Pour l’écrivain Yann Moix, Richard Descoings a détruit Sciences Po Paris. Selon lui, l’université est devenue une école multinationale et internationalisée qui a perdu son ADN»
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00:00 Il se trouve que j'ai fait Sciences Po, c'est une école que j'aimais beaucoup.
00:03 A Sciences Po, ce qui était enseigné, c'était les idées et non pas les idéologies.
00:08 Quand j'ai fait Sciences Po, on nous donnait des instruments pour combattre les idéologies,
00:12 pour se combattre entre différents clans, si vous voulez,
00:16 mais avec du dialogue, avec du respect, avec un bagage théorique qu'on nous enseignait
00:22 pour devenir des individus capables de découvrir le monde
00:26 et non pas de faire venir le monde à Sciences Po.
00:28 Car ce que je regrette à Sciences Po, qui est une école fondée pendant la Troisième République
00:31 et qui s'appelait l'école libre des sciences politiques,
00:35 c'était que ce n'était pas un campus américain.
00:37 Ce qu'on nous apprenait à Sciences Po, c'était la France.
00:40 Comment être un citoyen français connaissant la République française, ses arcanes,
00:45 comprenant la structure d'une démocratie, la différence entre la démocratie et la République,
00:50 et c'était quelque chose, et je le dis, ni sans fierté ni sans, de franco-français.
00:55 - C'est Richard Descoin qui a américanisé Sciences Po.
00:57 - J'allais y venir, si vous permettez.
00:59 Et on apprenait, c'était Alain Duhamel qui était professeur,
01:03 c'était Raymond Barre, c'était René Rémond.
01:05 On nous apprenait à être français.
01:07 - Gérard D.
01:07 - On nous apprenait à être français.
01:09 - Alain Lancelot.
01:09 - C'est-à-dire avec le bagage intellectuel que doit avoir un français pour comprendre la France.
01:14 Et ensuite, comme on était des individus responsables et on savait ce que c'était que la France,
01:18 on pouvait avoir la curiosité personnelle de voyager le monde
01:22 et d'arpenter le monde en fonction de notre bagage.
01:24 Il y a un homme, et je le dis, paix à son âme,
01:27 je n'ai aucune acrimonie envers lui personnellement, qu'il repose en paix,
01:31 qui a détruit Sciences Po.
01:33 Cet homme est Richard Descoin.
01:34 Il a fait entrer à Sciences Po la fête, la mentalité américaine.
01:39 Il a transformé cette petite université artisanale en un immense campus,
01:44 en une immense boîte à fric, en en faisant une école de commerce pour chinois
01:48 et une sorte de campus américain qui a perdu son structure et son état d'esprit
01:53 parce que c'est devenu une école multinationale, internationalisée,
01:58 mais en perdant, et ce qui est rare, son ADN.
02:01 Et c'est très grave.
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