• il y a 8 mois
le village sauvé par la fée électricité...
Située en Isère, au cœur de l'Oisans, à 1250m d'altitude, la station de Vaujany affiche une liste d'infrastructures à peine croyable pour un village de 350 habitants : une piscine, une patinoire, un bowling, une base de loisirs, une médiathèque, un Musée, un cinéma, et même des escalators reliant les différents niveaux de la station...
Pourtant, il y a à peine 40 ans, le village était voué à la désertification, son économie essentiellement basée sur l’agriculture n'ayant pas résisté à l'exode rural.
1000 habitants en 1900, moins de 200 en 1980. L'affaire semblait pliée...
C'est alors que le miracle se produisit, résumé en 3 lettres : EDF.
Le géant de l'électricité français choisit Vaujany pour implanter dans les années 80 la plus grosse station hydroélectrique d'Europe, engendrant une manne financière colossale qui va bouleverser le petit village de paysans de l'Oisans.
En à peine 35 ans, la station a construit un réseau complet de remontées mécaniques, télécabines, téléphérique ou télémixte, lui permettant de rallier 4 stations voisines et 2 villages, totalisant 10.000 hectares, réunis sous la bannière Alpe d’Huez Grand Domaine Ski.
Ce film propose de retracer l’histoire de Vaujany et de son incroyable transformation, en replongeant dans l’album souvenir du village, grâce à la mémoire des descendants des colporteurs de l’Oisans...

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00:00 (Musique)
00:23 Typique, authentique, surprenante, la station village de Vaujany se raconte dans une histoire digne d'un conte de fées.
00:30 Située en Isère, au cœur de Loisan, à 1250 mètres d'altitude, elle affiche une liste d'infrastructures à peine croyable pour un village de 350 habitants.
00:39 Une piscine, une patinoire, un boulim, une base de loisirs, une médiathèque, un musée, un cinéma et même des escalators reliant les différents niveaux de la station.
00:51 Pourtant, il y a à peine 40 ans, le village était voué à la désertification, son économie essentiellement basée sur l'agriculture n'ayant pas résisté à l'exode rural.
01:00 1000 habitants en 1900, moins de 200 en 1980, l'affaire semblait pliée.
01:09 C'est alors que le miracle se produisit, résumé en 3 lettres, EDF.
01:15 Le géant de l'électricité français choisit Vaujany pour implanter dans les années 80 la plus grosse station hydroélectrique d'Europe,
01:22 engendrant une magne financière colossale qui va bouleverser le petit village de paysans de Loisan.
01:27 Mais avant que la bonne fée électricité se penche sur Vaujany, ce sont des générations de montagnards qui ont écrit son histoire.
01:44 Pour vous présenter Vaujany, c'est une des plus grandes communes en termes de surface sur le territoire national.
01:49 On n'est pas loin de 10 000 hectares. Ce sont des hectares quasi verticaux pour la plupart, puisqu'on est un pays de montagne.
01:56 Nous sommes limite rof avec la Savoie qui est toute proche ici, avec qui nous avons des frontières ancestrales qui ont forgé notre histoire.
02:08 Vous aviez 1000 habitants en 1900, ça impliquait forcément des familles nombreuses. La terre était rude, la vie était rude.
02:15 Et l'hiver, en général, les garçons et les aînés partaient pour soulager la charge familiale et la charge sociale des familles,
02:24 ils partaient exercer le métier de colporteur. Certains colportaient de la lunetterie par exemple,
02:29 certains colportaient des fleurs des montagnes, des fleurs médicinales, certains colportaient de la mercerie.
02:36 Il y avait les ramoneurs savoiards, il y avait les bougnards qui venaient de l'Auvergne et les fameux colporteurs de raisons
02:44 et qui en profitaient pour s'enrichir intellectuellement puisqu'ils revenaient au printemps en ayant voyagé, en ayant découvert des choses.
02:51 Ces populations, c'est la terre qui les nourrissait et la terre et l'élevage.
02:57 Tout le monde avait sa maison ou sa ferme dans les hermaux, dans le hermaud de Vaujany, etc.
03:03 Et tout le monde ici avait un chalet d'alpage où on pratiquait le pastoralisme.
03:08 On partait d'ici avec les bêtes et on montait en alpage tout l'été.
03:16 Ça, c'est aussi des histoires dont on ne se passe pas, enfin qu'on n'oublie jamais.
03:22 Moi, j'y allais avec ma mère parce que le mari restait haut à mot pour faire les travaux d'échant avec les plus grands enfants.
03:32 On passait deux mois d'été à faire les foins. C'était plutôt avec les grands-mères qu'on vivait dans le chalet, les grands-parents.
03:40 On montait les vaches, les poules, les lapins, les cochons. On vivait dans la ferme complètement.
03:47 On faisait le foin, les parents restaient en bas parce qu'il y avait soit les blés à faucher, soit les commencés à piocher les pommes de terre.
03:55 Ils avaient toujours quelque chose à faire dans la ferme du bas et nous, on faisait la ferme du haut.
03:59 Nos parents faisaient les voyages de la Villette jusqu'ici et jusqu'au col du Sabaud pour récupérer le foin, pour l'engranger pour l'hiver, pour les bêtes.
04:08 C'était l'emmontagnage avec le troupeau et les troupeaux, le troupeau de vaches, de chèvres, ceux qui avaient des moutons également.
04:14 Et on allait s'installer jusqu'au mois d'octobre dans ces chalets d'alpage, ce qui fait que la famille était un petit peu éclatée.
04:22 Les enfants avec les grands-parents dans les chalets d'alpage et les parents, la génération de nos parents, restaient en bas pour travailler la terre.
04:30 Il n'y avait pas de dimanche. Il n'y avait pas de samedi, il n'y avait pas de dimanche, c'était toute la semaine de l'agriculture.
04:34 Le soir, on sortait un peu voir les filles, mais bon, le lendemain matin, il fallait être au boulot. À 6 heures du matin, il fallait se lever.
04:41 Après, ça a été... ça s'est disparu petit à petit parce que la génération, notre génération, n'avait pas la même vision des choses que nos parents, quoi.
04:55 C'était tout à fait différent de nos grands-parents. Et là, la génération d'après nos enfants et les petits-enfants, c'est plus du tout la même mentalité.
05:02 Aujourd'hui, ils ne pourront jamais faire ce qu'on a vécu. Non. Ça, c'est impossible.
05:08 - La culture de la montagne était vraiment très, très rude chez nous.
05:12 - On se levait quand le jour se levait. On se couchait à la tombée de la nuit. Et puis, on vivait au milieu des bêtes, quoi.
05:24 J'allais à l'école ici. Et puis, dès l'entrée en sixième, bon, bien, je suis partie en ville et pensionnaire parce qu'il n'y avait rien ici.
05:33 On n'était même pas bourdoisans. Le plus proche, c'était Vizille, Vizille-Grenoble.
05:38 Puis après, à notre époque, la plupart des gens sont partis d'ici parce que plus d'agriculture, plus rien. Enfin, c'était une commune très pauvre.
05:48 - On voit bien ce qui touche à tout, à l'exode rural, etc. La commune de Vosges-Amis comportait 1 000 habitants en 1900.
05:56 Et en 1980, il ne restait plus que 200 habitants. Lorsque j'ai été élu conseiller municipal pour la première fois en 1983,
06:03 la première mission que nous avons mise en place, hélas, c'est de fermer les écoles, de fermer l'école, la seule école communale, faute d'élèves.
06:13 Donc voilà, c'était un village qui vieillissait de par sa population, qui n'avait plus d'avenir agricole puisque l'agriculture de montagne
06:21 était plus ou moins condamnée à terme et qui regardait avec envie les montagnes qui l'entouraient et n'avait pas les moyens d'y investir.
06:31 Au cours du XXe siècle, quelques villages avaient en effet pris le virage d'un nouveau sport de montagne, le ski.
06:50 Cette mode va rapidement attirer les habitants des vallées vers les sommets enneigés. Les congés payés tombent à pic, le public est au rendez-vous.
06:58 Les villages se transforment peu à peu en stations de sport d'hiver, comme l'Alpe d'Huez, voisine de Vosges-Amis, qui a misé sur le ski dès les années 30.
07:13 Devenue bientôt incontournable, la station aura le privilège d'accueillir les Jeux Olympiques d'hiver en 1968 pour les épreuves du bobsleigh.
07:21 Dans les années 70, l'or blanc coule à flot pour les stations de sport d'hiver, mais Vosges-Amis n'a pas les moyens de s'aligner.
07:31 Dépeuplé, le petit village rural se meurt.
07:34 C'est alors qu'une bonne fée va se pencher sur Vosges-Amis et créer le miracle qui va bouleverser le village et la vallée.
07:42 L'entreprise EDF cherche à implanter une centrale hydroélectrique pour répondre à une société qui augmentait considérablement ses besoins en électricité.
07:50 Vosges-Amis s'impose comme un écrin rêvé pour un tel ouvrage.
07:54 Les premières entreprises que l'on a vu arriver, c'était plutôt dans les années 70.
08:03 C'était des entreprises spécialisées dans les forages qui venaient étudier les sols.
08:07 Et donc, pendant plusieurs années, en plusieurs saisons, ils sont venus étudier les sols pour vérifier la qualité des roches, etc.
08:18 Et la possibilité d'implanter ces installations hydroélectriques, les deux barrages et la centrale troglodyte qui produit notre électricité.
08:28 D'abord, ce n'est pas la centrale qui s'est installée, ce sont les barrages.
08:34 Et donc, en fait, c'est la géographie locale composée de vallées profondes et d'une rivière
08:40 qui ont fait qu'on était prédestiné pour faire un, voire même deux barrages, puisqu'il y a deux barrages.
08:46 Après cela, je dirais pendant toutes les années 80, pendant une bonne dizaine d'années, nous avons vécu ici dans un chantier formidable.
08:55 C'était presque le Far West où l'on cherche de l'or ou du pétrole.
09:01 En tout cas, ce qu'on a trouvé, c'est de l'hydroélectricité.
09:04 Donc, c'était une époque formidable. Il y avait 3000 ouvriers qui travaillaient ici jour et nuit.
09:11 C'était une période industrieuse où Vaujany s'est transfiguré d'ailleurs, parce qu'on est passé d'un petit village de 200 habitants
09:18 à un village où vivaient 3000, où travaillaient 3000 personnes, où il y avait des bons dimancheaux dans les cafés.
09:27 Enfin bon, c'était assez phénoménal.
09:31 C'était une fourmilière, puisque tous les ouvriers restaient sur le site.
09:36 Il y a eu un cantonnement, ce qu'ils appelaient un cantonnement, où il y avait des maisons où tous les ouvriers dormaient là.
09:43 Il y avait les cantines, tous les hôtels. Il y avait trois hôtels à Vaujany à l'époque, qui étaient complets par le personnel des chantiers qui travaillaient.
09:52 Chantier du siècle, c'était surtout le plus grand chantier de France dans ces années-là.
09:58 Il y avait entre 2000 et 3000 salariés sur le chantier, avec des chantiers particuliers.
10:04 Le chantier, par exemple, du barrage de Grand Maison n'était pas sur l'année complète.
10:08 Les travaux du barrage de Grand Maison s'étaient mis à octobre, parce que l'hiver, c'était inaccessible.
10:19 C'était monstrueux. Tous les matériaux sont issus du site. On ne transporte pas des rochers sur 100 km.
10:25 Tout est pris sur le site. Il y avait des engins énormes. Il y avait des dumpers qui font 50 tonnes à vite, 100 tonnes en charge,
10:32 avec des roues de plus de 2 m de diamètre. Mais c'était impressionnant de le voir construire tous les jours,
10:38 de le voir évoluer de saison en saison. Il a été construit en quatre saisons.
10:43 Les premières terres ont été posées en 1981, on a mis en eau en 1984. On a démarré le premier groupe en 1985.
10:51 Pour une usine de cette constitution, c'est un beau challenge. Les anciens avaient un certain sens du travail bien fait.
11:01 J'ai travaillé sur le barrage de Grand Maison depuis le départ de la construction du barrage de Grand Maison jusqu'à sa fermeture.
11:08 J'ai eu l'opportunité de travailler en mécanique sur le fameux tunnelier qui a percé le massif du Rissou.
11:14 J'ai travaillé à 1,5 km de la maison d'où j'habitais. Le tunnel, oui, c'était une aventure extraordinaire.
11:21 On travaillait en 3-8. On travaillait jour et nuit pendant 6 jours. On travaillait 6 jours d'affilée. On ne s'arrêtait jamais.
11:28 Donc on est parti de la vilette. On a creusé tout d'abord avec du dynamitage au départ,
11:33 puisque le tunnel d'accès pour aller jusqu'à la galerie qui alimente aujourd'hui le barrage en amont jusqu'au lac du Vernet.
11:43 Et on a fait ce tunnel du bout jusqu'au bout. Donc on a vu la transformation, bien sûr, de la montagne.
11:50 La montagne a complètement changé d'aspect puisque le terrain a été comblé par tout le marinage, qu'on appelait du marinage,
11:57 qui a été évacué par voie de petits transports de trains.
12:03 Moi, j'ai le souvenir, par exemple, je donne un exemple. Tous les soirs à 17h à Grand Maison, c'était un tir de mine.
12:09 On le savait, on était déjà dans le bâtiment de surveillance pour étudier les derniers contrôles.
12:17 Et à ce moment-là, il y a 17h, systématiquement, il y avait le tir d'explosifs.
12:22 Ils ne tiraient pas des 10 kg, c'était vraiment des belles explosions,
12:28 pour permettre de créer les enrochements qui allaient être posés sur le barrage.
12:33 Et pendant 10 ans, on a mangé de la poussière aussi, des camions, enfin bon, voilà.
12:38 Et donc, jusqu'en 1984-1985, où les installations ont été terminées et où le barrage a été mis en eau
12:47 et où il a commencé à produire de l'hydroélectricité, des fronts sonnants et trébuchants pour toutes les communes alentours, y compris Vaujailly.
12:55 Moi, je suis né sur ce territoire, je suis né à Bourdeux-en, mais vraiment à Bourdeux-en, je ne suis pas né à Grenoble, je suis né à Bourdeux-en.
13:13 Il y avait une maternité, moi j'ai grandi, j'ai connu Vaujailly au tout début, c'était nos sorties.
13:21 Mon frère s'est marié à Vaujailly en 1977, j'ai souvenirs de la petite mairie à l'époque, on avait un peu du mal à tout se tenir.
13:29 Et c'était, ouais, c'était, même, il y avait la vallée de l'Audole ici, qui était, donc l'Audole coulait au fond.
13:36 La piscine est ancienne, l'ancienne piscine est sous le barrage Évernay, donc EDF a tout recréé.
13:42 Il faut voir ce qui a été fait, le réseau routier, le viaduc, la piscine, tout ça, c'est EDF qui a suivi et mis en place.
13:51 On était bouleversés par ce chantier, puis après, ça s'est fait petit à petit, on a commencé à voir des maisons qui se construisent,
14:00 on a vu arriver la création de la station, et puis après, on est pris dans le... on se rend même peut-être plus compte que ça avance aussi vite.
14:11 C'est hors norme, oui, totalement hors norme.
14:14 Puis on a eu des petites remontées de rien du tout, là, des petits téleskis, mais non, ça n'aurait pas pu se faire sans la création du barrage.
14:26 Quand EDF est arrivé, bien entendu, c'était la manne financière qui arrivait pour les gens du pays, qui est aujourd'hui la manne financière de la commune de Vaujany.
14:34 Tous les terrains étaient des terrains privés, ils avaient besoin de ces terrains-là, donc ça a été le début du changement de l'ère de l'agriculture,
14:42 qu'on était de montagne, au changement où les gens avaient une manne d'argent qu'ils n'avaient jamais vue dans leur vie,
14:48 puisqu'EDF payait à l'époque des terrains très, très, très chers.
14:51 Aujourd'hui, je me pose la question sur que serait la vallée de l'Audole sans EDF Grand Maison ?
14:57 C'est ça qu'il faut se dire. La question, la bonne question, elle est là.
15:00 Qu'est-ce que cet aménagement au-delà de la fourniture d'électricité a apporté ?
15:07 Des retombées, des retombées fiscales qui sont définies par l'État.
15:11 EDF paye ce qu'il doit payer, mais c'est ce qui a fait le bonheur de ce pays.
15:18 Le barrage étant quasiment intégralement sur Vosgeny, forcément, la taxe foncière a constitué une manne importante.
15:26 On n'a pas mis longtemps pour savoir ce qu'on allait en faire.
15:29 Comment transformer cette manne financière en industrie touristique ?
15:33 Il a été facile pour nous de regarder autour de nous.
15:35 On avait un exemple assez fameux sous les yeux qui nous faisait briller les nôtres,
15:42 puisque la proximité immédiate de l'Alpe d'Huez était le meilleur exemple et le meilleur point de rattachement
15:49 pour que nous développions cette activité touristique sur notre territoire.
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16:28 La manne financière issue de l'implantation d'EDF est colossale.
16:32 La machine de guerre se met alors en marche et le petit village rural en perdition démarre sa transformation.
16:38 La station de Vosgeny va sortir de terre et devenir une incroyable vitrine des infrastructures de pointe, été comme hiver.
16:46 Impensable pour une petite commune de 350 habitants.
16:51 On est allé voir les constructeurs de téléphérique et de remontées mécaniques.
16:55 On est allé voir les services de l'État.
16:58 On a fait un projet de UTN, Unité Touristique Nouvelle, avec les communes avoisinantes.
17:04 Et en 1987, c'est-à-dire deux ans après la mise en eau du barrage, on a inauguré notre première télécabine.
17:13 Donc vous voyez que les choses se sont faites relativement rapidement.
17:17 Et on avait quand même déjà des idées assez avancées sur le développement touristique de ce territoire.
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17:55 En à peine 35 ans, la station a construit un réseau complet de remontées mécaniques, télécabines, téléphériques ou télémixtes
18:02 lui permettant de rallier quatre stations voisines et deux villages,
18:06 totalisant 10 000 hectares, réunis sous la bannière Alpe d'Huez Grand Domaine Ski.
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18:24 Mais l'enjeu de la diversification est omniprésent pour la commune,
18:27 qui ne cesse de valoriser les activités de plein air et développer des infrastructures qui savent se passer de la neige.
18:33 Bases de loisirs, bowling, piscines, patinoires, le terrain de jeu est infini.
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18:48 En 35 ans, le domaine, que ce soit le domaine skiable ou le village, a énormément évolué.
18:53 Donc il y a des souvenirs d'enfance où il n'y avait ici rien, il n'y avait pas de piscine, il n'y avait pas de patinoire.
18:58 J'ai la chance d'être originaire de Vaujany, c'est-à-dire que j'ai grandi ici.
19:02 J'étais au ski club à Vaujany, j'ai travaillé pour l'école de ski à Vaujany
19:06 et aujourd'hui j'ai la chance d'être directeur de la station de Vaujany
19:09 et donc gérer un certain nombre d'équipements et notamment le pôle sport et loisirs de la station.
19:14 On est dans un village qui a 350 habitants, on fait x10 en période hivernale ou estivale.
19:22 Donc 3500 lits à peu près sur la destination.
19:25 On a eu la chance d'avoir EDF qui a construit les deux barrages, que ce soit Grande Maison et le barrage du Vernet.
19:32 Donc forcément qui nous permet de nous développer et qui a permis de franchir un vrai virage il y a de cela environ une trentaine, quarantaine d'années.
19:40 Juste ici, on va retrouver le bâtiment de la piscine qui date des années 2000, 99 pour être précis.
19:46 On va avoir donc un bassin avec un toboggan, une pataugeoire, un espace bien-être avec sauna, même jacuzzi, une salle de fitness et un gymnase de 600 m2.
19:57 Et puis de l'autre côté, la patinoire qui est plus récente, qui a 10 ans.
20:01 Et donc dans ce bâtiment de la patinoire, on va avoir l'équipement glace forcément, cette piste de 58 mètres par 28 mètres.
20:08 Le Vaugeny Artistic Club, qui compte environ une soixantaine de licenciés et qui donc est présent sur glace plusieurs fois par semaine pour les entraînements.
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20:48 En 2013, on a commencé avec très, très peu de licenciés.
21:06 Puis au fur et à mesure, on a créé une section compétition, puis une section pré-compétition, donc pour se préparer à la compétition.
21:11 Alors c'est vrai qu'avoir un complexe sportif, parce qu'il n'y a pas que la patinoire, il y a aussi tout ce qu'il y a à côté.
21:17 Et ça crée un espace de sport qui est quand même assez intéressant pour une petite station de 350 habitants.
21:24 Donc c'est vrai que ça a été une très belle opportunité.
21:27 Et c'est ce qui nous a permis aujourd'hui de pouvoir monter ce club et de pouvoir pérenniser tout ça.
21:33 Et on espère encore pendant quelques années.
21:35 Donc c'est une vraie chance d'avoir ça.
21:39 On a également le club de hockey sur glace, les Grizzlies de Vaujany, qui sont là quasiment tous les jours.
21:43 Ils sont là tous les jours parce qu'il y a beaucoup de catégories.
21:46 Et puis nous avons également un club de curling.
21:49 Il se passe beaucoup de choses dans cet équipement.
21:51 Bien évidemment des clubs.
21:53 Donc on a pu avoir la chance de voir Florent Amodio avec son académie de patinage, qui est donc installé à Vaujany depuis quelques années.
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22:06 J'étais venu m'entraîner ici à Vaujany lors d'une préparation olympique.
22:19 Et tout de suite dans ma tête, j'avais gardé ça dans un coin de ma tête.
22:24 Et je m'étais dit, tiens, si il y avait un jour une école ici, ça serait grandiose.
22:27 Et puis les choses se sont faites, sont passées.
22:30 Et j'ai toujours gardé le lien avec Vaujany.
22:33 Et puis l'un dans l'autre, on s'est parlé.
22:37 Et puis on a lancé cette école.
22:39 On s'est lancé ce challenge de faire une école de haut niveau dans des conditions de rêve optimales pour tout sportif.
22:45 Trouver des conditions comme ça en Europe, il n'y en a pas beaucoup.
22:49 Mais voilà, c'est le haut niveau.
22:50 Et Vaujany nous permet de réaliser tous nos rêves.
22:53 Moi en tant que coach, en tant que patineur.
22:55 Donc voilà pourquoi on est ici depuis 2018.
22:59 On a un petit bijou là, dans nos montagnes.
23:02 Donc espérons qu'on continue, qu'on ait de plus en plus de médailles.
23:05 Qu'on accède à des Jeux Olympiques et qu'on fasse briller cette patinoire.
23:09 La ville de Vaujany, c'est vrai que si on dépasse un petit peu le cadre de la patinoire,
23:14 ce qui est génial, c'est que contrairement à ce qu'on peut avoir à côté à l'Alpe d'Huez,
23:20 qui est complètement une ville, c'est énorme.
23:23 Ici, on garde, je trouve, le côté,
23:26 familial, c'est un petit village où tout le monde se connaît.
23:32 Moi je me vois faire grandir mes gamins ici sans problème.
23:36 Ma vie est extraordinaire.
23:40 Je me lève le matin, j'ai la cascade.
23:42 Je peux faire mon métier à 100%.
23:45 Et c'est vrai que je préfère être ici à 1500% en me disant
23:48 "Ouais ok, faut peut-être que je fasse 20 minutes pour aller faire mes courses,
23:51 au lieu d'avoir juste en bas".
23:52 Donc ouais, ça implique un sacrifice quand on vient de Paris.
23:56 On se dit "Tiens, qu'est-ce que je vais faire ? Je vais rentrer dans ma montagne et tout".
23:58 Mais au final, je suis un homme heureux, mes patineurs sont heureux,
24:01 on a tout le cadre autour qui est merveilleux.
24:03 Non mais bon, on n'en parle pas trop, après trop de gens vont venir.
24:06 La vie à Vaujany, c'est vrai que c'est assez atypique.
24:11 Voilà, c'est pas du tout la vie en ville.
24:13 C'est vrai que moi j'ai toujours habité en ville.
24:15 Et quand je suis arrivée à Vaujany, je suis arrivée en septembre,
24:19 tout va bien, c'est encore l'été, il fait beau, il y a encore un peu des gens.
24:23 Et puis arrivée, le mois d'octobre-novembre, les nuits sont plus longues,
24:28 donc c'est un peu plus… voilà, ça fait un peu peur.
24:31 Et puis après l'hiver arrive, de nouveau il y a de l'énergie, de l'ambiance, des gens, ça bouge.
24:37 En fait, c'est une station 4 saisons, mais la saison d'été,
24:40 c'est vraiment quelque chose d'assez exceptionnel.
24:43 Les paysages sont géniaux, c'est assez facile de se faire plaisir à Vaujany,
24:47 aussi bien en hiver qu'en été, ça c'est sûr.
24:49 Si les infrastructures développées font le bonheur des sportifs et des touristes,
25:10 elles jouent également un rôle primordial dans l'ancrage familial au sein de la commune.
25:15 Grâce à son aisance financière providentielle, Vaujany a pu se doter d'un pôle enfance complet,
25:21 s'assurant le retour d'une génération de petits Vaujanyens qui lui avaient cruellement manqué.
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26:04 J'ai deux enfants, Raphaël et Adrien, un de 9 ans et un de 6 ans.
26:18 Les enfants, quand ils étaient petits, allaient chez une nounou,
26:24 mais à partir de 6 ans, ça commençait à être compliqué,
26:27 et si nous n'avions pas l'accueil de loisirs de Vaujany, ce serait vraiment très compliqué.
26:30 La vie à Vaujany est très agréable, ça reste une station familiale,
26:34 même si l'hiver on accueille énormément de monde, ça reste très convivial.
26:40 - Coucou ! - Bonjour !
26:42 - Salut Raphaël, salut Adrien, bonjour Audrey !
26:44 - Comment allez-vous ? - Bien !
26:46 - Bon ! - En pleine forme !
26:48 - En pleine forme !
26:49 - C'est parti pour une journée ? - Oui !
26:51 - Allez !
26:52 Je suis parisienne d'origine,
26:57 j'ai fait le choix de partir de la région parisienne pour une envie d'autre chose,
27:02 une envie de montagne,
27:04 donc le fil conducteur, c'est resté la petite enfance, et ça l'est toujours,
27:10 par contre non, j'ai vraiment des gros besoins pour retourner à Paris,
27:16 mais sinon non, je resterai vivre dans la région, c'est certain.
27:19 Ce pôle enfance a été ouvert en juillet 2013,
27:24 nous réunissons les enfants permanents et les enfants vacanciers ensemble,
27:29 ça a été un choix, alors que sur d'autres stations,
27:32 des fois il y a une garderie pour les vacanciers,
27:35 une garderie pour les petits enfants permanents,
27:37 donc du coup on a une capacité d'accueil totale sur le pôle enfance qui est de 60 enfants,
27:42 30 sur le centre de loisirs, 30 sur la crèche.
27:50 Comme on a 60 places, on va combler les places sur l'hiver et sur l'été avec les vacanciers,
27:57 et on reçoit les petits vacanciers, mais on reçoit aussi sur tout l'été,
28:02 tous les enfants qui viennent chez leurs grands-parents,
28:05 ou les résidences secondaires, les gens qui viennent sur Vaujany,
28:08 qui sont en résidence secondaire et qui vont venir par exemple tous les week-ends,
28:12 ou alors les vacances scolaires, etc.
28:14 Donc je pense que c'est quand même très très important pour une famille,
28:18 d'avoir un mode de garde, ça permet de fidéliser des familles sur le village,
28:25 et j'espère que ça va durer comme ça,
28:28 et qu'il y a de plus en plus de familles qui vont venir s'implanter à Vaujany.
28:31 Je suis arrivée sur une saison à Vaujany il y a 20 ans,
28:43 pour une saison, et j'ai travaillé à la garderie au départ, sur l'hiver,
28:50 et petit à petit les choses ont évolué, je suis restée,
28:54 j'ai eu un petit garçon qui est grand aujourd'hui.
28:58 Ce qui est important c'est à la fois de ne pas oublier effectivement
29:02 que le développement du village est vraiment parti de la centrale hydroélectrique,
29:08 et grâce au barrage de Grand Vaison qui est sur la commune de Vaujany,
29:12 et effectivement ça a permis de vivre encore ici,
29:19 puisque s'il n'y a pas de travail c'est difficile d'y vivre.
29:22 Disons que c'est une station village,
29:27 c'est un village et après ça grossit autour du village,
29:29 donc oui il y a une grosse différence avec une station qui est née vraiment que pour le ski,
29:38 parce que c'est quand même un peu l'image qu'il y a autour des grosses stations.
29:43 Ça reste une station familiale, avec une facilité de tout faire à pied.
29:50 Alors la vue de touriste, il est important l'hiver, et puis sur juillet/août aussi,
29:57 ça fait du bien aussi de voir du monde nouveau,
30:01 et puis d'avoir des rencontres aussi différentes.
30:05 On a des Anglais, des Belges,
30:09 c'est intéressant aussi d'échanger et de voir leur culture,
30:12 elle est différente de la nôtre,
30:14 mais à la fois on les accueille, on leur fait découvrir notre village,
30:18 et aussi tout ce qu'on peut faire autour du village.
30:21 Donc c'est un bon partage.
30:24 À la fin de saison on est fatigué,
30:28 donc on se dit à nous de profiter et de se poser un peu après la saison.
30:33 [Bourdonnement]
30:36 - Ah, salut Nadine ! - Ça va les filles ?
30:48 - Ça va Nadine ? - Ben oui !
30:49 - Voilà, Brandade de Montrue, maison aujourd'hui.
30:51 - Ah ! - Les anciens pour tout le monde.
30:53 - Très bien. - Voilà, voilà.
30:55 Tu veux un petit coup de main Nadine ?
30:57 - Non, mais écoute, ça va aller. - Non, ça va aller ?
30:59 - Ça va aller. - Bon, ben écoute, je te laisse faire alors.
31:01 - D'accord. Et ben à tout à l'heure. - Oui, à tout à l'heure.
31:04 - Merci. - Merci Nadine.
31:06 - À tout à l'heure.
31:08 Après le repas des petits, deuxième service pour la cantine,
31:16 destination des aînés du village cette fois.
31:19 Aux intersaisons, les commerces ont baissé le rideau
31:22 et il faut descendre dans la vallée à environ 20 minutes de voiture
31:25 pour trouver une épicerie, sans compter la difficulté de circuler en montagne l'hiver.
31:30 Le portage des repas est alors décisif pour le maintien à domicile des seniors.
31:35 - Je porte les repas aux aînés. J'en ai une petite vingtaine.
31:45 Je fais les courses pour certaines personnes.
31:48 Je descends à Allemand ou à Bordeaux-Azans,
31:50 parce que bon, ils ont ou pas de voiture ou ils peuvent plus conduire.
31:54 Donc voilà, je vais à la boulangerie, enfin bon, ou des services pour la poste.
32:00 - On a tous bien conscience qu'il faut essayer de garder nos anciens le plus longtemps chez eux.
32:06 Donc on leur apporte un certain nombre de prestations.
32:10 La chance que nous avions d'avoir ce pôle enfants,
32:13 c'était d'avoir une cantine qui produise des repas
32:16 et elle pouvait aussi également produire des repas pour les personnes âgées
32:20 ou moins âgées mais dépendantes, en fonction de leur âge.
32:23 - On a un petit pôle d'enfance,
32:25 on a aussi un pôle d'enfance qui produit des repas pour les personnes âgées
32:29 ou moins âgées mais dépendantes, en fonction des situations.
32:33 Donc c'est effectivement un outil de lien social très fort.
32:39 Au-delà de la simple prestation, ce sont des gens qu'on va visiter tous les jours.
32:44 On a un oeil sur eux.
32:52 - Moi je suis lyonnaise mais je suis arrivée ici à 5 ans.
32:57 C'est vrai que j'ai vu aussi la station se développer vraiment,
33:04 parce que bon il n'y avait rien quand il n'y avait ni téléphérique, rien du tout.
33:09 Il y avait juste 3 téléskis, un sur l'anversin et deux sur vos gènes.
33:21 Devoir grandir la station, c'est vrai que c'est super quoi.
33:27 Parce qu'on peut aller à la piscine, au pooling, à la patinoire.
33:34 Voilà maintenant il y a le cinéma, on a un musée, bibliothèque.
33:40 C'est vrai que ça s'est bien agrandi et c'est très bien quoi.
33:44 On est à l'air pur quoi.
33:46 La montagne ça nous gagne.
33:50 Musique
33:53 - Bonjour Nadine. - Bonjour Tine, ça va ?
34:10 - Aujourd'hui ça va à peu près. - Bon, tant mieux.
34:16 - Tu poses comme d'habitude, parce que je ne peux pas...
34:20 - Ah oui. - Il faut que ce soit à ma hauteur.
34:23 - Parce que j'ai des problèmes de dos. - Oui, de dos oui.
34:28 - Voilà, voilà. - Voilà, je vais découvrir ce qu'il y a de bon.
34:34 - Oui, moi je sais. - Toi tu sais.
34:37 - Oui, oui, oui. Nathalie m'a dit que c'était de la brande date de Mouru.
34:41 - Ah oui, et puis je n'ai pas regardé le menu. Il faut dire que moi j'attends toujours la surprise.
34:46 Je ne regarde même pas le menu de la semaine.
34:49 Bon, tout se passe bien ? - Bah oui.
34:52 - Ta distribution se passe bien ? - Très bien, comme d'hab.
34:56 - Comme d'hab et toujours du plaisir à toi.
34:59 - Ah, bah merci. - Ça c'est le rayon de soleil de la journée.
35:02 - Je suis née à Voschanie et j'ai travaillé, je fais toute ma carrière à Grenoble
35:09 et à la retraite, on est venu s'installer ici.
35:14 On voulait y rester peu de temps, on s'y est posé et on est resté.
35:20 Et puis tout est beau ici, quand on se réveille le matin et que vous voyez un paysage comme ça,
35:26 vous n'avez pas envie de partir.
35:28 Et là, la commune facilite quand même beaucoup les anciens à vivre chez eux le plus longtemps possible
35:41 avec tout ce qu'ils peuvent nous proposer.
35:45 Je bénéficie des repas à domicile, je bénéficie des aides, par exemple l'hiver,
35:54 quand je me lève, tout est dégagé devant la maison, grâce à Nadine encore.
36:01 Moi j'ai connu Voschanie autrefois, c'était une commune très pauvre.
36:08 Et puis voilà que la fée électricité est arrivée, ça a été le bouleversement complet.
36:16 Là moi j'ai pas vraiment vécu la période des chantiers parce qu'on travaillait sur Grenoble,
36:23 mais il y a eu un bouleversement énorme.
36:27 Les routes, vous voyez tous ces murs en pierre, tout ça, c'est tout.
36:32 Et grâce à EDF, j'ai pu assister à la construction du barrage, bien sûr.
36:40 Présente sur toutes les lèvres et dans l'histoire de chaque foyer,
36:47 l'usine de Grand Maison a marqué pour toujours le destin du petit village.
36:52 Et pendant que les Voschania profitent du miracle,
36:55 l'incroyable monstre de puissance est à l'œuvre jour et nuit
36:58 pour produire et veiller à la régulation des besoins en électricité.
37:02 La vocation à sa conception, c'était d'intervenir sur les creux de tension,
37:09 en tout cas les creux de besoin en termes de consommation,
37:12 ou les surplus, c'est-à-dire de l'absorber.
37:15 Alors lorsque la courbe de consommation journalière a été élevée,
37:19 d'un ménage moyen en France, il fait apparaître qu'on consomme beaucoup le matin,
37:23 c'est-à-dire qu'on a un pic de consommation le matin et qu'on a un pic de consommation le soir,
37:27 mais que d'un autre côté on ne consomme plus du tout le soir,
37:30 le réseau énergétique nécessite un équilibre permanent et déséquilibré.
37:34 Dans ce contexte-là, Grand Maison accompagnait les pics de production et les pics de consommation.
37:41 [Musique]
37:53 Là on est dans la centrale de Grand Maison, la plus grande station de transfert d'énergie par pompage d'Europe.
37:57 Et ici on est sur la salle des peltonnes, c'est-à-dire à l'étage 0,
38:02 le reste qui se passe à 100 mètres de profondeur dans les entrailles de loisirs.
38:08 [Musique]
38:13 Dans le milieu de l'hydraulique, Grand Maison c'est la plus grande centrale hydraulique d'Europe,
38:18 elle a un fonctionnement très particulier, c'est une batterie géante,
38:22 c'est 1800 MW de puissance disponible en 15 minutes sur le réseau électrique interconnecté français.
38:28 C'est l'équivalent aujourd'hui d'un EPR, en tout cas de l'EPR de Flamanville par exemple.
38:34 [Musique]
38:37 L'eau de la fonte des neiges et du ruissellement des massifs des Grandes Rousses et de Belle Donne
38:41 est retenue dans la cuvette naturelle de Grand Maison, située à 1700 mètres d'altitude.
38:46 Haut de 160 mètres, le barrage permet une retenue de 140 millions de mètres cubes d'eau,
38:51 une formidable source d'énergie lorsqu'elle dévale la montagne dans une galerie de 7 km,
38:56 creusée dans la roche, pour alimenter les usines de production.
39:01 Une fois turbinée, l'eau est stockée dans une seconde retenue, fermée par le barrage du Vernet.
39:08 L'aménagement de Grand Maison comporte une usine en extérieur et une située à 70 mètres de profondeur.
39:16 Lorsque la demande d'électricité est importante, les eaux retenues en amont sont acheminées vers l'usine en aval,
39:22 qui va transformer cette énergie en électricité.
39:26 Une fois la demande retombée, les groupes réversibles de l'usine souterraine se mettent au travail
39:31 pour pomper et remonter l'eau qui va reconstituer la réserve en amont.
39:36 "Le fonctionnement de Grand Maison, si on parle en débit, c'est-à-dire en capacité de turbiner et de pomper,
39:43 c'est par exemple, lorsqu'on ouvre et qu'on fait turbiner une machine,
39:48 on peut remplir à l'équivalence de débit une piscine olympique en 10 secondes.
39:53 Il y a sur Grand Maison 12 machines, ce qui veut dire que lorsque Grand Maison fonctionne,
39:59 on remplit une piscine olympique toutes les secondes.
40:03 Ou on la vide, puisque les fonctionnements sont réversibles."
40:07 "Ici, nous sommes au cœur de la centrale de Grand Maison.
40:13 Nous sommes dans la salle des robinets sphériques.
40:15 C'est ici que l'eau du barrage qui est situé au-dessus de nous, 900 mètres plus haut, à 1 700 mètres d'altitude, arrive.
40:21 Et ces robinets sont des vannes qui servent à mettre l'eau sur les machines qui vont produire dans les deux sens,
40:27 en sens turbine et en pompe, soit de l'énergie, soit la faire remonter dans le barrage."
40:45 "Avant de rentrer dans le milieu de l'hydroélectricité, je ne savais pas qu'il y avait une aussi grande puissance à Grand Maison,
40:52 qui est comparable à deux tranches nucléaires anciennes générations.
40:55 C'est assez imposant.
40:57 Surtout après, quand on est sur place et qu'on se rend compte de tous les réseaux d'eau, les réseaux électriques, etc.
41:04 Il y a vraiment beaucoup de redondance dans cette centrale.
41:07 Et c'est ce qui fait son charme, c'est sa complexité.
41:10 Et finalement, de toujours se rendre compte qu'on a des choses à apprendre.
41:13 Moi, ça fait sept ans que je suis là, on en apprend tous les jours, vraiment.
41:17 Lorsque je suis d'astreinte, donc c'est une semaine par mois,
41:22 je peux être amené à être appelé 24 heures sur 24 pendant sept jours.
41:26 Et en cas de défaut, j'ai un appel.
41:29 C'est une centrale d'appel automatisée qui me dit, voilà, tu as un défaut à tel endroit.
41:34 Je vais sur place, je me connecte.
41:36 Ou alors, dès que je rentre dans la salle de commande, visuellement, je peux voir sur le synoptique qu'est-ce qui est en défaut.
41:42 Moi, j'ai la chance d'habiter à cinq minutes à pied de la centrale.
41:46 Je ne connaissais pas Vaugenie avant, et finalement, ça fait sept ans que j'y suis, donc j'y suis bien.
41:51 Il y a beaucoup d'amis à voix qui viennent à la maison.
41:55 On se fait des super week-ends, donc c'est vraiment un chouette endroit.
41:59 Le soir, si on veut être au calme, on va au bord de l'eau.
42:01 Donc voilà, c'est vraiment quelque chose que j'aime bien.
42:03 Puis monter au barrage de Grand Maison, l'ouverture de la pêche,
42:06 c'est des choses qui, pour moi, m'animent tous les printemps au mois de mai, mai-juin.
42:13 C'est quand même super agréable de passer une nuit là-haut, faire l'ouverture,
42:17 et puis derrière, redescendre dans la vallée, un peu coupé du monde.
42:22 Coupé du monde.
42:26 C'est bien la sensation que l'on a dès que l'on s'engage sur la route du col du Sabot,
42:30 pour y découvrir un panorama époustouflant, avec le Mont Blanc en toile de fond.
42:35 C'est dans cet écrin que des familles de Montagnard ont écrit l'histoire de Vaujany
42:39 et façonné son patrimoine rural.
42:41 Je vais te faire visiter ma villa secondaire.
42:53 Exactement, revoir ce qu'on a vécu dans notre enfance, savoir exactement comment les anciens vivaient.
43:01 C'est bien ce que tu as fait, de refaire ton patrimoine.
43:04 Villa secondaire améliorée.
43:06 Une belle histoire pour faire revivre les ancêtres.
43:11 On y a passé du temps avec mon fils.
43:13 C'est un joli chalet.
43:15 Et voilà le résultat.
43:16 C'était le bon temps.
43:18 Il y a encore le chalet là-haut de Raoul, qui est encore vivant, dessus les roches là-haut.
43:22 Autrement, tout le reste, c'est tout...
43:24 Tout est parti.
43:25 Tout tombé.
43:26 C'est dommage.
43:27 C'est bien dommage, c'est malheureux, mais c'est comme ça.
43:32 Ce qui serait bien, c'est de pouvoir les refaire.
43:35 Ah ça !
43:36 Dès que l'instant qu'un chalet est complètement écroulé, qu'il n'y a plus le toit dessus, on n'a plus le droit de le reconstruire.
43:43 Il faut que le chalet, même si le bois à l'intérieur est cassé ou quelques murs tombés,
43:49 dès l'instant qu'il est, ce qu'ils appellent encore visible à l'œil, peut être reconstruit à l'identique.
43:54 Et dès l'instant qu'il n'y a plus de toit et qu'il n'y a que les murs, on ne peut plus rien faire.
43:58 C'est vraiment, vraiment bien dommage pour les enfants ou les petits-enfants pour leur laisser les souvenirs qui, petit à petit, se perdent.
44:05 Parce qu'on n'a plus ce visuel qu'on avait quand on était jeunes, nous, dans les chalets d'alpage, où on vivait l'été dedans.
44:13 C'est bien dommage que nous ne puissions pas reconstruire les chalets de nos ancêtres.
44:18 C'est quand même un patrimoine qui est là.
44:20 Au mieux de laisser des ruines, laisser les gens refaire à l'identique, bien entendu.
44:24 En montagne, ce n'est pas pour refaire des chalets d'alpage ou des chalets comme on trouve dans les stations.
44:32 C'est simplement refaire les choses à laquelle on a vécu dedans quand on était jeune.
44:38 Heureusement que le tien était resté en entier.
44:40 - Bon, ben voilà, nous y voilà. J'ouvre la porte. Je vais te faire visiter.
44:45 Vois ce que tu en penses.
44:47 - Oh, dis donc, mon Gérard. Ça, tu as pu bien refaire, dis donc.
44:50 - Voilà.
44:52 - Ton père serait là, ta mère serait là, dis donc.
44:54 - Pas sans peine, hein.
44:55 - Tu imagines un peu le travail que tu as abattu là-dedans.
44:57 - On a passé des heures et des heures.
44:59 J'ai ramassé des pierres, toutes les jolies pierres que je voyais sur le bout de la route, un peu sur les murs, par-ci, par-là.
45:06 Et voilà, on a tout remonté.
45:08 Donc, on s'est aperçus, avant de faire ce mur, qu'il y avait du rocher.
45:13 Donc, le rocher, pour qu'il y ait plus de hauteur...
45:17 - Pour t'abaisser, t'as cassé ton rocher.
45:19 - J'ai cassé le rocher pendant 3 semaines de compresseur.
45:21 - Ben, dis donc.
45:22 - Voilà. Et bon, boum, boum, il y a le rocher.
45:24 - Ah oui ?
45:25 - Un gros compresseur qu'on m'avait prêté gentiment.
45:27 La poutre transversale, on l'a coupée dans ma forêt, là-bas, dans notre forêt, tu sais où c'est ?
45:33 - Oui, oui, bien sûr, sur la Côte-de-la-Garde.
45:35 - Et on l'a traînée jusqu'ici, on l'a mise en place.
45:38 - Mais ils devaient les tremper dans l'eau, tu sais.
45:40 Ils foutaient plus dans l'eau pour pas que les vers s'y mettent dessus.
45:44 - Le bois est très dur.
45:45 - Ils sont encore en bon état, hein.
45:48 Franchement, c'est...
45:49 - L'azurée.
45:50 - T'as bien travaillé, hein, Mogérard.
45:51 - Il y a beaucoup de récup dans ce chalet, quoi.
45:53 C'est des chalets qui étaient faits en pierre, en pierre sèche.
46:03 Parce que bon, il y avait pas de ciment à l'époque, je pense.
46:06 Voilà, après, ils faisaient le toit en bois avec des grosses poutres et des gros chevrons en bois,
46:12 écarriers à l'âge, bien sûr.
46:14 Ça tenait comme ça voulait, c'était pas toujours bien, bien, bien fignolé, quoi.
46:18 Je venais avec ma grand-mère, qui pouvait pas trop marcher,
46:22 donc elle restait un peu, c'est elle qui faisait la cuisine et voilà.
46:25 Et puis ma maman, surtout ma maman, qui trayait les vaches et qui faisait le...
46:30 Donc on trayait les vaches.
46:31 On avait l'écremeuse pour...
46:34 On écrémait le lait, donc le petit lait d'un côté, la crème de l'autre.
46:38 Et une fois par semaine, on fabriquait du beurre.
46:40 Le beurre, on le vendait.
46:42 On le vendait, il y avait des épiciers sur Vosjanie, là-bas.
46:45 Et mon papa, il prenait, faisait 5-6 kilos de beurre par semaine, en gros.
46:49 Donc il faisait une grosse motte,
46:51 ou il y en avait qui faisaient des petites plaques, et on vendait ça.
46:54 - C'est des souvenirs exceptionnels.
46:56 Quand on vivait dans la ferme, on vivait...
46:58 La ferme, nous, on avait le chalet, pas comme le chalet de Gérard.
47:01 Nous, on avait un chalet où on avait les tables dessous,
47:04 on avait toutes les bêtes et on dormait dessus les bêtes,
47:07 avec simplement un plancher qui nous séparait.
47:09 On dormait dans des paillasses avec de la fleur d'aboine.
47:14 Et on était à ras les tôles de la charpente du chalet, quoi.
47:18 - On habitait sous les étoiles,
47:20 avec juste un petit toit de tôle entre nous.
47:23 Et c'était...
47:25 Voilà, c'était...
47:27 C'était la vie rurale de l'époque.
47:29 "Tabienfad voreyeci, l'imbrab paï."
47:32 "Vous avez bien fait de venir ici, c'est un beau pays."
47:36 - Les grand-mères, elles parlaient toutes en patois, à l'époque, ensemble.
47:40 Et nous, en étant jeunes, on a appris le patois comme ça.
47:43 Un peu moins bien qu'elles,
47:45 mais j'ai connu des familles qui parlaient patois.
47:48 Ils se parlaient toujours patois, les anciens.
47:51 Nous, on était bien contents d'avoir fait ça.
47:54 Au moins, on ne l'est pas tombé.
47:56 On était bien contents d'avoir fait ça.
47:58 Au moins, il n'est pas tombé.
48:00 (musique douce)
48:04 (musique douce)
48:07 - Je pense qu'on est, comme tout montagnard,
48:22 attachés à nos racines.
48:24 Et c'est important de continuer à évoluer
48:26 sans oublier l'histoire qui a fait qu'aujourd'hui,
48:29 nous en sommes là, Vosjanie en est là.
48:31 Et voilà, l'objectif, c'est vraiment de continuer
48:33 à développer ça en respectant tout ce qui a été fait
48:36 et en gardant notre histoire et notre âme.
48:38 Puis bien sûr, la nature, la montagne,
48:40 qui est incroyable, comme dans beaucoup d'endroits,
48:42 mais quand en plus, ça nous tient à coeur,
48:44 c'est encore plus beau.
48:46 (musique douce)
48:50 (musique douce)
48:53 - Mais cette nature temprisée est aujourd'hui menacée.
49:04 Et les montagnards sont hélas aux premières loges
49:06 pour constater les effets dévastateurs
49:08 du réchauffement climatique.
49:10 (musique douce)
49:18 La fonte des glaciers impacte directement les stations,
49:21 dont la viabilité économique est remise en cause
49:23 par la succession d'hivers peu enneigés.
49:26 - Je pense qu'il n'est pas nécessaire d'être visionnaire
49:32 pour envisager que la neige va manquer.
49:35 Alors nous avons la chance ici d'avoir, d'être reliés
49:39 avec le domaine, le grand domaine de l'Alpe d'Huez.
49:42 Et donc c'est un domaine d'altitude,
49:44 ce qui fait que nous sommes à peu près tranquilles
49:47 pour les 30 prochaines années
49:49 dans l'exploitation du tourisme des sports d'hiver, en fait.
49:53 Donc cela nous donne du temps,
49:55 contrairement à d'autres stations de plus basse altitude,
49:58 du temps pour opérer notre mutation,
50:02 notre conversion, notre diversification,
50:05 à tel point que nous l'avons déjà entamée, finalement.
50:08 (musique douce)
50:15 - Si Vaujany a su transformer l'Aubaine
50:17 du barrage de Grand Maison en accélérateur économique,
50:20 la commune ne renie pas pour autant ses racines,
50:23 son patrimoine et sa vraie richesse,
50:25 une nature majestueuse, rude mais généreuse.
50:29 Sauvée de l'abandon par sa situation géographique
50:32 et la bonne étoile qui lui permet de briller
50:35 parmi les stations les mieux dotées,
50:37 Vaujany semble parée pour vivre paisiblement sa renaissance
50:40 au fil de ses quatre saisons.
50:44 (musique rock)
50:47 (musique rock)
50:50 (musique rock)
50:53 (musique rock)
50:57 (musique rock)
51:00 (musique rock)
51:11 (musique rock)
51:24 (musique rock)
51:27 (musique rock)
51:30 [SILENCE]

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