ça est très très vieux
13:53et je me souviens plus trop d'Altair.
13:55Franchement, dans ma carrière, j'ai eu des beaux gosses,
13:57j'ai eu des chevaliers,
13:59des Jedi.
14:01J'ai été servi.

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