Le 19 mars, est prévue une grève des fonctionnaires, à l'appel de nombreuses organisations syndicales, dont Force Ouvrière. En jeu ? L'exigence d'un meilleur pouvoir d'achat. L'imminence des Jeux Olympiques et Paralympiques, à partir de juillet, électrise les esprits, Force Ouvrière étant allé jusqu'à déposer un préavis de grève qui court jusqu'au 8 septembre.
Ce samedi, Frédéric Souillot, le secrétaire général de Force Ouvrière, est l'invité d'Alexandra Bensaid.
Plus d'infos : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/on-n-arrete-pas-l-eco/on-n-arrete-pas-l-eco-du-samedi-16-mars-2024-2447288
Ce samedi, Frédéric Souillot, le secrétaire général de Force Ouvrière, est l'invité d'Alexandra Bensaid.
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00:00 Et l'invité du MAGECO ce samedi 16 mars, c'est le secrétaire général de Force Ouvrière.
00:04 Bonjour Frédéric Souillot.
00:05 Bonjour Alexandra Benzaïde.
00:07 FO, c'est le deuxième syndicat de la fonction publique, trois versants, territorial, hospitalière
00:14 et dans la fonction publique d'état vous êtes numéro un.
00:16 Le deuxième premier, oui.
00:18 Frédéric Souillot, mardi prochain, les syndicats appellent les fonctionnaires à la grève
00:21 pour leur rémunération.
00:23 Alors quelques jours avant cette mobilisation, le gouvernement a donc sorti ce chiffre.
00:28 Près de 14 milliards d'euros seraient allés aux fonctionnaires en mesure salariale depuis
00:33 2022.
00:34 Est-ce que 14 milliards ça ne suffit pas ?
00:36 Alors les 14 milliards, je ne sais pas où on les prend et où on les trouve.
00:41 On parle de 3,5 points sur le point d'indice de 2022.
00:47 D'augmentation ?
00:48 Oui, mais avant ça, la perte depuis 2020, il n'y avait pas eu d'égel du point d'indice
00:55 puisque c'est l'expression consacrée.
00:57 Donc la banquise, d'égel plus vite que le point d'indice et le reste, ça a été
01:01 des primes.
01:02 Ou tout un tas de mesures, il y a eu le Ségur de la santé.
01:06 Mais dans le Ségur de la santé, ça c'était le versant rattrapage, les 183 euros et avec
01:13 l'inflation ça fait 188 euros bruts.
01:15 Mais pour autant, il y avait deux autres versants dans le Ségur.
01:19 Et aujourd'hui, les réclamations sont sur les salaires puisque que vous soyez fonctionnaire
01:24 ou dans le privé, vous remplissez le frigo avec votre paye.
01:29 Pas autre chose.
01:30 Et là, 2023, rien.
01:32 2024, pour l'instant, on leur dit rien du tout.
01:35 2024, pour l'instant, on vous dit « année blanche », il n'y aura pas d'augmentation
01:38 générale ?
01:39 Écoutez, c'est ce qui était dans le reportage tout à l'heure, les 10 milliards, c'est
01:44 moins 700 millions d'euros dans la fonction publique, sur les salaires.
01:49 Et puis 2025, on nous dit que ce sera entre 15 et 20 milliards.
01:53 Et dans le reportage, on expliquait très bien, si on prend l'audiovisuel public,
01:59 la fin de l'art de vence, avant c'était un impôt fléché.
02:03 Aujourd'hui, on dit « fin de l'art de vence télé, ça passe au budget de l'État
02:08 mais peut-être que vous aurez 200 millions d'euros mais il y aura une fonction de 20
02:13 millions, on ne sait pas à quel titre ni pourquoi.
02:16 Et au bout du bout, c'est moins d'emplois et moins bien rémunérés.
02:20 Mais quand même Frédéric Souhiau, il y a la dette, il y a les déficits, il y a
02:24 la croissance à plat.
02:26 Est-ce que vous n'entendez pas ceux qui disent « mais la France, elle doit faire
02:29 des économies, tout le monde doit faire sa part ? » Les fonctionnaires aussi ?
02:32 Alors les fonctionnaires, je pense que les économies, ils les font déjà sur l'emploi.
02:39 Le manque de vocation et d'attractivité sur ces métiers.
02:43 À chaque fois qu'on a une crise et qu'on nous parle de la dette, les fonctionnaires
02:48 se retrouvent dans le viseur.
02:50 Mais dans le viseur, c'est de leur faute s'il y a la dette.
02:53 Et au bout du bout, après cela, on dit « bon, la fonction publique, il faut qu'on la
02:58 maintienne et qu'on la garde ». Je vais reprendre une expression de Nicolas Sarkozy
03:03 après la crise de 2008.
03:05 Ce qui nous a permis de traverser la crise, c'est notre fonction publique et nos services
03:10 publics et notre système social.
03:12 Mais depuis, on ne pense qu'à le dégrader, lui aussi.
03:15 Donc ça ne marche pas.
03:17 Donc ça c'est le bras de fer sur les fonctionnaires.
03:19 Vous déposez donc un préavis de grève à partir de ce 19 mars, mardi, et jusqu'au
03:26 8 septembre, la fin des Jeux Paralympiques.
03:29 La CFDT, elle a dit qu'elle ne voulait pas gâcher la fête.
03:32 Mais chez Force Ouvrière, apparemment, oui, vous voulez gâcher la fête.
03:37 Alors, regardez-moi, je n'aime pas gâcher les fêtes.
03:41 Personne n'aime ça.
03:42 Alors, on nous avait donné les mêmes arguments pour la Coupe d'Europe de football, la Coupe
03:53 du monde de rugby l'année dernière.
03:54 Mais il n'y a pas de débat.
03:56 On a déposé des préavis.
03:57 Maintenant, on va se mobiliser le 19.
04:01 Et certains, chez moi, notamment dans l'hospitalière, disent 19, 20, 21 et 22 mars.
04:07 Pourquoi ? Parce que la grève reconductive, c'est le rapport de force.
04:12 On ne veut pas gâcher les JO.
04:14 Mais pour les JO, depuis l'année dernière, même en pleine bagarre sur la réforme des
04:20 retraites, on demandait déjà à ce qu'il y ait des discussions ministère par ministère.
04:25 Qu'on parle de la prime.
04:29 Alors, la première minute.
04:31 En effet, cette semaine, on a eu des détails sur ce que l'exécutif donne aux agents de
04:35 la fonction publique.
04:36 Il y aura des primes pendant les JO.
04:39 Il y aura des primes jusqu'à 1500 euros, des chèques en CESU, des places de crèche,
04:45 plus de télétravail autorisé.
04:47 Et qu'est-ce qui manque ?
04:48 Qu'est-ce qui manque ? C'est de réunir les organisations syndicales.
04:53 Parce que le dialogue social dans notre pays, tout le monde le met en bandeau, en avant.
04:59 Il faut le pratiquer.
05:00 Stanislas Guérini, on ne l'avait plus entendu depuis l'annonce de la coupe de 10 milliards
05:05 dans le budget.
05:06 Là, vous l'avez vu jeudi.
05:07 Ou plutôt, vous ne l'avez pas vu parce que Force Ouvrière n'a pas voulu aller à la
05:10 réunion sur les fonctionnaires.
05:11 Ben oui, nous n'y avons pas été.
05:13 Mais on n'a pas été les seuls à ne pas y aller.
05:15 On a fait un communiqué de presse commun.
05:17 Si c'était pour qu'on fasse un diagnostic partagé sur la dette et la responsabilité
05:23 du service public.
05:24 Le service public, c'est l'égalité.
05:25 Si on veut parler de dette, parlons conditionnalité des aides publiques aux entreprises, du privé.
05:32 Aujourd'hui, entre 167 milliards et 200 milliards d'euros par an, sans aucune conditionnalité.
05:39 Mais donc, je reviens aux Jeux Olympiques.
05:41 Après les gestes annoncés par Stanislas Guérini justement, le ministre, qu'est-ce
05:48 qui manque à Force Ouvrière ?
05:50 Alors, ce qui nous manque, c'est qu'on parle des conditions de travail.
05:53 Même s'il a annoncé des places de crèche.
05:56 Combien ? Pour quel ministère ? Ou quand ? Comment ? Comment est-ce qu'on se déplace
06:01 pour se rendre là où nous sommes réquisitionnés ? Comment est-ce qu'on fait garder ses enfants ?
06:06 Comment est-ce qu'on arrive à avoir un déplafonnement de son compte épargnotant
06:11 puisque pas de jours de congé pendant toute la période des JO ? Comment est-ce qu'on
06:17 discute ministère par ministère ?
06:18 Il va y avoir combien d'agents publics concernés ? Je vous pose cette question.
06:23 Combien d'agents publics vont être concernés par les JO ?
06:26 76 000 au dernier chiffre, à Paris.
06:29 Après, il y a les JO sur tout le reste du territoire.
06:33 Et il va y avoir aussi tout ce qu'on entendait tout à l'heure sur la territoriale.
06:37 Puisque tout le monde voudra voir ses rues propres le lendemain matin, comme à l'époque
06:41 du Covid.
06:42 On disait c'était les travailleurs de la seconde ligne et tout cela.
06:45 Et sans eux, ça n'aurait pas été possible.
06:47 Eh bien, on va les reconnaître par une prime de 500 euros ?
06:50 Vous voulez que les primes soient plus hautes, c'est ça ? Vous voulez plus de primes, plus
06:55 hautes ?
06:57 Les primes et les gratifications, c'est une chose.
07:00 Mais on veut des discussions sur les conditions de travail, de déplacement et d'hébergement.
07:04 Puisqu'il va y avoir aussi un certain nombre d'hospitaliers qui vont devoir venir sur
07:08 Paris pour pouvoir prêter main forte.
07:11 Où est-ce qu'on les loge ? Comment est-ce qu'on fait ? Comment est-ce qu'ils se déplacent
07:15 et tout cela ?
07:16 Mais on a un comité de la charte sociale des JO, puisque nous sommes signataires.
07:23 Et il y a un préfet interministériel.
07:25 Nous l'avions vu en novembre.
07:26 Et on lui avait dit, mettez les ministères autour de la table.
07:33 Discutons, ministère par ministère.
07:35 Mais il y a besoin de manier l'arme de la grève, de déposer un préavis jusqu'au 8
07:40 septembre, alors qu'on a encore quelques mois pour discuter et qu'on vous dit, oui
07:44 oui, on va le faire.
07:45 Il y a besoin de manier cette arme-là ?
07:47 Alors, oui oui, on va le faire.
07:50 Depuis l'année dernière, au mois de juin 2023, oui oui, on va le faire.
07:59 On est le 15 mars ?
08:00 On est le 16.
08:02 Le 16 mars ?
08:03 A la RATP, en tout cas dirigée par l'ancien Premier ministre Jean Castex, Force Ouvrière
08:09 est le premier syndicat des conducteurs de métro.
08:11 Et on a l'impression que la négociation se passe mal là aussi.
08:15 Est-ce qu'il y aura des métros pendant les Jeux ?
08:17 Il y en aura, certainement.
08:20 Nous avons bon espoir que la négociation se débloque à la RATP.
08:29 Comme elle s'est débloquée sur les salaires à la RATP, et nous sommes signataires de
08:34 l'accord sur les salaires, eh bien là il y a eu un petit peu d'irritation sur les
08:40 gratifications, mais aussi sur les conditions de travail, récupération et tout ça.
08:45 Donc là vous nous annoncez que la RATP ça va se débloquer ?
08:48 Vous êtes en train de nous dire ça ?
08:49 Je l'espère et je suis toujours enthousiaste et optimiste.
08:54 Et quand on commence une négociation, c'est pour aboutir à un accord.
08:57 Frédéric Souillot, il y a encore d'autres bras de fer en perspective avec l'exécutif
09:02 et Bruno Le Maire qui pensent que l'État devrait reprendre la main sur l'assurance
09:06 chômage de manière définitive.
09:08 Les syndicats, vous vous occuperiez des salariés, puis l'exécutif, le gouvernement, des demandeurs
09:13 d'emplois.
09:14 Pourquoi ça serait une mauvaise idée ?
09:16 En 1958, celui qui avait proposé l'assurance chômage au gouvernement, l'assurance chômage
09:24 avec une gouvernance paritaire, il s'appelait André Bergeron.
09:27 Et André Bergeron est un de mes prédécesseurs.
09:30 Et à l'époque, le gouvernement avait réfléchi en disant « bon, le taux de chômage était
09:37 moins de 2%, est-ce que ça vaut le coup ? » Et on l'a mis en place.
09:41 Et depuis 1958, on signe des conventions.
09:43 Sur l'assurance chômage, Bruno Le Maire, c'est pas le ministre de tout.
09:49 Il est juste ministre de l'économie.
09:51 Si on doit avoir un débat sur l'assurance chômage, c'est la discussion, elle doit
09:55 se passer au ministère du Travail.
09:56 C'est pas des prérogatives de Bruno Le Maire.
09:58 Alors justement, le ministre de l'économie, il s'exprime plus que la ministre Catherine
10:03 Vautrin, avec des idées apparemment différentes.
10:06 Bercier et le ministère du Travail, c'est un peu deux salles, deux ambiances, dit-on
10:10 à la CFDT.
10:11 Votre homologue de la CFE-CGC, il dit carrément qu'à l'évidence, la ministre du Travail,
10:16 il n'y en a plus.
10:17 Est-ce que c'est aussi votre sentiment ?
10:18 Non, c'est pas le mien.
10:19 C'est pas le mien.
10:21 Si vous m'aviez posé la question pour le prédécesseur de Mme Vautrin, je vous aurais
10:27 dit « en deux ans et demi, je l'ai eu deux fois ».
10:30 Catherine Vautrin, en deux mois, on a eu des bilatérales, on échange, on travaille
10:36 la pratique contractuelle et conventionnelle et elle fait confiance à la négociation,
10:40 sur l'accord national interprofessionnel que nous avons démarré.
10:43 Bruno Le Maire s'exprime beaucoup, mais vous dites que Catherine Vautrin, elle vous
10:46 parle ?
10:47 Non seulement elle nous parle, mais elle travaille.
10:50 Bruno Le Maire, c'est pas le ministre de tout.
10:52 J'en arrive au Code du Travail et à l'actualité, lundi prochain, les députés devraient examiner
10:57 l'amendement qui aligne le Code du Travail français sur le droit européen pour les
11:01 congés payés.
11:02 Même les salariés en arrêt maladie non professionnel, c'est le point 1, vont désormais
11:08 acquérir des congés payés.
11:10 Frédéric Souhiau, expliquez-nous, est-ce que c'est un progrès ?
11:12 Alors, c'est un progrès, c'est une avancée.
11:16 A l'époque, quand on en avait parlé aux employeurs en 2007-2008, ils nous avaient
11:22 dit « ah, c'est pas la priorité de discuter de ça ». Il y a eu une directive européenne
11:27 et la Cour de cassation a donné raison aux organisations syndicales.
11:31 Alors, on n'y était pas toutes, mais nous avons esté en justice pour l'application
11:35 de la directive européenne.
11:36 Bon, apparemment, il y a eu quand même beaucoup de bras de fer après pour savoir jusqu'où
11:40 on allait donner des congés payés.
11:42 J'ai l'impression que tous les syndicats ne sont pas satisfaits.
11:43 La lecture qu'on a à l'exécutif, et on verra avec le Parlement parce que pour le
11:53 coup, on va aller faire déposer des amendements par des partis.
11:56 Eh bien, la lecture, elle est simpliste et c'est la plus réduite.
12:02 Elle dit qu'on acquièrera des congés payés sur une période de 15 mois.
12:07 Le délai légal, c'était 3 ans.
12:09 Alors, les employeurs ont dit « ça va coûter 2 milliards ou 4 milliards ». Si on s'était
12:14 mis autour de la table, on aurait certainement trouvé un accord.
12:18 Quand on est en arrêt maladie non professionnelle, pourquoi on perdrait ses congés payés ?
12:22 Donc, vous allez continuer le combat, si je peux dire, au Parlement ?
12:27 On va continuer la bagarre au Parlement et puis quand ce sera sorti du Parlement, ça
12:33 passera au Conseil d'État.
12:34 Et le Conseil d'État qui contredirait la Cour de Cassation, ce sera deux pots de fer
12:43 l'un contre l'autre.
12:44 Frédéric Souillaud, le secrétaire général de Force Ouvrière, merci d'avoir été au
12:48 micro dans N'arrête pas l'écho.
12:49 Merci Alexandre Ebensahid.