Extrait du témoignage d'Adeline Toniutti dans Ça commence aujourd'hui lors de l'émission consacrée aux violences conjugales, diffusée lundi 25 mars sur France 2.
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00:00 que cette personne, quand on était en société,
00:02 était tellement charmante que personne ne m'aurait crue.
00:06 Et puis, dans mon dos, il faisait un travail en disant
00:08 que moi, j'étais un peu dépressive, que j'allais mal en ce moment.
00:10 Donc, non seulement il m'emprisonne de l'intérieur,
00:13 mais il m'a aussi emprisonnée de l'extérieur.
00:15 Il a changé ce que les gens pouvaient penser de moi.
00:18 Et c'est ça que les gens ont du mal à comprendre.
00:19 On me dit "Oui, les femmes battues, elles ont un syndrome de Stockholm
00:22 ou je sais pas quoi, elles aiment tellement leur mec
00:24 qu'elles peuvent pas partir." Non, en fait, parce que si on part, on va.
00:27 En fait, moi, si je commence à parler, déjà, il faut que j'aie mon téléphone.
00:29 Il fout tout ce que je fais.
00:30 Et à chaque fois qu'il va penser que j'ai fait quelque chose,
00:33 même quand j'ai essayé de chercher du travail, il était pas content.
00:36 En fait, s'il voit que j'ai fait une micro-démarche à l'extérieur,
00:39 je me fais tellement frapper que je ne peux pas me relever.
00:42 Je suis dans la cave, je suis cassée de partout,
00:45 je m'urine dessus.
00:46 -Dans la cave. -Je peux plus me relever.
00:48 Un jour, il m'a jetée dans les escaliers, dans le tas de bois,
00:51 et je n'ai pas pu me relever, Faustine.
00:53 Je n'ai pas pu me relever.
00:54 Comment vous voulez parler, après ?
00:55 Quand j'ai essayé de partir, une fois, il m'a approchée à son voiture.
00:58 Il m'a sortie de la voiture, il m'a explosé la tête sur la voiture.
01:01 Voilà, on en est là.
01:02 Et puis après, quand je lui ai dit que je veux partir,
01:05 qu'il sent que je veux partir, il me dit "je vais tuer tes parents".
01:07 Moi, mes parents, je leur ai pas dit avant très longtemps cette histoire.
01:09 Il m'a dit un jour "je vais tuer ta mère, ton père, tes chats".
01:11 Donc au bout d'un moment, on est tellement affaibli
01:14 qu'on ne sait plus... Je ne sais pas ce que vous en pensez, vous.
01:16 Mais on n'arrive plus à savoir ce qui est vrai, ce qui est faux.
01:20 -Le discernement, vous n'avez plus de discernement.
01:22 -Et on n'arrive plus à l'affronter.
01:23 -Parce que vous avez eu peur pour votre vie, vraiment.
01:25 -J'ai eu peur pour ma vie et j'ai même vu que la seule issue,
01:28 c'était de me suicider.
01:30 J'arrivais même plus à...
01:31 A chaque fois que j'essayais de partir, il me rattrapait.
01:33 Je payais un prix tellement fort d'avoir essayé de m'échapper
01:37 qu'une fois, plusieurs fois, j'ai essayé de mourir.
01:42 Oui.
01:43 Ça l'a fait beaucoup rire et...
01:45 Parce qu'il me dominait encore plus.
01:48 -Ca a été jusqu'où ?
01:49 Vous sortez un livre qui s'appelle "Incandescentes pour toujours",
01:53 qui est une leçon de vie impressionnante
01:56 dans laquelle vous racontez cette confrontation
02:00 et cette violence conjugale.
02:01 C'est allé jusqu'où, Adeline, pour qu'on se rende compte
02:03 de tout le cauchemar que vous avez vécu ?
02:05 -Ca va jusqu'à un étranglement dans une baignoire,
02:09 alors que je ne peux plus crier.
02:10 J'ai envie de te voir.
02:12 -Il vous étrangle alors que vous ne pouvez plus crier.
02:17 -OK.
02:18 -Non, mais je le dis, c'est fréquentant.
02:20 En fait, c'est dur pour moi de parler,
02:22 mais il faut que les femmes entendent ce qu'on dit aujourd'hui.
02:25 C'est très dur pour moi de dire à quel point j'ai été humiliée,
02:29 rabaissée, mais aujourd'hui, je le parle,
02:32 je profite de cette notoriété que j'ai.
02:34 C'est pour dire aux femmes, partez !
02:37 Partez, parce que j'ai mon...