• il y a 8 mois
À 8h20, le réalisateur James Cameron est l'invité du Grand Entretien à l'occasion de la rétrospective que la Cinémathèque Française lui consacre, en partenariat avec France Inter. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-mercredi-03-avril-2024-3275159

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Transcription
00:00 Avec Léa Salamé, nous recevons ce matin un géant du cinéma mondial et le mot n'est pas exagéré.
00:06 Il est à Paris à l'occasion de l'exposition-événement que lui consacre en partenariat avec France Inter,
00:12 la Cinémathèque Française, exposition qui ouvre ses portes demain jeudi.
00:17 Dialoguez avec lui au 01 45 24 7000 et sur l'application de France Inter.
00:23 James Cameron, bonjour.
00:24 - Bonjour.
00:25 - Et bienvenue à ce micro, nous vous avions reçu en 2022 pour Avatar, la voix de l'haut succès mondial,
00:33 comme bien d'autres dans la liste inouïe des films que vous avez réalisé,
00:38 les Terminators, Aliens, Abyss, Titanic, c'est vertigineux à quel point vous avez marqué l'imaginaire des spectateurs du monde entier.
00:47 Cette exposition de la Cinémathèque, l'art de James Cameron, nous permet en quelque sorte d'entrer dans l'atelier d'artiste,
00:56 de l'artiste que vous êtes, de voir comment s'élaborent vos films, mais aussi de comprendre quelle est votre vision du monde,
01:03 de votre dessin d'enfant à vos films.
01:06 Cette exposition est aussi une forme d'autobiographie.
01:10 Qu'avez-vous éprouvé en la visitant, en vous voyant vous-même au musée ?
01:17 Quand j'ai vu l'exposition pour la première fois, j'étais frappé de voir que c'était en fait une autobiographie de mes propres idées depuis le départ,
01:28 lorsque j'étais gamin au Canada, et j'ai grandi en me nourrissant de science-fiction,
01:36 de science-fiction littéraire, mais également de bande dessinée, Marvel, et puis toutes ces artistes de Marvel des années 60,
01:46 à savoir que vous êtes fan de cette période, Spider-Man et compagnie, et les Fantastic Four.
01:54 Mais je ne voulais pas simplement être spectateur, je voulais créer moi-même, je voulais dessiner,
02:02 je passais mon temps à dessiner, à écrire un petit peu, mais surtout à dessiner, dessiner, peindre également.
02:09 Et ce que l'on voit dans l'exposition, dans le parcours, c'est l'évolution des idées,
02:17 qui partaient d'idées un petit peu juvéniles lorsque j'étais gamin, mais certains thèmes récurrents,
02:23 la relation à la technologie, mais également à la nature, les forces destructrices qui agissent, qui sévissent sur la planète.
02:32 Alors vous avez peut-être de belles images, mais également des idées un peu dystopiques.
02:36 Plus de 300 œuvres originales sont présentées dans cette exposition, il y a des dessins, il y a des pastels, il y a des peintures.
02:43 On découvre effectivement que vous êtes un excellent dessinateur depuis l'enfance, vous savez très bien dessiner.
02:47 On voit également des accessoires, des costumes, des photographies, des films.
02:51 Du robot tueur de Terminator à la planète Pandora d'Avatar, en passant par le naufrage spectaculaire de Titanic,
02:57 vous avez forgé, James Cameron, des images que personne n'a oubliées ici.
03:01 Juste, on le rappelle, Avatar, c'est le numéro 1 du box-office mondial, c'est le film le plus vu de tous les temps.
03:08 Avatar 2 est le troisième du box-office mondial et le quatrième, c'est encore vous, c'est Titanic.
03:14 Mais ce qui est très marquant dans cette exposition, c'est ce que vous nous disiez là, c'est-à-dire que tout remonte à l'enfance.
03:20 À ce gamin que vous étiez au Canada, dans un petit village du Canada.
03:25 Et comment toutes ces idées qu'on voit ensuite dans vos films, elles ont émergé dans l'enfance ?
03:30 Chez ce petit gamin, quand on voit les dessins d'enfance, il y avait déjà tout.
03:34 La science-fiction, il y a déjà les robots, il y a déjà la planète qui est menacée, il y a déjà tout ça.
03:39 Je n'aurais même pas pu m'imaginer, je me trouvais un jour ici dans ce studio à échanger avec vous.
03:47 J'ai grandi dans un petit village au Canada où l'horizon était assez étroit, mais l'imagination n'avait pas de limite.
03:56 Parce que quand on lit, quand on fait partie un petit peu du dialogue mondial sur la technologie, notamment dans les années 60,
04:04 c'était l'époque où justement je faisais beaucoup de ces dessins dans les années 60 et également 70.
04:09 Les idées que vous voyez dans mes films viennent effectivement de cette période.
04:13 Les robots, les planètes, tout l'imaginaire, toutes les images viennent en grande partie de mes rêves.
04:20 C'est ça qui est intéressant, ces dessins, ces œuvres avaient été inspirés par mes rêves.
04:25 Je faisais un rêve et en me réveillant tout de suite, je faisais un dessin, une esquisse, et alors vous avez les forces bioluminescentes d'avatar,
04:35 ça vient d'un rêve. Et d'ailleurs on voit un croquis dans l'exposition.
04:39 Je n'y pensais pas bien sûr quand j'avais 19 ans, mais l'imagination peut vous emmener partout dans ces immenses projets cinématographiques
04:51 où l'on exprime ces idées imagées à travers le cinéma.
04:58 Au bout d'un moment, j'ai arrêté de peindre et dessiner parce que j'étais en mesure de travailler avec les meilleurs artistes du monde.
05:05 Je me débrouille pas mal, mais je ne suis pas un immense artiste quand même.
05:08 Mais disons que j'ai commencé à m'intéresser davantage à la toile cinématographique, la peinture de la lumière.
05:15 - Terminator, qui est votre premier gros succès, James Cameron, vous est apparu aussi en rêve.
05:21 On voit dans l'exposition le dessin d'un robot humanoïde en flamme.
05:25 Et cette image, dites-vous, vous est venue de manière onirique.
05:31 J'ai été fauché, je suis tombé malade à cause de la fièvre.
05:34 J'ai rêvé d'un squelette en chrome qui émergeait d'un mur en feu.
05:39 L'image mentale, l'image de science-fiction, précède l'histoire chez vous.
05:44 - Oui, et l'image que vous évoquez d'un squelette en chrome qui jaillit en feu est venue effectivement de cette période.
05:58 J'étais très fiévreux, j'étais dans un état où je rêvais à moitié, je délirais.
06:04 Et j'ai vu cette image et je me suis dit « mais qu'est-ce qui pourrait créer cette angoisse ? »
06:08 On est dans les années 80 à l'époque et c'était en fait au point de la guerre froide.
06:15 Il y avait plus de missiles dans le monde qu'il n'y en avait jamais eu.
06:18 Maintenant, il n'en reste qu'un dixième de ce qu'il y avait à l'époque, c'est vous dire.
06:21 Donc c'était vraiment une idée très présente.
06:24 Et donc cette image de mort, de squelette de feu les a réunis autour de cette notion de destruction nucléaire.
06:31 C'est de là qu'est venue l'idée de Terminator, mais il fallait autre chose, il manquait quelque chose.
06:35 Et c'est là que j'ai ajouté l'intelligence artificielle, ça ne s'appelait pas comme ça à l'époque.
06:40 C'était des machines intelligentes ou l'intelligence des machines.
06:44 J'avais peut-être un peu d'avance sur mon temps parce que c'est le monde dans lequel nous vivons aujourd'hui.
06:51 Nous sommes en train de digérer tout cela.
06:53 Mais oui, c'est ça qu'on voit dans cette exposition, c'est combien vous aviez la préscience déjà,
06:58 enfant à huit ans, vous racontez combien la crise des missiles de Cuba,
07:01 vous parlez de la guerre froide, vous racontez combien la crise des missiles de Cuba vous a marqué
07:06 quand vous avez huit ans, où votre père avait mis sur la table basse des guides expliquant
07:10 comment on construit un abri anti-atomique si jamais les Russes nous envoient un missile.
07:15 Et véritablement, cette enfance dans la guerre froide, cette enfance au milieu de la menace,
07:23 a construit votre imaginaire, a construit ce qu'on va voir ensuite.
07:27 Évidemment, il y aura l'intelligence artificielle aussi et la science-fiction,
07:29 mais il y a la politique violente qui construit l'imaginaire de cet enfant.
07:34 Oui, aidez-moi avec la dernière partie.
07:36 Là c'est la traduction, parce qu'il a à peu près compris,
07:39 vous ne voulez pas la traduction sur toutes les premières questions ?
07:41 Je suis encore un enfant, donc ma propre imagination,
07:47 donc l'enfant c'est ce qui me motive aujourd'hui.
07:54 Alors, quand j'étais gamin, j'imaginais toutes sortes de choses,
07:56 je visais de la science-fiction, mais la science-fiction,
07:59 ce n'est pas simplement des futures utopies des voitures volantes, que sais-je,
08:05 non, c'est toutes les façons dont l'être humain a interagi avec la technologie
08:09 et peut aboutir à la destruction de la planète.
08:11 Donc j'avais ces thèmes assez sombres,
08:14 mon papa effectivement avait des brochures sur la façon de construire des abris anti-atomiques,
08:21 pendant en particulier la crise des missiles de Cuba,
08:25 donc toutes ces idées se sont exprimées à travers mes œuvres d'art,
08:29 et de ce point de vue-là, je n'ai pas tellement changé,
08:32 mais mon opinion n'a pas vraiment bougé,
08:34 j'ai une idée très sceptique des gouvernements,
08:38 une opinion très pessimiste de l'avenir de l'humanité,
08:44 mais par contre, la capacité qu'a l'homme de résoudre les problèmes,
08:48 la compassion, ça, j'y crois.
08:50 Et donc, je ne peux pas vous dire ce qui va se passer,
08:54 je ne suis pas futurologue, je ne suis pas nostradamus,
08:57 Vous n'êtes pas futurologue, vous n'êtes pas nostradamus, mais vous êtes très pessimiste.
09:00 [Personnage parle en anglais]
09:02 En tant que parent, mon rôle c'est d'être au contraire optimiste,
09:07 mais tout ce que je lis me dit qu'on a un très très gros problème devant nous qu'il va falloir régler.
09:14 Est-ce du pessimisme ? Je ne sais pas, peut-être que c'est simplement du réalisme.
09:18 Vous êtes très dur sur la politique, James Cameron,
09:21 on peut lire dans le catalogue de l'exposition,
09:23 je vous cite, "Pendant 10 ou 15 ans, j'ai réellement cru que les systèmes politiques
09:27 pouvaient apporter des résultats positifs, mais aujourd'hui, comme à 17 ans,
09:32 je suis persuadé que tous les politiciens sont des connards et qu'on perd notre temps
09:37 en traitant avec eux à moins de descendre dans la rue pour leur renvoyer leur gaz lacrymo à la figure."
09:45 Vous en êtes là, James Cameron ? Vous n'avez vraiment plus du tout confiance dans la politique ?
09:52 Je n'ai aucune confiance en la politique. Zéro, zéro, zéro.
09:55 À mon sens, les hommes politiques ne font que ce qu'on leur dit de faire.
09:58 J'ai confiance par contre dans l'humanité, je crois à la compassion humaine
10:05 et sa capacité à exiger ce qu'il faut, mais actuellement le processus politique
10:10 dans la plupart des pays, certainement aux États-Unis où j'ai longtemps vécu,
10:13 malheureusement je ne suis pas en Nouvelle-Zélande,
10:15 ce processus politique a été détourné par des gros intérêts,
10:19 par les lobbies, par l'industrie et que sais-je.
10:23 Et donc, ça n'est que lorsque le peuple se révolte et dit "il nous faut changer,
10:29 il nous faut changer nos relations internationales, il faut changer notre attitude
10:34 par rapport au changement climatique". Donc je suis tout aussi pessimiste que quand j'étais gamin,
10:38 j'étais gamin dans les années 60, on le voit à travers mes œuvres d'art,
10:41 dans l'exposition qui dit qu'on fait face au risque de destruction nucléaire,
10:47 mais également de destruction climatique, environnementale,
10:50 de ce point de vue-là je n'ai pas beaucoup changé.
10:52 Mais où j'en suis maintenant, en tant qu'auteur, en tant que cinématographique,
10:58 c'est que je crois quand même au cœur humain, sa capacité à voir l'autre,
11:03 à avoir, à y prouver la compassion envers l'autre. Donc il y a encore de l'espoir.
11:06 Il y a encore de l'espoir et ça on peut le voir vraiment dans Avatar,
11:10 comment vous avez de l'espoir dans les humains, dans les humains,
11:14 pas dans la politique, dans les humains.
11:17 Mais est-ce que vous suivez quand même l'actualité politique ?
11:20 Est-ce que vous suivez ce qui se passe aux États-Unis,
11:23 l'élection présidentielle aux États-Unis, le possible retour de Donald Trump ?
11:28 Ou est-ce que vous fermez les écoutilles et vous ne vous consacrez qu'à l'art,
11:32 qu'à vos dessins, qu'à vos films ?
11:34 Ou si vous restez branchés sur l'actualité même si vous êtes pessimiste ?
11:38 Écoutez, alors rappelez-vous, je n'habite plus aux États-Unis,
11:47 mais enfin j'ai une activité, j'y ai vécu quand même pendant 45 ans.
11:52 Donc effectivement, l'élection présidentielle,
11:56 c'est quelque chose d'un petit peu décourageant.
11:58 Enfin pour moi, quand je vois toutes les réalisations de l'humanité,
12:02 toutes les gens, toutes les personnes incroyables,
12:04 et puis on se retrouve avec ces deux bons hommes
12:06 qui sont censés représenter la nation la plus puissante de la planète,
12:10 c'est un scénario loose loose.
12:12 Une des fêtes est peut-être pire que l'autre, mais pas tellement pire.
12:17 Moi je suis sûr que le monde nous regarde avec horreur
12:20 en voyant l'absurdité de la chose, mais ce n'est pas tellement mieux ailleurs.
12:25 Donc je ne pratique pas la politique de l'autrui,
12:29 je regarde ce qui se passe, je sais de voir les façons d'être utiles, de pouvoir aider quand même.
12:34 Depuis vos débuts, vous vous alertez sur la menace que les hommes font peser sur notre planète.
12:37 "Avatar est une fable écologique", vous avez cette très belle phrase,
12:41 vous dites "Avatar est un film où l'on pleure pour un arbre".
12:44 Vous pensez que si la politique ne peut pas le faire,
12:47 le cinéma peut éveiller les consciences ?
12:49 C'est quand même important quand on est artiste,
12:56 quel que soit l'art, quel que soit le support,
12:58 que ce soit la littérature, la télévision, la peinture,
13:01 la sculpture, le cinéma, donc,
13:04 tous ceux qui s'expriment dans le monde doivent, à mon sens,
13:08 créer un mouvement et dire "il nous faut changer, il nous faut bouger,
13:13 il nous faut nous améliorer en tant qu'êtres humains",
13:15 et c'est ce que j'essaye de faire à travers mes films.
13:17 Dans les films Avatar, il ne s'agit pas d'extraterrestres bleus
13:21 qui sont contre les hommes, contre les terriens,
13:25 ce sont les êtres bleus qui représentent le meilleur de ce qu'il y a en nous,
13:29 pour se battre contre ce qu'il y a de pire en nous.
13:33 Vous avez tout ce qui est cupidité, le monde des affaires un petit peu corrompu,
13:39 et là, contre un monde qui voudrait s'améliorer,
13:43 Pandora est un beau monde, mais nous avons une belle planète ici,
13:45 une belle planète que nous détruisons à un rythme incroyable.
13:49 Donc c'est ça, les thèmes que l'on traverse.
13:53 J'y étais présent lorsque j'étais gamin,
13:55 quand j'ai commencé à faire des films,
13:57 et maintenant je vois encore la même chose.
13:59 On va passer au standard de France Inter, James Cameron,
14:01 parce qu'il y a beaucoup d'auditeurs qui souhaitent dialoguer avec vous.
14:05 Bonjour Simon Pierre !
14:07 Bonjour !
14:09 On vous écoute !
14:11 Merci, je ne pensais pas qu'un jour je pouvais à la fois féliciter France Inter
14:13 pour la qualité de ses émissions,
14:15 et James Cameron pour l'immensité de son oeuvre.
14:17 Ma question est la suivante,
14:19 dans tous les films de James Cameron,
14:21 il y a une femme extrêmement forte,
14:23 et au cœur du cinéma des années 40,
14:25 et au cœur du cinéma des années 80, 90,
14:27 face à Bruce Willis,
14:29 Sylvester Stallone et Arnold Schwarzenegger,
14:31 on avait des femmes qui non seulement étaient
14:33 l'égal des hommes,
14:35 mais étaient carrément supérieures,
14:37 et arrivaient à se sortir de situations catastrophiques
14:39 avec grand succès.
14:41 Je voulais savoir d'où venait son inspiration à ce sujet.
14:45 Merci beaucoup Simon Pierre !
14:47 James Cameron vous répond sur ses personnages féminins.
14:51 Simon, merci pour cette question.
14:55 Quand j'étais gamin,
14:57 je voyais toujours un déséquilibre dans la vie,
14:59 mais il y avait un équilibre dans ma propre vie.
15:01 Ma maman était une femme très compétente,
15:03 mais au cinéma,
15:05 la femme c'était la copine,
15:07 c'était l'épouse,
15:09 mais c'était le mec qui était au centre de l'histoire.
15:11 Et à la fin des années 70,
15:13 il y a eu quelques années,
15:15 il y a eu quelques années,
15:17 il y a eu quelques années,
15:19 et à la fin des années 70,
15:21 il y a eu quelques exemples intéressants.
15:23 Sigourney Weaver dans les films de Ridley Scott,
15:25 Alien,
15:27 je me suis dit, ça devrait être plutôt comme ça.
15:29 Et quand j'ai écrit Terminator,
15:31 et j'ai pensé à Sarah Connor,
15:33 et puis ce qui est dingue,
15:35 c'est que j'ai eu la possibilité
15:37 de réaliser la suite d'Alien
15:39 avec Sigourney Weaver.
15:41 Et là, les gens ont commencé à réagir,
15:43 les films d'ailleurs ont bien marché,
15:45 et Hollywood s'est dit, un instant,
15:47 on peut faire un film avec un personnage principal féminin,
15:49 où la femme est intelligente,
15:51 elle est celle qui est le personnage central,
15:53 qui maîtrise le jeu,
15:55 et c'était un électrochoc pour tout le monde.
15:57 Tout le monde s'est réveillé en voyant cela,
15:59 et j'ai persisté dans cette voie.
16:01 Et à ce jour,
16:03 j'estime que c'est quand même
16:05 l'énergie féminine dans la race humaine
16:07 qui va sauver la race humaine.
16:09 Ça n'est pas le mal compétitif,
16:11 agressif,
16:13 c'est l'énergie féminine.
16:15 Qui peut se manifester dans un corps masculin ou féminin,
16:17 et il y en a qui n'ont pas du tout cette énergie,
16:19 mais essentiellement,
16:21 ça viendra de cette capacité
16:23 à être en relation avec l'autre,
16:25 à coopérer,
16:27 à travailler ensemble,
16:29 à œuvrer ensemble,
16:31 et c'est finalement le sens de la vie
16:33 tel qu'il s'exprime à travers ce que j'appelle
16:35 l'énergie de la déesse.
16:37 - Vous aurez entendu Nicolas.
16:39 - Ah, j'ai pris des notes même.
16:41 Christophe est au Standard Inter.
16:43 Bonjour, bienvenue.
16:45 - Bonjour, merci beaucoup de prendre ma question,
16:47 M. Cameron.
16:49 Juste deux questions.
16:51 Comment vous voyez l'avenir
16:53 de l'intelligence artificielle que vous avez
16:55 tant mis en avant dans la série
16:57 des films Terminator,
16:59 et est-ce qu'aujourd'hui vous utilisez
17:01 cet outil pour créer,
17:03 imaginer vos prochains films ?
17:05 - Merci beaucoup Christophe.
17:07 James Cameron vous répond.
17:09 - Christophe, c'est une question très importante.
17:11 Elle est tout à fait d'actualité.
17:13 Elle est sur toutes les lèvres.
17:15 Quel avenir nous réserve
17:17 l'intelligence artificielle ?
17:19 - Par rapport à cela,
17:21 je suis à la fois optimiste et pessimiste,
17:23 parce qu'à mon sens,
17:25 il y a un risque réel pour l'humanité.
17:27 Quand on crée une intelligence supérieure
17:29 à celle de l'homme et qu'on essaie de la maîtriser
17:31 et qu'on n'est pas sûr d'y arriver,
17:33 cette intelligence pourrait être
17:35 instrumentalisée, transformée en arme.
17:37 - C'est un peu comme la technologie du combat.
17:39 - L'exemple le plus typique, c'est l'énergie nucléaire
17:41 qui était au départ civil
17:43 et qui est devenue une menace terrible,
17:45 mais en même temps,
17:47 l'intelligence artificielle peut faire des choses
17:49 remarquables en médecine,
17:51 en créativité,
17:53 on peut construire un meilleur avenir
17:55 grâce à ces outils d'intelligence artificielle.
17:57 Je ne me sers pas d'intelligence artificielle générative,
17:59 celle qui crée ça, non.
18:01 On ne s'en sert pas,
18:03 on ne trouve pas de solution.
18:05 On ne peut pas créer de nouvelles technologies.
18:07 On ne s'en sert pas,
18:09 on n'est pas servi pour Avatar,
18:11 on n'a pas servi d'intelligence artificielle
18:13 pour créer les images.
18:15 C'est les hommes qui créent les images,
18:17 les ordinateurs peuvent les réaliser
18:19 et on a des
18:21 précurseurs, si vous voulez.
18:23 - Donc dans 10, 20 ou 30 ans, il n'y aura pas
18:25 une intelligence artificielle qui remplacera James Cameron.
18:27 On aura toujours besoin de James Cameron.
18:29 - Ecoutez, c'est quand même le marché qui en décidera.
18:35 Si l'intelligence artificielle était capable
18:37 d'écrire un scénario et que ça marchait
18:39 et que le movie marchait,
18:41 pourquoi pas ?
18:43 - En parlant de votre caractère et de prendre son risque,
18:45 quand vous pitchez Terminator à votre agent,
18:47 il vous dit "très mauvaise idée,
18:49 n'écris pas ce truc-là"
18:51 et vous dites "heureusement,
18:53 j'ai senti qu'il avait tort et je l'ai ignoré".
18:55 De manière générale, dans votre vie,
18:57 et ça on le voit bien dans l'exposition,
18:59 vos idées d'enfant,
19:01 vos rêves que vous transcrivez le lendemain,
19:03 vous les faites.
19:05 Et un non, quand on vous dit non,
19:07 et bien vous le faites quand même.
19:09 - Il faut quand même écouter
19:13 les avis de tout le monde.
19:15 Mais si ce qu'on vous dit
19:17 fait écho à vos propres doutes,
19:19 alors effectivement,
19:21 il faut en tenir compte.
19:23 Mais si quelqu'un vous dit quelque chose
19:25 qui vous paraît complètement faux,
19:27 instinctivement vous dites que c'est faux,
19:29 il ne faut pas le suivre parce que
19:31 ce sont des oeuvres d'équipe,
19:33 des oeuvres collaboratives,
19:35 je travaille avec beaucoup de gens
19:37 qui sont eux-mêmes des artistes,
19:39 j'écoute ce qu'ils ont à dire.
19:41 Mais par exemple, si quelqu'un du studio
19:43 qui finance le film me dit
19:45 quelque chose les gêne,
19:47 qui me gêne aussi,
19:49 bon, ben là je réglerai le problème.
19:51 Mais si l'on me dit quelque chose
19:53 qui n'a à mon sens aucun rapport
19:55 avec ce que j'essaie de dire ou de faire,
19:57 je leur dis avec tout respect, je leur dois
19:59 les voix et c'est là où j'en suis actuellement.
20:01 Ça me paraît quand même une bonne façon de travailler.
20:03 Beaucoup d'interventions d'auditeurs,
20:05 je le redis, sur l'application
20:07 de France Inter.
20:09 Margot vous dit la chose suivante,
20:11 vous êtes l'un des derniers cinéastes
20:13 à allier le grand cinéma qui innove
20:15 et marque l'histoire
20:17 avec le cinéma populaire
20:19 qui rassemble.
20:21 Est-ce que ça vous va comme description
20:23 de ce qu'est peut-être votre
20:25 ambition artistique ?
20:27 Margot, c'est très gentil
20:29 ce que vous dites.
20:31 Il y a quand même beaucoup de jeunes
20:33 cinéastes qui ont beaucoup de talent
20:35 qui travaillent dans un monde
20:37 qui a beaucoup changé.
20:39 Leur voix reste parfaitement
20:41 d'actualité.
20:43 Moi, je viens d'une autre génération
20:45 où à Hollywood,
20:47 on essayait d'arriver
20:49 à un consensus,
20:51 on voulait fédérer les gens
20:53 autour de nos films.
20:55 Alors, ça ne fait pas
20:57 de nos films des films, disons, génériques,
20:59 mais dans mes films, en tout cas,
21:01 j'essaie d'arriver à
21:03 des valeurs universelles
21:05 de l'être humain,
21:07 des valeurs familiales, l'amour,
21:09 dans les films Titanic, Avatar,
21:11 on parle d'amour,
21:13 dans le second Avatar,
21:15 c'est l'amour familial,
21:17 mais ce qui compte,
21:19 c'est les voix, les jeunes
21:21 voix artistiques qui parlent,
21:23 qui sont d'actualité,
21:25 avec les problèmes d'actualité,
21:27 et il faut également écouter
21:29 ces voix-là, il faut leur donner
21:31 une plateforme.
21:33 - Alors, on va donner la parole à Santiago.
21:35 Bonjour Santiago !
21:37 - Bonjour !
21:39 - Tu as 8 ans !
21:41 - Bonjour Santiago !
21:43 - Alors, dis-nous, de quoi veux-tu parler
21:45 avec James Cameron ?
21:47 - Moi, j'ai vu la première partie
21:49 du film du Titanic,
21:51 et je voulais savoir
21:53 comment vous avez réalisé le film.
21:55 - Oh là là ! - C'est tellement mignon !
21:57 - Et comment vous avez eu l'idée ?
21:59 - Et comment il a eu l'idée ?
22:01 Et puis, il faudra que tu vois
22:03 un jour la deuxième partie,
22:05 malheureusement.
22:07 Santiago, merci beaucoup
22:09 d'avoir téléphoné !
22:11 James Cameron te répond !
22:13 - Je serai également...
22:15 Je pourrai faire une suite
22:17 pour tous mes films
22:19 mais pour Titanic, c'est pas sûr.
22:21 On pourrait faire une prequelle
22:23 Jack et Rose
22:25 avant la rencontre, ou la construction
22:27 du navire, ça ne serait peut-être pas
22:29 un film très intéressant.
22:31 Alors écoute Santiago, moi, ce qui m'a
22:33 fasciné dans Titanic,
22:35 et tous les jeunes ressentaient
22:37 un petit peu la même chose,
22:39 c'est que c'est quand même une histoire
22:41 absolument incroyable, destinée
22:43 de ces passagers,
22:45 ces gens qui ont dû se sacrifier,
22:47 mettre les enfants
22:49 dans la chaloupe, en se sacrifiant
22:51 eux-mêmes. Et Santiago,
22:53 à 8 ans, moi, quand j'avais 8 ans,
22:55 je voyais quand même là-dedans
22:57 une histoire quand même assez mystérieuse.
22:59 On apprend à être de jeunes gens,
23:01 on voit ce qu'est notre rôle en tant qu'adultes,
23:03 on doit protéger les autres, les enfants.
23:05 - Et vous avez plongé,
23:07 vous êtes allé voir le bateau,
23:09 le Titanic, vous plongez souvent,
23:11 là aussi, il y a le rêve
23:13 et la réalité qui se mélangent,
23:15 ça a été aussi le cas pour Abyss,
23:17 la plongée sous-marine, on n'a pas le temps
23:19 d'en parler, malheureusement, parce qu'il y a
23:21 tout un travail de documentation pour faire
23:23 vos films, mais je suis obligé de vous poser la question de Caroline,
23:25 puisqu'on est sur Titanic. Caroline,
23:27 qui vous demande, Caroline
23:29 qui vous pose la question, en anglais,
23:31 puisqu'elle parle anglais, manifestement,
23:33 sur l'appli d'Inter, "Why
23:35 did you make Jack die ?"
23:37 - Ah ah ah !
23:39 - Pourquoi vous avez fait mourir
23:41 Leonardo DiCaprio ? Pourquoi vous avez
23:43 fait mourir Jack ? "C'est le drame de ma génération",
23:45 dit-elle. - Alors, Caroline,
23:47 si vous suivez un peu
23:49 la littérature dramatique,
23:51 pensez à
23:53 Roméo et Juliette,
23:55 alors, 500 ans plus tard,
23:57 on se réveille, mais
23:59 Roméo et Juliette,
24:01 les deux meurent.
24:03 Ici, il n'y en a qu'un seul des deux.
24:05 Enfin, pour raconter l'histoire de Titanic,
24:07 s'il n'y avait pas de fin tragique,
24:09 il serait été
24:11 un Hollywood adding,
24:13 un happy end, auquel personne ne croirait.
24:15 Alors, on peut en parler toute la journée,
24:17 et dire, est-ce que
24:19 elle aurait pu
24:21 hisser Leonardo
24:23 à bord de sa petite planche ?
24:25 Enfin, non, il y a ce sacrifice
24:27 que Jack pose,
24:29 c'est quelque chose de très symbolique,
24:31 parce que dans toutes les histoires d'amour,
24:33 enfin, toutes les histoires d'amour,
24:35 il y a, à ce que je rappellerais, un transfert d'énergie
24:37 d'une personne vers l'autre, et là,
24:39 Jack
24:41 sacrifie
24:43 sa vie pour elle, pour qu'elle puisse
24:45 vivre et mener une belle vie,
24:47 et on le voit, elle apprend à piloter un avion,
24:49 à faire toutes sortes de choses,
24:51 et elle a vécu une belle vie grâce à ce sacrifice.
24:53 - Si on veut, si on veut.
24:55 - Mais Caroline ne s'en remettra pas, je pense,
24:57 malgré tout. Merci infiniment,
24:59 James Cameron,
25:01 d'avoir été au micro d'Inter,
25:03 merci à Robert Wolfenstein pour la traduction,
25:05 et je rappelle donc cette exposition
25:07 à la Cinémathèque,
25:09 l'art de James Cameron en partenariat
25:11 avec France Inter. Merci.
25:13 - Merci, merci beaucoup.
25:15 - Et à très bientôt.

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