L'actrice Vahina Giocante témoigne au sujet de l'inceste qu'elle a subi de la part de son père pendant son enfance et évoque sur son soutien à Judith Godrèche
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00:00 Nous accueillons Vahina Djokante, actrice, autrice.
00:04 Bonjour Vahina Djokante.
00:05 Bonjour, fraîchement autrice.
00:07 Accords Ouverts, c'est votre récit, le livre, c'est aux éditions Robert Laffont.
00:12 C'est de l'inceste dont il s'agit.
00:15 Et oui, sujet...
00:16 Subi.
00:18 Sujet lourd mais nécessaire.
00:20 Et c'est votre père.
00:20 Oui.
00:21 Et pourquoi justement avoir décidé de raconter ce sujet, comme vous le dites, lourd, très intime,
00:26 et raconter d'une façon très simple, pour faire passer quel message ?
00:31 On va rappeler que votre enfance a été abîmée par cette relation incestueuse.
00:36 À partir de l'âge de 5 ans.
00:37 De 5 ans jusqu'à 12 ans.
00:38 Pourquoi maintenant ? Parce que je suis suffisamment réparée pour en parler.
00:43 Parce que j'avais besoin aussi de parler de réparation, de reconstruction possible.
00:48 C'est pas tellement un discours qu'on entend.
00:51 Et aussi pour abattre cet énorme tabou.
00:55 C'est-à-dire que je me suis rendue compte que déjà quand on est victime,
00:59 on n'a pas nécessairement envie d'en parler.
01:01 C'est pas quelque chose qui est facile.
01:02 C'est pas quelque chose qui est facile non plus à entendre.
01:05 Et ça met dans une espèce de gêne et de malaise.
01:08 J'ai beaucoup de témoignages de gens qui me disent "je suis désolée de vous témoigner mon histoire".
01:13 Et je me dis "mais non, on ne devrait pas avoir à s'excuser de ce qu'on a subi".
01:17 Donc c'est une façon pour moi de contribuer à abattre ce tabou.
01:21 Libérez la parole, ça a duré 7 ans.
01:24 Vous n'en avez parlé que 5 ans plus tard, à l'âge de 17 ans,
01:28 lorsque vous avez pris conscience que votre sœur vivait les mêmes atrocités.
01:33 Et là, finalement, pour vous, ça a été comme un choc, une prise de conscience
01:36 que ça avait été très destructeur pour vous,
01:38 mais ça l'a été maintenant pour votre sœur, qu'il fallait forcément réagir ?
01:42 Oui, en fait, ce qui est délicat, c'est qu'il n'y a pas forcément toujours de la douleur physique ou de la violence.
01:47 Et donc c'est extrêmement difficile de comprendre le mécanisme de destruction interne.
01:53 Et il y a aussi une amnésie traumatique, c'est-à-dire que souvent, il y a un état de sidération,
01:58 et donc une amnésie traumatique.
01:59 C'est pour ça que la prescription, elle est complètement aberrante,
02:03 qu'elle devrait totalement être abolie,
02:04 parce que sur les viols contre les enfants et les violences sexuelles,
02:08 on devrait vraiment abolir la prescription.
02:10 Mais cet insecte, il se manifestait comment ?
02:13 Qu'est-ce que faisait votre père ?
02:15 J'en parle très précisément en page 20 du livre,
02:17 donc je n'ai peut-être pas rentré de nouveau dans les détails sordides,
02:20 mais il se manifeste par des caresses et plus.
02:26 Et c'est des échanges sexuels, c'est des échanges sexuels entre un père et une fille.
02:33 Et votre mère ?
02:35 Ma mère ne vivait pas, ils étaient séparés.
02:39 Ma mère, elle a eu un petit doute quand j'ai décidé de ne plus le voir à l'âge de 11 ans,
02:47 et je ne lui ai pas avoué à ce moment-là.
02:51 Et ma mère m'a crue tout de suite, donc elle a été un soutien.
02:55 Ça aussi, c'est dur quand les mères, aujourd'hui,
02:58 défendent leurs enfants et sont accusées de manipulation.
03:02 Ma mère a été aussi accusée de manipulation par mon père,
03:04 mais ça n'a pas marché, le juge n'a pas...
03:07 Vous vous avez donc pris conscience à 17 ans,
03:09 et là, vous avez la force de porter l'affaire en justice.
03:12 Donc il y a un procès.
03:14 Et au moment du procès, c'est l'un des moments les plus forts du livre,
03:17 votre père vous rend coupable de ce qu'il vous a fait subir.
03:21 Il y a cette phrase qui dit à l'audience,
03:24 "Ma fille a toujours été dérangée et portée sur la chose.
03:27 À 5 ans, elle venait me harceler quand je prenais mon bain pour jouer avec mon sexe."
03:33 Et à ce moment-là, le juge le regarde avec des yeux écarquillés.
03:38 Il prend le parti de jouer son jeu, il s'engouffre dans la faillite de votre père,
03:42 et il lui dit, "Mais ça n'a pas dû être facile, ça, mon pauvre,
03:44 d'être agressé sexuellement par votre fille de 5 ans."
03:48 - Oui, c'est assez...
03:49 - Et dans le déni et dans l'accusation, c'était de votre faute, en fait.
03:52 - Mais c'est tristement classique, c'est-à-dire que c'est...
03:55 La lâcheté tend à projeter la responsabilité sur les autres.
03:57 Donc oui, il y a à la fois de la lâcheté et en même temps de se dire,
04:00 "Mais sa vie, à ce moment-là, ça arrête pour lui."
04:02 Et donc il cherche toutes les excuses possibles, enfin il se débat comme il peut,
04:07 mais c'est effectivement ce qui va le perdre.
04:09 C'est que je pense que le fait de m'accuser, moi, à cet âge-là,
04:14 c'est ce qui va le perdre aux yeux de la justice.
04:17 C'est exactement ça, c'est une sorte d'aveu.
04:19 - Mais il y a un moment où, quand vous en parlez, ça vous coupe aussi, la famille.
04:25 - Ah oui. Oui, oui, ça c'est pareil, c'est très classique,
04:28 c'est-à-dire que souvent, celui qui parle, c'est celui qui dégoupille...
04:32 C'est pas celui qui pose la grenade à terre, mais c'est celui qui dégoupille
04:34 et donc effectivement le rend responsable de la destruction d'une famille,
04:38 alors que c'est...
04:39 - Et vous réagissez comment à ce moment-là ?
04:41 Parce que ça se retourne contre vous, alors que c'est vous la victime, effectivement.
04:45 - Oui, c'est la double peine.
04:48 C'est pour beaucoup de victimes, c'est la double peine,
04:49 c'est-à-dire qu'on est effectivement rejeté, écarté,
04:51 on est vraiment le mouton noir de la famille.
04:54 Et c'est presque ça qui est finalement le plus difficile,
04:56 c'est de se dire "mais pourquoi est-ce que je dois porter la responsabilité
05:00 de cet acte qui a été posé sur moi ?"
05:04 On perd un peu tout, oui.
05:05 - Votre père a été condamné à trois ans de prison, dont un avec sursis.
05:10 Ce qui est quand même étonnant dans ce livre,
05:12 c'est que ce livre se termine par une lettre d'amour
05:15 que vous écrivez à votre père, et qui commence par ces mots
05:19 "Papa, ce livre est un cri d'amour, le cri d'amour d'une petite fille à son père."
05:24 Il faut vraiment sacrément de la résilience pour écrire cela.
05:29 - Oui, ça peut surprendre.
05:30 C'est un livre aussi...
05:32 L'aboutissement de cette lettre, c'est le pardon qui m'a aidée.
05:36 - Vous avez demandé pardon, lui ?
05:39 - À un moment donné, oui.
05:41 Dans l'intimité, oui.
05:45 - En s'expliquant ?
05:46 - Non, je n'ai jamais eu d'explication.
05:49 - Il avait une faille, une fêlure, quelque chose ?
05:52 - Certainement, pour faire ça, je pense que ce sont des gens qui sont malades,
05:56 qui ont probablement eu la même chose.
05:57 - Mais lui, il n'a pas cherché à l'expliquer ?
05:59 - Non, c'est très difficile d'expliquer l'incompréhensible.
06:05 Je pense que lui-même, peut-être, ne sait pas.
06:08 Et pourquoi j'ai terminé par cette lettre ?
06:10 - Parce que c'est pour être en paix avec vous-même ?
06:12 Il faut vous réconcilier ?
06:14 - Non, oui, peut-être pour être en paix,
06:17 mais non, c'est vraiment parce que je pense que quand on est un enfant,
06:21 on a de l'amour pour ses parents, malheureusement,
06:24 quelles que soient les choses terribles qu'ils nous font.
06:27 On a une responsabilité en tant que parents, mais il y a toujours cette...
06:33 - Moi, j'ai eu du mal à la comprendre, cette lettre, je vous le dis franchement,
06:35 parce qu'il y a quatre lettres, si je me souviens bien, dans votre livre.
06:37 - Non, il y en a plus.
06:38 - Oui, mais il y a une lettre aux hommes,
06:40 une lettre à votre sœur, une lettre à votre mère,
06:42 et puis ça se termine avec une lettre à l'homme de votre vie, à votre amoureux,
06:46 et puis la lettre à votre permis.
06:48 Quand vous dites, à un moment, vous écrivez,
06:50 "Je te transmets ce pardon comme un trésor à l'enfant que tu as été,
06:55 cet enfant brisé qui s'est construit en hurlant intérieurement lui aussi."
06:59 - En fait, souvent, les bourreaux ont été des victimes.
07:03 Moi, à un moment donné, j'ai imaginé que mon père avait été un enfant,
07:07 parce qu'il a été un enfant.
07:08 - Bien sûr.
07:09 Mais vous écrivez quelque chose, vous ne savez pas, vous n'avez pas la réponse.
07:11 - Au moment où il a été cet enfant, il était un enfant pur,
07:15 c'est-à-dire que tous les enfants sont purs.
07:17 - Il aurait lui-même subi un inceste ? J'essaie de comprendre.
07:20 Il aurait reproduit quelque chose qu'il aurait subi lui-même ?
07:22 - C'est possible et c'est fort probable.
07:24 - C'est une hypothèse ?
07:25 - Mais vous ne le savez pas.
07:26 - Je ne le sais pas, mais c'est ce que je pense le plus probable.
07:30 - Vous écrivez des lettres aux hommes aussi.
07:32 - Et après, tous les victimes ne sont pas des bourreaux non plus.
07:34 - Bien sûr.
07:35 - Il est en vie, votre père ?
07:36 - Oui.
07:37 - Vous le voyez ?
07:38 - Non.
07:39 - Vous lui envoyez ce livre ?
07:40 - Non.
07:41 - Vous l'avez pardonné, mais vous ne le voyez pas ?
07:42 - Non, on peut pardonner et ne pas vouloir être confronté à la toxicité de quelqu'un.
07:48 J'ai pardonné pour moi aussi,
07:50 j'ai pardonné pour ne plus lui donner le pouvoir de mise en charge de ma vie.
07:53 Le pardon, c'est quelque chose qu'on n'est pas obligé d'accorder,
07:57 mais pour moi, c'était un peu la cerise sur le gâteau de la guérison.
07:59 C'était une façon pour moi de retrouver ma liberté.
08:01 - Est-ce que c'est aussi un témoignage, ce livre,
08:04 que vous envoyez à toutes les jeunes femmes qui peuvent avoir connu ce que vous avez connu
08:07 pour dire qu'on peut avancer, on peut s'en sortir, on peut se construire derrière ?
08:12 - Bien sûr.
08:13 Ce livre, je ne l'ai pas écrit pour moi.
08:14 Je ne l'ai pas écrit pour que vous me plaigniez.
08:16 Je l'ai écrit vraiment pour me dire qu'il y a 160 000 enfants par an,
08:20 chaque année, qui vivent ça.
08:22 Et donc, c'est très isolant, l'inceste.
08:25 On ne se parle pas les uns avec les autres.
08:26 On ne sait pas qui.
08:27 Il y a trois enfants par classe, on ne sait pas qui sont ces trois enfants.
08:32 C'est un tabou gigantesque.
08:34 Et donc, c'est aussi pour inviter ces trois enfants, toutes ces femmes, ces hommes,
08:38 parce qu'il n'y a pas de genre, à se montrer à la lumière du jour,
08:42 à demander de l'aide s'ils en ont besoin et à ne plus avoir honte.
08:45 - Mais vous écrivez une lettre aux hommes, d'une manière générale aussi.
08:48 - Oui.
08:49 - Pourquoi ?
08:50 - Dénoncer les hommes, le patriarcat, l'homme violeur potentiel, abuseur potentiel.
08:56 - Vous l'avez lu, cette lettre ?
08:57 - C'est pour ceux qui nous regardent.
08:58 - Non, parce qu'en fait, on est dans une période très clivante et très polarisante.
09:04 Et justement, j'ai voulu cette lettre pour leur dire, je ne suis pas en colère.
09:09 Je ne dis pas que je ne les ai jamais été.
09:11 Mais je leur dis aussi, je ne vous vois pas comme des ennemis,
09:15 mais j'aurais aimé que vous soyez plus souvent des alliés.
09:18 Et je trouve que c'est important d'essayer de se comprendre entre les hommes et les femmes.
09:26 C'est important.
09:27 On arrive à un moment où cette fracture est telle
09:30 qu'on doit chacun faire un chemin l'un vers l'autre pour se respecter profondément,
09:37 pour s'écouter aussi.
09:38 - Alors il y a aussi un autre récit dans ce livre,
09:42 c'est celui d'une femme de 17 ans qui fait du cinéma.
09:46 Un peu ce qu'a fait aussi Judith Godrech, très jeune,
09:50 et qui rencontre Benoît Jacot, comme Judith Godrech.
09:53 Je sais qu'au départ, vous ne voulez pas forcément en parler.
09:56 Et on vous a incité à raconter ce que vous avez vécu avec lui
09:58 sur le tournage d'un film qui s'appelle "Pas de scandale",
10:04 qui porte mal son nom, si je m'excuse.
10:06 Et finalement, c'est aussi une façon de soutenir Judith Godrech.
10:10 Racontez ce que vous avez vécu avec Benoît Jacot, ce réalisateur qui,
10:12 aujourd'hui, rappelons-le, subit une plainte de Judith Godrech
10:16 pour viol avec violence sur mineurs de moins de 15 ans.
10:19 - Oui, c'est un acte de sororité.
10:21 C'était une façon pour moi, si jamais il voulait la poursuivre en diffamation,
10:26 qui est mon témoignage aussi présent là, quelque part, au cas où.
10:34 Et non, ce livre n'est pas dans une démarche de condamner quiconque,
10:40 mais de révéler une réalité, c'est-à-dire une réalité de l'époque.
10:44 - Vous n'avez pas cité les noms, mais vous avez cité un nom, celui de Benoît Jacot.
10:46 - Mais je l'ai cité justement parce que Judith en a parlé.
10:50 Et en fait, au départ, je ne l'ai pas cité et je l'ai cité tardivement.
10:53 J'ai pris la décision avec mon éditrice de l'oeuvre.
10:56 - Pour dire à tout le monde, attendez, elle ne raconte pas n'importe quoi,
10:59 parce que je sais ce qu'elle a vécu.
11:01 - Oui, parce que plus on est nombreuses, plus on est plus fortes, en fait.
11:07 Je crois que c'est important de se soutenir si on a vécu quelque chose de similaire,
11:10 de dire "tu n'es pas seule".
11:12 - Il y a d'autres noms que vous avez en tête ?
11:15 - Vous ne les citez pas, mais vous racontez.
11:18 - Personnalités ?
11:19 - En tout cas, je ne vous les donnerai pas ici, c'est sûr.
11:21 - Non, mais ils se sont mal comportés.
11:24 Ça peut être aussi comme un avertissement en disant "voyez, attention".
11:27 - Mais bien sûr qu'il y a plein de réalisateurs qui se sont mal comportés.
11:30 D'ailleurs, c'est pour ça que le milieu du cinéma est si silencieux.
11:34 C'est parce que chacun un peu tremble en se disant
11:37 "quelle va être la prochaine tête qui va tomber ?"
11:40 Mais je ne suis pas là pour faire tomber des têtes.
11:42 Je suis là pour raconter un système.
11:44 - C'est le problème justement.
11:45 Si ces têtes ne tombent pas, ils doivent se dire "je peux continuer".
11:47 - Chacun doit prendre sa part.
11:49 C'est-à-dire que moi j'ai pris ma part.
11:52 Ce livre, c'est ça.
11:54 Je pense que celles et ceux qui ont la force et la capacité...
11:59 Ce n'est pas anodin, ce n'est pas facile de dénoncer quelqu'un.
12:01 C'est très très dur.
12:03 On est justement mis à l'écart, on est pointé du doigt, on est stigmatisé.
12:06 Il faut beaucoup de force, il faut beaucoup de courage, il faut être bien entouré.
12:09 - On est exclu du monde du cinéma un peu ?
12:11 - On peut l'être sûrement.
12:13 Oui, peut-être moins maintenant, mais je ne sais pas.
12:15 Franchement, moi je me suis exclue moi-même.
12:17 Je ne peux pas parler pour les autres.
12:19 Mais je pense que je ne vais pas aller dénoncer des choses pour les autres.
12:23 Chacune doit faire...
12:25 - Ce que je lis aussi, c'est quand même que ces jeunes filles...
12:27 Vous étiez une jeune fille à 17 ans, comme Julie Gaudrech,
12:30 propulsée dans un monde adulte de cinéma,
12:32 où on parle beaucoup de désirs,
12:35 des désirs parfois entre le réalisateur et son actrice.
12:38 Et ces actrices ne sont pas protégées, vous n'étiez pas protégées finalement.
12:40 On ne protège pas ces jeunes mineurs qui sont dans un monde adulte ?
12:45 - Non, il n'y avait aucune protection.
12:46 Je pense même que c'est un niveau de conscience.
12:48 C'est-à-dire que les gens ne se rendaient pas compte de...
12:51 C'était presque même un fait accepté par tous, un peu...
12:58 Oui, et puis c'est vrai que la difficulté aussi,
13:01 c'est que la notion de désir, elle est très présente dans le cinéma.
13:05 Désir créatif, Pygmalion, Muse, il y a toute cette notion-là.
13:09 - Et il y a des réalisateurs qui abusent de ces jeunes filles de 17 ans ?
13:12 - Oui, on fait des scènes d'amour au cinéma.
13:15 - On vous demande de vous déshabiller ?
13:17 - Bien sûr, vous avez un super hiérarchique
13:19 qui peut vous demander dans le cadre du travail
13:21 de vous mettre à poil et de simuler un acte sexuel.
13:24 Donc c'est quand même la porte ouverte à tous les...
13:27 - Mais vous l'avez senti, notamment avec Benoît Jacot,
13:29 que ce n'était plus le désir d'un réalisateur,
13:31 mais c'était plutôt le désir d'un pervers en fait.
13:33 - Ça se sent, évidemment.
13:35 - Vous l'avez senti quand même à 17 ans, vous aviez une maturité pour ça.
13:38 - Alors à 17 ans, j'étais aussi en train de porter plainte contre mon père,
13:40 donc la maturité, je l'avais, ça c'est sûr.
13:43 - C'est de lui reconnaître que c'était quand le prédateur est là, en fait.
13:48 - Oui, ça se sent.
13:52 Après, on...
13:53 - Est-ce qu'il faudrait protéger, parce que je vous dis, j'en parle beaucoup,
13:56 elle dit "mec, pour une commission de requêtes",
13:57 mais protéger ces jeunes filles qui démarrent dans le cinéma
13:59 et qui sont peut-être parfois plus naïves,
14:01 qui ne se rendent pas compte de ce qui peut se passer ?
14:03 - Vous savez, le cinéma, c'est un microcosme,
14:05 c'est un petit monde d'entre soi au milieu du grand monde.
14:09 Je pense qu'on doit protéger l'enfance de manière générale
14:12 et la jeunesse de manière générale.
14:14 Et c'est ça aussi le but du livre, c'est qu'au-delà du cinéma,
14:17 qui est le microcosme du cinéma, en même temps, c'est le reflet de la vie.
14:22 Et donc, quelque part, on doit montrer l'exemple, ça c'est sûr.
14:24 Mais là, il y a quelque chose qui se joue,
14:26 qui est vraiment de l'ordre de la santé publique et d'être vraiment conscient.
14:29 Je ne sais pas si vous avez des filles, des enfants, mais voilà,
14:31 c'est très important de la prévention, de leur donner des outils,
14:35 de leur donner les armes qui vont leur permettre de se défendre et de se protéger.
14:39 Et nous, de les protéger, nous tous.
14:42 - Et puis justement, puisqu'on parlait de protection et de libération de la parole,
14:46 il y a un numéro de téléphone qui existe, c'est le 119.
14:49 On peut appeler, c'est 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, l'appel est gratuit.
14:54 Allo, Enfance en danger, le 119.
14:57 Si vous êtes victime, si vous avez entendu parler de quoi que ce soit,
15:01 Vahina Jokante, à corps ouvert.
15:04 Merci aux éditions Robert Laffont.
15:05 Merci d'être passée par BFM Story.