• il y a 9 mois
Christine Kelly revient sur son engagement auprès des familles monoparentales, pour son association «K d'urgences» : «Regardez autour de vous, ce n'est pas la peine d'envoyer de l'argent au bout du monde, regardez sur votre pallier».

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Transcription
00:00 Avec nous, merci d'être là ce matin, Christine Kelly.
00:02 Vous représentez ces familles monoparentales
00:06 depuis de nombreuses années.
00:07 14 ans.
00:08 Un engagement qui vous tient à coeur
00:10 à travers l'association Cadeurgence,
00:12 que vous avez vous-même fondée.
00:15 Ce qu'il faut préciser, c'est que dans 8 cas sur 10,
00:17 ces familles monoparentales sont incarnées par une mère seule.
00:22 Des mères qui doivent mener de front des vies professionnelles,
00:25 élever un ou plusieurs enfants.
00:27 Quelles sont les difficultés concrètes
00:30 auxquelles sont confrontées ces femmes ?
00:32 Louise a 8 ans.
00:33 Je l'ai rencontrée il y a 10 jours.
00:35 Je l'ai fait venir dans les coulisses de CNews avec sa mère.
00:38 Elle cumule, elle et sa mère à elle seule,
00:41 tous les problèmes des familles monoparentales.
00:44 J'ai aidé sa mère, lorsque Louise avait un an,
00:46 à trouver un logement.
00:48 Parce qu'après la séparation,
00:50 80 % des familles deviennent monoparentales
00:53 après divorce et séparation.
00:55 75 % pour être précis,
00:57 14 %, 15 % ont décidé d'avoir un enfant seul,
01:00 11 % après le veuvage.
01:02 Lorsqu'elle s'est séparée,
01:04 elle a été vivre chez sa propre mère avec sa petite-fille,
01:08 et je l'ai aidée à trouver un logement.
01:10 Difficulté pour trouver un logement.
01:12 Deuxième point, 7 ans plus tard,
01:14 elle me contacte en pleurs,
01:16 en me disant que sa fille se fait harceler à l'école
01:19 et aussi avec la même famille qui est sur le palier devant chez elle.
01:24 Encore des problèmes de logement, de harcèlement, financiers.
01:28 La maman est policière, fonctionnaire.
01:31 Elle ne peut pas travailler, elle a renoncé à son travail.
01:35 Son salaire ne permet pas de payer la garde de l'enfant.
01:39 J'ai rencontré de nombreuses policières qui pleurent
01:42 parce que la garde d'enfants équivaut à 60 % de leur salaire,
01:46 elles ne peuvent plus payer le loyer.
01:48 Quels sont les problèmes des familles ?
01:50 Problème de ressources, de logement,
01:53 problème de garde d'enfants.
01:55 Ce qui est intéressant, c'est que 56 % n'ont qu'un enfant.
01:58 Il suffit de les aider à trouver un emploi,
02:01 à garder leur enfant pour trouver un emploi,
02:04 et quasiment le problème est réglé
02:06 parce qu'elles sont plus actives sur le marché de l'emploi
02:09 qu'une femme en famille nucléaire classique.
02:12 C'est là où il faut travailler,
02:14 garder l'enfant, aider à garder l'enfant
02:17 pour pouvoir trouver un emploi et subvenir à ses besoins.
02:20 Rappelons qu'au quotidien,
02:22 les familles monoparentales cumulent tous les problèmes.
02:26 Elles sont nombreuses à être plongées dans la précarité.
02:29 30 à 40 % vivent sous le seuil de pauvreté.
02:31 C'est intéressant, elles peuvent se séparer au départ.
02:34 Ensuite, elles se disent qu'en tenant le coup,
02:37 elles vont y arriver.
02:38 Petit à petit, elles sombrent dans la pauvreté
02:41 parce qu'elles sont au départ chez la famille,
02:44 ensuite, elles se retrouvent en hébergement d'urgence,
02:47 parfois, à dormir dans la rue.
02:49 J'ai reçu chez moi une famille monoparentale
02:52 qui dormait dans sa voiture depuis 15 jours.
02:54 Elles ne le disent pas, elles ne crient pas,
02:57 elles font croire, elles font un petit peu de maquillage
02:59 pour faire croire qu'elles ont une vie normale.
03:02 Mais pour tenir dans la société,
03:04 elles essaient de montrer à leur enfant qu'elle garde la tête haute.
03:07 Mais en réalité, ce sont des cris de souffrance,
03:09 des cris dans le silence
03:11 parce qu'elles n'ont même pas le temps de crier.
03:13 Donc aujourd'hui, malheureusement,
03:15 ces enfants qui se trouvent en situation de pauvreté,
03:19 eux aussi sont à aider.
03:21 -C'est l'avenir de notre pays. -C'est l'avenir de notre pays.
03:24 C'est ce que je dis tout le temps depuis 14 ans.
03:26 Le problème des familles monoparentales,
03:28 c'est une bombe sociale à retardement.
03:31 Ca fait 14 ans que je le dis.
03:32 C'est intéressant de voir que les émeutes de juillet dernier,
03:35 lorsqu'on entend le gouvernement dire
03:37 que 60 % des émeutiers étaient en famille monoparentale.
03:41 Mais ce n'est pas parce qu'on est en famille monoparentale
03:43 qu'on devient délinquant.
03:44 Mais la plupart des délinquants sont issus des familles monoparentales.
03:47 Gabriel Attal est issu d'une famille monoparentale.
03:51 Il a réussi.
03:52 Nicolas Sarkozy est issu d'une famille monoparentale.
03:54 Et on peut continuer comme ça.
03:56 Beaucoup de chanteurs, d'acteurs, de comédiens
03:58 sont issus de familles monoparentales.
04:00 Mais il faut les aider, avoir conscience de leurs difficultés
04:02 pour les aider à prendre leur élan.
04:04 Et même en entreprise, une famille monoparentale
04:07 ne peut pas travailler et en même temps aller chez le médecin
04:10 lorsqu'elle est seule à emmener son enfant chez le médecin,
04:12 ou aller en réunion lorsqu'il faut aussi s'occuper de son enfant,
04:15 aller le chercher à 16h et qu'elle n'a pas les moyens de payer la garde.
04:18 -Qu'attend-on de Gabriel Attal,
04:19 qui lance une mission parlementaire sur ce sujet ?
04:22 -C'est très intéressant de la part du Premier ministre
04:25 de lancer une mission parlementaire.
04:27 Cela dit, tous les constats ont été faits depuis 14 ans.
04:30 C'est vrai. J'ai des propositions, j'en ai des tonnes et des tonnes.
04:33 -Vous portez ce sujet à bout de bras depuis 14 ans
04:36 et on ne voit pas la situation évoluer.
04:37 -Exact. Je suis ravie de voir enfin les politiques
04:40 prendre à bras-le-corps le sujet.
04:42 Cela dit, ils peuvent se passer de la mission parlementaire
04:45 parce que toutes les propositions sont sur la table depuis 14 ans.
04:48 Au départ, personne n'en parlait.
04:50 J'ai commencé à travailler sous Nicolas Sarkozy,
04:53 sous François Hollande ou avec Najat Vallaud-Belkacem.
04:55 J'ai fait doubler l'ASF, l'allocation de soutien familial,
04:58 et j'ai travaillé là aussi avec Emmanuel Macron et Brigitte Macron
05:02 pour la pension alimentaire.
05:03 Donc là, la mission parlementaire, pour moi, c'est une mission inutile
05:07 que le Premier ministre puisse passer tout de suite à l'action,
05:10 à la garde d'enfants,
05:12 aider à la récupération des pensions alimentaires.
05:14 40 % des pensions alimentaires fixées par les tribunaux
05:17 ne sont pas payées. Ce n'est pas normal.
05:20 Derrière, c'est un enfant qui a faim.
05:22 C'est pas une femme qui veut s'acheter une paire de chaussures.
05:25 -Le concret, on le retrouve à travers votre engagement associatif.
05:28 Quelles actions sont menées par cas d'urgence ?
05:31 -Je déteste le blabla. Je suis toujours dans le concret.
05:34 C'est vrai que le blabla, je laisse aux politiques.
05:37 C'est vrai que hier, j'étais à une assemblée de familles monoparentales
05:41 à l'Assemblée nationale.
05:42 Beaucoup de blabla, peu de concret.
05:45 Et aujourd'hui, qu'est-ce que je propose ?
05:48 Le 24 mars, j'emmène les familles monoparentales
05:51 une vingtaine à Disneyland.
05:52 Le 11 mai, j'emmène 200 familles monoparentales à Disneyland.
05:55 Ca n'a l'air de rien, mais pour elles,
05:58 les enfants ne partent jamais en vacances,
06:00 donc c'est une respiration.
06:02 J'agis et j'agite.
06:03 J'agis sur le terrain et j'agite les pouvoirs publics.
06:06 -Christine, un dernier mot.
06:08 Si ceux qui nous regardent, d'une façon ou d'une autre,
06:11 veulent vous aider, comment peuvent-ils s'y prendre ?
06:14 -Pour m'aider dans mon combat, regardez autour de vous.
06:17 Pas la peine d'envoyer de l'argent au bout du monde.
06:20 Regardez sur votre palier, à côté de vous,
06:23 regardez votre collègue de bureau, votre voisine ou votre voisin.
06:26 Il y a certainement, derrière une porte,
06:29 un enfant qui a besoin d'aide.
06:31 Peut-être pour aller à l'école, peut-être pour être regardé,
06:34 regardez autour de vous.
06:36 Il y a toujours une famille monoparentale
06:38 qui a besoin d'aide.
06:40 Sous-titrage Société Radio-Canada
06:43 Merci à tous !

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