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Transcription
00:00 Ce scrutin il est local, c'est municipal, c'est un scrutin local mais avec un enjeu
00:04 national puisque tout doit se jouer autour de la prise d'Istanbul.
00:08 C'est vrai, Istanbul est au coeur de toutes les convoitises, c'est clair.
00:13 D'abord parce qu'il y a des raisons assez simples.
00:15 D'abord le poids de cette ville pour des raisons démographiques, il y a 16 millions
00:19 d'habitants mais aussi le rayonnement culturel et économique d'Istanbul, même si ce n'est
00:25 pas la capitale, elle concentre un tiers du PIB.
00:29 Voilà pour les chiffres mais il y a aussi d'autres raisons pour Erdogan qui rêve que
00:34 son parti reprenne Istanbul parce que pour lui c'est un peu le berceau de son pouvoir.
00:39 Il a été maire d'Istanbul au milieu des années 90 et il parle de la ville comme de
00:44 son joyau.
00:45 Ça a été une sacrée déconvenue lorsque l'AKP a perdu la ville en 2019.
00:51 Erdogan a choisi un ancien ministre, Murat Kurum, qui n'est pas une figure politique
00:56 extrêmement charismatique, partout sur les affiches planait le président Erdogan qui
01:02 était clairement présent, peut-être plus présent que le candidat lui-même.
01:07 Alors il a pu profiter ce candidat d'une couverture médiatique hors norme.
01:13 Il faut le rappeler, une bonne partie des médias sont contrôlés par le pouvoir, 90%
01:18 d'après certaines études.
01:19 Il faut rappeler aussi que d'après Reporters sans frontières, en 2023, la Turquie a été
01:24 classée 165e juste derrière la Russie en matière de liberté d'expression.
01:28 Donc, omniprésence d'Erdogan.
01:32 Je vous disais que cette élection de 2019 avait été très dure à avaler pour le président
01:38 turc.
01:39 Il faut rappeler que ça avait été très serré à l'époque entre l'AKP et l'opposition.
01:44 Ça s'était joué à quelques voix et Erdogan, l'AKP, avait exigé qu'il y ait un nouveau
01:51 scrutin et cette fois-ci, ça avait été une claque pour l'AKP puisque...
01:56 Et Kremlin-Moghul avait remporté très largement.
01:59 De 9 points, quelques 800.000 voix d'écart.
02:01 Vous disiez à l'instant que le président est omniprésent dans cette campagne.
02:06 Est-ce qu'il y voit aussi avec la prise d'Istanbul une rampe de lancement pour 2028 ?
02:10 Clairement, pour Erdogan, ça serait une façon d'asseoir un peu plus son pouvoir et de revendiquer
02:16 un petit peu ce côté insubmersible qu'il a aux yeux d'une certaine partie de la population.
02:23 Mais en même temps, pour Kremlin-Moghul, ça serait aussi une rampe de lancement assez
02:27 incroyable parce qu'il apparaîtrait comme la figure incontournable de l'opposition.
02:33 Mais il devra d'abord remporter Istanbul.
02:35 Ce n'est pas forcément gagné puisque en 2019, il y avait une alliance de partis qui
02:41 s'était rassemblée derrière sa candidature.
02:44 Aujourd'hui, ces partis n'ont pas fait d'eux-mêmes et présentent eux-mêmes un certain nombre
02:49 de candidats, notamment un parti kurde qui s'appelle le DEM qui se retrouve finalement
02:53 face à un dilemme.
02:54 Il a une candidate qui se présente, mais s'il vote pour elle, il risque de faire gagner
03:00 le candidat de Recep Tayyip Erdogan.
03:03 Et donc, il se retrouve face à cette situation un petit peu compliquée.
03:07 En tout cas, on a souligné à quel point cette élection allait être cruciale pour
03:12 et pour Imamoglu et pour Recep Tayyip Erdogan.
03:15 Mais on peut se demander aussi si finalement l'omniprésence d'Erdogan ne va pas peser
03:21 en défaveur de son candidat, puisque une partie de l'opposition, en tout cas des gens
03:28 qui veulent qu'il y ait un changement en Turquie, vont peut-être voter au-delà des
03:33 partis pour lesquels il vote pour tenter de défaire le candidat de Recep Tayyip Erdogan.
03:39 Et puis la situation économique aura aussi son poids là-dedans, puisque le pays n'est
03:44 pas particulièrement en forme.
03:46 L'inflation est autour de 67%.
03:48 La monnaie est dévaluée.
03:51 Et donc, ça aussi, ça sera sans doute un élément à prendre en compte.
03:54 En tout cas, un élément qui a été pris en compte plutôt, puisque les bureaux de vote
03:58 ont fermé.
03:59 Et que le comptage des voix a commencé.
04:00 Merci beaucoup Karim.
04:01 Merci pour cette analyse.

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