• il y a 9 mois

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00:00 Après la vague de villes qui ont éteint la lumière la nuit dans leurs rues, est-ce un mouvement inverse qui démarre ?
00:05 Sargumine en Moselle rallume ses lampadaires, Sanoa dans le Val d'Oise également.
00:09 La tendance peut-elle gagner la Gironde ?
00:11 Eh bien on va en parler ce matin avec le maire de Talens, sa ville a été la première à renoncer à l'éclairage nocturne, c'était en 2018. Marie.
00:18 Bonjour Emmanuel Salabier.
00:19 Bonjour à vous.
00:19 L'éclairage nocturne, est-ce que c'est une décision sur laquelle vous pourriez revenir à Talens ?
00:25 Non, en l'état actuel non.
00:27 Aujourd'hui on a de très bons indicateurs, il n'y a aucun, je le rappelle, aucun lien entre l'éclairage et l'insécurité.
00:33 En revanche, aujourd'hui on nous fait beaucoup de remontées sur le sentiment d'insécurité pour les automobilistes, pour les piétons.
00:39 Donc incontestablement on va rentrer sur une deuxième phase qui va consister à avoir des éléments plus chirurgicaux, quartier par quartier, plutôt qu'une décision unilatérale sur une ville.
00:47 C'est-à-dire que c'est un dispositif qui s'adapte au fil du temps ?
00:50 Oui déjà c'est un dispositif qui permet de faire beaucoup d'économies.
00:53 On a divisé la facture par 10, ça correspond à deux ou trois points de fiscalité, on en parle beaucoup de la fiscalité en ce moment.
00:58 Et c'est surtout l'idée de pouvoir se dire que dans une ville, vous avez un centre-ville, vous avez des rues sur lesquelles il y a beaucoup de gens qui passent, d'autres qui passent moins.
01:05 Donc c'est la raison pour laquelle on va dans les prochaines années investir massivement tout ce qui est capteur de présence, permettant d'éteindre,
01:12 donc de conserver les bienfaits aussi pour l'homme, pour la biodiversité, mais aussi répondre à une demande légitime de la part des habitants
01:19 et ça consiste aussi à nous faire la remontée, comme quoi être dans la ville quand il fait nuit, ce n'est pas forcément toujours très sécurisant.
01:25 Donc on règle certains secteurs éteints, certains secteurs allumés, différence d'intensité peut-être ?
01:31 Exactement, en fait la ville de Talens ça a passé depuis 4 ans maintenant l'ensemble de ses ampoules en LED, donc très basse consommation.
01:37 On peut décider ampoule par ampoule du niveau d'intensité, si ça s'allume et si ça s'éteint.
01:42 De la même façon qu'on souhaite préserver les corridors de biodiversité comme le bois de Thoars.
01:46 Donc on va vraiment, je pense, les villes ne vont plus vers j'éteins, j'allume, on va vraiment vers quelque chose de beaucoup plus fin
01:52 et finalement qui va permettre à la fois de réconcilier toutes celles et tous ceux qui souhaitent qu'on laisse éteindre
01:57 et celles et ceux aussi qui nous font cette remontée sur le fait de devoir évoluer le dispositif.
02:01 Donc on va vers une certaine forme de maturation du dispositif et je pense que c'est une très bonne chose.
02:05 On a vu certaines communes mettre en place des dispositifs d'allumage à la demande presque via les smartphones,
02:10 est-ce que c'est envisageable dans une commune de la taille de Talens ?
02:13 Alors oui, je l'ai vu sur la belle ville du Rhune au Pays Basque, sur une ville de 45 000 habitants,
02:18 comme Talens c'est beaucoup plus compliqué parce qu'on ne va pas permettre à des gens sur leur smartphone
02:22 de pouvoir gérer la vie de 45 000 habitants. Je pense qu'il ne faut rien exclure,
02:26 je pense qu'il faut aussi continuer à dialoguer avec les personnes.
02:29 L'idée ce n'est pas d'opposer l'un à l'autre, il n'y a pas de personnes qui ont tort, pas de personnes qui ont raison.
02:33 L'extinction est une bonne chose, on n'y reviendra pas.
02:36 En revanche, l'heure est venue, comme je vous le disais, de passer sur quelque chose de beaucoup plus fin,
02:40 peut-être de conserver certaines formes, notamment le long des grands ailes de transport,
02:45 lorsque ça circule la nuit du côté du campus.
02:47 Donc on va vraiment vers un zonage plus particulier des villes,
02:50 et je pense que c'est un bon mouvement sur lequel on doit tous aller.
02:54 Et vous faites une vraie distinction entre ce sentiment d'insécurité et les chiffres de la délinquance
03:00 depuis quasiment six ans à Talens, pas d'augmentation de la délinquance la nuit quand l'éclairage nocturne est éteint.
03:06 Non, il y a eu moins d'incivilités, moins d'accidents en 2023 que cinq ans auparavant.
03:11 Ce qui fait que, comme toutes les autres villes, on n'a pas de lien.
03:14 En revanche, quand j'ai des parents qui me disent "moi j'ai des jeunes qui sortent,
03:17 moi je me sens pas bien quand je sens aussi le chien, etc."
03:20 donc on doit entendre cela, non pas en disant "ils ont tort",
03:23 mais simplement en se disant comment on peut finalement rassembler tout le monde.
03:26 Je pense que c'est très important.
03:27 Emmanuel Salaberry, le maire de Talens, c'est notre invité ce matin sur France Bleu Gironde.
03:30 Alors sur un tout autre sujet, Emmanuel Salaberry, ils sont de retour, les moustiques.
03:35 C'est une plaie de nos soirées, de nos nuits d'été.
03:38 Vous en avez fait un de vos chevaux de bataille sur votre commune.
03:42 Vous avez notamment lancé une expérimentation dans un quartier de Talens l'année dernière
03:45 pour rendre plus efficace la lutte contre ces moustiques.
03:48 Quel bilan en avez-vous tiré ?
03:50 Plutôt un très bon bilan.
03:51 Aujourd'hui, il faut être clair, on ne se débarrassera pas de cette bête.
03:55 Elle est partout, on l'a quasiment maintenant toute l'année.
03:58 Mais on est aussi face à une remontée.
04:00 Je me souviens, il y a quelques années, on rigolait quand on en parlait.
04:03 On nous disait "ce n'est pas utile".
04:05 Et aujourd'hui, ça a pourri la vie des gens quasiment toute l'année.
04:08 Et je veux aussi le rappeler qu'il y a derrière un enjeu de santé publique
04:11 parce que ce moustique-tigre notamment, il peut être vecteur de maladies.
04:14 On n'est pas en train de parler simplement des gènes à l'apéro,
04:17 mais vraiment d'un potentiel problème de santé publique.
04:19 On a souhaité se doter d'un conseiller municipal délégué, spécifiquement,
04:22 en charge de ces questions et de pouvoir embaucher quelqu'un
04:25 qui, à temps plein, va venir faire de la prévention avec deux objectifs.
04:29 D'abord, essayer de traiter le problème à la racine.
04:32 C'est un peu comme si jamais, demain, je vous disais que vous avez une fuite d'eau
04:35 mais que je vous propose juste de mettre une assiette sous le tuyau.
04:37 On ne règle pas le problème, mais par contre, on peut vraiment arriver à limiter sa prolifération.
04:42 Et ça, c'est plutôt une bonne nouvelle.
04:43 - C'est ce qui est ressorti de ce quartier.
04:45 Vous avez tenté l'expérimentation en travaillant chacun chez soi,
04:48 en enlevant les sources, finalement, là où les moustiques pondent.
04:51 On arrive à limiter leur prolifération.
04:53 - Exactement.
04:54 Les mairies ne sont propriétaires que de très peu de pourcentages sur les villes.
04:58 Aujourd'hui, les mairies, nous, on fait des efforts, on met des pièges en œuvre.
05:01 Et donc, on a demandé à un quartier, on a pris un exemple de quartier des shops
05:05 où on leur a dit, écoutez, vous êtes tous propriétaires ou locataires.
05:08 On s'y met tous et on regarde.
05:10 J'ai entendu votre reportage.
05:11 Beaucoup d'entre eux ont remarqué une véritable amélioration,
05:15 notamment un retard dans la ponte, etc.
05:17 Il y a encore des efforts à faire.
05:18 On va continuer à installer des pièges,
05:20 mais on est en train, là, de vivre la période la plus importante de l'année.
05:24 C'est la période sur laquelle les moustiques vont commencer à pondre.
05:26 Et si chacun peut s'occuper de quelques oeufs,
05:28 on va éviter quelques millions de moustiques dans quelques mois.
05:30 Donc, on a toutes et tous un beau challenge à relever dans les semaines à venir.
05:33 Alors justement, on a demandé à nos auditeurs
05:35 comment est-ce qu'ils luttent eux-mêmes contre les moustiques.
05:37 On va écouter la réponse de Sonia, qui vit dans le centre de Bordeaux.
05:41 On met des huiles essentielles, les plus naturelles possibles.
05:44 Après, dehors, on subit.
05:46 Enfin, je veux dire, voilà, c'est un peu emmerdant.
05:48 C'est le changement climatique.
05:50 Comment ils vont éradiquer les moustiques ?
05:52 Avec des insecticides ?
05:53 Moi, je ne suis pas pour.
05:54 C'est des trucs toxiques qu'ils doivent nous empoisonner par ailleurs.
05:58 Pas génial, quoi.
05:59 Et ça fait beaucoup réagir sur Facebook également.
06:01 François, ce qu'il nous dit ce matin sur Facebook,
06:03 l'été dernier, nous n'avons presque pas déjeuné dehors.
06:05 J'ai été piqué dès que je sortais de la maison.
06:07 Très peu profité du jardin.
06:08 Je crains que ce soit pareil cette année.
06:10 On a Coco qui nous dit, en le disant, pas dehors également,
06:12 en pleine vie, voilà comment j'ai évité de me faire piquer.
06:14 Et nous avons François qui nous appelle ce matin pour nous apporter son témoignage.
06:19 Bonjour François.
06:20 Bonjour François.
06:21 Bonjour.
06:22 Comment est-ce que vous vous protégez des moustiques, vous-même ?
06:24 Alors en fait, moi je mets des moustiquaires aux fenêtres et aux portes.
06:30 Donc ça ne protège pas quand je vais dans mon jardin.
06:34 Et déjà pas mal quand on est à l'intérieur de ne pas avoir de problème.
06:40 Et disons que le problème que j'avais jusqu'à présent,
06:44 c'était des moustiquaires qui n'étaient pas forcément très solides.
06:50 Et là j'ai un système qui est plutôt pas mal,
06:55 qui est bien transparent et qui est résistant.
06:58 Donc les moustiquaires ont quand même, physique, ont quand même un avenir je pense.
07:05 Merci beaucoup François.
07:06 On traite les conséquences là, Emmanuel Salaberry,
07:08 mais effectivement il faut que chacun s'y mette pour traiter les causes finalement.
07:12 C'est ça l'enjeu aujourd'hui ?
07:13 C'est exactement ça.
07:14 Il faut vraiment qu'on puisse donner à tout le monde une boîte à outils.
07:16 Comme vient de le dire votre auditeur, on peut se protéger à l'intérieur,
07:19 mais il reste le problème de l'extérieur.
07:20 Donc on peut aussi planter.
07:21 Je pense qu'il faut aussi qu'on se mette tous et toutes autour d'une table
07:24 pour faire revenir des prédateurs dans les villes,
07:26 et notamment tout ce qui est chauve-souris,
07:28 mais malheureusement qui ne marche pas sur les moustiques.
07:30 Il y a un de vos habitants qui dit qu'il faut embaucher Batman dans notre reportage d'aujourd'hui.
07:33 On a fait une annonce en ce sens là, et on espère beaucoup de candidatures.
07:36 Mais avant d'espérer que Batman arrive sur Talens,
07:38 on puisse vraiment essayer de se dire que la clé, je le rappelle,
07:43 c'est vraiment de pouvoir traiter le problème à la racine,
07:46 avec notamment tout ce qui est pondoir,
07:48 qui ne coûte pas très cher,
07:49 parce qu'il y a aussi beaucoup de personnes qui nous disent
07:51 que tous ces produits-là coûtent cher,
07:52 il n'y a rien de chimique là-dedans.
07:53 C'est un vrai business d'ailleurs.
07:54 Exactement, c'est un vrai business.
07:55 Donc les villes, nous on distribue gratuitement des pièges,
07:58 on forme des ambassadeurs.
07:59 Il faut vraiment qu'on puisse toutes et tous s'y mettre
08:02 pour se dire qu'il y a vraiment quelques gestes simples à faire.
08:05 Et en revanche, s'il y a une personne qui ne joue pas le jeu,
08:07 dans tout un quartier, ça peut effectivement tout déséquilibrer.
08:11 Donc les solutions, elles existent.
08:12 A nous de les mettre en œuvre,
08:14 et c'est la raison pour laquelle aujourd'hui,
08:15 on est vraiment passé sur quelque chose d'une poétique sérieuse.
08:18 C'est la raison pour laquelle on va se donner les moyens à Talens.
08:20 Alors on se donne aussi le moyen, pas forcément, de toujours réussir.
08:23 Mais en tout cas, les premiers retours que l'on a dans beaucoup de quartiers,
08:26 c'est une vraie limitation.
08:27 Et moi je ne peux plus entendre aujourd'hui que les gens ont leur vie qui est...
08:30 Quand ils rentrent chez eux,
08:31 on vient d'avoir les quelques premiers jours de beau temps,
08:34 on se dit "on ne peut plus sortir dehors".
08:36 Ça vient vraiment pourrir la vie,
08:37 et ça il n'est pas question de se laisser faire.
08:39 C'est la raison pour laquelle j'espère qu'on engage la ville derrière cette thématique.
08:42 Merci beaucoup.
08:43 Avec plaisir.
08:44 Emmanuel Salaberry, maire de Talens, d'avoir été avec nous ce matin.
08:46 Bonne journée à vous.
08:47 Merci, à vous aussi.
08:48 C'était une interview dans son intégralité, également en vidéo sur francebleu.fr.

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