• il y a 6 mois
Il est à la fois chef d'entreprise, patron d'un studio d'animation à Montpellier, romancier et il s'apprête à faire partie de ceux qui vont porter la flamme olympique cet été à Paris. Une vie bien remplie, que la maladie (une sclérose en plaques) ne décourage pas.
Pierre de Cabissole vient de publier son second roman intitulé "Le Carnaval Sauvage" aux éditions Grasset.
Un roman dont l'action se situe dans le cadre des célèbres Paillasses de Cournonterral.
Mais ce chef d'entreprise montpelliérain a aussi d'autres actualités. Il a été retenu pour faire partie de ceux qui porteront la flamme olympique cet été à Paris.

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Transcription
00:00 C'est à la fois chef d'entreprise, patron d'un studio d'animation à Montpellier,
00:03 romancier, il s'apprête à faire partie de ceux qui vont porter la flamme olympique cet été à Paris,
00:06 Pierre de Cabisol, chef d'entreprise donc et romancier, notre invité ce matin Guillaume.
00:10 - Quel emploi du temps ! Bonjour Pierre de Cabisol.
00:12 - Bonjour.
00:12 - Et vous dormez un peu la nuit ou pas ?
00:14 - Ça arrive, mais pas toutes les nuits.
00:16 - Pas beaucoup.
00:17 Merci d'être venu, on est ravi de vous accueillir ce matin dans ce studio.
00:21 D'abord on va parler de votre premier roman, c'est pas votre premier bouquin,
00:24 mais premier roman qui s'intitule "Le Carnaval Sauvage".
00:28 C'est aux éditions Grasset, c'est sorti depuis le début du mois de mars,
00:32 donc c'est tout et encore tout chaud, il vient juste de sortir de l'imprimerie.
00:36 C'est la première fois que vous vous lancez dans la fiction,
00:38 vous aviez déjà écrit un bouquin avant sur votre parcours,
00:40 mais là c'est un vrai roman, une vraie histoire inventée.
00:43 - Oui, une histoire inventée qui a été inspirée par l'envie de parler des payasses de Coronterral,
00:49 qui est un spectacle assez étonnant,
00:53 où des hommes déguisés en bêtes et anonymisés par des masques
00:57 poursuivent des victimes consentantes blanches, surtout des femmes.
01:01 Donc il y a quelque chose d'assez fascinant dans notre époque,
01:04 où on avance quand même pas mal sur la condition des hommes et des femmes,
01:07 de se retrouver dans ce carnaval sauvage,
01:11 plutôt barbare, plutôt machiste,
01:13 - Très moyen âgeux.
01:14 - Très moyen âgeux et assez rétrograde,
01:17 et dans lequel j'ai mis une histoire d'amour entre deux femmes,
01:20 qui bien sûr s'opposent, dont la modernité s'oppose au côté traditionnaliste du carnaval.
01:24 - Vous êtes de Coronterral vous ?
01:25 - Non, je suis de Montpellier, je n'ai jamais assisté à...
01:28 - Ça c'est incroyable.
01:30 - J'ai jamais assisté aux payasses, je crois que si on n'est pas du village, c'est compliqué d'y assister.
01:33 - Oui, évitez !
01:34 Ou alors il faut s'attendre à ce à quoi on peut s'exposer.
01:37 - Exactement.
01:38 - Parce que c'est un peu violent.
01:38 - Ouais, du coup j'ai fantasmé, et c'est aussi ça qui est très bien,
01:41 c'est que j'ai pu fantasmé le carnaval,
01:44 donc ce n'est pas une retranscription parfaitement exacte,
01:47 c'est pour ça qu'il y a un avertissement au début du livre,
01:49 pour s'éviter de se faire tous prendre des tomates ou je ne sais quoi après.
01:53 - C'est inspiré de la Lille de Vin surtout, vous allez prendre de la Lille de Vin,
01:55 c'est surtout ça que vous allez prendre.
01:56 - Oui c'est ça, parce que les victimes du carnaval sont roulées dans la Lille de Vin et les excréments,
02:02 et pour éviter ça il y a une petite mise en garde au début du livre qui dit
02:04 "c'est inspiré des payasses, mais je n'y ai pas assisté",
02:07 donc je les fantasme aussi.
02:09 - Et vous avez décidé de placer une histoire d'amour entre deux jeunes femmes au milieu de tout ça.
02:14 Il y a une espèce de choc là, thermique, culturel...
02:18 - C'est tout l'intérêt, oui.
02:19 - Je ne sais pas trop comment le dire.
02:20 - Oui c'est tout l'intérêt, on suit le parcours d'une jeune femme du village
02:24 qui a quitté le village, qui a réussi à s'en extraire,
02:26 mais qui revient deux trois ans plus tard parce qu'elle n'a pas pu oublier l'amour
02:31 pour une autre fille de ce village,
02:33 qui elle y est restée par loyauté à sa bande de copains, à son père, au village lui-même,
02:39 et quand elle revient, elle revient au monde des payasses et tout explose
02:42 quand elle essaie de l'emmener avec elle.
02:43 - Le Carnaval Sauvage c'est donc à découvrir aux éditions Grasset,
02:46 je disais c'est votre deuxième livre,
02:47 puisque il y a quelques années, déjà chez Grasset,
02:49 vous aviez publié un premier ouvrage sur lequel vous reveniez sur votre parcours,
02:54 et notamment la maladie qui vous frappe aujourd'hui,
02:57 cette sclérose en plaque très invalidante,
03:00 mais qui ne vous empêche pas de vivre
03:01 parce que vous avez une vitalité incroyable pour faire toutes ces choses.
03:04 On va parler de votre entreprise après, et puis de la flamme olympique aussi.
03:07 - Oui c'était un premier livre que j'avais écrit
03:09 alors que j'étais hospitalisé pour trois semaines,
03:11 donc dans un contexte pas fun,
03:13 et on m'avait placé avec des gens qui étaient l'image de ce que je serais,
03:18 des plus vieux que moi, de l'image que je serais dans 3, 4, 5, 10 ans,
03:22 et je me suis dit on soigne mon corps mais on ne soigne pas mon esprit,
03:24 donc j'ai eu envie d'écrire un livre, ça s'est vraiment sorti comme ça,
03:26 et puis j'ai eu un coup de bol, ça n'a plus agrassé,
03:29 et l'idée c'était vraiment de raconter le quotidien d'un malade,
03:31 mais en souriant, en parlant de toutes les incohérences du milieu hospitalier,
03:36 en parlant de l'inhumanité parfois des médecins
03:40 qui mettent à distance le malade pour ne pas être en souffrance,
03:43 c'est un livre qui n'est pas dark,
03:46 et qui m'a permis d'entrer chez Grasset et de publier ce premier roman aujourd'hui.
03:50 - La maladie, elle vous frappe, je crois que le diagnostic est posé il y a 14 ans, c'est ça ?
03:54 - Oui c'est ça, en 2007.
03:55 - Déjà chef d'entreprise à l'époque ?
03:57 - Je venais de créer l'entreprise avec mes associés,
04:00 et puis voilà la maladie, ce n'est pas une maladie où tout à coup on a un accident de la route
04:04 et son quotidien est bouleversé, c'est une maladie qui évolue progressivement,
04:07 et qu'on apprend à domestiquer en même temps qu'elle progresse.
04:12 - Et vous vivez avec aujourd'hui, vous travaillez avec aussi,
04:16 vous me disiez "j'ai eu la chance de bénéficier d'un entourage familial
04:20 et d'un entourage professionnel exceptionnel".
04:22 - Oui, professionnellement c'est vrai que je suis dans un milieu avec beaucoup de jeunes artistes
04:27 très aidants, très engagés sur plein de sujets,
04:30 et notamment sur l'accueil des personnes handicapées,
04:33 mais aussi sur les co-responsabilités, sur la performance sociale etc.
04:37 Et donc c'est vrai que je suis quand même dans un confort assez ouaté où on se préoccupe de moi,
04:42 et j'ai la chance d'avoir une femme aussi formidable et des enfants cools,
04:45 qui me permettent quand même d'avancer dans la vie sans avoir en plus des bâtons dans les roues.
04:51 - Vous conservez un certain humour face à votre maladie,
04:54 j'ai regardé 2-3 vidéos pendant le week-end,
04:57 que vous avez publiées je crois sur les réseaux sociaux,
04:59 qu'on peut trouver assez facilement sur internet,
05:00 notamment des vidéos où vous êtes dans votre environnement professionnel avec un collègue,
05:04 vous plaisantez presque de votre handicap Pierre de Cabissol,
05:06 puisqu'à un moment donné vous lui dites "je te suis"
05:08 et vous lui dites "ouais enfin bon ça va prendre un peu plus de temps que toi",
05:11 je crois que j'ai vu ça, vous dites ça avec le sourire presque, en riant quoi !
05:15 - Oui, obligé d'en rire,
05:16 enfin je pense que peut-être que j'en rirai pas toujours,
05:19 peut-être que quand ça sera vraiment en état catastrophique,
05:21 puisque c'est une maladie où on s'enfonce quand même, j'en rirai moins.
05:24 Pour l'instant j'ai le recul pour en rire,
05:28 et j'essaie d'en rire parce que tout le monde n'a pas forcément ce recul,
05:31 n'est pas forcément armé,
05:32 des gens qui se retrouvent très déstabilisés,
05:34 moi j'ai la chance d'avoir un soutien familial et professionnel,
05:37 et je me dis si moi j'en ris pas,
05:38 comment ils vont faire ceux qui ont la même chose,
05:39 mais qui en plus n'ont pas ce soutien là ?
05:41 Donc c'est pour montrer, pas pour faire preuve d'exemplarité,
05:44 mais juste pour mettre un peu de légèreté quoi.
05:47 - Alors l'entreprise que vous dirigez et que vous avez créée,
05:50 avant que votre maladie ne se déclare, c'est Supamonx,
05:54 une entreprise qui est basée à la fois sur Montpellier et Paris,
05:57 vous êtes à la tête d'un studio d'animation en fait ?
05:59 - Oui c'est ça, on fait des films,
06:02 aussi bien d'un studio d'animation, c'est des dessins animés en gros,
06:05 mais fait avec des ordinateurs,
06:06 on fait des films aussi bien pour des publicités,
06:10 que pour des trailers de jeux vidéo,
06:11 donc des bandes d'annonces de jeux vidéo,
06:13 que pour de la série dont on est propriétaire,
06:16 de la propriété intellectuelle,
06:18 que du long terme, on est aussi bien prestataire,
06:20 des gens viennent nous voir, ils nous demandent de fabriquer des choses,
06:23 que l'on impulse nous-mêmes des projets,
06:25 qu'on développe et qui passent sur France Télévisions, sur TF1,
06:29 sur Gulli, voilà.
06:30 - Alors vous êtes à la fois sur Montpellier et Paris,
06:31 plus à Montpellier qu'à Paris,
06:33 mais Paris il faut y aller de temps en temps, c'est obligatoire.
06:35 - Oui Paris j'y vais une fois par semaine, une fois par mois.
06:38 - Montpellier c'est bien aussi parce qu'il y a un véritable écosystème
06:40 qui s'est créé autour de l'animation notamment.
06:43 - Oui c'est un des plus beaux écosystèmes de France,
06:45 je pense qu'on a des écoles magnifiques,
06:46 on a ESMA et Artefix qui sont vraiment,
06:49 toujours classés parmi les 5 meilleures écoles du monde,
06:52 on a plein de petits studios qui se développent,
06:54 mais aussi on a Ubisoft qui quand même a créé
06:58 un appel d'air sur le territoire,
07:01 et depuis il y a SEMA,
07:03 et les autorités locales investissent beaucoup dans les ICC,
07:07 donc les industries culturelles et créatives,
07:09 et nous accompagnent vraiment extraordinairement.
07:10 - Alors dernière chose Pierre de Camisole,
07:12 la flamme olympique,
07:13 vous ferez donc partie de ceux qui cet été
07:16 vont porter la flamme olympique,
07:17 alors non pas dans notre région,
07:19 mais à Paris,
07:20 puisque en fait vous avez tapé dans l'œil de Valérie Pécresse,
07:22 la présidente de région,
07:23 la région Ile-de-France si j'ai bien compris.
07:25 - Oui c'est ça,
07:26 on met chez Cipamonx une valeur vraiment importante
07:30 sur la performance sociale et éco-responsable,
07:33 et donc j'ai participé à un parcours
07:35 où je partageais avec d'autres entrepreneurs
07:37 les bonnes pratiques que nous dans notre secteur
07:39 on mettait en branle,
07:41 mais qu'eux mettaient dans leur secteur,
07:42 voilà j'ai vraiment été très actif.
07:43 - RSE, ce qu'on appelle la RSE pour lui ?
07:45 - RSE exactement.
07:46 - Social et environnemental ?
07:47 - Exactement,
07:47 et après Valérie Pécresse a eu à choisir
07:51 parmi 1000 personnes pour porter la flamme,
07:53 elle en a choisi une vingtaine,
07:55 qui lui sont remontées.
07:56 - C'est pas candidat en plus ?
07:57 - Non pas du tout,
07:58 un jour on m'appelle,
08:01 "Bonjour c'est Valérie Pécresse,
08:03 en tant que personne inspirante,
08:04 on aimerait que vous portiez la flamme."
08:05 - Déjà ça fait bizarre,
08:06 "Bonjour c'est Valérie Pécresse,
08:07 on m'appelle Bam Bam"
08:08 - C'est assez étonnant.
08:09 - Vous n'allez pas raccrocher au nez ?
08:11 - Non j'ai cru que c'était une blague au début,
08:13 mais après j'ai rappelé et j'ai vu que c'était bien elle,
08:16 et du coup je suis très honoré,
08:18 c'est formidable,
08:19 et je sais que si je suis retenu,
08:21 c'est par rapport à mon parcours professionnel,
08:22 parce que je suis dans un métier fun,
08:23 et aussi parce que je suis handicapé.
08:25 - Oui, on ne l'a pas dit,
08:27 Pierre de Cabysole,
08:28 mais votre mobilité est assez réduite aujourd'hui,
08:30 vous marchez avec une béquille,
08:32 le scooter c'est génial,
08:34 c'est ma liberté,
08:36 parce que vous continuez à pratiquer beaucoup le scooter,
08:38 mais vous mettez du temps à vous déplacer,
08:40 comment ça va se passer la flamme ?
08:42 - Ils vont retarder le début des Jeux Olympiques,
08:44 je vois que ça.
08:45 - Ce sera en août ?
08:46 - Ce sera en août, préparez-vous.
08:48 Non ça va se passer qu'il faut marcher 200 mètres,
08:50 au lieu de les courir,
08:52 en 4-5 minutes,
08:54 comme tout le monde,
08:55 je vais les marcher en 15,
08:57 et je prendrai mon temps,
08:59 et ça sera je crois aussi
09:01 une image d'exemplarité.
09:04 - C'était important de montrer cette image-là ?
09:06 - Oui, ils m'ont proposé de le faire en fauteuil roulant,
09:08 mais j'ai dit non,
09:09 je veux porter la flamme,
09:10 je veux marcher,
09:11 ça prendra le temps que ça prendra,
09:12 et le comité d'organisation des Jeux Olympiques
09:14 est super là-dessus,
09:15 ils m'ont dit "on mettra en oeuvre,
09:17 pour que vous soyez au mieux,
09:19 mais vous faites comme vous voulez".
09:21 - Vous connaissez déjà le parcours que vous allez effectuer ?
09:23 - Ça sera dans le Val de Marne,
09:24 où est situé Supermonks,
09:26 mon entreprise,
09:27 et ça sera le 21 juillet,
09:28 mais je ne connais pas le parcours encore.
09:30 - D'accord, on sera très vigilants le 21 juillet,
09:32 parce qu'à mon avis,
09:33 on vous verra sur les télés,
09:34 bien que habillés seuls.
09:35 - Peut-être.
09:36 - En attendant, on va vous lire,
09:37 je rappelle que le Carnaval Sauvage,
09:39 Romand,
09:40 que vous publiez,
09:41 des éditions grassées,
09:42 dont l'action se situe
09:44 en plein cœur du
09:46 Festival des Payasses à Condenteral,
09:48 je vais y arriver,
09:49 et donc dans tous les bons libraires,
09:51 comme on dit,
09:52 depuis le début du mois de mars.
09:54 Et puis on regardera aussi avec intérêt
09:57 les prochaines productions de Supermonks,
09:59 votre studio d'animation
10:00 que vous dirigez à Montpellier.
10:01 Merci Pierre de Cabissol.
10:02 - Je vous remercie.
10:03 - Merci de nous avoir revenus ce matin.
10:04 - Vous pouvez réécouter notre invité
10:05 en allant sur francebleu.fr

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