• il y a 8 mois

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Transcription
00:00 Le point ultime, ça a été le jour où je me suis dit
00:03 c'est soit je saute par la fenêtre,
00:04 soit je vais toquer à la porte des urgences psychiatriques.
00:07 Et donc c'est ce que j'ai fait.
00:08 J'ai perdu ma maman en 2016 lors d'un accident en montagne.
00:11 Cinq mois après, je suis tombée enceinte.
00:13 Pendant la grossesse, j'ai focalisé sur mon bébé.
00:16 Après sa naissance, en fait, tout est venu s'embriquer ensemble.
00:19 Le deuil, le passepartout.
00:21 Et du coup, ce petit mélange, ça a fait un burn-out parental
00:25 quelques mois plus tard.
00:26 C'est une succession de choses, en fait.
00:28 Une belle famille oppressante,
00:30 du personnel de santé pas toujours bienveillant,
00:32 des réflexions tout le temps, des injonctions, beaucoup.
00:36 Et en fait, on a cette espèce de spirale
00:39 dans laquelle on coule jour après jour, l'isolement.
00:42 Et en fait, on s'oublie et on pense pas à tirer la sonnette d'alarme
00:46 parce qu'en fait, on n'a pas conscience
00:47 qu'on est en train de se perdre et qu'on est en train de couler.
00:50 Je suis allée demander de l'aide à des professionnels
00:52 parce que mon bébé avait huit mois et que j'avais envie de vous mourir.
00:55 L'hôpital psychiatrique aux urgences un dimanche soir,
00:57 c'est "OK, vous avez de la chance, il reste un lit
01:00 et en fait, on vous enferme à clé dans la chambre.
01:03 Mais vous savez pas si c'est pour vous ou contre vous."
01:06 La nuit, c'est horrible.
01:07 Je me revois, je suis dans le lit
01:08 et là, j'entends des hurlements dans les couloirs
01:10 et je me dis "Putain, mais qu'est-ce que je fous ici ?"
01:15 Alors que je veux juste être chez moi avec mon chat, mon bébé,
01:18 me sentir bien, mais je me sens mal aussi là-bas.
01:20 Et c'est affreux, quoi.
01:21 En fait, je me mets le coussin sur la tête
01:23 et je pleure parce que c'est horrible.
01:26 Ce qui est bien quand il y a un professionnel de santé
01:30 qui nous dit qu'on est en burn-out parental,
01:33 qu'on est en post-trauma et en deuil,
01:36 c'est qu'en fait, on a l'impression qu'on a le droit un peu à la carte handicapée,
01:40 que désormais, on peut dire "Ouais, les gars, c'est pas ma faute.
01:43 Hop, je suis en burn-out parental.
01:45 Non, je suis pas folle, non, je suis pas dépressive,
01:47 je suis juste en burn-out parental."
01:48 On dirait que c'est le Joker face aux gens qui vont nous dire
01:51 "Comment ça, t'arrives pas à t'en sortir ?
01:53 Ça va, tu travailles pas, t'as qu'un enfant."
01:54 Je vais y passer une semaine.
01:56 Pendant cette semaine, je gérerai la psychiatre tous les matins.
01:59 Je me reposerai beaucoup sans culpabiliser.
02:01 J'ai mon père qui vient me rendre visite tous les soirs avec mon fils,
02:04 que je puisse le voir parce que c'est juste horrible d'être éloignée de lui,
02:08 et pour que je puisse aussi maintenir l'allaitement.
02:10 Quand mon père repart, je me retrouve dans cette chambre et je me dis
02:13 "Putain, mais qu'est-ce que tu fous en fait ?
02:16 T'as un bébé, il a besoin de toi, t'es pas là,
02:19 et puis t'es ici dans cette chambre, quoi,
02:21 mais en fait, il mérite pas d'avoir une maman comme ça, quoi."
02:26 J'aurais aimé que le fait que je me sois faite interner en hôpital psychiatrique
02:30 serve d'électrochoc ou en tout cas de sonnette d'alarme à mes proches,
02:33 mais en fait, je me suis rendue compte,
02:36 quelques jours après mon retour à la maison,
02:37 que c'est comme s'il s'était rien passé.
02:39 Je sais pas ce qui s'est passé dans leur tête à ce moment-là,
02:41 je sais pas comment ils ont pu passer à côté de la détresse dans laquelle j'étais,
02:47 et surtout ne pas m'aider, ne pas me tendre la main.
02:49 Ça m'a pris à peu près deux ans et demi
02:53 pour me reconstruire et me tenir droite comme je le suis aujourd'hui face à vous.
02:59 Ça prend du temps, en fait, de reprendre confiance en soi.
03:02 C'est un travail d'équipe que j'ai mené avec mon fils,
03:05 avec l'amour qu'il m'apporte, avec ses sourires, avec son épanouissement.
03:09 C'est vraiment ça, en fait, qui m'a fait prendre conscience
03:11 que, quelque part, j'étais sûrement une bonne mère,
03:14 puisque il va bien.
03:15 C'est un travail de reconstruction
03:17 qui mérite d'être accompagné par des professionnels.
03:20 Aujourd'hui, je suis encore sous antidépresseur.
03:22 J'avoue que j'ai peur, en fait, d'arrêter mon traitement
03:26 parce que je pense que j'ai encore des blessures en moi
03:29 qui ne sont pas tout à fait sécatrisées.

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