La présidente de «Marseille en colère» Kaouther Ben Mohamed était invitée sur le plateau de Morandini Live sur CNEWS ce mardi 19 mars. L'occasion pour elle d'évoquer le déplacement d'Emmanuel Macron dans la cité phocéenne, sur fond de gestion du narcotrafic dans la ville : «Les points de deal à Marseille génèrent entre 80.000 et 100.000 euros par jour», a-t-elle rappelé.
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00:00 visite surprise d'Emmanuel Macron à Marseille.
00:03 Est-ce que vous avez le sentiment que c'est une bonne chose
00:05 et que c'est un investissement fort
00:07 de la part de la présidence de la République ?
00:09 -C'est encore, excusez-moi, pour moi en tout cas
00:12 et pour les habitants et pour les personnes qui sont engagées,
00:14 un énième plan de communication
00:16 parce que M. le Président va vous venir régulièrement,
00:18 lui ainsi que ses ministres.
00:19 Il n'y a aucune amélioration.
00:21 Si je peux me permettre, Jean-Marc, de donner quelques chiffres.
00:23 Le narcotrafiquant à Marseille, en 2002, c'était 3 morts par an.
00:26 En 2022, c'était 31 morts par an.
00:28 Et l'année dernière, ça a été 43 morts par an.
00:31 Donc nous avons de plus en plus de points de deal.
00:33 Certes, il y a un travail qui a été fait de manière exceptionnelle
00:36 par Mme Camilleri, qui vient de nous quitter,
00:37 qui était la préfète de police,
00:38 ainsi que M. Bouzard, qui est le sous-préfet.
00:41 Sauf que personne n'arrive à prendre en considération,
00:44 et ça met définitivement les habitants en colère,
00:46 et ce n'est pas le premier plan, d'ailleurs, que Marseille subit.
00:49 Il y a eu M. Gaze9, il y a eu M. Valls, etc.
00:51 C'est qu'il n'y a qu'une seule porte et une seule entrée pour eux,
00:55 c'est la répression.
00:57 Et si la répression donnait des résultats qui étaient pérennes,
01:00 nous n'en serions pas à des trafics qui sont de plus en plus grands,
01:04 dans des territoires de plus en plus développés,
01:07 qui génèrent un chiffre d'affaires...
01:09 Je rappelle que les points de deal à Marseille
01:10 génèrent entre 80 et 100 000 euros par jour.
01:13 Par jour.
01:15 Et qu'aujourd'hui, Marseille n'a pas l'exclusivité,
01:18 les quartiers nord n'ont pas l'exclusivité,
01:19 qu'aujourd'hui, à quelques encablures de la mairie de Marseille
01:22 et du plus gros commissariat de Marseille,
01:23 il y a des narcotrafiquants qui s'installent,
01:25 que les petites villes ne sont pas épargnées,
01:27 que les quartiers sud ne sont pas épargnés,
01:28 ni par les trafics,
01:29 ni par ce qu'on appelle des règlements de comptes,
01:31 mais qui sont des assassins prémédités, en fait.
01:33 Parce que c'est un business,
01:35 et qu'aujourd'hui, notre président de la République vient,
01:37 mais moi, ce que j'attends de lui,
01:38 et j'ai remis sur le plateau de vos conférences à RMC,
01:41 l'année dernière, un courrier à M. Darmanin,
01:42 qui m'a reçu au ministère.
01:44 Mais ce n'est pas de la compétence que je vais vous dire de M. Darmanin.
01:47 Tant que le président de la République,
01:48 au lieu de venir faire son show à Marseille,
01:51 n'aura pas le courage de mettre autour de la table
01:53 le ministre de l'Intérieur, le ministre de l'Éducation.
01:56 Parce que quand on pilonne,
01:58 ça déplace les supermarchés,
01:59 ce que j'appelle des supermarchés de narcotrafiquants.
02:01 Mais quelle perspective d'avenir on offre aux habitants,
02:03 et à la jeunesse, en fait, pour ne pas aller se réfugier
02:06 dans tout ce qui leur reste,
02:07 parce qu'il n'y a plus de travailler social.
02:08 Moi, je suis une enfant des bidonvilles de Marseille.
02:10 Je suis née et j'ai grandi dans un bidonville.
02:12 Aujourd'hui, je suis autrice, chroniqueuse à la télé,
02:14 et je dirige des associations, et je travaille, etc.
02:17 Parce que l'école de la République me l'a permis.
02:20 Parce que la République, à l'époque, me le permettait.
02:22 Aujourd'hui, ces enfants n'ont plus de perspective d'avenir.
02:24 Ils sont abandonnés et enclavés dans des cités à ciel ouvert
02:27 qui sont des ghettos, en fait, abandonnés de tout et de tous,
02:30 où la République n'est plus présente,
02:31 où l'école n'est plus présente, pour la plupart.
02:33 Quand elle y est présente, elle est menacée, elle aussi,
02:36 par des balles, par des narcotrafiquants,
02:37 par du recrutement, à même les écoles, etc.
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