• il y a 8 mois
Du lundi au jeudi, rendez-vous, dès 6h30 avec Thomas Sotto et Marie Portolano. Et du vendredi au dimanche, c'est au tour de Damien Thévenot et Maya Lauqué de dynamiser le réveil.

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Transcription
00:00 - Bonjour Marc Roland. - Bonjour à vous, merci.
00:01 - Merci d'être avec nous.
00:03 Huit mois et demi après la disparition du petit Émile,
00:05 deux ans et demi dans l'Ohamo du Haut-Vernet,
00:07 on a appris cette semaine qu'une mise en situation
00:10 aura lieu prochainement, jeudi prochain je crois,
00:12 en présence de toutes les personnes qui étaient dans l'Ohamo ce jour-là,
00:17 plus les enquêteurs et les magistrats.
00:18 Quelle est la différence entre une mise en situation et une reconstitution ?
00:23 - Figurez-vous que c'est presque la même chose,
00:26 à différence près et notable même qu'une mise en situation,
00:30 il n'y a pas de mire-examen, il n'y a pas de suspect.
00:32 On remet en situation des éléments existants dans le dossier
00:36 qui permettront d'illustrer physiquement
00:38 une lecture écrite, extraite de ces procédures judiciaires.
00:43 - Est-ce qu'il arrive fréquemment que des témoins se souviennent de certaines choses
00:49 lorsqu'on leur fait revivre une journée comme cela,
00:52 alors qu'ils ont été entendus plusieurs fois déjà ?
00:55 - Tout à fait, il ne faut jamais mésestimer l'univers cérébral des témoins
00:59 qui peut être contredit ou partiellement pollué par des éléments extérieurs.
01:04 Et cette remise en situation permet effectivement de consolider les témoignages,
01:07 à la fois les témoignages des individus eux-mêmes,
01:10 mais surtout les témoignages croisés des personnes
01:11 qui ont vécu la même chose au même moment, au même endroit.
01:15 - 8 mois et demi après la disparition d'Émile,
01:17 est-ce que ce n'est pas un peu tard pour mener cette opération de mise en situation ?
01:21 - Très sincèrement, si on arrive à ce stade des investigations judiciaires,
01:25 qui je le rappelle sont menées par un binôme de juste instruction du tribunal d'Aix-en-Provence,
01:29 je pense que le dossier est mûr précisément pour qu'il puisse être à ce jour,
01:33 la semaine prochaine précisément, mis en situation.
01:35 - Vous nous le disiez, chaque personne présente va être confrontée à ces déclarations
01:40 devant les enquêteurs, on sait qu'il y a eu le bornage des lignes téléphoniques,
01:43 tous ces éléments-là vont être recoupés ?
01:46 - Tout à fait, alors on a beaucoup mis l'accent sur la technologie,
01:49 mais on va également mettre l'accent sur la logique,
01:52 c'est-à-dire qu'on va dire aux gens qui sont partis intéressés au dossier,
01:57 de se remettre dans une situation telle qu'ils se souviennent
02:00 et telles que leurs propos ont été rapportés en procédure.
02:02 - Vous voulez dire qu'on va plus faire appel à l'émotion, à l'humain,
02:06 vous dites la logique, mais ça veut dire qu'on compte plus sur le humain que sur la technologie ?
02:09 - L'humain judiciaire, ce n'est pas seulement une addition de compétences,
02:13 de technologies, de réquisitions, d'expertises,
02:15 c'est une cohérence et une lecture globale d'un dossier pour abonder,
02:19 et je le rappelle in fine, la manifestation de la vérité.
02:22 - Cette opération, elle est destinée à fermer des portes ou à en ouvrir d'autres ?
02:26 Ou les deux à la fois ?
02:27 - Je pense les deux à la fois précisément,
02:29 parce qu'une enquête judiciaire, ça se mène à charge et à décharge,
02:32 et surtout c'est un acte d'intelligence.
02:34 - Cette semaine, le Canard Enchaîné a fait resuggérer le passé du grand-père d'Émile,
02:39 on sait qu'il est placé sous le statut de témoin assisté dans une affaire de violence
02:43 au sein d'une communauté religieuse dans laquelle il était éducateur dans les années 90.
02:47 Pourquoi cette info, elle sort maintenant ?
02:49 - Cette info, elle sort maintenant parce que c'est une information journalistique,
02:52 soyons précis, soyons cohérents,
02:54 mais cette information, elle est connue dès le début.
02:57 - Ça, les enquêteurs connaissent ce passé ?
02:59 - Les enquêteurs, vous pensez bien, dès le départ, dès les premiers jours d'enquête,
03:02 savaient déjà que une personne partie au dossier avait des antécédents,
03:08 ou du moins un passif judiciaire non expurgé.
03:10 - Et donc, ça veut dire que si on ne l'a pas appris,
03:12 c'est qu'il n'y a pas eu de lien, qu'il n'y a pas été établi,
03:15 en tout cas qu'il n'y avait rien à dire de plus aux yeux des enquêteurs, c'est ça ?
03:18 - Exactement, oui, tout à fait.
03:20 - Et je précise que le grand-père d'Émile a réagi,
03:22 et il a parlé, lui, de logorée immonde à propos de ces révélations du canard enchaîné.
03:27 - Et il convient quand même de préciser qu'il n'est pas mis en examen,
03:29 mais il est sous le statut de témoin assisté.
03:31 - Oui, c'est ce qu'on a dit.
03:31 - C'est un statut un peu particulier, mais bon,
03:34 qui n'entraîne pas forcément une lecture au titre d'une culpabilité quelconque.
03:39 - Aujourd'hui, à ce jour, quelles sont les causes possibles de la disparition d'Émile ?
03:45 - Vous savez, dans le doute, il faut se raccrocher au factuel.
03:49 La seule lecture qu'on peut avoir, c'est la lecture judiciaire.
03:52 On est dans une affaire de nature criminelle,
03:56 ouverte pour des faits d'enlèvement et de séquestration,
03:58 et la vérité judiciaire sera forcément issue de la procédure judiciaire,
04:02 ouverte pour ces faits précisément.
04:04 - Donc ça veut dire que la thèse de l'accident, elle est définitivement écartée.
04:09 Je sais qu'il était question de survoler en hélicoptère des zones
04:13 qui, avec l'hiver, allaient se déboiser forcément,
04:15 et pouvoir, à ce moment-là, montrer un corps.
04:19 Ça, ça a été complètement abandonné.
04:21 - Non, précisément pas, mais l'objet central des efforts menés
04:25 au titre des investigations judiciaires sont liés à une qualification pénale.
04:29 Pour autant, on n'écarte aucune autre hypothèse, ça serait une erreur.
04:32 - Il y a quelqu'un, là, jeudi prochain,
04:35 il y aura dans tous les gens qui seront présents, quelqu'un qui sait.
04:38 - Il y aura forcément quelqu'un qui détient au moins un fragment de la vérité.
04:43 - Quelle est la part d'intuition quand on mène une enquête comme celle-ci ?
04:47 - Ça, c'est la toute expérience et le flair des gendarmes en charge des investigations
04:51 qui travaillent, je le rappelle, avec beaucoup de justesse,
04:54 sous l'autorité et la responsabilité de deux magistrats en charge de l'instruction.
04:59 - Est-ce que les gendarmes ont encore l'espoir de retrouver le petit garçon vivant
05:04 en cas d'enlèvement ou ils ne se posent même pas la question en réalité ?
05:10 - Vous savez, c'est un dossier extrêmement sensible
05:13 parce qu'il présente à la fois une complexité, une gravité,
05:17 et une complexité dont on ne mesure même pas l'intérêt parce qu'il y a de l'émotion.
05:21 Chaque gendarme, homme ou femme, est parent, père d'un enfant,
05:26 et vous pensez bien que l'impact à la fois individuel et professionnel est majeur.
05:30 - Et la pression médiatique, elle joue un rôle important,
05:34 j'imagine aussi, dans la manière de mener l'enquête ?
05:36 - Elle joue un rôle important, mais avec l'expérience passée,
05:40 on a appris à la gérer et on a mis en place un certain nombre de filtres
05:43 justement pour ne pas subir cette pression légitime,
05:47 qui est la vôtre, celle d'informer, pour ne pas être pollué
05:49 effectivement par des éléments venant de l'extérieur.
05:52 - Alors, vous évoquiez l'expérience en matière de pression
05:56 et il y a une affaire dont on parle aussi beaucoup à nouveau aujourd'hui,
06:00 elle date de 40 ans, cette affaire, c'est l'affaire dite du petit Grégory,
06:05 Grégory Villemin.
06:06 On a appris cette semaine que la justice réclame de nouvelles expertises
06:11 et des comparaisons ADN.
06:12 Alors, c'est une demande qui a été faite par les parents de Grégory.
06:15 Ça veut dire quoi ? Que dans ce dossier, on a l'impression que tout a été fait,
06:19 il y a encore des choses à explorer ?
06:21 - Vous vous rendez compte, cette affaire nous hante,
06:23 nous accompagne malheureusement depuis plus de 40 ans presque.
06:26 Un petit garçon qui a disparu en 1984, dans des circonstances horribles,
06:30 et on se rend compte qu'effectivement, cette enquête est toujours en cours
06:34 avec des actions et des investigations judiciaires diverses et variées
06:38 qui accompagnent effectivement, je dirais, la montée en compétence
06:41 de tout l'aspect technique et scientifique,
06:43 puisque la science a fait d'énormes progrès
06:45 et on profite de ce progrès scientifique
06:48 pour identifier des éléments qui à l'époque n'auraient pas pu l'être.
06:52 - C'est ça, c'est-à-dire que ce sont des traces ADN sur les cordelettes
06:54 ou la voix du corbeau qui vont être réanalysées par des techniques ?
06:59 - Exactement, ce sont des produits pour l'essentiel
07:02 qui ont déjà fait l'objet d'analyse,
07:04 que ce soit en 2000, en 2008 ou plus tard.
07:07 Des objets tirés des vêtements, des cordelettes,
07:10 mais également des analyses au niveau des enregistrements vocaux qui ont été faits.
07:14 On profite de la technologie, des avancées technologiques
07:17 pour tenter une fois de plus d'identifier le corbeau, le ou les auteurs.
07:20 - Merci beaucoup Marc-Olando.

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