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Chaque matin dans son édito, Vincent Trémolet de Villers revient sur l'actualité politique du jour. Ce vendredi, il s'intéresse à la gauche "feel good" représentée par Raphaël Glucksmann qui inquiète Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon.
Retrouvez "L'édito politique" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-edito-eco
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00:00 L'édito politique sur Europe 1 avec le Figaro, bonjour Vincent Trémolet de Villers.
00:05 Bonjour Dimitri, bonjour Anissa, bonjour à tous.
00:08 Vincent, l'hirondelle des sondages ne fait pas le printemps, mais la gauche sociale démocrate commence à reprendre espoir
00:14 devant les bons scores de Raphaël Glucksmann dans les enquêtes d'opinion pour les élections européennes.
00:19 Est-ce qu'elle a raison d'y croire ?
00:21 Vous savez, un bon sondage c'est comme un café au soleil, ça passe vite, mais sur le moment c'est délicieux.
00:27 Et c'est ce que dit l'équipe de Raphaël Glucksmann qui s'installe en troisième position, au-dessus de 10%,
00:33 et qui peut même espérer dans certaines enquêtes rivaliser avec la liste de la majorité.
00:38 Il y en a même, voyez-vous, qui s'emballent comme François Hollande, qui espère un score de 15% pour les socialistes,
00:44 ce qui permettrait d'enclencher son retour pour la présidentielle de 2027.
00:50 Oui, j'ai bien dit François Hollande, personne n'y croit, même pas lui-même,
00:54 mais ça ne l'empêche pas de raconter l'histoire du trou de souris dans lequel l'éléphant socialiste parviendrait enfin à se faufiler.
01:01 La prudence pourtant recommande de ne pas s'emballer. En 2019, Yannick Jadot a fait plus de 13%,
01:06 tandis que Manon Aubry en faisait moitié moins.
01:09 Mais trois ans plus tard, Jean-Luc Mélenchon a porté toute la gauche sur son passage,
01:13 et ne laissé que 4% à Yannick Jadot.
01:15 Il faut donc raison garder, mais cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas prendre la percée de Raphaël Glucksmann au sérieux.
01:21 Elle est doublement intéressante, puisqu'elle révèle à la fois les faiblesses du mélenchonisme et celles du macronisme.
01:25 - Vous voulez dire que le candidat socialiste Raphaël Glucksmann trouve des électeurs dans les deux camps ?
01:31 - Oui, c'est le nouveau en même temps.
01:32 Il est décrit de façon précise et passionnante par Antoine Bristiel dans une note qu'il a rédigée pour la Fondation Jean Jaurès.
01:39 On y apprend que sur 100 électeurs qui se disent prêts à voter pour Raphaël Glucksmann en juin,
01:43 38 ont voté pour Jean-Luc Mélenchon,
01:46 et 30 pour Emmanuel Macron.
01:48 Les premiers s'écartent des insoumis sur des motifs de politique internationale,
01:52 ils reprochent à Jean-Luc Mélenchon sa faiblesse vis-à-vis de Poutine,
01:55 et son refus de considérer le Hamas comme un mouvement terroriste.
01:59 Ceux qui quittent Emmanuel Macron pour rejoindre la liste socialiste le font,
02:02 parce qu'ils sont opposés à la réforme des retraites, qu'ils sont favorables à l'immigration,
02:07 et qu'ils trouvent le président insuffisant sur l'écologie et sur le féminisme.
02:11 En fait, Glucksmann c'est la promesse du macronisme sans la retraite à 64 ans et la défense de Gérard Depardieu,
02:17 c'est la voie mélenchoniste sans les ambiguïtés sur Poutine et l'obsession islamo-gauchiste.
02:21 - Vincent, est-ce que vous trouvez que c'est un bon candidat ?
02:24 Que le philosophe Glucksmann s'est transformé en politique ?
02:27 - En meeting comme en débat, c'est encore très fragile.
02:31 Mais pour le reste, on peut dire que Raphaël Glucksmann incarne parfaitement la gauche bobo,
02:38 comme Alain Juppé incarnait physiquement l'impôt.
02:41 C'est un candidat que l'on croirait sorti d'une allée des buts Chaumont ou d'une chanson de Vincent Delerme.
02:47 C'est une gauche souriante, bienveillante en apparence,
02:51 mais en réalité sectaire, puisque Raphaël Glucksmann refuse de participer aux débats organisés par CNews.
02:57 C'est une gauche écolo mais urbaine, une gauche moins sociale que sociétale,
03:01 plus à l'aise au festival de Cannes qu'au barbecue municipal de Florange.
03:05 Raphaël Glucksmann l'avait reconnu lui-même avec beaucoup d'honnêteté en disant,
03:10 c'était en 2018, j'ouvre les guillemets,
03:12 "Quand je vais à New York ou à Berlin, je ne me sens plus chez moi culturellement que quand je me rends en Picardie."
03:19 Et c'est bien ça le problème.
03:21 Oui, c'est bien ça le problème.
03:23 C'est pour ça d'ailleurs que Raphaël Glucksmann a décidé de faire une campagne de terrain
03:26 et de ne pas s'en tenir à son image d'intellectuel parisien défenseur de l'Ukraine ou des Ouïghours.
03:31 Dans son camp, je vous le disais, on reste prudent.
03:34 Avec en tête la trajectoire de la liste de François-Xavier Bellamy qui en 2019 était donnée à 13-14 pour finir à 8%.
03:40 Mais s'il tient sa ligne,
03:41 Raphaël Glucksmann peut être le refuge de ceux qu'Emmanuel Macron a déçus et que Jean-Luc Mélenchon inquiète.
03:47 Comme Daniel Cohn-Bendit en 2009 ou Yannick Jadot il y a cinq ans,
03:51 la gauche qui va bien peut en faire son vote positif, son bulletin feel good.
03:55 Vous mentionniez le refus de Raphaël Glucksmann de participer au débat de CNews le 30 mai avec tous les candidats aux élections européennes.
04:02 L'invitation évidemment tient toujours, avis à bon entendeur dans l'équipe de Raphaël Glucksmann.
04:07 - Il devrait venir débattre, si c'est un démocrate, il vient débattre.
04:11 - Et vive la liberté d'expression. Merci Vincent Trémolet de Villers, l'édito politique sur Europe.