Au cœur de la maison familiale des Bergès, métamorphosée en musée, plongez dans une exposition captivante où l’art rencontre l’industrie. Une exploration immersive qui dévoile l’histoire d’Aristide Bergès, sa famille et celle de la houille blanche, symbole de l’hydroélectricité.
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00:28 Bonjour, bienvenue à la Maison Bergès.
00:30 Je suis Sophie Mouton, la responsable du musée.
00:32 Bonjour, je suis Frédérique Virieux
00:34 et je suis chargée des publics et des collections au musée.
00:36 Donc la Maison Bergès est un musée du département de l'Isère
00:39 qui est installé à Villarbonneau.
00:41 Et c'est donc un musée qui est installé dans une maison familiale,
00:44 une maison patronale, la maison d'une famille d'industriels,
00:47 les Bergès, qui s'installe dans les Alpes au XIXe siècle.
00:50 Aristide Bergès vient s'installer au pied des Alpes, à l'Ancet,
00:54 pour bénéficier des ressources hydrauliques de la montagne
00:57 et pour fabriquer de la pâte à papier.
00:59 Dans sa maison, transformée en musée,
01:02 vous retrouverez un parcours qui retrace cette aventure industrielle et artistique.
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01:22 En visitant la Maison Bergès, on est plongé dans un décor très immersif,
01:26 un décor très éclectique, qui date des années 1900.
01:29 Et ce décor, il est très personnel.
01:31 En fait, il a été imaginé par la famille Bergès pour raconter à la fois son histoire.
01:35 Les enfants ont cherché à raconter le récit de leurs parents
01:39 dans le décor de la maison et aussi pour mettre en avant,
01:42 en valeur une énergie qui, pour eux, est très importante,
01:45 qui est l'énergie hydraulique et l'énergie hydroélectrique.
01:48 Dans les collections de la Maison Bergès,
01:50 on conserve un certain nombre de peintures ou de sculptures
01:52 qui représentent cette houille blanche, l'allégorie de l'hydroélectricité.
01:56 L'expression "houille blanche" a été popularisée par Aristide Bergès
02:00 au moment de l'exposition universelle de 1889 à Paris.
02:03 Pour lui, il était vraiment très important de faire connaître
02:05 cette nouvelle source d'énergie et de la rendre plus populaire.
02:09 Il propose cette expression "houille blanche" en référence à la houille
02:13 qui, à l'époque, était très connue.
02:14 C'était le charbon de terre, le charbon noir,
02:16 qui était à la base de cette énergie très importante pour l'époque, la vapeur.
02:20 Donc, lui propose de remplacer le charbon de terre par une houille qui est blanche,
02:24 par l'énergie des eaux provenant des sommets enneigés des Alpes.
02:28 La blancheur fait référence à ces glaciers, à ces neiges,
02:32 qui sont de sorte de réservoirs en énergie,
02:34 qui alimentent en contrebas les usines en mettant en mouvement les turbines.
02:38 L'espace de la Maison qui est le plus caractéristique
02:40 de cette volonté de mettre en scène leur histoire et cette énergie nouvelle,
02:44 c'est vraiment le Hall d'honneur dans lequel nous nous trouvons actuellement.
02:47 - Le Hall d'honneur qui met en majesté la houille blanche,
02:50 cette allégorie de l'hydroélectricité que vous voyez juste derrière moi,
02:54 qui est un monument, une sculpture qu'on doit à un artiste grenoblois
02:57 qui s'appelle Auguste Davin, un ami de la famille Bergès,
03:00 et qui met en scène cette nouvelle forme d'énergie pour l'incarner,
03:05 pour la rendre plus familière, plus connue.
03:07 Donc, on voit souvent ces houilles blanches qui sont des jeunes femmes
03:12 qui sont sur la montagne ou le long de la montagne,
03:15 en l'occurrence avec cette sculpture qui de son pied fait bouger une roue
03:19 et de la roue jaillissent des éclairs de l'électricité.
03:22 Donc, on aime beaucoup les codes, les symboles en 1900 dans les arts décoratifs
03:26 et vraiment la Maison Bergès peut aussi se lire avec de nombreuses interprétations.
03:30 Il y a de nombreux symboles qui évoquent évidemment l'eau, la turbine, la roue,
03:35 de nombreuses formes circulaires et puis d'autres symboles
03:38 qui racontent des histoires plus intimes, en particulier de l'histoire d'enfants
03:41 qui vont vouloir garder le souvenir de leurs parents une fois ceux-ci distincts.
03:45 Aristide Bergès, après avoir passé un diplôme d'ingénieur
03:56 à l'École centrale des arts et manufactures,
03:58 va travailler quelque temps dans les chemins de fer,
04:02 mais va continuer à s'intéresser à la fabrication du papier.
04:06 En effet, son père était papetier,
04:08 et notamment il va améliorer un défibreur,
04:12 qui est une grosse râpe qui permet de râper le bois
04:15 et qui, au milieu du XIXe siècle,
04:17 va permettre de changer la technique de fabrication de la pâte à papier.
04:21 Il s'installe à Lancet en 1869
04:25 et pour faire tourner ces défibreurs,
04:28 pour lesquels il a déposé un brevet en 1864,
04:31 il va aussi installer en montagne des tuyaux, des conduites forcées,
04:35 au bout desquels il installe des turbines
04:38 qui vont entraîner ces grosses râpes à bois
04:41 qui vont lui permettre de produire de la pâte à papier en quantité
04:44 avant de la vendre à ses clients.
04:47 Et par la suite, il va agrandir son usine
04:50 et en plus de produire de la pâte à papier,
04:53 il va aussi produire du papier.
04:55 Et à cette époque, il va installer une dynamo dans son usine
04:59 pour éclairer l'intérieur des bâtiments
05:01 et permettre à ces machines à papier de fonctionner jour et nuit.
05:05 La famille Bergès est une famille d'industriels
05:18 qui s'intéresse à l'art,
05:20 qui va avoir de nombreux amis artistes,
05:23 comme un peintre symboliste qui s'appelle Gaston Bussière
05:26 ou sa sœur Marguerite,
05:28 avec lesquels les Bergès vont lier des liens d'amitié,
05:32 mais aussi un artiste plus connu qui s'appelle Alphonse Mucha,
05:36 très connu pour ses affiches de la star de théâtre de l'époque,
05:39 Sarah Bernard,
05:41 qui va venir à quelques reprises à l'Ancet,
05:43 dans la salle où on se trouve.
05:45 C'est donc la salle Mucha
05:48 et qui va laisser à ses amis Bergès
05:51 des allégories de la houille blanche,
05:54 mais aussi des petits verres peints
05:57 qui représentent ses sujets favoris,
05:59 les femmes et les motifs floraux,
06:02 qu'on retrouve d'ailleurs un peu partout dans la maison,
06:05 mais qu'il va réaliser sur des plaques de verre,
06:08 sur des verres qu'on appelle des verres peints,
06:10 et qu'on retrouve dans sa chambre à l'Ancet.
06:13 Nous voici donc dans le bureau d'Aristide Bergès.
06:19 Vous pouvez le voir, le décor a été très préservé,
06:22 comme dans toutes les salles du premier étage de la maison.
06:24 On a la chance d'avoir conservé ce décor des années 1900,
06:27 avec notamment des papiers peints originaux,
06:29 très fleuris, et qui montrent ce goût
06:32 pour les arts décoratifs au début du XXe siècle.
06:35 Et dans le bureau d'Aristide Bergès,
06:37 vous voyez juste derrière moi
06:39 le grand portrait officiel de l'Industriel,
06:41 qui a été réalisé par l'ami de la famille,
06:43 Alphonse Mucha, au décès d'Aristide Bergès.
06:46 Les enfants vont lui commander ce grand portrait,
06:48 très symbolique, qui résume un peu toute son histoire en une image.
06:51 On voit Aristide Bergès,
06:53 accoudé sur une conduite forcée,
06:55 pour rappeler l'importance de ses aménagements hydrauliques
06:58 sur le massif de Belle-Dôme.
07:00 Il est entouré, et regardé très amoureusement,
07:03 par la houille blanche, l'allégorie de l'eau, de l'hydroélectricité.
07:06 Je dis amoureusement, parce que ce sont les traits de sa femme,
07:09 Marie Bergès, qui ont été donnés ici, à la houille blanche.
07:12 Et puis tout au sommet de cette image,
07:14 vous voyez les trois grands pics de Belle-Dôme.
07:16 C'est une histoire qui se déroule ici, dans les Alpes.
07:18 Une histoire d'eau, une histoire d'industrie.
07:21 Et dans le dernier plan, vous verrez aussi les papeteries
07:23 pour lesquelles toute cette énergie a été développée.
07:26 Les papeteries de l'Ancet, qui brillent de mille feux.
07:28 Elles sont modernes, elles sont éclairées à l'électricité.
07:31 Nous avons ici un grand portrait par Alphonse Mucha,
07:34 qui est un souvenir très important,
07:36 que les enfants Bergès vont lui commander,
07:38 en mémoire de leur père, qui décède en 1904.
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07:54 Dans le bureau d'Aristide Bergès, vous pourrez voir notamment
07:56 une grande photographie panoramique des papeteries de l'Ancet,
08:00 au début du XXe siècle.
08:02 Vous verrez qu'il a considérablement développé son affaire,
08:05 que l'industrie est devenue très importante.
08:07 D'une petite râperie de bois,
08:09 l'affaire est devenue une grande entreprise,
08:11 une papeterie qui emploie jusqu'à 2000 personnes
08:14 au moment de la Première Guerre mondiale.
08:16 À sa mort, c'est son fils Maurice Bergès qui va prendre la relève.
08:19 Et c'est toute la ville de Villarbonneau,
08:21 et plus largement toute la vallée du Grésivaudan,
08:23 qui va s'industrialiser et se développer autour des papetiers.
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08:32 Pour remporter chez vous un souvenir de votre visite à la Maison Bergès,
08:35 ou pour en savoir plus, par exemple,
08:37 sur l'histoire des papeteries de l'Ancet,
08:39 qui ont fonctionné jusqu'en 2008,
08:41 on vous propose cet ouvrage, "La papette",
08:43 qui a été réédité récemment,
08:45 et qui revient sur toute cette histoire industrielle
08:47 du XIXe siècle jusqu'au XXIe siècle.
08:50 Si la Maison Bergès vous a plu,
08:52 vous trouverez à la librairie du musée
08:54 cet ouvrage qui a été réédité récemment
08:56 et augmenté de deux articles.
08:58 Sur la maison, ses décors, le jardin,
09:03 dans un petit ouvrage assez précieux,
09:07 qui vous rappellera même dans sa forme,
09:09 la Maison Bergès.
09:10 Merci à tous d'avoir suivi cette visite guidée.
09:12 La Maison Bergès est un des onze musées du département de l'ISER,
09:16 dont l'entrée est gratuite,
09:18 et vous pouvez nous retrouver sur Internet
09:20 sur musée.iser.fr.
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