• il y a 8 mois
Antoine, 64 ans, appelle le 115 tous les jours pour espérer avoir une place en abri de nuit. Sans domicile fixe et sans ressources, il fréquente la Boutique Solidarité de la Fondation Abbé Pierre de Saint-Denis quotidiennement pour obtenir l’aide dont il a besoin. Sa réalité est loin d’être un cas isolé. La précarité extrême touche de plus en plus de personnes. Et si nous nous mettions à leur place ?

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Transcription
00:00 Moi ce que je rêve tout simplement, ce que je souhaite, c'est d'avoir un toit, d'être un petit peu chez moi
00:06 et puis pouvoir vivre...
00:08 calmement.
00:11 [Musique]
00:31 Bonjour, en raison d'un grand nombre d'appels, vous suivez...
00:35 [Musique]
00:43 Quand j'ai la ligne, on me dit qu'il n'y a pas assez d'agents.
00:46 Donc je dois recommencer à zéro.
00:49 On sent bien que la tendance va en augmentant.
00:52 Ce qui nous inquiète, nous, on voit qu'on a de plus en plus de diverses typologies de publics
00:57 qui fréquentent notre boutique.
01:00 Ça va de la personne qui est à la rue, à la personne qui est hébergée chez des tiers ou en structure,
01:06 à la personne qui est logée mais isolée dans son logement et qui n'arrive plus à joindre les deux bouts.
01:13 Il y a nécessité à ce que les pouvoirs publics puissent prendre la mesure de l'urgence de ces personnes
01:20 qui sont en grande errance et en grande difficulté, que ce soit psychologique qu'économique.
01:27 On sent bien que depuis plus d'un an, les solutions d'hébergement d'urgence ont du mal à être pourvues.
01:33 [Musique]
01:41 Le fait d'appeler le 115 tous les jours, mettons-nous à leur place.
01:44 Appelons le 115 tous les jours, dans cette même boutique, dans cet état de tension,
01:49 pour ne serait-ce avoir cet espoir d'avoir cette place que pour la nuit et demain c'est recommencé.
01:55 On est dans le doute, on ne sait pas si on va avoir la possibilité d'avoir une chambre.
02:00 Les demandes au niveau du 115 sont nombreuses.
02:04 Ça nous fait du stress, ça nous fait des tracas.
02:07 D'ailleurs, ça se remarque, par exemple quand il y a la visite du docteur,
02:12 lorsque je suis dans le doute, on attend toujours, et bien la tension monte beaucoup.
02:16 [Musique]
02:33 Nous avons pris le relais des travailleurs sociaux de l'hôpital
02:37 pour que monsieur puisse recouvrir ses droits à la retraite,
02:40 pour qu'il puisse aussi également avoir des droits à la sécurité sociale, des droits santé.
02:46 La grande difficulté pour ce monsieur, c'est que sans ressources,
02:49 il ne peut prétendre à pouvoir obtenir un logement de manière durable.
02:54 Il fréquente la boutique de manière quotidienne, appelle le 115 de manière quotidienne.
03:00 [Musique]
03:08 Voilà.
03:10 OK. Je vous remercie madame. Merci. Au revoir.
03:15 Donc ce soir, je dois chopper.
03:19 Moi, personnellement, mon temps, je passe surtout à la boutique de Solidarité,
03:23 parce que je sais que je pourrais avoir de l'aide pour pouvoir faire ce que je dois faire.
03:29 La boutique Solidarité de la Fondation Ambépierre est devenue un peu une famille pour moi.
03:34 Donc on vient le matin, on prend notre petit-déjeuner.
03:37 Ensuite, si on a la lessive à faire, on peut le faire.
03:41 Il y a deux styles de journée.
03:43 Il y a les styles de journée de la semaine, du lundi au vendredi,
03:46 parce que nous avons la boutique Solidarité qui est ouverte.
03:49 Et il y a les styles de journée du week-end, samedi-dimanche,
03:53 où là vraiment c'est très très dur.
03:55 On est obligé de tout chercher.
03:58 Le petit-déjeuner, le déjeuner, le dîner le soir.
04:02 Le buffet et l'armoire, c'est le même.
04:05 Dans le buffet, nous avons du gâteau, de l'eau, un petit peu de jus,
04:12 puis il y a les médicaments.
04:14 Et dans l'armoire, il y a mes vêtements et les papiers.
04:19 On n'a pas de moyens.
04:21 On est obligé d'aller demander un peu pour pouvoir manger convenablement.
04:28 On rencontre d'autres personnes qui sont également dans la même situation que nous.
04:34 Avec ça, on converse, on essaie de voir l'un et de l'autre.
04:40 Ça aussi c'est très important, parce que lorsqu'on est seul,
04:43 il y a beaucoup de choses, beaucoup d'idées qui passent à la tête,
04:47 des bonnes comme des mauvaises.
04:56 Ça peut arriver du jour au lendemain, je dirais.
04:59 Parce que moi-même, je ne m'attendais pas, de par ma profession,
05:04 qu'aujourd'hui je serais dans cette situation-là.
05:07 Moi, ce que je conseille aux gens, au public, c'est de répondre,
05:12 de tenir la conversation, le dialogue avec quelqu'un qui est dans la rue,
05:17 un centre de sile fixe, c'est très important pour la personne.
05:21 Les associations, elles avancent, mais elles n'ont pas les moyens qu'elles ont besoin.
05:27 Ce sont les moyens financiers pour pouvoir améliorer la situation,
05:32 pour pouvoir aider ces gens-là à trouver un logement, à meubler leur logement.
05:37 Moi, ce qui me motive aujourd'hui, c'est déjà d'être toujours vivant,
05:44 de continuer, et peut-être lorsque j'aurai eu ma retraite,
05:50 je pourrai peut-être aussi m'inclure dans des associations pour aider ceux qui sont en difficulté.
05:56 [Musique]

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