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Combien allez vous payer votre consultation chez le médecin ?
Les négociations avancent entre la sécurité sociale et les médecins. Et on s'oriente vers une consultation à 30 euros, et même 60 euros pour les consultations longues. Mais attention: en échange, les médecins vont devoir faire des économies.

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00:00 - C'est pas suffisant parce que 30 euros c'est un rattrapage de l'inflation.
00:03 Alors oui on a eu les 1,50€ au 1er novembre mais... - Là on est à 26,50€ aujourd'hui. - On est à 26,50€ aujourd'hui.
00:10 On n'a pas eu de revalorisation depuis sept ans au final, si les 1,50€ c'est peanuts pour l'instant.
00:17 Donc 30 euros c'est un rattrapage de l'inflation.
00:20 Donc il n'y a pas d'investissement dans la médecine de ville et aujourd'hui les médecins de ville sont quand même les médecins
00:26 qui voient 90% à peu près de tous les patients en France.
00:30 Si on veut pouvoir soutenir l'hôpital qui est en grande difficulté aujourd'hui, il faut
00:36 soutenir la médecine de ville. Donc il faut investir dans la médecine de ville pour que les médecins
00:40 s'installent, pour que les médecins puissent voir le nombre de patients qui ne cessent qu'à augmenter.
00:45 - Mais si c'est pas suffisant vous dites combien ? Il vous faudrait combien par consultation ?
00:48 - Alors c'est tout le débat et c'est vrai que nous depuis le début on défend une consultation à la hauteur de la moyenne européenne
00:55 mais après on est contre les forfaits, les forfaitisations, tout ce qui est...
00:59 - Je sens que vous avez du mal à dire le chiffre.
01:01 - Ah non mais c'est 50 euros qu'on défend depuis le début. Mais effectivement 50 euros sans les forfaits.
01:05 Donc aujourd'hui un médecin il est rémunéré à hauteur de 26,50 euros mais il touche des forfaits, des forfaits structure,
01:12 enfin il y a plein de forfaits. Donc c'est des subventions de la sécurité sociale
01:15 qui sont très opaques et au final les médecins se sentent un peu...
01:19 - Vous vous dites ce serait plus simple, on dit 50 euros et on enlève les forfaits.
01:22 Frédéric Bizart, qu'est-ce que vous dites-vous sur ce tarif de 30 euros vers lequel on semble se diriger aujourd'hui ?
01:26 - Moi je suis assez attristé par ce débat en fait. Quand vous avez des gens de la qualité,
01:31 des professionnels de santé qu'on a qui font plus de 10 ans d'études quand même,
01:35 aller discuter l'euro supplémentaire ou en moins qu'on y met, on est tellement loin, tellement loin des choses.
01:41 Il faut que les Français prennent conscience d'une chose, c'est que si on ne transforme pas la médecine de ville
01:47 comme la santé en général, en effet ils auront extrêmement de mal demain à trouver un médecin généraliste,
01:53 un médecin spécialiste en phase 2. Donc la première question c'est de savoir comment est-ce qu'on fait
01:57 pour que dans les 5 ans on ait davantage de médecins installés, comment est-ce qu'on améliore la prise en charge des patients,
02:04 comment est-ce qu'on améliore le maintien en bonne santé des patients. Cette négociation conventionnelle,
02:08 et je mets tout le monde responsable y compris les économistes, même s'il y en a qui sont un peu plus responsables,
02:13 qui ont le pouvoir, on n'aborde ni la modernisation de la médecine de ville, qui est quand même d'un archaïsme sans nom
02:20 puisqu'il n'y a pas les moyens, c'est-à-dire qu'il y a un projet d'investissement majeur à faire.
02:24 Vous savez qu'on parle d'une convention de 2025 à 2030 sans qu'il y ait le mot "intelligence artificielle" demi-dedans,
02:31 sans qu'on se soucie de la diffusion, on est dans une pleine révolution technologique,
02:35 mais manifestement on considère que la ville doit être à part. Deuxième chose, le maintien en bonne santé des patients,
02:40 c'est comme dans la consommation électrique, la meilleure économie que vous faites, c'est la consommation que vous n'avez pas besoin de faire
02:46 parce que vous êtes en bonne santé. Donc le maintien en bonne santé, en particulier de ces jeunes adultes,
02:50 c'est quelque chose d'absolument crucial dont on ne parle pas. Comment le cabinet médical de demain va s'organiser
02:56 pour qu'il puisse faire autant de prise en charge des soins courants que de prise en charge du maintien en bonne santé ?
03:01 Ça demande du personnel. Troisième sujet, sauf si je me trompe, j'essaye d'argumenter, le troisième sujet qui sont les pathologies chroniques,
03:09 c'est deux tiers des dépenses d'assurance maladie, à peu près 125 milliards sur les 190 milliards.
03:13 C'est 80% de la croissance. Il n'y a pas un mot sur le parcours des patients chroniques.
03:18 Est-ce qu'on met en place ce qui se passe à l'hôpital, les réunions pluriprofessionnelles entre les médecins ?
03:23 Mais il faut les rémunérer. Est-ce que l'on fait une évaluation annuelle à partir de data ?
03:27 La donnée, c'est quand même la substance la plus... Pas un seul mot là-dessus. Donc le seul chose, c'est qu'on se dit
03:33 "En fait, vous coûtez cher parce qu'en fait, puisqu'on ne vous permet pas d'être efficients, c'est-à-dire d'utiliser de bonnes ressources,
03:41 une fois qu'on a réfléchi à ces trois piliers-là, on voit quel modèle économique on le met. Mais en fait, on fait l'inverse,
03:47 on dit "Bon, qu'est-ce que vous avez besoin pour survivre pendant 5 ans, vous qui êtes là ?"
03:50 Alors qu'on sait très bien qu'on a perdu beaucoup d'attractivité dans la jeune génération.
03:54 Et pardon, on dit autre chose. On dit "S'il y a hausse, il va falloir qu'il y ait baisse."
03:59 Tout à fait.
04:00 C'est-à-dire qu'il va falloir faire des économies. Alors je regardais...
04:02 On a fait des tâches en tapis dans le bazar, dans le bazar des pays.
04:05 Baisse des prescriptions de médicaments, c'est ce qu'on va vous demander en échange.
04:07 Moins de consommation d'antibiotiques.
04:08 On nous l'a confirmé hier.
04:09 Plus de transports sanitaires partagés, c'est-à-dire plusieurs patients dans le même transport sanitaire.
04:13 Moins d'examens médicaux, c'est-à-dire quand on prescrit la totale pour les prises de sang, par exemple, on vous demandait d'en faire moins, etc.
04:18 C'est ça le marché qui est entre vos mains ?
04:20 On nous l'a confirmé hier, c'est-à-dire qu'une partie des économies pourront être quand même reversées, ce qui est prévu,
04:27 parce qu'on l'a demandé aux médecins qui auront fait des efforts, sauf que la grande majorité des économies, finalement,
04:33 elle sert à justifier l'augmentation à 30 euros.
04:36 Donc, en fait, l'augmentation en 30 euros, c'est juste un rattrapage de l'inflation.
04:41 Et je suis complètement d'accord avec M. Bizarre.
04:44 Aujourd'hui, les jeunes, ils veulent s'installer...
04:46 La médecine a évolué, la société a évolué.
04:48 Les jeunes médecins veulent s'installer dans des cabinets qui sont équipés, qui...
04:52 À plusieurs, on a une super formation en France, on forme des très bons médecins qui ont envie de faire une médecine de qualité
04:59 quand ils veulent s'installer en ville.
05:00 Et aujourd'hui, on est confrontés.
05:02 Si on veut faire une médecine de qualité, il faut investir dans des échographes, il faut investir dans des spiromètres,
05:06 il faut investir dans des électrocardiogrammes.
05:08 Il faut avoir des secrétaires si on veut pouvoir accueillir les patients correctement.
05:11 Mais tout ça, c'est un coût.
05:13 Les locaux, bien sûr, si on est nombreux, il faut qu'on ait des grands locaux.
05:17 Mais un médecin seul avec une consultation à 30 euros de base, il ne pourra pas investir dans ses locaux,
05:22 il ne pourra pas investir dans son activité.
05:24 Parce que là, on parle bien de chiffre d'affaires, on parle de notre activité, on ne parle pas de nos revenus.
05:29 - Mme Zemzow, je vous donne un exemple d'économie majeure que vous pouvez faire et la façon avec laquelle il faut raisonner.
05:34 On a aujourd'hui à peu près un tiers des diagnostics de diabète qui sont faits avec beaucoup de complications,
05:40 c'est-à-dire qui sont faits trop tardivement.
05:41 Aujourd'hui, avec l'intelligence artificielle, vous avez les moyens de cibler davantage dans la patientèle du médecin généraliste,
05:48 de cibler tous ceux qui sont à risque, tous ceux qui sont au bord un petit peu sur l'eczyme.
05:53 Voilà un exemple. Si vous passez de un tiers à par exemple 15 %, vous imaginez les économies en centaines de millions,
05:58 c'est 10 milliards d'euros, le coût juste pour les soins, c'est bien plus pour la société.
06:02 Mais voilà le genre de discussion cruciale où vous redonnez des moyens en effet de redistribuer.
06:07 Mais cette redistribution, elle est purement comptable.
06:10 On vous dit "bon, si vous baissez de temps la prescription d'antibiotiques, vous vous en redistribuez de temps".
06:15 Mais la bonne redistribution, c'est que si vous améliorez l'état de santé de la population...
06:19 - Il n'y aura pas de l'antibiotique.
06:21 - Voilà, donc vous voyez, ça part de là.
06:23 Moi, je ne suis pas choqué par le fait qu'il y ait une distribution, OK, donc il y a un financement qui est public,
06:27 il y a un financement qui est mutualisé, mais ce n'est pas du donnant-donnant comptable qu'il faut faire.
06:31 Quant aux 30 euros, la consulation a été fixée à 25 euros en 2017.
06:36 De 2017 à 2024, on est à 18,5% d'inflation.
06:40 C'est-à-dire que si vous raisonnez en euros constants, et vous ne pouvez raisonner qu'en euros constants,
06:44 ce que ne fait personne dans ces négociations-là, vous êtes aujourd'hui à 30 euros.
06:48 29,50 euros exactement, d'accord ?
06:49 Donc en fait, ce n'est pas une revalorisation, j'entends "revalorisation",
06:53 mais c'est entre aujourd'hui et 2030, si vous imaginez...
06:57 D'abord, il n'a pas été précisé, sauf si ça m'a échappé, quand est-ce que ça va passer à 30 euros ?
07:01 Parce qu'aujourd'hui, c'est en euros constants à 30 euros, et d'ailleurs c'est fait...
07:04 Oui, en gros, pour vous, il ne faudrait pas rattraper, il faudrait prévoir d'ores et déjà ce qui va se faire.
07:08 On devrait raisonner qu'en euros constants, si vous voulez, de façon...
07:11 Enfin, on devrait être tous d'accord là-dessus, c'est la base de la base.
07:12 Si vous voulez, les salaires, les coûts salariaux au moyen augmentent en moyenne de 0,7% au-dessus de l'inflation.
07:19 Donc il faut raisonner. Les médecins sont des agents économiques comme tout agent économique.
07:22 Autre, donc il faut raisonner comme ça.
07:24 Quant aux consultations longues dont vous avez parlé...
07:26 D'un mot, la consultation à 60 euros.
07:28 Vous savez combien il y a de consultations complexes qui existent déjà ? 18.
07:32 Vous savez combien il y a de consultations très complexes qui existent déjà ? 14.
07:36 C'est-à-dire que là aussi, c'est d'une infantilisation, et les médecins sont partie prenante de ça puisqu'ils l'acceptent.
07:42 C'est-à-dire qu'on vous dit "qu'est-ce qu'il vous faut en échange de trucs ?"
07:44 "Ah mais pour ce patient-là, parce qu'on met plus de temps, on voudrait qu'il y ait une cotisation spéciale."
07:48 C'est-à-dire qu'on est rentré dans une usine à gaz, évidemment avec sous-couvert de simplification,
07:53 parce que tout ça, il faut vérifier qu'on est bien coté au bon patient.
07:58 Vous imaginez derrière là-dessus ?
07:59 Donc très honnêtement, c'est quand même pas très sérieux comme négociation.
08:03 C'est dubitatif, mais c'est au-delà de ça.
08:05 Juste un tout petit mot, est-ce qu'il y a un risque d'éloigner un peu plus les patients de la médecine au fur et à mesure que la consultation augmente ?
08:14 Je ne pense pas. Aujourd'hui, la plupart des patients sont d'accord.
08:18 Alors bien sûr, ceux qui ne peuvent pas payer une consultation, ce sont des gens qui sont dans le besoin.
08:24 Ça, c'est des patients qui auront toujours accès aux soins. En France, on a un système de santé qui est basé sur la solidarité.
08:29 Ça, on ne l'oubliera pas.
08:31 Maintenant, la plupart des patients qui ont les moyens ne sont pas choqués de devoir payer plus la consultation chez le médecin traitant.
08:39 Et au contraire, quand on leur dit aujourd'hui qu'on est à 26,50, ils sont déjà étonnés qu'on ne soit pas déjà à 30 euros.

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