A l’heure de la fermeture d’une édition particulièrement chaotique du Salon de l’agriculture, la présidente de la Coordination Rurale, Véronique Le Floc’h, accorde un entretien à TVLibertés. Elle revient sur l’épisode de l’Arc de Triomphe, où les paysans qui voulaient honorer leurs morts ont été arrêtés par la police… Un épisode qui symbolise l’attitude d’Emmanuel Macron à l’égard de la détresse du secteur agricole. C’est aussi l’occasion de faire un point sur les promesses non tenues des politiques mais aussi sur les inquiétudes qui ne sont toujours pas entendues. Des propos recueillis par Claude Corse.
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00:26 Véronique Leflocq, bonjour. On se retrouve au SIA. La Coordination Rurale fait beaucoup parler d'elle.
00:32 Qu'est-ce qui s'est passé à l'Arc de Triomphe ?
00:34 Les agriculteurs de la Coordination Rurale ne voulaient pas rentrer à la maison sans geste symbolique,
00:39 sans penser à tous les agriculteurs que l'on perd chaque jour et depuis de trop nombreuses années.
00:46 L'agricultrice qu'on a perdue aussi sur la bord de la route et sa fille récemment,
00:53 alors même que tout le monde intervenait pour exprimer cette colère.
00:57 Donc il s'agissait tout simplement de porter et déposer une gerbe au niveau de l'Arc de Triomphe,
01:03 sur la tombe du soldat inconnu, avant de se rendre au château de Versailles,
01:08 symbole du pouvoir et pour montrer que ce pouvoir on l'accepte, mais il doit aussi nous respecter.
01:17 En d'autres temps, ça s'est mal terminé à Versailles.
01:19 Eh bien écoutez, ça a mal démarré pour nous ce matin aussi,
01:23 alors même que l'idée était de lancer une invitation à Emmanuel Macron
01:29 pour venir avec nous déposer cette gerbe et d'avoir cette reconnaissance et cette pensée à ceux qui nourrissent la France.
01:36 Certains des paysans qui faisaient partie de cette délégation ont fini en garde à vue.
01:41 Alors on se retrouve avec deux à trois dizaines de tracteurs et 84 gardés à vue.
01:47 On est en contact avec des députés et différents représentants de la police,
01:54 pour justement comprendre pourquoi une telle réaction est aussi vive et aussi spontanée.
02:02 Le salon s'est quand même globalement mal passé,
02:06 depuis l'inauguration retardée qui a manqué à être annulée,
02:11 jusqu'à l'interpellation des paysans qui vont en délégation à Versailles.
02:16 Qu'est-ce que ça dit des rapports de la paysannerie française à l'État ?
02:22 Eh bien écoutez, pour nous, il y a nous et il y a eux.
02:25 Mais nous on ne pèse plus beaucoup et nous on ne...
02:28 Si ce n'est dans les dires où on met l'agriculture aujourd'hui d'intérêt général majeur,
02:34 c'est seulement le terme d'agriculture qui peut l'être.
02:37 Et nous les agriculteurs, on est les bons esclaves
02:42 et on est la catégorie de personnes qui est bien serviable
02:50 et qui travaillons beaucoup et pour peu.
02:53 Donc c'est franchement très intéressant pour certains.
02:56 Quel bilan vous dressez de ces mesures pour calmer la colère paysanne ?
03:03 On voulait dès le départ sauver le maximum d'exploitation,
03:08 ne laisser personne sur le bord de la route,
03:11 ni ceux en fin de carrière, ni ceux qui démarrent.
03:14 Et là-dessus, je pense qu'on était les seuls à acter toutes ces mesures en faveur des trésoreries,
03:19 faire en sorte que toutes les limites qu'on aurait rendues inéligibles certaines exploitations,
03:26 tout ça, ça a été entendu.
03:28 Maintenant on verra concrètement combien seront aidées
03:34 et si ça permettra de repartir.
03:37 Pour d'autres mesures comme la simplification et tout le reste,
03:40 on a dit qu'on leur faisait confiance et qu'on leur laissait le temps,
03:44 mais qu'on allait participer à la construction des différentes lois à venir,
03:48 la loi d'orientation agricole, les successions, les transmissions au niveau européen.
03:53 Là-dessus, pas de soucis.
03:55 Mais dans l'immédiat, ce qu'il manquait, c'est ce qu'on a dit à Gabriel Attal,
03:59 c'est les fondations sur lesquelles on allait construire le nouveau modèle d'agriculture,
04:05 celui qui allait permettre de rassurer les jeunes à vouloir s'engager dans le métier
04:12 et permettre aux anciens de se dire, aux anciens et moins anciens, mais j'en fais partie,
04:19 il nous reste encore quelques années, ça vaut le coup qu'on investisse
04:22 parce qu'on va transmettre quelque chose.
04:24 Globalement, ça va dans le bon sens ?
04:26 Ça va dans le bon sens, c'est ce qu'on voudrait nous faire croire.
04:31 En fait, quand on a des annonces, il faut aussi regarder ce qu'il y a derrière les annonces.
04:36 Ce qui n'est pas dit, c'est comme dans tout texte, dans toute version,
04:42 on l'interprète comme on le veut.
04:44 Et là, surtout nous à la coordination rurale, on n'a pas l'intention de se faire avoir
04:51 le signe positif et le modèle d'agriculture que l'on souhaite au niveau français
04:57 et pour les décennies à venir n'est pas clair.
05:00 On nous parle de souveraineté alimentaire, on nous parle de sécurité pour les concitoyens,
05:04 mais en même temps, on s'appuie sur l'agriculture européenne
05:09 qui est presque en secours de l'agriculture française,
05:13 alors même que c'était l'inverse il y a peu.
05:16 Donc aujourd'hui, l'agriculture française s'enfonce et doit accepter d'être sauvée
05:23 presque par les Etats membres.
05:27 Avant de revenir sur l'Europe, on peut s'arrêter sur la situation.
05:31 Le paysage est relativement inquiétant, puisque pour un paysan qui s'installe 300 monts,
05:37 en 1970 il y avait 1,5 million d'exploitation, il y en a moins de 500 000 40 ans plus tard.
05:43 Dans ce contexte-là, être paysan aujourd'hui, ça signifie quoi ?
05:48 C'est un combat de derrière-garde où la paysannerie a un avenir en France.
05:52 Alors nous, si on est au combat et si on est avec des couleurs lumineuses,
05:57 c'est parce que justement, on veut croire en cet avenir,
06:01 mais pas avec l'avenir qu'on voudrait nous imposer.
06:04 Un avenir dans lequel on ne fait que renforcer la dominance économique
06:09 qui règne au-dessus des agriculteurs, que ce soit de la part de la PAC,
06:13 de la part des industriels, on n'en entend pas parler,
06:16 de la part des coopératives, pareil, on leur laisse tout pouvoir
06:20 s'appuyer, de s'enrichir sur le dos des agriculteurs.
06:23 Franchement, cette dominance n'est plus supportable.
06:26 Vous avez sur notre stand différents messages qui sont inscrits,
06:29 "libérons-nous", "libérez-vous", c'est le message que l'on veut faire passer aux agriculteurs,
06:34 parce qu'on a une agriculture qui a été construite ces dernières décennies
06:41 avec une forme de congestion dont tout le monde parle et dont tout le monde connaît aujourd'hui,
06:47 et qui a pour résultat cet asservissement.
06:51 Et nous, on ne peut pas accepter ce modèle.
06:54 L'agriculture, elle repose sur des exploitations familiales
06:58 détenues par des agriculteurs qui prennent des risques.
07:01 Ces risques sont autant financiers que climatiques, que géopolitiques,
07:07 et on le sait, c'est le rôle de tout chef d'entreprise que de devoir assumer et le supporter,
07:14 mais pas en se disant que c'est foutu,
07:17 parce que c'est l'expression qu'a employé Emmanuel Macron,
07:20 il a dit "arrêtez de dire que c'est foutu",
07:23 mais justement, c'est parce que justement, on voudrait qu'on arrête que ça soit foutu.
07:27 Et il y a un moment où il faut ramener la barre pour qu'on reprenne une direction qui soit convenable,
07:34 et pour que demain on n'ait pas une agriculture financiarisée
07:37 détenue par l'agro-industrie ou par des financiers.
07:41 Alors précisément, on sent la duplicité dans le langage officiel,
07:45 puisque la loi EGalim qui a été mise en place en est sa version 3 ou 4,
07:50 2018, 2021, 2023, et la dernière qu'on attend,
07:55 dans la plus grande opacité pour ce qui concerne la défense des paysans
07:59 et le lobby des transformateurs qui s'engraissent sur le dos des producteurs.
08:04 Qu'est-ce que ça vous inspire, avec des exemples concrets, s'il vous plaît ?
08:08 Eh bien EGalim, dans sa version 4, élargie à l'Europe, c'est impossible.
08:15 Avec des prix planchers qui pourraient correspondre à nos coûts de production
08:19 avec une rémunération de la main-d'œuvre, de notre main-d'œuvre,
08:23 eh bien écoutez, moi je peux dire chiche,
08:26 mais qu'on impose à des grands faiseurs comme Coperl, pour citer une coopérative,
08:30 ou Lactalis pour citer un industriel privé,
08:33 coûts de production avec rémunération de la main-d'œuvre sur 100% des produits sortis fermes.
08:39 Ils vont nous répondre, oui mais ce n'est pas possible, on ne pourra plus aller à l'export,
08:43 on ne pourra plus pénétrer la restauration hors domicile.
08:48 C'est ce que dit le prétendant bousquetterre qui explique que le prix dit plancher
08:54 va pénaliser la compétitivité de la production française sur le marché européen.
09:00 Donc c'est un contresens. Bien entendu, vous n'êtes pas d'accord avec ça.
09:02 Alors sur la RHF, eh bien il faudra trouver les fonds.
09:05 De toute manière ils ont imposé, ils l'ont écrit dans la loi Egalim 1
09:09 qu'il y aurait 50% de produits d'appellation dont 20% de bio, on en est loin.
09:15 Donc qu'ils assument, qu'ils mettent les budgets, mais pour aller à l'export,
09:20 si ce n'est pas rentable, qu'ils cherchent de déboucher.
09:24 Nous quelque part, c'est ce qu'on nous dit, si ton exploitation n'est plus rentable,
09:28 eh bien change de voie. Donc à un moment, ce n'est pas à nous de payer leur pénétration,
09:36 leur choix de déboucher.
09:38 Parlez-moi de l'opacité des marges dans la filière, parce que ça c'est un vrai sujet.
09:44 On sait qu'aujourd'hui les paysans sont payés a posteriori au cours du marché mondial
09:48 et non au rapport de leur coût de production.
09:50 C'est une véritable imposture quand on sait que le lait a des produits transformés,
09:53 que le beurre, la crème et les produits dérivés, et que les marges vont au transformateur.
09:57 Alors ça fait longtemps que la coordination rurale démontre, et par les chiffres,
10:02 la très bonne valorisation du lait, notamment pour ce secteur, et c'est vrai dans d'autres secteurs,
10:09 puisqu'on est à plus de 1700 euros les 1000 litres en termes de valorisation,
10:13 c'est 500 à 600 euros de plus que les Allemands, que les Danois.
10:19 Donc même s'il fallait donner 100 euros la tonne, donc 10 centimes de plus sur un litre de lait,
10:24 on sait que c'est possible.
10:26 Et c'est possible, parce qu'ils ne seraient même pas pénalisés.
10:34 La seule chose qui serait peut-être freinée, c'est leur globalisation, leur internationalisation,
10:39 la poursuite de la mainmise sur tous les petits industriels.
10:43 Donc nous agriculteurs qui sommes déjà confrontés à une concentration de l'agroalimentaire,
10:50 de voir encore le secteur de la grande distribution et de voir l'agroalimentaire continuer à se concentrer,
10:58 alors même qu'on a aussi l'Aval, l'Amon qui est concentré,
11:02 mais finalement on est étouffés.
11:04 Donc évidemment qu'il faut qu'on se rebelle face à cette situation,
11:09 et que logiquement on devrait être aidé par les politiques, parce que c'est un vrai danger.
11:16 En ce qui concerne les Galives, c'est un dispositif qui a été imaginé par Macron en 2017,
11:21 on est en 2024, et on fait semblant de découvrir la crise que traverse la paysannerie française.
11:29 Elle profite à d'autres, pendant qu'elle met en situation de suicide des paysans qui sont au bout du rouleau.
11:36 Évidemment qu'elle profite à quelqu'un cette crise, vous regardez les plus grandes fortunes,
11:40 on en a parmi les premières, il y en a beaucoup qui sont de l'agroalimentaire.
11:44 Quand vous voyez leur développement, quand vous voyez les investissements hors de France,
11:49 il faut regarder les écrits d'économistes bien connus,
11:53 qui vous disent que pour 1 euro investi en France,
11:56 elles en ont 2,60 euros à l'étranger.
11:59 En Allemagne c'est 1 euro en Allemagne, 1,60 euros en Allemagne.
12:02 Les espagnols c'est 1 euro en Espagne, 0,60 euros à l'étranger.
12:06 Donc évidemment qu'il y a une délocalisation du résultat de nos industriels.
12:11 Mais il y a des plus gros bien sûr, tous ceux-là qui sont à l'international
12:15 et qui continuent à racheter ici et là,
12:20 pour justement pouvoir demain exceller peut-être en France
12:26 avec des produits qui seront estampillés bleu, blanc, rouge.
12:30 Alors même qu'une partie des produits qui composeront ces produits transformés seront d'importation.
12:36 Alors ça, ça nous renvoie directement à la position des centrales d'achat européennes,
12:41 qui sont une manière de contourner la réglementation nationale en délocalisant,
12:45 avec des alliances à l'étranger, qui évidemment pénalisent les petits producteurs.
12:51 Est-ce qu'à la finale, ce n'est pas la récupération, la mainmise sur le foncier
12:55 que visent les grands groupes, les agrifirmes aujourd'hui,
12:57 qui sont en train de s'installer sur le marché,
13:00 versus les petits exploitants et les exploitations familiales ?
13:03 Alors la coordination rurale, elle a anticipé depuis très longtemps,
13:06 le dénonce depuis très longtemps.
13:08 C'était encore l'objet de notre congrès à Nancy en décembre dernier.
13:13 La financiarisation de l'agriculture, le hold-up sur les terres agricoles
13:18 de la part d'industries agroalimentaires, mais aussi de grandes fortunes mondiales,
13:24 avec un seul risque, celui à ce que demain, les terres ne produisent plus de l'alimentation.
13:32 Donc les agriculteurs dehors, c'est encouragé par les politiques,
13:36 les politiques comme le projet de loi, ou la loi qui a été encore votée cette semaine,
13:41 la loi de la restauration de la nature, dans laquelle vous avez un passage
13:44 qui dit que les États membres pourront acheter le foncier.
13:47 Donc vous voyez, ce vol des agriculteurs, de leurs outils de production,
13:54 c'est de les réduire à rien du tout.
13:56 Vous êtes confiante pour les jeunes aujourd'hui, vous les motivez sur les mesures financières
14:00 et le lobby bancaire qui étrangle des indépendants ?
14:04 Il faut être honnête. Et moi je ne peux pas mentir aux jeunes.
14:09 Je pense que 2024 devrait être une année sans installation.
14:15 Je le dis clairement. L'honnêteté et l'absence ou le manque de visibilité
14:21 pour les inscrire et leur permettre de se projeter de façon claire et rassurante
14:30 sur toute leur carrière. Parce que quand on s'installe, on ne s'installe pas pour 10 ans,
14:35 on s'installe pour 40 ans, voire plus aujourd'hui.
14:39 Alors même que le nombre d'heures effectuées par un salarié aux 35 heures,
14:44 vous pouvez bien l'imaginer, en 30 ans de métier, on l'a fait.
14:48 Donc 2024 avec un minimum d'installation serait un signe fort.
14:56 Les reporter sur 2025 et les reporter au moment où on aura établi des bases solides et stables
15:06 et de béton, franchement de marbre, pour s'assurer de cette agriculture
15:14 demain viable, vivable et de nouveau transmissible.
15:19 Parce que justement, laisser la finance accompagner les jeunes pour s'installer,
15:23 c'est une fausse solution. C'est juste oublier de se projeter dans 30 ans, 40 ans
15:31 et de se poser la question "comment on fera ?"
15:34 Alors ça, ça nous amène à une question de fond qui est de dire
15:37 "quel est le projet pour l'agriculture française ?"
15:39 Écoutez, nous on est contre cette globalisation, on est contre cette économie mondialisée.
15:44 L'agriculture c'est un secteur à part, c'est une exception.
15:47 Et c'est pour ça que dès le début, en 1994, la coordination rurale prônait l'exception agriculturelle.
15:55 C'était un moment où justement, on avait fait rentrer l'agriculture dans les accords
15:59 de l'Organisation Mondiale du Commerce.
16:02 C'était la pire erreur qu'on ait pu commettre, de la soumettre justement à ces accords de libre-échange,
16:11 l'intégrer dans des formes de troc au service de sociétés financières et autres.
16:18 Donc aujourd'hui, il faut ressortir l'agriculture de ces accords.
16:23 Il faut la protéger, il faut, au nom de l'environnement, au nom de l'écologie,
16:28 puisque c'est à la mode et que les agriculteurs, nous, on cautionne cette écologie,
16:34 on n'est pas contre l'écologie.
16:36 Mais au nom de l'écologie, il faut réduire tous ces flux d'import-export.
16:41 Est-ce que finalement, on peut dépasser ce conflit, qui est un peu schématique à mon goût,
16:46 et montrer que des paysans responsables sont capables d'intégrer l'écologie comme lavelle de qualité ?
16:52 Alors on oublie de dire, de parler de tous les efforts faits par les agriculteurs.
16:57 Et quand on parle de ce combat, au lieu d'imposer aux agriculteurs une façon de faire,
17:03 qui est peut-être une façon dont personne ne peut suivre,
17:07 parce que sans solution pour soigner nos plantes ou nos animaux, on ne sait pas faire,
17:12 sauf accepter de perdre nos productions.
17:15 Mais économiquement, on fait comment ?
17:17 Et peut-être que l'interlocuteur privilégié devrait être celui-là même,
17:23 qui devrait apporter les solutions.
17:25 Et tout le monde oublie d'aller les interroger pour savoir où ils en sont,
17:31 et est-ce que les solutions approchent.
17:34 Parce que les soins des plantes, par exemple, sont quand même contrôlés
17:41 par 3-4 grandes firmes au niveau mondial.
17:46 C'est plus de 71% du chiffre d'affaires mondial du secteur,
17:51 qui est contrôlé par les 3 premiers grands groupes.
17:54 Donc, eux, ils y vont toujours à leur coûte.
17:59 Eux aussi, ils mettent l'agriculture sous dominance,
18:02 et eux ne sont en aucun cas inquiétés, ni visés,
18:06 alors qu'ils ont les moyens pour nous apporter les solutions.
18:09 Et nous, on attend que ces solutions, s'il y a de meilleures solutions, on va les prendre.
18:14 Mais en l'absence de solutions, on fait de notre mieux,
18:18 chaque agriculteur est responsable et agit pour une agriculture vertueuse et saine.
18:26 Et elle l'est, elle est bien plus que dans d'autres parties du monde.
18:30 Alors, on a vu quand même l'échec cuisant du bio, qui était un marché porteur.
18:36 Est-ce que ça ne conduit pas à la malbouffe et à l'agriculture industrielle,
18:41 comme on l'a connu avant cette vague du bio ?
18:45 Disons que le bio a toute sa place.
18:49 Maintenant, encore une fois, on fixe les objectifs à partir de bureaux,
18:58 à partir de paris, et sans interroger la population,
19:03 sans être honnête et clair, parce que justement, le bio a un coût,
19:14 parce que les rendements sont inférieurs.
19:18 Et c'était cette équation-là qu'il fallait anticiper.
19:23 La restauration hors foyer aurait dû être là pour justement absorber ces produits.
19:30 Des exemples auraient pu être donnés, des signaux positifs.
19:34 On a laissé l'offre devancer la demande sans se remettre en question.
19:40 On a laissé des produits bio de l'étranger rentrer en France,
19:45 concurrencer et étouffer l'agriculture française, l'agriculture bio française.
19:50 Et aujourd'hui, on ne se remet pas en question.
19:52 Je crois savoir, pour l'avoir entendu d'adhérents de la CR,
19:56 que vous étiez prêts à être force de proposition pour réhabiliter,
20:00 au-delà d'agriculture raisonnable, un véritable projet alternatif à la malbouffe,
20:04 qui intègre coûts de production et qualité pour le consommateur.
20:09 Je pense notamment aux gosses dans les cantines et dans les restaurations d'entreprise,
20:12 qui est une cible de l'industrie.
20:14 Pour la coordination rurale, ça a toujours été clair et net.
20:20 Dès la mise en place des discussions sur le sujet,
20:23 du développement de la bio et tous les signes de qualité,
20:28 pour nous, nous avons regardé le chiffre d'affaires de la restauration collective,
20:34 qui pèse quand même pour plus de 25 milliards d'euros.
20:38 Quand on voit que la part de bio dans ces marchés n'était qu'à peine de 400 millions d'euros,
20:45 sur les 25 milliards, 400 millions sur 25 milliards,
20:51 on savait qu'il y avait de la marge.
20:53 Et la restauration hors domicile, un client incluant tout ce qui est restauration privée,
21:01 c'est presque 60 milliards d'euros.
21:04 Donc quand vous voyez que le bio dans ces chaînes-là ne pèse que quelques centaines de millions d'euros,
21:11 bien sûr qu'il y a un potentiel pour absorber nos productions,
21:15 pour ne pas augmenter le prix des menus dans les restaurants
21:20 et offrir des produits tracés et offrir du plaisir dans nos assiettes.
21:28 Vous avez eu la visite de toute la classe politique pendant une semaine.
21:32 Les élections européennes approchantes, on se demande quelle relation de cause à effet.
21:36 Sincérité, clientélisme ?
21:38 Sincérité, certainement de la part de certains.
21:41 Beaucoup d'entre eux nous ont laissé des listes de propositions,
21:45 donc il va falloir qu'on prenne le temps de les analyser, de les lire.
21:50 Et nous verrons sous quel pas de temps ils reviendront vers nous pour avoir...
21:56 C'est ironique.
21:57 Oui, quelque part. On verra bien, peut-être qu'on sera oubliés.
22:03 On sera certainement oubliés par certains d'entre eux.
22:07 Mais voilà, c'est pourtant un secteur stratégique.
22:14 Et cette occasion-là, cet événement, tout ce qui se passe maintenant
22:20 sera aussi déterminant pour nous pour savoir demain en qui on peut avoir confiance.
22:26 Et certainement qu'on continuera à le relayer auprès des associations de consommateurs.
22:32 Elles sont nombreuses.
22:35 Bien sûr. Alors, un scoop pour les abonnés de TV Liberté.
22:40 Qu'est-ce qui va se passer aux Jeux Olympiques ?
22:42 On va voir les tracteurs de la coordination rurale sur la ligne de départ ?
22:47 On est rentrés en résistance. On est en colère, ça tout le monde le sait.
22:53 La ligne d'arrivée est encore loin. Et on a l'impression qu'elle recule.
22:58 Plus on avance, plus elle recule.
23:00 Ce que fait la coordination rurale est toujours spontanée.
23:04 Tellement spontanée qu'elles ne peuvent être que réussies, ces opérations.
23:09 Ça, vous faites de la politique, là.
23:11 Mais on ne peut pas tout vous dire.
23:13 Écoutez, on est trop loin pour en parler.
23:16 D'ici là, nos idées auront certainement évolué.
23:19 Mais on est en course, on est en compétition.
23:23 Et on sera au rendez-vous.
23:26 Très bien. OK. Merci.
23:29 Merci.
23:30 [Musique entraînante diminuant jusqu'au silence]