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00:00 -C'est intéressant avec vous Lara Fabian, c'est toutes les portes fermées, tous les obstacles que vous avez dû péter pour y arriver.
00:05 J'ai lu en lisant, pour préparer l'interview, c'est quand même fou ce que vous aussi vous avez pris dans la gueule ce soir.
00:11 C'est un peu le thème de la soirée.
00:13 -Entre péter et gueule, on est partis comme en 14.
00:15 J'ai l'impression d'entendre mon grand-père.
00:17 *Applaudissements*
00:21 -Non mais attends. Au début, tu chantes trop bien, t'y arriveras jamais.
00:25 On n'a pas besoin d'une Mireille Mathieu de 20 ans.
00:27 De toute façon, elle est grosse.
00:29 -Quand on est moche, on ne fait pas ce métier.
00:33 -Exact.
00:35 -C'est vraiment ça qu'on vous disait derrière votre dos ou en face ?
00:39 -Non, sinon ce n'est pas drôle. Ceux qui s'amusent, ils le disent devant vous.
00:43 -Ils vous disent que vous êtes trop grosse, que vous êtes moche. On ne fait pas ce métier quand on est moche ?
00:47 -Oui.
00:49 Et tous ces empêchements-là, toutes ces impossibilités-là élancées par les autres ont été mes plus grands maîtres, mes plus grands enseignants.
00:55 C'était extraordinaire de voir à quel point j'étais résiliente, résistante,
00:59 parfois beaucoup plus courageuse que talentueuse, parce qu'en réalité,
01:03 il m'a fallu beaucoup plus de courage que de talent pour traverser.
01:07 Et finalement, c'est ça qui a été le plus grand cadeau mal emballé de ma vie, c'est de mettre à l'épreuve.
01:11 -Oui, c'est Boudère qui nous disait la semaine dernière, je ne sais pas si vous avez regardé mes slongs,
01:15 il nous disait "je remercie tous ceux qui ne m'ont pas aidée parce qu'ils ont fait de moi ce que je suis aujourd'hui".
01:21 -Oui, et tous ceux qui ne m'ont pas aimée parce qu'ils m'ont fait mesurer ce que c'était d'être aimée vraiment.
01:25 -Ah ouais. Et vous n'avez pas pensé à abandonner à des moments, parce que c'est vrai que même quand vous avez 8 ans,
01:30 vous rêvez d'être danseuse, on vous dit "non, c'est pas possible, c'est cuisse, vous avez les pieds plats",
01:33 enfin j'ai vu, c'est quand même fou ce que vous avez...
01:37 -Oui, il m'a écrasé le pied avec sa canne, le maître de danse, il a dit "mais qui pourrait soulever un truc pareil dehors ?"
01:42 Mais après, bon, je l'ai vécu devant les caméras aussi, donc j'étais née pour vivre ça.
01:47 -Les pieds plats ?
01:49 -Les pieds plats entre autres, et la violence. Mais je pense que j'étais née pour ça, je n'ai pas choisi ce métier, ce métier m'a choisi.
01:56 -C'était votre chemin, vous voulez dire.
01:58 -Oui, c'était mon chemin.
02:00 -Il fallait surmonter tous ces obstacles-là, et puis il y a les obstacles d'avoir la carte ou ne pas avoir la carte.
02:04 -Ça aussi.
02:06 -Et ça aussi, vous avez vécu du mépris. Christophe, parlez de votre période américaine, où c'est vrai que ça a marché,
02:10 mais pour tout le monde c'était un flop.
02:12 -Pas pour les gens qui ne le savaient pas, mais pour en tout cas les petits wagonnets qui sont les médias qui nous mènent aux gens,
02:16 - Oui, dans les wagonneux, il n'y avait pas tellement de virilité.