• il y a 8 mois

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00:00 - Ricard, notre invité ce matin, Louis Fontaine, Slimane Laoufi, défenseur des droits, chef du pôle régional Normandie et centre Val-de-Loire.
00:08 Il répond à vos questions ce matin.
00:10 - Bonjour Slimane Laoufi.
00:11 - Bonjour.
00:11 - Rappelons que le défenseur des droits est une autorité administrative indépendante chargée de veiller au respect de nos libertés, de nos droits.
00:18 Vous intervenez dans plusieurs domaines, mais il y a un domaine tout particulièrement où vous voyez vos interventions en hausse,
00:24 c'est litige avec les services publics comme la CAF ou la Sécurité Sociale.
00:28 - Effectivement, c'est le premier domaine d'intervention de l'institution.
00:33 On est quasiment à 90% de l'activité qui concerne les relations usagers-services publics, entendu au sens large.
00:38 Ce n'est pas uniquement l'administration d'État, c'est aussi les collectivités locales, les organismes privés, etc.
00:44 Et c'est vraiment ce qui nous occupe et ce qui nous préoccupe le plus.
00:48 - Pour donner un exemple concret sur des litiges, quel est le rôle du défenseur du droit ?
00:54 - Alors, notre rôle, notamment nos délégués qui sont présents sur les territoires, c'est d'intervenir dans le cadre d'une médiation.
01:01 C'est-à-dire d'aller voir l'organisme qui est mis en cause, d'essayer de renouer un dialogue et de trouver une solution, une solution à l'amiable.
01:07 On est dans la médiation. Si ça échoue, le dossier peut aller après au siège à Paris pour un traitement alternatif où là on va ouvrir une enquête.
01:15 Mais c'est vraiment les soucis, j'allais dire, de la vie quotidienne, de tous les jours.
01:19 - Vous disiez 125 000 réclamations en 2022, on est à quasiment 138 000 réclamations en 2023.
01:28 Qu'est-ce qui fait qu'on a cette hausse aussi significative au niveau des défenseurs des droits ?
01:32 - Je dirais, comme l'a dit madame la défenseure, on est un petit peu la vigie de la République, c'est notre rôle.
01:38 Depuis des années, on dénonce des atteintes aux droits et là, cette année, on a dit, on est sur de la banalisation des atteintes aux droits.
01:46 C'est-à-dire que d'année en année, on augmente de 10%, 10%, 10%, ce qui fait qu'on a de plus en plus d'atteintes aux droits.
01:53 Je vois une explication également sur notre croissance d'activité par rapport aux personnes qui ne se résignent plus,
02:00 alors qu'ils connaissent peut-être un petit peu mieux l'institution, mais aussi qui sont dans une démarche de reconnaissance de droit.
02:06 - C'est-à-dire, se résignent plus, on a des gens qui ne vont pas hésiter à vraiment...
02:10 - Absolument, il y a des gens qui ne vont plus hésiter maintenant à venir voir l'institution du défenseur pour dire,
02:17 "j'ai un problème avec une administration, j'ai un problème avec un service public",
02:21 alors qu'avant, c'était de la résignation, c'est comme ça, je ne peux pas faire autrement, et puis de toute façon, c'est un combat qui peut être très très long.
02:28 Non, maintenant, c'est un paradigme qui change.
02:30 - Et justement, sur ces services publics, il y a aussi la dématérialisation, je vais y arriver, compliquée en fait, mais rien qu'à prononcer, c'est dans votre cœur d'action.
02:45 - C'est notre cœur d'action, et puis finalement, c'est le thème transversal de tous les services publics.
02:51 Vous avez tous les services publics maintenant qui sont dans un système de dématérialisation, ça fait des années qu'on dénonce pas la dématérialisation,
02:58 on dénonce simplement le fait que cette dématérialisation a pour conséquence de laisser de côté une bonne partie de la population.
03:04 30% de la population est éloignée du numérique, ce qui fait que vous n'avez plus accès à des droits auxquels vous pouvez prétendre
03:11 parce que vous ne savez pas comment faire pour entrer dans un système de dématérialisation.
03:15 - Les gens sont perdus. - Ils sont complètement perdus, complètement perdus.
03:18 Alors, on est perdu par rapport à une dématérialisation, non pas parce qu'on est dans une zone blanche parce qu'on n'a pas Internet, il n'y a pas que ça,
03:25 ça existe encore, mais aussi parce qu'on n'a pas les codes, on n'a pas les codes pour aller sur un site administratif, faire des démarches administratives.
03:33 Vous avez 80% des jeunes, je crois, entre 15 et 25 ans, pourtant ils ont toujours le nez sur le portable,
03:39 ils ne savent pas faire des démarches administratives, ils n'ont pas les codes.
03:43 Et le problème que nous dénonçons, que d'autres associations aussi dénoncent, c'est que vous n'avez pas un système alternatif à la dématérialisation.
03:51 C'est-à-dire que la dématérialisation a eu pour conséquence de supprimer des postes dans les services publics pour avoir des gains d'économie.
04:00 Mais lorsque cette dématérialisation ne fonctionne plus, à qui s'adresser ?
04:05 - Et justement s'adresser à ces défenseurs du droit. En Normandie, on en compte 25 délégués, et parmi eux, vous recrutez des bénévoles,
04:15 alors vous avez des salariés, il y a aussi des bénévoles qui connaissent bien le terrain.
04:17 - Oui, alors nos bénévoles ont des profils très diversifiés par rapport à leur expérience professionnelle.
04:25 J'ai l'ancienne bâtonnière de camp, qui est déléguée du défenseur, j'ai un ancien inspecteur d'académie, j'ai un ancien policier, j'ai des gendarmes aussi.
04:36 Donc des profils très variés, qui connaissent la démonstration.
04:39 - Et donc, comme Jason et moi, on peut faire appel à ces bénévoles-là ?
04:42 - Bien sûr, c'est ouvert à tout le monde.
04:44 - Et qui connaissent ? Vous disiez l'ancienne bâtonnière de camp, ça, quand on a des personnes qui ont été placées juridiquement, dans la sphère juridique, ensuite...
04:55 - Ça aide beaucoup, effectivement, parce que ça aide d'une part pour faire de l'information, ce qu'on appelle l'accès au droit.
05:00 Les personnes qui viennent voir notre ancienne bâtonnière, Mme Weben, dans sa permanence, bien souvent c'est aussi pour avoir un conseil.
05:07 Qu'est-ce que je dois faire, etc. Donc ça c'est de l'accès au droit. Après, pour pouvoir intervenir, s'il faut intervenir, elle connaît les codes,
05:15 les autres délégués connaissent aussi les codes, ils connaissent aussi le fonctionnement d'une administration, d'un organisme privé, etc.
05:20 Donc des profils diversifiés, et ça rassure. Ça rassure les personnes qui viennent nous voir en Chine.
05:26 - Et ce qu'il faut dire, c'est que c'est accessible gratuitement aussi, peut-être que le grand public ne le sait pas forcément,
05:32 on peut avoir un défenseur des droits au téléphone, d'ailleurs vous êtes ce relais.
05:37 - Oui, tout à fait. On est gratuit. Je sais que l'ancien défenseur des droits Jacques Toubon avait l'habitude de dire qu'on était un petit peu un grand cabinet d'avocats,
05:45 à la différence que nous on est gratuit. Bon, je ne vais pas dire qu'on est un grand cabinet d'avocats, sinon je vais avoir le barreau, les avocats sur le dos.
05:53 Non, on est un service public, un service public au service du public. Et on est gratuit, effectivement.
05:59 - Merci beaucoup Slimane Laoufi, défenseur des droits, chef du pôle régional Normandie et centre Val de Loire d'avoir été notre invité ce matin
06:06 sur France Bleu et France 3 dans Mordy.

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