• il y a 7 mois
Selon ses médecins, Thomas devrait être mort. Victime d'un accident domestique, ce jeune papa de 33 ans a eu le corps brûlé à 85 %. Plongé dans le coma, il se réveille quelques jours plus tard et bénéficie d'un traitement à base de sang de vers marin. Sept mois après son hospitalisation, Thomas sort de rééducation. Il revient, en exclusivité pour Le Point, sur ces derniers mois qui ont changé sa vie.

#Témoignage #Accident #GrandBrûlé #Science #Santé #Essence

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Transcription
00:00 Je sors de la piscine et là du coup effectivement je ne suis plus en feu mais mon corps est complètement brûlé à 85%.
00:07 Toute ma peau tombe en lambeaux comme si on épluchait une pomme de terre en fait.
00:11 On devait partir en week-end famille sur la Loire et lorsque j'étais en train de préparer le bateau,
00:27 j'étais en train de faire le plein d'essence du bateau, j'ai eu une fuite d'essence.
00:31 Lorsque j'ai découvert ça, j'ai machinalement, instinctivement branché une petite pompe pour vider l'essence.
00:37 Sauf que j'ai branché la pompe directement sur la batterie, il s'est créé forcément une étincelle
00:43 et vu que tous les gaz d'essence étaient concentrés au même endroit, ça a explosé.
00:48 Et à ce moment-là j'ai pris feu parce que j'avais de l'essence sur les pieds.
00:50 Ça explose vraiment très fort donc déjà je suis très surpris.
00:54 Et après c'est que l'instinct, je ne calcule rien avec l'adrénaline,
00:58 c'est comme si je ne sentais rien donc là je ne maîtrise quasiment plus rien en fait.
01:01 J'ai eu le réflexe de sauter dans la piscine pour m'éteindre.
01:04 Ma compagne du coup arrive dans le jardin, elle me cherche partout.
01:08 Elle finit par me trouver, je sors de la piscine et là du coup effectivement je ne suis plus en feu
01:13 mais mon corps est complètement brûlé à 85%.
01:17 Toute ma peau tombe en lambeaux comme si on épluchait une pomme de terre en fait.
01:20 Elle, elle comprend tout de suite que c'est très grave.
01:24 Moi je n'en ai pas conscience, je lui dis même à un moment que je la trouve un peu palote
01:28 et que je crois qu'elle va faire un malaise, il faut qu'elle s'assoie
01:30 parce que moi je ne me rends pas du tout compte de mon état en fait.
01:33 Les premières personnes qui sont intervenues ce sont des maraîchers à côté de chez nous
01:38 qui sont venus pour éteindre le feu et moi j'étais en train de leur expliquer
01:41 quel tuyau prendre ou le brancher pour éteindre le feu
01:44 mais moi je n'avais pas conscience de mon état.
01:47 Quand les secours sont là, moi on ne m'annonce rien.
01:50 Personne ne se prononce parce que de toute façon, eux je pense qu'ils ne le savent pas non plus.
01:55 On me prend juste en charge dans l'ambulance.
01:57 Sauf qu'au bout de 30 mètres on s'arrête parce qu'il faut m'intuber et puis me mettre dans le coma.
02:02 On m'a expliqué que c'était de la gelée qu'ils étalaient sur les plaies.
02:19 Après ils m'ont dit qu'on presse tout simplement et cette gelée elle est récupérée de l'hémoglobine des verres marins
02:24 qui est 40 fois plus oxygénée que le sang humain.
02:27 Pendant trois semaines ils m'appliquent ce pansement.
02:29 Une fois que j'ai retrouvé de la peau saine pour pouvoir faire de la greffe sur mes jambes,
02:33 ils prélèvent de la peau dans mon dos principalement
02:36 et cette peau ils l'étirent quatre fois pour avoir une plus grande superficie
02:41 pour pouvoir greffer toutes mes jambes.
02:43 Ma greffe a eu lieu le 28 août et je suis sorti le 9 octobre
02:48 donc je suis resté encore deux mois au CHU.
02:50 Le moral ça allait à peu près.
02:52 J'ai eu beaucoup de visites, j'ai eu de la chance d'être sur Nantes
02:55 et d'être proche de mes amis et de ma famille.
02:58 Plus les jours passent plus, je me rends compte que oui j'aurais pu la même vie qu'avant.
03:01 Il y a des choses que je pourrais pu faire ou que je ferais différemment.
03:04 Je me rends compte aussi que j'aurais pas de graves séquelles et du coup ça me rassure.
03:09 Je me rappelle très bien de la première fois où j'ai vu ma tête, mon visage dans la miroire.
03:14 C'était dans l'ascenseur au CHU.
03:16 J'étais un peu choqué parce que j'avais pas du tout la même tête qu'avant.
03:21 Et mon corps je l'ai vu progressivement parce qu'au début j'étais bandé de la tête au pied.
03:27 Et au fur et à mesure de la cicatrisation, ils enlevaient les bandes
03:30 donc ça commençait peut-être les bras, après le torse et ainsi de suite.
03:34 Sur le coup ça m'a pas... J'ai pas été choqué plus que ça parce que c'était encore en cicatrisation.
03:41 Et maintenant c'est plus difficile, j'ai plus de mal à l'accepter.
03:45 Au niveau de mes bras, les cicatrices sont quand même très voyantes.
03:49 C'est pas les cicatrices définitives mais c'est un peu plus dur maintenant à l'accepter qu'au début.
03:53 Quand j'arrive à Karpap, je pouvais pas prendre ma douche, je pouvais pas aller aux toilettes,
04:05 je ne pouvais pas me déplacer de mon lit à un fauteuil roulant par exemple.
04:10 Il fallait un transfert avec un filet.
04:12 Aujourd'hui il y a encore quelques séquelles motrices qui vont sans doute durer encore.
04:16 C'est pour ça que j'ai encore à travailler.
04:18 Même en rentrant chez moi, je vais continuer d'avoir des soins en libéral.
04:21 Je sais pas combien de temps ça va durer mais il va falloir encore que je travaille longtemps
04:24 avant de retrouver vraiment une motricité, on va dire, classique, normale.
04:28 Moi j'estime à 80-90% que j'ai récupéré ma motricité d'avant.
04:34 Donc il reste plus grand chose mais il va falloir aller les chercher ces 10-20%.
04:40 L'accident a eu lieu il y a 7 mois.
04:42 Ce que je me dis de ces 7 derniers mois c'est que c'était une épreuve à parcourir,
04:46 une épreuve de la vie.
04:49 C'est un accident bête, c'est arrivé, c'est comme ça, maintenant il faut faire avec et puis il faut avancer.
04:53 De toute façon en sortant de réanimation, j'étais un peu trop optimiste,
04:57 j'avais dit qu'à Noël j'étais sorti.
04:59 Bon ça s'est joint à un mois près mais je m'en sentais capable.
05:01 Le mental pour s'en sortir, il a toujours été là et surtout l'entourage qui a toujours été là
05:06 et qui m'a vachement soutenu et beaucoup aidé.
05:09 Sans eux je ne suis pas sûr que j'en serais là.
05:12 Ça veut dire que s'ils n'avaient pas été là et qu'ils ne m'avaient pas porté,
05:15 je pense sincèrement que je serais soit encore en réanimation, soit je serais mort.
05:20 Mon pronostic vital a été engagé pendant 2 mois à peu près.
05:23 Ces 2 mois-là je ne me rappelle pas donc je n'ai pas eu trop cette sensation de faire face à la mort,
05:27 je ne m'en suis pas rendu compte.
05:29 Aujourd'hui je suis heureux d'être là, de revoir mes enfants, de rentrer chez moi,
05:33 de retrouver ma vie d'avant et mon quotidien.
05:36 [Musique]

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