Grand témoin : Giulia Foïs, journaliste et autrice de « Ce que le féminisme m'a fait » (Flammarion)
GRAND DÉBAT / La fin des PFAS : quand et comment ?
« Le récap » par Valérie Brochard
Jeudi 4 avril 2024, les députés vont discuter la proposition de loi de Nicolas Thierry visant à « protéger la population des risques liés aux PFAS ». Ces « polluants éternels » sont des produits chimiques synthétiques utilisés par l'industrie et qui se trouvent par exemple dans les vêtements imperméables, les poêles ou encore les produits cosmétiques. Les dangers pour la santé liés au PFAS, notamment en ce qui concerne le développement de cancers, avaient déjà fait l'objet d'un rapport du député démocrate Cyrille Isaac-Sibille (Rhône), publié en janvier 2024. La proposition de loi actuelle demande « d'interdire la fabrication, l'importation, l'exportation et la mise sur le marché des produits contenant des PFAS ». Elle propose également un système « pollueur-payeur » qui obligerait les entreprises qui rejettent des substances dans l'environnement à financer la « dépollution » à travers une redevance. Cependant, le secteur industriel, notamment le groupe SEB, s'inquiète d'une éventuelle suppression d'emplois si la proposition de loi est adoptée par les députés. Les intérêts économiques doivent-ils prévaloir sur les enjeux écologiques ?
Invités :
- Cyrille Isaac-Sibille, député Modem du Rhône
- Nicolas Thierry, député écologiste de Gironde
- Camille Étienne, militante écologiste
- En Skype : Olivier Balas, vice-président de l'Union des industries textiles
GRAND ENTRETIEN / Giulia Foïs : transformée par le féminisme !
Après avoir publiquement raconté le viol qu'elle avait subi dans son livre « Je suis une sur deux » en 2020, la journaliste Giulia Foïs revient avec un nouvel ouvrage très personnel. « Ce que le féminisme m'a fait » retrace tout ce que cet engagement lui a apporté : le « goût de la bagarre » notamment, dans un monde dominé par le patriarcat. Être féministe lui a aussi permis de prendre possession de son corps, un aspect invisibilisé par les générations antérieures de féministes, dont fait partie sa mère. Ce livre est également l'occasion d'une réflexion sur la place des hommes dans le combat féministe. Comment peuvent-ils ainsi rejoindre les femmes dans leur engagement pour plus d'égalité ?
- Grand témoin : Giulia Foïs, journaliste et autrice de « Ce que le féminisme m'a fait » (Flammarion)
LES AFFRANCHIS
- Pierre-Henri Tavoillot, philosophe
- Thomas Lestavel, journaliste indépendant
- « Bourbon express » : Stéphanie Dépierre, journaliste LCP
Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.
Abonnez-vous à la chaîne YouTube LCP - Assemblée nationale : https:/
GRAND DÉBAT / La fin des PFAS : quand et comment ?
« Le récap » par Valérie Brochard
Jeudi 4 avril 2024, les députés vont discuter la proposition de loi de Nicolas Thierry visant à « protéger la population des risques liés aux PFAS ». Ces « polluants éternels » sont des produits chimiques synthétiques utilisés par l'industrie et qui se trouvent par exemple dans les vêtements imperméables, les poêles ou encore les produits cosmétiques. Les dangers pour la santé liés au PFAS, notamment en ce qui concerne le développement de cancers, avaient déjà fait l'objet d'un rapport du député démocrate Cyrille Isaac-Sibille (Rhône), publié en janvier 2024. La proposition de loi actuelle demande « d'interdire la fabrication, l'importation, l'exportation et la mise sur le marché des produits contenant des PFAS ». Elle propose également un système « pollueur-payeur » qui obligerait les entreprises qui rejettent des substances dans l'environnement à financer la « dépollution » à travers une redevance. Cependant, le secteur industriel, notamment le groupe SEB, s'inquiète d'une éventuelle suppression d'emplois si la proposition de loi est adoptée par les députés. Les intérêts économiques doivent-ils prévaloir sur les enjeux écologiques ?
Invités :
- Cyrille Isaac-Sibille, député Modem du Rhône
- Nicolas Thierry, député écologiste de Gironde
- Camille Étienne, militante écologiste
- En Skype : Olivier Balas, vice-président de l'Union des industries textiles
GRAND ENTRETIEN / Giulia Foïs : transformée par le féminisme !
Après avoir publiquement raconté le viol qu'elle avait subi dans son livre « Je suis une sur deux » en 2020, la journaliste Giulia Foïs revient avec un nouvel ouvrage très personnel. « Ce que le féminisme m'a fait » retrace tout ce que cet engagement lui a apporté : le « goût de la bagarre » notamment, dans un monde dominé par le patriarcat. Être féministe lui a aussi permis de prendre possession de son corps, un aspect invisibilisé par les générations antérieures de féministes, dont fait partie sa mère. Ce livre est également l'occasion d'une réflexion sur la place des hommes dans le combat féministe. Comment peuvent-ils ainsi rejoindre les femmes dans leur engagement pour plus d'égalité ?
- Grand témoin : Giulia Foïs, journaliste et autrice de « Ce que le féminisme m'a fait » (Flammarion)
LES AFFRANCHIS
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- Thomas Lestavel, journaliste indépendant
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NewsTranscription
00:00:00 ...
00:00:06 -Bonsoir et bienvenue.
00:00:08 Très heureuse de vous retrouver dans "Ça vous regarde"
00:00:11 ce soir, féministe et très fière de l'être.
00:00:14 N'est-ce pas, Jula Foyce ?
00:00:16 Merci d'être notre grand témoin ce soir.
00:00:18 Ce que le féminisme m'a fait,
00:00:20 chez Flammarion, du bien, beaucoup de bien.
00:00:23 C'est évident, à vous lire, votre livre décoiffe, déborde
00:00:26 de sincérité, d'énergie aussi et même de foi dans les bagarres
00:00:31 amenées avec les hommes pour parvenir à l'égalité.
00:00:34 Les féministes d'hier et d'aujourd'hui
00:00:36 ont des choses à se dire, même si ça crée souvent des étincelles.
00:00:40 On va en parler dans la deuxième partie.
00:00:42 Notre grand débat ce soir, faut-il interdire l'épiphase,
00:00:47 ces polluants éternels et toxiques qui contaminent tout,
00:00:50 travailleurs, consommateurs, nourriture, eau et sol ?
00:00:53 Ces produits chimiques sont utilisés
00:00:56 activement dans l'industrie, peut-on s'en passer ?
00:00:58 Existe-t-il des alternatives ?
00:01:00 Une proposition de loi écologiste s'attaque au sujet.
00:01:03 Nous en débattons dans un instant sur ce plateau.
00:01:06 Enfin, nos affranchis ce soir, la nostalgie pompidou
00:01:08 dans le billet philo de Pierre-Henri Tavoyot
00:01:11 a-t-elle seule en scène face aux députés ?
00:01:13 Ce sera la chronique de Thomas Lestavelle
00:01:16 et Bourbon Express.
00:01:17 Pour terminer, Stéphanie Despierres.
00:01:19 Voilà pour le sommaire.
00:01:20 On y va, Julia Foyce ? Ça vous regarde. Générique.
00:01:23 ...
00:01:35 -L'étendue de la contamination fait froid dans le dos
00:01:38 depuis 80 ans.
00:01:39 Les pays industrialisés produisent des épiphases,
00:01:42 des polluants éternels présents dans les vêtements imperméables,
00:01:46 les poils en téflon, les cosmétiques,
00:01:48 les dissolvants, les peintures et même les médicaments.
00:01:51 Les conséquences graves pour la santé sont établies
00:01:54 et pourtant, personne n'y échappe
00:01:56 puisque ces molécules ultra-résistantes
00:01:59 se retrouvent dans l'air, dans l'eau et dans nos sols.
00:02:02 Alors, qu'est-ce qu'on fait ?
00:02:03 Bonsoir, Cyril Isaac-Semille. -Bonsoir.
00:02:06 -Bienvenue à vous. Vous êtes député modem du Rhône.
00:02:09 Vous êtes, on peut le dire, en première ligne
00:02:11 avec la vallée de la chimie au coeur du bassin lyonnais
00:02:14 dans votre circonscription,
00:02:16 avec les deux géants Arkema et Daïkin,
00:02:18 géants de la chimie,
00:02:20 contre qui, d'ailleurs, le maire de Lyon
00:02:22 a lancé une vaste offensive judiciaire.
00:02:24 Vous êtes l'auteur d'un rapport
00:02:26 commandé par le gouvernement sur le sujet
00:02:28 qui prévoit des propositions de restriction.
00:02:31 Vous débattez avec Nicolas Thierry.
00:02:33 -Bonsoir. -Merci d'être là.
00:02:34 Vous êtes député écologiste de Gironde.
00:02:37 Vous portez la proposition de loi qui sera débattue demain
00:02:40 dans l'hémicycle pour interdire la production,
00:02:43 l'importation, l'exportation d'épiface
00:02:45 et mettre en place une taxe, on va le voir,
00:02:48 d'ailleurs, pour financer la dépollution.
00:02:50 A distance avec nous ce soir, Olivier Ballas.
00:02:52 Bonsoir. Merci d'être là.
00:02:54 Vous êtes le vice-président
00:02:56 de l'Union des industries textiles.
00:02:58 Vous nous direz ce que vous êtes prêts à faire
00:03:00 pour accompagner ce vaste mouvement de dépollution devant nous.
00:03:04 La militante écologiste Camille Etienne,
00:03:06 qui vient de signer un documentaire sur l'épiface,
00:03:09 va nous rejoindre dans un instant.
00:03:11 Julia Foyce, n'hésitez pas à intervenir.
00:03:13 C'est un sujet qui nous concerne tous.
00:03:16 On vous invite à nous joindre.
00:03:18 L'épiface, c'est quoi ? Que prévoit cette proposition de loi ?
00:03:21 Tout de suite, le récap de Valérie Brochard.
00:03:23 (Générique)
00:03:26 ---
00:03:32 -Bonsoir, Valérie. -Bonsoir, Myriam.
00:03:35 -Qu'est-ce que sont les fameux pifaces ?
00:03:37 -Ce sont des substances paires et polyfluorohalkylées.
00:03:40 Pour faire plus simple, on a créé l'acronyme "piface".
00:03:43 Ca vous paraît flou, totalement abstrait,
00:03:46 sauf que, comme le dit Camille Etienne, regardez.
00:03:49 -Vous êtes toutes et tous contaminées.
00:03:53 -Ouh là ! OK. Euh...
00:03:56 -Ouais.
00:03:57 (Bruit de moteur)
00:04:00 -Pour les experts, il est absolument clair
00:04:02 que l'épiface, c'est la crise de pollution
00:04:05 la plus importante que l'humanité ait jamais eue à fronter.
00:04:08 -Ici, les chercheurs se sont intéressés au sang
00:04:11 de 144 adultes et 249 enfants français.
00:04:14 Ils ont montré que 100 % d'entre eux
00:04:16 contenaient des pifaces.
00:04:18 -Ca ne dit rien à personne,
00:04:19 et pourtant, ils sont partout, dans nos cheveux,
00:04:22 dans nos vêtements, dans nos téléphones,
00:04:25 dans mon maquillage, dans nos emballages de nourriture,
00:04:28 dans l'eau du robinet, comme dans l'eau en bouteille,
00:04:31 dans l'air qu'on respire dans notre corps.
00:04:33 Ce sont des molécules créées par l'homme,
00:04:36 totalement artificielles, des liaisons carbone-fluor,
00:04:39 très stables, qui génèrent des propriétés antiadhésives,
00:04:42 imperméables, qui résistent au feu,
00:04:44 utilisées depuis les années 50
00:04:46 dans tous les domaines industriels et les produits de consommation.
00:04:50 Le problème, c'est que leur composition chimique
00:04:52 est indestructible. C'est pourquoi on les appelle
00:04:55 les polluants éternels.
00:04:57 Ces molécules ne se dégradent pas jamais.
00:04:59 C'est une menace pour l'environnement
00:05:01 et pour notre santé, comme le rappelait la députée
00:05:04 Marie-Charlotte Garin.
00:05:06 -Les citoyens sont exposés aux polluants éternels
00:05:09 pour des raisons différentes.
00:05:10 Des légions hépatiques, des maladies thyroïdiennes,
00:05:13 de l'obésité et des problèmes de fertilité.
00:05:16 -Pour alerter sur cette catastrophe sanitaire et environnementale
00:05:19 et tenter de réduire l'utilisation d'épiphase,
00:05:22 Cyril Isaac Sibyl a rendu un rapport
00:05:24 qui contenait 10 propositions, parmi lesquelles mieux définir
00:05:28 l'épiphase, interdire l'épiphase dans les rejets industriels,
00:05:31 obliger toute entreprise à communiquer sur l'utilisation
00:05:35 de ces molécules et les réduire.
00:05:37 Il a inspiré Nicolas Thierry, ici présent,
00:05:39 pour écrire sa proposition de loi,
00:05:41 qui souhaite, dans l'article 1er, interdire la fabrication,
00:05:44 l'importation, l'exportation et la mise sur le marché
00:05:47 des ustensiles de cuisine, des cosmétiques,
00:05:50 du fard pour les skis et des textiles
00:05:52 qui contiennent des épiphases à partir du 1er janvier 2026
00:05:55 dans certains secteurs et dès janvier 2030
00:05:58 pour tous les textiles.
00:05:59 Dans son article 2, vous l'avez dit aussi,
00:06:01 créer une redevance pollueur-payeur
00:06:04 pour les industriels qui rejettent leur épiphase
00:06:06 dans un texte adopté à l'unanimité
00:06:08 en commission du développement durable,
00:06:11 mais qui soulève des interrogations
00:06:13 chez certains élus à droite.
00:06:14 On vous reproche de mettre la charrue française
00:06:17 avant les bœufs européens, puisque l'Allemagne,
00:06:20 les Pays-Bas, le Danemark, la Suède et la Norvège...
00:06:23 -On va revenir à votre chronique.
00:06:25 -On a déjà lancé... Pardon, j'ai pas vu...
00:06:28 Voilà, mais en tout cas, l'Allemagne,
00:06:30 les Pays-Bas, le Danemark, la Suède et la Norvège
00:06:33 ont déjà lancé une procédure d'interdiction globale
00:06:36 sur des espaces qui devraient être soumises
00:06:38 par la Commission européenne en 2025.
00:06:41 Et puis, il y a celles et ceux qui ont peur
00:06:43 pour leurs usines sur leur territoire,
00:06:45 pour leur emploi. C'est le cas de l'entreprise Tefal,
00:06:48 qui produit des poêlés et des casseroles.
00:06:51 Ils sont venus, cet après-midi, devant l'Assemblée,
00:06:54 pour demander un délai.
00:06:55 -Ils visent une interdiction à très court terme.
00:06:58 Pour l'année prochaine, ce qui ne nous laisse pas le temps
00:07:01 pour l'entreprise de se retourner et de fabriquer
00:07:04 son emploi, c'est la réduction de l'emploi.
00:07:07 On ne veut pas rentrer dans une opposition anti-écologie,
00:07:10 mais là, pour la défense de nos emplois,
00:07:12 on est l'une des plus grosses entreprises
00:07:15 de Haute-Savoie, la plus grande de la commune,
00:07:18 et ça mettra mal toute une économie locale derrière nous.
00:07:21 -Est-ce qu'on peut se permettre
00:07:23 d'attendre les restrictions européennes ?
00:07:25 Faut-il privilégier notre compétitivité
00:07:27 au détriment de notre santé ?
00:07:29 Vous aurez 2h, messieurs les députés,
00:07:31 pour rendre vos copies dans l'hémicycle.
00:07:34 -C'est la peine, tout compris pour ce soir.
00:07:36 Merci, Valérie Brochard. On va accueillir Camille Etienne.
00:07:39 Bienvenue. Camille Etienne, on vous connaît bien,
00:07:42 à LCP, puisque vous êtes chroniqueuse
00:07:44 dans "Daphné Rollier", "Maman, j'ai arrêté l'avion",
00:07:47 militante, activiste, écologiste,
00:07:49 et puis vous venez de signer un documentaire
00:07:52 diffusé gratuitement sur YouTube,
00:07:54 depuis une dizaine de jours, 60 000 vues,
00:07:56 sur ce scandale d'Epiphas.
00:07:58 On va venir aux solutions, mais c'est quand même incroyable,
00:08:01 parce que c'est très grave, et personne n'en parle,
00:08:04 depuis un an ou deux.
00:08:05 -Et c'est d'autant plus.
00:08:07 J'ai pas de réponse à cette question.
00:08:09 Il y a 25 ans que le scandale sanitaire a explosé aux Etats-Unis.
00:08:13 Des industries sont traînées devant les tribunaux,
00:08:16 qui font des chèques de dizaines de milliards de dollars
00:08:19 pour éviter des procès. -Il y a eu des films
00:08:21 à Hollywood. -"Darkwater",
00:08:23 j'allais citer ce film-là, qui montre le combat d'un avocat.
00:08:26 Le film se passe au début des années 2000.
00:08:29 En Europe et particulièrement en France,
00:08:31 mais pas qu'en France, le sujet était sous les radars.
00:08:34 Quand j'ai commencé à déposer la proposition de loi,
00:08:37 c'était au début 2023,
00:08:38 en réalité, la plupart des collègues à qui je posais la question,
00:08:42 il fallait me leur épeler le mot.
00:08:44 Moi, le premier, d'ailleurs.
00:08:45 L'enquête du monde a accéléré les choses,
00:08:48 mais c'est une vraie question.
00:08:50 Pourquoi le scandale n'a pas passé la frantique ?
00:08:53 -Il n'y a pas un couvercle posé par l'industrie chimique ?
00:08:56 -Il y a bien des sujets.
00:08:57 On a quand même 25 ans de retard sur un des scandales sanitaires
00:09:01 les plus graves qu'on ait à affronter.
00:09:03 -Camille Etienne, vous vous dites
00:09:05 que c'est la crise de pollution la plus importante
00:09:08 que l'humanité ait connue.
00:09:09 -C'est même pas que moi.
00:09:11 Stéphane Aurel, spécialiste du monde,
00:09:13 une des plus grandes spécialistes en France sur ce sujet-là,
00:09:17 a copiloté cette fameuse carte de Forever Pollution Project
00:09:20 avec 16 pays.
00:09:21 C'est une collaboration hyper intéressante
00:09:24 entre des journalistes d'investigation
00:09:26 et des scientifiques pour nous montrer
00:09:28 à quel point la France et le territoire français
00:09:31 sont contaminés.
00:09:32 Après avoir passé beaucoup de temps avec des scientifiques,
00:09:35 elle m'a dit que quand on recoupe les informations,
00:09:38 on peut vraiment affirmer que c'est la plus grande crise
00:09:41 de contamination auxquelles l'humanité a dû faire face.
00:09:44 -Nos grands-mères, nos mères, avaient quelques intuitions.
00:09:48 Je suis sûre qu'autour de cette table,
00:09:50 on vous dit "attention, il faut pas rayer la poêle en téflon".
00:09:54 Votre film commence comme ça.
00:09:55 Qu'est-ce qui vous a conduit vers ce sujet-là ?
00:09:58 -En réalité, c'est vrai que ma mère m'a toujours dit ça.
00:10:01 Les mamans, on les écoute et on respecte un peu.
00:10:04 Après, on se rend compte qu'elles ont raison.
00:10:06 C'est comme ça que ça s'est passé, en tout cas pour moi.
00:10:09 Je pensais que c'était une question de poils
00:10:12 et que l'entreprise Tefal et le groupe Seb
00:10:14 avaient changé ces pratiques.
00:10:16 C'était écrit sans PFA sur l'étiquette.
00:10:18 On n'était plus en danger.
00:10:20 En creusant le sujet, en passant un peu de temps
00:10:23 avec des scientifiques et des journalistes,
00:10:25 on se rend compte que c'est partout,
00:10:27 pas restreint à l'usage des poils.
00:10:29 C'est dans notre alimentation, dans l'eau potable.
00:10:32 L'équipe de Nicolas fait des tests dans 22 villes.
00:10:35 On a vu que 73 % de l'eau testée est contaminée au polluant éternel.
00:10:39 C'est dans l'eau qu'on boit, dans les aliments qu'on mange,
00:10:42 dans ce pull que je porte.
00:10:43 -Avec des conséquences graves établies
00:10:46 sur la santé, cancer... -Bien sûr.
00:10:48 Je voulais juste dire qu'il ne s'agit pas de jeter nos poils.
00:10:51 On ne peut pas laisser aux consommateurs
00:10:53 tout le devoir d'agir, la manière de se protéger.
00:10:56 La réponse sérieuse ne peut être que politique.
00:10:59 On doit couper le robinet.
00:11:01 -Il y a ce texte de main. On y vient dans un instant.
00:11:04 Peut-être, pour bien comprendre, monsieur le député,
00:11:07 chez vous, parce que vous avez la vallée du Rhône,
00:11:10 comment ils ont réagi, les habitants ?
00:11:12 Parce que c'est récent, quand même,
00:11:14 qu'ils se sont rendus compte qu'ils étaient contaminés.
00:11:17 -Il faut rendre hommage à une équipe de journalistes
00:11:20 qui a été présente.
00:11:21 "Verdeurage", c'était en 2022,
00:11:23 donc ça fait bien avant, effectivement,
00:11:26 que tu aies posé cette PPL.
00:11:27 J'ai été saisi par "Verdeurage",
00:11:29 qui est venu faire une enquête sur ma circonscription
00:11:32 dans la vallée du Rhône, pour prélever l'eau du Rhône.
00:11:35 On a constaté qu'il y avait des taux très élevés...
00:11:38 -Très importants de pollution du Rhône.
00:11:41 -...de monomètre qu'efface.
00:11:42 Tout de suite, je me suis saisi du sujet.
00:11:45 J'ai questionné le gouvernement, à l'occasion d'une question,
00:11:49 et Christo Béchu a pris la conscience du problème.
00:11:52 Et alors, comme tu l'as dit,
00:11:55 c'est un sujet qui, depuis 20 ans, personne n'en parlait.
00:11:59 -Il y a une accélération. -Ce qui fait
00:12:01 que notre majorité, le gouvernement,
00:12:03 s'est saisi du sujet, a mis en place un plan...
00:12:06 -On va venir au silence, mais il y a un silence coupable,
00:12:09 vous le reconnaissez. De qui ?
00:12:11 Qui est responsable de ce silence ?
00:12:13 -Moi, voilà. Je pense... -C'est chez vous.
00:12:15 -Moi, j'ai fait un rapport
00:12:18 pour faire l'état des pollutions
00:12:20 et voir comment on pourrait s'en sortir.
00:12:22 Comment faire marche arrière,
00:12:24 c'est comme ça que j'ai attitulé mon rapport.
00:12:27 La question, je ne me suis pas penché
00:12:29 sur le fait de pourquoi c'est resté sous les radars.
00:12:32 -Vous avez eu votre petite idée,
00:12:34 une intime conviction, non ?
00:12:35 -Non. Moi, je pense qu'on s'est fait intoxiquer
00:12:38 par ces produits, mais tout le monde.
00:12:40 Comme vous dites, ils sont partout.
00:12:42 -Sans le savoir. Il y a des gens qui s'avalent.
00:12:45 -Ce sont des molécules
00:12:47 qui ont un pouvoir extraordinaire.
00:12:48 Elles sont résistantes, elles sont durables.
00:12:51 Au départ, elles étaient réservées pour un usage militaire.
00:12:54 Après, elles se sont diffusées dans tous les secteurs de l'économie
00:12:58 à cause de leur propriété.
00:13:00 On s'est laissé intoxiquer. -C'est qui, ce "on" ?
00:13:03 -C'est nous. C'est nous.
00:13:05 -Rappelez quand même qu'il y a une étude...
00:13:07 -C'est nous, collectivement.
00:13:09 -Personne coupable, parce que tout le monde l'est.
00:13:12 -Il y a une étude de David Denioux, réalisée aux Etats-Unis
00:13:15 par une méta-analyse qui a regardé tous les documents
00:13:18 qui ont été rendus publics grâce au procès,
00:13:21 au travail de journalistes d'investigation
00:13:23 et à des lanceurs d'alerte.
00:13:25 On a pu montrer, avec des preuves à l'appui,
00:13:27 qu'ils étaient au courant de la toxicité de leurs produits
00:13:30 et qu'ils ont fait le choix de ne pas les rendre possibles.
00:13:34 C'est la même chose qu'on a eu sur le tabac,
00:13:36 sur le pétrole,
00:13:37 qu'on a aussi dans les firmes françaises.
00:13:40 Ça demande du temps incompréhensible pour le prouver.
00:13:43 C'est la même histoire face au niveau de confiance
00:13:46 qu'on peut avoir sur la parole de ces groupes-là
00:13:48 quand ils affirment que leurs nouveaux pifas,
00:13:51 leurs nouvelles inventions, leurs nouvelles substances,
00:13:54 n'est pas toxique. -On a la chance d'avoir
00:13:56 à distance un industriel avec nous.
00:13:59 Olivier Ballas, vous reconnaissez que le problème a été passé
00:14:02 sous silence trop longtemps.
00:14:04 Est-ce que les industriels que vous représentez,
00:14:07 pas tous les industriels, du textile seulement,
00:14:09 mais sont, pour partie, responsables ?
00:14:12 -Alors, j'ai un peu de mal avec ce discours
00:14:14 et avec le fait que, justement, on essaie de trouver
00:14:17 des responsables au travers de nos filières
00:14:20 ou au travers des autres filières, bien sûr.
00:14:22 Nous avons, depuis un certain temps...
00:14:26 Nous travaillons sur ce sujet-là,
00:14:28 puisque nous travaillons avec des laboratoires,
00:14:30 des universités, pour trouver des solutions.
00:14:33 Depuis que nous connaissons cette problématique,
00:14:36 puisqu'on la connaît pas depuis 20, 30, 40 ans,
00:14:38 on la connaît depuis peu,
00:14:40 et depuis qu'elle est connue, nous travaillons dessus.
00:14:43 -Monsieur Ballas, les vêtements imperméables,
00:14:46 on a tous, on va pas citer de marques,
00:14:48 mais en tête, ce vêtement qu'on utilise sur le vélo,
00:14:51 notamment sous la pluie,
00:14:52 vous le commercialisez, les industriels de textile continu,
00:14:56 mais pourquoi ?
00:14:57 -Parce que, pour le moment,
00:14:59 on n'a pas de produits de substitution.
00:15:01 Il faut savoir que dans l'épiphase,
00:15:03 il y a deux propriétés.
00:15:04 Il y a une propriété pour la partie eau
00:15:07 que nous arrivons à traiter
00:15:08 et une partie pour la partie grasse
00:15:10 que nous n'arrivons pas à traiter.
00:15:12 Lorsque vous faites du vélo,
00:15:14 vous pouvez avoir votre chaîne qui déraille
00:15:17 et vous vous retrouvez avec des composants gras
00:15:19 qui viennent sur votre vêtement.
00:15:21 Vous pourrez pas nettoyer votre produit.
00:15:24 Notre réflexion, aujourd'hui,
00:15:26 c'est non seulement de trouver un médicament,
00:15:28 mais de trouver un médicament qui soit pas plus complexe
00:15:31 ou plus dangereux que le précédent,
00:15:34 c'est-à-dire qu'il n'y ait aucun effet indésirable.
00:15:37 Notre sujet, c'est vraiment de trouver des solutions.
00:15:40 Aujourd'hui, c'est un sujet mondial,
00:15:42 comme ça a été dit il y a peu.
00:15:44 On a ce même sujet dans l'alimentation.
00:15:46 Moi, je travaille aussi avec des gens dans l'agriculture,
00:15:50 puisque nos produits sont aussi des produits
00:15:52 qui font partie des souterrains et des agricultures.
00:15:55 Donc on fait attention à ne pas mettre...
00:15:58 -C'est une question des alternatives.
00:16:00 Il y a des investissements dans la recherche,
00:16:03 mais tant qu'il n'y a pas d'alternative,
00:16:05 on ne veut pas subir des distorsions de concurrence,
00:16:08 parce que les produits seraient apportés.
00:16:11 On vous entend. Julia Foy, voulez-vous intervenir ?
00:16:13 -Non, je me disais...
00:16:15 On est grands, les consommateurs, on est responsables.
00:16:18 Si moi, demain, on me dit, voilà,
00:16:20 le fameux vêtement de marque, on ne le citera pas...
00:16:23 -On ne doit pas le citer, on peut le citer plusieurs,
00:16:26 mais comme j'en ai qu'une, ça fait de la pluie.
00:16:29 -Il est super, il protège de la pluie, du grain,
00:16:31 mais tu te fous des saloperies dans le corps.
00:16:34 -On a pour l'instant un équivalent qui te permet de ne pas être mouillé,
00:16:38 mais le gras, on n'a pas trouvé, je vais prendre le truc
00:16:41 qui va me permettre de prendre du gras.
00:16:43 Si je suis au courant, est-ce qu'on peut,
00:16:45 en étant responsable, nous, éviter l'épipasse ?
00:16:48 -Non, c'est strictement impossible.
00:16:50 D'ailleurs, des études de l'Inserm,
00:16:52 et moi, j'ai fait le tour de France,
00:16:54 et on a testé les cheveux à chaque fois,
00:16:56 dans chaque circonscription, de 150 personnes.
00:16:59 On avait 94 % de gens qui étaient pollués, contaminés,
00:17:02 et pourtant, on en cherchait que 12, c'est-à-dire 1 000e.
00:17:06 Vous dites quelque chose de très important,
00:17:08 il faut raisonner par usage.
00:17:10 Il y a des usages qui sont essentiels.
00:17:12 On trouve de l'épipasse, par exemple,
00:17:14 dans l'homène médical, les pacemakers, les prothèses,
00:17:17 là, il n'est pas question, il faut des dérogations,
00:17:20 il faut continuer, parce que le bénéfice
00:17:22 est plus important que le risque.
00:17:24 Par contre, quand on parle d'ustensiles de cuisine,
00:17:27 de certains textiles, même s'ils sont moins confortables,
00:17:31 des cosquilles ou des cosmétiques, on peut s'en passer,
00:17:34 évidemment, là, c'est pas un usage essentiel.
00:17:36 Même si on perd un peu en confort,
00:17:38 tous les gens vous diront qu'ils préfèrent préserver leur santé.
00:17:42 C'est par usage qu'il faut raisonner.
00:17:44 -Il y a aussi la question de la pollution dans l'air,
00:17:47 et dans l'eau, ça reste.
00:17:48 Même si on arrêtait de consommer, tout ce qu'on pouvait...
00:17:52 -D'où l'urgence de couper le revenu de la pollution.
00:17:55 -Je vous donne la parole, et on part sur les solutions.
00:17:58 Pour se figurer les choses, on va prendre
00:18:00 la direction de la vallée de la Chimie, au sud de Lyon.
00:18:03 Pierre Bénit est aujourd'hui l'un des endroits
00:18:06 les plus contaminés en France, considéré comme un "hot spot",
00:18:09 la métropole porte plainte contre Arkema, l'usine.
00:18:12 Sur place, reportage Maïté Frémont, Raphaël Lisanbar.
00:18:15 ...
00:18:21 -Là, c'est des courgettes, là.
00:18:24 Puis là, des salades.
00:18:26 -A 80 ans, cet habitant de Pierre Bénit mange depuis 24 ans
00:18:31 ses légumes cultivés au pied d'une usine chimique.
00:18:34 Sauf qu'ici, la terre du potager est ultra contaminée
00:18:38 par un polluant invisible,
00:18:39 déconseillé par l'Etat, donc, de consommer ses légumes.
00:18:43 -Là, le jardin, je ne lâcherai pas.
00:18:45 Moi, je continue à manger, et puis...
00:18:48 Vous savez, regardez, on est pollués.
00:18:50 S'ils nous ont pollués, on est pollués depuis la naissance.
00:18:54 -Les Péphases, vous en aviez entendu parler ?
00:18:57 -On en a entendu parler depuis 2 ans, 1,5-2 ans, pas plus.
00:19:00 -2 ans qu'une enquête journalistique
00:19:02 a révélée aux habitants que l'usine chimique,
00:19:05 située en plein coeur de leur ville,
00:19:07 aurait pollué massivement leur air, leur terre
00:19:11 et même leur eau pendant plus de 50 ans.
00:19:14 -On sent ça depuis 2 ans.
00:19:16 Avant, c'était 15.
00:19:18 -Depuis les années 60, on le sent.
00:19:20 Depuis les années 60. Nous, on le savait pas.
00:19:23 -Ceux qui savaient, ils savaient depuis les années 60.
00:19:27 -Qui savait vraiment ?
00:19:29 Les habitants cherchent à comprendre.
00:19:31 Pourquoi, aujourd'hui, le sol de leur terrain de foot
00:19:34 a-t-il pu être 86 fois plus pollué
00:19:37 que la norme définie par l'OMS ?
00:19:41 Et comment l'eau du Rhône,
00:19:44 où l'usine aurait déversé ses polluants,
00:19:46 a pu être contaminée à plus de 36 000 fois la norme ?
00:19:51 -On a fait les études sur une dizaine de personnes,
00:19:54 seulement une dizaine de personnes à Pierre-Bénit,
00:19:57 les études sur le sang, dont tu faisais partie.
00:20:01 La seule personne qui est un retraité de l'usine,
00:20:06 il a 400 fois la norme de PFOS dans le sang.
00:20:11 Il en est à son 3e cancer.
00:20:13 -Quelles conséquences sur la santé de ces habitants ?
00:20:16 Au sud de Lyon, des réponses concrètes sont attendues.
00:20:20 Il leur est aujourd'hui déconseillé de consommer les oeufs
00:20:23 de leur poulailler, de manger les poissons qu'ils pêchent
00:20:26 autour de chez eux ou de boire l'eau du robinet
00:20:29 pour près de 200 000 d'entre eux.
00:20:31 Même si l'usine affirme ne plus rejeter de PFAS,
00:20:35 ces polluants n'en restent pas moins éternels,
00:20:38 c'est-à-dire qu'ils ne se dégradent pas dans la nature.
00:20:42 -Je précise que cet apportage a retrouvé
00:20:45 sur le site de l'LCP, et c'était Maïté Frémont,
00:20:49 qui vous suivait, Cyril, Isaac, Sybille,
00:20:51 dans votre circonscription.
00:20:53 Quand on voit ça, on se dit que l'urgence est d'interdire.
00:20:56 C'est ce que vous proposez ? On peut le faire ?
00:20:59 -Je le disais à l'instant, c'est par usage.
00:21:01 Partout où on peut le faire et où on n'est pas sur des usages vitaux,
00:21:05 il faut le faire.
00:21:06 -La liste que vous avez mise dans votre proposition de loi...
00:21:10 -Il faut couper le robinet de la pollution.
00:21:12 Plus on perd de temps, c'est permanent.
00:21:15 -Quand on regarde ce qui se passe entre les Etats-Unis et l'Europe,
00:21:19 on s'étonne, parce qu'il y a déjà eu des interdictions,
00:21:22 mais sur les plus dangereux,
00:21:25 mais sur les limites... -Les plus connues
00:21:27 et étudiées. -On ne va pas rentrer
00:21:29 dans les détails, c'est compliqué.
00:21:32 C'est PFOS, acide PFOA et PFHXS.
00:21:35 Mais les limites qui sont fixées en Europe
00:21:38 pour la quantité de pyphas dans l'eau,
00:21:41 elles sont moins strictes qu'aux Etats-Unis.
00:21:44 0,5 microgramme de pyphas par litre d'eau en Europe,
00:21:47 0,0004 microgramme de pyphas aux Etats-Unis.
00:21:51 Ce sont des sources européennes et américaines de l'environnement.
00:21:55 Comment on l'explique, ça ?
00:21:57 -Alors, pour moi, et quelque part,
00:21:59 on va l'étudier demain dans la loi,
00:22:01 comme vous dites, pour moi, l'urgence,
00:22:04 c'est mes concitoyens.
00:22:05 L'urgence, c'est couper le robinet et c'est stopper...
00:22:08 -Vous votez la liste d'interdiction d'usage ?
00:22:11 -Non, c'est pas ça. C'est stopper les rejets.
00:22:14 Là, actuellement, il y avait une usine, Arkema,
00:22:16 qui continuait à rejeter dans le Rhône.
00:22:19 Moi, et c'est un amendement que j'ai fait adopter,
00:22:22 on a un petit différent avec...
00:22:24 -Une offre de concurrence.
00:22:26 -Oui, j'ai fait adopter cet amendement
00:22:29 pour arrêter les rejets contre la vie du rapport.
00:22:31 -Je comprends pas. Si vous arrêtez les rejets,
00:22:34 vous arrêtez la production ? -Non.
00:22:36 -Pourquoi ? -Parce que l'usine,
00:22:38 elle se sert des monomères de ces produits,
00:22:41 de pyphas, dans son process industriel.
00:22:45 Et dans son process industriel, après, elle rejette
00:22:48 ce dont elle n'a pas besoin, et jusqu'à maintenant...
00:22:51 -Comment éviter les rejets si vous continuez à en produire ?
00:22:54 -Depuis 20-30 ans, ils rejettent dans le Rhône.
00:22:57 Moi, ce qui m'inquiète, et c'est ce qui se passe à Lyon...
00:23:00 -C'est uniquement les rejets dans l'eau.
00:23:03 -Il y a une pollution historique due à l'usine.
00:23:05 Mes concitoyens me demandent d'abord qu'on arrête les rejets,
00:23:09 que l'usine traite ces rejets.
00:23:10 C'est ce qu'on a fait, effectivement,
00:23:12 depuis deux ans, et je trouve ça intéressant.
00:23:15 Mon rapport, je l'ai fait au niveau international,
00:23:18 au niveau européen, au niveau national,
00:23:20 et je me suis servi des conséquences locales.
00:23:23 C'est grâce à ça que j'ai fait quelques priorités,
00:23:26 que reprend Nicolas Thierry.
00:23:27 Le principe, d'abord, c'est arrêter les rejets,
00:23:30 dans le sens où les industriels sont en capacité
00:23:33 de traiter les rejets grâce à des charbons actifs.
00:23:35 -Vous voulez y aller par état.
00:23:37 -Ils ne rejettent plus dans le Rhône.
00:23:39 Pour moi, c'est la première chose. Deuxième urgence,
00:23:42 c'est que la pollution historique,
00:23:44 qu'est-ce qu'elle a fait ?
00:23:46 Elle a entraîné une pollution des nappes allusionnaires
00:23:49 et, quelque part, j'ai des concitoyens,
00:23:51 dans le sud de la métropole, qui boivent de l'eau contaminée.
00:23:54 Pour moi, la première urgence, c'est arrêter les rejets
00:23:57 et traiter l'eau que boivent nos concitoyens
00:24:00 pour éviter qu'ils ne boivent.
00:24:02 -Vous allez nous dire comment c'est possible.
00:24:04 -Ca n'empêche pas de traiter... -Ca n'empêche pas.
00:24:07 -Donc allons-y. Si on est ambitieux, on est ambitieux.
00:24:10 Il y a aussi la fin de vie, une fois que c'est produit.
00:24:13 Qu'est-ce qu'on fait des déchets ?
00:24:15 Une fois qu'on les jette, ils sont toujours là,
00:24:18 ces polluants éternels.
00:24:19 Qu'est-ce qu'on fait de l'air, de l'eau,
00:24:21 quand il y a encore des rejets ?
00:24:23 Sur le site, en réalité, fait par l'Etat,
00:24:26 des tests faits par l'Etat en 2023,
00:24:28 à la sortie d'usines de Rumy, mais aussi de Pierre-Ményis,
00:24:31 il y a encore du PFOA dans l'eau.
00:24:33 Il y a encore du PFOS dans l'eau.
00:24:35 On a réduit la contamination,
00:24:37 mais comme vous le rappelez,
00:24:38 il n'y a plus de PFOA, ils n'utilisent plus de PFOA.
00:24:42 -Il y en a toujours dans les rejets.
00:24:43 -Allez voir sur le site de la population.
00:24:46 -L'eau est contaminée par des pollutions historiques.
00:24:49 L'usine fait du 6-2-FTS, donc ils n'utilisent plus de PFOA.
00:24:52 Heureusement, le PFOA est interdit depuis des années.
00:24:55 Par contre, les chimistes sont inventifs.
00:24:58 Le PFOA, le PFOS... -Il y a des stratégies
00:25:00 de contournement. -Ils ont fait d'autres PFAS,
00:25:03 c'est pour ça qu'on essaie de traiter l'ensemble.
00:25:06 -On va rester pédagogique, on comprend que ça nous arrive,
00:25:09 il faut déjà intégrer.
00:25:11 Ensuite, il faut essayer de savoir ce qui est possible,
00:25:13 ce qui est urgent et en quoi vous êtes à la hauteur,
00:25:16 les pouvoirs publics, le législateur.
00:25:19 Vous allez répondre sur la stratégie par palier.
00:25:21 Vous aviez une question ? -Oui.
00:25:23 Je me demandais, ce qu'il se passe avec les polluants internels,
00:25:27 c'est ce qui s'est passé longtemps avec ce qu'on mange,
00:25:30 c'est-à-dire que les plus riches avaient des alternatives
00:25:33 et les plus pauvres faisaient ce qu'ils pouvaient,
00:25:36 mais en gros, étaient contraints d'ingérer
00:25:39 toute la malbouffe et toute la production industrielle ?
00:25:42 Est-ce que c'est pareil ?
00:25:43 Plus on est au bas des chaînes sociales,
00:25:45 moins on a d'alternatives ? -Vous avez raison,
00:25:48 c'est une bonne question, mais on a beaucoup de difficultés
00:25:51 à y échapper. Il y a quelques semaines,
00:25:54 j'ai fait tester les cheveux de personnalité.
00:25:56 -Donc, Amie Etienne, je crois. -Donc, Amie Etienne.
00:25:59 -Polluée, contaminée. -Exactement,
00:26:01 comme tout le monde. Il y avait aussi Nagui,
00:26:04 une danseuse étoile à l'Opéra de Paris.
00:26:06 Il y avait des gens qui sont plutôt...
00:26:08 -Tous égaux face au danger des puissances.
00:26:11 -Et la plupart étaient contaminés. C'est ça, la grande difficulté.
00:26:14 -Est-ce que les alternatives vont être plus chères ?
00:26:17 -Au niveau des usines, on est plus pollués,
00:26:20 et c'est souvent aussi des endroits où on a une population
00:26:23 plus précaire, moins protégée.
00:26:25 -Pour répondre à ta question, c'est un peu l'inverse.
00:26:28 Parce qu'effectivement, comment est-ce qu'on se contamine ?
00:26:31 On se contamine lorsqu'on avale,
00:26:33 on se contamine d'après ce que disent les scientifiques,
00:26:36 on est responsable pour 20 %, et 80 %, c'est les protéines.
00:26:39 Et les protéines, c'est quoi ? C'est les oeufs et les poissons.
00:26:43 Quelque part, les poissons, c'est plutôt les CSP+
00:26:46 qui mangent du poisson, et c'est pas les gens les plus éloignés.
00:26:49 Il n'y a pas de gradient. -Il n'y a pas d'alternative
00:26:52 pour les riches et pour des raisons de coûts.
00:26:55 -Ca explique que les habitants du Groenland,
00:26:57 qui mangent du poisson, sont contaminés
00:26:59 alors qu'ils n'ont pas d'usine. -Nicolas Thierry,
00:27:02 sur la proposition du député Isaac Sibyl d'y aller progressivement
00:27:06 sur cette urgence d'arrêter de rejeter d'abord dans l'eau
00:27:09 l'épiphase, on comprend que vous n'êtes pas forcément...
00:27:12 Vous êtes d'accord sur l'objectif,
00:27:14 mais pas sur les moyens pour y parvenir.
00:27:17 -Je soutiendrai en séance l'interdiction des rejets,
00:27:20 mais vous l'avez dit, c'est une toute petite partie du problème.
00:27:23 Vous l'avez pointé dans votre question.
00:27:25 Si on ne fait qu'interdire les rejets,
00:27:28 et qu'on continue à autoriser les polluants éternels
00:27:31 dans tous les objets du quotidien, en fin de vie,
00:27:34 on est exposé par les cosmétiques, les textiles...
00:27:36 -Expliquez-nous ce qui va se passer demain.
00:27:39 Vous avez votre liste, les poils, les vêtements...
00:27:42 -Les cosmétiques, les fardes de ski,
00:27:44 les ustensiles de cuisine. -Vous dites à ces industriels
00:27:47 "Terminé". En France, terminé.
00:27:49 Ils vont vous dire, on va aller voir monsieur Ballas,
00:27:52 "Mais attendez, nos voisins européens continueront,
00:27:55 "vous allez piquer le marché."
00:27:57 Qu'est-ce que vous répondez ? -Alors, sur les cosmétiques,
00:28:00 sur les ustensiles, pas sur les ustensiles de cuisine,
00:28:03 mais sur le textile, par exemple,
00:28:05 on a travaillé avec les industriels,
00:28:07 ils nous ont dit, on a le défini ensemble,
00:28:09 "Cosmétiques", 1er janvier 2026,
00:28:11 parce qu'ils sont conscients qu'il y a un problème de santé publique.
00:28:15 Mais ce qui confirmera, quand on a vu la représentante,
00:28:18 ils nous ont dit qu'il y a pas mal de textiles
00:28:21 où c'est compliqué, des textiles professionnels,
00:28:24 de protection... -Vous ne mettez pas
00:28:26 dans votre liste. -Exactement.
00:28:27 Là, on l'a poussé en 2030. Par contre, le textile du quotidien,
00:28:31 on le voit aujourd'hui sur ce plateau,
00:28:33 on peut y aller, on l'a mis.
00:28:35 Sur les fardes de ski, il faut pas le négliger,
00:28:37 il y en a sous les skis,
00:28:39 ça fond, ça va dans les cours d'eau,
00:28:41 et ça pollue. La fédération de ski nous dit,
00:28:43 c'est incompréhensible, c'est interdit
00:28:45 pour les compétitions professionnelles.
00:28:48 -Il faut interdire pour tout le monde.
00:28:50 -Sur les ustensiles, effectivement,
00:28:52 avec tous les industriels, ça s'est bien passé.
00:28:54 Il y a eu un blocage sur les ustensiles de cuisine
00:28:57 avec, je le dis ici, un lobby un peu grossier.
00:29:00 -De Seb. -De Seb, qui a même été
00:29:02 jusqu'à payer ses salariés et leur affrêter des bus
00:29:05 pour qu'ils viennent faire une manifestation
00:29:07 devant l'Assemblée. -Vous les croyez pas sincères
00:29:10 quand ils craignent pour leur emploi ?
00:29:12 -Exactement. -Il y a déjà
00:29:14 de l'alternative. L'idée, c'est pas qu'une industrie
00:29:17 entière disparaisse, on demande juste à une industrie
00:29:20 de se transformer sur des lignes de production.
00:29:22 Tefal produit déjà, aujourd'hui, en France,
00:29:25 des poêles sans PFOS.
00:29:26 -On n'est pas en train de parler de casse sociale
00:29:29 qui menace des milliers d'emplois. -Le chantage à l'emploi,
00:29:32 et la CGT a pris position. -Il y a un point important.
00:29:35 Ce qui peut menacer l'emploi, c'est pas la réglementation.
00:29:39 On a expliqué qu'il y avait un scandale sanitaire
00:29:41 aux Etats-Unis. Cinq pays européens
00:29:43 demandent l'interdiction large d'épiface.
00:29:46 -Si, maintenant, parce que la France se rejoint.
00:29:49 -Les consommateurs sont de plus en plus sensibilisés.
00:29:52 Dans ce contexte-là, un industriel se lève un matin
00:29:55 et se dit que sa stratégie pour l'avenir,
00:29:57 c'est de ne pas mettre sur l'épiface.
00:29:59 Le maintien des emplois dans les territoires,
00:30:02 c'est sûrement pas une réglementation
00:30:04 qui veut protéger la santé publique.
00:30:06 -Olivier Balazs, vous qui représentez
00:30:08 l'industrie du textile, finalement, cette stratégie
00:30:11 de s'adapter aux différents usages,
00:30:13 là où il y a des alternatives, il faut arrêter,
00:30:16 moins là où, et notamment le textile,
00:30:18 ce n'est pas possible. Vous jouerez le jeu ?
00:30:21 -Oui, on le joue déjà.
00:30:22 On a déjà adapté nos processus dès qu'on le pouvait.
00:30:26 Après, il y a un sujet,
00:30:27 c'est ce qu'on appelle l'épiface intentionnel
00:30:30 ou l'épiface non intentionnel,
00:30:32 puisque nous, dans notre secteur,
00:30:34 on fait de la transformation via la teinture,
00:30:36 on va chercher de l'eau, et cette eau peut être contaminée.
00:30:39 Même si on a mis en place des circuits internes
00:30:42 pour que l'épiface, justement, ne soit pas rejetée dans l'eau,
00:30:46 on peut se retrouver avec cette problématique.
00:30:48 Même des entreprises de renom qui ont arrêté l'épiface,
00:30:51 soi-disant, depuis de nombreuses années,
00:30:54 se trouvent avec cette problématique.
00:30:56 Cette transition, elle est compliquée.
00:30:58 Aidez-nous à faire cette transition.
00:31:00 Il faut être dans un schéma où il y a une certaine temporalité.
00:31:04 On essaye progressivement d'arrêter.
00:31:07 On est des TPE-PME, donc le coup de dire
00:31:10 "En un an, on va tout arrêter", c'est impossible.
00:31:14 On va avoir, nous, des milliers d'emplois
00:31:16 qui vont disparaître à cause de cela,
00:31:18 parce que malheureusement, il nous faut une temporalité.
00:31:22 On est même plutôt pour,
00:31:23 puisqu'on a déjà travaillé sur le recyclage.
00:31:26 Par rapport au recyclage, il y a un vrai sujet,
00:31:29 c'est les ressources qui seront pleines d'épifaces.
00:31:32 Il va falloir faire attention aux matières
00:31:34 qu'on va aller rechercher pour faire du recyclage.
00:31:37 Là aussi, on parle d'économie circulaire.
00:31:39 Attention aux éléments qu'on va aller chercher.
00:31:42 Le plus important, c'est à la fin, le consommateur,
00:31:45 qui devra prendre ses décisions,
00:31:47 mais aussi, lorsqu'il y aura des tâches,
00:31:50 il ne faut pas utiliser une tonne de détergent
00:31:52 pour enlever la tâche, car on aura une autre contamination.
00:31:56 C'est un schéma civique,
00:31:58 qui est pour les industriels et, évidemment, pour la planète.
00:32:01 -Merci, Olivier Balas. Donnez-nous du temps.
00:32:04 On joue à jeu si on a le temps de s'adapter.
00:32:07 Vous l'entendez, ce discours-là ?
00:32:09 Camille Etienne comprend, mais c'est difficile de dire ça
00:32:12 face à des gens qui ont des cancers,
00:32:14 face à des employés qui sont inquiets pour leur santé,
00:32:17 face à des jeunes qui ont des problèmes pour se reproduire.
00:32:20 Je voudrais rappeler une chose à ceux qui nous écoutent,
00:32:23 des industriels ou des députés qui hésitent.
00:32:26 On n'a pas le luxe du temps de la rancœur.
00:32:28 L'objectif, c'est pas de savoir qui savait à quel moment.
00:32:32 Là, c'est clair, on le sait, c'est un scandale de santé publique.
00:32:35 Il faut agir au-delà des partis politiques.
00:32:38 -Il nous reste une poignée de secondes
00:32:40 pour aborder la dépollution et la fameuse taxe.
00:32:43 Il demande des incitations,
00:32:44 on entend derrière les incitations financières.
00:32:47 Il demande à payer les pollueurs pour financer la dépollution de l'eau.
00:32:51 Là, vous n'êtes pas forcément tous au rendez-vous dans la majorité.
00:32:54 Que pouvez-vous dire pour convaincre ?
00:32:57 -C'est extrêmement simple. Isaac Sibyl l'a dit.
00:32:59 Il y a aujourd'hui une pollution dans l'eau potable.
00:33:02 De toute façon, en 2026, l'Europe va rendre obligatoire
00:33:05 la détection d'épiphase dans l'eau.
00:33:07 On va se retrouver avec beaucoup de territoires
00:33:10 qui vont dépasser les normes.
00:33:12 Si on n'a pas mis de dispositifs en avant,
00:33:14 qu'est-ce qui va se passer ?
00:33:16 On répercute ça sur la facture des consommateurs,
00:33:18 de vous et moi, et c'est nous qui allons payer la dépollution.
00:33:22 Nous, ce qu'on dit, c'est que les industriels
00:33:24 doivent payer une partie de la dépollution,
00:33:27 car c'est pas à l'argent public de financer une pollution
00:33:30 générée par les industriels depuis 50 ans.
00:33:32 -Rapidement, on est en désaccord,
00:33:34 dans le sens où Nicolas Thierry veut faire payer une taxe
00:33:38 sur les rejets.
00:33:39 Moi, je souhaite, c'est mes concitoyens qui me demandent,
00:33:42 d'arrêter les rejets.
00:33:43 Il n'y aura plus de taxes, plus de redevances sur les rejets,
00:33:46 dans le sens où il faut arrêter.
00:33:48 Le principe, c'est comment créer un fonds Péphase
00:33:51 et comment alimenter un fonds Péphase
00:33:53 par rapport aux industriels, aux chimistes,
00:33:56 qui mettent sur le marché les monomères toxiques.
00:33:59 -Le débat, il a lieu demain.
00:34:00 -Je serai en faveur de cet amendement.
00:34:02 -Tant mieux. On verra ça.
00:34:04 En tout cas, l'attente, elle est là.
00:34:06 Les citoyens vous regardent et les équipes vont suivre
00:34:09 ce débat parlementaire avec attention.
00:34:12 -Merci. On s'arrête là. -Merci.
00:34:14 -Pour être venu sur le plateau de LCP,
00:34:16 vous restez avec moi.
00:34:17 Merci, M. Ballas, à distance, ce soir.
00:34:19 Du "Wolf Boys", dans une dizaine de minutes,
00:34:22 les partis prides nous affranchissent.
00:34:24 Cette nostalgie des années Pompidou,
00:34:27 qui en dit long sur le pessimisme des Français,
00:34:29 sera dans le billet philo de Pierre-Henri Tavoyau.
00:34:32 A Tal, seul en scène face au député Thomas Lestavelle,
00:34:35 à regarder la nouvelle formule des questions.
00:34:38 Et de quoi nous parlez-vous, Stéphanie Despierre,
00:34:41 qui est aussi sur le plateau de Cyril Hanouna
00:34:43 et qui se prend une plus de critique.
00:34:46 A tout de suite, les amis, mais d'abord, Julia Foyce,
00:34:49 on va plonger dans votre livre "Ce que le féminisme m'a fait",
00:34:52 chez Fla Marion.
00:34:54 "Jouir comme jamais".
00:34:55 Écrivez-vous, ça mérite une explication.
00:34:58 Regardez l'invitation de Marco Pommier.
00:35:00 Interview juste après.
00:35:01 Musique jazz
00:35:02 ...
00:35:05 -Si on vous invite, Julia Foyce,
00:35:07 c'est parce que le féminisme vous a transformée.
00:35:10 Il vous a donné le goût de la bagarre, dites-vous,
00:35:13 un combat, un engagement,
00:35:15 grâce auquel vous tenez debout,
00:35:17 après votre viol à l'âge de 20 ans.
00:35:19 -Le féminisme m'a fait jouir comme jamais
00:35:22 de mon indépendance, de ma liberté, de mes choix,
00:35:25 de mon sexe féminin, de mon corps tout entier.
00:35:28 -Julia Foyce, vous êtes journaliste,
00:35:30 animatrice de l'émission "En marge" sur France Inter,
00:35:33 pionnière dans la libération de la parole des femmes.
00:35:37 En 2020, vous racontez, dans un livre-choc,
00:35:40 ce viol que vous avez subi,
00:35:41 dans une voiture, sur un parking,
00:35:43 en pleine nuit, cutter sous la gorge.
00:35:46 Le bon viol, disiez-vous,
00:35:47 celui auquel on croit, parce que, dans l'imaginaire collectif,
00:35:51 trois ans de procédure judiciaire
00:35:53 contre ce bon père de famille, soi-disant irréprochable,
00:35:56 a quitté aux assises.
00:35:58 Injustice sur laquelle vous revenez dans votre nouvel ouvrage.
00:36:02 -Aujourd'hui, je sais que la justice est injuste,
00:36:04 que les victimes sont présumément teuses,
00:36:07 que les coupables se la coulent douce
00:36:09 dans un système qui les protège,
00:36:11 et qu'en France, on peut violer Pénard.
00:36:13 -Et des violences sexuelles au système patriarcal,
00:36:16 vous n'avez pas lâché votre liberté de ton et de parole,
00:36:20 bien au contraire, convaincu que la société peut changer.
00:36:23 Vous déconstruisez les discours antiféministes.
00:36:26 Non, les féministes d'aujourd'hui ne font pas du tort
00:36:29 aux militants d'hier.
00:36:30 Gisèle Halimi, Simone de Beauvoir,
00:36:32 étaient aussi décriées, rappelez-vous.
00:36:35 Vous défendez les nouvelles luttes et revendications post-MeToo,
00:36:38 revendications qui ne séduisent pas toutes les féministes,
00:36:42 à commencer par votre mère.
00:36:43 -Ma mère trouve qu'on en fait trop,
00:36:45 qu'une main au cul, c'est pas la même chose qu'un viol,
00:36:48 qu'on va nuire à notre cause, faire peur aux hommes
00:36:51 et déstabiliser les pères qui ont du mal à trouver leur place.
00:36:55 -Alors, Julia Feuss, quelle solution pour lutter
00:36:57 contre les inégalités femmes-hommes ?
00:37:00 Vous qui pensez que le féminisme est un projet politique,
00:37:03 nous avons une question pour vous.
00:37:05 Comment embarquer les hommes dans ce combat
00:37:07 sans raviver la guerre des sexes ?
00:37:09 -Réponse, Julia Feuss.
00:37:11 -Je crois que ce terme de guerre des sexes,
00:37:13 on le brandit comme un épouvantail pour nous faire très peur,
00:37:17 parce que la guerre, personne n'en veut.
00:37:19 Ce qui est vieux comme le féminisme,
00:37:21 c'est la résistance au féminisme,
00:37:23 et parmi les arguments, il y a celui-là, c'est "attention,
00:37:26 "on veut pas la guerre des sexes, vous allez faire peur aux hommes,
00:37:30 "c'est le déclin de la virilité", etc.
00:37:33 C'est les couples qui explosent, les familles qui explosent.
00:37:36 -C'est l'argument qui nous empêche de voir qu'on y arrive déjà.
00:37:39 -Oui, et puis... -Je voulais vous parler
00:37:42 de Franck, que vous remerciez,
00:37:44 parce que c'est vraiment joli, votre amoureux, à la fin du livre,
00:37:47 "merci pour la paix après la guerre,
00:37:50 "merci pour ton premier point médiant dans un mail".
00:37:52 -Oui, il l'a fait !
00:37:54 -Tu as survécu à ce livre, je t'ai trouvé magnifique.
00:37:57 -Ouais. -Quelle déclaration !
00:37:59 -Mais parce que...
00:38:00 C'est vrai que...
00:38:02 C'est vrai que...
00:38:03 Ma kiné me pose la question, c'est l'un des chapitres du livre,
00:38:07 ça ouvre le chapitre sur le couple,
00:38:09 elle me dit "mais comment vous faites, Julia,
00:38:11 "pour être féministe et en couple hétérosexuel ?"
00:38:14 J'ai fait "aïe, aïe, aïe".
00:38:16 C'est vrai que c'est compliqué, quand on a toute la journée
00:38:19 le nez sur les violences faites aux femmes,
00:38:22 qui sont atroces, qui sont émentielles
00:38:24 et qui continuent, vraiment, jour après jour,
00:38:27 ça, pour l'instant, ça ne bouge pas,
00:38:29 quand on a le nez là-dessus, le nez sur les inégalités,
00:38:32 le plafond de version, c'est compliqué de rentrer chez soi
00:38:35 et d'être "paix et amour, mon chéri".
00:38:37 Le couple a à se réinventer, les hommes ont à se réinventer.
00:38:40 Nous, le boulot, on l'a commencé il y a quelques décennies,
00:38:44 donc il y a un train de retard. -Les femmes aussi,
00:38:46 d'une certaine façon, peut-être, tasser l'instinct maternel,
00:38:50 ne pas forcément vouloir répondre aux pleurs au milieu de la nuit,
00:38:54 mettre toujours des choses dans le frigo.
00:38:56 -Je suis d'accord.
00:38:57 Bien sûr que quand elles ont...
00:39:00 Quand elles ont une charge domestique trop importante,
00:39:02 il faudrait qu'elles puissent déléguer,
00:39:05 mais le premier réflexe, c'est de dire
00:39:07 "on a un problème avec les mecs, mais les femmes devraient savoir."
00:39:10 Moi, ce que j'aimerais qu'on puisse faire,
00:39:13 c'est avoir le courage de dire aux hommes "Allez-y,
00:39:16 "faites votre droit d'inventaire, regardez-vous,
00:39:19 "regardez vos camarades et imaginez ce que vous pourriez inventer
00:39:22 "comme masculin qui écraserait un peu moins
00:39:25 "et dans lequel vous vous sentiriez vous aussi un peu mieux."
00:39:28 -La responsabilité des femmes, on la pointe depuis la nuit des temps.
00:39:32 Je pense qu'on la connaît.
00:39:34 -Vous élevez deux garçons, deux petits garçons.
00:39:36 Comment on fait ? -Ma responsabilité est gigantesque.
00:39:39 Si on veut construire le monde d'après,
00:39:42 c'est avec eux que ça va fonctionner,
00:39:44 c'est eux, les adultes de demain.
00:39:46 Donc, c'est compliqué. Je vous donne un exemple très concret,
00:39:49 mais c'est des choses...
00:39:51 Quand...
00:39:52 J'ai un petit garçon qui a 3 ans et demi
00:39:54 qui est en pleine dippe,
00:39:56 donc son projet en ce moment, c'est vraiment
00:39:59 virer son père du lit, se mettre à sa place,
00:40:01 et comme ça, on serait très bien.
00:40:03 Je lui dis que plus tard, il y aura une amoureuse ou un amoureux,
00:40:07 et ce sera super.
00:40:08 C'est le fait toujours de lui élargir l'horizon.
00:40:10 Quand il pleure, je dis, "Viens, fais un câlin,
00:40:13 "pleure, ça fait du bien."
00:40:15 En ce moment, il se bagarre beaucoup à l'école,
00:40:17 je dis, "Utilise ta tête, pas tes poings."
00:40:20 C'est des petites choses comme ça.
00:40:22 Il ne s'agit pas d'être dogmatique, de les enfermer,
00:40:25 il s'agit de leur ouvrir les possibilités
00:40:27 sur ce que ça veut dire être un garçon.
00:40:29 Ça veut dire plein de choses.
00:40:31 C'est pas juste cette espèce de virilité à la papa
00:40:34 qu'on se transmet de génération en génération
00:40:36 et qui nous fait beaucoup de mal.
00:40:38 -C'est un livre important, très incarné,
00:40:41 plein d'auto-dirisions aussi, très drôle, très jouissif,
00:40:44 et vous dialoguez avec votre mère,
00:40:46 et c'est une manière aussi d'ouvrir ce dialogue intergénérationnel
00:40:50 entre les féministes...
00:40:52 Les néo-féministes, vous aimez pas le terme.
00:40:54 -Il n'y a pas de quoi par rapport à quand, par rapport à qui.
00:40:58 Il n'y a pas...
00:40:59 Le féminisme, c'est un continuum,
00:41:01 c'est un passage de relais que je trouve très beau,
00:41:04 d'une vague féministe, comme on dit, à l'autre.
00:41:06 Après, c'est aussi un mot qui recouvre une réalité plurielle.
00:41:10 Il y a des... On est des individus,
00:41:12 on n'a pas toutes la même histoire, on n'a pas tous le même âge,
00:41:15 donc on n'a pas la même façon d'aborder les choses.
00:41:18 -Votre mère voit les choses différemment.
00:41:21 -Ma mère, c'est simple, c'est la génération
00:41:24 de la première génération, elle est féministe.
00:41:26 -Bah bien sûr. -Pionnière, même.
00:41:28 -Elle est familiale dans les années 70.
00:41:30 -Elle l'est, mais... -Elle voit une forme de danger
00:41:33 ou de dérive potentielle dans les mouvements du MeToo ?
00:41:36 -Je crois qu'elle fait partie de cette génération de femmes
00:41:40 qui s'est dit que pour obtenir l'égalité,
00:41:42 il va falloir se conformer
00:41:44 à cette norme supérieure à toutes les autres
00:41:47 qu'est le masculin.
00:41:49 On va gommer le féminin, on sera tous des individus,
00:41:52 nous, on va gommer le féminin, et comme ça, on y arrivera.
00:41:55 -Un homme comme les autres. -Exactement.
00:41:57 -Ca, c'est passionnant, dans le livre.
00:42:00 Au fond, le féminisme, pour vous,
00:42:02 c'est en finir avec la négation du corps des femmes
00:42:05 et de leurs limites. Expliquez-nous.
00:42:07 -Il existe, ce corps. Il est là,
00:42:09 aussi imparfait soit-il, il est beau dans ses imperfections,
00:42:13 juste parce qu'il est, parce que la machine humaine
00:42:16 est quand même une machine prodigieuse.
00:42:18 Je crois que les féministes d'aujourd'hui,
00:42:20 elles ont envie de dire que "me too", c'est le mouvement du corps.
00:42:24 "Mon corps, il est là, il m'appartient."
00:42:26 C'est vrai dans la loi depuis les années 70,
00:42:29 c'est pas encore vrai en pratique, c'est pour ça que c'est important
00:42:33 d'inscrire des VG dans la Constitution.
00:42:35 "Ce corps-là, il m'appartient, j'en fais ce que je veux,
00:42:38 "et voilà ce qu'il aime, ce qui lui fait du mal."
00:42:41 C'est pour ça qu'on a parlé postpartum,
00:42:43 c'est pour ça qu'à l'Assemblée nationale,
00:42:46 il y a eu des débats sur le deuil périnatal.
00:42:48 C'est-à-dire qu'on a parlé d'un corps féminin
00:42:51 et de réclamer par là son émancipation.
00:42:53 -Et ça change, quand même.
00:42:55 Demain, on parlera douleur menstruelle.
00:42:57 -Oui, ça change.
00:42:58 Alors, ce qui est sûr, c'est qu'à l'Assemblée,
00:43:01 ça change, porté par une nouvelle génération de députés et ES,
00:43:05 qui sont souvent écoféministes,
00:43:07 c'est-à-dire que les deux combats, quand même, se rejoignent.
00:43:10 C'est le combat pour un monde qui fonctionnerait non pas
00:43:13 sur un système de domination, un système vertical,
00:43:16 mais un système beaucoup plus solidaire, aussi.
00:43:20 Donc, ça change avec le travail de ces députés-là.
00:43:23 Dans l'un des sujets, Marie-Charlotte Garin est très active,
00:43:26 il y a Mélanie Vaugelle au Sénat qui l'est aussi.
00:43:29 Ces femmes-là bossent.
00:43:30 Dans la rue, ça bouge aussi, je crois,
00:43:32 plus dans les grandes villes, quand même,
00:43:35 dans les centres très urbains.
00:43:36 -Les dictatures de la minceur, ça commence à passer, non ?
00:43:40 Les talons, les jeans trop serrés ?
00:43:42 -Non, ça, non, ça...
00:43:43 J'ai lu que le slim revenait, en plus,
00:43:45 parce que si vous voulez, on est mal barrés.
00:43:48 -Donc, non. Et on le voit, ça change dans les discours.
00:43:51 Chez les adolescents, aujourd'hui,
00:43:53 ça n'a pas encore changé dans les pratiques.
00:43:55 Très concrètement, les gamines de 15-20 ans
00:43:58 savent ce qu'est le consentement, le nommer,
00:44:00 il ne l'est toujours pas respecté.
00:44:02 -Vous avez vu que Harry Habitant a bénéficié d'un non-lieu,
00:44:06 une étudiante l'a accusée de viol
00:44:08 sur une question de consentement, justement.
00:44:11 Elle a d'ailleurs posé, après ce rapport sexuel
00:44:15 qu'elle estime non consenti,
00:44:17 15 jours d'interruption de travail.
00:44:19 Cette question du consentement,
00:44:22 qu'est-ce qu'on en fait ? On l'inscrit dans le droit ?
00:44:25 -Alors, moi, je pense qu'au départ,
00:44:27 je n'étais pas forcément pour.
00:44:29 Je pensais que la loi telle qu'elle était,
00:44:31 il fallait surtout l'appliquer correctement
00:44:34 et donner à la justice de fonctionner,
00:44:36 qu'on n'avait pas besoin d'une nouvelle loi.
00:44:39 J'ai fini par changer d'avis, parce qu'on discute, on échange.
00:44:42 -La loi sexuelle qui définit le viol par l'usage de la contrainte,
00:44:46 la menace, la violence ou la surprise,
00:44:48 suppose que dans tous les autres cas,
00:44:50 vous, moi, on est consentante.
00:44:52 Moi, ça, éthiquement, ça me pose un problème.
00:44:55 Donc, oui, inscrire la notion de consentement dans la loi
00:44:58 permettrait symboliquement une victoire,
00:45:01 un point marqué très fort,
00:45:03 et puis permettrait aussi de couvrir tout un tas de cas de figure
00:45:06 où il n'y a eu aucun de ces quatre cas-là
00:45:09 et qui, pour autant, sont des viols,
00:45:11 parce que le consentement d'une femme n'a pas été respecté.
00:45:14 -Aujourd'hui, on peut violer pleinard.
00:45:17 Cette phrase est très forte dans votre livre.
00:45:19 Le chiffre de 94 % de classements sans suite
00:45:22 est sorti aujourd'hui pour la période 2012-2021.
00:45:25 Vous l'avez forcément vu.
00:45:26 Comment vous réalisez ?
00:45:28 Qu'est-ce qui fait qu'on en est encore là ?
00:45:30 -Alors, je pense qu'il y a deux choses,
00:45:33 principalement.
00:45:34 Il y a le fait que les...
00:45:36 Tous ceux qui s'occupent de ces affaires de viol
00:45:39 sont emprunts de cette culture du viol
00:45:41 dans laquelle on a grandi,
00:45:42 que le corps des femmes est à disposition,
00:45:45 que les hommes ont des pulsions, etc.
00:45:47 Excusez-moi. -Je vous en prie.
00:45:49 -Une formation a bien été entreprise
00:45:51 de tous ces corps de métier-là,
00:45:53 mais qu'elle est loin d'être parfaite et générale.
00:45:56 Que les juges viennent à peine de comprendre
00:45:59 ce qu'est le concept de sidération,
00:46:01 ce qui fait qu'une femme victime de viol ne bouge pas.
00:46:04 Donc, il y a une non-compréhension de ce qu'est un viol.
00:46:07 -On prend un peu d'eau, si vous voulez.
00:46:09 -Je mets un verre d'eau. -On vous en prie.
00:46:11 On est en direct.
00:46:13 -Je vais pas mourir alors que je parle du viol.
00:46:15 Et l'autre facteur, à mon avis,
00:46:17 c'est que les plaintes ont explosé depuis MeToo,
00:46:20 les moyens n'ont pas suivi,
00:46:22 donc, mathématiquement, il y a de moins en moins d'argent
00:46:25 pour traiter ces affaires.
00:46:26 Donc, on claude très vite.
00:46:28 -Pourtant, il y a des choses qui ont été faites,
00:46:31 mais vous faites partie de celles qui ont oeuvré, justement,
00:46:36 pour qu'on enferme pas, voilà, ces femmes
00:46:39 dans une forme de silence,
00:46:41 pour qu'on les croie.
00:46:43 Dernière petite question.
00:46:45 Si vous y arrivez... -Si j'y arrive ?
00:46:47 -Je vais vous montrer une vidéo.
00:46:49 Vous aurez le temps de vous reprendre.
00:46:51 Les tradwifes, vous voyez ce que c'est ?
00:46:53 Aux Etats-Unis, c'est ces jeunes femmes
00:46:56 qui affument, on va aller voir,
00:46:59 les machines à laver, le tablier,
00:47:02 pimpante, bien maquillée, le nettoyage à la maison.
00:47:05 On est dans l'ère Trumpiste
00:47:08 de l'élection présidentielle qui revient.
00:47:11 On a beaucoup parlé du backlash, ce retour de bâtons
00:47:14 conservateurs et réactionnaires.
00:47:17 Vous le craignez. Comment vous l'expliquez ?
00:47:19 -Il aura lieu, on n'y coupera pas.
00:47:21 La seule question, c'est quand et quand on aura le temps de faire avant.
00:47:25 Une société avance par contraire.
00:47:27 Les mouvements féministes sont forts,
00:47:29 les mouvements masculinistes aussi.
00:47:31 Ce qui se passe avec ces tradwifes, c'est ça.
00:47:34 On se rend compte que pour certaines,
00:47:36 et pour certains, il y a une flemme gigantesque
00:47:39 à tout repenser, à se bagarrer,
00:47:41 parce qu'il faut se bagarrer dur, fort et longtemps,
00:47:44 et donc se replier sur des rôles anciens,
00:47:47 sur une forme de confort, de façade,
00:47:49 parce qu'en réalité, c'est d'une violence terrible,
00:47:52 je veux dire, oui, d'être une femme, c'est violent,
00:47:54 de devoir, quand vous voyez ces inégalités,
00:47:57 à tous les niveaux, vous savez qu'à partir du moment
00:48:00 où vous naissez, vous avez une chance sur deux
00:48:02 de vous raconter sexuellement,
00:48:04 que vous allez être meilleure à l'école,
00:48:06 que vous allez bosser dix fois plus,
00:48:09 mais que vous gagnerez dix fois moins,
00:48:11 c'est douloureux, donc garder les yeux fermés,
00:48:13 on se dit que c'est plus confortable.
00:48:16 Cette tentation est là, elle est très forte,
00:48:18 mais en attendant, moi, j'observe la jeune génération,
00:48:21 la nôtre aussi, qui est là, qui est combative
00:48:24 et qui marque des points décisifs,
00:48:26 et ce qui est acquis est acquis.
00:48:28 -Espérons-le. En tout cas, ce combat,
00:48:30 il avance, même s'il n'est pas terminé.
00:48:32 "Le féminisme m'a fait", c'est un titre très fort,
00:48:35 c'est-à-dire chez Flammarion,
00:48:37 c'est plein d'auto-dérision et incroyablement vivant
00:48:40 sur le féminisme d'hier et d'aujourd'hui.
00:48:42 C'est l'heure des Afro-Chi, pour leur partie.
00:48:45 Prêt, tout de suite.
00:48:46 Musique rythmée
00:48:48 ...
00:48:51 Thomas Lestavelle. -Bonsoir.
00:48:53 -Viens regarder les questions au gouvernement.
00:48:56 Bonsoir, Thomas. Les questions du Premier...
00:48:59 Les questions au Premier ministre en direct sur LCP
00:49:02 et Pierre-Henri Talbot, du Collège de philosophie.
00:49:05 On commence avec vous.
00:49:06 Thomas, c'était comment, cet après-midi ?
00:49:08 Qu'en avez-vous pensé ?
00:49:10 -Près de 50 minutes d'échange
00:49:11 entre Gabriel Attal et les députés.
00:49:13 Je ne suis pas journaliste politique,
00:49:16 donc je vous partage un regard "innocent" de simple citoyen.
00:49:19 -C'est pour ça qu'on vous a demandé de faire ça.
00:49:22 -C'était un peu difficile et désagréable à suivre,
00:49:25 parce que c'était une cacophonie incessante,
00:49:27 tambour et trompette dans l'hémicycle.
00:49:29 J'en suis sorti un peu lessivé.
00:49:31 Sur la prestation de Gabriel Attal, sur la forme, pas de souci.
00:49:35 -Convaincant ou pas ? -Convaincant, oui.
00:49:37 Il a répondu méthodiquement aux questions, point par point.
00:49:40 Il a gardé son calme. Il était dans ses cordes.
00:49:43 Sur le fond, je ne peux pas dire que j'ai appris grand-chose.
00:49:46 Il a un peu déroulé la partition habituelle du gouvernement
00:49:49 avec des stats qu'on connaît bien.
00:49:51 Il a ressorti le fait que 10 % des ménages
00:49:54 payaient 70 % de l'impôt sur le revenu
00:49:56 pour défendre le fait que ce n'était pas un gouvernement
00:49:59 qui défendait les riches.
00:50:01 Il a fait la partition du gouvernement,
00:50:03 la lutte contre la fraude fiscale.
00:50:05 Et puis, le bilan de ces cinq mois au ministère de l'Education.
00:50:08 Je vous propose de l'écouter.
00:50:10 -Quand j'entends certains responsables politiques
00:50:13 nous expliquer qu'on va faire du tri à travers les groupes de niveau,
00:50:16 qu'est-ce qui se passe ? Vous avez un tri par l'échec scolaire ?
00:50:20 C'est ça, dans nos établissements.
00:50:22 Ca n'a pas l'air de vous déranger.
00:50:24 -Au final, on n'a pas eu de nouvelles fracassantes
00:50:27 sur le dossier Atos, par exemple,
00:50:30 dossier économique, pour le coup.
00:50:31 Le Premier ministre a dit que le gouvernement examinait
00:50:34 les leviers juridiques pour maintenir les activités d'Atos
00:50:38 sous pavillon français.
00:50:39 On reste sur sa fin.
00:50:40 Pareil sur l'instauration d'une taxe européenne
00:50:43 sur les transactions financières.
00:50:45 Il a dit qu'on va continuer à se battre, mais encore.
00:50:48 -Pas assez de précisions là-dessus.
00:50:50 Duel tendu avec l'ERN, non ?
00:50:52 -Ce duel, oui, effectivement, c'est un peu le paroxysme.
00:50:56 C'est Monte-Crescendo.
00:50:57 Il a retenu le porte-parole du RN,
00:50:59 qui s'est mis à accuser le gouvernement
00:51:01 de faire les poches des classes moyennes et des travailleurs.
00:51:05 On a eu droit à une passe d'armes animée,
00:51:07 où chacun a joué sa symphonie.
00:51:09 -L'air de flûte que vous jouez aux Français
00:51:11 n'a rien d'enchanté pour les Mozart de la finance,
00:51:14 mais, coincé par une absence totale de stratégie,
00:51:17 c'est le système social qui a été construit
00:51:20 par et pour les Français que vous rabotez.
00:51:22 -Vous qui n'avez que le mot "dépense" à la bouche,
00:51:25 vous qui proposez de rétablir la retraite à 60 ans
00:51:28 sans expliquer comment vous le financeriez,
00:51:30 vous qui proposez de baisser tous les taux de TVA
00:51:33 sans aucune garantie que ça ferait baisser les prix
00:51:36 pour les Français, vous qui proposiez
00:51:38 100 milliards d'euros de dépenses en plus
00:51:41 dans la dernière campagne présidentielle
00:51:43 sans le début d'une idée de financement,
00:51:45 vous nous parlez de Mozart de la finance,
00:51:48 avec vous, ça serait le crépuscule des retraites
00:51:51 et la dette enchantée.
00:51:52 -Les punchlines étaient...
00:51:54 -Il avait bien préparé. -Écrites à l'avance.
00:51:56 C'est une expérimentation.
00:51:58 Ca suffit ? Il faut continuer ?
00:52:00 C'est concluant ou pas ?
00:52:01 -Dans un sens, il n'est pas tombé dans le piège du chaud
00:52:04 et il n'a pas cherché à trop se mettre en avant
00:52:07 en tant que Premier ministre.
00:52:09 Il était parfois en surface sur certains sujets
00:52:11 qui n'étaient pas les siens,
00:52:13 vu qu'il ne peut pas maîtriser tous les dossiers.
00:52:16 Il est en rodage et il a encore quatre autres séances
00:52:19 de ce nouvel exercice pour trouver son style.
00:52:21 -Merci, Thomas,
00:52:23 pour cette première analyse de ce seul en scène à Thal.
00:52:28 On va célébrer Pompidou, Pierre-Henri Tavoyau.
00:52:30 Il y a un peu de nostalgie dans l'air,
00:52:33 l'âge d'or, l'optimisme de ces années 70,
00:52:36 sans peur et sans reproche.
00:52:38 Je vous souhaiterais revenir sur le pessimisme français,
00:52:41 qui, à l'aune de ces années-là, nous semble contrasté.
00:52:44 -Il faut se méfier des supposés âges d'or
00:52:47 et des "c'était mieux avant".
00:52:48 Le contraste est saisissant entre cette période
00:52:51 d'or devant elle et la nôtre, qui est emplie de nostalgie,
00:52:54 ce qui donne raison à Pierre Dac, qui disait
00:52:57 "l'avenir de monsieur est devant lui,
00:52:59 "il l'aura dans le dos chaque fois qu'il fera demi-tour".
00:53:02 Beaucoup plus sérieusement, l'Observatoire du bien-être
00:53:05 confirme un peu cette hypothèse de Pierre Dac.
00:53:08 Moins de 5 % des Français veulent vivre dans l'avenir.
00:53:12 25 % sont heureux dans le présent
00:53:15 et 69 % préféreraient le passé.
00:53:18 Alors, un passé proche, mais quand même le passé.
00:53:21 Les Français sont moins satisfaits de leur vie
00:53:23 que le niveau de richesse de leur pays,
00:53:26 le PIB notamment, ou l'espérance de vie.
00:53:28 D'autres pays, qui sont équivalents ou beaucoup moins bien dotés,
00:53:32 ont un niveau d'optimisme bien supérieur.
00:53:34 Les Français se sentent mal dans une France qui va bien,
00:53:37 pour reprendre le titre d'un titre d'ouvrage d'Hervé Lebrun.
00:53:41 -Comment vous l'expliquez, ce pessimisme ?
00:53:43 -La meilleure clé d'explication, c'est une discipline
00:53:46 que j'adore, l'économie du bonheur, portée notamment par...
00:53:50 -Claudia Sénic. -Claudia Sénic.
00:53:52 Le principe de base est le suivant pour cette économie du bonheur.
00:53:55 On demande aux gens, c'est le ressenti,
00:53:57 de noter leur sentiment de bonheur de 0 à 10.
00:54:00 On le fait plusieurs fois et on corrèle ces éléments
00:54:03 avec des données objectives.
00:54:05 3 points sur la question du bien-être.
00:54:07 D'abord, ce qu'on appelle un seul de satiété,
00:54:10 ou le paradoxe des sterlingues, c'est l'idée
00:54:12 qu'à partir d'un certain niveau de confort,
00:54:15 le bien-être ne s'améliore pas.
00:54:17 On est stable, le niveau n'augmente pas.
00:54:19 Deuxièmement, le bonheur personnel n'est pas suffisant.
00:54:22 Il faut la comparaison.
00:54:24 Comme disait Jules Renard, il ne suffit pas d'être heureux,
00:54:27 il faut que les autres ne le soient pas,
00:54:29 en condition du bonheur.
00:54:31 Troisièmement, les perspectives.
00:54:33 La situation présente peut être très grise, voire noire,
00:54:36 mais si l'avenir est en rose, le bonheur peut arriver.
00:54:39 De ce point de vue-là, la France coche un peu toutes les cases.
00:54:43 Objectivement, la France est aujourd'hui
00:54:45 infiniment plus favorable dans une situation
00:54:48 qu'à l'époque de Pompidou, en termes de PIB,
00:54:50 d'espérance de vie, d'égalité hommes-femmes.
00:54:53 Tout ça est positif. On ne voudrait pas en revenir.
00:54:55 Mais nous y sommes habitués et, d'une certaine façon,
00:54:58 nous sommes blasés. Deuxièmement,
00:55:00 la comparaison avec le reste du monde.
00:55:03 Le monde ne cesse d'émerger, il nous dépasse aussi,
00:55:05 et la comparaison est peu flatteuse.
00:55:08 Nous nous nourrissons d'un sentiment de déclin,
00:55:10 économiquement, climatiquement, géopoliquement,
00:55:13 avec, de surcroît, le sentiment d'une impuissance de l'Etat.
00:55:17 La sécurité, immigration, dette, environnement,
00:55:19 tout ça nous échappe.
00:55:21 -Le remède à cette dépression ?
00:55:23 -Il y a un élément positif, dans toutes ces études,
00:55:26 c'est que si les Français sont négatifs,
00:55:28 ils le sont en général, mais quand on les interroge,
00:55:31 ils disent que c'est correct.
00:55:32 Ils sont très contents d'habiter en France.
00:55:35 Ca témoigne du fait que les Français sont un peuple
00:55:38 d'intellectuels, ils aiment brasser les idées, les visions du monde.
00:55:42 Soyons clairs, quand on aime les idées et les visions du monde,
00:55:45 on n'aime pas le pessimisme.
00:55:47 L'optimisme est souvent béat, le pessimisme est toujours profond.
00:55:50 Les Français préfèrent la profondeur à la béatitude.
00:55:53 C'est peut-être une bonne nouvelle. -Merci beaucoup,
00:55:56 notamment pour cette chute comme une renaissance.
00:55:59 La petite et la grande histoire, les coulisses de l'Assemblée.
00:56:03 C'est Bourbon Express.
00:56:04 Générique
00:56:06 ...
00:56:11 -Bonsoir, Stéphanie Despierre. -Bonsoir.
00:56:13 -Votre histoire du jour ? -Je vous raconte
00:56:16 la polémique dans laquelle est empêtré le député
00:56:18 Quentin Bataillon. C'est le président
00:56:20 de la désormais fameuse commission d'enquête TNT.
00:56:23 Hier soir, il était sur le plateau de "Touche pas à mon poste",
00:56:27 l'émission de Cyril Hanouna.
00:56:28 Il y a quelques semaines, c'était l'inverse.
00:56:31 Les députés ont auditionné le présentateur vedette de C8
00:56:34 mais aussi son concurrent, Yann Barthès,
00:56:36 l'animateur de "Quotidien" sur TMC.
00:56:38 Hier soir, Quentin Bataillon a un peu pris parti.
00:56:42 -Vous préférez Cyril Hanouna ou Yann Barthès ?
00:56:45 Rires
00:56:46 -J'ai encore un peu neutralité.
00:56:48 -Il est dur. -Je ne peux pas répondre.
00:56:50 -Vous n'avez pas été surpris de l'attitude de l'un et de l'autre ?
00:56:54 On a annoncé une audition très mouvementée avec Cyril.
00:56:57 Yann Barthès n'a pas été très sympathique.
00:56:59 Il a dit qu'il n'était pas content.
00:57:01 -C'est la 1re fois que je me suis "énervé",
00:57:04 je suis un garçon plutôt calme, sur les auditionnés,
00:57:06 parce qu'il y a une attitude assez arrogante dès le début.
00:57:10 Il refusait de répondre à nos questions.
00:57:12 -Immédiatement, une pluie de critiques s'abat
00:57:15 sur le député Renaissance, la France insoumise,
00:57:17 à l'origine de la commission d'enquête,
00:57:20 et dont les relations avec Bataillon sont déjà mauvaises.
00:57:23 Les écologistes écrivent aux déontologues de l'Assemblée,
00:57:26 les socialistes à la présidence.
00:57:28 Bref, toute la gauche réclame sa démission.
00:57:30 -Mon rôle exige une forme de neutralité.
00:57:33 Il n'aurait pas dû aller dans cette émission
00:57:35 et encore moins, il prononçait les propos qu'il a tenus.
00:57:38 Il a pu dire à Cyril Hanouna, "Vous, vous respectez les règles."
00:57:42 Il a le moins respecté les règles de l'ARCOM,
00:57:44 ou en tout cas, il est l'homme le plus sanctionné du Parc.
00:57:47 Le mieux serait qu'il démissionne.
00:57:49 -Il réclame sa démission,
00:57:51 mais d'autres membres de cette même commission d'enquête
00:57:54 sont allés chez Hanouna.
00:57:55 -Au moins 4 membres de cette commission d'enquête
00:57:58 sont allés sur le plateau de "Touche pas à mon poste"
00:58:01 durant le mois de mars.
00:58:02 Carles Olive, député Renaissance, Jérôme Getsch, député socialiste,
00:58:06 député Renaissance, ou encore Thomas Ménager,
00:58:09 député du RN.
00:58:10 Ce qui est reproché à Quentin Bataillon,
00:58:12 ce n'est pas sa présence, mais ses propos.
00:58:15 Ses propos ont fait bondir jusqu'au président de son propre groupe.
00:58:18 Sylvain Maillard, le patron des députés Renaissance,
00:58:21 a immédiatement décroché son téléphone hier soir.
00:58:24 Il a joint Quentin Bataillon à la sortie du plateau
00:58:27 pour lui dire son mécontentement,
00:58:29 et lui demander d'être plus impartial
00:58:31 chez ses collègues de Renaissance.
00:58:33 On dit que c'est dommage, il avait bien géré.
00:58:36 -Au lieu de la sortir de route,
00:58:38 la présidence de l'Assemblée était furieuse, selon son entourage,
00:58:41 et elle s'est fendue d'un communiqué sévère.
00:58:44 Elle demande à ce que les présidents de commissions
00:58:47 exercent leur mission de façon impartiale,
00:58:49 équilibrée et collégiale.
00:58:51 Elle tient à rappeler que le président,
00:58:53 comme les rapporteurs et les membres,
00:58:55 doit faire preuve de réserve et de discernement
00:58:58 dans les prises de position et les expressions publiques.
00:59:01 -La suite, Bataillon ou pas, va rester ?
00:59:03 -On ne sait pas trop.
00:59:05 Malgré la grosse pression sur les épaules de Bataillon,
00:59:08 la présidence de l'Assemblée n'a pas le pouvoir
00:59:10 de révoquer le président d'une commission d'enquête.
00:59:13 Bataillon, c'est le silence radio,
00:59:15 nous avons essayé de le joindre sans succès.
00:59:18 Cette polémique ne va pas améliorer ses relations
00:59:21 avec le rapporteur député insoumis Aurélien Saint-Aoul
00:59:24 ni la crédibilité de cette commission.
00:59:26 Les auditions sont terminées, le rapport est attendu le 7 mai.
00:59:30 -Merci, on y reviendra. Vous avez regardé ces auditions ?
00:59:33 -Je les ai suivies, j'ai surtout suivi la polémique
00:59:36 sur la veste polaire de Yann Barthez,
00:59:38 ça m'a affligée, j'ai dit que j'avais plus intéressant à faire.
00:59:41 J'attends le résultat de cette commission
00:59:44 pour voir si ça débouche sur quelque chose
00:59:46 ou si c'est beaucoup de bruit pour pas grand-chose.
00:59:49 -Ce que le féminisme m'a fait s'étalir chez Flammarion.
00:59:52 Merci à vous, Julia Foy, d'être venue sur le plateau de LCP.
00:59:56 Merci, Stéphanie Depiera.
00:59:57 Très vite, très belle soirée documentaire.
01:00:00 Jean-Pierre Gracien, à demain.
01:00:03 ...
01:00:15 [Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org]