Najat Vallaud-Belkacem: "Il y a énormément de lieux en France qui sont des ghettos", réagit l'ancienne ministre de l'Éducation nationale

Najat Vallaud-Belkacem, ancienne ministre de l'Éducation nationale, est l'invitée de Philippe Gaudin dans le Live Week-end de BFMTV.

Transcript

00:00 Concrètement, quand les familles n'arrivent pas seules à exercer leur autorité,

00:04 de quoi ont besoin ces adolescents, ces jeunes ?

00:06 Ils ont besoin de présence d'autres adultes dans l'espace public, dans les territoires.

00:11 Et là, on en vient à mon troisième point, qui est le sujet du territoire.

00:15 Il y a énormément de lieux en France qui sont des ghettos

00:18 dans lesquels, concrètement, les jeunes n'ont pas de perspective.

00:22 Je ne sais pas, on va me faire la remarque que je suis dans la culture de l'excuse.

00:25 Pas du tout. À un moment donné, il faut être sérieux sur ces sujets-là.

00:28 Je veux dire, quelle est cette contre-culture, on va dire,

00:31 cette culture de l'indiscipline, cette culture de la violation de la règle commune, on va dire,

00:37 qui s'installe si facilement dans un certain nombre de territoires

00:40 où le parallèle est rapidement fait avec l'absence totale de perspective,

00:44 avec le fait que les jeunes en question ne se sentent pas partie de la civilité commune.

00:49 Et j'y ajoute un dernier point qui est absolument essentiel pour moi,

00:53 c'est que tout ce que je viens de décrire est aggravé par la suprématie des écrans

00:58 et du numérique et des réseaux sociaux qui, à bien des égards,

01:01 l'emportent sur toute autre forme de sociabilité,

01:04 surtout quand nous n'avons plus d'adultes dans les rues, d'éducateurs, de polices de proximité, etc.

01:10 Donc quand les écrans l'emportent sur toute forme de sociabilité,

01:14 on a affaire à quoi avec ces jeunes adolescents qui sont en construction,

01:17 qui sont immatures, il faut vraiment l'avoir en tête ?

01:19 Eh bien, on a affaire à des jeunes qui vont chercher des likes,

01:22 donc aller de plus en plus loin, qui vont être dans l'anonymat,

01:26 dans les faits de masse, dans l'impunité qui peu à peu s'acquiert

01:30 parce qu'on fait des appels, des menaces de mort, etc.

01:34 Et on n'est pas sanctionné pour ça sur le numérique,

01:36 donc on finit par penser que dans la vraie vie c'est pareil.