Depuis 20 ans, au début du printemps, Cagnes-sur-Mer met en place un couvre-feu pour les moins de 13 ans à partir de 23h

  • il y a 5 mois

Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd’hui, il débat du couvre-feu que met en place Cagnes-sur-Mer à partir de 23h depuis 20 ans, pour les moins de 13 ans.

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00:00 Depuis 20 ans à chaque début de printemps,
00:02 Cagnes-sur-mer dans le département des Alpes-Maritimes
00:05 met en place son couvre-feu pour les moins de 13 ans.
00:08 Ce qui est quand même...
00:10 On est obligé de mettre un couvre-feu pour les moins de 13 ans.
00:12 Un enfant de moins de 13 ans n'a rien à faire évidemment dehors,
00:15 à partir de 23h jusqu'à 6h du matin dans une partie de la ville.
00:18 Les enfants, les ados, n'ont pas le droit de sortir seuls,
00:21 ce qui est quand même la moindre des choses.
00:23 L'arrêté est valable jusqu'au 31 octobre.
00:25 En cas de non-respect, les parents sont susceptibles d'être poursuivis au pénal.
00:29 Qu'en pensez-vous ?
00:30 Je voudrais qu'on écoute Louis Neigre, qui est le maire des Républicains.
00:34 Il est le maire de Cagnes-sur-mer, interrogé pour Europe 1 par Laurent Tessier.
00:39 C'est une mesure que normalement un maire ne devrait pas prendre.
00:43 Mais je l'ai prise parce que je suis de nature,
00:46 j'allais dire à constater malheureusement qu'il y a une dérive.
00:50 Et cette dérive, il y a deux façons de la traiter.
00:53 Soit vous mettez la poussière sous le tapis,
00:55 soit vous prenez le problème à bras le corps.
00:58 C'est ce que j'ai fait.
00:59 Il y a 20 ans, j'ai pris cet arrêté qui a été validé par la Cour d'appel de Marseille.
01:04 Et donc cet arrêté s'applique depuis 20 ans régulièrement
01:09 et il produit d'excellents effets.
01:11 On a une très grande efficacité.
01:14 Il faut que je remonte à 2011
01:18 pour avoir constaté qu'un enfant et donc une famille
01:21 n'a pas respecté cet arrêté.
01:24 - C'est quand même assez extravagant d'imaginer des enfants de moins de 13 ans,
01:28 mais on sait que ça peut exister.
01:30 Alors on est avec Sabine, je crois qui est avocate.
01:32 Bonjour Sabine.
01:33 - Pascal. Bonjour Pascal.
01:35 - Où est-ce que vous êtes ? Dans quelle région de France ?
01:38 - Je ne suis pas très loin, je suis à Paris.
01:40 - Bon, vous avez des enfants ?
01:42 - Oui, des ados.
01:43 - Des ados, ils ont passé 13 ans ?
01:45 - Oui, ils ont 15 et 17 bientôt.
01:47 - Déjà 15 et 17, par exemple.
01:49 Votre fille de 15 ans, vous la laissez toute seule dans Paris ?
01:52 - Alors, je la laisse toute seule,
01:55 ça dépend à quelle heure et comment.
01:58 - Après 21 heures, évidemment, dans la journée, à 15 ans,
02:01 elle a le droit de sortir dans la rue.
02:03 - Mais non, bien sûr que non, je la laisse pas toute seule.
02:05 De toute manière, si elle doit sortir, je dois savoir chez qui elle va,
02:07 avec qui, je l'accompagne et je vais la chercher.
02:11 - Bien sûr, c'est normal.
02:13 - Voilà, ça me semble normal.
02:15 - Et 17 ans ?
02:16 - Alors 17 ans, c'est pareil.
02:19 Sauf quand elle est avec son petit copain qui la ramène.
02:22 - Elle a un petit copain ?
02:23 - Oui, elle a un petit copain, 17 ans.
02:25 Je reste réveillée, quoi qu'il arrive, jusqu'à qu'elle rentre,
02:31 et de toutes les manières, j'ai la localisation sur mon portable.
02:33 - Exactement, vous êtes une maman, comme il y en a des milliers en France,
02:37 - Normal.
02:38 - Ça nous paraît effectivement la moindre des choses.
02:41 Mais pour ces enfants de moins de 13 ans, est-ce que vous comprenez ?
02:44 - Je ne comprends pas.
02:47 Pour moi, un enfant de moins de 13 ans,
02:50 il est à 18h30 chez lui, maximum.
02:52 Il doit sortir le soir avec ses parents,
02:55 exceptionnellement, s'il va faire une soirée chez un copain,
02:58 exceptionnellement avec retour à 22h30, et on va le chercher.
03:02 Et je ne comprends pas.
03:04 - Vous comprenez, vous savez bien ce qui se passe,
03:06 et il ne faut pas non plus parfois jeter la pierre,
03:08 parce que tout le monde n'a pas une structure familiale solide,
03:12 et il peut exister notamment des familles monoparentales,
03:15 souvent ce sont des femmes,
03:16 souvent ce sont dans des milieux défavorisés,
03:19 - Non, non, non, non, non, non, non, non, non,
03:22 il n'y a pas besoin d'avoir de l'argent
03:27 pour avoir de l'autorité sur ses enfants.
03:29 D'accord ? Ça c'est faux.
03:30 Je reçois dans mon cabinet des gens qui n'ont pas beaucoup de moyens,
03:33 qui sont souvent au RSA,
03:34 mais qui éduquent les enfants et qui sont souvent des femmes seules.
03:37 Et pour cela, elles n'ont pas besoin d'argent pour bien,
03:39 au contraire, pour éviter certains débordements
03:43 et parce qu'elles sont dans une certaine difficulté,
03:44 elles tiennent justement à ce que leurs enfants,
03:46 premièrement, ne leur causent pas plus de difficultés,
03:48 et en plus de ça, qu'il y ait par une éducation rigoureuse
03:51 et un travail à l'école suivi,
03:55 elles suivent leurs enfants et ils sortent de cette condition.
03:58 Et ça, c'est un faux prétexte.
03:59 Ce que je pense, c'est que l'État a tellement pris l'habitude
04:02 d'assister les gens dans tout,
04:04 que les gens ont oublié que c'était à eux de s'occuper de leurs enfants.
04:08 Un enfant, ce n'est pas un droit.
04:10 Quand on le fait, c'est qu'on le veut et qu'on doit l'assumer.
04:14 Si on n'a pas les moyens de l'assumer,
04:16 l'État français pourvoie financièrement à ses moyens.
04:19 Ceci dit, pour les valeurs, la moralité, le respect,
04:23 c'est à la maison que ça s'apprend,
04:24 parce que tout ce qu'on fait, tout ce qu'on devient,
04:28 c'est à la maison qu'on l'apprend.
04:30 Et plus on vieillit, plus on se rapproche de l'éducation
04:32 qu'on a eue par nos parents et on se rapproche de ça,
04:36 même si souvent, on est tenté de s'en séparer
04:39 quand on arrive à l'adolescence, quand on est jeune,
04:41 et on doit faire ses expériences,
04:42 et on revient toujours vers ce qui nous a formés.
04:47 Alors quand on n'est pas formé, on revient vers quoi ?
04:49 - Oui, c'est toute la difficulté, vous avez parfaitement raison.
04:54 Nous, on a eu de la chance d'être avec des parents qui s'occupaient de nous
04:57 et là où je montre une forme d'indulgence,
05:00 c'est que je me dis que serais-je devenu
05:02 si personne ne s'était occupé de moi lorsque j'étais enfant ?
05:06 - Mais Pascal, c'est un devoir de parent.
05:10 - Je suis d'accord avec vous, mais s'il y a des parents
05:12 qui, soit parce qu'ils sont immatures,
05:13 soit parce que, pour plein de raisons,
05:16 on l'a dit 12 millions de fois,
05:18 la chose la plus difficile c'est d'être parent.
05:20 C'est le plus dur, et tout le monde n'est pas armé pour être parent.
05:24 Il y a des gens d'une très grande immaturité
05:26 qui ne devraient même pas être parent.
05:28 Il se trouve qu'ils ont des enfants,
05:29 et parfois ça peut être difficile pour les enfants.
05:31 Bon, les mineurs isolés, vous vouliez nous parler des mineurs isolés
05:33 parce que vous les croisez parfois dans la rue.
05:36 - Non mais les mineurs isolés, ça aussi c'est une farce.
05:40 Ils sont mineurs que parce qu'ils le disent,
05:43 et personne n'est là pour contrôler.
05:44 En fait, ça participe de tout dans cet État.
05:46 Personne ne contrôle rien.
05:47 Ils ne contrôlent que les gens pour lesquels
05:49 ils ne risquent d'avoir aucun retour agressif.
05:53 Personne ne risque rien quand on contrevient à la loi,
05:59 à la réalité, à la vérité.
06:01 L'Europe a dit qu'on ne fait pas de tests de minorité sur les eaux
06:07 parce que je ne sais pas pourquoi d'ailleurs,
06:10 mais parce que...
06:12 Et nous, on est obligés de subir ça.
06:13 Ils ne se sont pas des mineurs.
06:14 Vous avez vu la taille qu'ils ont.
06:15 Ce sont des hommes.
06:17 Des hommes !
06:18 - Merci Sabine, merci de ce témoignage.

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