• il y a 8 mois
À l’annonce de son cancer du sang, Nathalie Cazanove pensait que le pire allait arriver. Après le long chemin de l’acceptation et de la compréhension de la maladie, elle a trouvé son évidence : écouter et soutenir les autres malades. Elle est aujourd’hui présidente de l’association Hema 974.

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Je trouve dommage qu'on ne puisse pas faire ressentir la douleur des malades
00:05 quand ils disent qu'ils souffrent.
00:07 Je m'appelle Nathalie Casanova, alors qui je suis ?
00:15 Plein de choses en même temps.
00:17 Je m'occupe d'une association de malades qui s'appelle Emma 974,
00:22 qui intervient auprès des malades et des familles,
00:26 spécifiques quand même, puisque ce sont tous des gens qui ont eu le cancer,
00:29 et qui ont eu des problèmes de sang.
00:31 J'ai découvert mon cancer au moment du Covid, pendant le confinement.
00:41 Évidemment, on n'a pas tout de suite suspecté ce genre de cancer.
00:44 C'est comme ça que je me suis retrouvée au CHSF à faire des examens, etc.,
00:50 qui ont été assez longs pour trouver la...
00:53 Enfin, on savait que j'avais déjà un problème de sang cancéreux,
00:58 qui n'avait pas le nom de la maladie.
00:59 À un moment du diagnostic, j'étais...
01:10 Je suis devenue comme...
01:11 Alors, j'avais deux solutions.
01:14 Ou je m'effondrais.
01:17 Et je me suis dit, si je m'effondre, on est déjà en période Covid,
01:22 on est déjà en confinement.
01:25 J'avais déjà pris en charge ma mère qui est âgée.
01:28 Donc, je me suis interdit de m'effondrer.
01:32 Je me suis dit, tu ne peux pas, ta mère a besoin de toi aussi.
01:35 Et puis, en même temps, on entend, mais on n'entend pas.
01:39 C'est-à-dire qu'on entend, mais on n'y croit tellement pas.
01:41 On est sidérée.
01:42 Pour moi, j'allais mourir rapidement.
01:45 Enfin, voilà, je n'avais plus beaucoup d'espérance de vie,
01:48 surtout que j'avais beaucoup de douleur.
01:53 Au départ, je ne voulais pas y aller parce que j'avais très peur,
01:56 déjà parce que j'ai un vécu hospitalier qui était déjà compliqué.
02:01 Puis, j'avais déjà vécu plusieurs événements douloureux.
02:04 Il y a 20 ans exactement, j'ai, dans ce cadre-là, perdu un enfant.
02:11 Comme on dit, après, ça laisse des séquelles, évidemment.
02:16 C'est un vrai tsunami dans la vie d'une femme,
02:19 plus dans la vie d'une famille, tout simplement.
02:21 Je trouve dommage qu'effectivement, on ne puisse pas faire ressentir
02:24 la douleur des malades quand ils disent qu'ils souffrent.
02:28 Je pense que là, ce serait peut-être plus compétissant à nos douleurs.
02:33 Alors, je ne parle pas pour tous les établissements,
02:35 je ne parle pas pour tous les soignants, évidemment.
02:37 Maintenant, on est plutôt dans le genre, quand on est malade, c'est psychologique.
02:41 Alors, même les amis vous disent ça.
02:43 Entre ce qu'ils vous disent qu'il faut jeûner
02:45 et ce qu'ils vous disent, c'est dans la tête,
02:48 il suffit de changer d'attitude et le cancer va partir.
02:51 Alors, on entend encore ce genre de discours.
02:53 Je peux vous dire que ça vous met très en colère.
02:57 Moi, j'ai pris à peu près deux ans pour réaliser,
03:05 pour me remettre, pour accepter la maladie,
03:09 pour l'apprendre en me disant,
03:10 bon, finalement, tu as un peu plus de chance que les autres,
03:14 que beaucoup d'autres.
03:16 Donc, on va essayer de vivre le mieux possible
03:19 tout ce qui reste à vivre.
03:22 Et là, j'ai commencé à me projeter à nouveau.
03:24 J'ai décidé à ce moment-là deux choses.
03:26 Je me suis dit, il faut que j'écrive rapidement,
03:28 que je sorte un livre sur mes grands-parents,
03:31 que j'ai beaucoup aimé,
03:33 pour raconter les beaux souvenirs qui me sont restés de la vie avec eux.
03:38 Et ensuite, j'ai demandé à rencontrer les malades.
03:40 Je leur ai proposé, je leur ai dit,
03:41 ben écoutez, pourquoi ne créerons-t-on pas une association ?
03:46 La réunion, c'est quoi ?
03:51 Comme la réunion, on est une petite île.
03:53 On a fait une association avec tous les cancers du sang.
03:57 On a été créé officiellement en mai 2023.
04:03 Elle est ouverte aux malades,
04:04 mais aux aidants familiaux également et aux médecins.
04:08 Moi, en tout cas, c'est ce qui me propulse en avant
04:11 et qui m'empêche de sombrer dans la dépression.
04:14 Agir, vous, toujours mieux.
04:17 Et puis, ça apporte tellement d'être au contact des autres.
04:21 C'est tellement riche.
04:24 Le principal message que je dirais, c'est d'être compatissant,
04:35 qu'on soit soigné ou pas,
04:37 d'essayer d'être avant tout à l'écoute des malades.
04:40 Quand on sait que quelqu'un est malade,
04:42 moi je dis que c'est déjà 50% de bien-être qu'on apporte.
04:49 Donc, c'est très important.
04:51 Et l'écoute, tout le monde peut l'apporter.
04:53 Donc, je voudrais particulièrement remercier
04:56 tous les gens qui savent écouter,
04:58 qui m'ont apporté de l'écoute,
05:00 qui apportent aux malades de l'écoute.
05:02 Parce que quand on n'est pas médecin,
05:05 c'est le bien le plus précieux qu'on peut apporter aux malades.
05:09 Sous-titrage Société Radio-Canada

Recommandations