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Transcription
00:00 On considère que les femmes, quand elles l'ouvrent un peu trop,
00:02 elles sont hystériques alors que les hommes sont en colère.
00:04 Je voudrais vraiment que plus jamais on puisse avoir un Gérald Darmanin
00:08 qui sur un plateau dise à une journaliste
00:11 "Calmez-vous madame, ça va bien se passer".
00:12 La maladie hystérique est une maladie qui a toujours existé
00:19 et qui a touché non seulement les femmes, mais aussi les hommes.
00:22 La réalité de l'hystérie, c'est une façon d'exprimer des émotions
00:27 qui passent par le corps.
00:28 Ça signifie aussi que c'est la parole qui ne peut pas s'exprimer autrement.
00:32 Aujourd'hui, on parle beaucoup de libération de la parole,
00:34 ce qui explique aussi que l'hystérie féminine,
00:37 elle a tendance à disparaître.
00:42 Les femmes peuvent parler,
00:44 même si on leur continue à leur envoyer qu'elles parlent de manière hystérique.
00:47 On est au 5e siècle avant Jésus-Christ,
00:51 on constate que les femmes ont des symptômes un peu inexpliqués,
00:55 qu'on appelle la boule au ventre,
00:56 c'est-à-dire des symptômes d'angoisse, la boule dans la gorge.
01:00 Comme on ne sait pas les expliquer
01:01 et que les hommes ne peuvent pas avoir ce genre de symptômes
01:04 parce que ça voudrait dire de la faiblesse,
01:06 on est sur le compte de l'utérus, puisque l'utérus, les hommes n'en ont pas.
01:09 C'est la même époque que Platon,
01:11 qui considère que les femmes sont des hommes dégénérés.
01:14 Le premier grand médecin, qui est Hippocrate,
01:17 crie un traité sur les maladies des femmes.
01:19 Les femmes ont à l'intérieur d'elles une chose qui s'appelle l'utérus,
01:23 d'où l'hystérie, qui donne des symptômes.
01:25 Elles ne sont pas tout à fait maîtresses
01:29 de ce qui se passe à l'intérieur d'elles-mêmes.
01:31 La meilleure façon de maîtriser cet utérus,
01:35 c'est de les engrosser, comme ça l'utérus est bien calé.
01:38 Il y a deux écoles, il y a soit l'abstinence,
01:40 parce que ça excite trop l'utérus,
01:42 soit au contraire, bien le lubrifier régulièrement.
01:46 Mais évidemment la sexualité, tout à fait hétérosexuelle,
01:49 puisque c'est l'homme qui est là pour protéger et guérir la femme hystérique.
01:54 Le Moyen-Âge, les sorcières et les sorciers
01:58 sont considérés comme possédés par le diable
02:00 parce qu'ils expriment par leur corps des choses que les autres ne ressentent pas.
02:04 Les médecins sont appelés en expert pour savoir si c'est la simulation.
02:08 Il y a le test de l'aiguille, on rentre une aiguille dans une partie du corps,
02:11 par exemple le sein, parce que c'est un organe sexué, donc c'est mieux.
02:14 Si la femme ne ressent rien, c'est qu'elle est possédée par le diable.
02:17 On sait aujourd'hui que ce genre de symptômes,
02:20 ce sont des symptômes hystériques,
02:21 parce que l'hystérie peut provoquer des paralysies.
02:25 Cette histoire d'utérus qui se balade,
02:29 on se rend compte que grâce à l'anatomie,
02:32 que l'utérus n'est pas un petit animal,
02:35 il est surtout relié au nerf,
02:36 et que probablement l'hystérie est une maladie nerveuse
02:40 et pas une maladie de l'utérus.
02:41 Et c'est ce qui permet au XVIIIe siècle de faire passer,
02:44 de dégenrer finalement l'hystérie.
02:46 La révolution, grand retour en arrière patriarcal,
02:51 les hommes sont forts, les femmes sont faibles.
02:53 La colère féminine est quelque chose de très très très mal,
02:55 toujours aujourd'hui.
02:56 Donc au XIXe siècle, la femme est discrète,
02:59 elle est soumise, elle est aimante,
03:01 elle ne fait pas d'esclandres,
03:03 elle est fidèle bien sûr.
03:04 Les femmes qui sont un peu trop émotives,
03:08 soit on les marie pour les calmer,
03:10 soit on les enferme à l'hôpital.
03:13 Et c'est comme ça que Charcot va se retrouver avec
03:16 des patientes dont on ne sait pas quoi faire.
03:18 Quand Freud commence à vraiment s'intéresser à l'hystérie,
03:21 qui est la grande maladie mystérieuse de l'époque,
03:25 il y a un gynécologue qui lui dit "écoutez,
03:27 ce n'est pas très compliqué, la guérison de l'hystérie,
03:30 c'est pénis normal à dose régulière".
03:32 C'est drôle parce qu'il y a un gynécologue
03:33 qui développe un appareil qui était censé
03:35 justement guérir les hystériques
03:37 et qui en fait s'avère un vibromasseur extrêmement efficace.
03:40 Quand je l'ai fait mes études de psy à 15 ans,
03:44 à l'époque les profs considéraient que l'hystérique
03:47 était une femme frustrée.
03:50 Il y avait une méconnaissance absolument totale
03:52 de l'anatomie sexuelle féminine.
03:53 Nous, on sait aujourd'hui que l'hystérie,
03:56 c'est quelque chose qui existe toujours.
03:58 On sait quels sont ses symptômes,
04:00 c'est-à-dire effectivement des crises d'angoisse,
04:02 toutes les manifestations d'angoisse possibles et imaginables.
04:05 Moi, je vais faire une psychologue.
04:07 Je pourrais avoir un diagnostic de "vous êtes hystérique".
04:10 Le diagnostic d'hystérie ne se pose jamais de cette façon-là.
04:14 Je n'ai jamais dit à aucun patient ou patiente
04:17 "compte tenu de tout ce que vous me dites,
04:18 je pense que vous êtes hystérique".
04:19 Ne serait-ce que parce que c'est très péjoratif.
04:22 C'est-à-dire que l'hystérie est tellement associée à une insulte
04:25 qui est vraiment la faiblesse des femmes,
04:27 leur incapacité à maîtriser leurs nerfs,
04:30 sur les violences conjugales.
04:32 La phrase typique de "elle l'a bien cherchée",
04:34 "elle m'a énervée" a pu justifier des violences absolument terribles
04:38 jusqu'à Bertrand Cantat expliquant que Marie Trintignant
04:43 était complètement hystérique et qu'elle l'a poussée à bout
04:45 et qu'en fait, s'il la cognait, c'était de la légitime défense.
04:48 C'est l'insulte sexiste la plus facile.
04:50 Ça sous-entend que t'es un peu malade,
04:54 tu ne sais pas très bien ce que tu dis,
04:55 t'es pas maîtresse de tes nerfs.
04:56 C'est un peu quand on n'a plus rien à dire.
04:59 Et en fait derrière, il y a l'idée que quand même,
05:01 c'est tellement plus simple d'être entre hommes.
05:03 [Musique]

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