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00:00 Alors, on est ici à la MDPA, je suis avec un parent, une maman.
00:14 Nous, notre sujet aujourd'hui, c'est l'école inclusive.
00:21 C'est la possibilité déclarative dans la loi que tous les enfants puissent être scolarisés.
00:28 Ça fait maintenant deux ans que je vais dans les écoles, que je vérifie la situation,
00:35 que je croise, que j'essaie de comprendre ce qui se passe.
00:39 Ce qui se passe est catastrophique dans les écoles, honnêtement.
00:42 On peut toujours nous expliquer que c'est mieux qu'avant.
00:45 Bien sûr, on parle de CIBA, mais ce qu'on voit aujourd'hui, c'est que des parents se battent
00:52 pour pouvoir, quand ils ont conscience et qu'ils acceptent le fait d'avoir un enfant porteur d'handicap,
00:59 se battent pour faire reconnaître le droit à la scolarisation de leurs enfants,
01:05 un droit complet et un droit sécurisant, ce qui n'est pas le cas.
01:10 Et puis, c'est long, c'est complexe. Souvent, ils abandonnent.
01:14 La deuxième chose, c'est qu'il y a aussi beaucoup d'enfants qui sont dans nos écoles,
01:20 qui ne sont pas diagnostiqués aujourd'hui, qui ne sont pas identifiés comme porteurs de handicap
01:25 et qui sont, hélas, scolarisés dans les plus mauvaises conditions possibles.
01:29 C'est de la souffrance pour eux, pour les professeurs des écoles, pour nos personnels,
01:33 pour les enfants non porteurs de handicap, leurs petits copains et leurs petites copines.
01:38 C'est une souffrance généralisée. Les diagnostics sont longs, les dossiers prennent 14, 18 mois,
01:45 et tout ça, ce n'est pas possible. Et nous, on vient ici.
01:50 Avant de venir ici, on a fait des réunions sur le terrain.
01:53 On a fait des réunions à l'école, avec des directeurs, avec le département, avec le rectorat, avec tout le monde.
02:01 On vient ici. La NDPH n'était jamais venue. On vient ici aujourd'hui pour essayer de comprendre.
02:06 C'est bien la NDPH qu'on doit pouvoir comprendre ce qui se passe.
02:10 Moi, je ressors vraiment déçue et très en colère parce qu'au final, on nous explique des procédures administratives.
02:18 Je ne suis pas venue écouter des procédures administratives.
02:21 On nous explique que ça dysfonctionne et qu'entre l'Éducation nationale et MDPH, ce n'est pas huilé.
02:29 Mais la vraie vie, c'est qu'on fait quoi avec les enfants ?
02:33 Donc le combat ne fait que commencer. On va continuer à se battre pour que ce qui est déclaratif soit réel.
02:42 Cette égalité de droit, il faut qu'elle soit réelle. Et donc, c'est un combat. On a gagné une bataille.
02:48 Il y a encore quelques mois, on voulait faire payer aux communes les AESH entre midi et deux.
02:54 Le Premier ministre a tranché. Une loi va trancher ce dispositif.
02:59 L'enfant doit avoir un plan d'aide complet avec un AESH qui lui est attribué, affecté, toute la journée, y compris à la cantine entre midi et deux.
03:10 C'est ce que, aujourd'hui, le droit dit.
03:13 Donc voilà, le combat continue. Et là, j'ai bien l'impression qu'il sera encore long.
03:18 Et on est en 2024. Mais tous les enfants de cette République, tous les enfants, peuvent pouvoir être scolarisés dans les meilleures conditions.
03:27 Et les parents doivent être absolument à profit.
03:31 Au moment où nous sortons de cette réunion, c'est juste pas possible.
03:38 L'explication technique, technocratique des choses, moi je suis une élue, je suis une mère.
03:45 Je n'ai pas besoin d'un cours administratif, moi. J'ai besoin qu'on me dise quand il y a un problème, comment on règle, quand on est tête de fille sur le handicap.
03:53 C'est ça dont j'ai besoin. Je ne suis pas venue faire un cours de droit administratif à l'AMDPH.
03:58 La suite du combat, alors, c'est quoi ?
04:00 Alors, la suite du combat, c'est qu'on va repartir avec nos petites affaires au rectorat.
04:05 Je vais ressoliciter pour la énième fois un rendez-vous collectif entre le rectorat, l'AMDPH, le département, nous-mêmes, les parents, pour qu'ils arrivent à se parler.
04:19 Et puis, personne ne se parle et tout le monde est en souffrance.
04:23 Donc, on va refaire. Vous voyez à quel niveau on est en 2024 pour des situations où on nous dit que tous les enfants doivent être scolarisés.
04:32 Vous nous avez donné des chiffres sur le nombre de dossiers qui sont collés ?
04:35 Alors, pareil, moi aujourd'hui, j'ai 430, 440 enfants identifiés. C'est les notes qu'on m'écrit.
04:48 Porteur de handicap et scolarisé à Saint-Denis. C'est un chiffre que je ne sais pas.
04:54 Moi, je ne sais pas où sont les enfants porteurs de handicap.
04:57 Quand les enfants sont scolarisés à Saint-Denis, porteurs de handicap, je ne sais pas dans quelle école ils vont.
05:02 Je ne peux pas les accueillir. Je ne sais pas où ils sont.
05:05 Je ne sais pas quel type de handicap.
05:08 Alors, on a une école spécialisée un peu, c'est Henri Dunant, avec une ULIS spécialisée.
05:12 Là, je ne parle pas d'ULIS. Je parle d'école où il n'y a pas d'ULIS, où les enfants viennent.
05:18 Les ULIS, ok, on sait où ils sont.
05:20 Mais en dehors des ULIS, un enfant, votre enfant, il viendrait à l'école, porteur de handicap.
05:29 On ne me dit pas, votre enfant sera à telle école pour qu'on s'organise, pour qu'on arrive à l'accueillir.
05:35 Il y a quand même quelques petits sujets d'organisation.
05:38 Et ça, on l'a aussi contesté.
05:40 Donc là, on me dit, ce n'est pas leur champ de compétence de nous dire où sont les enfants, etc.
05:46 Moi, j'entends. Mais alors, c'est la compétence de qui ? C'est la compétence des personnes.
05:50 Et du coup, il n'y a pas de solution pour les enfants.
05:53 Donc, on est dans une approche très froide, très technocrate.
05:58 Et ça, ce n'est pas comme ça qu'on va avancer.
06:01 Et nous, on veut défaire cette approche-là pour être vraiment dans une approche humaine des choses.
06:06 On va trouver des solutions.
06:08 Moi, je pense, par exemple, qu'aujourd'hui, il faudrait qu'il y ait des conventions entre la MDPH et l'Éducation nationale,
06:14 puisqu'il y a un sujet sur le diagnostic.
06:18 Eh bien, qu'on fasse des conventions avec les établissements médico-sociaux à côté.
06:22 Par exemple, si vous avez la LASFA ou un autre dans le coin, un établissement médico-social à côté d'une école.
06:29 Comme on a des sujets, parce qu'on n'a pas de spécialistes, on n'a pas tel ou tel médecin libéral pour faire le diagnostic médical.
06:37 Eh bien, le département, la R.S., la MDPH, enfin, tout ce monde-là,
06:42 il faut des conventions avec un établissement médico-social.
06:46 L'environnement est sécurisé pour un parent.
06:49 Il emmène son enfant, le diagnostic est fait médical et le dossier est accéléré.
06:54 Et on gagne quelques mois.
06:56 Sur 14 ou 18 mois, quand vous gagnez 4 mois ou 5 mois, c'est énorme dans la vie d'un enfant.
07:01 C'est énorme dans la vie des parents.
07:03 Donc, voilà, nous, on est sur des propositions très concrètes.
07:06 Parce qu'encore une fois, on est sur l'aspect humain, pas technocrate des choses.
07:11 - Et vous, madame, pouvez nous expliquer votre situation ?
07:13 Depuis combien de temps vous attendez que votre bébé soit traité, déjà ?
07:17 - Les délais sont super longs.
07:20 Au début, ça allait de 3 mois.
07:22 Aujourd'hui, je crois qu'on est à 1 an et demi, à peu près.
07:25 Ça fait 10 ans que je fais le 2e DPH.
07:30 Sans cesse renouvelé, sans cesse rediagnostiqué.
07:34 La pathologie de nos enfants ne change pas.
07:37 Donc, ça devrait être plus facile pour nous qui sommes déjà diagnostiqués
07:41 et dans déjà, dans la machine, on va dire.
07:45 Mais à chaque fois, il faut repartir en guerre, il faut repartir à la rentrée,
07:48 il faut repartir chercher les AESH,
07:50 il faut repartir demander nos heures d'AESH,
07:54 repartir dériver de transport.
07:56 Et c'est un combat, c'est usant.
07:59 - Vous avez combien d'enfants en situation de handicap ?
08:01 - Deux.
08:02 - Deux. Et qu'est-ce qu'ils ont fait ?
08:04 Ils ne sont pas pris en charge actuellement, ils sont scolarisés ?
08:06 - Ils sont scolarisés, pris en charge.
08:08 Mais moi, voilà, ça fait...
08:10 Voilà, ils ont 10 et 14 ans.
08:12 Moi, je pense aux parents qui arrivent et qui ne savent pas où aller.
08:15 Manque d'informations, manque d'aide.
08:18 Ils sont nombreux et pour ça, dommage.
08:21 - Et est-ce que vous savez quoi que ça se passe pour vous ?
08:23 Ils ont quand même quelqu'un...
08:25 - Ils ont quelqu'un, il faut batailler.
08:28 Ils ont quelqu'un, je suis sereine maintenant parce qu'ils sont accompagnés.
08:32 On est lancés dans la machine.
08:34 Donc, moi, aujourd'hui...
08:36 Mais je sais que ce n'est pas fini parce qu'à chaque rentrée, on a la peur.
08:40 - C'est une fatigue... - C'est ça.
08:42 - C'est une fatigue.
08:44 Est-ce qu'on peut prendre votre nom, s'il vous plaît ?
08:46 - Robert. Madame Robert.
08:48 - Carine.
08:50 - C'est bon ?
08:52 [SILENCE]