Noemie.de.Lattre.feministe.pour.homme.2022

  • il y a 5 mois
Transcript
00:00:00 Est-ce que ça vous dit de découvrir l'envers du décor ?
00:00:02 Ou plus prosaïquement, de voir mes fesses ?
00:00:04 Ouais ? Alors restez avec moi.
00:00:06 Venez, je vous emmène sur scène avec moi.
00:00:14 Vous pourrez à la fois assister au spectacle comme si vous étiez en salle,
00:00:17 et avoir un point de vue unique sur l'envers du décor.
00:00:26 Ça va bientôt commencer.
00:00:28 [Musique]
00:00:44 Attention, top !
00:00:47 [Musique]
00:01:11 [Applaudissements]
00:01:16 [Musique]
00:01:26 [Applaudissements]
00:01:30 [Musique]
00:01:48 [Applaudissements]
00:02:00 Merci, merci beaucoup, ça me fait hyper plaisir que vous ayez applaudi.
00:02:03 Ah non, vraiment, je vous jure.
00:02:05 Parce que je vais pas vous mentir, la chorégraphie, je l'ai répétée pendant 8 mois,
00:02:08 et sur le corps sublime que vous avez sous les yeux,
00:02:11 il y a eu beaucoup de boulot.
00:02:13 Toutes les pièces ne sont pas d'origine.
00:02:16 Voilà. Il y a eu un petit peu de tuning, si vous voyez ce que je veux dire.
00:02:19 D'ailleurs, je me demande toujours si ça se voit.
00:02:22 A votre avis, qu'est-ce que vous pensez que j'ai fait refaire,
00:02:25 et qu'est-ce que vous pensez qu'est naturel ?
00:02:27 Rien.
00:02:29 Rien, rien naturel.
00:02:31 Attends, on va faire par étapes. Laissez-en un à votre avis. Vrai ou faux ?
00:02:34 Vrai.
00:02:35 Le vénère, vrai ?
00:02:37 Vrai, vous avez vu ?
00:02:38 Oh, mais vous êtes trop mignons !
00:02:42 C'est adorable !
00:02:44 Mais enfin ! J'ai passé 40 ans !
00:02:46 Ça n'existe pas, des seins comme ça, après 40 ans !
00:02:49 Bien sûr qu'ils sont faux !
00:02:51 Mais oui, enfin ! Ils m'ont coûté 6 000 euros !
00:02:54 La paire. 3 000 euros le nichon.
00:02:57 Non, mais alors vraiment, après ma grossesse et mon allaitement,
00:03:00 j'avais des seins comme...
00:03:03 comme les testicules d'un homme de 97 ans
00:03:05 à qui on aura annoncé une très mauvaise nouvelle.
00:03:08 Vous voyez ? Non, c'est pas possible.
00:03:10 Et le nez, à votre avis ? Non, ne me dites pas.
00:03:12 Tout le monde peut dire "il est vrai, t'as pas payé pour avoir ça".
00:03:15 Mais évidemment, ça ne se trouve pas dans le commerce, un nez comme ça.
00:03:18 Ah ! Plus compliqué, le boule.
00:03:20 Vrai ou faux ?
00:03:21 Vrai.
00:03:22 Attends, je vous montre en action.
00:03:24 Alors ?
00:03:26 Vrai.
00:03:27 Alors, il est vrai, mais ça, ce sont des années de chocolat,
00:03:31 de champagne, de danse et de colère.
00:03:36 Mais évidemment, la colère pour le cul, y a pas mieux !
00:03:39 Bah regardez, mais ça m'énerve !
00:03:42 Mais pourquoi ça se passe comme ça ?
00:03:46 Voilà, et comme j'ai passé une bonne partie de ma vie en colère,
00:03:48 bah j'ai un boule en béton.
00:03:50 Bon, après, y a deux, trois autres trucs qui sont pas hyper réglos,
00:03:53 mais disons qu'à la louche, pour le gros œuvre, c'est à peu près tout.
00:03:57 Après, y a la maintenance.
00:04:00 Ah bah oui, l'attitude, le travail d'attitude au quotidien.
00:04:03 Vous croyez que je me tiens comme ça naturellement ?
00:04:05 Bah non.
00:04:06 Là, je me tiens comme une danseuse classique,
00:04:07 c'est-à-dire que je suis absolument pas,
00:04:08 pour donner l'illusion de la grâce.
00:04:10 Vous voyez, comme ça.
00:04:11 Ensuite, regardez, paf, je tire les genoux, vous voyez,
00:04:13 sinon ça fait crapaud.
00:04:14 Tac, comme ça.
00:04:16 Je rentre les coudes, sinon ça fait pas beau.
00:04:18 Je lève le menton, sinon ça fait goître.
00:04:21 Oui, mais alors attention, pas trop, sinon, crac, ça fait groin.
00:04:24 Eh oui, vous voyez, triple menton, naseau.
00:04:28 Donc il faut bien viser, hop, comme ça, tac, voilà.
00:04:30 Ensuite, je me cambre, pif.
00:04:32 Ah oui, alors ça, c'est génial, petit tuyau.
00:04:35 Je me suis rendue compte que par un effet d'optique,
00:04:37 si je me cambre, mes fesses se retrouvent de fait
00:04:40 plus loin de vous que ma poitrine,
00:04:42 et grâce à la perspective, elles ont l'air plus petites.
00:04:45 Eh oui, et du coup, ça fait grognichon, petit cul.
00:04:48 C'est bon, non ?
00:04:49 Donc tac, tac, tac, tac.
00:04:51 Et pour finir, je me mors l'intérieur des joues,
00:04:54 très discrètement,
00:04:56 mais jusqu'au sang,
00:04:58 pour faire saillir les pommettes.
00:05:01 Et là, je suis belle.
00:05:04 Là, je suis mystérieuse.
00:05:06 Et là, je suis crevée.
00:05:08 Évidemment, je suis crevée.
00:05:10 En plus, c'est triste, parce que ça sert à rien.
00:05:12 Bah non, je le sais bien, que c'est à l'intérieur que ça se passe.
00:05:15 Je vois bien que j'ai beau me couvrir de strass et de soie,
00:05:18 j'ai beau me la donner et me faire applaudir,
00:05:21 je n'arrive pas à ne plus être
00:05:24 cette grosse gamine un peu gourde
00:05:26 qui se gratte elle-zizi dans un coin.
00:05:32 Je vous jure, j'ai l'impression que je pourrais faire ce que je veux,
00:05:34 elle restera pour toujours planquée sous mes robes en satin.
00:05:38 En fait, j'ai l'impression d'être une fausse fille,
00:05:41 très astucieusement déguisée en vraie fille.
00:05:44 Voilà.
00:05:45 Enfin, en tout cas, vu le temps que j'ai mis à me préparer pour vous ce soir,
00:05:48 je suis la preuve vivante qu'on n'est pas obligé
00:05:51 d'être un gros trompe-blond dégueulasse pour être féministe.
00:05:54 Voilà.
00:05:55 Je suis féministe et féminine, épilée.
00:05:58 Oui, parce que je suis féministe.
00:06:02 Mais vous le saviez puisque c'est écrit dans le titre.
00:06:04 Hein, vous le saviez ?
00:06:06 Oui.
00:06:07 Ah non, la boulette. J'en vois plein qui ne savaient pas.
00:06:09 OK.
00:06:10 Bonjour, je m'appelle Noémie et je suis féministe.
00:06:17 Bonjour Noémie.
00:06:20 Merci le groupe.
00:06:22 Non mais vous savez qu'on était là pour ça,
00:06:26 pour que je vous raconte comment je suis devenue féministe
00:06:28 et comment vous allez le devenir vous aussi à la fin de la soirée.
00:06:31 Pour celles et ceux qui ne le sont pas déjà, bien sûr.
00:06:34 Mais d'ailleurs, il y a une personne qui veut partager avec le groupe ?
00:06:37 Non ?
00:06:38 C'est fou ce mot quand même.
00:06:40 Féministe.
00:06:41 Féministe.
00:06:43 On a l'impression que rien qu'en disant le mot féministe,
00:06:46 on se transforme instantanément en monstre frigide,
00:06:50 désireux d'abolir la galanterie,
00:06:52 de castrer les séducteurs,
00:06:54 de renoncer au plaisir et à la liberté sexuelle.
00:06:57 Le tout bien sûr, en suantant une vieille sueur et grelade
00:07:01 avec des poils collés dans le pull.
00:07:04 "Toujours de la rase courbe, mon Dieu !
00:07:07 Elle va nous contaminer avec sa frigidité périmée !
00:07:10 Ouais, je suis nulle en mimes.
00:07:14 Alors que non, maintenant j'en suis sûre, non.
00:07:18 Je dis maintenant j'en suis sûre parce que je dois vous avouer
00:07:21 que moi pendant des années, j'étais persuadée
00:07:23 que les féministes étaient toutes forcément
00:07:26 de vilaines goudous à cheveux gras,
00:07:28 vindicatives et revanchardes,
00:07:30 avec du poil aux pattes et des portefeuilles à chaînettes.
00:07:33 Vous voyez ?
00:07:35 Et qu'elles étaient toutes là forcément.
00:07:37 Ouais ! Marronner !
00:07:39 Non mais c'est fou ce truc quand même.
00:07:42 Pourquoi est-ce que c'est classe et nécessaire
00:07:45 de lutter contre le racisme ou l'antisémitisme par exemple,
00:07:48 mais agaçant et inutile de lutter contre le sexisme et la misogynie ?
00:07:53 Hein ? Pourquoi ?
00:07:55 Alors j'ai une petite parenthèse,
00:07:58 une petite parenthèse à l'instant,
00:08:00 et c'est valable pour maintenant et pour tout le reste du spectacle.
00:08:03 En fait, ce sont de vraies questions que je pose.
00:08:05 Ce ne sont pas des questions rhétoriques.
00:08:11 Donc si vous avez la réponse, n'hésitez pas.
00:08:13 Et alors je profite d'être dans une parenthèse
00:08:16 pour vous dire juste un petit mot comme ça, vraiment vite fait, deux secondes.
00:08:18 C'est que, alors, bien sûr, je suis féministe, je suis engagée,
00:08:20 je suis là pour défendre une cause, c'est super noble et tout, merci.
00:08:22 Mais pas que.
00:08:24 Voilà, pour vous dire la vérité, je suis quand même aussi là pour être aimée.
00:08:28 Par vous.
00:08:31 Et vous.
00:08:34 Donc si un moment pendant le spectacle ou après,
00:08:38 vous avez envie de me donner de l'amour,
00:08:40 un rire, un sourire, un slip,
00:08:43 eh bien n'hésitez pas, ça me fera très plaisir.
00:08:46 Et je vous aimerai en retour.
00:08:49 J'attendais une "oh là".
00:08:51 Allez, bisous, fin de la parenthèse.
00:08:53 Donc je disais, depuis qu'on est ado,
00:08:55 on est là, "ouais, touche pas à mon pote" et tout.
00:08:57 Mais bien sûr, pour ça, c'est ceux qui ont mon âge, d'accord.
00:09:00 Enfin, je veux dire, en tout cas, on est tous et toutes fiers
00:09:02 de lutter contre toutes les formes de discrimination.
00:09:05 Des jeunes, des vieux, des roms, des banlieues, des handicapés, des juifs,
00:09:08 des musulmans, des catholiques, des animaux, des roux même.
00:09:11 Mais des femmes ? Ah non, jamais.
00:09:13 Ah bah non, ça c'est la honte.
00:09:14 Non, non, parler des femmes ou du féminisme,
00:09:16 ça marche mieux qu'une alarme incendie pour disperser les gens.
00:09:19 Voilà.
00:09:20 C'est-à-dire que c'est vraiment la cause de merde.
00:09:22 C'est la cause toute tricarde dont personne ne veut.
00:09:25 Je sais pas pourquoi.
00:09:27 Enfin si, j'imagine sans doute parce que le dénigrement systématique des femmes
00:09:31 étant créé en nous depuis tellement longtemps qu'on le voit même plus.
00:09:34 Par exemple, vous vous rendez compte que les mots "plombier" et "vainqueur"
00:09:37 n'ont même pas de féminin ?
00:09:38 Ouais, "plombier", c'est moins grave, je vais pas vous mentir.
00:09:44 "Vainqueur", bah merde quand même !
00:09:46 Enfin je veux dire, ça prédestine un peu à l'échec, non ?
00:09:49 Et même sans parler des mots qui n'existent pas,
00:09:51 est-ce que vous vous rendez compte que par défaut, comme ça,
00:09:53 sans réfléchir, spontanément, on dira toujours
00:09:55 "Oui, bah un chirurgien, une infirmière.
00:09:57 Un président, une secrétaire.
00:09:59 Un directeur, une assistante.
00:10:01 Un séducteur, une salope."
00:10:03 Toujours !
00:10:05 Y a quand même des perspectives plus brillantes que d'autres.
00:10:08 Et puis alors, pour rester dans les métiers...
00:10:10 Oui, salope n'est pas un métier, je sais.
00:10:12 C'est bien dommage d'ailleurs.
00:10:13 Bref.
00:10:14 Donc, moi je suis actrice,
00:10:17 mais je suis aussi autrice et menteuse en scène.
00:10:19 D'accord ? Ce sont mes métiers.
00:10:21 Et bien ce sont deux mots que mon co-acteur autographique n'accepte pas.
00:10:24 Non, il est signé en rouge, le con.
00:10:26 Enfin non, pardon.
00:10:28 Il commence par me proposer un remplacement automatique,
00:10:30 autruche
00:10:32 et menteuse en scène.
00:10:34 Je vous jure que c'est vrai.
00:10:36 Non mais vous ferez le test ce soir,
00:10:37 Noémie Delattre, autruche et menteuse en scène.
00:10:39 J'adore ma vie.
00:10:41 Et si j'ai l'outrecuidance d'insister,
00:10:43 alors il me le souligne en rouge,
00:10:44 comme pour bien me signifier
00:10:45 que je ne serai jamais totalement à ma place
00:10:48 dans ces beaux métiers d'hommes.
00:10:49 Ben c'est pas évident, en fait,
00:10:51 d'être quelque chose qu'on ne peut même pas nommer.
00:10:53 Vous voyez, ça n'aide pas.
00:10:55 Petit bisou bien sûr aux pilotesses,
00:10:58 pompières et autres ingénieuses.
00:11:00 Voilà.
00:11:02 Et alors pour finir avec les mots qui fâchent,
00:11:04 je vous propose de me dire
00:11:05 que vous êtes un peu plus que moi.
00:11:07 Voilà.
00:11:08 Et alors pour finir avec les mots qui fâchent,
00:11:10 le masculin l'emporte sur le féminin.
00:11:13 Non mais c'est pas rien quand même comme expression.
00:11:15 Enfin je veux dire,
00:11:16 quand on prend conscience de ces mots
00:11:18 qu'on rabâche à tous les enfants de France
00:11:20 depuis des décennies,
00:11:21 le masculin l'emporte sur le féminin.
00:11:23 Ben moi quand j'étais petite et qu'on me répétait ça,
00:11:26 ce que j'entendais moi c'est
00:11:27 "Ma chérie, le masculin est plus fort que toi.
00:11:29 Il a le pouvoir sur toi.
00:11:31 Il a le droit de t'emporter.
00:11:33 Et t'as perdu d'avance."
00:11:35 Ben c'est pas les conditions optimales pour s'épanouir.
00:11:38 D'autant que pour votre information,
00:11:41 il existe deux règles d'accord
00:11:43 qui ont été utilisées jusqu'au XVIIIe siècle en France
00:11:45 et que l'éducation nationale est censée accepter,
00:11:47 qui sont la règle de majorité,
00:11:49 qui nous débiterait par exemple d'avoir à dire
00:11:51 "6 millions de femmes et un bulot sont beaux".
00:11:55 Par exemple,
00:11:57 ce qui me fait un peu mal au sein personnellement.
00:11:59 Et en cas d'équivalence,
00:12:00 alors on peut utiliser la règle de proximité,
00:12:02 c'est-à-dire quel est le mot le plus proche du masculin.
00:12:04 C'est-à-dire quel est le mot le plus proche du adjectif.
00:12:06 Par exemple,
00:12:07 "Une femme et un homme sont beaux,
00:12:09 un homme et une femme sont belles."
00:12:11 Simple, basique.
00:12:13 Donc ce que je vous propose,
00:12:15 c'est qu'à partir de maintenant, là, tout de suite,
00:12:17 tous et toutes ensemble,
00:12:18 on révolutionne le féminisme.
00:12:20 En toute simplicité.
00:12:21 Je vous commence que déjà,
00:12:23 on commence juste par bien se détendre avec ce mot.
00:12:25 On se...
00:12:26 Comme ça.
00:12:27 Allez, on se détend, on se détend.
00:12:28 On lâche, comme ça, on lâche, on lâche.
00:12:30 On dédramatise.
00:12:31 Il se dit bien que le féminisme n'est pas
00:12:33 une horrible maladie vénérienne,
00:12:35 mais simplement un humanisme comme les autres.
00:12:38 Oui, non, alors justement, pas comme les autres,
00:12:40 et c'est ça le problème.
00:12:41 Rien que le fait qu'on appelle
00:12:43 quelqu'un qui lutte contre le sexisme ou la misogynie
00:12:45 féministe, c'est pas normal.
00:12:47 Pour les autres causes, on parle pas de noiriste,
00:12:49 on parle pas de juviste,
00:12:50 on parle pas d'homosexualiste.
00:12:52 Alors, pourquoi le simple fait
00:12:54 de vouloir qu'on cesse de discriminer les femmes
00:12:57 cacherait forcément de sombres ambitions secrètes
00:13:00 d'hégémonie féminine ?
00:13:02 Qu'est-ce que cette cause a de si particulier
00:13:06 pour qu'on la traite si mal ?
00:13:08 Ben, je sais pas, mais ça m'énerve.
00:13:11 Donc, je vais un petit peu décontracter mon boule
00:13:13 et je vais en profiter pour dédramatiser
00:13:16 en chéquant mon bouti en hommage à Beyoncé.
00:13:19 Ouais.
00:13:20 Attention, jingle !
00:13:22 (Musique)
00:13:38 Tout simplement !
00:13:40 (Applaudissements)
00:13:47 Merci.
00:13:48 Ça me va d'autant plus droit au cœur que franchement,
00:13:50 on est d'accord, être féministe encore aujourd'hui,
00:13:52 c'est une tannée, quoi.
00:13:53 C'est vraiment la punition, quoi.
00:13:54 "Oh, t'es féministe ?
00:13:56 Oh, sérieux, vous en avez pas marre ?
00:13:58 C'est bon, ça va, on parle que de ça en ce moment.
00:14:00 Non, et puis c'est pas la veganistance, hein.
00:14:02 Vous avez le droit de vote,
00:14:03 MeToo, la journée de la femme,
00:14:04 enfin, ça va, quoi !"
00:14:06 "Mais oui, ça va !
00:14:09 Bien sûr que ça va !
00:14:11 Ah, les filles !
00:14:12 Ben, tout va bien !
00:14:14 On a la journée de la femme !
00:14:16 Hein ?
00:14:17 Chère petite madame, qu'est-ce qu'il vous faut de plus ?
00:14:19 Mais c'est génial, la journée de la femme !
00:14:21 Concerts, spectacles, expositions,
00:14:24 marathons d'aspirateurs et bar à saucisses,
00:14:26 c'est la fête de la femme !
00:14:29 Bien !
00:14:30 Eh bien, je vais donc m'adresser à la femme,
00:14:33 puisqu'il paraît qu'un tel concept existe.
00:14:36 Chère petite madame,
00:14:42 tu en as marre que ta carrière s'écrase
00:14:44 comme un vieux flanc contre le plafond de verre ?
00:14:47 Tu commences à être un chouille embêtée
00:14:49 de t'occuper de 80% des tâches domestiques de ton foyer ?
00:14:53 Tu es ravie que papa travaille ?
00:14:55 Mais comme maman aussi,
00:14:57 tu souhaiterais très vivement
00:14:59 que cette information finisse par pénétrer le cerveau
00:15:01 de tous les instits, pédiatres et autres profs d'aïkido ?
00:15:05 C'est toi qui dois choisir entre vie professionnelle et vie de famille ?
00:15:08 Toi qui as un poste éjectable, un job à mi-temps,
00:15:10 un emploi précaire ou tout simplement un métier de merde ?
00:15:13 Mais c'est pas grave !
00:15:15 Parce qu'une fois par an, le 8 mars,
00:15:17 c'est ta journée !
00:15:19 Tu dois te justifier si tu avortes,
00:15:24 mais tu dois aussi te justifier si tu n'as pas d'enfants.
00:15:27 Ou trop peu, ou trop tas, ou trop tôt, ou trop ou pas comme il faut.
00:15:31 Tu dois te justifier si tu alètes trop longtemps.
00:15:34 Et si tu n'alètes pas ?
00:15:36 Tu dois te justifier si tu travailles.
00:15:39 Et si tu ne travailles pas ?
00:15:41 Tu dois te justifier si tu vieillis,
00:15:43 si tu te caresses ou si tu pètes.
00:15:46 Mais tu t'en bats les steaks !
00:15:48 Parce qu'une fois par an, le 8 mars,
00:15:50 c'est ta journée !
00:15:53 Dans la rue, on te harcèle, chez toi, on t'agresse,
00:15:56 et la justice te rit au nez.
00:15:58 On commente tes tenues quand tu proposes des lois,
00:16:01 on te renvoie à tes fourneaux quand tu te bats.
00:16:04 Mais tu t'enchlagues !
00:16:06 Parce qu'une fois par an, le 8 mars,
00:16:08 c'est ta journée !
00:16:10 Allez, bisous madame !
00:16:12 (applaudissements)
00:16:14 Merci pour elle.
00:16:23 La journée des droits des femmes.
00:16:25 C'est quand même bien la preuve qu'avec cette histoire de droits de l'homme,
00:16:28 on s'est un peu fait niquer, non ?
00:16:30 Ah bah pardon, je suis peut-être idiote,
00:16:32 mais je ne la comprends pas l'équation.
00:16:34 Moi, on m'a dit "Ah, écoute, oui Noémie,
00:16:36 on dit les droits de l'homme et pas les droits humains,
00:16:38 parce que homme avec un grand H, ça veut dire humain.
00:16:40 Tu sais que brrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrr."
00:16:42 Ok !
00:16:44 Mais alors, maintenant qu'il y a des droits des femmes,
00:16:47 ça veut dire quoi ?
00:16:49 Que les femmes ne sont pas des humains ?
00:16:51 Ah non, c'est pas drôle, c'est chiant !
00:16:53 Fait chier, fait chier, fait chier !
00:16:55 Ceci dit, on nous a quand même vendu pendant des décennies
00:16:59 un suffrage universel
00:17:01 où les femmes n'avaient pas le droit de vote.
00:17:03 Ça aurait pu nous mettre la puce à l'oreille !
00:17:06 C'est extraordinaire, quand même !
00:17:08 Ça ne gênait personne.
00:17:10 Oui, c'est le suffrage universel !
00:17:12 Ah non, pas toi en revanche !
00:17:13 Ni toi, ni toi, ni toi, ni toi, ni toi, ni toi,
00:17:16 ni toi, ni toi, ni toi, ni toi,
00:17:18 ni toi, ni toi, ni toi, ni toi,
00:17:20 ni la moitié de l'humanité, en fait.
00:17:22 Non mais ni la moitié de l'humanité !
00:17:24 La manière dont on traite les femmes !
00:17:27 Oui, je dis les femmes, et non pas la femme,
00:17:29 parce que je trouve que dire "la femme", c'est aussi sexiste
00:17:31 que dire "le noir", c'est raciste.
00:17:33 Je sais, on va faire un petit jeu !
00:17:36 J'ai un petit jeu génial pour savoir
00:17:38 si un propos est sexiste ou pas,
00:17:40 vous remplacez "femme" par "noir".
00:17:42 Je vous montre, c'est hyper marrant !
00:17:44 Les femmes ne savent pas conduire.
00:17:47 Qui n'a pas déjà dit ça ?
00:17:49 Les noirs ne savent pas conduire.
00:17:52 Ah là là, ça ne passe pas pareil !
00:17:54 On le sent que ça craque, ça accroche un peu.
00:17:57 Un deuxième exemple, juste pour le plaisir.
00:18:00 Les femmes sont moins fortes en maths que les hommes.
00:18:04 Tout le monde le sait.
00:18:06 Les noirs sont moins forts en maths que les blancs.
00:18:09 Ah là là, ça pique !
00:18:11 Allez, à vous maintenant !
00:18:14 Les femmes sont naturellement plus à l'aise
00:18:18 avec le travail domestique.
00:18:20 Je ne t'entends pas bien ?
00:18:25 On n'a pas envie de le dire, hein ?
00:18:27 Ne le dites pas, c'est affreux,
00:18:29 mais ça prouve bien qu'il y a un petit problème quand même,
00:18:31 parce qu'avec "femme", ça ne gêne personne.
00:18:33 Et puis alors j'imagine que je ne suis pas la seule
00:18:35 à avoir déjà dit, comme ça, par hasard,
00:18:37 "la journée de la femme".
00:18:39 Bon, vous imaginez si on disait "la journée du noir" ?
00:18:42 La journée du noir, c'est cadeau, c'est pour moi.
00:18:45 Et alors en plus, ce qui est génial,
00:18:49 c'est que ça marche avec toutes les généralités, même positives.
00:18:51 Autant on est bien d'accord qu'il est raciste
00:18:53 de dire "les noirs ont le sens du rythme",
00:18:55 eh bien il est sexiste de dire
00:18:57 "les femmes ont le sens de l'organisation".
00:18:59 Voilà, c'est sexiste et c'est con !
00:19:02 C'est même en fait, d'ailleurs, exactement
00:19:04 la définition du sexisme ordinaire.
00:19:07 C'est confiner les femmes dans les stéréotypes de leur genre
00:19:10 et les hommes dans les stéréotypes du leur.
00:19:12 Non mais ça n'a l'air de rien comme ça.
00:19:14 Mais de la même manière que le racisme est une idéologie
00:19:16 qui a servi à imposer le colonialisme,
00:19:19 eh bien le sexisme est une idéologie
00:19:21 qui sert à imposer la domination masculine.
00:19:24 Sexisme, c'est-à-dire qu'on a choisi le sexe
00:19:26 comme critère universel le plus pertinent
00:19:29 pour séparer rigoureusement l'humanité en deux,
00:19:31 indépendamment de toutes autres caractéristiques.
00:19:34 Alors que, je ne sais pas vous, mais il me semble
00:19:36 qu'on a plus de chances quand même de trouver des points communs
00:19:38 entre deux milliardaires ou entre deux philatélistes,
00:19:41 par exemple, qu'entre deux porteurs de pénis.
00:19:43 Mais ça n'est que mon avis.
00:19:45 Et puis alors une fois qu'on a séparé l'humanité en deux,
00:19:47 on l'a opposée en créant une espèce de règle
00:19:49 de dualité universelle qui fait masculin, féminin,
00:19:53 jour, nuit, grand, petit, dur, mou, mental, émotif, etc.
00:19:58 Vous me direz, pas de coffre à la révolution ?
00:20:01 Ouais.
00:20:02 Sauf que vous préférez laisser les clés du camion
00:20:04 à quelqu'un de petit, mou et émotif,
00:20:06 ou à quelqu'un de grand, dur et mental ?
00:20:09 Je sais pas, mais il me semble que c'est à ce moment-là
00:20:11 qu'on s'est mal enmanchées.
00:20:13 En créant les stéréotypes de genre.
00:20:15 En disant "les femmes sont comme ci, les hommes sont comme ça,
00:20:18 les femmes font ci, les hommes font ça,
00:20:21 rose, bleu, maman gâteau, papa boulot,
00:20:24 et toi ma fille, ma chérie,
00:20:27 tu n'aimes pas particulièrement te battre,
00:20:29 et tu n'as pas très envie de gagner,
00:20:31 alors tu resteras toute ta vie seconde,
00:20:34 deuxième, femme de, fille de, assistante de,
00:20:38 un petit pas derrière l'homme,
00:20:40 moins reconnue, moins payée, moins vainqueur,
00:20:43 mou, rien que ça, moi, je fais bien de faire du bon spectacle,
00:20:46 et toi mon fils, mon chéri,
00:20:48 tu es le meilleur, le plus fort,
00:20:50 et tu n'as jamais mal, ni peur de rien,
00:20:53 alors tu resteras toute ta vie bien coupée
00:20:56 de tes émotions et de tes sentiments,
00:20:58 bien tout seul face à tes doutes et à tes peines,
00:21:01 bien obligé de tenir et de vaincre,
00:21:04 quitte à sombrer en silence dans le surmenage,
00:21:07 la dépression ou le suicide.
00:21:10 Voilà !
00:21:12 Et alors si vous aviez encore un doute sur la connerie de ce genre de stéréotypes,
00:21:16 fort bien.
00:21:17 Alors puisque toutes les femmes sont supposées être douces et délicates,
00:21:20 et tous les hommes sont supposés être guerriers et vainqueurs,
00:21:23 si vous voulez gagner la guerre, vous envoyez qui ?
00:21:26 Jeanne d'Arc ?
00:21:28 Ou Éric Zemmour ?
00:21:30 Ah bah, c'est QFD !
00:21:32 Et puis, je préfère qu'on me voie telle que je suis moi,
00:21:35 comme personne, comme être humain, comme individu,
00:21:38 plutôt que comme je suis supposée être,
00:21:40 sous le prétexte que j'appartiens au groupe de celles qui ont une foufoune,
00:21:43 ou un frifri, un cucu, un pampon, un berlingot, un moulagofre, une fine de claire.
00:21:50 Y a une dame, la "fine de claire", vraiment l'expression, la...
00:21:53 la... la... la... la... physiquement sautée au visage.
00:21:55 Méfions-nous des stéréotypes.
00:21:58 Le féminin,
00:22:00 comme le masculin,
00:22:02 peut se trouver chez les hommes, comme chez les femmes.
00:22:05 Il y a de tout en chacun, et chacune peut être tout.
00:22:08 Il y a du masculin,
00:22:10 et du féminin,
00:22:13 en chacun de nous.
00:22:15 (Musique)
00:22:19 (Applaudissements)
00:22:22 (Musique)
00:22:51 Ça c'est du sel en tout cas.
00:22:53 (Applaudissements)
00:22:56 Merci, c'est super gentil, mais franchement j'ai aucun mérite.
00:23:02 Ah bah non, la plupart des clips de rap, c'est quand même une mine d'or.
00:23:05 Ah bah entre les mecs qui sont là,
00:23:07 "Ouais vas-y, je suis snobute, fils de pute,
00:23:09 moi je nique ton grand-père, sale pédé, wesh."
00:23:12 Et les filles qui sont là,
00:23:16 "Ah, ah, ah, ah, aaaaaah !"
00:23:19 (Rires)
00:23:22 C'est vraiment l'eldorado de la connerie sexiste.
00:23:27 Ceci au moins c'est assumé.
00:23:29 Non parce qu'à d'autres endroits, c'est plus discret mais toujours aussi con.
00:23:32 La publicité par exemple,
00:23:34 "Ah mais moi je peux me faire un cul en béton,
00:23:36 rien qu'à regarder la télévision."
00:23:38 Tellement ça m'énerve !
00:23:40 Tellement l'image des femmes qu'on me propose est déprimante.
00:23:43 Ces espèces de meufs huileuses et enchaînées de bijoux,
00:23:46 qu'on a d'autres à foutre que de caresser des bouteilles de parfum.
00:23:49 Se voler avec des fleurs ou se baigner dans de l'or.
00:23:53 Avec en permanence cette aire idiote de petits pantins muets et lassifs
00:23:57 qui ne demandent qu'à se faire bifler.
00:23:59 Et alors si c'est pas ça, c'est la super maman kinder
00:24:02 qui doit bien avoir une carrière de merde.
00:24:05 Puisque c'est toujours maman qui va chercher les enfants à l'école en plein après-midi.
00:24:08 Maman qui leur prépare un bon 4 heures.
00:24:11 Maman qui va nettoyer cette vilaine tâche de gras.
00:24:13 Maman qui lave, qui cuisine, qui doive, qui va barre, qui loge, qui assied, qui plumeote
00:24:16 tout en lançant un programme familial 60 degrés.
00:24:19 Et maman qui bat son aspirateur en souriant.
00:24:22 Voilà.
00:24:25 Et si à un moment vite fait, vous avez reçu par hasard
00:24:27 un papa avec un balai ou un tablier, ça ne change rien.
00:24:31 Une femme qui fait le ménage chez elle, c'est une ménagère.
00:24:35 Un homme qui fait exactement la même chose.
00:24:37 Mais c'est un nouveau père.
00:24:39 Un héros.
00:24:41 Un génie !
00:24:42 Non mais c'est vrai !
00:24:43 Allumé à la télévision !
00:24:45 Les hommes qu'on nous montre sont tous des boss forts, libres, puissants.
00:24:49 Ils conduisent, ils calculent, ils pilotent, ils s'éclatent les mecs.
00:24:53 Et tant mieux, c'est très bien, ça continue, y'a pas de problème.
00:24:56 C'est juste que les bonnes femmes sont toutes des espèces de nuchasses
00:24:59 qui vachent leur temps à prendre des douches
00:25:02 à poil.
00:25:04 Oui évidemment, pour se laver c'est plus pratique.
00:25:07 Oui d'accord.
00:25:08 Ok, sauf qu'elles font aussi le ménage à poil.
00:25:10 Ce qui est déjà beaucoup plus perturbant.
00:25:12 D'autant qu'elles ont des orgasmes à chaque fois qu'elles vont à une surface propre.
00:25:15 Je me vois dedans tellement c'est propre !
00:25:27 Quand elles sont pas en train de jouir en mangeant des yaourts, bien sûr.
00:25:33 Toujours à poil.
00:25:35 Les femmes, pas les yaourts.
00:25:37 Oui je le précise, tellement les femmes des publicités ont autant de consistance que des yaourts.
00:25:41 Et alors si après ça il vous reste un petit peu d'amour propre,
00:25:44 d'un coup, sans sommation, une publicité pour des serviettes périodiques
00:25:49 avec capteur d'odeur !
00:25:52 Mais c'est dégueulasse !
00:25:55 Alors toi t'es là, tranquille, devant la télé, levée dans les bras de ton mec, en mode châtine.
00:26:00 Et tout à coup, on lui apprend que peut-être tu schlingues de la schnaufe.
00:26:06 Et après tu peux te la coller sur l'oreille pendant un an !
00:26:09 Merde enfin ! Ils se rendent bien compte que ça se fait pas !
00:26:13 Moi je dis, allez les filles, ayons encore plus d'ambition !
00:26:17 Inventons nos propres modèles qui nous inspirent et qui nous fassent rêver !
00:26:21 Mais on peut tout en vrai ! Le monde est aussi à nous.
00:26:25 Ce string a été affûté pour nous.
00:26:28 Et à propos de string, je vais bien sûr maintenant vous parler d'un autre sujet très important.
00:26:33 Je vais vous parler de sexe.
00:26:36 Mais ne vous inquiétez pas, tout va bien se passer.
00:26:39 Ou pas.
00:26:41 Ok d'accord, alors d'abord je décontracte mon boule et je jingle.
00:26:45 Tout simplement !
00:27:03 Oh le mignon !
00:27:05 C'est vraiment important parce que je ne sais pas où on se l'est foutu, la révolution sexuelle.
00:27:11 Si j'entends "dans ton cul"
00:27:14 Je rigole.
00:27:16 Non mais sérieusement, moi j'ai encore des copines pour qui le string est un accessoire de pute.
00:27:20 J'ai des copines pour qui se faire prendre en levrette ces manqués de respect
00:27:24 et pratiquer une fellation c'est dégradant.
00:27:26 Alors bien sûr, le cunéningus, on en a jamais entendu parler.
00:27:29 Quant à la sodomie, on est pas des bêtes.
00:27:32 Ah oui mais nous moquons pas hein, parce qu'on a tous et toutes des dossiers.
00:27:35 Bah moi j'ai un dossier par exemple, je balance.
00:27:38 Je sais pas pourquoi j'ai dit ça.
00:27:40 Ok, mais moi c'est très bien, c'est fait.
00:27:42 Et bah moi à 30 ans, je ne m'étais encore jamais caressée
00:27:46 parce que je pensais que c'était un truc de moche.
00:27:49 Et ouais, bah ouais, je pensais que ça voulait dire que j'étais une pauvre meuf
00:27:53 qui avait trouvé personne pour lui donner du plaisir
00:27:55 et qui était obligée, qui avait été réduite à s'en donner à elle-même.
00:27:58 Hein la honte !
00:28:00 Vous vous rendez compte ?
00:28:02 Mais en même temps, comment voulez-vous que je sache ?
00:28:04 Enfin je veux dire, on nous aide pas beaucoup nous les femmes.
00:28:06 Le plaisir féminin n'étant lui pas nécessaire à la reproduction,
00:28:09 faut bien avouer que tout le monde s'en fout.
00:28:12 Mais tout le monde s'en fout d'une force, c'est-à-dire qu'on en parle jamais.
00:28:15 Jamais, jamais, jamais !
00:28:17 Même au lycée, dans les cours d'anatomie.
00:28:19 Ou pire, dans les cours d'éducation sexuelle.
00:28:21 Alors on te montre bien où est l'utérus et comment tu te reproduis,
00:28:24 mais on te montre jamais où est le clitoris et comment tu jouis.
00:28:27 Jamais !
00:28:28 Les dessins, mode d'emploi des boîtes de tampons.
00:28:30 C'est quand même un dessin de la zone, hein ?
00:28:32 Mais c'est pas dessiné.
00:28:33 Mais non, je ne sais pas ce qu'ils imaginent qu'on a à la place.
00:28:36 Du vent, du feu.
00:28:37 Fuuuuuuu !
00:28:40 Les gars, nous on vient dessiner.
00:28:42 Fuuuuuu !
00:28:44 Mais on fait comment sérieusement ?
00:28:46 On fait comment quand on est une femme ?
00:28:48 Et surtout quand on est une jeune femme, on fait comment pour connaître son corps ?
00:28:51 Pour comprendre son désir ?
00:28:53 Pour rencontrer son plaisir ?
00:28:55 Est-ce qu'on trouve des modèles, des inspirations, des fantasmes ?
00:28:58 Bah je sais pas vous, mais moi je galère.
00:29:00 Ah je galère grave !
00:29:02 Je ne me reconnais absolument pas dans ce que me propose la pornographie traditionnelle.
00:29:06 Ces espèces de meufs comme ça, avec des sexes minuscules et des chaussettes immenses.
00:29:10 Hein ? Je sais pas pourquoi, nous, toutes les grandes chaussettes.
00:29:12 Vous avez remarqué ? Je vois pas le rapport.
00:29:15 Et qui semble prendre un plaisir fou à se faire gangbanger
00:29:18 par des hordes d'hommes en rute bâtis comme des Fenwick.
00:29:22 C'est des grues industrielles, jaunes, vous voyez. Enfin jaunes on s'en fout mais bref !
00:29:26 Mais comme je ne me reconnais pas non plus dans les princesses,
00:29:28 des contes de fées qui ne font jamais ça avant le mariage.
00:29:31 Ah ah ah ah ah ah !
00:29:33 Voilà.
00:29:34 Ni dans les héroïnes des comédies romantiques,
00:29:36 qui font jamais ça le premier soir.
00:29:38 #meufrespecttoi quoi !
00:29:41 Voilà.
00:29:43 *applaudissements*
00:29:47 Et malheureusement, comme je ne me reconnais pas non plus dans les ménagères
00:29:51 des soft-porn ou des mûmes-porn
00:29:53 qui se mordent les lèvres de plaisirs coupables
00:29:55 parce que leur patron daigne les prendre debout contre la porte de la réserve
00:29:58 la tête dans le photocopieur,
00:30:00 eh ben il ne me reste plus grand-chose, vous voyez.
00:30:03 Ah oui, tiens, parenthèse, un instant, oui.
00:30:06 J'ai appris qu'on m'adressait à celles et ceux,
00:30:08 il y en a peut-être ici ce soir,
00:30:10 qui voudraient, disons...
00:30:12 Bon, je vous prie de m'excuser, je vais vraiment résumer très grossièrement.
00:30:14 Mais qui voudraient, disons, interdire la pornographie.
00:30:16 Parce que c'est pas réaliste.
00:30:17 Et donc toxique, nocif pour les jeunes générations.
00:30:20 Alors pourquoi pas, c'est un vrai débat,
00:30:22 très intéressant, discutons-en, il n'y a pas de problème.
00:30:24 Mais juste, si c'est pour une question de réalisme,
00:30:26 alors je voudrais vous demander d'interdire également Bridget Jones
00:30:29 et toutes les comédies romantiques à l'eau de rose.
00:30:32 Voilà, parce que la pornographie n'est pas moins réaliste
00:30:34 que ces bluettes hollywoodiennes.
00:30:36 Fin de la parenthèse.
00:30:38 Et alors si vous avez un doute sur la question,
00:30:40 dans la vraie vie, personne ne court au ralenti.
00:30:42 Voilà.
00:30:44 Et surtout, beaucoup plus important,
00:30:46 dans la vraie vie, les femmes ne jouissent pas
00:30:49 en 5 secondes chrono
00:30:51 par la seule magie de la pénétration,
00:30:53 le tout en gardant maquillage et sous-vêtements.
00:30:55 Et non !
00:30:57 Donc ce serait vraiment super sympa
00:30:59 d'arrêter d'essayer de vous faire croire
00:31:01 que la sexualité hétéro, c'est forcément et uniquement
00:31:03 le moment où le monsieur entre dans la dame.
00:31:05 Voilà.
00:31:07 Comme si tout le reste n'était que détour, superflu,
00:31:09 dont on pourrait parfaitement faire l'économie
00:31:11 pour aller à l'essentiel.
00:31:13 Essentiel pour qui ?
00:31:15 Sachant que ce qu'on appelle
00:31:17 "bien à tort préliminaire"
00:31:19 constitue bon an, mal an,
00:31:21 notre meilleure chance, voire la seule,
00:31:23 d'avoir un orgasme. En vous remerciant.
00:31:25 Et à propos d'orgasme,
00:31:29 ce qui serait aussi super sympa,
00:31:31 c'est d'arrêter d'essayer de nous faire croire
00:31:33 que tout est fini une fois que monsieur a joui.
00:31:35 Comme si le monsieur n'avait pas des doigts,
00:31:37 une langue et tout un tas de petits objets
00:31:39 à sa disposition pour s'assurer
00:31:41 que même si son zizi est à chesse,
00:31:43 elle est satisfaite.
00:31:45 Merci encore.
00:31:47 Mais alors, évidemment pour tout ça,
00:31:55 il y a aussi un moment où il va falloir
00:31:57 arrêter d'essayer de nous faire croire
00:31:59 que le plaisir des femmes se trouve dans leur cœur.
00:32:01 C'est-à-dire...
00:32:05 ou dans leur tête.
00:32:07 Alors qu'ils se trouvent bien évidemment dans leur...
00:32:11 visiteuriste, corps, chatte, culotte...
00:32:13 Et que ça n'est pas sale !
00:32:15 Et surtout,
00:32:17 que c'est valable pour toutes !
00:32:19 Toutes ! Toutes !
00:32:21 Toutes ! Les bonnes épouses,
00:32:23 les mères au foyer, les demoiselles bien rangées...
00:32:25 Toutes !
00:32:27 Prendre du plaisir
00:32:29 et assumer son désir
00:32:31 ne sont pas des trucs de catin.
00:32:33 Donc vraiment, moi ce que j'aimerais maintenant,
00:32:35 c'est qu'on arrête d'apprendre aux jeunes filles comment séduire
00:32:37 et qu'on commence à leur apprendre comment jouir.
00:32:39 Eh oui, parce que moi, à cause de l'autre américaine
00:32:41 à grosse culotte là,
00:32:43 et de son type avec des gnous brodés sur son pull,
00:32:45 et de toute leur niaiserie,
00:32:47 je vous le dis, moi pendant des années,
00:32:49 j'étais bien incapable de prendre du plaisir
00:32:51 parce que j'étais beaucoup trop occupée
00:32:53 à plaire ! J'étais beaucoup trop occupée
00:32:55 à me demander si c'est normal
00:32:57 d'avoir autant de cellulite.
00:32:59 J'espère que je suis pas trop grosse.
00:33:01 Tant vu que je me serais bien épilée.
00:33:03 Imagine, j'ai oublié un poil.
00:33:05 Ou pire, une touffe !
00:33:07 Oh non,
00:33:09 pas dans cette position, ça fait les seins qui pendent.
00:33:11 Mais pourquoi
00:33:13 il met ses mains sur mes bourrelets ?
00:33:15 Je sens qu'il est en train de zoomer
00:33:17 sur mon gras du cul.
00:33:19 J'espère que je me suis bien lavé.
00:33:21 Que j'ai bien frotté.
00:33:23 Qu'il y a rien qui traîne.
00:33:25 Rien qui dépasse.
00:33:27 Rien qui sent.
00:33:29 Ça fait au moins deux minutes que j'ai oublié de rentrer mon ventre.
00:33:31 J'espère qu'il s'en est pas aperçu.
00:33:35 C'était quoi ce bruit ?
00:33:37 C'était moi ?
00:33:41 Mais il est où là ?
00:33:45 J'espère que je crie assez fort, qu'il pense pas que je suis frigide.
00:33:49 J'espère que je crie pas trop fort,
00:33:51 qu'il pense pas que je suis une traînée.
00:33:53 J'espère qu'il est joli mon sexe.
00:33:55 Enfin qu'il est normal quoi.
00:33:57 Faudrait peut-être que je le fasse vérifier.
00:33:59 Et s'il était pas normal ?
00:34:03 S'il fallait que je fasse une chateauplastie ?
00:34:05 Non mais il paraît que c'est pas normal de pas avoir l'anus tout blanc.
00:34:09 Le mien il est carrément pas tout blanc.
00:34:13 Qu'est-ce qu'il se passe ?
00:34:17 Pourquoi ça s'arrête ?
00:34:19 C'est fini ?
00:34:21 Ah oui c'est fini.
00:34:25 Ah ah.
00:34:27 Merci. Merci infiniment pour votre soutien qui me va droit au cœur.
00:34:39 Bref, tout ça pour dire que la sexualité féminine reste quand même bien incomprise,
00:34:45 le plaisir féminin bien tabou,
00:34:47 et la masturbation féminine bien honteuse.
00:34:49 Et pour vous le prouver,
00:34:51 je vais vous poser quelques questions.
00:34:53 Oui en lumière, oui.
00:34:55 Non mais ils sont trop bégayés les pauvres.
00:34:57 Ils vont être trop intimidés.
00:34:59 Si on peut leur en mettre un petit peu moins quand même.
00:35:01 Non mais histoire qu'on mesure un petit peu tous et toutes ensemble
00:35:03 l'étendue de notre ignorance en matière de sexualité féminine.
00:35:05 Alors je vous rassure, c'est pas "je sais, vous savez pas",
00:35:09 c'est juste que je me suis renseignée avant de venir.
00:35:11 Non mais qu'on soit bien d'accord, on est dans le même sac.
00:35:13 Alors, première question,
00:35:15 est-ce que vous savez combien mesure un clitoris ?
00:35:17 Trichez pas.
00:35:21 Ouais j'adore, j'ai entre une voix d'homme qui a dit 15,
00:35:23 ça va aller.
00:35:25 C'est pas mal, on a du bon niveau ce soir.
00:35:27 Alors un clitoris mesure entre
00:35:29 7 et 15 centimètres,
00:35:31 et la moyenne française est de 11 centimètres.
00:35:33 Et ce qui est intéressant,
00:35:35 c'est que c'est exactement la même moyenne
00:35:37 que la partie visible du pénis
00:35:39 moyen français. 11 centimètres.
00:35:41 C'est moi, pas vous ? Ah je suis désolée.
00:35:45 Donc j'imagine que tous ceux qui n'ont pas répondu,
00:35:49 j'imagine que vous croyez ce que moi-même
00:35:51 je pensais encore il y a pas longtemps,
00:35:53 c'est-à-dire qu'un clitoris, ça mesure 2 ou 3 centimètres, c'est ça ?
00:35:55 Merci pour être franchie.
00:35:57 Mais alors notre ignorance est vraiment tout à fait
00:35:59 légitime dans la mesure où un clitoris
00:36:01 en fait c'est fabriqué comme un iceberg.
00:36:03 C'est-à-dire qu'il y a un tiers émergé,
00:36:05 les fameux 2-3 centimètres qu'à priori
00:36:07 toutes celles et ceux qui sont allées voir en bas connaissent,
00:36:09 en moyen d'être vraiment de mauvaise foi,
00:36:11 et les deux tiers immergés
00:36:13 et qui s'enfoncent en fait comme ça,
00:36:15 et qui tapissent la paroi antérieure du vagin.
00:36:17 C'est joli ce geste.
00:36:19 Je sens bien que là,
00:36:21 toute ma sensualité de tapissière se développe.
00:36:23 Bref, donc ça veut dire que ce débat
00:36:25 qu'on doit à Freud et qu'on retrouve comme un marronnier
00:36:27 et qui consiste à opposer les femmes vaginales
00:36:29 aux femmes clitoridiennes est un débat absurde.
00:36:31 Il n'y a pas de femmes vaginales,
00:36:33 ça n'existe pas,
00:36:35 tout simplement parce qu'il n'y a pas assez de terminaisons nerveuses
00:36:37 dans le vagin pour avoir du plaisir.
00:36:39 Toutes les femmes sont clitoridiennes,
00:36:41 100% des femmes qui ont un clitoris
00:36:43 sont clitoridiennes.
00:36:45 La seule question qui se pose est
00:36:47 quelle est la partie du clitoris qui est sollicitée ?
00:36:49 Est-ce la petite partie externe
00:36:51 ou l'énorme partie interne ?
00:36:53 Dingue, hein ?
00:36:55 Et alors, je vous parle de terminaisons nerveuses,
00:36:57 figurez-vous que dans la pulpe du doigt,
00:36:59 on en a environ 2000, d'accord ?
00:37:01 Tac, tac, tac, ou tic, tic, tic, pas de problème.
00:37:03 Bref, bon. Dans le gland du pénis de l'homme,
00:37:05 il y en a environ 6000.
00:37:07 Savez-vous combien il y en a dans le clitoris ?
00:37:09 9000, 10 000,
00:37:11 12 000, ah !
00:37:13 Ah !
00:37:15 Alors, il y en a 8 000,
00:37:17 ce qui est quand même déjà pas mal,
00:37:19 mais j'ai envie de dire oui à 10 000,
00:37:21 parce que si tu cumules les 8 000 de ton clitoris
00:37:23 aux 2 000 de ton doigt,
00:37:25 8 000 !
00:37:27 Allez, qu'est-ce qu'il y a ?
00:37:29 (Applaudissements)
00:37:31 Merci.
00:37:33 (Applaudissements)
00:37:35 On peut appeler ça un clitoris, parce que c'est vraiment
00:37:37 une merveille de technologie, quoi.
00:37:39 Et alors, surtout, le plus dingue,
00:37:41 pourquoi ça sert ?
00:37:43 Oui, mais alors, ce qui est fou,
00:37:45 et moi, ça me bouleverse,
00:37:47 c'est qu'en fait, le clitoris, c'est le seul organe
00:37:49 du corps humain, hommes et femmes confondus,
00:37:51 mais il n'y en a même pas que humains, c'est pareil dans le
00:37:53 règne animal, végétal, minéral,
00:37:55 le seul organe au monde qui n'a
00:37:57 aucune autre fonction, aucune autre raison
00:37:59 d'exister, aucune autre utilité
00:38:01 que le plaisir.
00:38:03 Mais c'est le seul. Il y a d'autres trucs,
00:38:05 c'est sympa quand on y touche, mais ça sert à autre chose.
00:38:07 Lui, non, il est là que pour ça.
00:38:09 Donc ne pas l'utiliser, c'est aller
00:38:11 contre le vœu de la nature.
00:38:13 Mais oui, les filles, ça veut dire que nous avons
00:38:15 entre les cuisses 10 000,
00:38:17 ouais, j'en dis,
00:38:19 terminaisons nerveuses uniquement pour
00:38:21 notre plaisir. Moi, ça me fait les poils
00:38:23 tellement ça m'émeut.
00:38:25 Non mais c'est dingue. Et est-ce que vous savez à quoi ça ressemble ?
00:38:27 - Oui. - Ah, pas mal.
00:38:29 Alors, pour les autres, je vais vous montrer.
00:38:31 Non, euh...
00:38:33 [Rires]
00:38:35 Il aurait été amovible, je vous l'aurai montré avec grand plaisir.
00:38:37 Ça n'est pas le cas.
00:38:39 Donc je vais vous montrer un petit clitoris en pâte Fimo
00:38:41 qui a été fabriqué par les blancs-chemins de mon assistant
00:38:43 Grégoire Goubi.
00:38:45 Alors attention, il l'a fait d'après une impression 3D.
00:38:47 Donc il est à l'échelle.
00:38:49 Là, je vais vous montrer un clitoris à taille réelle.
00:38:51 [Rires]
00:38:53 Taaaan !
00:38:55 Ah ! Ça vous encouche un coin !
00:38:57 Donc... Oui, alors,
00:38:59 nous n'avons pas de paillettes dans le vagin.
00:39:01 [Rires]
00:39:03 Ni paillettes, ni boule à facette, enfin même si c'est parfois la fête,
00:39:05 c'est la fête de la nuit.
00:39:07 Clairement Grégoire s'est lâché sur toutes les couleurs et...
00:39:09 Grégoire n'a jamais vu de clitoris.
00:39:11 [Rires]
00:39:13 Voilà, c'est sa libre interprétation.
00:39:15 Donc ça, on fait abstraction.
00:39:17 En revanche, la forme et les dimensions
00:39:19 sont absolument exactes.
00:39:21 D'ailleurs, ça se porte comme ça.
00:39:23 Ou en écharpe.
00:39:25 Après, chacune fait comme elle veut.
00:39:27 Non, je veux dire, dans son habitat naturel,
00:39:29 c'est dans cette position. C'est comme ça.
00:39:31 Avec le petit machin là qui dépasse,
00:39:33 ça, c'est la toute petite partie externe,
00:39:35 ok, ce petit truc, et ça,
00:39:37 l'énorme partie interne
00:39:39 gavée de terminaisons nerveuses
00:39:41 et donc de sensibilités
00:39:43 et donc de plaisir.
00:39:45 À bon entendeur et entendeuse, S, salut.
00:39:47 [Rires et applaudissements]
00:39:55 Vous savez quoi, à la fin du spectacle,
00:39:57 je vous demanderai de me montrer avec vos mains
00:39:59 à quoi vous pensez que ça ressemblait un clitoris.
00:40:01 Ils sont contents les mecs, on va passer une bonne fin de soirée.
00:40:03 [Rires]
00:40:05 Spéciale dédicace aux mecs homos, qui vraiment sont super contents.
00:40:07 [Rires]
00:40:09 Je vous regarde un peu. Non, pas les mecs homos.
00:40:11 [Rires]
00:40:13 Tous les hommes qui sont venus voir un spectacle avec écrit "féministe" dans le titre,
00:40:15 en pleine révolution,
00:40:17 mais je vous love trop, je vous aime d'amour,
00:40:19 vous assurez grave,
00:40:21 vous n'avez peut-être pas eu le choix.
00:40:23 [Rires]
00:40:25 Mais ça va, on va passer une bonne soirée ?
00:40:27 Ouais ? Vous voulez jouer au trébuchon ?
00:40:29 [Rires]
00:40:31 Je suis prête à tout, pour vous faire entendre mon discours
00:40:33 et pour vous faire aimer les féministes.
00:40:35 Et vous faire aimer moi.
00:40:37 [Rires]
00:40:39 Je reviens là-dessus parce que franchement,
00:40:41 je trouve que c'est extrêmement compliqué d'être féministe et hétéro.
00:40:43 Sincèrement, depuis quelques temps.
00:40:45 Moi, je me suis toujours beaucoup fait draguer dans la vie.
00:40:47 Je ne sais pas, je devais avoir l'air disponible.
00:40:49 Bref, bon.
00:40:51 Et surtout en sortant de scène,
00:40:53 le mythe de l'actrice, c'était vraiment systématique.
00:40:55 À chaque fois que je sortais de mon théâtre,
00:40:57 j'avais un mec qui m'attendait pour me moyenner.
00:40:59 Et bien, depuis que je fais ce spectacle,
00:41:01 "Féministe pour Hommes",
00:41:03 jamais !
00:41:05 Mais jamais ! C'est pas moins...
00:41:07 Non, jamais personne ne m'a attendue à la fin
00:41:09 pour me proposer une histoire d'amour.
00:41:11 Ou un coca !
00:41:13 [Rires]
00:41:15 Non mais quand même !
00:41:17 Tiens, d'ailleurs, je profite, pour une fois que je suis broadcast,
00:41:19 pour passer une petite annonce.
00:41:21 Ça peut peut-être intéresser quelqu'un, on ne sait jamais.
00:41:23 Alors, je cherche... Bon, je ne cherche rien,
00:41:25 à priori un homme, mais je suis fermée à rien.
00:41:27 40-50 ans,
00:41:29 en tout cas, pas un gamin.
00:41:31 Je veux quelqu'un qui sache déjà qui il est, où il va, ce qu'il veut,
00:41:33 pas un type qui se dit "ouiiiii"... Non.
00:41:35 [Rires]
00:41:37 Déjà fait, trois fois, donc non.
00:41:39 Brillant, hilarant, sexy, gentil,
00:41:41 à la base.
00:41:43 [Rires]
00:41:45 Pourquoi pas avec déjà des enfants, entre 5 et 15 ans, quoi.
00:41:47 Une ex-femme hyper sympa,
00:41:49 bon ça c'est vraiment très important.
00:41:51 Et surtout qu'ils ne veuillent pas qu'on vive ensemble.
00:41:53 Alors, non, non, non, j'ai besoin de beaucoup de temps
00:41:55 et d'espace pour moi,
00:41:57 mais qu'il soit quand même dingue de moi,
00:41:59 et qu'il me rende dingue de lui.
00:42:01 Voilà !
00:42:03 Je précise que ce n'est pas une blague.
00:42:05 Parce que vous rigolez, le sujet, c'est ça.
00:42:07 Enfin, je raconte ça, tout le monde rigole, j'en pars toute seule.
00:42:09 Évidemment, il faut que ça s'arrête.
00:42:11 On peut être humoriste et en chien.
00:42:13 [Rires]
00:42:15 Bon, mais pour en revenir à vous,
00:42:17 qui êtes si nombreux ce soir de votre espèce,
00:42:19 parce que je dis ça,
00:42:21 sincèrement,
00:42:23 il n'y a pas du tout d'ironie là-dedans,
00:42:25 c'est que depuis #MeToo, en gros,
00:42:27 je pense que c'est une période qui est un peu compliquée pour vous aussi, quand même.
00:42:29 C'est vrai que nous, ces derniers temps,
00:42:31 les femmes, et c'est merveilleux d'ailleurs,
00:42:33 on a énormément évolué, et vous...
00:42:35 Non, mais non !
00:42:37 [Rires]
00:42:39 Non, c'est pas du tout ce que je veux dire.
00:42:41 Et vous, vous devez vous adapter à cette évolution.
00:42:43 Et c'est vrai que ce n'est pas évident.
00:42:45 Nous, maintenant, on veut tout. Oui, bien sûr qu'on veut tout.
00:42:47 On veut pouvoir être féminine et féministe,
00:42:49 princesse Valkyrie,
00:42:51 petit oiseau fragile ou lionne indomptable.
00:42:53 On veut qu'on nous respecte,
00:42:55 mais on n'est pas contre une petite fessée à l'occasion.
00:42:57 [Rires]
00:42:59 Et vous, bah...
00:43:01 [Rires]
00:43:03 [Applaudissements]
00:43:05 [Applaudissements]
00:43:07 [Applaudissements]
00:43:09 [Applaudissements]
00:43:11 Vous devez vous adapter, quoi.
00:43:13 Séduire, harceler.
00:43:15 Vous allez y arriver.
00:43:17 D'accord.
00:43:19 Mais je vois bien, ce soir, que vous faites partie de
00:43:21 cette espèce encore trop rare,
00:43:23 cette espèce en voie d'apparition,
00:43:25 l'homme féministe.
00:43:27 Alors, pour ceux qui n'auraient jamais croisé de spécimen,
00:43:29 un homme féministe ressemble à un homme ordinaire,
00:43:31 avec une tête, deux bras, deux jambes et un service 3 pièces.
00:43:33 [Rires]
00:43:35 Mais il est authentiquement révolté par les inégalités
00:43:37 entre les hommes et les femmes.
00:43:39 Il s'élève vraiment contre le sexisme et la misogynie,
00:43:41 mais vraiment, il ne se contente pas de dire "oui, mais pas moi",
00:43:43 "not all men",
00:43:45 "une femme se plaint d'un comportement macho".
00:43:47 En fait, c'est un vrai allié, quoi.
00:43:49 Il est plus évolué,
00:43:51 il est plus sophistiqué,
00:43:53 il est plus intelligent, il est plus fin,
00:43:55 plus sensible, plus généreux, plus doux, plus gentil,
00:43:57 plus bon, plus sexy, c'est un meilleur coup,
00:43:59 ça fait prouver scientifiquement.
00:44:01 Il est mieux, je vais vous dire des mots simples, l'homme féministe est mieux.
00:44:03 C'est toi, par exemple.
00:44:05 Je vois bien que t'es un homme féministe.
00:44:07 Evidemment, ce qui fait de toi l'élite de la jante masculine.
00:44:09 Une icône, une idole, un être supérieur,
00:44:11 un mal alpha, un héros, un demi-dieu, une bête à cul,
00:44:13 un con dans ses masculinités,
00:44:15 un connard sous les muscles floutus avec des belles fesses
00:44:17 remontées comme des bulles pour le super atelier,
00:44:19 le torse huilé, les ferromoles en folie,
00:44:21 la testostérone au tac et le testicule à tout payer,
00:44:23 fier comme un ville et dans le sang fort comme une massue.
00:44:25 Prends-moi, homme, je suis tien.
00:44:27 Je suis désolée, pardon, j'ai ripé, je sais pas ce qui m'a pris.
00:44:41 Vous savez aussi ce que vous croyez.
00:44:43 Autant c'est fatiguant d'être un homme, autant je vous jure,
00:44:45 c'est épuisant d'être une femme.
00:44:47 Oui, ça déjà, voyez.
00:44:51 Ça et la charge mentale. Vous avez entendu parler de la charge mentale ?
00:44:53 Oh, pas mal.
00:44:55 Alors, pour les autres, je résume rapidement.
00:44:57 C'est quand même généralement les femmes qui en pâtissent.
00:44:59 Et c'est le fait que certaines femmes ont la chance
00:45:03 de vivre avec des hommes
00:45:05 qui les aident au quotidien,
00:45:07 dans l'accomplissement des tâches domestiques.
00:45:09 Voilà. Eh ben, c'est ça le problème.
00:45:11 C'est qu'ils les aident.
00:45:13 Ça veut dire que ça reste leur problème à elles.
00:45:15 Leur responsabilité à elles et à elles seules.
00:45:17 Eux ne font qu'aider, en passant,
00:45:19 s'ils ont le temps.
00:45:21 Ce sont elles et elles seules qui ont une partie du cerveau
00:45:23 amputée à l'année et destinée
00:45:25 à la gestion et la répartition des tâches et des corvées.
00:45:27 Qui va faire quoi, quand, comment,
00:45:29 et pourquoi ça n'a pas été fait, etc.
00:45:31 Parce qu'en vrai, descendre les poubelles, c'est sympa,
00:45:33 mais c'est cinq minutes. Y penser, c'est toute la semaine.
00:45:35 Et c'est crevant.
00:45:37 De toute façon, je vous donne un petit moyen mnémotechnique,
00:45:39 si vous êtes sûr de ne pas vous tromper.
00:45:41 Tout ce qui est dur pour un homme
00:45:43 est encore plus dur pour une femme.
00:45:45 Tout. La pauvreté, la maladie,
00:45:47 le handicap. Tout.
00:45:49 Pour faire pipi, pour avoir ses règles,
00:45:51 pour ne pas tomber enceinte,
00:45:53 pour avorter le cas échéant,
00:45:55 pour échapper au prédateur sexuel,
00:45:57 pour rester belle et désirable,
00:45:59 parce qu'une femme doit forcément être belle et désirable.
00:46:01 Et c'est valable tout le temps, partout.
00:46:03 De toute façon, c'est simple.
00:46:05 Aux deuxières, la moindre crise,
00:46:07 le moindre conflit, ce sont toujours
00:46:09 les femmes qui prennent en premier.
00:46:11 A tout moment, on peut nous enlever tous nos droits.
00:46:13 Droit de voter, droit d'avorter,
00:46:15 droit d'exister.
00:46:17 Donc il faut rester au taquet.
00:46:19 À l'affût, au front, sur le qui-vive.
00:46:21 Ce qui est d'autant plus compliqué,
00:46:23 qu'on ne nous a pas forcément donné les armes.
00:46:25 On ne nous a pas forcément donné la confiance en soi
00:46:27 pour réclamer notre part.
00:46:29 Et si on cherche à prendre une place un peu plus grande
00:46:31 ou un peu différente que le tout petit espace
00:46:33 auquel on nous a signé
00:46:35 de femmes douces, silencieuses,
00:46:37 prudentes, minces, graciles et sages,
00:46:39 on se fait vite taper sur les doigts.
00:46:41 Moi, personnellement, j'avais 5 ans
00:46:43 quand j'ai compris que je ne rentrerai jamais dans ce moule.
00:46:45 Évocation personnelle.
00:46:47 Allez, dépêche-toi de mettre ton tutu.
00:46:53 Mais qu'elle est gourde !
00:46:55 Et qu'est-ce que c'est que ses cheveux ?
00:46:57 Mais t'as jamais vu la peigne ou quoi ?
00:46:59 De toute façon, t'as pas compliqué de se faire un chignon.
00:47:01 Mais pourquoi ils sont tout crépus comme ça ?
00:47:03 T'as pourtant pas les cheveux crépus ton père.
00:47:05 Oh là là, oh là là.
00:47:07 Mais regarde-moi cet attirail, mais quel souillon !
00:47:09 Bon.
00:47:11 Allez, on y va.
00:47:13 Première. Bras en couronne.
00:47:19 Et si sonnait Socha ?
00:47:21 Et si sonnait Socha ?
00:47:23 Oh là là, Noemi, c'est lourd ça !
00:47:25 On dirait une vache.
00:47:27 Et poupée, pas de bourrée.
00:47:29 Poupée, pas de bourrée. Mais qu'est en potée !
00:47:31 Coupée dessous, dessus, dessous, dessus.
00:47:33 Enfin, c'est pas compliqué.
00:47:35 Pourquoi tout le monde y arrive et pas toi ?
00:47:37 En tout cas, c'est sûr.
00:47:39 Tu monteras jamais sur point.
00:47:41 Je sais même pas si tu vas faire le spectacle de fin d'année.
00:47:43 Allez.
00:47:45 Tiens, Benalla, il est dégoulé maintenant.
00:47:47 Bon.
00:47:49 Noemi, pousse-toi.
00:47:51 Parce que là, tu vas blesser quelqu'un.
00:47:53 Bon, allez. Révérence.
00:47:55 Portes de bras.
00:47:57 Portes de bras.
00:47:59 Tête, tête.
00:48:01 C'est quand même fou d'avoir aussi peu de grâce, Noemi.
00:48:03 Tu devrais danser avec les garçons.
00:48:05 Reprenons.
00:48:07 Bon, Noemi, mets-toi derrière, ça sera plus joli.
00:48:09 Et rondes jambes.
00:48:11 Poussée, fouledue.
00:48:13 Et révérence.
00:48:15 Merci à tous et à la semaine prochaine.
00:48:17 [Applaudissements]
00:48:19 Et voilà.
00:48:21 Comment j'ai compris
00:48:23 que ce sont les petites filles sages
00:48:25 qui vont au paradis.
00:48:27 Mais que les autres
00:48:31 vont où elles veulent.
00:48:33 [Applaudissements]
00:48:35 [Musique]
00:48:37 [Musique]
00:48:39 [Musique]
00:48:41 [Musique]
00:48:43 [Musique]
00:48:45 [Musique]
00:48:47 [Musique]
00:48:49 [Applaudissements]
00:48:51 [Applaudissements]
00:48:53 (Applaudissements)
00:48:55 (...)
00:49:00 (Musique jazz)
00:49:03 (...)
00:49:06 (...)
00:49:09 (...)
00:49:13 (...)
00:49:16 (...)
00:49:19 (...)
00:49:22 (...)
00:49:25 (...)
00:49:29 (...)
00:49:32 (...)
00:49:35 (...)
00:49:38 (...)
00:49:41 (...)
00:49:45 (Applaudissements)
00:49:48 (...)
00:49:51 (...)
00:49:54 (...)
00:49:57 (...)
00:50:01 (...)
00:50:04 (...)
00:50:07 (...)
00:50:10 (...)
00:50:13 (...)
00:50:17 (...)
00:50:20 (...)
00:50:23 (...)
00:50:26 (...)
00:50:29 (...)
00:50:33 (...)
00:50:36 (...)
00:50:39 (...)
00:50:42 (...)
00:50:45 (...)
00:50:49 (...)
00:50:52 (...)
00:50:55 (...)
00:50:58 (...)
00:51:01 (...)
00:51:05 (...)
00:51:08 (...)
00:51:11 (...)
00:51:14 (...)
00:51:18 (...)
00:51:21 (...)
00:51:24 (...)
00:51:27 (...)
00:51:30 (...)
00:51:33 (...)
00:51:37 (...)
00:51:40 (...)
00:51:43 (...)
00:51:46 (...)
00:51:49 (...)
00:51:53 (...)
00:51:56 (...)
00:51:59 (...)
00:52:02 (...)
00:52:05 (...)
00:52:09 (...)
00:52:12 (...)
00:52:15 (...)
00:52:18 (...)
00:52:21 (...)
00:52:25 (...)
00:52:28 (...)
00:52:31 (...)
00:52:34 (...)
00:52:37 (...)
00:52:41 (...)
00:52:44 (...)
00:52:47 (...)
00:52:50 (...)
00:52:53 (...)
00:52:57 (...)
00:53:00 (...)
00:53:03 (...)
00:53:06 (...)
00:53:09 (...)
00:53:13 (...)
00:53:16 (...)
00:53:19 (...)
00:53:22 (...)
00:53:25 (...)
00:53:29 (...)
00:53:32 (...)
00:53:35 (...)
00:53:38 (...)
00:53:42 (...)
00:53:45 (...)
00:53:48 (...)
00:53:51 (...)
00:53:54 (...)
00:53:57 (...)
00:54:01 (...)
00:54:04 (...)
00:54:07 (...)
00:54:10 (...)
00:54:13 (...)
00:54:17 (...)
00:54:20 (...)
00:54:23 (...)
00:54:26 (...)
00:54:29 (...)
00:54:33 (...)
00:54:36 (...)
00:54:39 (...)
00:54:42 (...)
00:54:45 (...)
00:54:49 (...)
00:54:52 (...)
00:54:55 (...)
00:54:58 (...)
00:55:01 (...)
00:55:05 (...)
00:55:08 (...)
00:55:11 (...)
00:55:14 (...)
00:55:17 (...)
00:55:21 (...)
00:55:24 (...)
00:55:27 (...)
00:55:30 (...)
00:55:33 (...)
00:55:37 (...)
00:55:40 (...)
00:55:43 (...)
00:55:46 (...)
00:55:49 (...)
00:55:53 (...)
00:55:56 (...)
00:55:59 (...)
00:56:02 (...)
00:56:06 (...)
00:56:09 (...)
00:56:12 (...)
00:56:15 (...)
00:56:18 (...)
00:56:21 (...)
00:56:25 (...)
00:56:28 (...)
00:56:31 (...)
00:56:34 (...)
00:56:37 (...)
00:56:41 (...)
00:56:44 (...)
00:56:47 (...)
00:56:50 (...)
00:56:53 (...)
00:56:57 (...)
00:57:00 (...)
00:57:03 (...)
00:57:06 (...)
00:57:09 (...)
00:57:13 (...)
00:57:16 (...)
00:57:19 (...)
00:57:22 (...)
00:57:25 (...)
00:57:29 (...)
00:57:32 (...)
00:57:35 (...)
00:57:38 (...)
00:57:41 (...)
00:57:45 (...)
00:57:48 (...)
00:57:51 (...)
00:57:54 (...)
00:57:57 (...)
00:58:01 (...)
00:58:04 (...)
00:58:07 (...)
00:58:10 (...)
00:58:13 (...)
00:58:17 (...)
00:58:20 (...)
00:58:23 (...)
00:58:26 (...)
00:58:30 (...)
00:58:33 (...)
00:58:36 (...)
00:58:39 (...)
00:58:42 (...)
00:58:45 (...)
00:58:49 (...)
00:58:52 (...)
00:58:55 (...)
00:58:58 (...)
00:59:01 (...)
00:59:05 (...)
00:59:08 (...)
00:59:11 (...)
00:59:14 (...)
00:59:17 (...)
00:59:21 (...)
00:59:24 (...)
00:59:27 (...)
00:59:30 (...)
00:59:33 (...)
00:59:37 (...)
00:59:40 (...)
00:59:43 (...)
00:59:46 (...)
00:59:49 (...)
00:59:53 (...)
00:59:56 (...)
00:59:59 (...)
01:00:02 (...)
01:00:05 (...)
01:00:09 (...)
01:00:12 (...)
01:00:15 (...)
01:00:18 (...)
01:00:21 (...)
01:00:25 (...)
01:00:28 (...)
01:00:31 (...)
01:00:34 (...)
01:00:37 (...)
01:00:41 (...)
01:00:44 (...)
01:00:47 (...)
01:00:50 (...)
01:00:54 (...)
01:00:57 (...)
01:01:00 (...)
01:01:03 (...)
01:01:06 (...)
01:01:09 (...)
01:01:13 (...)
01:01:16 (...)
01:01:19 (...)
01:01:22 (...)
01:01:25 (...)
01:01:29 (...)
01:01:32 (...)
01:01:35 (...)
01:01:38 (...)
01:01:41 (...)
01:01:45 (...)
01:01:48 (...)
01:01:51 (...)
01:01:54 (...)
01:01:57 (...)
01:02:01 (...)
01:02:04 (...)
01:02:07 (...)
01:02:10 (...)
01:02:13 (...)
01:02:17 (...)
01:02:20 (...)
01:02:23 (...)
01:02:26 (...)
01:02:29 (...)
01:02:33 (...)
01:02:36 (...)
01:02:39 (...)
01:02:42 (...)
01:02:45 (...)
01:02:49 (...)
01:02:52 (...)
01:02:55 (...)
01:02:58 (...)
01:03:01 (...)
01:03:05 (...)
01:03:08 (...)
01:03:11 (...)
01:03:14 (...)
01:03:18 (...)
01:03:21 (...)
01:03:24 (...)
01:03:27 (...)
01:03:30 (...)
01:03:33 (...)
01:03:37 (...)
01:03:40 (...)
01:03:43 (...)
01:03:46 (...)
01:03:49 (...)
01:03:53 (...)
01:03:56 (...)
01:03:59 (...)
01:04:02 (...)
01:04:05 (...)
01:04:09 (...)
01:04:12 (...)
01:04:15 (...)
01:04:18 (...)
01:04:21 (...)
01:04:25 (...)
01:04:28 (...)
01:04:31 (...)
01:04:34 (...)
01:04:37 (...)
01:04:41 (...)
01:04:44 (...)
01:04:47 (...)
01:04:50 (...)
01:04:53 (...)
01:04:57 (...)
01:05:00 (...)
01:05:03 (...)
01:05:06 (...)
01:05:09 (...)
01:05:13 (...)
01:05:16 (...)
01:05:19 (...)
01:05:22 (...)
01:05:25 (...)
01:05:29 (...)
01:05:32 (...)
01:05:35 (...)
01:05:38 (...)
01:05:42 (...)
01:05:45 (...)
01:05:48 (...)
01:05:51 (...)
01:05:54 (...)
01:05:57 (...)
01:06:01 (...)
01:06:04 (...)
01:06:07 (...)
01:06:10 (...)
01:06:13 (...)
01:06:17 (...)
01:06:20 (...)
01:06:23 (...)
01:06:26 (...)
01:06:29 (...)
01:06:33 (...)
01:06:36 (...)
01:06:39 (...)
01:06:42 (...)
01:06:45 (...)
01:06:49 (...)
01:06:52 (...)
01:06:55 (...)
01:06:58 (...)
01:07:01 (...)
01:07:05 (...)
01:07:08 (...)
01:07:11 (...)
01:07:14 (...)
01:07:17 (...)
01:07:21 (...)
01:07:24 (...)
01:07:27 (...)
01:07:30 (...)
01:07:33 (...)
01:07:37 (...)
01:07:40 (...)
01:07:43 (...)
01:07:46 (...)
01:07:49 (...)
01:07:53 (...)
01:07:56 (...)
01:07:59 (...)
01:08:02 (...)
01:08:06 (...)
01:08:09 (...)
01:08:12 -Allez, je vous propose qu'on se change les idées
01:08:14 avec un sujet un petit peu plus léger.
01:08:16 Le passe sanitaire ?
01:08:17 (Rires)
01:08:20 Non, mais j'ai une bonne nouvelle pour vous.
01:08:21 J'ai une vraie bonne nouvelle pour vous, et je pense qu'à ce moment-là du spectacle,
01:08:23 c'est vraiment nécessaire.
01:08:24 La bonne nouvelle, c'est que tous les problèmes que j'évoque,
01:08:27 ainsi que tous ceux dont je n'aurai malheureusement pas le temps de parler,
01:08:30 comme la politique, l'éducation, les jouets et livres genrés,
01:08:34 le couple célibat, l'homophobie, la transphobie, la grossophobie, la putophobie,
01:08:38 et j'en passe, car j'ai décidé de faire un spectacle de moins d'une miette heure,
01:08:40 ne me remerciez pas,
01:08:41 eh bien tous ces problèmes, en fait, viennent d'un seul et même endroit.
01:08:46 Et une fois qu'on aura éradiqué ce seul problème originel,
01:08:49 ça sera la fête du slip.
01:08:50 Et ce problème, c'est...
01:08:53 le patriarcat !
01:08:55 Grrr !
01:08:56 Mot qui fait encore plus flipper que "féminisme", hein !
01:08:59 Ce qui n'y a pas besoin de dire.
01:09:01 On a toujours un petit peu peur que je me mette à accuser personnellement,
01:09:04 chaque homme ici présent,
01:09:05 de participer au grand complot des mâles qui se grattent les couilles
01:09:08 et se tapent sur le torse afin de soumettre des femelles apeurées.
01:09:11 Alors que non, hein, bien sûr que non.
01:09:12 Je vois bien, monsieur, que vous n'avez pas eu l'intention
01:09:13 d'attraper votre voisine par les cheveux pour lui montrer qui c'est le patron.
01:09:16 Euh, non.
01:09:17 Bien sûr que non, il ne s'agit pas de dénoncer des individus,
01:09:19 mais de dénoncer un système.
01:09:21 Système dans lequel nous vivons tous et toutes,
01:09:24 et dont nous sommes le fruit que nous le voulions ou non.
01:09:27 Donc, si on veut changer le monde,
01:09:29 eh bien il va falloir aller modifier une petite connexion neuronale
01:09:32 au fin fond de nos cerveaux reptiliens.
01:09:34 Parce qu'en fait, c'est parti en sucette dès le départ.
01:09:37 Voilà. Dès les origines de l'humanité,
01:09:39 nos ancêtres, il y a trois trucs,
01:09:40 qu'ils ont tout de suite compris comme ça par simple observation.
01:09:43 Un, c'est que ce sont les femmes qui fabriquent les bébés.
01:09:46 Alors, question qui m'obsède encore aujourd'hui, hein,
01:09:48 c'est comment c'est possible qu'à ce moment-là de l'évolution,
01:09:50 moi, ils ont compris ça,
01:09:52 comment c'est possible que les femmes ne soient pas devenues le premier sexe ?
01:09:54 Le plus puissant, le dominant,
01:09:56 c'est-à-dire celui qui fabrique l'humanité,
01:09:58 ça aurait été, à défaut d'être légitime, juste, logique !
01:10:02 Bref.
01:10:03 La deuxième chose qu'ils ont tout de suite comprise,
01:10:05 comme ça par simple observation,
01:10:06 c'est que l'inceste, ça craint.
01:10:08 Ah, ils ont tout de suite vu que ça faisait des...
01:10:10 (Rires)
01:10:12 C'est pour ça que je dis "Ah, pas besoin !"
01:10:14 Et la troisième chose qu'ils ont tout de suite comprise,
01:10:17 c'est qu'une femme, dans toute sa vie,
01:10:18 n'arrivait jamais à faire plus de quoi.
01:10:20 20 mioches, hein,
01:10:22 on est d'accord que même si elle s'arrache, c'est son maximum.
01:10:25 Tandis qu'un mec, lui,
01:10:26 même s'il se cure le nez avec une main,
01:10:28 il se grasse les fesses avec l'autre,
01:10:29 il peut en faire des milliers !
01:10:31 Des milliers !
01:10:32 Bim, bim, bim, bim, bim, bim, bim !
01:10:35 Et d'ailleurs, parenthèse,
01:10:37 c'est à ce moment-là
01:10:38 qu'on a décidé que l'homme valait plus que la femme.
01:10:41 Eh ben oui, puisqu'en termes de survie de l'espèce,
01:10:42 ce qui était notre seule préoccupation à l'époque,
01:10:44 on a tout de suite vu qu'un homme valait 1 000 femmes,
01:10:46 puisque, bim, bim, bim, bim, bim !
01:10:48 Et voilà ce que Françoise Héritier appellera plus tard
01:10:51 la valance différentielle des sexes.
01:10:53 Fin de la parenthèse, et de tout espoir.
01:10:55 Bref.
01:10:56 Donc, ces trois observations qu'ils ont faites,
01:10:58 les gars les ont amenées à la conclusion évidente
01:11:01 que s'ils voulaient éviter l'extinction de leur tribu,
01:11:04 eh ben ils avaient intérêt à avoir sous la main chacun
01:11:07 un maximum de femmes engrossables.
01:11:09 Eh ben oui.
01:11:11 Donc, ni leurs soeurs ni leurs filles,
01:11:12 au rapport à l'inceste,
01:11:13 ni leur mère, évidemment.
01:11:15 Voilà.
01:11:16 Donc, des femmes qu'ils devaient aller chercher chez les voisins.
01:11:18 Mais comme c'était quand même un tout petit peu plus compliqué
01:11:19 que d'emprunter du sel,
01:11:21 eh ben qu'à cela ne tienne,
01:11:22 ils se sont mis à échanger leurs filles et leurs soeurs
01:11:25 contre les femmes génitrices des voisins.
01:11:27 File-moi Pépita, je te file Jacqueline.
01:11:30 Et voilà comment les femmes sont devenues des marchandises
01:11:33 qu'on possède, qu'on convoite et qu'on s'échange,
01:11:35 pendant que les hommes, eux, sont devenus les humains,
01:11:37 les sujets pensants qui gèrent, possèdent et dominent.
01:11:40 Là-dessus, s'est ajoutée encore une couche,
01:11:43 c'est que les gars voulaient s'assurer que c'était bien leur lignée
01:11:46 et pas celle de Jean-Paul,
01:11:47 qui sortirait de la chatte à Pépita.
01:11:48 Eh ben oui.
01:11:50 Ils allaient pas gâcher leurs ressources pour les rejetons d'un autre.
01:11:52 Donc, cette branche Pépita, eh ben il a fallu la contrôler.
01:11:55 Donc, s'accaparer son corps
01:11:57 afin de pouvoir maîtriser sa production.
01:12:00 Autant vous dire que cette brave dame
01:12:01 se destinait à passer une bonne partie de sa vie attachée à un arbre
01:12:04 jusqu'au jour de la livraison, autrement appelée délivrance.
01:12:08 Voilà.
01:12:09 Donc, on est bien quand même pour les femmes sur une belle vie de merde.
01:12:13 Donc là, évidemment, la question que vous vous posez,
01:12:15 c'est "OK, mais comment c'est possible qu'aujourd'hui encore,
01:12:18 des siècles plus tard,
01:12:19 après avoir inventé le feu et l'iPhone,
01:12:22 cette effarante discrimination soit encore d'actualité,
01:12:26 avec une moitié de l'humanité systémiquement dévalorisée
01:12:29 par rapport à l'autre ?"
01:12:30 Qu'est-ce qui s'est passé ?
01:12:32 Eh ben, ce qui s'est passé,
01:12:33 c'est qu'on a créé les mythes et les religions.
01:12:36 Voilà, dont le projet, globalement, c'est
01:12:39 "l'homme est un pur esprit, trop stylé, à l'image du Dieu,
01:12:42 et la femme, elle, est un corps inerte et sans volonté,
01:12:45 à la disposition de l'homme".
01:12:47 Vous voyez, un genre de deuxième corps de l'homme,
01:12:49 comme un accessoire à nichons qui aurait été livré en plus,
01:12:52 visiblement pour les besoins de la reproduction
01:12:54 et de l'élevage des rejetons.
01:12:55 Voilà.
01:12:57 Là-dessus, on a engagé tout un tas d'apôtres, disciples,
01:12:59 prophètes et autres VRP,
01:13:01 dont le but était de véhiculer dans le temps jusqu'à nous
01:13:04 ces modèles de soumission féminine.
01:13:06 La Vierge Marie, l'Abel au beau-dormant, l'Oana.
01:13:09 Passive et disponible.
01:13:12 Vous voyez ?
01:13:13 Pour vous dire, la Vierge Marie,
01:13:14 ils l'ont carrément virée de la Sainte Trinité,
01:13:16 pour bien prouver qu'elle ne servait à rien,
01:13:18 et que l'humanité toute entière avait pu naître et grandir
01:13:20 exclusivement entre couilles,
01:13:23 sans aucun apport féminin.
01:13:24 Non mais c'est...
01:13:26 C'est trop...
01:13:27 Le Père, le Fils, le Saint-Esprit.
01:13:29 Trois barbus !
01:13:30 C'est quand même miraculeux !
01:13:32 Oui !
01:13:34 Parce que tant qu'on continue à tous et toutes accepter,
01:13:36 depuis des siècles, sans broncher,
01:13:38 que les femmes sont des corps qu'on possède,
01:13:40 qu'on possède pour les posséder,
01:13:42 polysémie intéressante,
01:13:43 eh bien évidemment qu'aujourd'hui,
01:13:45 elles sont là comme des cruchasses passives et disponibles.
01:13:47 Hein, quoi ? Mon salaire ? Mes droits ?
01:13:49 La sodomie ? Oui, pourquoi pas.
01:13:50 Bien sûr !
01:13:53 Donc moi, ce que je me dis, c'est que peut-être,
01:13:56 il serait temps de remettre en question
01:13:58 cet ordre social aberrant,
01:13:59 issu d'un sexisme préhistorique.
01:14:01 Peut-être !
01:14:03 Je sais pas, on a fini par admettre que la Terre était ronde
01:14:06 et que les Cédés ne soignaient pas tout.
01:14:08 On a investi des milliards pour faire évoluer les mentalités
01:14:10 sur le tabagisme et la sécurité routière,
01:14:12 je sais qu'on venait de loin.
01:14:14 Peut-être, je dis bien peut-être,
01:14:16 qu'on pourrait investir ne serait-ce qu'un quart de ces budgets
01:14:19 pour lutter efficacement contre le sexisme
01:14:21 et éradiquer ce fléau qui nous pourrit la vie
01:14:23 à tous et à toutes depuis des siècles.
01:14:26 Peut-être !
01:14:28 Et alors attention, je dis bien à tous et à toutes,
01:14:31 car contrairement à ce qu'on veut nous faire croire,
01:14:33 la lutte contre le patriarcat n'a rien d'une lutte des femmes contre les hommes.
01:14:36 Eh non ! Parce que le patriarcat, il défend pas vous, les mecs.
01:14:38 Il défend pas la masculinité, il défend la virilité.
01:14:42 C'est-à-dire uniquement les mâles virils, blancs, hétéros,
01:14:44 riches, sans handicap, sans calvitie et sans bedaine.
01:14:47 Autant vous dire, un paquet d'entre vous qui galèrent !
01:14:51 Voilà !
01:14:52 Donc c'est bien ensemble que je vous propose d'oeuvrer.
01:14:56 Et en faisant quoi ? Juste, on admet !
01:14:57 On admet la part de sexisme en chacun et en chacune de nous
01:15:00 et on dit stop !
01:15:01 On refuse les stéréotypes de genre, le culte de la virilité,
01:15:05 l'éternel féminin.
01:15:06 On arrête de séparer les petits garçons et les petites filles
01:15:09 dès l'école, dès la naissance, par pitié.
01:15:11 On prend conscience de tout ce que le machisme a laissé comme trace
01:15:15 dans notre langue, dans notre culture,
01:15:17 dans nos institutions, dans nos propres comportements.
01:15:20 On se renseigne, on essaye et on oeuvre tous et toutes ensemble
01:15:24 pour un monde de liberté, d'égalité et de solidarité.
01:15:27 Jingle !
01:15:29 Merci !
01:15:53 J'espère que je ne vous ai pas accroché parce que j'adore faire ça !
01:15:55 Ouais !
01:15:57 Et alors, j'ai choisi Beyoncé comme jingle
01:15:59 parce qu'elle et moi, on est pareilles.
01:16:00 Si, on a le même cul.
01:16:03 On a un cul féministe et engagé qu'on bouge pour la bonne cause.
01:16:06 Et je me dis que si Beyoncé est la première héroïne pop
01:16:10 à s'être déclarée féministe,
01:16:11 eh bien ce spectacle auquel vous assistez sera peut-être
01:16:14 le premier manifeste féministe pop du monde.
01:16:18 Et vous l'aurez vu !
01:16:19 Qu'est-ce qu'il y a ?
01:16:22 Ouais, je sais, je me la pète.
01:16:23 Je me la pète alors que je sue de la moustache
01:16:31 et du bouc.
01:16:33 Ah bah c'est l'enfer !
01:16:34 Désolée, c'est pas très glamour.
01:16:36 Enfin, après, chacun ses goûts, vous me direz.
01:16:38 Ah, c'est ça ! Je vous ai pas parlé des questions de genre !
01:16:40 Dans tout cas, je viens de visualiser des nichons et une moustache.
01:16:43 Ah, je vous ai pas parlé des questions de poils aussi !
01:16:45 Non, parce que je vous ai dit qu'on pouvait être féministes et épilées,
01:16:47 mais on peut essayer de faire mes poilus, hein !
01:16:48 C'est tout aussi bien !
01:16:49 Femme à cheveux blancs, femme à portefeuille à chaînette,
01:16:52 femme à bien comme on veut, en fait.
01:16:53 Non mais j'aurais aimé avoir encore des heures pour vous parler des...
01:16:57 des femmes en général et de moi en particulier.
01:17:00 Il faut savoir créer le manque
01:17:03 pour susciter le désir.
01:17:05 D'ailleurs, à propos de désir,
01:17:07 j'espère que j'ai pas trop perturbé mon message
01:17:09 en vous montrant mes fesses à tout bout de champ.
01:17:11 En même temps, vous avez compris, c'est à mon propos,
01:17:13 qu'on soit cul nus ou cul serré, on n'en a pas moins le droit,
01:17:16 le devoir même d'être féministes.
01:17:18 Y a pas de dress code, quoi. Y a pas de permis.
01:17:21 On va pas commencer à se donner le droit ou pas le droit,
01:17:23 d'avoir le droit, de demander des droits, d'avoir le droit,
01:17:25 d'avoir des droits, d'avoir le droit, d'avoir le droit...
01:17:26 Non mais sinon, on est foutus !
01:17:27 Ah, mais ça a l'air évident, hein,
01:17:29 mais le nombre de fois que j'ai entendu
01:17:31 "Ah bah tu peux pas être féministe", c'est de montrer un body-string, hein !
01:17:33 "Ah bah tu peux pas être féministe", c'est la chirurgie esthétique !
01:17:36 "Ah bah tu peux pas être féministe", c'est les femmes au foyer !
01:17:38 "Ah bah tu peux pas être féministe", c'est les femmes voilées !
01:17:39 "Ah bah tu peux pas être féministe", c'est les prostituées !
01:17:41 "Ah bah tu... Si, en fait, si, si, si, j'ai le droit, il et elle ont le droit,
01:17:45 on a le droit, vous avez le droit."
01:17:47 Oh, à propos de vous, montrez-moi vos clitoris !
01:17:50 Non, montrez-moi avec vos mains !
01:17:52 Ah, quand vous pensez que ça s'en blèche, je vais vous filmer !
01:17:54 Non, je vous rassure, c'est pas pour les réseaux sociaux,
01:17:56 c'est que pour mon plaisir personnel.
01:17:58 Attendez...
01:18:00 Hop...
01:18:01 Allez-y, montrez-moi !
01:18:03 Ouais, ouais !
01:18:08 Ah, honnête ! C'est pas mal, vachement !
01:18:11 Viens, si !
01:18:12 Canon, canon !
01:18:13 C'était toi qui a un centimètre !
01:18:17 Super, mon petit coeur ! Trop mignon !
01:18:20 Ah oui, ils sont cools !
01:18:22 Ah, ils sont super, vos clitoris ! Merci, les amis !
01:18:24 Je vous ai pris en photo tant que vous étiez en train de sourire !
01:18:27 -Pourquoi ? Parce que ça a pas duré ?
01:18:29 -Bah non, ça fait une heure et demie que je vous parle de moi,
01:18:33 des femmes, du féminisme...
01:18:34 Mais voilà, ça n'était que mon point de vue.
01:18:37 Donc ça restait le point de vue d'une femme...
01:18:41 Blanche, six genres,
01:18:43 valide,
01:18:44 française,
01:18:46 parisienne même,
01:18:47 bourgeoise...
01:18:48 Donc ouais, ça va, ouais.
01:18:51 Mais il faut pas que j'oublie
01:18:54 que dans de trop nombreux pays,
01:18:56 les femmes sont des citoyens de seconde zone,
01:18:58 des êtres qui ont moins de légitimité que des enfants,
01:19:02 pour peu que ceux-ci soient de sexe masculin.
01:19:04 Il faut pas que j'oublie tous ces pays d'Afrique et d'Amérique latine
01:19:09 où l'avortement est interdit,
01:19:11 et tous ces pays soi-disant civilisés, comme certains Etats d'Amérique,
01:19:14 ou des pays si proches,
01:19:16 comme le Vatican, Monaco, Malte, l'Andorre, l'Irlande,
01:19:20 où l'avortement est soit illégal, soit soumis à conditions,
01:19:25 donnant donc plus de droits à un fœtus qu'à la femme qui le porte.
01:19:29 Et je ne parle pas des 225 millions de femmes dans le monde
01:19:34 qui n'ont pas accès à la contraception.
01:19:39 Il faut pas que j'oublie tous ces pays
01:19:41 où les femmes n'ont pas le droit de chanter,
01:19:43 ni de se montrer tête nue,
01:19:44 où elles n'ont aucun droit civique ni professionnel.
01:19:47 Il faut pas que j'oublie, dans mon propre pays,
01:19:52 ces femmes violées à qui on demande comment elles étaient habillées,
01:19:56 et si elles avaient bu,
01:19:57 et si elles sont bien sûres qu'elles ne l'avaient pas cherchée.
01:20:00 Il faut pas que j'oublie le Portugal,
01:20:07 où une loi de 1876, encore en vigueur aujourd'hui,
01:20:10 prévoit pour les homicides des peines plus légères
01:20:13 pour les hommes qui tuent des femmes infidèles.
01:20:16 Il faut pas que j'oublie le Salvador,
01:20:21 où à l'heure où je vous parle,
01:20:23 des jeunes filles purgent des peines de plusieurs années de prison
01:20:26 pour le seul crime d'avoir fait une fausse couche.
01:20:29 Il faut pas que j'oublie toutes ces zones de conflit
01:20:35 où le viol, conçu comme une arme de guerre,
01:20:38 est utilisé pour détruire durablement les populations.
01:20:41 Ce fut le cas, entre autres, des femmes albanaises du Kosovo,
01:20:46 des femmes réfugiées du Darfour,
01:20:48 des femmes, jeunes filles et enfants de la communauté yézidi,
01:20:52 des jeunes filles scolarisées au nord du Nigeria,
01:20:55 et des femmes tutsi,
01:20:57 violées par des bataillons spécialement infectés du VIH.
01:21:03 Il faut pas que j'oublie
01:21:05 les femmes vendues sur les marchés aux esclaves en Irak
01:21:08 et les femmes vendues partout dans le monde sur Internet
01:21:12 via des applications autorisées par Google Play et Apple Store,
01:21:15 alors que des comptes d'éducation sexuelle féministe sont censurés chaque jour.
01:21:19 Il faut pas que j'oublie les femmes tuées pour sorcellerie en Tanzanie,
01:21:25 les femmes brûlées à l'acide en Iran
01:21:28 et l'emprisonnement de celles qui les défendent.
01:21:33 Il faut pas que j'oublie tous ces pays, y compris en Europe,
01:21:36 où des femmes sont encore assassinées pour laver l'honneur de leur famille,
01:21:40 des crimes commis par leur mari, leur père ou leur frère.
01:21:44 Il faut pas que j'oublie la République démocratique du Congo,
01:21:49 où 48 femmes sont violées chaque heure.
01:21:52 Il faut pas que j'oublie le Pakistan,
01:21:56 où 6 femmes meurent tous les jours de violences conjugales.
01:22:01 Il faut pas que j'oublie la France, où c'est beaucoup mieux,
01:22:04 puisqu'une femme meurt sous les coups de son conjoint un jour sur deux seulement.
01:22:09 Il faut pas que j'oublie les femmes d'Inde, de Syrie, de Somalie,
01:22:14 du Yémen et d'Afghanistan.
01:22:17 Il faut pas que j'oublie les 100 millions de femmes qui manquent en Asie
01:22:23 pour cause d'avortements sélectifs et d'infanticides massifs.
01:22:29 Il faut pas que j'oublie partout dans le monde
01:22:31 les millions de petites filles excisés, infibulées, mutilées,
01:22:35 au sexe cousu, arraché ou cautérisé.
01:22:39 Il faut pas que j'oublie les mamans des quartiers,
01:22:43 qui se battent chaque jour parfois au prix de leur vie
01:22:45 pour que leur fille soit épargnée.
01:22:47 Il faut pas que j'oublie partout dans le monde
01:22:51 les millions de femmes brûlées, fouettées, détruites, défigurées,
01:22:56 lapidées, enterrées vives, écartelées ou immolées.
01:23:00 Et il faut pas que j'oublie toutes celles qui ont vécu
01:23:08 et qui sont mortes pour nous.
01:23:09 Les sorcières, les scandaleuses, les amazones, les valkyries,
01:23:16 les suffragettes, les pionnières, les hérétiques, les étahirs et les salopes.
01:23:20 Les veilles, les beauvoirs, les de Gouge, les auclairs, les safos,
01:23:24 les wolfs, les blagues, les hedgosiadichies, les alimis, les de Stal, les pelletiers, les rousselles.
01:23:29 Toutes celles qu'on a brûlées parce qu'elles ont voulu nous sauver.
01:23:32 Les femmes libres, les femmes fortes, les insoumises et les rebelles.
01:23:40 Faut pas que j'oublie.
01:23:43 (Applaudissements)
01:23:48 (...)
01:24:18 (...)
01:24:33 (Applaudissements)
01:24:41 (...)
01:24:49 (...)

Recommandée