Vainqueur en descente à Bormio, deux fois à Kitzbühel et à Wengen en super-G, Cyprien Sarrazin est passé tout proche du globe de la descente cette saison. Privé de son duel final avec Marco Odermatt par l'annulation de la dernière descente de l'hiver, dimanche à Saalbach (Autriche), le skieur mesure tout de même le chemin parcouru au moment d'évoquer ses premières fois à ski. Entretien.
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00:00 Le premier match de la Ligue des Jeux de Genève ?
00:06 Avec ma mère et mon père, entre leurs jambes, ils me portaient quand c'était trop pentu et puis ils me poussaient quand c'était plus plat. J'allais toujours tout droit.
00:17 Le premier match de la Ligue de Genève ?
00:20 La première compétition dans laquelle je me rappelle, c'est les 1000 pattes, une compétition à Montgenèvre, qui était quand on était vraiment tout petit la plus importante.
00:33 Et après il y avait eu les cristaux de l'Oise, ça j'ai adoré aussi. C'était un combo ski-cross avec un parcours de géant.
00:42 C'était cool aussi. C'était mes deux premières compétitions, je me souviens, c'est peut-être ça qui m'a donné envie de continuer.
00:48 Le premier match de la Ligue de Genève ?
00:51 J'étais chez moi dans le Devol 8, je faisais du ski tout seul et souvent j'allais toujours tout droit.
01:02 Je me souviens, je m'étais mis en position de recherche de vitesse juste avant un long plat.
01:07 Et là, il y a quelqu'un qui tourne juste devant moi et je veux absolument l'éviter.
01:12 Et je me suis balancé dans les rochers et j'ai fait des tête-pieds dans les rochers.
01:19 Surlevé, je n'avais rien. Je me dis « putain, trop bien, je n'ai rien, je redescends ».
01:24 Et tout le monde qui me regardait comme ça, je me dis « mais pourquoi il me regarde ? ».
01:27 Et en fait, j'avais déchiré toute ma veste. Les rochers m'avaient déchiré toute la veste et envoyé la dorsale.
01:33 Et j'avais fait des entailles dans la dorsale. Et moi, je pensais que je n'avais rien.
01:37 Mais en fait, ce jour-là, la dorsale m'a sauvé la vie.
01:41 La dernière fois que tu as été en train de faire un grand tour ?
01:44 Ah ben ouais, celle-là, elle rastera gravée.
01:47 À ce moment-là, c'était une journée un peu en dehors du temps.
01:52 J'ai eu du mal d'ailleurs à analyser, à mettre des mots dessus.
01:56 C'était un peu comme si ce jour-là, les planètes s'étaient alignées, sans trop savoir pourquoi.
02:02 Et derrière, ça a été compliqué de retrouver cette sensation. J'ai mis plusieurs années.
02:09 En 2016, j'ai touché du doigt. Je me suis dit « tiens, je suis capable de faire des choses comme ça, mais comment ? ».
02:16 Comment j'ai réussi ? Je ne sais même pas comment j'avais fait, comment refaire.
02:20 Je me suis blessé pendant deux ans. Après, je suis revenu, je me suis re-blessé.
02:25 Jusqu'à là, trouver ma voie et faire cette saison-là, mais elle est construite depuis des années.
02:31 Comment a-t-elle été cette saison ?
02:35 Après, ça a attaqué des choses vraiment cool, cette saison.
02:40 Il y a eu un moment où je me suis bien senti, ça allait assez vite, ça m'a libéré.
02:44 C'est là où j'ai senti qu'au-delà de la victoire, la performance sur cette piste m'a fait plaisir.
02:53 Là où c'est un enfer sur terre, je me suis dit « tiens, il y a quelque chose qui me fait vraiment vibrer ».
03:00 J'ai continué à surfer là-dessus tout au long de la saison. C'est là où il y a eu le déclic.
03:09 Qu'est-ce qui t'a fait venir à Vengane ?
03:13 Vengane, c'est mythique cette piste. Ça veut dire quelque chose gagné ici.
03:19 C'est aussi un gros step. Il y a Bormio, il y a Vengane, il y a Kitzbühel.
03:23 Là, ça m'a motivé. J'ai dit « ok, voilà, tu as fait, ça c'est fait, maintenant vas-y, lâche-toi encore ».
03:29 Après, je suis arrivé à Kitzbühel juste en voulant kiffer.
03:34 Je n'ai pas voulu être comme ça non plus. Même si ce que je montre, c'est vraiment de l'amusement.
03:41 C'est comme ça que je suis performant. Mais pour arriver à m'amuser, c'est quand même l'enfer.
03:49 Ces courses, c'est hyper difficile. Pendant deux minutes, c'est d'une intensité incroyable.
03:57 Même moi, j'ai du mal à me rendre compte des fois de comment j'ai réussi à faire ça.
04:03 Ça vient par un travail que j'ai mis en place. Ça fait 29 ans que je bosse pour ça.
04:09 Mais la dernière année qui s'est découlée, j'ai vraiment mis l'accent sur le mental.
04:16 Et moi, c'est là où j'ai trouvé ma voie, c'est dans cette démarche-là.
04:20 Là, j'ai vu que c'était possible d'aller le décrocher.
04:30 Je ne m'étais pas projeté avant cette saison en me disant que cette année, je vais jouer le Globe.
04:35 J'étais à la milieu d'y penser. Mais tout au long de la saison, tout le monde m'en parlait.
04:40 Tout le monde en parlait pour moi. Je n'en parlais pas. Je me mets pas de limites.
04:46 Et je veux continuer dans cette idée-là.
04:52 Quand j'étais sur le podium, ils ont décerné le Globe de la descente à Marco.
04:59 Il y a eu l'hymne suisse et je me suis dit que ça aurait été chouette. Un bon moment.
05:05 Là, je me suis dit que peut-être.
05:08 C'est la seule fois où je me suis projeté à l'avoir en main.
05:14 Toujours pareil, pas de limites. Donc, tout est possible.
05:18 [Musique]